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Mnlhonie. Imprimerie Vea?e Bader et

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REVUE D'ALSACE

NOUVELLE SÉRIE

DIXIÊIE ANNÉE

TOME DIXIÈME

COLMAR

AU BUREAU, GRAND' RUE. N' 42 1881

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MÂRIË-CAROLINË FLAGHSLAND

Vers le mois d'août 1770 arrivait à la Cour de Darmstadt le jeune prince de llolstein. Il se rendait à l'Université de Strasbourg, il devait faire ses études sous la direction d'uu candidat en théologie, alors encore obscur, mais qui portait le nom de Jean-Gottfried Ilerder. Quelques années plus tard, ce nom devait jeter un vif éclat. Gœthe, qui avait connu et apprécié à Strasbourg le gouverneur princier, le fit appeler comme surintendant à la Cour littéraire de Weimar. Herder prit rang dans la pléiade dliommes de lettres que le duc CSiarles-Auguste avait réunis autour de lui, et contribua pour une part considérable à la renaissance de la littérature allemande. Quoiqu'il en soit, en 1770 il faisait le triste métier de gouverneur. Le prince passa quinze jours îi Darmstadt, dans la famille ducale à laquelle il appartenait par sa mère. Le gouverneur était naturellcmont exclu du cercle intime de la Cour; il cherchait à se désennuyer. La gouvernante des princesses, M"* Bavanel, Tintroduisit dans la famille du conseiller martial (Kriegsrath) Merk, et c*est qu'il i^prit h conni^ttre sa future épouse, ICari^aroliue FUchslwcl

épouae de

JËAN-GOIÏFaiËD HËRDËR

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BBTUB D'ALSAOB

Un proverbe allemand veut que les mariages se concluent sous la pression d'une mystérieuse prédestination {JShen werden im Himmel beschUmen). C'était bien le cas pour ranion qui se préparait au foyer des Merk de Darmstadt Des deux jeunes gens, l*un, Herder, était sur les confins de la Pologne, à Mohrungen (1744) ; son père était un pauyre barbier etcbirurgien de campagne. Destiné d*àbord an métier paternel, il avait pu fàire, après mille privations, ses études universitaires. L'autre, Marie-Caroline Flachsland, était née au i)ie(l (les Vosges, à Riquewihr (28 janvier 1750). Sa famille était une des plus distinizuées de la petite ville seigneuriale. ' Son père, Jean-Frédéric Flachsland, était receveur domanial { Amtsschaffner); sa mère, Rosine-Catherine Mauritii, était la fille du surintendant des églises de la seigneurie de Riquewihr- Horbourg ; son oncle était professeur d'éloquence à Carls- rube, sa sœur réponse du conseiller intime Hesse. Qui aurait pu prédire aux deux enfants, alors que Tun votait dans IMndigence, dans les plaines marécageuses de la Yistule, et que l'autre s'épanouissait dans l'aisance, au milieu du gai vignoble d'Alsace, qu un jour ils se rencontreraient à la Cour de Darmstadt et qu'ils s'y uniraient pour la vie !

Marie-Caroline Flachsland a raconté elle-même, dans une biographie de sou mari, qu'elle publia après la mort de celui- ci, ses fiançailles et son mariage. Nous allons traduire les fragments qui se rapportent h cet événement :

« Herder n*était pas admis h la table princière; il dînait avec la gouvernante des princesses de la famille régnante,

* D'après une lettre insérée dans Grher'a ^fonnishlatter, vol. 14, p. 104, les Flachsland d'Alsace descendent d'une famille patricienne de Berne; deux frères émigrèrent, au plus tard pendant la guerre de trente mis; les descendants de l'nn formèrent nae brandie catholique, ceux de l'antre nne branche protestante. Dans le Tolnme cité il y a tonte nne série de lettres de Caroline Herder; elles portent Tempreinte d'nn esprit très éveillé et d'nne grande profondeur de sentiment.

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VAMB'CABOLINK FLACHSLAMD

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M"* Bavanel. Par clic il fut introduit dans la maison du gou- verneur martial Mark, qui était lié avec ma famille et qui lui fit faire la connalssanee de mon beau-frère, le conseiller intime Hesse. J*étaiB alors avec ma sœur. Ia conversation de Herder était si intéressante et si spirituelle que notre petit cerde, Merk, mon beau-firère et Ravanel se concertèrent pour lui rendre le séjour de Darmstadt le plus agréable que possible, ou plutôt pour nous procurer à nous la jouissance la plus exquise. Nous le vîmes presque tous les jours dans nos familles, dans de petites sociétés ou dans de charmantes excursions dans les forêts qui avoisinent Darmstadt. ' Nous n'avions aucune peine à Tamuscr; c'est lui qui faisait les frais de la conversation et elle était pleine de charme et d'esprit Ses jugements, ses sentiments étaient toujours vrais et il savait nous attirer à la hauteur de ses propres pensées, n nous lisait les plus beaux passages de la Meuiade, de Klopstock, des pièces de Kleist, des Mmnes&nffer, Je n'ou- blierai jamais la Faisanderie de Darmstadt, où, dans le silence de la forêt, il nous déclama de mémoire, de sa voix sympa- thicpie, l'ode de Klopstock: Aïs ich unter Menschen norli iinr. Nos cœurs se sont trouvés au souffle de la poésie de Klopstock et de Kleist. Le 19 août, Herder prêcha dans la chapelle du château. J'entendais comme la voLx d'un ange, et des accents partant du cœur comme jamais je n'en avais entendus. Je ne puis décrire cette impression unique, jamais encore ressentie.

* Voici comment Gœthp dans son autol)iog:raphic (fPoArAM't und Dichtung, livre XII), décrit la société do Darmstadt :

« A Darmstadt se trouvait une société très distinguée. Le conseiller intime liesse, ministre du Landgrave, le professeur Peterscn, le recteur Wcnk et d'autres indigènes en formaient le noyau; des voisins, des étnagen de passage venaient s'y mêler. La eoaseillère de Hesse et sa sflBvr, M"» Flaehsland, étaient des personnes de mérite et supérienre- ment donées; celle-ei, lUneée à Herder, était doublement intéressante par ses qualités et par son aièction pour un homme si distingué.

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BBVOB D*AL8A0B

Il était à mes yeux un messager céleste sous tif^ure humaine. Dans l'après-midi je le vis, je lui exprimai ma reconnais- sance A partir de ce jour nous étions unis pour la vie.

C'est la main de Dieu qui nous conduisit Tun à Tautre. Il ne peut y ayoir deux Ames dont rharmonie soit plus intime. Il sut par d*autFe8 combien j'aimais mon frère et ma sœur, et aussi nos cœurs battaient à l'unisson. Ah, nul n'a connu sa sainte âme comme moil A partir de Ut nous nous vtmes jour- n^ement Je sentais un bonheur ineffiftble ; la perspective d'une séparation m'épouvantait: je pensais ne plus jamais le revoir. Le 25 août nous célébrâmes sou jour de naissance, dans un cercle intime, chez M"* Ravanel; à cette occasion il me remit la première lettre. Oh ! c'était pour moi ce que la terre pouvait me donner de plus précieux. J'étais pleine de gratitude envers Dieu et envers luL....... Le 27 août le prince

continua son voyage vers Strasbourg. Je pus parler encore k Herder dans la matinée du jour de son départ...... Pour la

première fois nous étions en tête^tfite ! Nous n'étions qu'un cœur, qu'une Ame : le départ ne pouvait plus nous séparer.

« Au printemps 1771 Herder quitta Strasbourg et

repassa par Darmstadt, nous passâmes ensemble des heures trop fufj;itives. et troublées dans leur bonheur par l'immixtion de quelques amis dans nos relations ; mais nos cœurs étaient irrévocablement unis...^.... nulle voix étrangère ne pouvait plus les désunir. »

Herder avait accepté une place de conseiller au Consistoire de Backebourg. Dépourvu de fortune personnelle, il ne pou- vait songer à entrer en ménage dans le même temps qu'il entrait en fonctions. Les mois se passaient A Darmstadt les amis cherchaient à décourager la fiancée ; elle ne devait pas, lui disaitron, prendre pour une affection sérieuse l'inclination passagt^e d'un jeune homme. Elle écoutait ces paroles déses- pérantes qu'une voix intérieure venait sans cesse contredire et sa coutiaucc ne la trompa pas. Nous reprenons son récit:

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BfARIE CAROLINE FLACHSLAND

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« Enfin arriva le jour désiré Herdor put me conduire à Backebourg* Notre mariage se célébra À Dannstadt le 2 mai 1773. Un vieux pasteur bénit notre union, dans le cercle de mes parents, au moment oh le soleil couchant empourprait le cieL n appela sur nous les bénédictions de Dieu. L'affection de mon beau-frère et de ma sœur, la sérénité printanibre du mois de mai embellirent cette fête intime. 11 nous semblait entendre Diou lui-même qui rontirmait notre alliance. Le moment de quitter la famille de mon beau-frère fut très

pénible, mais Lui f. il me remplaçait tout, et me donna

iniiniment plus que je ne méritais, que jamais je n'avais pu espérer. Encore aigourd'hui je me reproche quelquefois d*avoir eu, pendant le temps de nos fiançailles, des moments de doute ; de lui avoir écrit un jour de m'oublier, puisque je n'avais pas assez de fortune et aucune des qualités qui pou- vaient le rendre heureux. Dans chacune de ses lettres il m'assurait que j'étais le bonheur de sa vie, il me suppliait de ne i)as l abaiidonner, que Dieu resterait notre soutien. C'est ainsi qu'il m'aimait, et moi, ô Dieu! j'aurais donné dix fois ma vie pour lui !

« Nous commençâmes notre ménage avec des dettes, mais

nous nous confiâmes joyeusement en Dieu Il semble

que des démons jaloux s'empressent de nous g&ter les mo- ments oU notre bonheur est le plus pur et le plus profond. Nous en flmes l'expérience avec quelques-uns de nos amis communs....... Ils ne pouvaient comprendre pourquoi Herdcr

avait tant tardé à venir me chercher ; ils lui trouvaient toutes sortes de défauts de caractère et tous deux nous en éprou- vions quelque peine.

« Nous nous hâtâmes d'arriver dans notre tranquille ermi- tage de BUckebourg, l alfection la plus pure et Tamitié de quelques hommes distingués vinrent compléter notre bonbeur. Les trois ans et demi que nous y passâmes furent les plus sereines de ma vie, l'âge d'or de ma fôlicité coigugale. »

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On sait que sur la recommandation de Gœthe, Herder fat appelé à Weimar, oti il airiva avec sa famille le 2 octobre 1776, à 9 heures du soir. Nous avons une description de vint de sa vie domestique. Jean-Oeorges Mûller, de Schaffliouse, le

frère de Tillustre historien Jean de Mûller, étudiait, en 1780, à Gôttinfïue, la théolo^rio. et commo il avait pour Herder des lettres d'introduction, il prolita des vacances d'automne pour faire le pèlerinage do Weimar. Il a laissé de cette visite une description détaillée (imprimée dans Oelzer^s Monatsblattert t.XIII, p. 164 et suiv.), dont nous traduisons les passages qui nous parlent de la famille de Uerder. Il raconte d'abordraccueil cordial que lui fit le grand littérateur, et qui le mit aussitôt à son aise. Alors il me dit qu^ ^»pellerait sa femme; je ne savais pas, au moment même, si je devais m*en réjouir ou m*en affliger. J^avais vu sa silhouette dans la Physiognomo- nique (de Lavater), et je n'en augurais rien de bon. Je la jugeais femme savante et tière de Têtrc. Il me quitta et bien- tôt après revint, suivi do sa femme. Ce fut l'apparition d'un ange plein de grâce et de bonté. Elle s'avança légèrement ; sa ligure douce et aimable inspirait la confiance. £Ue prit un siège, se mit à mon côté et m'adressa mille questions. On fit venir les garçons ; ils ont le visage ouvert et tous leurs mou- vements annoncent la santé.

L'entretien se prolongeait On le retint à dîner. « On me mit au haut de la table, Herder à droite, sa femme à gauche; au bas se trouvaient les quatre garçons..... L*atné était assis sur Semleri nntiqintates fjrœcae, le second sur la Flore améri- caine (VEras)nus Fnuiajm Le premier s'a]»itolle Guillaume-

Chrétien-Gottfried et doit avoir de six h sept ans; le second se nomme Auguste-Wolfgang-Sigismond; le troisième Louis- Guilîaurac-Ernest ; le dernier, âgé d'un an, Charles-Emile- Adalbert. Ils n'ont pas encore perdu d'enfant Nous devisftmes de Tavenir de chacun d'eux. Gottfried est sage, modeste, serein; U sera philosophe; c'est celui que je préfère. Auguste

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MARIE CABOLLKE FLA0B8LAND ] 1

sera le poète; ses dispositions pour le devenir sont si patentes qn^elles sautent aux yeux; il est sensible, gracieux, il chantera les amours. Son regard est franc; il gagne de prime alwrd Taffection; il est caressant et semble pour vivre dans le

monde. Guillaume est un petit drôle rond, dodu, à poigne \igoureuse; peu d*esprit, mais bon cœur; il aime que papa lui raconte des contes de fées. Adalbert est celui (^ui ressemble le plus à son père; il ne marche pas encore; en attendant il s*exerce à ramper à quatre pattes. Il semble avoir conscience de sa supériorité; les dons naturels, partagés entre ses frères, sont réunis en sa petite personne. Mttller aurait voulu quit- ter; on fit chercher ses effets k lliôtel et on le retînt pour la semaine entière, pendant laquelle il eut journellement Pocca- sion d^observer cet intérieur paisible et affectueux. Quand il essayait de fedre des compliments, la dame de la maison savait le désarmer immédiatement par la franchise de sa bienveil- lance. Les conversations roulaient sur les lettres, les affaires ecclésiastiques, la musique. Puis Herder se mettait au piano et jouait les morceaux qu'il préférait, ou bien il racontait au jeune étudiant sa jeunesse, ses privations, ses fiançailles, c Je m*ennuyais à Darmstadt, lui dit-il, et soupirais après une société. Il n'y a de raisonnable ici, me ditK>n, que le conseiller Merk. Je m*y rendis et j*y trouvai par hasard une demoiselle alsacienne avec sa sœur. ITous nous plûmes l*un à Tautre et nous nous promîmes le mariage. Le prince, mon élève, retourna a la Cour de son père; je revins à Darmstadt et promis à ma fiancée de l'épouser dans un an. Cependant on élevait des difficultés contre notre union. On trouvait que la demoiselle n'avait pas assez d'esprit, qu'elle n'était pas faite pour moi, ni moi pour elle, etc. On lui disait qu'elle pouvait tout croire, sauf que je viendrais la prendre; on lui demandait de quoi nous vivrions, etc. Malgré tout, sa confiance fut inébranlable; elle se consolût en lisant mes lettres. Huit jours avant mon arrivée, on lui livra un dernier assaut. Elle répondit que je serais un

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13 BBvrm d'alsacb

démon, si je ne venais pas. Elle attendit ; je vins et l'emportai en triomphe, ma femme si tidèle, si pure, si affectionnée. Ce fut notre paradis que notre séjour à Buckebourg; nous ne le retrouverons plus! » c Ma femme, dit-il une autre fois, m*a rendu le plus heureux des hoDunes; je n*ai plus qu'un désir, e*est que mes en&nts réussissent; j'ai connu beaucoup d'hommes; pas un seul ne peut lui être comparé : elle est limage parfîdte du dévouement, de la fidélité. »

Vers le soir, on faisait une promenade, puis on rentrait souper. Les garçons grimpaient sur le dos et les genoux de papa, qui k'ur distribuait des bonbons. Les promenades jour- nalières étaient dans h^s habitudes de la maison; les parcs touffus qui entounnit Wcimar, avec des échajipées sur les villas priucières, sont sillonnés de sentiers aussi agréables que variés. Muller en était enchanté. « Un soir, nous nous promenions, Herder, sa femme, Gottfhed et moi. Le ciel était magnifique; le vent bruissait dans les ctmes des arbres. Cest l'haleine de Tespritde Dieu qui nous touche, dit Herder. Tous les trois, même le pensif Gottfried, nous étions sons l'impres- sion de cette belle et paisible nature. Herder marchait à mes côtés d'un pas alerte, parlant à voix basse; sa femme respirait la gatté; une afiectueuse simplicité marquait son entretien. Nous nous enfonr;\mes dans le taillis, en regardant les feuilles mortes qui tombaient, les bourgeons qui renfermaient les feuilles du prochain printemps. C'était solcMinrl comme dans une église; de jeunes ormes, des érables à écorce blanche réunissaient au-dessus de nous leurs branches en voûte ; nous nous assîmes sur un banc d'où la vue s'étendait sur la cam- pagne. Devant nous se couchait le soleil; le ciel était pur, \a ville disparaissait dans le brouillard. Derrière nous, la forêt se dorait des derniers rayons.».. Quand nous rentrâmes, Adal- bert et les autres garçons nous accueillirent à la porte de la maison avec des cris de joie. Je dus songer au psaume 128. »

lie moment du d^rt arriva; il fallut quitter cette famille

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MASIE'CAilOLINS FULGHSLAND 13

oU lliospitalîté était si douce. MQller monta au cabinet de Herder pour loi faire ses adieux. Je lui fis mes remerctments

et lui dis quel charme sa femme répandait dans sa maison. « Oui, répondit-il en souriant, Dieu a exaucé tous mes vœux. Rien ne me remplace la vie au sein de ma famille. Je n'ai plus qu'à souhaiter de pouvoir terminer mes jours dans la retraite, à la campagne, loin des princes, et de voir mes enfants grandir sous la protection de Dieu. »

Herder tomba malade en octobre 1803, et sa femme eut le douloureux privilège de pouvoir lui aUéger les dernières souf- frances. Il mourut le 18 décembre. Sa veuve termine la bio- graphie, dans laquelle elle recueille les souvenirs de son heu- reuse union, par ces mots : « Il était le seul pour qui nous vivions, notre an^e protecteur, qui vivait pour nous o Dieu insondable, un jour tu me dévoileras tout peut-être bien- tôt. » Elle écrivait ce pressentiment, ce souhait, en 1807; le 15 septembre 1809, elle suivit son mari, h Tâge de cinquante- neuf ans sept mois. Dans l'édition des œuvres de Herder, que nous avons sous les yeux \ sa vie n'est calculée qu'à cinquante- neuf ans et quatre mois, ce qui implique une autre date de naissance que celle que nous avons inscrite plus haut» et qui est conforme k celle de Pacte de haptâme déposé aux archives de Biquewihr.

Ed. Essfeldbr,

Fasteur à lèiquewiiir.

* StaUgart lU-i, chez CotU

GUSTAVE DAUPHIN

FBINTRB D'HISTOIRB

SA VIE El SES ŒUVRES

La famille du peintre belfortain, Gustave Dauphin, est originaire de Metz. Son grand-père, marcchal-dcs-logis dans un régiment de dragons, s'était fixé à Belfort vers le milieu du siècle dernier ; il avait eu deux fils jumeaux : Nicolat- François, qui fàt maître de poste, et i^Voit^ow-Nicolas, qui devint propriétaire de lliOtel de VAndenne-Pogte,

Les idées libérales et les opinions indépendantes étaient, paralt-il, traditionnelles dans cette famille, et François Dau- j)hin pouvait les transmettre, saines et entières, à ses enfants, car, dans plusieurs circonstances, il donna la preuve de la fermeté de ses convictions politiques et de la loyauté de son caractère. Nous ne citerons que les deux faits suivants, qui appartiennent à Thistoire : C'était sous la Restauration : la Chambre des Pairs jugeait la conspiration militaire du 19 août ld2a Dans le cours des débats, les accusés avalent trouvé un secours énergique non seulement dans les dépositions de leurs amis, mais encore dans les témoignages des personnes les plus ignorées d*eux, appelées de départonents très éloignés

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GUSTAVE DAUPHIN 15

de Paris, qui venaieiit leur apporter une aide inespérée. La peine de mort demandée contre Taccusé Monchy était motivée sur une lettre de sa main dans laquelle il annonçait à un de ses camarades, le capitaine Kantil, chez qui cette lettre avait

été saisie, qu'ayant trouvé M. Voyer d'Argenson dans sa rési- dence habituelle, à peu de distance de Belfort, il avait appris à ce député que tous les patriotes des départements de l'Est se tenaient prêts à seconder le mouvement. Cette lettre, écrite à mots couverts et dans la forme commerciale, désignait M. Voyer d'Ârgenson sous un nom de convention, celui de Ba^uUer. Non seulement la commission dUnstruetion s'était assurée que personne de ce nom n'existait aux environs de Belfort, mais elle avait découvert Phôtel ott Monchy était descendu et dans lequel il avait loué une voiture et un guide pour le conduire à Oberbrilck, près de Massevaux, chez le député (le l'extrême gauche. Le maître de cet hûtel, Dauphin, son sommeiller, Joseph Lanj^, ' ainsi que le garçon d'écurie ayant servi de jîuide, furent appelés devant la Cour et mis successivement 'en présence de Moncliy; ce dernier, en les voyant, se crut perdu ; mais les trois Belfortains, après avoir regardé l'accusé longtemps avec une attention qui afiectait Tapparence du plus scrupuleux examen, déclarèrent qu'il n'était pas le voyageur descendu ches eux, et qu'ils ne Pavaiént jamais vu. *

Lors de la conspiration de Belfort^ l'hôtel de V Ancienne- Poste fut le lieu principal de rendez-vous de ceux qui prirent part à ces événements, et surtout des plus induents. La con- duite de F. Dauphin, qui était naturellement dans le secret, fut tellement prudente, tellement habile que riustrucUon ne

* Joseph Lang devint, par la suite, propriétaire de l'hùtel de Vi^cu de France, ù Luro.

* Voy. AcuiLLB DE Vaulabbllb, Histoire de$ deux lUsUiureàUmtt

t y, p. 107,

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pat obtenir, de lui et de ses gens, les plus minces renseigne- ments, indication la plus insignifiante. C^est ce qu'avone, avec une certaine naïveté, Pacte d'acensation mdme, quand il dit, en parlant des étrangers suspects qui logèrent à fielfort le 1*' janvier 1822, que chez Dauphin c on retrouve plusieurs noms sur lesquels fl a été impossible d*obtenir des renseigne- ments, malgré des recherches faites avec soin ». ' Aussi ne jugea- t^oii pas à propos de le citer au nombre des deux cent cinquante témoins assignés pour cette affaire devant la Cour d'assises du lîaut-Khin. Immédiatement après le coup de pistolet tiré sur le commandant d'armes, juste devant VAudcnne-Postet Dauphin et son fidèle sommeiller, enfermés dans la salle à manger située au rez-de-chaussée de Thôtel, brûlaient des lettres et autres papiers des plus compromettants. L'anéan- tissement complet de toutes ces pièces avait lieu au moment même oh arrivait à llidtél, pour y apprendre Tavortement du complot et la dispersion des coiy urés, Armand Garrel, Guinard, Henry Schnffer, de Gorcelles fils, Joubert, Jacques Kœchlin, etc., etc.

I

François-Gustave Daiqihhi est à Béifort, le 5 juin 180i

(18 prairial an XII).

Destiné au l)arreau par ses parents, il fut envoyé à Dijon pour y suivre les cours de l'école de droit. Dans cette ville habitait la fiimille Cugnotet, alliée à la sienne par des liens de parenté assez rapprochés, et au milieu de laquelle il devait trouver soins afiectueux et relations agréables. Depuis long- temps, les convictions politiques de son père étaient devenues

* Affaire diU CoiupiraUon de Bdfort^ 1 Tol. in-So,1822;imp. Decker, à Colinar.

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OOBTAVB IXàOPfiDt

les BienneB ; il les garda tonte sa Yie Bans les démentir un seul instant

Lorsqu'en 1823, le lieutenant Roger, après avoir subi à Metz la peine de l'expuiiition publiiiuc, paiisa par Dijon pour se rendre au bagne de Toulon, les étudiants en droit, les élèves de l'école de dessin et toute la jeunesse libérale de la ville, voulurent lui faire fête. Ils lui envoyèrent une députa- tton, chaigée de le féliciter, en tête de laquelle se trouvait G. Dauphin, sans doute en sa qualUé deBelfortain, car c^était pour avoir voulu, avec linfortuné colonel Caron, délivrer les accusés de Belfbrt, que Roger avait été condamné. C'était en cette même qualité aussi que la police de la Restauration surveillait plus attentivement que tout autre Tétudiant Dauphin, qu'elle avait surnommé le Conspirateur.

A cette époque florissait à Dijon une école de dessin fondée, ainsi que le Musée, par François Devosges ; elle attirait de toutes parts un grand nombre d'élèves. Dauphin, par suite de ses dispositions naturelles et d'un goût très prononcé pour la peinture, en fréquentait les cours avec ylwi de plaisir et d'assiduité que les leçons de Técole de droit H ne tarda pas à s'y &ire remarquer. Anatole Desvosges, qui avait succédé à son père comme directeur de l'Académie dyonnaise, le prit en amitié, et ce furent ses excellents conseils, ses soins éclairés qui le décidèrent à embrasser la carrière de la pein- ture.

A la fin de 1824, il quitta Dijon pour aller k Paris. Il entra dans l'atelier du peintre Hersent, il ht dus études conscien- cieuses et sévères qu'il alla plus tard perfectionner en Italie.

On conçoit que son séjour à Paris, sa liaison avec tous les jeunes gens libéraux de ce temps, qui presque tous de?inrent ensuite des célébrités ou tout au moins des personnages marquants, contribuèrent encore à affermir ses idées et à leur donner un corps. Grâce au député de l'arrondissement de Belfort, Haas, il assistait très souvent aux séances de

Nouvelle Série. l(r* aonéa. 2

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BBVUX D'ALaACB

Chambre, et c*e8t dans une de ceUes de la aessioii de 1827 qu*il put, par sa présence d*e8prit et son adresse, empdcher un attentat contre la personne du ministre de VUlèle, de la part d'un inspecteur des caux-ct-forôls destitué qnelque temps auparavant et que la perte dr s;i place avait exaspéré jusqu'à la démence. Aux avances et aux propositions que lui firent à cette occasion MM. de Villèle et de la Bourdonnaye, par rentremise de M. Haas, Dauphin répondît tout simple- ment par un appel au devoir, h sa conscience et à sa liberté.

Au commencement d*a?ril 1890, il partit pour Rome, visita les immenses richesses et les innombrables curiosités artis- tiques de la ville étemelle. La nouvelle de la Révolution de juillet lui parvint à Kaples. Aussitôt il s*embarque, plein d'enthousiasme, ezaUé par la Joie que lui canse la victoire du peuple de Paris, et persuadé qu'à la place du trône des Bourbons il va trouver le gouvernement démocratique de la Réputtli(iue française. Sa joie fut de courte durée et son désenchantement bien f^rand, quand à Livourne il apprit la proclamation du duc d'Orléans comme roi des Français. En débarquant à Marseille, il veut chanter la JforMtflotfe et risque de se faire un mauvais parti. U revient, par Lyon, à Belfort et entre dans la batterie d'artillerie de la garde nationale que l'on venait d'organiser.

Cependant l'Italie, qu'il avait si brusquement quitté dans un moment de patriotique enthousiasme, l'attirait plus que jamais. Il voulait revoir ces splendides musées remplis de chefs-d'œuvre, étudier encore les maîtres dont le chaud coloris, l'expression si vraie, les nuances si fines, l'exquise délicatesse, les brillantes qualités, enchantent et transportent les moins sensibles aux beautés de l'art. Il retourne à Rome en 1832 et se livre avec passion à ses études de peinture. H serait trop long de raconter ses s^ours à Florence et h Venise; ses voyages et ses excur8ion8*dans la campagne de Rome; la ren- contre inattendue qu'il fit un jour, dans les conditions les plus

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lomanesqiieB, dhin compatriote de Belfort, alon prieur d^un GouTent à Folîgno. Nous ne dirons rien des nombreux dessins, esquisses et croquis exécutés durant son séjour en Italie, et qui plus tard ornaient les murs de son atelier, en lui rappelant ses bonnes années de jeunesse et de travail Mais nous devons mentionner tout particulièrement son tableau La chuie étm Udeau à lu cascade de Terni, qu il tit à cette époque et qu'il exposa au Salon de 1835, quelque temps après son retour à Paris. C'est la saisissante peinture d'un- accident effroyable qui avait vivement ému les populations do cette partie de rOmbrie.

Une barque montée par six personnes, trois moines, une jeune femme avec son rafuit et le pilote, est entraînée par le courant et précipitée dans le gouffire. La plume ne saurait décrire ce qu^a tracé le pinceau avec une si poignante vérité d'expression. Ce qui frappe d*abord dans ce tableau, c'est le visage plein de tenreur de cette pauvre mère, serrant contre elle Tenfuit qui ne quitte pas le sein; instinctivement elle s'accroupit, se pelotonne, s'amoindrit, pensant qu'en se faisant plus petite elle échapperait à la mort. La figure du vieux moine à barbe blanche, assis à l'arrière du bateau, est empreinte d'un sentiment profond de résignation. Les yeux au ciel et les mains jointes, il ne voit rien, n'entend rien, prie avec ferveur et s'abandonne entièrement à la gr&ce de Dieu. Un autre moine, beaucoup plus jeune, est dans un complet état de prostration. Mais ce qui fri^pe autant que la physio- nomie de la mère, c'est celle du pilote. Cest, dans toute sa brutalité^ l'instinct de la conservation qui anime ce person- nage, la bitte pour l'existence, comme on dirait aiyourd'huL Une branche d'arbre se balance au-dessus de la chute, il s'y accroche avec rage, se faisant un point d'appui de la tdte d'un des moines, qu'il écrase d'un coup de pied. Dans un coin du tableau, et coimue contraste à cette épouvantable scène, on aperçoit, dessiné d'après nature, le frais et tranquille

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paysage qu'arrosent le Velîno et la Nera. Cette toOe, pleine d'animation et de vie, d'un intérêt puissant, d'une couleur chaude et vraie, obtint un grand succès au ,Salon de 1835. Une Jolie lithographie en fut faite pour le journal VArtigtet que rédigeait alors Théophile Gautier. Après l'exposition, l'auteur (le ce beau tableau en tit don, eu souvenir de ses premières années d'études, au musée de Dijon, il occupe encore aujourd'hui une place des plus honorables.

Aux Salons suivants, Dauphin exposa successivement une Déposition de Croix et une Scène de jalousie entre det Itrigands Uatiens, en 1836; le Christ an jardin des OUmers, en 1838, tableau acheté par le ministre de l'intérieur pour l'église d'Orthez (Basses-Pyrénées) ; une Asêomptûm, en 1840, actuelr lement au-dessus du mattre-antel de l'église de Plancher-Bas (Haute-Saône).

n

Le Fortement de Croix et le Portrait de M. Ciipiotet, de Dijon, exposés au Salon de 1841, furent très appréciés.

0 Le Christ portant sa croix, dit le Journal des Beaux-Arts et de la Littérature, est une belle étude, d'un style grandiose, largement peinte, largement dessinée; la tète et les mains sont fort belles. Cette tête a un beau caractère de grandeur, de souflrance et de résignation. Il y a en elle de la poésie et de la piété. » Annuaire Hogragpkîqiêe dêi artittêi françaiB s'e]q»rime ainsi au s^jet de cette même toOe : c Un beau dessin, du caractère, une couleur vraie et harmonieuse sont les prin- cipaux mérites des tableaux de M. Dauphin. Son Portement de Croix surtout est un très bon morceau : la tete du Christ y est de ce style élevé qui convient à rilouune-Dieu ; le senti- ment et lexécution de ce tableau sont remarquables. » Cette œuvre, si justement estimée, se trouve à la cathédrale de Mannheim.

Le portrait de M. Cugnotet fut ^ement fort remarqué;

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CRJBTAYB DÂUPUlJf

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fi était aussi largement peint, modelé arec fermeté et tout y

était bit'U senti.

A l'exposition de peinture de 1842, on remarqua beaucoup sa Mater dolorosa et le portrait de M. A. ChAtel. Voici le jugement des deux principales revues artistiques de cette époque : « La Mère de douleurs, par M. Dauphin, est d'un sentiment profond. Cette tête de la Vierge aux lèvres pftles, aux yeux clos, aux tons amortis et éteints, est très belle. Nous avons admiré surtout les paupières bleuâtres, amindes, usées par les pleurs. U y a sur le visage de la vieille femme à gauche un reflet heureux du vêtement de la Vierge. Les étoffes sont bien drapées, mais un peu pâteuses ; la couleur n*a pas assez de viji^ieur. Toutefois c'est un très remarquable tableau. (Le .S'a?o/i de 184:::!, par Challamel.) » « M. Dauphin a représenté la Mhe de douleurs à laquelle on apporte les clous et la couronne d'épines, instruments de la Passion. Cette peinture est d'une couleur fine et brillante; l'expression est rendue avec beaucoup de vérité. M. Dauphin peint et dessine fort bien. (Journal dei Beaux-ArtB, IX* année). » Ce beau tableau, qui a valu à son auteur une médaille d*or, a été acheté par l*Êtat pour Péglise de Loches. H a été reproduit en lithographie par Gsell.

Les Derniers apprêts de la sépulture du Christ figurèrent avec honneur au Salon de 1843. Le Journal des Beaux-Arts appréciait ainsi cette grande peinture : « Nous louerons dans celle-ci, qui est de M. Dauphin, Tcnsemble de la composition, la vigueur de l'effet et le bon choix des têtes, dont quelques- unes ont beaucoup d*6xpression ; c'est une oeuvre soignée et consciencieuse oh Ton retrouve le talent de cet artiste dis- tingué. •

Voici le Jugement, fortement motivé, porté par hi revue YArtitte sur cette toOe remarquable: D y a dans les tableaux

de sainteté un écueil contre lequel viendra toujours se briser rinteiligence terrestre. U faut être Dieu pour comprendre et

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23 BEVUE D'ALSAOB

juger ce qm est IMea. Jamais le cenreau de Hiomme ne con- cevra, Jamais sa main n'exécutera une œuvre qui porte le caractère simple et terrible sous lequel doit apparaître le Dieu de miséricorde et le Dieu des armées. Quoiqu'il en soit,

il faut nous contenter de ce que nous avons ; et si Raphaël ne nous a pas donné l'idée exacte de la sjtlendcur du Roi du Ciel, du moins a-t-il tracé une route lumineuse peuvent le suivre ceux qui, comme M. Dauphin, ont reçu à leur naissance le double rayon de la foi et de rintelligcnce. Le Christ de M. Dauphin nous semble réunir à un très haut degré Tex- pression de simplicité et Texpression de mige^té que nous voulons lire sur la face divine du Dieu fait Homme. La mort qui aflbisse ce beau corps igoute quelque chose de plus tou- chant à cette physionomie si pleine de douceur et de charité. La pose est noblement abandonnée. La douleur profonde et intérieure de la Vierge-Mère, le désespoir accablant de Marie- Madeleine, la tristesse et la vénération de Joseph, de Simon et des autres personnages sont fort bien accentués. Le groupe qui soutient le Christ est surtout admirablement posé ; l'en- semble et rharmonie s*y font remarquer tout d'abord. Ce tableau fera le plus grand honneur à M. Dauphin. Quant à M. Gsell, nous ne serons que les premiers à le féliciter du talent quil a déployé dans sa lithographie. Tout le monde rendra justice après nous à la pureté singulière du dessin, à rhabileté du modèle, à la noblesse de style, h Tintelligence de la lumière et de la couleur, à la sûreté d'exécution avec les- quelles M. Gsell a su rendre le bel ouvrage de M. Dauphin. »

Cette grande et magnifique toile fut achetée parle ministre de rintérieur, et donnée, par Tintervention de M. le général de Bellonet, député de l'arrondissement de Belfort, à la ville natale de l'artiste. Elle fut pUcée à l'église, dans la grande nef et en face delà chaire, à une bonne hauteur et sous un excellent jour. Le bombardement du terriblehlver de 1870—71 endommagea beaucoup ce tableau. MutQé, troué en maints

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OUSTAVI HèXJPBBX

S8

endroits par les obus prussiens, il fut trop tard démonté, et la toile, roulée sans précaution, fut reléguée dans les caveaux humides qui sont sous le chœur. Après le siège, on retrouva eette belle peintiire dans le plus piteux état; ce qui n'était pas déchiré, était piqué, couvert de moisissures, méconnais- sable. C'est alors que la ville de Belfort la revendiqua comme étant sa propriété; ' elle la confia à la Société d^émulaHon qui la fit réparer par un habile artiste' et la plaça ensuite dans le musée qu'elle venait de fonder.

Dauphin exposa au Salon de 1847 la TraJiism de Judas, composition trbs remarquable aussi et d'une grande difficulté d'exécution, car la scène se passe de nuit, à la lueur de torches portées par des esclaves noirs. Ce mode d'éclairage est admirablement rendu et d'un effet tout à fait surprenant

m

Nous arrivons à la Révolution de février, moment les inréoceupations politiques tinrent une large place dans la vie de Dauphin.

Depuis longtemps il habitait le Marais, d'abord rue du Perche, puis rue duGrand-Chantior; c'était un quartier popu- leux et ouvrier qui faisait alors partie du VIP arrondissement. Le 24 mars 1840, U avait été élu capitaine de la 4" compagnie de chasseurs de la T légion de la garde nationale parisienne* £n 1842, il avait été suspendu pour un an par le Conseil de préfecture, malgré la défense de son avocat, Ledru-BoUin. Au mois d'août 1846, après l'attentat de Joseph Henry, un mania- que plutôt qtt*un assassin, le ciq^taine Dauphin fût le seul des officiers de la 7* légion qui r^iisa de signer une adresse h

* La superbe lithographie de Gsell (éditée par R. Lcbrassour) porte, apri^s l'énoncé du 8tget| la mention: Le tableau oriffinal appartient à la vilk de Belfort.

' M. Cliappini, artiste peintre à B&le.

BEVUE D'ALSAOB

Louis-Philippe, et son refus fut d'autant plus remarqué an CMteau que Henry faisait partie de la compagnie quil com- mandait Du reste, pendant les neufr années qa*U ocei^a le grade de capitaine, on ne pût jamais le décider à accepter une invitation, soit cbes le roi, lorsquil était de garde aux Tuileries, soit à Tétat-major de la garde nationale, chez le général Jacqueminot

Au moment do la Révolution, il faisait partie du Comité central des électeurs de la Seine et du Comité électoral démo- cratique, en compagnie de Guinard, l'ancien conspirateur de Belfort, Louis £lanc, David (d'Angers), Becurt, Pagnerre, etc. ' U avait pris une part des plus actives au mouvement réfor- miste, et pourtant les premiers tumultes du 22 février le surprirent et réveillèrent en lui un enthousiasme patriotique qui n*eût de comparable que celui dont il fut saisi dix-huit ans auparavant en apprenant la chute de Charles X.

Le 23 février, voyant la tournure que prenaient les événe- ments et malgré la goutte qui le tourmentait, il accourut à la mairie. Quelques chefs seulement s'étaient rendus à leur poste; ils demandaient au maire, M. Moreaii, de faire retirer les troupes de l'arrondissement, ahn de prévenir une collision entre elles et la garde nationale, quand on vit rentrer à la mairie une colonne qui apportait un cadavre. C'était celui d'un garde national tué pendant qu'il cherchait à sUnterposer avec ses camarades entre les troupes et le peuple. Aussitôt Tezas- pération déborda. Le maire et le colonel de la légion, impuis- sants à calmer l'indignation de la garde nationale, envoyèrent immédiatement à l'hôtel de ville une députation composée de six officiers, au nombre des(iuels se trouvait le capitaine Dauphin, chargée de prier le préfet de demander au roi la retraite des troupes. « Messieurs, répondit M. de Rambuteau,

EMn de la BMMion ie 1948, par OimaipPAeii^ tome IV, page SU, et tome Y, pige 861.

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008TAVB DAUPHIN 25

c j'en référerai à Sa Mi^esté, mais Je doute fort qu'elle ff accueille une demande {irésentée au bout des baïonnettes. » En sortant de lliôtel de yille, le parti de Daupbin était pris

et sa ligne de conduite arrêtée. Le 24 au matin, il retourne à la mairie et fait rasseinbliT sa compagnie, sur laquelle il exer- çait une très grande influence A la tête de ses hommes, la baïonnette au fourreau, il parcourt les ruos de son quartier et s'interpose entre la troupe et le peuple, de plus en plus surexcité. Il va ensuite s'installer à la barricade des rues de Poitou et d*Or]éans. i Mes amis, crie-tril aux ouvriers, nous t Tenons fidre cause commune avec tous. » Aussitôt, des femmes apportent des cartouches et des balles, qu*U distribue k ses gardes nationaux, puis il fût arborer sur la barricade un drapeau rouge avec ces mots : Vive la SêpuiiHque.

Nous voyons le nom de Dauphin figurer sur toutes los affi- ches émanant des deux Comités, placardés sur les murs de Paris pendant ces journées révolutionnaires, et notamment sur le fameux manifeste du Comité électoral démocratique, publié et afiiché le 23 au soir, qui formulait de la manière la plus énergique les légitimes exigences du peuple.

Les élections de la garde nationale eurent lieu le 5 avril Dauphin fut élu à Punanimité colonel de la 7* légion.

n était un des principaux fondateurs de la Société dénuh erotique centrale, présidée par son ami Gkdnard, chef d'état- major de la garde nationale, qui tenait ses séances dans une salle de Tétat-major et qui acquérait chaque jour plus d'in- fluence par Télection d'une partie de ses memhres aux grades supérieurs de la garde nationale. Le Comité central pour les électiotu générales le comptait également parmi ses affiliés. Le gouvernement provisoire Tavait nommé membre de la Com- mtMtbn des récompenses nationales, et Ton verra que cette fonction lui suscita des rancunes et Texposa à des dénoncia- tions.

Dans la journée du 15 mai, sa conduite fat des plus éner-

RBVQB D'ALSàOB

giques. Ce n'est qu'à deux heures et demie de l'après-midi qu'il reçut des ordres signés: Garnier-Pagès. Aussitôt, confor- mément aux instructions données, il envoie deux bataillons à l'hôtel de ville, et lui-même se porte avec deox autres au secours de l'Assemblée nationale, violée par des foctieux. Quelques instants après, et au moment les rqnrésentants du peuple allaient reprendre leurs travaux interrompus par Témeute, la nouvelle se répand que lliôtel de ville est sérieu- sement menacé. Dauphin quitte à la hâte les abords de rAssi'inblée et ramène vivement ses deux bataillons sur la place de Grt>ve. *

Au mois de mars 1849, les principaux fauteurs de l'attentat du lômai furent traduits devant une Haute-Cour de justice convoquée à Bourges. Le colonel de la 7* légion y alla témoi- gner en foveur du général Courtais, commandant de la garde nationale, accusé d'avoir pactisé avec l'émeute, n se trouva en contradiction avec IL de Tracy, colonel de la 1" l^on, qui prétendait n'avoir pas reçu d'ordre du général, dans la soirée du 14.

« Vos souvenirs vous servent-ils bien?demandaàDauphin le président de la Cour. « Parfaitement.

« Mais votre déposition se trouve en opposition avec celle du colonel de la l'* légion.

c Je suis bien filché de me trouver en opposition avec mon honorable collègue, mais je soutiens mon dire. »

Le général Courtais fut acquitté le 2 avril

IV

Le 23 juin 1848, le premier coup de tocsin de la guerre

civile retiouva le colonel Dauphin à son poste.

* JSBMoirv dt ta BMhOim de 1348, par QAunu-PAofti, tom» IX, pages 906^ 269 et 881.

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ODSTA'VB DAtlPSIK

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Composée en majeure partie d'ouvriers, presque toute la 7* légion s'était mise du côté de Tinsurrection. Â la mairie, t les gardes nationaux, indécis et irrésolus, allaient, venaient, ne sachant quel parti prendre. Les uns, républicains dévoués Jusqu'à la mort, abattaient les barricades que d'autres ^n- struisaieut en invoquant les mâmes princ^es. En Tabsence du midre, membre de TAssemblée, MM. Martelet et Riglet, ses atteints, et le brave colonel DaiQ»liin, cherchaient par leur fermeté, leur parole conciliante, à rendre le calme aux esprits excités. » *

Bientôt il ne resta plus à la mairie qu'une cinquantaine de gardes nationaux, bien décidés h défendre l'ordre et le tîou- vernement. Le colonel en prend vinf^t avec lui et se rend à la principale barricade de la rue SaintrÂntoine ; il s'approche en parlementaire, accompagné d*un capitaine adjudant-major et du tambourmiûor. U invite les ouvriers à la conciliation et leur demande pour quelle cause ils combattent

c —Pour la République démocratique, répondent-ils.

c Etnous aussi, mes amis, nous nous battons pour elle; une mdme cause nous unit, marchons sons le môme drapeau.

fl Non, à bas l'Assemblée nationale! A bas la Conmiission exécutive! Ce sont des trattres. »

Le colonel allait se retirer, quand des insurgés traversent la barricade en le suppliant de se joindre à eux.

« C'est impossible, nous ne sommes plus d'accord, et je vois avec douleur i^ue nous serons forcés de combattre les uns contre les autres.

c £h bien! colonel, retirei-vous, nous ne pouvons nous battre ensemble; la partie ne serait pas égale, car vous n'êtes que vingt, et conme il y a danger à circuler, nous vous offrons une escorte pour vous accompagner jusqu'à votre poste. »

* Toy. Histoire de la Bévoiution de 1848, par Gàrnur-Paobs, tome XI, page

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BBTDB D'AUBACS

t Merci, mes amis, nous partirons bien seuls, car J'aime à espérer qne vous ne nous frapperez pas par derrière.

c Non, non! ViTe le colonel Danphin U. t

En rentrant à la mairie, le tambooMnigor s'écria: c Vive notae colonel! sans lui, nons étions tons s

Cependant llnsnnrection grandissait; il ne restait plos qne qnarante-cinq gardes nationanz. A sept heures, puis à dix heures du soir, le colonel écrivit à la Commission exécutive pour demander des renforts. Réunis dans le cabinet du maire, (luehiues officiers plus indécis et plus irrésolus que jamais, discutaient avec M. Martelet sur la conduite j\ tenir, quand le colonel entra et établit ce dilemme: « Ou il faut nous défendre, ou il faut rester tranquille. Si nous voulons nous défendre, armons-nous résolûment et prenons toutes les précautions pour ne pas nons laisser surprendre. 1% nons voulons rester tranquiUes, les insurgés, ne voyant nul obstacle, occuperont la mairie et ne nous feront aucun mal, puisque nous ne leur en aurons pas défendu Taccès. »

c Peu^ètre! » répondirent les officiers.

« Eh bien, alors, défendons-nous! t

L*avis du colonel fut adopté; il prit aussitôt toutes les mesures nécessaires, plaça des sentinelles, fit occuper les maisons situées en face et ordonna d'amener dos vivres et autres provisions,

La dernière demande de renfortd était parvenue à la Com- mission exécutive juste au moment venait se mettre à sa disposition un demi bataillon de la garde nationale de Vaugirard. On le lit aussitôt diriger sur la me Sainte-Croiz- d&-la-Bretonnerie oh il arriva, sans trop de difficultés, vers onze heures et demie. Ce renfort portait à quatre-vingt-sept le nombre des défenseurs de la mairie du YII* arrondissement Ces gardes nationaux, partis de la banlieue dès le matin, n'avaient pas plus de munitions de guerre que de provisions de bouche. Il fallut donc tout d'abord leur donner des vivres et des cartouches.

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GUSTAVE OAUPUOt

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La lutte devenait plus vive dans le quartier, de nouTeUes barricades se dressaient; cette partie du Marais devenait pour les insurgés un centre de résistance. Il fiillut fiûre des

patrouilles, organiser des sorties. Chaque fois qu'un détache- ment rentrait, il rapportait un mort et (juclques blessés.

Il y avait à la mairie une certaine quantité d'armes, fusils et sabres; le colonel lus fit sortir et mettr(3 en faisceaux dans la cour, de manière à les avoir sous la main, dans le cas oU quelques combattants désarmés lui viendraient en aide. Mais rien n'arrivait; et Ton se sentait de plus en plus serré par la sédition. Les gardes nationaux de Vangirard murmuraient, se plaignaient, accusaient la 7* légion de ne s*ètre pas rendu à son devoir ; par instants, quelques paroles violentes se fidsaient entendre, quelques actes d'insubordination se manifestaient

Le 24, vers sLk heures du matin, trois insurgés se présentent en parlementaires :

a Colonel, nous sommes maîtres de la position, vous n'avez plus qu'à vous rendre. >

« Mes amis, j^aî reçu Tordre de ne pas abandonner ma mairie ; j'exécuterai cet ordre jusqu'au bout

L'attaque commença presqu'anssitftt, mais avec une certaine mellessa Les parlementaires avaient vu, dans la cour de la mairie, deux cents fusils environ rangés en iGûsceaux, ils croyaient leurs adversaires en nombre et n'osaient trop sV venturer.

Bientôt circulent des rumeurs inquiétantes. On dit que le commandant de Vaugirard se dispose à partir avec ses hommes. Le colonel descend et voit en effet cette troupe se mettre en rang, faisant avec des fusils des brancards pour placer leurs morts et leurs blessés.

Est-ce donc pour partir que vous formez vos rangs? demande-tpil au cbef de bataillon.

t Oui, colonel, mes bommes disent qu'ils ne veulent pas se fiûre tuer pour la 7* légion, qui ne s'est pas rendu à son poste, t

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RBTUB D'ALSACE

Il n'essaya pas de les retenir.

Pea de temps après leur départ, deux représentants du peuple du Haut-Rhin, N. Bardy, beau-frère du colonel Dau- phin, et Frudhomme, arrivent à la mairie, délégués par TAssemblée nationale. Tout est prêt pour la réristance; les quarante braves sont répartis k leur poste de conibat, les uns aux fenêtres, les autres derrière le mur que Ton avait crénelé en quelques endroits. A dix heures du matin, les représentants retournent ;\ l Assomblée, sous la protection de leurs écharj)es et d'un détucheuient d'insurgés qui les esscorte jusqu'au quai de l'Hôtel de Ville.

A partir de ce moment, la mairie fut complètement bloquée. Cette position critique dura jusqu'à trois heures du soir. On vit alors venir du renfort C'était Guinard, précédé de trois voltigeurs de la ligne et d'un garde mobile et suivi d'une pièce de canon avec quelques artilleurs. Ils arrivaient au galop, fiiisant en courant le coup de feu, lorsque, près de la mairie, un des chevaux s^abattit, atteint d*une balle en plein poitrail Les insurgés allaient s'emparer de la pièce, quand une sortie, exécutée avec une vigueur étonnante, les en empêclia, permit de débarrasser le cheval tué de son harnai et fit rebrousser chemin au canon et aux artilleurs. Guinard dût les suivre, mais les voltigeurs et la mobile furent assez heureux pour se joindre aux assiégés. Electrisés par ce succès, les gardes nationaux purent, avec des alternatives d'assauts et de retraites. s<- maintenir dans la rue, refouler les assiégeants et rapporter du pain, de la viande et du vin, dont ils avaient le plus grand besoin.

Bientôt U fusillade se ralentit, les insurgés s'éloignent, les barricades les plus rapprochées sont enlevées; à quatro heures du soûr, grftce au sang-froid et à l'indomptable bravoure du colonel Dauphin, la mairie du VII* arrondissement est libre.

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OUSTAYS DACPHIN

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Cette courageuse conduite ne l'empêcha pas d'être eu but aux calomnies et aux dénonciations. Comme membre de la Commission des rérompemes mdionaJes, il avait froissé Taniour- propre et la vauité de quelques ofticiers de sa légion, qui ambitionnaient la décoration et n'avaient rien fait pour la mériter. C*était surtout dans le 2* bataillon qu'il avait fait des mécontents et des envieux, et c'était aussi de ce bataillon qu'émanèrent les dénonciations dont il fut l'objet après les événements de juin et dans la suite.

Un jour que certains fonctionnaires cbercbaient à obtenir de lui des renseignements sur des citoyens de sa légion ; « Messieurs de la police, faites votre métier, leur dit-il, et laissez-moi faire loyalement le mien. »

Le commandant et deux ou trois capitaines du 2* bataillon avaient eu, un moment, beau jeu pour faire avec plus de sécurité leurs rapports dénonciateurs. Us avaient profité d'une absence de leur colonel, qui avait été obligé, pour raison de santé, de se rendre aux eaux de Baden, en Suisse, avec un de ses amis, blessé dans la nuit du 15 au 16 mai, pendant la dou- loureuse sAùre du passage Molière.

Lorsque l'Assemblée nationale, organe de la pensée et de la volonté du peuple français, eût voté la constitution de la République, un grand uoml)rc de citoyens se réunirent et fondèrent VAssociatim démocratique des amis de h Constitu- tion. Cette association, oîi étaient admis tous ceux qui voyaient dans le triomphe de la cause démocratique Tintérôt bien entendu du pays, se donnait pour mission de concourir, par les voies pacifiques de la vérité et de la raison, à l'application loyale et constante de la Constitution républicaine et à son développement progressit

La nouvelle Société choisit, pour président, le représentant Bûchez. Dauphin fut un des vice-présidents, et nous voyons

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son nom ligurcr au l)as de tous les actes de cette association à côté de ceux de Jules (irévy, de i.abt'lonye, de Degousée, etc.

Après rélection de Louis-Napoléon Bonaparte à la prési- dence de la République, les partis réactioimaires ne tardèrent pas à lever la tête et à entreprendre ouTertement une croi- sade contre la Constitution. Dans plusieurs circonstances, et devant le général Chuigamier lui-mdme, Dauphin ne cacha pas ses sentimentB et sa volonté bien arrêtée de défendre, avec sa légion, la République en danger. A la première revue des gardes nationales de la Seine et des troupes de la 1" division militaire, le colonel de la 7' légion avait, en passant devant le prince-président, donné le signal des acclamations en criant de sa voix la plus forte : Vire la Répuldique démocratique! Vive la Constitution ! Le 29 janvier 1849, lorsqu'on présence d*un déploiement de forces inexpliqué, les républicains pen- sèrent que le ministère Barrot-Falloux méditait d'en iinir avec la Constituante et la République par un nouveau 18 bru- maire, la 7* légion s'était rassemblée, sur Tordre de son colonel, pour voler au secours de TAssemblée nationale, à la moindre démonstration dirigée contre eDe. C*est à ce moment que le général Changarnier fit arrêter à la tête de la 6* légion, le colonel Forestier, qui fut bientôt relâché. Dauphin en fut quitte, cette fois, pour une surveillance plus active et plus minutieuse de la part de la police. Quelques jours après, lo 15 février, le colonel de la 7* légion reçut du président de la République une invitation pour venir passer le lendemain la soirée à rJËlysée. Seul de tous les colonels de légions, celui de la G", le brave Forestier, n'était pas invité. C'était une ii^ure faite à la garde nationale dans la personne d'un de ses chefe. Dauphin se déclara solidaire de la conduite de son camarade et protesta contre l'insulte &ite à la 6* légion en refusant publiquement Tinvitation. *

^ Y. le joamal U du lundi 19 février 1819.

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0U8TAVB DAUPHIN

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L*Âfl8emblée constitiuuite touchait à la fin de son mandat, et des éleetîons doraient avoir lien le 18 mai pour la Législa- tive. A la prière de ses amis de Belfort, DaupUn avait consenti à laisser poser sa candidature dans le département du Haut- Rliin, a pourvu, disait-il dans une lettre du 25 avril, que l'initiative parte de ma ville natale, de Belfort, résident toutes mes affections de famille, mes amis et mes connais- sances déjeune âge. » Malf^'ré tous ses titres à la sympathie et à la reconnaissance des patriotes pour la part active qu'il avait prise aux événements de l'année précédente, il était inconnu des populations ouvrières et agricoles du Haut-Rhin ; bien que sa profession de foi, datée de Colmar le 4 mai 1849, fut empreinte de firancliise et dHio républicanisme éclairé et convaincu, il n'obtint pas assez de suifirages pour être élu.

Lorsqu'arriva le 13 juin et que les représentants républi- cains de TAssemblée législative eurent adressé au pei^le un manifeste pour lui rappeler queTartide 110 de la Constitution confie les droits qu'elle consacre au patriotisme de tous les Français, de nombreux dissentiments s'étaient glissés dans les rangs de la garde nationale et n'attendaient qu'une occa- sion pour éclater. A l'heure les délégués de la .V légion, au nom de la patrie en danger, conviaient tous les citoyens à se réunir pour se rendre à l'Assemblée, ahn de lui rappeler le respect à la Constitution, une vive altercation avait lieu, dans la cour Saint-Âignan, entre le colonel Dauphin et le commandant Foumier, chef du 2* bataillon de la 7* légion.

Le moment était venu ot les dénonciations et les propos calomniateurs allaient porter leurs firuits.

Le 18 juin, à six heures du matin, un commissaire de police et deux agents se présentèrent au domicile du colonel Dau- phin, pour le mettre en état d^arrestation. Il était au lit, très souffrant d un fort accès de goutte et presqu'incapable de se mouvoir. Ses amis, inquiets pour sa santé, réclamèrent ou sa liberté sous caution, ou sa trauâlation dans une maison de NoaYelle Série. -> iO" aoaée. 8

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santé. * Le colonel était inculpé de complicité dans l'attentat du 13 juin. La demande de Dauphin et de ses amis fut fort mal accueillie par le juge d'instruction, M. Broussais, qui répondit brutaLement « qu'on ne mourait pas de la goutte. » Une scrupuleuse perquisition fut faite dans ses papiers et dans tous les meubles de son appartement, sans bien grands résultats ; puis, dans Taprès-midi, il fut placé dans une Toiture et remis à la disposition de Tautorité judiciaire. *

Il passa la nuit suivante à la Préfecture de police. « J'ai trouvé, écrivait-il le 19, à quatre heures du soir, un charmant compagnon de pri>on, qui s e.-t fait ma femme de chambre ou plutôt mon inhrmier. 11 a fait mou lit hier au soir, ma des- habillé et rhabillé ce matin. J'appreuds à Tins tant que je suis transféré à la Conciergerie : j'y descends, a Ce bon compagnon, c^était Guinard, colonel de la légion d'artillerie parisienne, arrêté au Conservatoire des Arts-et-Métiers.

Le 4 août, à dix heures du soir, à la suite dHine ordonnance de non-lieu et dHue prison préventive de près de cinquante jours, Dauphin fut mis en liberté. En même temps, un décret du pré.^i>ieut de la République licenciait la 7' légion de la garde nationale de Pariâ. ^

VI

Les événements politiques auxquels Dauphin avait été mêlé si intimement en 1848 et 49 causèrent une fâcheuse interrup-

' V. le National du 19 juin 1819.

V. la Patrie, du 11» juin. Ce journal officieux publiait, au •ajet de cette arrestation, un anicle, évidemment rédigé dans le cabinet d'instmction, dans lequel on disait « qu'un médecin arait été requia « immédiatement pour eonttatar l'état de santé de M. Dauphin, et que « lor son rapport, il avait été placé en Toitnre. > C'était entièrement Imiz ; anenn médecin n'aTait été appelé.

* Cl la lÂbtrti du 6 août, la ChuetU du Tribunow dn 7, et le Skm (de Oolmar) do 10.

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OUSTWE DAUPHIN 85

tion dans ses travaux artistiques. Au Salon qui s'ouvrit peu de temps après les journées de février, dans l'Orangerie des Tuileries, il exposa un grand dessin, la Vierge au tombeau, et un beau portrait de M"* Bardy avec son jeune iUs sur lee genoux. Cette dernière composition est presqu'une peinture de genre : cette mère, baissant les yeux sur son enfant aux longues boucles blondes, au reiiard ^i liiiij)iiie et .-^i doux, n'a ni Tattitude ni la pose du portrait i)roprement dit ; entre les draperies du fond, on aperçoit, dans un paysage lointain et faiblement esquissé, la silhouette du château de Belfort se détachant sur les montagnes bleuAtreâ du Jura.*

Pendant Tannée suivante, il reprit ses grandes compositions d'histoire et travailla avec une nouvelle ardeur, dans son atelier de la rue Fontaine-au-Roi, à Timmense toile qui devait figurer si honorablement à TExposition de 1850-51. Pour faire apprécier la beauté originale et la disposition variée de ce tableau, nous ne pouvons mieux faire que de laisser la parole aux critiques d'arts qui en ont fait l éloge dans les comptes- rendus des journaux de l époque.

Desbarolles disait dans le CourruT J'rcuirak (n°* des 19 et 20 février 1851) : Pourquoi le tableau de M. Dauphin fait/il Tomement de Tescalier ? Le vent est-il tellement aux coloristes que Ton ne fssse plus aucun cas des dessinateurs et des peintres de sentiment?

« N*y a-t-il pas dans l'art trois routes principales? N'y a-t-il pas en Italie trois capitales dont les peintres ont orné les palais et les couvents d*œuvres si supérieures que Ton se sent, dans chacune de ces villes, entraîné à suivre la route des artistes qui Tout décoré. Qui donc oserait donner la pré- férence à Venise sur Florence ou à Florence sur Rome? Ët pourquoi donc Florence serait-elle placée la dernière ? . . .

Noos ne savons pas si M. Dauphin a vécu longtemps à

* Ot tabla» Mt à Belliwi, ebei Burdy, néa Dauphin.

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wenm d*au&oii

Florence, s'il a patiemment étudié les œuvres des artistes de cette école, mais nous sommes certain qu'il suit leur route et leur accorde toutes ses prédilections.

« M. Dauphin n'a pas cherché à être coloriste, il s'est con- tenté d'être harmonieux, et s*est occupé surtout de Texpres- sion et du sentiment U a réussi

« Le tableau est intitulé : Jab derniers nwmenta du Christ.

« Le soleil couché a laissé à l'horizon une large bande de feu. Un trait de lumière surnaturelle, parti du haut des cieux, frappe le corps du Christ et rejaillit de sur le tableau tout entier. La Madeleine prosternée embrasse le pied de la croix, et lève sa belle tête appesantie par la douleur. A droite, la Vierge s'évanouit, soutenue par les femmes qui avaient suivi Jésus de Galilée et par un des apôtres.

t Les autres disciples sont accablés. L'un d'eux est courbé par terre dans la prostration du désespoir. A gauche les soldats jouent aux dés la tunique neuve qu'ils n'ont pas voulu se partager. Au dessus d'eux, Judas vient, montrant le Christ d'une main, et de l'autre, «Indiquant lui-même comme déla^ teur, insulter aux larmes de ceux qui ont survécu.

« Le groupe à droite est très remarquable et très habile- mont composé. La douleur est partout : dans l'attitude, dans les traits, dans le regard des personnages. Los tôtes de la Vierge, de la femme qui la soutient, et de celle qui joint les mains en regardant le ciel, sont touchantes et pleines d'âme* Celle de la Madeleine est très gracieusement placée. La ligure du Christ expirant est fortement comprise. Le corps est moins bien réussi, et les jambes un peu épaisses ne conviennent pas à une nature divine. Le groupe du cêté gauche, principale- ment composé avec Judas et les soldats qui jouent, est moins réussi que celui du côté opposé. Le Judas est aussi par trop hideux, et le peintre a rendu, par le contraste, cette laideur plus repoussante encore. 11 l'a placé entre deux têtes, l'une d'apôtre, l'autre de guerrier, remarquablement belles.

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008TAVE DAUPHIN

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t Kons comprenonB son intention, mais, selon nous, le Judas n*est pas à sa place, car les saintes Ecritures ne disent nulle part qu*il fut venu se vanter lui-même de sa trahison ; et puis il distrait du siqet, occupe le spectateur et fait nattre le d^ût oti il ne devrait y avoir que des idées de recueille- ment et d'adoration. La main qu'il lève est mal dessinée, et se trouve dans le même mouvement que celle du soldat qui regarde le jeu. Et tout près de nous avons à signaler une autre faute de composition. Le soldat qui joue, celui qui s'ap- puie sur son camarade, et celui qui, au premier plan, tourne le dos au public, ont les bras placés dans une position parallèle. Cette £aute qui est de celles qui échappent à Tartiste fatigué par une œuvre de longue haleine,.suffit pour 6ter au groupe son caractère dHinité et de grandeur.

En résumé, le dessin du tableau est généralement très cherché, les draperies sont bien disposées. L*eflet est hanno* nieux, mais il aurait être plus écrit U y a de grandes qualités d'expression.

< Pourquoi, nous le répétons, cette toile est-elle placée dans l'escalier ? »

Dans VOpinion pubUqm du 18 mars 1851, Alphonse de Galonné s^exprimait ainsi :

« Une des plus grandes compositions du 8alon est celle de M. Daiq^bin qui se trouve placée dans le panneau principal du grand escalier. Elle représente les Dermm momeiids de Jêsw^Jkriit^ et a été conçue, dit le livret, sous llnspiraitton de cette pensée : jow dam Us dêuXf douleur aur Ja ferre. L'ordonnance est largement conçue. Nous avons à droite l'Eglise nouvelle, les saintes femmes, les chrétiens, la Vierge anéantie dans sa douleur, la Madeleine couchée au pied de la croix ; nous voyons à gauche la religion ancienne, la synagogue, les scribes, le pharisien insultant du geste, du regard, de la voix, les adeptes de la religion nouvelle, et montrant ironique- ment du doigt le Sauveur mourant sur la croix; puis nous

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8B

vKnm D'àiMàm

avons encore du même côté et en avant les soldats indiflérents à ce qui se passe autour d'eux, et jouant les vêtements de la ▼ietime. Tout cela trahit une pensée, une intelligence, fit pourtant cette figure excellente du juif insultant les chrétiens sort du tableau d*une façon désagréable; elle nuit à l'har- monie, tout en donnant de la force à la pensée. H y avait nécessairement un autre arrangement à chercher et que l'auteur n'a pas trouvé.

«t Toute cette peinture accuse des études fortes et sérieuses. Le dessin a une certaine hardiesse qui plaît Le travail ana- tomique a de la correction, la couleur n'est pas criarde, elle est un peu sourde au contraire ; et cependant il y a un groupe de femmes à droite, placé dans l'ombre, qui est une des bonnes diosea du Salon. La Madeleine est fort belle, et sa draperie bleue du melDeur effet Cette grande page mériterait une bonne place dans une des grandes églises de France. »

VOpimon pUbUqtte avait mieux saisi la pensée intime et véritable de Uartiste que le Courrier français. En effet, ce n'était pas Judas, l'apôtre traître, que le peintre avait voulu représenter, mais le pharisianisme dans sa haine pour les petits et les pauvres, c'est-à-dire les conservateurs, les classes dirigeantes de cette époque, qui ne pouvaient souffrir une religion nouvelle fondée sur des principes d'égalité et de fraternité.

Une revue légitimiste, la Mode, appréciait en ces termes l'œuvre de Dauphin, par la plume de Méry :

< Le peintre a couvert une immense toile de toutes les lamentations du Calvaire, de toutes les angoises du premier Vendredi-Saint M. Dauphin mérite les plus grands éloges pour avoir courageusement abordé la haute peinture, à une époque personne ne peut la payer, parce que nos maisons sont étroites, nos églises pauvres, nos palais déserts. Honneur à l'artiste qui fait son œuvre, comme il la rêve, sans se préoc- cuper de son avenir ! Oui, je comprends Corrège, lorsque le

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OUBTAVIC DAGPHIK

comte Mari lui disait & Gènes : Quitte tes Vénus et tes amours on instant, et peins ose grande toile de la Cène pour TégUse de PAnnondade, voisine de mon palais. Mais je ne com- prends pas K. Dauphin; je me borne à Tadmirer en silence. Cependant ne désespérons de rien; sll y a encore qneliiues oboles dans l'épargne d*ane église, son grand et beau Calvaire figurera sur le panneau d*nn autel, on ne peut le placer ailleurs. Le palais de Versailles accueille tous les grands hommes, mais il n'y a peut-être pas de place pour Dieu. »

Dauphin était alors en but à des vexations qui prenaient leur source dans des rancunes politiques. Ne pouvant lui refuser son tableau, les membres du Jury d'exposition, choisis en nugorité parmi des artistea officiels qui tenaient à faire leur cour au nouveau pouvoir, avaient placé cette importante composition d*une manière tout à fait dé&vorable et dans un hxa jour. Le peintre protesta de toutes ses forces. Je n'ai exposé que pour être vu, disait-il, pour être soumis à Tcsil et au jugement du public, sous un jour égal et a\ec les mêmes chances d'une équitable appréciation que celles dévolues à mes confrères. J*ai donc cru apporter mon lot à un concours d'émulation. "Se savez-vous donc pas que vous le détruises, messieurs du Jury, lorsque vous accordez tout aux uns et rien aux autres V Pourtant, vous artistes, vous habitués à juger do reflet produit par le maniement du pinceau sur la toile et de la lumière sur la couleur, vous savez une chose, que peut seul Gonnattre un homme du métier : qu'une œuvre peinte au jour franc de Tatelier est à moitié perdue quand elle se trouve exposée à un jour &ux ou à des reflets. La lumière &it la part de l'ouvrier en éclairant ou éteignant ceUe de l'intelligence. Sans ;dle, dans un tableau, il n'est plus d'opposition de clair et d'ombre; 11 n'y existe plus de finesses de formes et de des- sin, ni de profondeur de sentiment Vous le savez, pourquoi donc, TOUS et vos amis, êtes-vous restés aux places d^élite que vous occupez depuis deux mois ? »

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40 UVCB D'AUàdB

Ces justes doléances, appuyées par le puhlic connaisseur, furent accueillies, eu partie du moins, et le tableau placé dans un endroit plus avantageux et mimix en vue. A la suite de r£xposition, il fut acheté pour 1& cathédrale de Reims.

VU

Parmi les eompositions que Tartiste belfortain produisit

pendant les années qui suivirent, nous citerons:

Un Christ morty acheté pour la Chapelle impériale des Tuileries; VEnfrée dnm lu vie, pastel acquis pour la f^alerie du duc de Morny ; la FiUe de Jt-pltté, pastel; la Vierge au pied de la Croix, acheté par TEtat pour Téglise Saint-Louis- d*ÂDtin, à Paris; et surtout son dernier tableau: le Christ m Jardin dec oUves^ écartant U calicô d'auurtime»

On conçoit que ces grandes compositions pieuses, ces sévères siq'ets religieux, ne pouYsient être acquises que par rEtat, pour servir à romementation d^églises. Mais TEmpire ne pouvait oublier ce que Daupliin avait ftit pour la B^n- blique. H ne pouvait surtout le voir plus longtemps sans inquiétude au milieu de ce quartier du Marais, fl avait exercé une influence qui n'était pas éteinte. Il crut le moment propice pour intervenir aujjrès du peintre, et un ami haut placé, M. de Niewkerque, directeur général des Beaux-Arts, lui donna le conseil de transporter son domicile et son atelier dans un autre quartier de Paris. Bientôt après son installa- tion dans la rue de Laval, son Christ mort fut acheté pour la Chapelle des Tuileries, et le duc de Morny lui fit une com- mande. Il travailla ensuite pour le Salon de 1859, il exposa sa dernière ceuvre. Que ne puis-je, comme Eséchiel, dit à ce sqjet Louis Jourdan, * rendre pour un instant la vie à qn cou- rageux artiste qui est mort depuis Touverture de TEipoaition,

' Xft JWirtm frmiçaii, Sdùn IMP, par L. Joardaa, p. 161.

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OUBTAVE DAUPHIN 41

M. Gustave Dauphin, artiste doublé d'un penseur; penseur qui fut aussi un homme d^action, un bon citoyen aux jours du danger. En admirant sa dernière œurn, U Omit au Jardin des €iive$, éooff (ui^ k eaUee d^amêrtumô^ il me semblait que le peintre y avait écrit sa dernière pensée. Lui aussi il avait le calice à vider, le calice des déceptions, des noires ingratitudes. Ce tableau, d'une belle couleur, est peint avec un profond sentiment de tristesse ; pru d'artistes ont si poétiquement compris et traduit la douleur surhumaine de celui qui mourait pour avoir voulu racheter le monde et qui, succombant un instant sous la faiblesse de son humanité, repoussait la coupe de fiel. >

Après rSiposition, ce tableau fut donné par Ni^léon m à relise de Mulhouse.

Pour quelques autres de ses csuvrea moins connues et datant de diverses époques de sa carrière artistique, nous

nous bornerons à cette simple énuraération : les portraits de la plupart des mrMiil)res de sa famille, dont plusieurs ont un grand mérite comme couleur, et surtout comme ressemblance, parmi lesquels ceux de son père Belfort, chez M. Bardy), de son frère Albert (en fumeur, à Saint-Dié, chez H. Bardy), de M. Mény, de M"" Mény (pastel) ; d'autres portraits d'amis : de M"* Chatel, d'Adolphe Antonin, etc.; une Bacchante, très joli pastel actuellement an Musée de Bélfoit; plusieurs tableaux religieux: un tamt DrançaU-Xamer eiiextaM^don pieux de Tauteur fait à Téglise de BeUort en souvenir de son père dont ce saint était le patron ; une Anomption^ à l'église d'Altkirch; saint ^m6roi«e, à l'église de Bavilliers, près deBelfort

vra

Gustave Dauphin moumt à Paris le 23 mai 1869, frappé, comme Pavait été son père, d*une attaque d*apoplexie fou- droyante, nétait dans toute la lÎDrce de Tige et daoa toute la

49 BEVUE d'almge

plénitude de son talent Le cimetière Montmartre est son lien

de repos.

L'artiste éminent, désintéressé, qui n'avait jamais voulu employer son âme et son intelligence qu'à la haute et grande peinture, était encore un bon et courageux citoyen. La ville de fielfort peut, à bon droit, être aussi fière d'avoir vu naître le peintre de talent que Thomme de cœur et de caractère.

Hexri Bardy» Président de la Société pkUomatique vosffienne,

Saint-Dié, novembre ibSO.

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LE LIVBË DE COMPTES

DE

SAMUEL MËQUILLËT

Le manuscrit, dont nous rendons compte et que nous copions par extrait dans quelques-unes de ses parties, appartient à la paroisse protestante d'Héricourt

Si à l'époque à laquelle nous vivons, rhomme porte son esprit dlnvestigation dans tontes les directions, par un senti- ment naturel on fouille de plus en plus les choses du passé, et des documents négligés Jusqulci prennent à diffârents points de Tue une certaine importance. C*est par ce motif quil nous a semblé qu'il y avait quelqu'intérétà fàlre revivre, au moyen de ses notes écrites avec une simplicité parfois touchante, la \ie modeste d'un pasteur de campagne du pays de Montbéliard, à la tin du xvir siècle et au commencement du siècle suivant Ce petit travail n'était pas d'abord destiné à sortir du cercle étroit de la famille pour laquelle il a le plus dUntérêt, et c'est pour répondre au désir manifesté par son honorable directeur, qpi'il paraît aujourd'hui dans la

L*ouyrage dont il 8*agit, bien consenré, forme un in-quarto cartoimé, a?ec dos et onglets en paichmiia, delSeentimètres

44

BKVai D*AXJlâOB

sur 24 de haut; il contient .S50 pages environ et a pour titre: « Carnet général de tout ce qui est entré et qui entre chacun an dan» mon œconomie^ ou ma recepte ordinaire pour mon usage particulier, » Son auteur est Samuel Méquillet, d'abord vicaire à Héricourt» puis pasteur à Chagey (Haute-Sa6ne), de 1700 à 1739.

Ce qui distingue à première vue ce trayai], c*e8t un grand esprit d*ordre, de méthode, de ponctualité. Gonunencé en 1694, il Ae se termine que quarante-cinq ans plus tard avec la vie de Tanteur. L*écriture en est ferme et lisible, et chaque fois qu^l s'agit d'indiquer un fait principal, ou le renouvellement de l'année dans ses comptes, l'auteur s'est servi, pour quelques mots, d'une encre rouge que le temps a rendu presque grise.

Le père de Samuel était, comme il nous l'apprend. Jean Méquillet, pasteur en 1062 à Valentigney, puis en 1684 h Montr béliard, et son grand père, Bénédict Méquillet, bourgeois de Montbéliard. Dans la descendance directe de Samuel Méquillet se trouvent trois pasteurs: Son fils Jean-Nicolas, qui résida quarante-et^ ans à filament (Donbs), son petitéls Georges Eberard, et son arrière petit-fils, Georges-Frédéric, qui exer- cèrent tous deux, successivement, le ministère sacré à Héricourt, de 1749 à 1831, soit pendant une durée de quatre- vingt-deux ans. Ce sont donc, de père eniils, cinq générations de pasteurs. Cette vocation pour la carrière pastorale qui pendant près de deux siècles se transmettait comme un héri- tage, fut interrompue, dans la famille Méquillet, par la Révolution française.

Les comptes de Samuel se partagent en neuf chapitres et comprennent: Les recettes en grain. Les recettes en argent Les gages en froment Les gages en argent Le compte de ses amodiations. Le compte de ses obligations, titres et retenues. Le mémoire de ses affaires diffîcultueuses. Celui de ses pq»iers nécessaires. Enfin le mémoire de sa vie. compte dee recettes en grain ne comprend, pendant les

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LB Lima DK SAMUEL MfiQUILLBT

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pranièreB années, que la nomenclature des rentrées en fro- ment, ayoine, orge, vesces, pois, boige, puis plus tard, dea indications telles que les suivantes :

< J'ai tué cette année cinq nourrins gras, quatre gros et un petit, ce qui m'a donné beaucoup de viande dans Tcsconomie.

« J'ai fait cette année 35 livres de lin, 36 d*œuvre et 13 en maie d'œuvre. >

f J*ai us dans mon jardin d*Héricourt 20 sacs de fruits et en celui de Chaigey 8 sacs. »

Les autres provisions de ménage sont aussi notées, de même que le vin récolté dans sa vigne, ou acheté k Couthenans, Coisevanx, Vaux, Bourguignon ou à Wattville. *

Dans le second chapitre intitulé : c Compte icm les dtmm reçus ét qui sont entrés dans won ŒcvnowM t figurent à plu- sieurs reprises, à côté du produit de ses gages, de ses ventes de grains et amodiations diverses, des rentrées pour ventes de chevaux, bestiaux, de toiles, de pigeons, de poissons dos étangs, le produit du travail personnel de Tauteur a en écri- tureâ et autres » et même des profits réalisés sur le trafic des grains.

Nous voyons donc que, grftce à des revenus qui lui étaient particuliers, le pasteur de Gbagey, matériellement n*était pas à plaindre.

De Texamen des deux chapitres, d*un intérêt plus général

qui suivent: « États de tous nies (f âges, avec le paiement (Vieeux liepuis mon ministère » ou peut voir cependant ce qu'offraient de précaire, à cette époque troublée, les ressources du pas- torat.

Le traitement des pasteurs des seigneuries avoisinant Mont- béliard, sur lesquelles élevaient à la fois des prétentions, à cette époque le roi de France et le prince de Montbéliard,

' WaAtwilltr (Aliace, eaaton de Oemay).

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46 BBfDI S'ALIAfll

position singulière qui était une source incessante de conflits, dont soutiraient vivement les habitants, consistait en :

144 cartes de froment, autant d'avoine et 54 li\Tes en espèces. ' Ils étaient prélevés sur les revenus d'un fond spécial dit Caisse Jikilésioêtique.

Ajoutons qu'il résulte de rezamen du registre que nous consultons, que rien n'était moins certain que la rentrée, surtout à époque fixe, de ces émoluments. En effet, en 1696 1697, 170a et 1706, les gages en argent ne sont payées qu'en partie ; il en est encore de même pendant une seconde période qui s'écoule de 1726 à 1735, pendant laquelle les sommes touchées annuellement sont quelquefois de 24 ou 27 livres seulement !

En 17.-il, nous trouvons quolqu ailouoissement à cette posi- tion critique: a Reçu d'une charité laiti' aux ministres des seigneuries du Wurtemberg, à ma part l-^ livres 4 sols. »

£o 1733, « le sieur Binninger, de Seloucourt, étant allé, au mois d'Augst, à Stoutgard et revenu sur la lin de Septembre, il rapporta, pour les ministres des seigneuries, quinze louis d'or, qui aiant été partagés à Audincourt, J'en us à ma part, par grâce du duc, 40 livres », et à la suite: M. le l>aron de Neguendanc étant arrivé à Montbelliard, pour les affaires de l'Ëtat, le 5 Janvier 1734, le duc ' envoia par son moien mille florins aux ministres des seigneuries, de sa pure grâce, leur aiant fait dire que c estait de sa bourse qu'il les leur envoioit, et que dans la suite, il leur paieroit tout ce qui leur estoit dehu, et qu'il rendroit leurs gages égaux à ceux du comté. »

Par contre, en 1735: « Le don gratuit du clergé de Bour- gogne nous aiant été imposé, il en fallut chacun sa part qui a été de 27 livres 10 sols.

Le paiement des gages en froment se fusait d'une £içon

«LaUmétaitdsSiiOU.

* caiArlM^AItau&dn^ âne de Wortembeig

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LE LrVRB DE BAMUEL MÉQUILLKT

également arbitraire, et 8*il est possible, plus irrégulière encore, eomme nous allons le montrer par les extraits suivants, qui, entre tous, nous ont semblé caractéristiques.

Année 1697. t Mon gage aiant été réglé cette année à 48«* froment et à 60** d'avoine, aprêà avoir été à Montbéliard plus de dix fois et avoir dépensé plus d^une* pistole pour me faire paier, le receveur Fechote s^étant rendu M" des receptes, je reçu enfin, le 16 Décembre, vingt-quatre quartes froment »

1705. « Le gage de cette année ne fût paié que Tannée sui- vante, ce qui nous tit un grand préjudice, à cause de la vente des grains. »

1717. n Cette année, les dismes de la seigneurie d'Ericourt, aiants étés barrés par le curé d'Ericourt, pour le paier des levées qu'il obtint par le procèi qu'il avoit avec le prince, nous fàmes sans gage. On recourut au prince, il ne voulut rien donner, en sorte que les ministres des seigneuries setants assemblés, ceux de Blamont partagèrent leur disme avec nous par charité. »

1721. « Nous fûmes mortifié pour notre poiement, le prince

prit nos dismes et ne voulut pas nous écouter, nous lui pré- sentâmes requêtes, il nou> reiivula ji M. Boxshainer. Nous nous présentâmes devant le prince Léopold Eberard, nous deux M. Cucuel, S. A. nous répondit tièrement, et nous demeurâmes jusqu'au mois de Février 1722 sans poiement. b

1723 et 1724. « Le séquestre des revenues des seigneuries 8*étant fût Tannée, les notes y furent compris. »

1725. Le 8 Janvier 1725, étant allé chercher mon bled à Êricourt, du receveur Jurain, * il me mesura 84«* froment sur les greniers du curé, Je le livrois sur les haies, j*us trois cou- pots de fiauise mesure, et trois quartes et un coupot de groin-

» Fonetionaain impoié par !• roi de Fiaiiee pow pereavoir mcmtât 1* eaiiM tccléiiattiq— .

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48 wtnm t^àîMàOÊ

gure, ainsi je ne reçus que 79^', les autres en furent de mfime, et il fallut passer par là.

Des chapitres suivants découlent quelques indications de valeur de Tépoque.

Les vaches sont estimées de 30 à 45 livres. Un cheval 90 livres. Cinq brebis, deux mères et trois agneaux, 9 livres. Une selle de cheval neuve, 8 livres. Une charrue, 2 livres 10 sols. Deux voitures de bouement (fumier), sont estimées 1 livre. Le compère Fallet» maître d'école, à Couthenans, fournit une paire de souliers pour 18 batz (d6 sols). Une voiture de planches est payée 1 livre 10 sols.

Dans l'état des pièces, papiers et titres, nous trouvons: « Une requête présentée à S. A. S., Tan 1713, pour obtenir la réduction eu prel de mon champ à Couthenans, dit devant la ville, avec sou appointement; » ainâi que c raffranchiâfiemeut du beaurpère Nicolas Lods. *

Nous arrivons enfin à la dernière partie, que nous repro- duisons presque en entier, en ne faisant subir à Torthographe

et à la ponctuation que les changements, qui ont été parfois nécessaires pour rétablir le seus de la phrase ; elle est intitulée:

ÉTAT OU MÉMOIRE

ce 9u*tZ y a de plus particulier

DABB HA VIE.

a Je suis tils du S' Jean Méquillet, quand il vivoit second ministre de l'église francoise de Montbéliard, et d'honete dame Élisabeth Brisecbouz, fille du S' Jean Brisechouz,'

' BaivMii une note qni termine le volnmei la funllle Lodf eil <«i* gineire da village de Coiseranz (Hante-Sa6ne)w

* Fils atné de GajonBriaeehonz, à qoi il ntât tnocédé dans saebaige.

Quyon Brisechonz, auquel IL Daveraoy, le UTant anteor des Éphé- mérideii a eonncxé «ne conrte notiee^ reetée manveerite à 1* biblio-

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LB UVBB 8AMUBL MÉQUILLET 49

quand il vivait recteur des écoles latines, à Yalentagnei, dans le tempi que mon père y dedservoit en qualité de pasteur, le 27 Octobre 1669 entre six et bcpt heures du soir; resté seul

après la raort de mes père et mère, avec ma sœur Catherine, de huit enfauts (lUe nous étions. Mon {Jîrand père paternel étoit Bénèdict Mc([uillet, bourgeois de Montbéliard, ' et ma grand mère Marie liruot, sa feme aiant à i^aris des parents fort considérables, une sœur et un frère dont mon père a ûs de fréquentes nouvelles, par le moien de M. le ministre Claude. ' Mes grands pères nuOerneb étoient Jean Brisechoux, recteur des écoles et Lisquet Klepffel, sa feme, j'us pour parain dans mon bateme, le S' Samuel Seletier, bourgeois de Montbéliard, et honete Ânne Françoise Brisechoux, iiile du S' Conseiller Brisechoux.

« Comme je lu? èUué par les soins de mes pères et mcres, et dauâ Xoi i:.cuies laliueo de mou aïeul maternel, je fui privé

thèqae de Montbéliard, était nn savant pé(la;^n;;ae, auteur des oavrageB suivants: Praeceptorum rheloricœ brems upia et perspicun methodiéi (1G23, ibid lt)»)l). Instilutio pnerorum in Umjnn latinà {UViS). Tractus de causa et catiauto, suhjtcto et acctdenti. i^ragmcut d'ua traité de logique inédit, imprimé après sa mort.

De Jean brisechoux on ne possède qu'une pièce de vers latins, iini)ri- mée à la suite des discours prononcés à l'enierreuieut du chancelier Ghriitopbe de Fontner. Voir dâna U Brnm ^Mtaee, de 18tiO, pages 811 et soirantea : « L'Imprimerie à MonAâiardf par P.-E. TospfBROw

* La fiuniUe HéqiiiUet est origineire de Montéchroux (DonbsX elle compte encore plasieturs représentants. D'après une commnmcation de M. le pasteur Chenot d'Hériconrt, il y avait avant la Béformation, an village de Chamesol, un curé da nom de Méqaillet.

* Bruot et Briot sont deux formes du même nom. Il peut s'agir ici d'Isaac Briot, graveur-éditeur, de Guillaume Briot, maître peintre, on de François Briot, le ciseleur, auteur d'une ai<;iiière avec son bassin, l'une (les pièces capitales de l'orfèvrerie au xvr siècle, tous trois protestanis, étaltlis à Paris et nés à Montbéliard, entre lâM » et l.')l)0. Voir dans le numéro de VAit, du 14 septembre 187.*, uue notice de M. Auguste Castan, correspondant de i'iustitat, cousacrôe à ces artistes,

Noavelto Série. ur* année. 4

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50 BBvm d'alsacs

de mon père à Paage de seize^na, la mort étant anivée le 18 Avril 1686, environ lea quattre heureâ du vepre, jour de Dimanche, dans le tempa qa*après le rectorat, aiant été promus r£gliâe de Montbelliard, il eitoit le plus en état d*aid6r sa famille. Ma mere continua cependant mes études, et le Seigneur m uiaut tait avancer en icclle,

« Je fus encoié eu l'acailémie l'ubingue par Tordre du Conseil, le 1" Juin 1(>68, étant arrivé et re(,u, je travalllois avec tant d assiduité, après avoir parcouru ma pbilo.sophie, dans la téologie, et dan^ Tart du sermon, que dansl'eipace de quattre ans et demi j'achovois mes études, assisté comme je par les soins de ma chère mere, qui pendant ce temps la ' me fut enlevée par la mort et qui me laissa sans aucun secour humain: j*ûs pour tuteur Toncle Hugue Charrière, coutelier, mari de tante Anne Françoise firisechoux, qui m*aida de tout ce qu'il put

« Les troubles entre la Franco et l'Empire estant survenus,

et les troupes fraucoioes setauts saisies du Wurtemberg, de Stoutgard et de Tubingue qui en soutrit considérablement, comme nous fumed obligé do quitter, le cloître aiaut été abandonné,

«Je revins au pays avec mes collègues, le 22 Septembre 1692, ou n'aiant trouvé ny support ny ami, que mon tuteur qui me reçut avec joie, sans aucun patrimoine ny rien de reste après mes études faites qu*un seul demi écu et mon habillement, je fus pourvus par Taide du Seigneur du précep- torat des enfants de M. Jacquiu, ' ou mon firère ministre à Chaigei, me lit entrer le 4 Novembre, et ou le seigneur me procura telicmout 1 amitié de madame Jac^uin la mere, qu elle

' MMiin de forge à Aadmeonrt. Méqaillet se plaint dsos ses eomptes de n'aroîr pas été payé de tous ses gages « pour avoir ioformé deox de ses enfants, Henrion et Ferdinand, à un éca par moi pour duque^ quand ils étaient wsftéê de M^** Jacqnin la môro. »

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LB UVBB DB SAICDEL liftQUILLBT 61

me combla de bienfaits, sans qu'elle me laissa a?oir besoin de rien, et me pourvus de tout ce qui m'etoit nécessaire, j*y demeuroîs deux ans et demi, et pendant tout le ten^ des

tristes malheurs de la maison. *

a Et ensuite ajipclé au dtdiondt d'IIéricourt, qui se trouva vacant Tan l(i"J4.j'en fu>pourvu.->le 10 de Mai, que M. Malblanc* m'y fut établir aux gages ordinaires : je lis ma charge depuis Montbelliard étant encore au service de madame Jacquin, ou je proffitois très considérablement, soit dans mes études, soit dans les manières de bien vivre, jusqu*au 15 Décembre que je quittois, et que je vins m*établir k Héricourt, madame Jacquin m*aiant donnée deux de ses fils en pendions, après m*avoir pourvus de tout ce qui estoit presque nécessaire à l'établis- sement de mon ménage. Je demeurois quelque temps sans penser à aucun choix de vie, aiant à Montbelliard une partie d'amitié, ou n'aiant pas réu>>it il fallut m en séparer : maia le Seigneur qui me gard«ut le parti qu'il savoil m être utile,

c Je fus^ifancé à Héricourt, le 16 Juillet 1696, avec honete

Juliane Alexandrine Lods, fille d'hon. Nicolas Lods, M" bour- geois en chef de la ville d Héricourt, assistée de sa tante Juliane George, vefve de Jac(iues liu.^.^elot, quand il vivoit M"^ bourgeois du dit lieu, qui l'institua par son traitté de mariage 1 h^^ritiere universelle de tous ses biens qui estoient fort considérables, fille d'une vertu et d'une probité si grande que le choix en aiant été approuvé avec joie de tous mes parents et amis, je fûs marié avec elle le 11 Âugst 1696 en TÉglise d Héricourt, assisté de tant de braves parents et amis, que j us plus de cent personnes à mes noces, qui metrenerent très considérablement, j'us dans mon mariage la paix, la dou- ceur, le respect, la del' . renée et l aniitié de ma chère Kpou.ie, qui fut S)i particulière qua puiue a ou plus aimé et reopecté

* De Wurtemberg.

* }.-¥, Malblanc, surmtendant des églises de iUb3 à iti^ti.

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68 BBVU8 D'ALSàCB

une personne que je letois, j*ai été beni de plusieurs en&nts, et aprèd deux and environ de mariage,

Œ Me naquit uno par la grâce du Seigneur, le 17 Avril 1698, nomée Marie Meffiney environ les onàe heures du soir jour des Rameaux et laquelle le lendemain fut présentée au S. Sacrement du bateme par le S' noble Léonard de Nardin, grand baiUif des seigneuries d^Uericourt et Chatelot, parain. Et honete dame Sibille Frideric Barbault feme du S' Renauld Beurlin, lieutenant de baiilif, maire, prevot et foretier, au nom de .-îU peiilc lillc .Marie: Dieu la coûter ve et repaude sur elle les dons de Mm e.xprit.

« Le ^S^'i^'lh'ur u'aiant voulu nie la consi-rvcr (jue peu d'auuées, elle mourut le 4 jour du moi de Mai de Tau 17U3, environ les six heures du soir, aiaut été malade huit jours, par une violente Hevre de vermine qui Temenat: Ce qui m'affligea très sensiblement, étant alors le dernier enfant qui me resta, et d*autant plus que tant toute belle, gentile et de grand esprit, elle était mon cœur ; j'en louois le Seigneur qui me bénit ensuite des trois enfants qui me sont restés après la mort de ma chère et bien aimée Épouse.

« Me naquit derechef le 22 Juillet 1C99 par la bénédiction du Seigneur un fils qui fut appellé Jean George^ environ les sept et huit heures du soir, sa mere aiant ûs de grands travaux: le lundi suivant 24, il fut présenté au S. Sacrement du bateme

par le S' cousin Jean Verenet, marchand-drapier, mon cousin et bon ami, parrain. E: hon. dani Anne Fran<'oi:5e Bri.>echoux, vefve de le S' Wonlicli, niarraiue, je le vuuuis au S. miuis- tere des le moment qu il fut né.

c Mais le Seigneur Taiaut trouvé plus propre pour le ciel que pour la terre il le reprit à soi, le Û d'Augst environ les quattre heures du vepre et il fut enterré au cimetière d'Heri- court proche la muraille du temple, du coté devers le château au milieu.

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LB LTYBB DE SAMUEL MÉQUILLtT 58

Mourut la même année bon. Nicolas Lods, pere de ma chère épouse, très cbretiennement après avoir mené une vie douce, paisible et d'un bon cbretien, fort regretté de tous- ceux qui le conoissoient, il fut enterré le Dimanche suivant

fort honorablement dans le cimetière d'Hericourt ; ensuite de quoi je pris la l elle more a ma table, après avoir satisfait à toutes ses dettes, etc.

0 Et dans la suite comme j'avois desservis a Hericourt deja asses considérablement aiant présenté requête pour être recûs bourgeois de la ville.

t Je fus fait bourgeois du lien, moi et mes descendants, le 26 Décembre 1690, aiant été recû tel par lapointement de ma requête a cause de mes bons services, félicité tel de chacun et inscrit dans le livre des notaux de la ville. Dieu veuille long temps me faire jouir moi et les miens de ce privilège. '

Comme les troupes du Roi se furent saisis d'Hericourt, le 20 Mai 1700, pour en prendre le temple, j*us ma part des maux publics par deux soldats qui furent cbés moi eu discré- tion quinsc jours, qui furent fort honetes, et qui setant contentés de ma table ne me tirent aucun mal, quoi que des gens du lieu mal ententionnées fissent tout ce qu'ils purent pour me faire avoir quattre tambours. Pendant ce temps la, ma chère feme étant enceinte et a son terme, et y aiant des ordres de ne poin^batiser d'enfant, je fus dans des craintes et des tensation terribles, affligé ensuite de la maladie de mon cher frère ministre a Chaigei, qui mourut d'une fièvre extrême- ment violente le 1" Juin 17(X), et me laissa privé de toutes personnes. Je tis ses fonctions pendant cet intérim que per- sonne n'osoit sortir de la ville, et ma fenie aiant recluse dans la chambre tout haut de la maison sans que mes soldats la vissent, elle accoucha au milieu de ces grandes émotions, la garde même qui etoit a la porte de la ville devant mes frères n'en aiant absolument rien bus, ny dans la suite, et

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a Me naquit enrorr un fils, le i:^ Juin 1700 jour do Diman- che environ les ouses heures du soir, noni(^ Jean George, lequel le Lundi matin fut batisé en chamlire sans que personne en sut rien, aiant us pour parain, etc. Je le vouai aussitôt au ministre après qu'il fut né, espérant que le Seigneur me le consenreroit, mais le moi suivant 19 Juillet, Dieu en aiant disposé d*une autre manière..»., il mourut» ce qui me prive de rechef de fils et de successeur maie.

«

« La mort de mon frère aiant rendu vacant la paroisse de Cbaigei, je fus sollicité par tous les parents de me présenter ce que je ne voulut pas faire, la paroisse elle même étant allé a Montbelliard pour me demander, ce qui obligea M. Brise- choux pour le bien qu'il me vouloit, sans que je le su, a présenter au duc George une requête pour moi, et lequel me reçu par son appointement, ce qui fit que

« Je fus ap]>pllè à V Église de Chaifjei le 2 Juin 1700, par la nomination de S. A. 8. qui mo fut donic^ a conoitre par une letre que le S' Nardin, vire suriiitt inlaiit mecrivit |»our cela, et lequel après que les troubles furent un jifu appnisc^s vint my etal)lir pour ministre le 21 Octobre 1700, assisté d'un grand nombre de mes amis, quarante personnes environ qui dînèrent au poil haut de la cure fort bien, après avoir desservi a Hericourt six ans et demi, et avoir beaucoup dépensés a cause du défaut de gage ou on me laissoit

« Le 28 du même mois, je fis ma prédication d'entrée dans mon ^lise a la louange de tout le monde, et le Dimanche suivant 4 Novembre je fis ma prédication d'adieu a Héricourt avec une grande approbation, le Seigneur supplée par sa grâce a mes défauts et augmente en moi le don de son Esprit,

t M'etant bien établis a Chaigei quoi que je reciis beaucoup dinquiétttdede ma belle sœur a qui je fis tous les phdsin du

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U Lm» DB 8A1IUBL VtqiDILLBr 86

monde, Dieu ut soin de me bénir d'enfants qui me dorenti en sorte que par sa sainte disposition,

« Me naquit mon fils Jean Nicolas le 19 Juillet 1701 environ les onze heures du soir, portant les deux noms de mes aieuls paternels et maternels, il fut batisé en rc^glisc de Chaigei le 24 du courant par le S' Cucuel ministre d'égliseï au nom de son petit fils Jean parain, et aiant pour maraine honete demoiselle Marie Nardin, fille du S' Daniel Nardin premier ministre de TÊRlise de MontbelHard et comis surintendant; il a été aussitôt voué au 8. Ministère : le Seigneur le conserve et le remplisse de ses dons pour cela.

c Comme le Seigneur ne me laissoit pas sans des épreuves continuelles et des visites de pere, il maflUgea de rechef par la mort de la tante Juliane qui mmrut^ cest a savoir Juliane George tante de ma feme, le 15 Juin 1702, après avoir été affligé pendant quelques années d^un chancre en la poitrine gauche, et laquelle j'avois pris ches moi pour la soigner, y étant demeurée à mes soins environ deux ans. Elle fut enterrée à Hericoui t ou on la renu na fort bonorablen)ent, et avec asses de frais; comme j'entrois alors en possession de ses biens je commencois a être bien, et a faire mes affaires assez hureu- sement. en ménageant mon talent et en le faisant valoir autant que je peuvois, pour me bien établir.

f Me naquit de rechef ma fille Marie Elisabeth le 1" Avril

1708 environ les onse heures du matin, en sortant de la cene des Rameaux, et dont ma chère feme ne fut délivrée que par de très pénibles travaux a cause de la pii'osseur de Tenfant, elle fut batisé le Jeudi suivant 5 du moi aiant pour parain l'oncle Hugues Charriere, ancien de l'Eglise, au nom de son petit fils, et honete dame Elisabeth >îaittiot feme du S' Jean Fallot M** bourgeois de Montbelliard maraine, qui assistèrent tous a son bateme, et qui forent régalé fort magnifiquement; le Seigneur la béidsse et lui donne sa crainte au cœur.

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f Me naqiiU encore mon fils Chftrle Crhtnffle le !•* Décembre

1704 environ 5 heures du vopre, il ut pour parain mon neveu Charles M^tiuillet fils de fil mon frère, qui fut rei>r<'senté par le S' ministre Binninger, et pour maraine hon 'te dame Catherine Vallet des Barres femme du S' Gasiiard Jacquin, au nom f-i pour la dame Jacquin sa mere et petite d Muoiselle Jacquin sa fiUe maraine ; le Seigneur le bénisse et lui donne une sainte éducation.

« 3/e naquit derechef le Avril ITOfi jour de S. George mon fils qui fut nomé Gi orge Frideric, après des travaux asses incomodes, il fut hathé par moi î«' _!'> dans le temps des grands troubles de Montbelliard et de la prise des franchises des bourgeois : Son parain aiant du être M. Macler ministre de Montbelliard pour ses deux fils George et Jule Frideric, il euToia mon neveu George Méquillet qui se présenta, et sa maraine étant bonete dame Catherine Prenon feme du S' ministre Vurpillot, elle envola ma belle sœur qui se présenta pour elle, leurs maisons étant toute pleine de soldats.

« Comme le Si>inneur fît naitre cet enfant parmi de furieux trouhles, il ne voulut pas qu'il y ut de part, c'est pouiMjuoi le 27 du moi suivant il le retira par une douce mort après un seul jour de mal. Cette mort me fut fâcheuse a cause qu'elle fat subite, mais la volonté du Seigneur me servant de règle je m*y abandonnois.

« Mes affaires allant alors asses bien, et par tant de tra- verses que j'avais deja us par mort et par afflictions particu- lières, mon œconomie s'etablissant parfaitement bien, j'esperois beaucoup de contentement pour la suite, dans le temps qu'il plut au Seigneur de m*accabler tout d'un coup par le plus funeste accident qui mut pus arriver, et qui fut la mort de ma chère et bien aimée épouse dont la mémoire me sera éternellement chère.

c SUe mmnU cette ekere feme le 7 jour de Février Taa 1707

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LE LIVRB DB SAMUEL MÉQUILLBT 07

en la grâce du Seigneur: Sa maladie commença le 18 Janvier par un grand mal de dos et de tete, enceinte environ de trois mois et 8*etant plein dHine petite chutte : on crut que ce ne seroit rien Dieu aidant, mais la maladie étant augmentée

j'envoioisaîlontbellinrd, et}v fis venir M. le docteur Binninger, qui assura que ce ne seroit rion; la He>Te cependant l'aiant saisi, devint forte et violente, et cralunant (|u'il n\v est du danser je renvoia chorcher If' meflecin qui la trouva fort mal, elle ut une fausse couche pendant qu'il fut chcvS moi avec M. Cucuel que j*avois fait venir, elle purgea même très bien, mais malheureusement la fièvre Taiant reprise le lendemain elle se sentit frappée a la mort, ce qui Tobligea a m^appeler, fondant en larmes come j*etois, pour me dire ses derniers adieu, et pour bénir mes enfants après me les avoir recomandé, après quoi sa fièvre cetant augmenté avec délire, malgré tous les soins que je pris avec le S' médecin a qui j'envoiois tous les jours, elle expira environ les dix heures du soir me laissant dans des aniroissc^s inconcevables.

a La vie m'etoit fort douce et agréal)l(% elle avoit pour son sexe une vertu toute particulière, point de volonté que les miennes, une douceur et une déférence pour moi extraordi- naire, une très grande modération et sagesse en toutes cboses, simple et accomodante, fort bonne œconome et bonete, fort bonne mere et fort tendre épouse ; notre vie et notre amitié ne pouvoit pas être ny plus douce ny plus forte, et jamais personne ne fut plus aimée après sa mort Elle fût enterrée le 9 dans le cœur de l'Eglise de Chaigei au bas de Tautel ou est sa tombe, habilkH» d'une veste de satin blanc et noir et d'un bonet de taffetas, avec des engageantes fort propres, assisté corae je le fus d'une grande compagnie de mes amis et parents qui me vinrent de Montbelliard, et y aiant plus de quarante personnes étrangères a la prédication que M. Cucuel fit, le cercueil posé an milieu du temple devant la cbere et ensuite ■itenteneAlIniederictioiitkapteds tonchaats «tJoiatB

58 HTUI D*AI«ACB

a la tete de mon cber frère, soub sa tombe grayée d*im

epitaphe. Le Seigneur me console avec efficace dans mon

affliction, me conserve pour ma famille, bénisse nu s chers orphelins et me face la grâce de les voir bien élevés en sa crainte et en la piété.

* «

c Je demeurois ensuite fort paisiblement dans mon vefva^, ma sœur qui estoit revenue d' \Uemagne aiaat pris la conduite de mon œconomie et de mes en&nts: je vins, j*allo!s, et je fis mes devoirs, et une année après come je pensois a me remarier, et que je vis que le Seigneur ne secondait par les vues que j*avaî8 alors, je me tins alors dans ma situation et occupé a élever mes enfants avec houeur, lesquels aiaiit tous trois us la petite vérole Tan 1708 en furent hureusement guarantis. Le Seigneur cependant m'aiant voulus pourvoir» après avoir vus quelques personnes de ma convenance, je m^arretois pour une seconde fois a Hericourt, et je fis mon choix par la direction de la sainte providence de la tille de M. le Prevot Cremet, pour laquelle malgré beaucoup d*ob- stade, metant a cause de sa vertu une forte amitié, après même que sans y penser j^ fus conduit par la sainte provi- dence a laquelle j'avois demandé en sortant de ches moi pour aller a Montbelliard pour un parti, elle adressa a moi celle que Dieu m'avoit choisi. Je lui rendis de fréquentes visites pendant un an entier, et l'amitié setant liée, après lui avoir déclaré mes pensées la demandois à M. son pcre le 25 Âugst 1709 qui me raccorda, je la promis incessament et sans aucune autre forme de fiancaille le même jour Dimanche au vepre veille de la foire d'Hericourt; après avoir ecri le contract nous soupames ensemble assisté de personnes que de celles en partie de la famille.

Je Jus fiancé avec elle, cest a dire demoiselle Anne Eleonore Cremet, et ensuite martèle 17 Septembre sans beau-

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LE L1VRB DB SAWJBL MÉQUILLBT 60

coup de Cérémonie quoique fort honorablement niant ûs beaucoup de bons amis et parents assistans, M. le Prevot aiaut lui même fait les noces qui durèrent deux jours. Le Jeudi suivant nous en vimes a Chaigei fort bien accompagnés et fort bien reçus. Je l*aimois avec beaucoup de passion et de sincérité, et le Seigneur nous aiant accordé la paix et une tendre union, il me favorisa si particulièrement de ses béné- dictions, que Tannée suivante par sa sainte bonté,

« Me naquit, ma tillt" Catherine Elconore le 25 Juin 1710, dont ma cIkto épouse après d'asscs ponibles travaux fut hurcnisenipnt dtMivré»', environ les oiisi' heures du matin : Elle fut présentée au S. batemele Dimanche suivant 20 aiant pour parain. Messieurs Anthoine Breguentzer fermier alors des seigneuries d'Hericourt mon bon ami, et Gabriel Cucuel iils du S' ministre Cucuel d'Hericourt. et pour maraines mes soeur et belle sœur, Oatberine Mequillet, et Anne Catherine Cremet, elle a û le nom de Catherine Eleonore pour avoir celui de sa mere. Le Seigneur Televe en sagesse et en grâce.

« Me naquit encore le 29 Février 1712, une seconde fille qui fut appellée Anne Clémence, et dont ma feme fut hureusement délivré après de très pénibles travaux, la demie pour quattre heures après midi. Elle fut présentée au S. bateme le Lundi suivant 1*' Avril, aiant pour parain le S' recteur Duvemoi, pour son petit garçon, et qui y vint avec sa dame, et pour maraine madame Jacquin d*Hericourt, pour sa petite demoi- selle Clémence, on fut fort joyeux a son bateme, et magni- fiquement régalé.

c Me naquit encore par la sainte disposition du Soigneur le 16 Février 1714 un fils nomé. Gàhriél, dont ma feme fut hureusement délivré sans de grands travaux, environ les neuf et dix heures du matin, a la Joie de toute la funille. H lut présenté le Dimanche suivant au S. bateme par le S' Gabriel Cremet prevot d'Hericourt son grand papa, paraiu, et auquel

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RBVUB D'ALBACB

il fut donné comme sien, et par bonete dame Anne Clémence Verenet, feme du 8' Jacques Bouthenot licentié es droits, au nom de sa fillette Anne Clémence maraine: le Seigneur le face croitre, en grâce, en sagesse, en piété et en honeur au contentement de chacun.

« «Tôt tu de maladies pendant ce temps la. 1. Une pleurésie Tan 1688 qui me dura cinq semaine, avec une débilité de nerf sur le genoux qui me dura quinse jours provenant des fatigues de mon retour de Tubingue. 2. Une fièvre tierce Tan 1689 cbcs Mad. .lacquin dont je fus incessainent guéris par les soins di' lu dame, et du médecin IJouin. » Vient ici, et dans la suite, la di'scription de beaucoup d'autres maladies qui sont traitées avec succès par les sueurs, pur^ations, saignées au pied, la poudre de bézoard,* Témétique c et autres bons remèdes ».

« Le petite vernie aiant attaqué mes derniers enfants Tan 1715, Catherine les (It fort favorableuient au uun d'Avril et Climene au moi de Mai, et Gabriel au moi di? Juin, mais si fortement qu'il n'en fut qu'une, aiant été pendant quinse jours come roti grillé au feu et faisant peur, sans pouvoir rien prendre que du vin et du lait U en mourut le 16 Juin 1715. après avoir été eztraordinairement malade pendant dix neuf jours»».^ j^en fus extraordinairement affligé, m^aiant été fort cher; ce deuil me fut fort triste et cette mort a laquelle je me soumis entièrement m'aiant causé une douleur très amere j'us bien de la peine a m'en remettre, et je pleurois mon enfant avec de tiMidres larmes: on l'enterra le lendemain dans le c(eur du temple de Chaigei, tout joiguaut le banc des anciens, etc.

' Bésoard, eonerétiona cnlenlênies qui se forment dani les voies digeetsTes de certains quadrupèdes et auxquelles on aceordait la pro- piiM de goéik cvtaiasi naladiis. Oa IkiiaU dn béioaid artilleiflL

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LB UVRB UMOWL MÉQOILLrr 61

« Me naquit du rechef le 17 Avril 1716 une fiUe qui fut noméô Cutherine Elimhdh, dont ma foine fut délivré eiivirou 10 heures du matin sans de grands travaux, u aiant us qu'en- viron une paire d'heure de petit mai qui aiant d'abord etéfl suivis, elle accoucha par Tassiàtance du Seigneur fort hureuse- ment. £lle fut baptisée le 21 Avril au matin, et elle ut pour paraiu le S' George Surleau, minidtre de TEglise de Roche, et pour maraine la petite tille du S' Jules Frideric Mader ministre a Mandeure représenté par madame sa mere Elisabeth Fallot Le Seigneur la face croître en grâce, en pieté et en honeur, au contentement de chacun.

« Me naquit de rochef le 19 Mai 1718 joui* de Sambedi une fille qui fut nomée JalMne dont ma feme fut délivré environ quattre heures de vepre, fort hureusement et presque sans travaux. £Ue fut batidée le jour sui/ant 15 Mai, jour de dimanche a ia prière du vepre, et elle ut pour parain le S' Jean George Blanchot, ministre de TEgliâe francoise de Stotttgard qui se trouva alors au pais, et qui la tint sur les fonds et pour maraine, honete dama Juliane Duvernoi, feme de Jean G^iorge Mequillot prof>3sseur en langue a Stoutgard : la belle sœur Anne Catoa la tint ^ur le^ fonds b ipti^niaux. : le Seigneur la face croître eu j^racu, eu pieté et en houeur, au contentement de chacun.

« Au moi de Janvier 1719 mes deux derniers enfants aiant étés sortis des boussottes, ' la petite Juliane lut d'abord quitte, mais Babeli en ut beaucoup, fut fort malad*3 et en danger, et par la grâce de Dieu fut rétablie après le douiieme jour.

« Jdo)i Jih Jean Niajbis après avoir fait sou cours d Ecole a Montbciliard pendant huit ans bans quUl put être reçu au nombre des récipiendaires fur préparé a sortir pour Stoutgard afin de s'aller faire recevoir du duc pour le cloître de

* Ayant ea U p«tile vérato*

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6t WatmÊ D'ALSàGB

Tubingue. J'allois "demandé congé pour cela au prince de Moutbelliard le 18 Mai 1716, et corne il vit que j etols résolus a cela, il reçu gracieiuement mon enfant, et lui lit eipedier son mandement pour le doitre de Tubingue. Je proffitois du retour de M. Bianchot pour Stoutgard qui voulut bien le prendre a 8a conduite, on lui prépara ses hardes, je lui achetis un cheval, et il partit avec lui le 20 Mai suivant Le Seigneur le face hureusement prospérer dans son œuvre, et me le rende une fuis plein de vertu et de mérite,

fl MonJUs CitarU destiné pour se faire au négoce partit de ches moi le 30 Avril 1720 pour s^en aller avec son cousin, mon neveu de stoutgard, s*en retournant jusqu'à Strasbourg, et de la être envolé a Francfort ches mon bon ami M. Jussoy pour aprendre le négoce a y demeurer pendant six ans, qu'il doit être entretenu, nourri et veius selon les titres et accord du d. S' avec moi. Le îSeigiieur le conduise, l'adresse bien et lui face de bien réussir et de deveuu' brave home, et me face la grâce de le revoir tel.

Mb mqmt de rechef le 5 Septembre 1720 tm HJU dont ma feme fut délivré environ on»e heures du matin, après quelques travaux qui setants bien suivis, la tarent accoucher très hureUdonicnt par i a^ai.>tancc du Seigneur. 11 fut batisé le ii et ut pour nom Uabnet Xicula^ et pour pui ain le 6' prevot Cremet mon beau perc, pour maraine la petite tille du

Bianchot miuistre a Vaudoncourt, représentée par madame son épouse qui le tint sur les fonds. Le Seigneur lui face la grâce de croître en pieté et en grâce et de devenir par une bone éducation le soutien de mes derniers jours.

« Mourut aussi mon cher (iulniel après avoir été malade trois jours seulement des denta œiliieres, le l i Novembre 1721, a mou grand regret, il eatoit tout aimaule, avec immimeut d'Ooprit et trop sérieux pour aou aage. Sauo aucune oppooition a la volonté de Dieu je le pleurois tendrement, i*us bien de la

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iM U9tm tm BàMatL mAqqillbt 68

peine a me remettre. On l'enterra le lendemain dans le cœur.... Je i'aimoiâ d'autant pins ^ue ce cher enfant m'aimoit et qu'il TOttloit toiûourd être aupred de moi, Dieu me conserve ies autres et les eleve saintement

t Me na^tU de reehef le 7 Octobre 1722 un fils dont ma

fcme fut hureuaement délivré a deux heures aprei midi après

avoir fait le matin au four il fut balisé le lU a la prière

du vt'pre sans cérémonie n'y aiant que M. le prevot. Je Tetreouoi au lils de Mous' le bailly de Nardin en le dévouant a leur Â. S. auquelles le S' bailly demanda qji'û porta le nom du duc S. Ëberard, et celui de â. Â. le prince héréditaire, ' ce qui fut accordé gracieudement, j'y joignis aus^i mon lils pour parain avec mon neveu de Lion, aindi il ut nom £bisrkar<i, George, Gmpar, Nicolas, il ut tMési pour maraine mes deux filles Marie et Catherine qui le tinrent sur leâ fondi. Le Seigneur lui &ce la grâce de croître en pieté et en grâce, et de devenir par uue bonne éducation le soutien de mei derniers joura.

« Mon fils Jean Nicolas après quattre ans et demi d*etude dans runiverâitô de Tubingue, aiant fait quelques dettes onéreuses sortit pour revenir au pais afin d*y satisfaire, et arriva le 16 Octoore a dix heurei, jour de marché a Uericourt ches M. le prevot, ou j'estois, dans le temps que nous voulions manger la soupe. Le mal étant fait il fallut y remédier. U s'exerça sous ma main pendant i hy ver, et il protfita ce qu'il dut, on le rhabilla tout de nouveau, et ou le mit en état de paroitre, et le IG Novembre uou^ aliaine^ nous pre^ïenter aux princes et aux princesses, desquelles nous fumes gracieuse- ment reçu, nouà aliameâ voir nos amis, et en revîmes.

c Mourut enfin la grand mere Anne George le 6 Décembre 1722 a la minuit sans avoir été malade qu'un jour d'estomach

* Qeoige Léopold do Sponeck.

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64 BBVUS d'âlraob

seulement, étant decedé le plus doucement du monde. Ce foi une grâce particulière pour elle et pour nous. Nous ne trou- vâmes rien après elle que de vieilles nipes, quelques pièces d'eteing dans un coffre a Hericourt, aiant vendus au tiers et au quart tous ses effets sans qu'on le sut, il n*y ut pas même pour satibfiaire a ses frais funeraux, bien moins a ses pensions ([ui uut étés depuis mou second mariage de 13 années, aiant dt'ja (leiiieuie clit'.^ moi on>e ans pendant mou mariage avec ma pi Linierc Iciiie sa îille, ^aus que je lui demanda rien que la jouissance du peu qu elle avoit, ce qui changea par mon second mariage, puis>qu'alors je ne voulut uy ne put la garder qu'avec une petite pension que j'ai réglé a une livre seulement par semaine, laquelle sera prise sur ses fonds»»^ KUe fiit enterrée le 10 a la prédication ordinaire, et mise devant la porte des homes en entrant, joignant les fondements du temple.

0 Le 1 jour du moi de Juillet de l an 1724 je mariois ma tille Marie avec M. Jean Chatel M'" bonetier, nls du 8' Chatel M"* bourgeois de Montbeiliard ancien de Tislglise, on lit les fianciailles sam» façon ny personne que quelques bons amis, le Dimanche aproi le sermon. C'estoient des gens de bien et d'honeur, de boue famille, lui aiant son chatal a luL* Le bon 0ieu les b^iisse en les faisant prospérer.

c Le28 Octobre 1725 je tis établir mon hls Jean Nicolas, par la grâce de Dieu, diacre a Blamont, malgré les obstacles qui s'y tirent: M. Cardin le présenta le d. jour le matin, au vepre il fit son action d'entrée, et le 14 Novembre suivant, il y mena son ménage avec ma fille Cati pour le conduire. Dieu bénisse son ministère et le face prospérer.

Kevint mon fils Charles de Fiauclort le 20 Novembre. Il

' C'est à dire ayant en propre les oldsts et les marchandiMe néeei- itires à l'exereioa de sa profeiaioa.

LB LtVfiB DB SàlCDSL UÉQOILLBX 65

ressortit pour aller a Colmar ches Bf. Qol après avoir été habUlé et anipé toat de nouveau.

« Le 28 Novembre 1825 me naquU de rechef un fils a la cloche du matin fort hureusement, ma chère feme n'aiant us pendant la nuit seulement que quelques travaux, et elle seporta après très bien, U ut nom Jkwid Gaspard, je Testrenoia mon neveu Gaspar et au fils de M. Brisechoux David pour parain, et a 1a fille du compère Roeselot Le 12 Mars 1726...... il mourut

« Le 17 (lu moi de Septembre 1720 fut marié mon fils Jean Nicolas diacre a Blamont avec la iille du S' Joseph FaUot derrier les haies M* bourgeois, brave gens, il ut pour elle d'abord une amitié que je n'attendois pas. On fit les noces ches Mad. Prongd la grand mere par un beau repas d*ami qu*on fit ftire par Trotder deux jours, fort joieusement, aiant us 36 persones près a table. Le Jeudi suivant on les mena a Blamont ou nous fumes bien joyeux! Le bon Dieu veuille qu'ils vivent eu paix et en bénédiction.

« «

Ce fut pour moi Tan 1728 un terrible malheur que la mort de M. U prevct; elle arriva au moi de Février, celle de Mad. la prevote au moi de Mai, et pour l'avoir enterré dans la

nef, après toutes les précautions qu'on prit pour prévenir les fausses avances du curé, sur la fin de Juillet M. Cucuel fut mandé a Besancon avec le M" bourgeois l'erdriset par M. le duc de Levi, on lui lit grâce, le M" bourgeois fut ferré en la.... ou il demeura 13 jours, je fus de même appellé, j'obéis, le duc ne voulut entendre aucune de mes raisons, me fit serrer un fort Griffon, dans une belle chambre ou je demeurois 15 jours entier, et dont je ne sortis qu*apresbeaucoupd*intrigues, etdepenses de 460 livres selon mon mémoire dans le calendrier de Pannée. '

' Eu 1713, Samuel Méquillet, qui avait publié l'année précédente à Montbéliard une Jnffmdion eeOMiétiquê mr iOMtot le» vêrUê» H U$ Noarelle Série. 10"* année. 6

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BBVUB D'ALSACB

Le 6 Avril 1728 on maria mon fils Charles avec la iille du M** bourgeois Perdriset, on fit les noces ches Gabriel, on fiit bien, et il lîit logé fort bien. Dieu les &ce prospérer.

a Le 10 Juin ma feme accoucha fort hureusement et fut délivré par la grâce de Dieu sans mal, d'une fiUe a six heures du matin, elle se porta toujours parfaitement bien, je la lis bi^tiser le dimanche suivant... Elle ut nom OallîhmM Margurite, le bon Dieu TéleYe en sa crainte I

a Le 30 Juillet 1730, ma chère hlle cy dessus Catherine Marguerite aimée extraordinairement de moi et de toute ma famille mourut environ les onses heures, j*en m une douleur extrêmement vive! Elle avait tout ce quH fitUoit pour être aimé, belle, douce, des yeux noirs, et un port qui etoit tout aimable. Enfin elle fiusoit le grand siqet de ma Joie et de ma consolation, plut à Dieu que je n'us pus Talmer davantage.

Elle fut attaquée de la petite vérole le 19 elle fut dans un

état extraordinairement pitoyable, et après un combat très

élêMin âê la réH§Um ékriUenm et qui dans la dédicace avait qmlifié le dnc Léopold Eberard de êomtemm, ieignenr d*Héxicoiir% fat mandé «ne première fois à Beeaaçon. Le Parlement avait ordonné In rapprei- sion de cette qualité, fait défense de vendre et débiter Ponvrage. MéqniUet en avait été quitte a cette époqne pour nne sévère merenriale et les frais dn procès.

Dans la préface de ce catéchisme, l'auteur nous indique la manière dont il s'en sert : « C'est pourquoy, sans rien négliger de ses catéohimes du Dimanche, depuis les quatre heures du Sambedy au soir, il instruit ses catéchumènes et tuus le^ cnfauts depuis l'aage de dix aus par uu catéchime familier, plein de douceur et de condescendance, dans les vérités et les devoirs qne le présent onvrsge contient Et parce qu'il void qne son travail et ses soins ne seront pas inutiles à cet égard, par la grftce du Seigneur, nais au contraire efficaces et très propre à réta^ blir la piété dans les cous, et à donner de bons sujets, et à Dieu et à l'Étal, il continuera avec beaucoi^ d'ardeur et de sAIa ses soins et ses eflbrts pour cela.

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LE LIVBJE OK 8AXUSL MÂQUILLKrr 67

amer il fUlut me la voir arradier du cœur par une triste mort, ce qui me causa une douleur vive et profonde. On Tenterra le lendemaûL^ IHeu m*en console, et me face la grâce de la revoir dans son sein.

« Le 6 Janvier 1733 après avoir été a Hericourt faire les rois, je fus attaqué d'une fluxion.... on craignit beaucoup et on ut fort peur de moi, tous mes enfants vinrent chacun me visiter..» je ne guéris que pour le carême. Et ensuite par une saison qui couroit par tout, tous mes gens dans une semaine furent sur la litière pendant trois, n^y aiant que Climène qui put aller.

« Apres la Pentecôte ma feme ut ensuite une maladie mor- telle, des foiblesses terribles elle fut malade huit semaines,

Georçe ut aussi la ticvre avec elle. Et quand elle fut guerrie Babeli et Climène' refurent malade. £n sorte que cette année m*a été iatale pour les maladies grâces au Seigneur.

c Le 9 Octobre 1734, après beaucoup d'opposition et de résistance que je fis au mariage de ma Climène avec le fils du marteleur Malrage, n'en aiant point absolument voulut d'autre, je les hancois au soir, n'y aiant que le pere et la mere. Âpres avoir écrit le traité ils s'en allèrent sans boire un coup. Le lendemain je donois a souper bien a toute la famille. Elle ut un beau trosset, bien habillée et sa vache ; on ht les noces le 2 Novembre ches le marteleur et on fut joieux. Chacun vint souper cbes moi, j'avois de ma part, le ministre de Blâment qui vint le Lundi au soir, ma sœur qui vint le Vendredi devant, la feme Gbatel avec sa petite qui vint le Sambedi au soir, Chatel qui vint le Hardi, Charle, la Dieudoné, Kanon Panchot, Babel Gremet la soeur de ma feme, et madame, moi, mon George, Babeli et Juliane. On fit le lendemain et on Idt joien, la neige vint tout le jour. Celles d*Hericourts*en retournèrent,

* Babeli et Climène, diminutift» des noms Ëlisabeth et Clémence.

69 ItSVUË D'AtSAOM

on euvoia le cheval a Mad. Vallet qui fut demeuré sans cela, et le reste soupa encore ches moi. Le lendemain on y dina encore tous, le marteleur et les nouveaux mariés, et après diner Tancien les remena sur son chariot par son fils jusqu'à Hericourt, parmi une neige continuelle. Je ius fort harrassé et beaucoup de frais en argent content, puisqu*en étoffe, denrées et autres j*en fus pour 130 livres.

a Le 2 Novembre je mis mon fils George a Montbelliard pour le pousser encore aux études, ches ma sœur, a la pension de douse quartes de bled par an, et un ecu d'argent que je lui paioiB.

t Le 13 Juin de Tan 1737, la Providence aiaat disposée du

mariage de ma fille Elisabeth avec le fils du David Perdriset d'IIericourt, bon ouvrier, garçon aprouvé de chacun, je les fian(,ois ches moi, lianciailles en forme, aiant les plus proches parents, et on les maria a Hericourt, les noces setant faites asses bien ches Gabriel Richardot On les mit pour trois ans ou etoit Bataillard, le lieu aiant été reparé fort proprement et ou ils s'établirent bien.

c Le 10 Mai 1738 Babèli accoucha a la minuit parmis de grands travaux d*un garçon qui fut baptisé au catecUsme le

jour suivant J'y assistois et l'on soupa avec les deux ministres et la mere. Dieu le face croitre en sapience et eu grâce.

« Le 6 Décembre 1738, je fus de rechef amèrement aiHigé par la perte de ma povre sœur qui mourut après huit jours de maladie, a quoi on ne remédia pas bien puisque si on ne lui ut tiré de sang elle en seroit peut-être revenue. Je la vis dans sa maladie et je fus a son enterrement qui se fit le Dimanche au vepre, fort affligé.

t Le 28 Avril je fus de rechef accablé par un triste événe- ment, aiant envolé quérir deux voitures de bled a Gouenan sans un certificat de la communauté, les misérables gens de

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LE UVBB Dl SAMUKL M&QUIIXST 69

Lomont fùrent arertîr les gardes da Roi qui vinrent saisir grains, chariots et chevaux, ce qui nous mit dans un accable- ment terrible, craignant confiscation et perte entière. Il fallut courir de coté et d'autre inutilement, on fit des frais consi- dérables, et toujours dans une an<j;oisse amcre on engagea M. Berbier a écrire a M. Bressun le fermier gênerai, bien venu

ches l'intendant, et au bout de huit notre alliberation vint,

avec main levée du tout qtt*on alla prendre a Bonchand, et notre délivrance nous calma.

« Le 28 Juin même année, je fus do rechef visité par une afiiiction très amere, par la mort de mon gendre Chatel qui mourut le 7*^ jour d'une iievre maligne compliquée de pleu- résie. Je fus le voir au commencement et il sembloit que la chose se passeroit huieusement, mais le Seigneur en niant voulut disposer a sa manière, la perte de ma povre fille me toucha vivement H fallut prendre courage pourtant, et les assistances du Seigneur nous fitrent alors très utiles pour nous soutenir.

t Le 18 Juillet même année. Je fus de rechef grièvement affligé par la nouvelle de la maladie de mon garçon a Mont- beUiard, méchante d^un mal de coup désolant, la merc y alla avec Jnliane et on Vamena dans une bune * le lendemain fort accablé. Son mal au^nuenta et au matin du 19 il ut une fai- blesse qui le tint mort pendant une heure..... il guérit

I Mais comme si tous les maux dévoient tomber sur moi,

grâces au Seigneur, le 22 aiantété attaqué de la même maladie

je souffris beaucoup , le â Augst je fis venir M. Ligier

pour régler mes affaires, ce qu'il lit , le 12 aiaiit commencé

a prendre des aliments, les forces commencèrent a revenir peu a peu, et tous les jours par la grâce de Dieu de mieux,

' Benn^ chariot tomat m inuiq^rt da ehtrbon. '

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70 tmmÊ D*Ai«âOB

jusqu'au 20 que je commencois a sortir et a rendre grâces an Seigneur qui m'avoit encore épargné.

« Ce no fut i»as tout, ma Babeli (rilcricourt aiant été attaquf^e du ineuie mal vint rhos nous et pendant cinq jours fut fort malade. Toujours afllictions sur afflictions; le Seigneur appaissc sur moi sa colère, et m'épargne désormais par sa grâce d'autres afilictions. »

Ces derniers mots, tracés d*une nudn tremblante, terminent le mannscrit, auquel nons n'ajouterons que peu de mots.

En s'endormant en paix, le 21 novembre 1739, le vieux pasteur de Chagey n'eut plus, selon le vœu qu'il forme, d'autres afflictions. Il ne put prévoir les scènes de désordre et de meurtre qui, moins d'un an après sa mort, ensanglan- teraient son église ! En effet, en le 27 août 1740, sur l'ordre du roi, l'église de Chagey est enlevée aux protestants, qui com- posaient la généralité de la population, par un détachement de soldats ayant k leur t6te des officiers civils.* Les repré- sentations un pou vives des habitants, groupés auprès de Téglise, sont accueillies par des décharges de mousqueterie qui en tuèrent cinq et en blessèrent une quinzaine. Les fendtres de l'église sont entièrement brisées, les portes enfon- cées; les bancs et la chaire rompus servent h faire un feu de joie sur le cimetière. Le nouveau ministre, Jean Morel, peut avec peine échapper au sort dont il est menacé, et pendant le séjour assez loug de ces troupes à Chagey, le village, dont on

* Il existe dans les archives do Montbt'liard un rapport de la prise de l'église de Chagry, qui a été publié dans le Mercure suisse, de décembre 17iO, et qui se trouve également per extrait dans le IVéei* hiêtarique la Sifaniiaiion H âu Égtiâti pnOtUmUê ômm Vandân WHMâêUonOfaML Paris, Haio AuBU nisHb 1841.

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LE LIVRE DE SAMUEL MÉQUILLBT

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consomme les provisions, éprouve toutes sortes d^insolenees et de voies de fidt

Le chef-lieu de la paroisse fdt alors transféré à Couthenans, qui dépendait de la souveraineté de Montbéliard, et ce n*est que cent huit ans plus tard, en 1848, que fut rétabli la paroisse protestante de Chagey.'

Nous avons trouvé dans ce récit quelques longueurs que nous aurions voulu supprimer, entre autres les naissances et baptêmes de la plupart des seize enfants de l'auteur. Mais, au moment de procéder à une analyse ou à dos rctranchementiî plus nombreux que ceux qui ont été faits, nous avons été chaque fois retenu par la crainte de faire perdre k ce récit sa physionomie propre* son style particulier, quelque détail de moeurs intéressant, ou encore d'affaiblir l'empreinte du senti- ment si profondément religieux qui anime routeur, et qui est biei} la marque d*une époque oh chacun pouvait avoir à lutter et à soufiîir pour conserver sa fot

Léo» Sahlir.

' I/azireioe tiiiialtaaé dat éeox enltoB avait été létabli à Chagny dflpvii 1798.

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LËS EGLISES m mmM

Brace Chapelle de la Vierge Collégiale de Saint->Denis Notre-Datxie-de~LiOrette Bglise paroiaaiale moderne.

Suite '

II

GUAPELLE DE U VIERGE, plus lard NÛTRE-DAMË-DE-JÛIE

(1230 à 1342)

Après la destrudioii du village de Braee, que nous plaçons à l'année 1226, une partie des habitants vint chercher uu refuge à proximité de ha forteresse du comte de Montbéliard, dans un lieu appelé Borcsa. C'est ainsi que nous le trouvons désigné dans diverses pièces des archives de la ville. Ce lieu ii*est autre que la ville haute, au pied du chÂteau. Des pièces plus modernes en ont fait le Bowresa^ que Ton a ensuite tra- duit en Bourff-JBétat, Or, si, comme nous et sans parti pris, le lecteur, qui connaît lldiome du pays, veut bien se reporter à la dénomination la plus ancienne, il reconnaîtra que la tra- duction BoUresot répond plus exactement à la dénomination primitive de ce lieu. Le pied de la Roche aurait donc été boisé jusqu'à la rive gauche du torrent et c'est dans cette forêt,

' Voir U liTniMii du dentier trimestre 1800.

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LS8 faLBsaa db hkutort

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protégée par la roche et le donjon féodal, qu'en 1226 une partie des liabitants du village détruit est venue chercher un refuge et jeter les premiers fondements de la future ville de Belfort

Un siècle s^écoulera avant que les titres connus viennent révéler leur présence comme agglomération d^hàbitants. 11 n*e8t pas admissible qu'en ces temps de violence, de misère et de

ferveur religieust', ces réfugiés soient demeurés, pendant plus d'un siècle, privés d'un abri particulier pour l'exercice de leur culte. Ils venaient d'ailleurs de passer sous la domination de vassaux du comte de Ferrette, Nicolas et Gérard de Belfort, issus de la maison de Roppe, et dont on rencontre les noms dans des titres de Murbach, dès 1232. Une chapelle s'éleva à lenr initiative et fîit réservée, selon les notes de Tàbbé Schuler, à la sépulture des sires de Belfort Elle était dédiée à la ^erge et fût plus tard consacrée sous le titre de : Notre- Dame^de>r<ne.

La population de Boisresot ne se multiplia d'abord pas avec rapidité, car on verra qu'un siècle après son installation, elle n'était que d'environ « soixante habitants. » Remarquons toutefois que cette énumératiou ne s'applique peut-être qu'à soixante chefs de famille.

Quoi qu'il en soit, l'agglomération fut, en 1307, considérée comme atôez importante pour mériter les libéralités du prince, qui lui accorda les franchises à la fàveur desquelles elle devait grandir, car raffranchissement Télevait an niveau des bourgs 8*administrant eux-mêmes et ayant le droit de s*entourer de fortifications. Si, dès son installation au Boisresot, la po{)ulation fut considcTtH' comme une dépendance de Bel-fort, Donjon, il n'en est pas moins vrai qu'elle ne fut réellement investie du nom de Belfort, qu'à partir de ses lettres du franchise.

Trente-cinq années i^rès cet affranchissement, c'est-à-dire en 1342, la belle-sœur du prince de Montbéliard, Jeanne, comtesse de Ferrette, à qui le bourg était échu dans le partage

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74 wamn d'alsagb

de la succession de son père, fonda la collégiale de Saint- Denis, dans laquelle la chapelle de la Vierge était destinée à se confondre.

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COLLÉGIALE DE SAINT-DENIS

(ma à 17Ô2)

Au commencement de Tannée 1342, Jeanne de Montbéliard, veuve du comte de Ferrette, en première noce, du marquis de Baden en seconde, et du comte de Katzenellenbogen en troisième, i désirant changer le terrestre en céleste, le tran- sitoire en étemel, > r^olut, pour assurer c le salut de son « âme, de celles de ses hoirs et successeurs, » de convertir en collégiale l'église paroissiale de Bclfort, dont la collature lui appartenait. Elle tit dresser, par Jean Grosherin, notaire à Montbéliard, l'acte de fondation qui fut soumis à l arche- vêque de Besançon, ahn d'obtenir du prélat la couliruiation de ladite fondation et l'institution canonique de la collégiale. La charte fiitaccordée à la date du 24 mai de la môme année 1342.

Douze canonicats sont fondés par la comtesse; sept au moins, outre U prévôté, doivent être occupés par des prêtres ou des novices qui, dans Tannée de leur investiture, doivent arriver à la prêtrise. Quatre de ces canonicats peuvent être conférés à des dercs. Le premier des douse est réservé à la nomination de la fondatrice et de ses successeurs, sdgneurs de Bclfort II est prévôt du chapitre, vicaire perpétuel, curé primitif de la ])aroisse et astreint à la résidence permanente. Il est le su])érieur des chanoines et a le droit de correctious pour iaitâ véniels.

* Par édiaag» eontre oeU« l'igliM de Tbuu.

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LB8 ÉOUSn 1»S BBtfOBT

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Les sept ou huit chanoines pourvus de la prêtrise sont aussi à résidence permaneute. Ils sont tenus de célébrer, chaque semaine et sans interruption, chacun trois messes à la collé- giale; mais ils peuvent être admis à se faire suppléer par cnn autre idoine. > Dans ce cas, le chanoine ne demeure pas moins soumis à la résidence pendant au moins trdse semaines de Tannée.

La même obligation est imposée à chacun des chanoines laïques, quant à la suppléance par un chapelain.

Exc^tionnellemcnt, et par grâce spéciale, maître Dupont de Belfort, clerc ès-scicuces et en droit, est institué prévôt du chapitre avec dispense, sa vie durant, de prendre les ordres sacrés. A sa mort, maître Dupont ne pourra être remplacé que par Tun des chanoines; que s'il arrivait que le choix du seigneur tombât sur un chanoine laïque, il devra être accepté comme prévôt, alors môme que dans Tannée de son investiture il ne se soit pas fait promouvoir à la prôtrise. Il en sera de môme pour ravenir.

Jeanne stipule enfin que Jean, fils de Jean Grosherin, notaire à Montbélîard, encore en bas âge, puisse, par la grftce de Dieu et pour la science qM pourra acquérir, ôtre pourvu d'un cano- nicat avec prébende laïque et se fidre suppléer, quant à la présence obligatoire, pendant tout le temps de ses études, quelle que soit la science à laquelle il se vouera, ])ourvu qu'elle ne soit pas science réprouvée. Mais son suppléant devra être prêtre, de niôme que les chapelains des autres chanoines laïques qui ne voudraient pas résider pendant treize semaines, de manière à ce que le service divin ne soufire aucunement de leur absence, tant aux heures dinmales qu*anx heures noctoinales»

Jeanne demande enfin quil plaise àrarcherôque dinstitaer trois messes par jour, qui seront célébrées à la collégiale : une à voix basse, h Paube du jour, pour ceux qui vont au labeur; la seconde, à l'heure de prime, par le chanoine-prévôt ou son

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76 BBTDB D'ALBAOI

chapelain, avec notes aux jours de fête, sans notes et à voix basse les autres jours, pour les paroissiens et la troisième à heure compétente, par le collège du chapitre, avec notes, selon la solennité du jour mobile ou immobile.

Quant aux antres messes qui seront dites à la collégiale, la réglementation en est laissée à la discrétion du prév6t

Treize prébendes furent affectées à la fondation i>ar la comtesse Jeanne. Neuf de ces prébendes étaient preabytériales, les quatre dernières étalent laïques. Le prév6t en avait deux, chacun des onze chanoines en avait une. Les revenus de la paroisse primitive constituaient la première prébende, affectée au titre (le curé primitif, dont le prévôt était investi. Quant aux autres prébendes, la fondatrice les dota (.ouveiiablement. Elles formaient ensemble les revenus du chapitre que les chanoines se partageaient. On trouve, dans la charte de con- tirmation, quelques renseignements plus ou moins confus sur importance de ces revenus. Jeanne avait le droit de patro- nage de Téglise paroissiale, qui produisait annuellement 45 livres estevenantes et souvent davantage; elle en dota le chi^itre. Elle avait des cens en blé, avoine, vins, cire, argent et fruits provenant de ses biens allodiaux, se montant aanuélle- ment à 300 livres estevenantes, dont le chapitre fot encore gratifié. Elle lui donna aussi diverses constitutions de cens non racbetables, consistant en blé, avoine et cire, valant annuellement 90 livres 17 sous estevenants, ou monnaie de Montbt'liard. Elle lui accorda encore annuellement six voitures de vin, à la mesure du comté de Ferrett(\ îi la valeur de 18 livres la voiture, monnaie dudit comté, soit ensemble lOS livres, plus en fruits et cens divers droits de patronage et produisant annuellement 91 livres 3 sous, monnaie de Fer- rette. Elle accorda au chapitre le droit de prendre dans ses forêts les bois dont il aurait besoin, et, en outre, un affbusge suffisant pour le service du chapitre et le chaufhge des chanoines; enfin elle assura an chi^itre la propriété de

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LB8 âaUSES DS BELVOftt lll

24 fauchées de pré, dont il hériterait après la mort de sa bienr faitrice.

Bien que nous n*ayon8 aucun titre qui le prouve, il n^est pas douteux que dès ce moment, la fondatrice s'occupa du soin

de procurer à son chapitre l'édifice religieux, il devait fonc- tionner. Les rares informations, que le temps nous a trans- mises à ce sujet, suffisent pour atlirmer que l'on procéda par voie d'agrandissements partiels et que la chapelh' de la Vierge, qui préexistait, et dont au siècle dernier on voyait encore une partie, à droite de rentrée principale, fut en<;loh(>e dans la construction nouvelle. Quand le premier agrandissement lut adievé, la chapelle de la Vierge en devint une dépendance sous le titre àeNoire-Dame-4e-JoU.

En quelle année lapremière église collégiale fîit-elle achevée? Aucun document ne permet de le dire; cependant, il est permis de présumer que, cinq années après la fondation du chapitre, la construction n était pas arrivée à sou terme et qu'elle exi- fieait de nouveaux sacrifices, ( -'est peut-être pour y faire face, que la comtesse Jeanne abandonna, en 1347, les dtmes qui lui appartcnaieat à Mcnoncourt, Denney, Perouse, Offemont, Eloye, Aigiesan et Urcerey* £Ue donna encore an chapitre plusieurs cens en argent affectés en différents endroits, entr*autres une rente de 22 livres sur le moulin de Belfort, 6 voitures de vin, mesure de Ferrette, le droit d'affouage can- tonné au Salbert, le droit de prendre dans les autres forêts seigneuriales les bols de construction nécessaires; enfin elle afli'ancbit le cliapitre de toutes servitudes résultant de iiefe, arrière-iiefs, main-morte, coutumes et redevances.

Ce nouvel acte de libéralité dût hâter l'achèvenu'nt de la construction, qui se composa d'une nef avec un seul bas-côté et un chœur, destiné À être plus tard démoli, ou seulement agrandi dans des proportions en désaccord avec la première étendue de la net H est présumable, que le cloître contigu à l'égUse M construit à la m^e époque.

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TIEVUE D ALSACE

En 1349, la constmctiOQ devait être torminée, car la com- tesse tourna ses vues vers un but humanitaire, qui devait être le complément de Tinstitation de son église collégiale: eUe fit bâtir un hôpital près de la grande porte de la ville, les mnrailles d*an côté, lea liéritien d'Henri LamUin de Tantre. Elle le dota de treize prébendes, dont nne de 10 livres este- venantes, pour un duqidain chargé de visiter les pauvres de rhôpital et d^ dire quatre messes par semaine; dix de un boisseau de fn'ains par semaine, mesure de Belfort, et de onze deniers par s.>maine pour chacun des dix pauvres recueillis; deux pour deux honnêtes et robustes personnes, sans domes- tiques, chargées d'assister les nécessiteux dans tous leurs besoins.

Bclf(»rt, affranchi dès 1307. doté ensuite d'une église et d'un hôpital, était donc, déjà en 1349, un bourg fortilié, ainsi que le constate la confrontation de l'hôpital

La paroisse comprenait alors Belfort, Gravanche, Salbert, Vàldoie, Essert et Offemont On peut admettre que, dès les premières années de sa création, le chapitre s*occiq>a avec zèle des populations confiées à ses soins spirituels. C'est peut- être à son initiative qu'il luit attribuer la construction de deux chapelles dans la paroisse, Tune h Offemont^ dédiée à saint Guérin, l autre à Essert, dédiée à sainte Catherine. Ces deux nou\t aux centres du culte remouteraient ainsi à la seconde moitié «lu xiv siècle.

Le chapitre ne négligeait pas non plus ses intérêts tem- porels : eu 1422, il revendlcjua le bénéhce exclusif des troncs de l'église de Brace, qui étaient, paraît-il, très productifs. Le magistrat a(linini>trateur de la fabrique lui contesta énergi- quement ce droit. Le produit des troncs et autres oblations devaient, selon le magistrat, appartenir à la fabrique, pour fidre &ce aux frais de l'entretien et des réparations de l'^^lise. La cause fiit portée devant l'ordinaire de Besançon, qui com- mit Messire Guillaume Musquet, de Belfort, prêtre et notaire

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public, pour concilier les parties et dresser l'acte à intervenir. La transaction porte: que les donations seront dorénavant partagées entre le chapitre et la fabrique ; que toutes les oblations, sans en excepter celles de la fftte de stint Jacques et de saint Christophe, seront également partagées entre la fiibrique et le chapitre.

En vertu d^nne bulle du pape et d*an diplôme de Temperear, la manse dn chapitre 8*augmenta encore, en 1441, des rerenns dn prieoré de Meroox, dépendant de l'abbaye bénédictine de Saint-Michel, en Lorraine. Ces revenus étaient de 140 livres par an, moyennant quoi le chapitre s obliî^ea à célébrer une messe par semaine, dans la chapelle Saint-Nicolas du prieuré.

Cinq années après, le magistrat réclama au chapitre sa part contributive dans la dépense occasionnée à la ville pour sa défense pendant Tinvaslon des Armagnacs. Guillaume, marquis de Botlen, était venu à son secours et sa présence avait nécessité de grands sacrifices, pour Tentretien de sa troupe, qui préserva la ville contre Tenvahissement Le chapitre avait bénéficié de la protection et n*avait contribué en rien à la dépense quil fallut faire pendant les années 1444 et 1445; le magistrat, TOukCnt liquider les frais de la défense, réclamait donc, en 1447, au chapitre une part à déterminer dans ces frais. L'archiduc Albert nomma commissaire, le comte de Ludestein, qui décida que le chapitre paierait à la ville 10 florins sur 20 du compte fourni par le magistrat, c'est-à- dire la moitié de la dépense, et de plus 12 florins pour sa part de l'argent distribué aux troupes. Quant aux logements mili- taires, le chapitre en avait étéjusque exempt et le magistrat demandait qu'il y iut désormais soumis comme les bourgeois. Le commissaire statua que les maisons presbytérales con- tinueraient à jouir de Tezemption, mais que les chanoines seraient soumis à la servitude pour les maisons quHs possé- daient en ville.

£n 1464, le chapitre, inspiré par les actes de corporations

80 REVTE D'ALSàOI

religieuses plus anciennes et peut-être aussi par le souci de son recnitement, demanda à rarchiduc Sigismond Tétablisse- ment de quatre enfants de chœur et d*un mattre d*école pour les instruire. La demande lut ren?ojée à Pierre de Morimonti grand-lwiUi du comté de Ferrette, qui accorda les quatre enfimts de chœur et le mattre demandés, en leur affectant cinq prébendes, distraites de l'hôpital des pauvres. La nomi- uution des enfants de tinrur et de leur maître fut laissée à la discrétion du chapitre, avec la faculté de révoquer l'institution quand bon lui semblerait Eu retour de cette concession, le grand-bailli imposa au chapitre Tobligation de célébrer, le 4 septembre, une messe solennelle, avec diacre et sous-diacre, pour le repos de Tâme du prince et de la princesse, et le troi- sième jour après, une autre messe pour lui, sa femme et son fils Gaspard.

Quelles forent les suites de cette institution ? G*est ce que

les documents des archives de la ville nous laissent ignorer. Ils sont même muets relativement au chapitre, pendant plus d'un siècle, car nous ne pouvons de nouveau les interroger, à cet é^'ard, qu'en Tannée 1592.

En cette année, Pierre do Grammont, archevêque de Besançon, envoya h Delfort le théologal du diocèse, pour visiter la collégiale. Avec le temps, celles s'était habituée à se considérer comme souveraine, on plutôt comme immédiate, ne relevant que de Tautorité du Saint-Siège. A Tarrivée du théologal, le chapitre prétendit être exempt de son autorité inspectrice, en vertu des titres qull prétendait exister; mais le temps lui manquait pour les rechercher et les produire. Il voulut bien subir la visite, en prot(\stant toutefois que cela ne pouvait tirer i\ conséquence pour l'avenir.

Le procès-verl)al de cette visite constate que l'église était en mauvais état et mal ornée; puis l'inspecteur se livra à une enquête minutieuse sur les fondations dont l'église avait été Tobjet, afin de s'assurer si les intentions des fondateurs

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étaient ou non observées. Les indications qui vont suivre et qui sont extraites du procès-verbal de la visite, donneront un aperçu assez exact de Tétat intérieur de Téglise à cette époque.

1" L'autel des Trépauèê, primitivement on devait dire tons les jours une messe. Le du^tre n'y en disait pins que trois.

2* LanM de eaint SSfOiHm, du e6té de répttre, n*était plus desservi que par une messe chaque semaiae. Le seigneur et le chaiÂtre en étaient altematîTement ooUateurs.

3* VamUH du Soeaire, auquel on dit dix messes (par an?) et les litanies tous les samedis. 16 francs 6 gros pour la desserte.

4" L'autel de saint Belle, qui avait été uni à celui de saint André. Une messe au jour de saint Délie, pour la rétribution de laquelle lu chapitre avait la propriété d'un jardin, dont la jouissance pouvait valoir 4 francs par an,

5" L'autd de saint André; ou y disait cinq messes. Besançon et Chassagne, collateurs. Un pré et un jardin, d'un revenu annuel de francs, lui étaient affectés.

6* X'ottfel de samt Jean-Baptiste^ sous la TOÛte qui sépare la nef (du chœur?). Le chapitre j disait treîse messes (par au?). Jean-André, coUateur. Ce service rapportait au chapitre 33 francs 4 gros par an.

7* Vautd de saint Nicolas, du c6té de révaagile, fondé par la confrérie de saint Christophe, sans revenus et sans desserte, excepté au jour de saint Nicolas, le chapitre célèbre la messe canoniale.

C'est à cet autel, oii les boulangers, serruriers et tanneurs avaient établi leur confrérie, que se disait chaque jour la messe de prime.

8" L'autel de saint Georges; cet autel avait été supprimé à la suite d'une visite de l'archevêque. U était sans desserte lors de linspection. Un grand pré et une chenevière lui étaient affectés. Besançon et Chassagne en étaient collateurs.

9* La chapeUe de Vaiutel de la Scène, oh reposait le SaiatF

Noovdto Sirto. - 19» uaé*. 6

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Sacrement, h cause de U niptore do la grille entre la nef et le clKcur. Cinq messes par semaine. Gollateurs, Keller et Noblat Revenus 660 francs.

10* La éhapéUe samU Oailherinê. Deux messes par se- maine. Belleney, Dûment et Chassagne, coUateurs: Revenus,

5 bichots de grains et 5 écus blancs.

11* La ckapeRe de la Trimtè, au dottre de Tégiise collégiale, vers la rue et entrée de la rue Boresset, fondée le 10 mars 1492, par Guillaume Belhoste, bourgeois de Belfort et Sibille, fille de Jean Clerc, d'Echenan-les-lIcrioourt, sa femme, colla- teurs leur vie durant. Le chapelain doit avoir la prêtrise, faire rt^sidence permanente et ct^h^brer trois messes par semaine dans la chapelle. x\près la mort des fondateurs, le chapitre sera d'abord collateur, puis le seigneur et le chapitre alternativement.

La dotation de la chapelle consiste : 1* En un calice d'argent doré, du prix de 20 florins du Rhin; 2* deux missels, un écrit à la main en lettres de forme, Tautre en papier en lettres impresiées ou troquées; 9* en deux chasubles, une de soie à une croix de fil doré, Tautre de soie verte à une croix rouge ; 4* en trois aubes et autres menus vêtements nécessaires à la célébration de la messe ; 5* en deux serges, nappes et orne- ments d'autel; 6" en deux burettes en étain; en un coffre h serrer les vêtements et livres de la chapelle; en une maison en pierre près de l'église; en un verger, au-dessus du chemin qui conduit {\ la Muatte (Miotte), de la contenance d'une fauchée ; 10" en un cMr<î7=jardin vers la haute Bruche^ pont; ir en 4 livres 4sousb&lois, dus par Jean-Henri Wuidos, bourgeois de Belfort; 12* en 18 sous bftlois de rente dus par Prévost et Richard; 13* en 2 Vt florins d*or de rente, par les héri- tiers de Jean de Berg; 14* en 12 sous bftlois dus annuellement par le fils de Guillaume Estroutot; 15* en 6 sous 6 deniers bftlois de rente, dus par Richard Gré, de Sermamagny ; 16* en

6 sous bftlois de rente, dus par Richard Roy, de Belfort; 17* en

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LB8 AGOJSBS IMS BELFOBT 88

6 souB bâlois de rentes, dos par les hoirs de Pepol; 18* en 10 BOUS bftlois de rente, dus par Isaae Hnguenin, d*Ofiemont;

19* en 9 sons bftlois, sur Villemin Chiquet, de Bavilliers ; 20* en 30 sous biilois, sur Claude de Huant, prévôt de la collégiale; 2r en 15 sols bâlois, sur Jean Prévost, de Belfort; 22° en 20 sous bâlois, sur Pierre Clerc, de Belfort; 23" en 20 sous bâlois, sur Jean Guillaumé, de Chaux; 24° en 24 sous bâlois, sur un particulier de Danjoutin et 20" en 24 sous bâlois, sur la maison des fondateurs située dans la Grandie, à Belfort

L^archeTdque de Besançon venait de consacrer institution de cette cliapelle et c*est à cette occasion quil délégua le théologal du diocèse, pour procéder à llnspection à laquelle sont dus les rensdgnements qui précèdent Le prévôt du cha- pitre, curé de Belfort, était alors Claude de Saint-Huant Les documents consultés sont muets sur le nom du premier chapelain de la Trinité. Pour le temps, la chapellenie était assez opulente; elle valait peut-être la prébende d'un cano- nicat non presbytéral du chapitre.

Jusqu'en 1611, on ne remontre plus aucun fait particulier concernant la vie intime du chapitre. Une pièce, n*ayant d'autre caractère que celui d*un renseignement administratif établit qu*à cette époque les revenus étaient considérable- ment diminués. Ils ne s'élevaient plus en cette année qu'à 3190 livres 11 sous. De plus, le chapitre avait une dette dfe 2383 livres bâloises, dont il payait la rente. En outre, il devait annuellement à Thopital 19 livres 17 sous G deniers et pour droit de toises, sur la maison du chantre, 4 livres 8 sous. Une période d'amoindrissement et de gêne allait encore succéder aux temps de prospérité. £n 1616, deux prébendes durent être supprimées. Le collège se trouva ainsi réduit à neuf chanoines au lien de onze, qui avaient existe jusque là; en 1620, il faUut mettre, pour 20 ans, deux autres prébendes en carence. La guerre de 30 ans était à son début; elle ne devait point con- tiibuer à rendre efficaces les mesures d'économie que l'on avait

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prises pour reconstituer une fortune (jbrédié^l^ar des a^gU- g^nces d'administration, peut-être par la rigueur des témps. La mine s'aggrava au point que, dans les dernières années de la guerre, il ne restait pfais que trois chanones, qui durent exercer temporairement ks fonctions de curés de Daqjoulin, Bermont, Veselois etRougegauttei indépendamment du secown qu'ils devaient donner à leur prévôt, dans radfflinistratioil de Tancienne paroisse.

Après 1048, les deux prébendes supprimées en 1616 furent rétablies, de sorte que, dès les premières années du retour de l'Alsare î\ la France, une nouvelle ère de reconstitutiou et de prospérité parut s'ouvrir pour la collégiale. llemonLaut à s^i lettres de création et de confirmation, le chapitre s'empressa- de rappeler les obligations qu'elles M impossisnt, qusAt àdn célébration des offices, quant à la résidence penoanente* quant à la résidence temponûne et quant à la suppléant é» mineurs eu laïques par des chapelains. On penaait. ainsi s* régénérer en revenant aux pratiques de l'âge du beve^au; mais, dans la société religieuse aussi bien que dans la soeiété civile, on oublie facilement le temps des éprouves, quand un nouveau rayon de sécurité et de bonlicur terrestre apparaît ii l'horizon. On verra (|ue plus tard il fallut rappeler le cha- pitre aux devoirs qu'il invoquait pour commencer une oonvoUo e-^stence.

Le chapitre levait annueUement une tailla de 90 Uvrosi sur les habitants de Meroux et de Vexelois, îndéfendAmment de la dime en grains, qui lui revenait de Tunion du pdeuré' d^ Saint-Nicolas h la collégiale. Sur cette dlme, il paiyait m receveur des domaines du roi 1 bichot 4 quartes de froaeMt et 650 bottes de paille. Eu 1654, année stérile, la taille n*avait produit que .3 livres 15 sous et le chapitre éprouvait des diffii'ultés à faire la perception dans ces deux localités. Il proj)osa au receveur général de su charger de Topération. La proposition fut acce^o et il fut convenu que la j^t dur

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LES ÉGLISES DE BELFORT

86

dhapitre serait proportionnée au rendement annuel; que, pour ramée la taille ayant produit 45 lims, sa part serait ée 35 Uîres et que des dîmes levées il resterait au domaine du roi nn demi bichot 7 qurtes de grains, 325 bottes de paille et ine line de cire.

En 1670, il ne restait plus que trois chanoines et le prévôt poir composer le dupitre. Le 17 juin, le du#de Mazarin, devenu seigneur de Belfort, nomma chanoines François Ladoubar et Pierre Keller, qui furt'iit iiisUillés dans leurs canonicats. Pierre Keller, bourgeois de Belfort, devait être très avancé en âge, car, en 1025, il avait revendiqué le patronage de la chapelle de saint Denis, qu'il avait rétablie au moyen de diverses fondations. La réclamation avait été écartée par le chapitre. En 1G70, ce môme chapitre se trouva donc composé de cinq chanoines et dn prévôt L'année sui- vante, le dnc de Ifasarin en nomma encore dent; mais les andem prétendirent que, conformément à leurs statnts, les demL nouveaux devaient subir quatre années de carence. Le 11 mai 1871, intervint nne transaction par laquelle le chapitre se désista de cette prétention, le duc de llasarîn 6*obligeant, de côté, à n'augmenter le nombre des chanoines qu*en proportion de raugiuentation des revenus.

Le cloître était menacé d'une ruine prochaine: La vétusté de sa construction, la poussée des terres remuées pour la défense du chAtcau, l'usage que Ton en avait fait pendant plusieurs années comme magasin d'artillerie, les dégâts causés à sa toiture par Péclat des mines mises en œuvre par les travaux de fortification l'avaient mis dans un état déplorable; sa charpente était pourrie et le chapitre en demandait la restauration. D somma intendant d'Alsace, le duc de la MsiUeraye, d^ procéder pour le compte du roL Lintendant répondit que ce soin incombait an chiq[>itre et c*est ainsi qu'à diler de 1671, ledit dottre fitt condamné à tomber en mines.

Eu 1088» VwûtàÊû mMfin de Belfort, sur lequel le chapitre

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avait, comme on l'a vu, une rente de 20 livres, fut démoli pour l'établissement de la nouvelle ville. Le chapitre se trouva ainsi privé de la rente que sa fondatrice lui avait donnée. Le moulin fdt reconstruit en rndrne temps que la ville et le 17 février 1694, le chapitre fit assigner lintendant d'Alsace, pour lui faire continuer la rente et le paiement des arrérages depuis 1688.iLe 5 février 1695, le Conseil souverain rendit un arrêt, qui ordonna le paiement des arrérages et la conti- nuation de la rente par le nouveau moulin, depuis qu'il avait commencé à moudre.

Pour clore le xvir sièi le, il convient de recueillir deux faits caractéristiques du droit et des idées du temps.

Carillon. Bris de porte. Emprisonnement.

Le 18 décembre 1695, le magistrat réuni à l'hôtel de ville, étaient également convoqués les paroissiens les plus nota- blés de la ville et des villages, pour conférer de ce qull y avait à fiidre relativement à la t fracture fàite par Messieurs t du ch^itre, d'une porte que les fiibriciens avaient &it ff établir pour empêcher le marguillier de Messieurs du cba- c pitre de cariUonner aux baptêmes des enfants et sur Tappel c que Pierre François Antbonin, marguillier, avoit inteijeté « uu Conseil souverain d'Alsace, contre Messieurs du magis- « trat, pour avoir été emprisonné, comme soup(^onné d'avoir « fait la fracture de la porte, qui oinpcschoit le proffit qu'il « s'attribuoit mal h propos en carillonnant les cloches, qui « appartiennent à ladite fabrique, soit de sa part ou de la part de Messieurs du chapitre, et ayant relevé les voix d'un t chacun, il a été dit par la plus grande partie, que Ton « r^ondroit à Tappel dudit Anthonin et vu que Messieurs du fl chapitre estoient les authenrs de ladite fracture de porte, vonUant attribuer à leur marguillier un droit qui appartient fl directement à la fitbrique, si elle veut bien en imposer sur « les parrains et marraines, lorsque Ton fait des baptêmes. >

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LIS ÉGLISES DE BELFORT 87

L^assemblée décida que le chapitre serait cité pour s'en- tendre condamner à se désister de ses prétentions et entendre dire que les fabriciens sont maintenus dans la possession des cloches et du clocher, dont l'entrée du bas restera libre, pour permettre à Messieurs du chapitre d'aller aux cordes pour sonner quand bon leur semblerait; que les veilles des jours de iête solennelle, la clef de la porte du carillon leur serait remise, ainsi qu"0D l'a toujours otiert, à chari^i; de la restituer dans la matinée du jour suivant, à celui di s inenibros de la fabrique qui en a la garde. L'assemblée délégua en même temps M. Delaporte, pour « poursuivre la cause à Brisac. » Signé : Chardoillet, D. Gibouttet, Ch. Delaporte, S.-Cl. Bellot, P. Vallot, Cl.-François Monnier, François Laraer, Guillaume Clerc, Pierre Voilland, Henri Vemié, Joseph Keller, Jean Picqnet, YioUand, Thomas, Jacques (illisible), Claude Besançon, fioyer.

Eoole.

Le magistrat avait institué un maître d'école, sans en avoir référé au prévôt du chapitre. Celui-ci présenta, le 1** octobre 1697, au vicaire général de Besançon, une requête tendant à

faire déclarer que le magistrat devait soumettre ses choix au prévôt En conséquence, la requête concluait à ce que Tinter- diction des maîtres et maîtresses d'école institués en dehors du chapitre, fut prononcée par l'autorité ecclésiastique. La requête fut admise et Tinterdiction prononcée. Le 7 octobre de la même année, la décision fut signifiée au magistrat par le notaire royal Bftangenot

En janvier 1703, nouveau conflit entre le chapitre et le msgîatrat administrateur de la fabrique. Le dmnoine Charle venait de mourir et U fut inhumé dans la nef de l'église. Thomas Deli^orte, mattre bourgeois, r^ent, réclama & l'hé- ritier du chanoine le droit de 20 livres, qui était & la fabrique pour la place donnée au d^unt dans la net Le chi^

pitre prit fait et cause pour I héritier et prétendit que, comme chanoine, le défunt était exempt de la taxe réclamée. Cette interveotton n'arrêta point le mattre-bonrgeois, qui fit assigner l'héritier devant le bailli, dont la décision fiit conforme à la demande de l'administratenr de la fidirique. Lliéritier in chanoine, ou mieux le chi^itre ne se soumit pas au jugement Pour le foire exécuter, il follut mettre en mouvement le ser- gent de la ville, Antoine Degez, qui signifia les actes et opéra la saisie. Elle fut validée le jeuili suivant en l'audience du prévôt-bailli et du magistrat L attaire fut eusuite portée devant le Conseil souverain, elle fut vidée en dernier ressort. Le pièces manquent pour dire quelle fut l issuo de Tiustance d'appel. Le Conseil souverain siégeait alors à TUe^e-Paille.

L'année suivante, c'est-à-dire en 1704, le magistrat refosa de délivrer de la forêt du Salbert le bois d'affouage auquel les chanoines avaient droit Un arrêt du Conseil souverain, rendu le 21 février, maintint les chanoines dans leurs droits et condamna le magistrat & leur foire marquer le bois d'affou- age comme du passé.

Les faits relatés plus haut, prouvent qu'au commencement du siècle dernier, le magistrat et le chapitre ne vivaient pas en bonne intelligence et qu'un excès de rivalité pouvait porter l'un à méconnaître les droits de l'autre. L'église était dans un état déplorable; des réparations nécessaires étaient ajour- nées et le temps n'était pas éloigné, il faudrait prendre à cet égard de sérieuses résolutions. Frovisnirement on se décida, en 1707, à foire les travaux jugés les plus urgentb. Le 12 juin, ils forent adjugés à Henri Sougre, pour la somme de 420 livres. Ces travaux consistaient dans la réfection et la réparation de la ramure qui couronnait l'autel du Rosaire*

' La confrérie du Rosaire de Saint-Denis se constituait un fond qu'elle faisait valoir en prôtant sou actif à 5 " Nom troaYons aux archiTes direnes obligations à son profit.

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LES ÉOUSBS DE B£LFORT 89

juflqa^uix sitigOB dn magistrat; dans la démolition de la trir InmedeiTÎidlles oignes; dansle crépissage etle blanchissage des parties dn mnr mises à déconvert; dans la construction d'une noufelle tribune, au-dessus du jubé, pour receroir les nouTelles orgues ; cette tribune défait être de même longueur et largeur que les murailles de la chapelle Notre-Dame-de-Joie et enfin dans un escalier, avec balustrade, pour monter à la tribune. Quelque temps aui)aravant, le magistrat avait passé un marché avec Joseph Valtrin, facteur d'orgues et originaire de Remire- mont, par lequel Valtrin s'engageait à réparer le vieil orgue, moyennant la somme de 750 livres. Ces travaux étaient achevés au commencement de 1708. L'orgue fut expertisé par Claude-Joseph Cupillard, maître sculpteur, à Lure, avec lequel on fera plus ample connaissance.

L*é(tUse était munie d'une flèche qui tombait en ruine. En 1711, le magistrat, administrateur de la fabrique, résolut de la remplacer. Le 19 avril, il adjugea la démolition de cette flèche et la construction de la nouvelle à Fidelis Strolz, maître-charpentier, de la province du Tyrol, demeurant à

En 1709, elle achète de Claude Marconnot, de Lachapelle s/c, uq cens rachetable sur diverses propriétés de Sermaraa^ny.

En 1727, elle prête à Martin Brocquard lUO livres à 5 °/o, qu'elle perd en 1760, les héritiers éUnt devenus insolvables.

£a 1743^ ISOIiTni à 6 à Joseph Élie, de Daojoatiii.

En 1743^ 100 livres à 6 */• à Délie Jardot, de Giromagny.

En 1748, à Joseph BaiUy, de Merou, 81 Uvree à 5 7*.

1W7, 150 Uftei a 6 *A à Jeeii Bfandeneiir, de Vétrigae.

En 1758, 150 livres à 5 à Joseph Conrtot, de BaTiUitft.

Ën 1762, 100 livres à 5 7o à Nicolas Cordier, de Doran.

En 1763, 100 livres à 5 */« à la veuve de Nicolas Tisserand, àlaVorgtt.

En 17G5, 2(H) livres à 5 "/o à Clément Gérard, à Vétrigne.

En 1772, 2('A} livres à 5 " o à Georges Razenier. de Cliurmois.

En 1772, 100 livres à 5 "h à Nicolas Pomier, de Meroux.

Ces deux dernières obligations renouvelées en 1792 sur papier de la République.

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90 RBvm d'alsack

Morvillars. Ces travaux lui furent adjugés moyennant 650 livres, argent dWIsace. La nouvelle flèche avait 24 pieds de hauteur. £lle fut couverte en fer blanc, par le ferblantier Manriqae, qui toucha 240 livres pour ce travail et ses four^ nitures. La flèche dont il 8*agit, est la seule parcelle de la vieille église de Saint-Denis, dont la tradition a conservé le souvenir, fSrâce à la brillante couverture due au ferblantier Hanrique.

Sonnerie des déoès

Le 31 décembre 1713, le magistrat, de concert avec le curé

Savin, tixe comme suit le tarif des sonneries et des sonneurs.

liTiet Miu

1* Le matin, à midi et le soir 8

Marguillier et sonneur 1

2* Sonnerie à rhcure de renterremeut seulement . 1

Marguillier * 10

3* Une seule cloche pour l'enterrement d'un enfant 10

Marguillier 5

4* Baptême carillonné 10

Marguillier 5

5* Fêtes de corporations, sonnerie carillonnée la

veille et le jour de la fête 3

Haiguillier 10

Le duc de Mazarin se résipjnait difficilement à reconnaître au chapitre les droits quv la comtesse Jeanne lui avait accordés dans les forêts seigneuriales. En 1719, le chapitre dut le faire assigner, pour qu'il soit dit que le droit de prendre du bois dans les forêts les plus rapprochées de la ville lui appartenait, outre Tobligation du seigneur de lui en faire marquer annuellement dans les cantons ordinaires. Sur cette instance, il intervint le 27 décembre 1719, un arrêt qui main- tint le chapitre dans le droit de couper du bois mort et en cas dlnsuffisance, du bois vert, dans les forêts du duc, Paetion an pétitoîre de celui-d étant réservée.

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us ÉGLISES DE BELFORT

91

On Tondrait penser que cette revendication judiciaire fut introduite en vue de projets de construction dHine nouvelle église, pour remplacer celle qui commençait à être condamnée dans Topinion des paroissiens et même du magistrat, admi- nistrateur de la fabrique ; le droit du chapitre s*ezerçant dans les forêts du seigneur aurait, en effet, été d*un grand secours pour l'exécution d'un i)rojet aussi considérable. Quoiqu'il en soit, la vieille église fut irrévocablement condamnée en 172G, car en 1727, on mit la première main h la construction de l'église actuelle. On pensait que douze ans après, la nouvelle collégiale serait achevée et que l'ancienne pourrait être démolie. On se trompait, car le vieux Saint-Denis, délabré, devait servir encore pendant un quart de siècle à sa destina- tion primitive. C'est sous ses voûtes que se noua et se dénoua un singulier conflit de préséance à propos du pain béni

PaixL béni

Le 29 octobre 1739, les bourgeois notables de Belfort, en

vertu d'une autorisation de l'intendant d'Alsace, se réunirent k l'hôtel de ville de Relfort, pour délibérer au sujet de cer- taines prétentions des ot!icierâ du bailliage, portant atteinte aux droits des bourgeois.

Ces officiers exigeaient que le marguillier leur présentât, avant toute autre personne, le pain béni à l'office du dimanche. Se basant sur les lettres d'affranchissement accordées en ia07, à la ville par le comte de Montbéliard, les bourgeois prirent ombrage de ces prétentions et rédigèrent dans rassemblée une protestation en vue de sauvegarder leur droit et de ramener ks officiers du bailliage au rang que leurs fonctions leur assignaient La juridiction appartenait au prévôt, au mattre-bourgeois et à l'ensemble du magistrat dans la ville, lesdits officiers du bailliage étaient eux-mêmes justiciables du magistrat.

£n conséquence, les notables délibérèrent qu'à l'avenir le

98 MTOB D'ALtAOB

margoillier présenterait, comme par le passé, le ptin béni au magistrat d'abord, puis à eem qui, dais eette drcoBStaaee, Toulaient avoir la préséance.

Le 6 novembre, une ceisuUatioii signée FriquéBer et Quef- €Bmme,le jeune, aYOcats auCoB8eUsDuwaind'A]8iee,eonsa«ra sans résenre la délibération prise par les noiablefl de Belfort et il paraît que les officiers du bailliage se le tiireot pour dit

L'année 1750 a sonné; ré$;lise actuelle était à peine achevée, que le premier coup du marteau démolisseur s'abattit sur la chapelle de Notre-Dame-de-Joie. Il en eut facilement raison, de même que des « très anciennes tombes qu elle r<Mi- fennait, » dit l'abbé Schuler; elles furent utilisées par sou père dans les travaux de fortifications. En Tabsence de la sollici- tude des chanoines, les fabriciens eurent un scrupule; ils assurèrent à ce qui restait de Notre-Dame un refiige épkémère dans la chapelle de Sainte-Catherine.

Les démolitions continuèrent en 1751. Elles se pratiquèrent sans antre souci que d'utiliser les matériaux utiBsaUes et de lUre disparaître jusqu'aux derniers restigee du berceau refi* gienx de la ville. Les tombes furent traitées comme on traitait le sol naturel et il en résulta, pour quelques habitants, des peines qui c;iu>èrent de Vémotion et du scandale^

En 1752, le ina'^n.strat, agissant au nom de la paroisse, et vraisemblablement de concert avec le chapitre, demanda à Tarchevêque de Besançon la translation canonique de la collé» giale dans la nouvelle église. Le 4 noTcmbre, Tardievéque prononça la translation et chargea le curé de TBiUer anx exhumations de la nef, à la recherche et à la translation des ossements dans un lien saint, avec les cérémonies et prières requises en pareil cas. Il enjoignit expressément an sieur cnré de veiller aux exhumations, t afin d'éviter les indécences a arrivées lors des précédentes démolitions. » Enfin l'arche- vêque permit de procéder à la démolition do la nef qui était encore en partie debout.

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LM ÈOUm M tnJOM fis

Ainsi se termina l'existence d'un monument religieux dont nous avons essayé de faire revivre quelques contours, quelques traits, sans oser noufi> âifttter d'y avoir réussi, comme nous raurions désiré.

L'histcMure souterraine de Tancienne collégiale aurait auaû son intérêt GeUe dm cbanoines aarait à reconq[»08er, si le marasme qpû caractârise la diapoBitioii des eq^iits à readroit de lliistoîre locale, se dinipait En attendant et c'est par qne nons tenninerons cette notice Toici les noms des anciens bowgeois et bourgeoises de Belfort, qui ont été entenr^v dans la nef de l'ancienne église de Saint-Denis, à partit de U55 jusqu^e» 1096. La fabrique percevait sur ces inhumations un droit proportionné à la considération eh à la fortune dont jouissaient les familles des défunts. C'est une première page du livre d'or, dont la rédaction se recommande à la sollicitude des modernes Belfortains. 1 1455 dajDS la nef Jean Nettin. XIIII schillings, t 1455 » le neveu d'ÉtienneLefaibvrcXschilL

1 1507 » Perrin Beselot XX schillings.

1 1507 » Richard Bourquardey, maire d'Au>

trage, bourgeois de fielfort XX «fthillingB.

1 1507 » Jehan Boichot, d'Eschêne, bourgeois

de fiellbrL XX schillingB. tl808 » la dame Evatte. XX schillingB.

t lêO^ » Penin Noblot, bourgeois de Bettnrt.

XX sdiillings.

1 1508 » Jehan Guerey. XX schillings.

t 1511 » Jehan-Perriu Chavanot, jadis prôU'e-

chapelain. XX schillings.

t 1513 > Ânthoine Chreutz, bourgeois de Bel-

fo) t. XX schillings.

t l&lâ > k dame do Pierre Finglin, maistre-

beni|g|Boi& deBelfort. XX schillings

1 1519 dans la nef Jacques Riepnot, bourgeois. XX schîll. 1 1519 » la dame d'Anthoine Noblot XX schill.

tlôl9 » Jacobc Lamere, veuve de Henri

Maistrot XX sclillinjrs. 1 1519 Henri Dumagny. XX schillings.

1 1629 > Messire Jean Boy. XX schillings,

f 1564 la femme de Laurent Hrîchman.

XX schinings. 1 1664 dans la nef son enfant X schillings. 1 1564 Anfhoine Noblot XX schillings.

1 1564 » le fils de Nicolas RosseL X schillings.

tl693 Simon Gallic. 13 livres 6 sous 8 deniers.

1 1694 petite nef, devant Tautel du Rosaire un des enfants

de Jean Kellor. G livres 13 sous 4 deniers. 1 1695 grande nef (sous la chaire) la femme d'Ëtienne

Mou^'t'V. 18 livres 6 sous 8 deniers. 1 1695 petite m f, devant l'autel du Rosaire Jean Keller,

mattxe-bourgeois. 13 livres 6 sous Ô deniers.

IV

NOTRE-DAME-DE-LORRETTE

(1688 à 1789)

Sur le bord de la route qui conduit à Valdoie, à Tan^ nord formé par le chemin aboutissant à la cité des abris

alsaciens, il y avait, à la fin du xvir siècle, la croix de mission qui donna son nom au canton, oii elle avait été plantée. Un ancien prévôt de la collégiale de Saint-Denis dv Belfort, située au pied du château, choisit remplacement de cette croix pour y faire construire, avec le concours de personnes pieuses, une chapelle dédiée à la Vierge, sous le titre de Notre-Dame-de- Lonette. La construction fut achevée en 16Ô3. L'ancien

LIS âauaBs db bslfobt 96

prëv6t, Jean-Joseph, Emoinin songea alors à la pourvoir d*iin chapelain.

Le 17 Janvier 1684, messîre Jean-Joseph, assisté de David Qihouttet, Henri Vemîer, Jean Keller, Thomas Dehiporte, Pierre Pierron et Nicolas Viron, membres du magistrat et de

divers bourgeois du commun, se preMiita devant le tabellion du comté, Adam Cueiiin, à Tetiet de lui faire recevoir et rédiger racte de fondation du revenu qu'il entendait affecter à l'entretien du chapelain. 11 dota cette fondation de la somme de 1000 livres tournois, dont la rente à cinq pour cent devait dtre annuellement et perpétuellement perçue par le chapelain, à la condition qa*il dirait dans la chapelle, tons les samedis, une messe pour le soulagement et la délivrance des ftmes du purgatoire. L*acte désigne les créances qu*il livre à la chapelle pour constituer la somme de 1000 livres tournois et qui, en effet, la constituent et la dépassent même d'un dixième, savoir:

par René Benous et consorts, de Trétudans 666 13 4

Par Joseph Qerc, meunier, à Belfort 127

Par Jean Relier, maître-hourgeois de Bélfort. 350

Total 1143 13 4

Messire Jean-Joseph Ëmoinin prend, en outre, à sa charge, la fourniture des ornements et meuhles nécessaires à la célé- bration des messes pendant sa vie. En retour de cette fondar tien, mess, du magistrat concèdent à perpétuité le terrain sur lequel la chapelle a été construite. En considération de quoi, Emoinin cède à perpétuité au magistrat son droit de collature, de patronage et de présentation du chapelain. Mais Emoinin se réserve le droit de la desservir sa vie durant. Il stipule, en outre, qu'à son décès, son neveu, Joseph Bostant, lui succédera sa vie durant et qu'après le décès de Joseph Bostant, un prêtre de la lignée des Keller sera investi par le magistrat et qu'à défaut d'un si^et de cette lignée, ledit

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96 uvm D'iiaAOi

magistrat préférera à tout autre, un prêtre issu de Tune des plus anciennes familles bourgeoises de Belfort; moyennant quoi, le magistrat demeurera chargé de Tentretien de la chapelle, des ornements, du mobilier et même de la maison et du jardin du chapelain. Les troncs destinés à recevoir les offrandes appartiennent au magistrat et dans le cas où, par suite d'accidents, guerres, incendie, etc^ la chapelle serait minée, le service sera interrompu jusqu^k ce que les oifirandes auront suffi pour la réparer. Chaque tronc aura deux clefe, Vune tenue par le chapelain, Fautre par le magistrat; que si la chapelle, tombée en ruine, il ne devait plus être permis de la relever, llntention et la volonté du fondateur est que le revenu serve à faire dire une messe, chaque semaine, au maître-autel de Brace, en l'honneur de la Vierge et pour la délÎNTance des Ames du purgatoire.

Les revenus éventuels qui adviendront à ladite chapelle seront employés h Tentretien d'un deuxième chapelain, que le magistrat choisira parmi les prêtres nés à Belfort Dans le cas, oti elle serait ruinée, les revenus seront transférés à la fttbrique de Saint^Suistophe, de Brace, les messes seront célébrées.

La fondation fut approuvée et confirmée, le 21 décembre 1684, par Pierre de Grammont, archoTèque de Besançon.

Notre-Dame-de-Lorrette eut, & son début, le succès qui s'attache à la nouveauté. Deux troncs y avaient d'abord été établis : la ferveur y déi)Osa de nombreuses aumônes et tout faisait prévoir que d'autres oblations ne feraient pas défaut et permettraient d'y entretenir plusieurs chapelains. Ce succès porta ombrage au chapitre de la collégiale Saint-Denis, U saisit le tribunal ecclésiastique de l'archevêché d'une requête portant revendication du produit des troncs et de toutes autres oblations au profit du prévôt du chapitre, comme curé primitif: Le 19 février 1686, le magistrat de Belfort fut touché de la requête du chi^itre, par «q^loit de l'huissier Colin et

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LU tOLBU M WÊLKOCC 97

eonstîtiia le procureur Buson pour le représenter devant le

tribunal; le 9 mars suivant, l'archevêque, siégeant en son palais épiscopal à Besançon, statua: « que sur cliacuu des « troncs établis dans la chapelle serait placée par le magistrat a une inscription portant: Tronc pour la jahriqiic, entretien t et décoration de cette chapelle; que chacun de ces troncs serait muni de de%x serrures et de deux clefs, dont Tune t restera entre les mains du chi^elain et Tautre entre celles t d*un commis du magistrat; que tout ce qui serait réleré, de < temps à autre desdits troncs, serait inscrit sur un livre ligné chaque fois des deux clavistes et du magistrat ; que le t tout serait employé à Ventretien de la chapelle et de ses c dépendances, aux ornements nécessaires, à la décoration « et à la participation du chapelain et qu'à la tin de chaque « année, ils rendraient compte de remploi desdits deniers. »

Relativement aux autres offrandes et oblations, tant en argent qu'autres choses de toute nature, elles appartiendront au chapitre, représenté par son prévôt, comme curé primitif, à la réserve toutefois des tableaux, ornements d'autel et dergBS qui seraient offerts pour servir de luminaire; déboute les parties du surplus de leurs prétentions et compense les dépens.

Une quittance, du 10 mars, atteste que le magistrat» repré- senté par Thomas Delaporte, paya pour sa part desdits dépens,

23 livres tournois.

En 1694, la chapellenie étiiit vacante. Le 22 mars de la môme année, Jean-Pierre Keller. curé de Jeune-Montreux, ht signifier au ma^^istrat, par le sergent royal, qu'il ait h l'instituer comme chapelain de Notre -Dame- de -Lorrette, conformément aux stipulations du fondateur, attendu qu'il était prêtre de la lignée des Keller. Jean-Nicolas Cbardoillet, membre du magistrat, répondit à lliuissier que ce corps n*était pas assemblé au moment de la signification et que dans deux ou trois jours, il serait donné satisfaction au requérant

llonvrile Sévte. - année. 7

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9B

BBVUI D'ALSAtil

Nous n*aT0ii8 pas d'autres renseignements sur cette cha- pelle, mais il résulte des informations recueillies auprès des personnes Agées de Belfort, qu'elle exista jusqu^à la Révolu- tion. Quelques-unes se souviennent de l'avoir vue en ruine au

commencement de ce siècle. La maison du jardinier Lermé est construite sur rcniplaceniont qu'elle occupait.

Il est vraisemblable qu'après la destruction de son oratoire, Notre-Dame-de-Lorrette trouva un refuge dans Téglise de Brace Tautel latéral, côté de Tévangile, lui fut consacré; et où, avant la démolition de 1876, de nombreux ex-veto témoignaient du culte dont eUe n*a?ait cessé d'être rol[)et Dans le monde de la dévotion, la Yieige de Brace est aujour- d'hui t ïa pajfse ou la Vierge du pays.

J. LiBLor.

(La fin à la prochaine livraison.)

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ESSAIS M TRADUCTION

DU

LUNDI DE PENTECOTE

(Pfingstmoutag)

oozxiédie en. dialeote strasbourgeoie

PAS

J.-G.-D. ARNOLD

NOTE PBÉLIMINÂIRE

Si la traduction d'une langue littéraire dans une autre, e8t ebose difficile par ce qu'elle exige non seulement Pentente parfidte de ces deux langues, de leurs rapports réciproques et de leurs divergences; mais encore le talent particulier de foire ressortir du texte original les nuances les plus délicates et de les rendre fidèlement sans pr^udice des idées de l'auteur et du génie de la langue dans laquelle on les interprète : les difficultés augmentent, sll 8*agît de la traduction d'un dialecte populaire, qui est l'expression caractéristique de la vie intime d'une portion limit(?e d'une nation. Et pourtant, deux écrivains courageux ont essayé de braver toutes ces difticultés : Max Buchon a traduit en vers français les poésies complètes, écrites en dialecte alémanique, de J.-P. Hebel, et M. Charles Berdellé, de Haguenau, ofke ici au public Irançais une imi-

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100

REVUB D'AIJâACE

tation en vers de la comédie strnsbourgeoise, le I^ngstmontag, d'Arnold, que le regretté Th. Schuler a illustrée avec tant de talent

If. Berdellé, avantageusement connu en Alsace par un petit recueil poétique en idiàne haguenauYien, a bien touIu détar cher de sa traduction du Pfinggtmontaff deux scènes, dontrune

présente un plaisant dialogue entre MehlbrQh, le superstitieux adopte de Lavater et de GliU tn ITsO, et le docteur-en-herbe, Keinhold, auquel il expose sa th(5orie sur les ditl'érentes formes du wez, comme indices infaillibles du caractère, des vices ou des vertus des hommes; dans la seconde scène, Reinhold fait Téloge de la irille de Strasbourg et de ses habitants.

Si le fragment qu'on Ta lire trouve des approbateurs, JA, Berdellé se décidera peut-être à la publication complète de son œuvre. Ce sera, en tout cas, une curiosité alsatique de plus. A. St.

LES MEZ

ACTE m. FIN DE LA SCÈNE IV

mHLBBÛB

You 6168 un doetenr?

Pts encor. imuBfiB

Mais biflntOi YoQs allez l'être. £h bien 1 de la blagne Bsnwte

Paisqa'ici noas parlons, croyez-TOns qu'on se yante Quand on dit que Ton peut reconnaître à ses traite Les qualités d'un homme, et voir s'il est Tolenr, HTpocrite^ Tanrien, ou bien écornifleur?

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LE LUNDI DE PENTECOTE BXZKHOLD

xkhlbrOh J'en convieni^ cel* me paraît drttê Les uns prAtendent que l'on reconnait le r61e D'oa liomme par aon lUx, Tantre dit que bien mieox On peut eennattre nn cœur en regardant les yeux. Uaii Larater prétend que c'eat platdt la bouche Qni, pour joger lei gent| sert de pierre de touche. Aht ponveir diitingner qn*nn honune est coRompn, On bniT0| ielon qn'il est pins on moins lippn. Ce serait minient beanl On Terrait les Tictimes Du mariage, hélas I ponr déconnir les crimes De folâtres moitiés, hraqner matin et soir Les lorgnons Ters lenr bonche, afin d'aperceroir Lenrs secrets. Qoant à moi 1 le nea serait Pindice Qne Je préiérenis ponr distinguer le vî«t De la Terttt. Fonrqnoâ? Ceit qn*on Toit des fittcenrs Déeorés de si beaux réceptadat d'odennt Us ont prié bien sûr quelqu'un qu'il les réveille, Et de fort bon matin! pour que eetle merreille Ne leur fftt pas diipée aux distributions ^'en fit le Créateur. Mes admirations Pour ees eheft-d'osnTre'là jamais leur Tsudront-t lies lie renom mérité? I/nn porte des quenelles De viande, * en grand ama^ et l'antre un tout petit Kes écourté semblable à la pomme de terre Naissante, on nppelant la rare printaanière. I/antre possède un non en lame de couteau, Et l'on peut tfj piquerl Les mains et le eerrean Sont alors très aettft, habiles, mais colères. Les grands nés recourbés sont arides, sérères, Point sots. Les gros trognons indiquent la bontés Mais la bétise anasL Les nés comme des pieux Canetériaent bien les esprits eurieux

i Vaiiante : De chair.

m

REVUE D ALSACE

Mais fiers, car on en dit très justament qu'ils portent Le nez trop haut. Voyez ! Les nez crochu comportent La nue ei la malice. Alors qu'an gros goonuod Porte nn nez aplati, Ton voit l^mpertintnt Porter le sien pointa. Les âmes amonreniM Auront des nez chamos, lea natures tieusos Des nez très écourtéa.

RBIXHOLD

Vous êtes connaisseur Quand il s'agit de nés.

herlbrQh Oui ! je me fais honneur D'avoir étudié de façon spéciale Les nez. L'homme affairé joliment se régale A pareil passe-temps. L'un aime bien les fleurs. , Un autre mieux les chiens. Les uns sont grands jonenrSi D'autres lisent beaneoup, d'autres aiment la table; L'un chasse au papillon, tel trouTe préférable De ofdleetionner des pierres, de vieux sous. L'mtit Ta rassembler des éeos. Tel s'attache Aux chais, tel autre même aux singes. Tous les fous Préfèrent leurs bonnets. Four md, j'ai pris à tftehe De rassembler chei moi les nés les plus fomeux Bien modelés en cire.

Et sont-ils bien nombreux

Yosnei?

MnHcnnllH J'en ai sept cents 1

UIMHOLD

Sept cents 1 c'est admirable I nombre, cher Monsieur, paraît presqulneroyable.

MnHLanûH

Si TOUS les allies toît, tous riries joliment, Car ma collection est unique vraiment. Tons y Terries d'abord le crampon d'onse ponces D'un Ttéiorier-en-chef-d'adminlatralion-

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ÎM LUNDI DB PBMTBOOTS

Suprême-des-ruisseaux-et-de-construction

Qui me vient d'Outre-Rhin; le nez aux jeunes pousses

De l'économe Lorcli, un reniflcur charmant

Que cinq ou six petits entourent tendrement.

Le broyeur de couleurs du peintre do la TÏUe

Ensuite montrera de façon fort civile

Son poteau de lanterne, auprès de l'éteignoir

Enorme que chacun pour des sous pouvait voir

Ruelle au Tonnelet Rouge. Auprès de lui couche

Ce morceau qui pendait loin par-dessus la bouche

De feu le timbalier de la ville. C'était

Un bec de pélican, car ce nez becquetait

Le menton « pour nourrir ses enfants >. Pais ce sabre

De Pandour indompté, cette faux qui se cabre

En courbe tortueuse, et que le vieux Fiscal

Portait dans sa figure. Après vient l'infernal

SonfSet qu'un vieux brossier, habitant cette rue,

Portait de son rivant; puis, avec sa verrue,

Le cornet à tabac en parchemin jauni

De dame PAmmeistresse est très bien réuni

Au nez, que de nos jours encore l'on admire

A Wanzenau sur la figure du bailli,

Un poteau qu'au péage on abat ou retire

Reproduirait le nez d'un vieux veilleur de nuit

Célèbre à Dorllsheim. Puis vient le beau circuit

D'un geftlier, plus crochu qu'un crochet d'abordage,

Puis l'énorme timon de chariot de roulage

Tout rempli de points noirs, venant de ce boiteux

Jean-Baptiste aux Enfants-Trouvés. C'est merveillevi

Et beau comme spectacle; et puis, faiBMit la paire,

Les deux dents d*éléph>a^ dont Pane an contrôlenr

<2ni s'est conpé le ooii pour cette sotte affaire,

Pttce qjt» Bft moitié sut loi venait de ikire

Un Toysge en tralneaa rm nUdrch.

XlUMUOLD

<)ael malheorl

£st-6e possible donc?

101

BXVUE D' ALSACE

hihuibAk

Que Toulez-Toot qu'on fiUM Cwitre U jalonsie? Et la seconde dent Décorait let traits d'un < bailli de populace Qui dans les eaux du Rhin périt par accident. Ce nez courbé, pointa, tellement se retrouae Que les enfants toajonrs se mettaient à sa tronne Dana la rue et partent le bonhomme allait. Sons Terre je conserre encore nne morille Grande comme le mon ' d*un fort cochon de lait; De petite vérole elle a des trons et brille Comme des œufs de Pàquo en rouge ainsi qu'en bien. Et des crins bien raidis Thérissent, sacrcbleu ! Comme nn groin de cochon. Un conspillpr intime De Schto^u^nert a fourni ce ucz vraiment sublime.

REINnOLD

se tronTO Scbtœgguert?*

MEHLBRÛII

En Souabe.

aSUtHOLO

Eh! comment l Vous faites d'aussi loin pour votre amusement Payer ainsi tribut à l'étranger. Il semble Que ces nez en triomphe et comme dans un temple Entrent dans vos foyers.

KBHLBaOB

C'est bien vrai. Par exemple

Je possède le nez du fameux messager D'Oppenau, * qu'on ne peut jamais envisager (Car il vit) sans partir d'un grand éclat de rire : Est-il bien, cet engin par lequel il respire l Deux grands seaux d'incendie ajustés sons le front.

1 Terme de eiriaioe et de boneherte pour le ponmon.

9 Stuttgart, en dialecte strasbourgeois; CAte pronondatton expUque la qoM-

tlon de l'interlocuteur qui ost de l'AllemigM dn Kord. 3 Village du Grand-Duchu de Bade.

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Ll LUmi BE PENTECOTE

106

BBnrsou) Vous plaiiantei, Monsieur 1

Vous me faites affront 1 Mail, Tonlei-Toiis Dontar, admirer la aerreille ?

WKOtaouù

U est d^à Uea tard.

lCXHI.BBflH

Prétez-moi donc l'oreille : Son lûsioire est plaisante. Il aime ?oir le fond Des verres. Un dimanche il se tronve tout rond Et s'étend de son long sons un arbre dans llierba D'où son grand nez ressort d'une fÎKon si^efbe. Les abetUei d'an juif essaiment jnstmneai Et sortant de leur ruche, elles s'en Tont an diable An milieu des genêts d'où notre homme dormant Elèr» «tt l*air son nei. I/esssim, chose incroTthle, Par la Oixine entaran^ le prend pour nn mdier Et coDstroit ses gifteanz. CSomment le débvdier De là, sans en garder de trace trop coisante? D prend pierre, amadon, ûdt dn fen promptement, Bonrre, aUnae sa pipe et lance nne pvissante Bonflée^ et ^piaad il Toit son tabac bien ardent, A trarers cette grande et vaste cheminée, Qa'fl appelle son nés, fidt passer la fiimée. Les habitants du nés en sont appesantis, n hennit deux, trois coups et les voilà sortisl Appelant des canards «t criant: « Wulê, wuh n les leur fidt manger. Hais la femme de Sdmmtê* Vient comme nn mi Saddrach * et rédame Pessaim, CSriaat : « Ohl grand malheur i val tn sanraa demdn

1 Appel asité en Alsace pour les canarda, s Nom eorrompo de Samael.

I Rém de iHin ûm trois bnéatm que Wahuctodonemar It à Babflone Jslar dans uoe «bumaiie dt ton aidant >. Il désigne «galemMit le dtabis; pnli m , nMiant boflUM.

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106

Ce que ça roûtora! Quel schofel masse-tnaite * Tu fais là, iiuiuvais Goil^ L'action scélérate Vaut ohscr^ deux écus tout neufs, non circoncis! » *

« Non, non ! » répondit-il. « Qui donc leur a permis De bâtir dans le nez d'un liommo rospoctable? Réclamez aux canards le dincr confortable AsBaisonné de miel qu'ils viennent de manger. Grand procès! Notre juif cite le messager

A qni son procoreur, homme rusé, conseille

D'accuser à son tour, parce qae mainte abeille

Par sa piqûre avait mis l'admirable nez

Dftna un pitenx état, qu'il était allé chei

I/éqniriMenr des chiens acheter de la graisM

Et ttftiate «mpUtre encore. Et qni mangea l'Mttim?

Les canards da oué. H fiuidra qu on l«i laisM

L'aflkdiv iw le dos. n boira tout le bain,

QaH Tenille bien ou non. » Le enré va dmie vite

AiqirèB d'nn procurenr qni demande de mite :

« Ont-ils quelque témoin? > « Non I » r^nd le curé.

« Ah i le joli proeèsl » dit PaTOcat madré.

« liais le joi^ répond*on, peut donner une pranrei 8nr vn petit canard il a fidt cette épreuve De fendre le jabot et trouvé tout un tas D'abeilles qui formaient un aiiei bel amas, Une quenelle enfin. > ~ « Fort bien I tria bonne aflbdre I Pour votre canardean vous n'aurei donc qu*à &ire Demande qu'on vous en rembourse la valeur. Cela détournera le juit Le procureur Après ça vient savoir s*il n'a pas quelque plainte Contre le nuesager. «Bien sûrl il m*a sans féinte

1 Hébreu corrompu : mauvaise affaire, mauvaise tpéculalioo.

1 Hébrea corrompu. En générai tout homme non Juif ; id : cfarèlien.

S Ma foi!

iTsiiante:

Quelle mauvai:>c alTaîre

TU Ms là, ménésatl Car pour om aalWiym U tondra deux éeos» font neoft, non eiiconcU.

Digiti/Oû Ly C.iOO^lc

h& LUKDI DS PENTECOTE

Tnité de groBso bète. » ~ «Ah bah t le beau procès ToBt rempli d'incidente III prodnire des freie A ne pins en finir. Ii'nn 7000 dit: grosse béte: Ceet Men t Le juif perlant an messager le traite De grand diien : Eneor mieu 1 Aprie le measeger Dit an juif : groe cochon, et a*en Ta le duurger De eenps et de borionsi l^ods exploitst qnel scandale I Ah! je venz bien, Hon^teor, laver le linge sale Que Tona m'i^portei-là, car ça rapporter» Da cenp de qnoi payer lessiTO et saTonnage Et laim en ezeepter même le repassage, n dil^ et le procès peut-être durera fisow pins de six ans.

XUKHOLD

Je crois qv'on tous appelle

Danslneenr.

HSHLBBÛH

C'est ma femme. Ohl me voici, ma belle.

Tkadnit à Bios (Hante-SaAneX ao mai 2 jnin 1880.

Ch. BaaiwtT.i.

ELOGE DE STRASBOURG

ACTE III. SCÈNE V

EEINHOLD (seuJ)

U a parlé longtemps, ce Monsieur, sur rboniiear I

Sans discontinuer. A peine l'auditeur

Peut-il placer un mot. Sea pensers sont comiques

Et s'il ne donnait prise à de justes critiques

Par son manque de goût, il serait amusant.

n a de la raison, dit bien tout ce qu'il sent,

n est bien fait de corps, se tient arec aisance,

Et le costume aussi rehausse la prestance

Du vieillard. Il jouit cncor de la verdeur

Des gens de vieille roche. Allons, le vrai bonhoor

Doit se trouver ici dans cette belle ville

108

SIVOS 1»*ALIA<S

Parmi ces braves gens dont chacun est utile

Au bien public. Chacun, modoste et généreux

Cherche son vrai bonheur à voir d'autres heureux.

On trouve dans Strasbourg l'esprit de bienfaisance

Commune à chaque classe, et l'on Toit r&lliance

De l'éducation et de la charité

Chez les dames dïci. La fleur de la beauté

Chez les filles s'unit aux manières naïves,

Sans fard et sans apprêt. Oui, toutes sont acUvei,

Et le bien-être naît du culte des beaux-arts.

Depuis bien des cent ans, sur ses vieux étendarts

On a vu la science orner de sa couronne

De rameaux verdoyants son blason respecté.

Sa langue, tout d'abord pleine d'étrangeté

Pour les gens du dehors, charnu l'affectionne

Dès qu'il la connaît bien, car elle sort da ccBor

Interprétant avec naïveté, candeur,

Les pensers de chacun. Ce fut ce vieux langage

Qu'on parlait près du Rhin, aux temps du moyea-ûg*^

Quand inspiré de Dieu, le grand Erwin conçut

Le gigantesque plan de cette cathédrale.

De nos chantres d'amour cette langue reçut

Une illustration qu'aucune autre n'égale.

Elle servit encore au Carlovingien

Qui vint jurer jadis de secourir son frèrt

Près de cette cité. Dans un temps plus aneiMl

On entendit déjà cette lanpnie si fièrc

Servir aux glorieux compagnons de Clovis.

De nos jours on la parle aussi bien que jadis

Dans la Suisse, on Souabe et dans la Forét-Noirt,

C'est dans cette cité qu'illustre son histoire Que je veux établir mon foyer. De mon cœur Suirant l'impulsion, je cherche le bonheur Près d'ELLE, et ma maison pour nous tera le temple De la félicité parfaite.

Tkidnil à Bioi^ U jvU 1880.

LËÏÏJiËS SUR lA IËRRËU& ËN ALSACE

I

(A la Convention) , Wmembourg, le 26 avriL

GlTOlBirS BlFEiBEHTAaTS,

Un délit très grave fut commis, il y a quelques jours, à Hornbach, par quelques soldats. Ils ont violé Thospitalité qui leur avait été accordée par les habitants du lieu, qui les avaient reçus comme des frères, ont pillé leurs maisoiBS et les ont dépouillés de leurs effets. Pluaieiin d'entre eux pris avec leurs Yols, ont été iîisiUés par mes ordres, en présence de la municipalité d^Hombach, des habitants et du corps d^azmée aux ordres de Pully: I*un était un nommé Caron, sergent, qui donnait Tezemple du brigandage le plus effiréné, quant aux simples soldats qui étaient complices, je les ai fiât tirer au sort Un seul a subi le supplice qu'ils méritaient tous. Les autres ont été envoyés au chriteau de Bitche, ainsi que le second sergent Celui-ci est condamné à trois mois de prison, les autres à six semaines. Après cette exécution, j'ai fait remettre les effets à ceux à qui ils appartenaient Cet exemple est terrible, mais il était nécessaire. Une nation qui a toujours fût preuve de générosité, et qui respecte religieusement les propriétés, ne peut être avilie par des brigands qui se disent

110 BIVUI D'ALBAOB

soldats de la République ; il ftUait que le glaive de la loi firappftt des scélérats qui, en se Jouant du serment quHs

avaient fait, de défendre les propriétés, ont compromis Thon- neur de la Képublique et des armées, et pour prévenir par la suite de pareilles atrocités qui, si elles eussent restées impunies, auraient pu se propager.

CUSTIBB.

n

Décret de la Convention Ehùno-Oermanique, assemblée à Mayence, du 18 mars 1793, par lequel tous les droits de wuveraineté tuurfés, et toui pouvoir arbitraire sont aboUa,

La Convention Bhéno-Germanique décrète :

Abt. 1*. Toute l'étendue du pays, depuis Landau jusqu*à

Bingen, qui envoie des députés à ladite Convention, forme dès à présent un État libre, indépendant et indivisible, soumis à des lois communes, fondées sur la Liberté et l'Egalité.

Art. 2. Le seul souverain légitime de cet État, le peuple libre, déclare par Torgane de ses représentants, que toutes les liaisons avec Tempereur d'Allemagne et r£mpire germa- nique sont rompues.

Abt. 3. L'Électeur de Mayence, Le prince de Worms, Le prince de Spire,

Les princes de Nassau-Weûbuig et Usingen,

Le margrave de Bade, Le prince de Salm,

Les wildgraves et rheingravos de Stein etGrumbach, Le prince de Linange-Durckheim, Le comte de Falkeostein,

Les comtes de Linange-Westerbourg, Dagsbourg et

Guntersblum, Les comtes de Wartenberg, de Genféld, Sickingen,

et Halberg,

mTBBB 8im LA TBam ni almcs 111

Le baron de Dalberg,

Les autorités des villes impériales de Wonus et de

Spire, Le Corps équestre^

Tous les Etats d'empire et leurs Yaasaux, Ainsi que toutes les corporations séculières et régu- lières,

Incompatibles avec la souveraineté du peuple, sont déclarés

déchus de toutes leurs prétentions sur cet État ou ses parties et tous les droits de souveraineté qulls avaient occupés sont anéantis à perpétuité.

Art. 4. La peine de mort est prononcée contre tous et chacun des usurpateurs dénommés dans Particle précédent, si, sous prétexte de soutenir leurs prétendus droits, ils mettent le pied dans ce pays, Ton n'en reconnaît d'autres que ceux de l'Égalité et de la liberté, et la même peine est portée contre leurs agents et complices.

Signé : A. 0. Hofrcasv, pritiâenL Gebhibo, Fbavck, teeritairet.

En vertn de cet arrêté, trois députes do la Convention de Maycnco' élus députés, partirent pour Paris, pour demander la réanion da pays à la République française.

m

(AlaCtmmaim) Cokuttr,UÏ6pmî798.

CiTOTOS ReP£ÂSE5TA2IT8,

Les citoyens de la ville de Ck>lmar, animés du désir de contribuer au soulagement de nos frères des années, ont voué tous leurs moments aux ouvrages nécessaires pour le panse- ment de ceux qui auront la gloire de verser leur sang pour la patrie : différentes caisses ont été envoyées à l'armée du Rhin. Nous en adressons Tét^tt au citoyen ministre de la guerre. Nous n'interrompons notre ouvrage que pour apprendre à

112 BBVni O'AUAOB

nos enfiuits k Yoner leur vie et leurs talents au bonheur de la République.

Nous sommes très fraternellement les citoyens composant le bureau des ouvrages de la Société populaire.

IV

(A la ConventionJ MontbeUiard, le 10 octobre 17^3,

Je me sers d*un papier de denU trouvé dans le château du duc de Wurtemberg, pour tous apprendre que sa principauté de MontbeUiard est conquise à la France.

Après m'être assuré que ledit duc s'était avisé de fournir son contingent aux années coalisées, et que ses enfants étaient au service de l'empereur; j'ai formé et de suite exécuté le projet de m'emparer de MontbeUiard. J'y suis entré ce matin à six heures avec le bataillon de nouvelle levée de Dôle, cinquante hommes de cavalerie et autant d'artillerie légère; nous sommes entrés sans façon, avons pris la ville sans peine et sans user de poudre. J*ai ^briqué, fait imprimer et afficher de suite une proclamation.

J'ai foit foire main basse sur toutes les caisses, pour en fàire verser le produit entre les mains du receveur général de Besançon que j'ai requis de faire vérifier tous les registres, et jusqu'ici, le produit n'a été que de 18,000 li\Tes en numé- raire.

Quoique le cliAteau ait été dévasté, il y existe encore pour plus de 15,000 livres do meubles, que je ferai vendre, sauf quelques objets rares et précieux, que je pourrai conserver pour envoyer au Muséum.

Je vais presser le battage des dîmes des grains, pour le faire passer à l'armée du Bhin, créer un district, une municir palité, un dub, et faire séquestrer les biens du prince; j'ai déjà requis k municipalité de foire enlever toutes les ann<^

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LBTTBBS SUR Ul TERBEUB BN ALSACE 118

ries et signes de féodalité, pour y substituer le bonnet de la Liberté.

n ne se trouve dans le cbftteau qu'environ deux cents

mauvais fusils, je vais prendre des renseignements pour en

découvrir davantage, il est bon que vous sachiez que ce petit pays a discrédité notre pays dans tous les cantons voisins.

Bebnàbd de Saisies.

Stnuhourff, 29 Bru (19 novembre, an 2).

Je t'ai promis, citoyen Milliaud, de bonnes nouvelles. Je fen envoie de bonnes. Hier, 28, nous avons attaqué l'ennemi sur tous les points à la fois. La canonade a été vive de part et d^autre, depuis huit heures du matin jusqu'à trois heures du soir. Notre année s'est emparée de la redoute et du moulin de la Wantzenau. Nous laisserons bientôt ce lieu derrière nous. Je présume que demain nous serons & Weissembouig. Notre victoire sera complète, si nous pouvons aller débar- rasser Landau des esclaves qui rampent sous ses murs.

L'ennemi est tenu de près, il est presque cerné, il ne lui reste que le Rhin à boire ou à sauter. Voici la position :

Armée de Strasbourg Armée de Bitcue

Ennemi (sa

a

AlîM^ E DE SaVERNE

Pour cette fois, nous ne le manquerons pas; laquiliotine va son train. Une vingtaine de Jacobins sont arrivés à Strasbourg, Déjà ils ont remplacé Vhôtel des prêtres de la cathédrale par VhOtel de la patrie. Ils vont démuscader la Société populaire, et bientôt Tesprit sera bon ici.

DlLCAMBBB.

NooTtUe Mite. - iO^ aanét. B

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114

REVUE D'ALSACE

VI

Strasbourg, t'Jrumire,

L'esprit public fait chaque jour quelques progrès, hier on a célébré ici la fête de la raison; plusieurs prêtres lui ont fait hommage de leurs titres de sottise; révêque, même sans s'expliquer clairement sur rabjuration de ses erreurs, a

renoncé à toutes fonctions qui pourraient les propager.

La j)roiia^:aiKle envoyée pur les Sociétés populaires voisines produit le meilleur effet, et autant par son zèle que par le nôtre, nous tâclu rons de ne point laisser refroidir l'élan patriotique donné par les collègues qui nous ont précédés.

La perte de Tesprit public remonte, à Strasbourg, au temps de la puissance du maire Dietricb, il serait très important qu'il en subit sa peine sur le lieu du délit

Bàudot.

F.S, L'armée de la Moselle est à Limbadi, à trois lieues de Wissembourg et marche eu avant.

VU

Strasbourg, novembre 1793.

La terreur est à Tordre du jour sur cette frontière, les tri- bunaux révolutionnaires et militaires rivalisent de sévérité contre les égoïstes et les conspirateurs. Tous les riches, centre révolutionnaire et fanatique des villes et des campagnes, sont arrêtés par mes ordres. Kous croyons que leurs trésors qui sont encore sous le scellé, produiront à la République plus de 15 millions en assignats et numéraire: trois à, quatre jujîements révolutionnaires ont fait verser dans les caisses publiiiues plus de (]<M),00() francs (ramend<\ Xos collèirues Saint-Just et Le Bas ont fait déporter à Tintérieur tous les corps administratifs et nous avons fait arrêter et déporter à

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LETTRES SUR LA TERREUR SN ALSACE

Dyon tout rëtatnn^or de la garde nationale. G*est ainsi que liniftme complot de livrer Strasbourg s'exécute. Plusieurs officiers supérieurs et soldats de Tarmée du Bhîn ont été fusillés à la tète des corps. Le peuple sans-culotte se réveille; rarmée du Rhin s'électrise; celle des rois et des esclaves recule déjà d'effiroi: l'aile droite des ennemis vient d'aban- donner deux lieues de terrain et plusieurs villages, dont les habitants fanatiques ont émi<];ré. Nous vous avons envoyé le neveu du général autrichien Wurmser, qui a été pris à Stras- bourg.

MiLHAVD.

Vin

Flobsheim, le 7 frimaire, an 2.

J*ai pris toutes les mesures possibles pour relever le dépar-

teiiiL'iit (lu Haut-Rhin au niveau de la République. L'esprit public y est entièrement corrompu, partout des intelligences avec reniiemi, l'aristocratie, le fanatisme, le mépris des assi- gnats, l agiotage et l'inexécution des lois. J'ai combattu tous CCS Héaux, j'ai suspendu le département, créé une commission départementale, j'ai obligé la Société populaire à se régénérer, j'ai cassé les comités de surveillance dont les moins mauvais étaient feuillans, et je les ai remplacés par des sans-culottes, j*ai organisé ici le mouvement de terreur, qui seul pouvait consolider la République; c*est un comité central d'une activité révolutionnaire, qui nécessite la dénonciation et l*ao- tion rapide de toutes les autorités, une force révolutionnaire détachée de l'armée et qui parcourt tout le département, un tribunal révolutionnaire, qui mettra le pays à la raison. Je poursuis ces agens de Pitt, les horribles auteurs de l'incendie d'Uuningue, et j'espère les découvrir. Je prépare une fête à la raison, conquête remarquable dans ces contrées, sur la plus profonde ignorance, sur le fédéralisme le plus enraciné. J*ai donné partout cette impulsion, et sous peu, et dans quel-

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116 BSYCB D'aLBAGB

ques semaines, si les eflFets répondent aux mesures prises, le (It^partement du Ilaut-Ilhin ne acra pas roconnai.ssahlo. Je suis impatient de retourner ù mon poste; mais il est ur^rent que je sois remplaré i)ar un rej)n'Si iitant du jx'uple, pour suivre les me-^ur-s do sûreté ijénérale; j'indique le citoyen Fousse d'Oise, dont la mission ici pour la levc^c des chevaux est expirée et dont Tactivité et le zèle ne laisseront rien, à désirer.

HÉRAULT SÉCHELLE8.

IX

Le bailli do Dornok, cantoii do ScltMiio, tOnioif^iui toute son indigna- tion pour la violation du territoire fram.ais, comniisc dans un village près d'Altkirrh, par une horde d'éniii^rés et ([ueliiups bandits du canton qu'ils s'étaient associés, il écrivit de suite au pénéral français le plus proche, pour lui offrir toute satisfaction et déterminer lui-même le châtiment des coupables.

(Lettre de Uàle. du 30 novembre, à la Gazette natiotuile de France, 9 décembre 1 iXi.)

X

Strasbourg, le 20 frimaire.

GiTOTEK Ministre,

Depuis mon retour de Nancy, je me suis occupé des affaires qui concernent Tarmée, et c*est avec un plaisir bien grand que je m*en trouve rapproché et par conséquent à même, Goqjointement avec mon collègue, de t'en donner tous les jours des nouvelles.

Avant-hier, 18, nous nous sommes battus toute la journée. Nous avons pris trois redoutes k Tennemi, mais il est venu en force et les a reprises.

Hier, nous avons étt^ plus In^ureux. Le feu a commencé à la pointe du jour, et il travers une grêU; de balles et de boulets, les soldats de la lîepubliqiie se sont emparés des hauteurs qui sont en-deçà d Uaguenau. L'ennemi n'ayant plus de position

Dlgitizeti v^oogle

LKTTRBS SUR LA TERBEUB EN ALSACE 117

en avant de cette ville, nous y serions entrés le même jour, si la nuit n*avait interrompu le feu, qui n'a jamais, je te crois, été mieux soutenu, tant par les troupes do li*;ne que par les

bataillons de volontaires, i\m .se sont montrés dignes de la cause qu'ils défemliMit. La jjrise d'Hai^ueuau n'étant qu'ajour- née, j'espère te l'apprendre dans notre première. Nous avons perdu peu de monde et reunemi beaucoup, car il a été mis en déroute. Le feu a recommencé ce matin à la pointe du jour, il fait lo plus beau temps du monde, le soleil semble luire pour éclairer le triomphe des républicains et la fuite des esclaves. Ces nouvelles, comme tu vois, ne sont pas mauvaises. A demain, j'espère quo nous aurons de meilleures à t'écrire.

J'écrirai sous peu de jours aux citoyens SaintJust et Lebas, pour leur rendre un compte exact des différentes missions dont ils m'ont chargé.

Je ne te parlerai pas do tout le bien qu'ils ont fait dans ces départenit^nts, je me bornerai à te dire, que ya n'allait pas, et qu'à présent ea va.

Salut et fraternité !

Kenkix,

Agent du pouvoir exécutif près l'armée du Rhin.

Au CUijyen Bouchotte,

ministre de la Guerre,

XI

Saverne, le 2i) frimaire (19 décembre).

ÂUons, Eougili, vive la République française, 500 émigrés battus à Trutenbeim, par les Républicains (village qui cou- vrit le fort Vauban), Saint -Just et Lebas y sont, tu peux rester tranquille, ces bougres à poil n'eu rovieudrout pas avant d'avoir fait exterminer le reste.

TUBPUI.

("CbmânmteaftoM de H. A. Bbioit.)

NOTES BIOGRAPHIQUES

8UB LBB

HOMMES DE LA RÉVOLUTION

A

STRASBOURG ET LES ENVIRONS

Suite

MASSÉ (Hathibu).

en 1753 à Grenoble - 1789 à 1792. Maître d'écriture française, Petites-Boucheries, 33, à Strasbourg 28 février 1792. De la Société des jacobins 22 mai. Au Club, il signe la lettre-circulaire aux Sociétés affiliées sur la situation poli- tique des frontières du Rhin 11 mars 1793. Du Comité de correspondance et de surveillance des Jacobins, il raye VVaghette du Comité 20 avril. Il rappelle la Convention nationale a ses devoirs 14 mai. Son rapport au Club, sur la conduite du député Uïûû et sur celle du Comité delà dé- fense générale à Paris 23 octobre. Il réunit les suffrages unanimes pour composer le Conseil demandé par les repré- sentants du peuple 24 octobre. Le Comité des Jacobins et celui (le sûreté générale du Bas-Rhin le nomment pour procédera la nomination de vingt-un citoyens qui devront composer les trois corps administratifs 29 novembre. Au nom de Tétat-major, il rend compte, au Comité de sûreté générale du Bas-Rhin, de la situation de la garnison de

LB8 HOMUSS DE BÉTOLimON 119

Strasbourpf; il assure quo les ofiiciors do Téta t-maj or dou- bleront de zèle 24 décembre. Il dénonce : Rumpler, secré- taire de la commune ; Sommervogel, receveur; Finck, place du Temple, ajoutant au bas de sa dénonciation :

S^'lon m<iK rhoriimi> mct-hant qui est renfermé est moins à craindre

que riiomint' riiechaiil (lui osl en libcrié.

27 décembre. Il apostille la lettre collective à la citoyenne

Kieniin à Paris, en ces termes :

SdiiH'idpr, par son fictoîti i fcrmi»!!', a fait trembler tous les contre- révolutionnaires, les fripons et li s iiilrijxants, qui eelte fois ont eu le dessus sur lui. Faire le procès à .Schneider, c'est, selon moi, faire le procès à la Révolation.

10 janvier 1701. Arrêté dans la nuit et transféré au château de Dijon 19 janvier. De Dijon, il réclame au Comité de sûreté générale de la Convention, en ces termes :

Chef de lelat-niajor île la place de Strasbourj;. jacobin de 89, trésorier de la Société, vice-président depuis le dernier scrutin épuratoîre. Père de lis enbnis, tons en bas âge ; l'alné a 12 ans. Il a /UlUi en H èti« lanlernè par le peuple, pour avoir vodId arrêter une femme qui appelait

le peuple à la révolte, pour cm|)ét;her la mise des scellés sur les archives du chapitre de S;nnt-Pierre-le-vieux à Slrasîiimr;:. Il a t le premier à démasqner l' Ir.iitre Dirtrich. (|iii fui riepiiis. ainsi si's valets et complices, mes plus crueh ennemis. J ai iiuillé eu juin dernier i'adminis- tratioo du Bas Rhin, ma femme et mes enfants, pour voler dans la Yendèe à la desImctioQ des rebelles. Sur sa route, il dooDa réiell à tontes Ifes Sociétés populaires du Doubs, de la C6te-d*0r, de la llaute-Sadoe et de la Nièvre, sur le monsiiv dn fédéralisme qui menaçait en ce moment la République. Ce fut d'après les temoij<na.L;es de h's chefs, et de la Société populaire de Strasbourg, que le Conseil du pouvoir exécutif le nomma adjudant de place, il y a deux mois.

26 janvier. De Strasbourg, dans une longue lettre, sa femme Texhorte à la patience 3 février 1794. De sa prison de Dijon, il se disculpe vis-à-vis du général Diéche de Tépi- thète peu graciê>use de contre-révolutionnaire, et lui dit, en passant, qu il doit se rappeler que. le jour de Tattaque de Kehl, il était si ivre qu'il tomba trois fois de cheval 4 février. Le nouveau trésorier des Jacobins reçoit 9606 livres provenant de la gestion de Massé, ex-caissier de la Société 12 février. Il adhère à l'historique de la Propa-

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9MWVM O ALSACB

gande et de ses miracles à Strasbourg, n en adresse un exemplaire au CHub 13 février. Sa mise en liberté est demandée par les JacobiDS au représentant Rougemont, et accordée 6 avril. Au Oub, il est chargé de la rédaction d*une adresse à la Convention et au Comité do salut public en faveur de. Teterel, calomnié par le bataillon de rUnion A la barre de la Convention 11 avril. Comme a<ijudantde place, il se rend chez la citoyenne Walter pour bifTer sa signature au bas de trois certificats, cette femme s'y étant refusée^ il en informe le Comité des jacobins 13 avril. H informe Tautorité qu'au Ck)llége une femme possède un porte-voix, il ne croit pas que Tusjge de cet instrument sonore sied bien à une demois^^lle recluse, et qu'il serait sage de le lui ôter 31 mai. Il dénonce le drapier Diolsch pour avoir logé un prêtre réfractaire 28 août. D'une com- mission qui ira chez les représentants du peuple pour leur faire connaître les crimes do Noisette, Burger et autres conlre-rôvoluliorinaires enfermés avec eux, et qui réclament sans cosse leur liberté 2 seplembro. Aux Jacobins, il pro- nonce un discours contre Robespierre et la Propagande 25 septembre. Il en tient un second et (itmier 25 octobre Présent à la Société 1798 à 1ÔÛ5. Capitaine-adjudant de la place à Strasbourg.

MATTH£US (Jean-Christophb).

en 17G5 à Mittelbcrf^heim Avant 1789. Etudiant en droit à Strasbourg 1792. Avoué au tribunal du district de Strasbourg 10 novembre 179*3. De la Société des jacobins 3 octobre 1793. Commissaire national au tribunal du district de Strasbourg 22 novembre. Il demand'^ aux représentants la suppression do la permanence des douze seotions et Tépurement des Comités de surveillance d'a- près la censure des sans-culottes » 3 décembre. Agent national, il certifie le iransfôremeot de Tex-ministre protes- tant Blpssig au Séminaire - 80 janvier 1794. Qualifié d'an- cif'n juge, Uest élu agent national 8 mars. D exécute Tarrètéda représentant Bar, ayant trait à quelques destita-

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LES HOIfMBS DB LA StVOLimON

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lions et nominations 7 avril. Il rend les Sirasbourgeois attentifs sur les {grands besoins des armées ilu Hhin et Mo- selle, (jui manquent d'habits, de linj^e et chaussures 23 avril. De nouveau éla a^^ent national 12 mui. Il certifie l'état des dons patriotiiiues des Sirasbourgeois et des effets confectionnés pour l'artuée 06 et 80 mai. A sa requête, cent personnes sont arrêtées et tnifiM niées dans les prisons de la ville 13 juin. Il acc-'ple les me.suies d^ siirotê générale et de salut public, proposées par radmiuislialeur du bien public de la ville de Strasbourç 30 juin. Il requiert l'ins- pecteur de police à se présenter chez le général Gouguet pour obtenir cinq plantons à sept individus de la commune

34 juillet Au temple de TEtre suprême, célébration de ranniversalre du 14 juillet 1789, il signe rappel de la monicipaUté aux fias d*ouvrir une sousoriplion pour la confection d^'un vaisseau de guerre contre la perfide Albion

2 août n adresse ses félicitations à la Convention natio- nale, lors de la découverte de la conspiration du 27 juillet— 8 septembre. Foussedoire demande aux Jacobins leur o^- nion sur Uatthœus, agent national. Les avis étant partagés, la décision est remise au lendemain 9 s(>ptembre. n est destitué et placée peu de jours après, olficier municipal sous le maire André 25 octobre. Présent aux Jacobins 1797. Elu commissaire du Directoire exécutif près les tri- bunaux de Strasbourg 1798. Elu haut* juré du départe- ment du Bas-Rhin prèti la Haute-Cour de justice siégeant à Paris 1798. Elu pour représenter Strasbourg aux As- semblées primairet» du Bas-fUiin 1805. Avoué à WJssem- bourg et membre du Comité consultatif de bienfoisance de cet arrondissement.

MAUUElt ^J.).

1789. Habitant de Dorlisheim Novembre 1793. Af^ent de D' Samm pour la levée des taxes révolutionnaires dans le district de Strasbourg, en vertu de Tarrété de Saint^ust et Lebas du 31 octobre D'après ses comptes, il aurait perçu 180,774 livres dans onze communes des environs de

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188 BEVUB D'ALSàOB

Molahfiim H a fiiit partie da (Sub dee jacobins aoub te nom estiopié de Maor, il est encore Inscrit à la date du 25 octobre 1794.

MAYER. (ils ainé.

1792. De la Société des jacobins 25 novembre 1793. Le Comité de surveillance et de sûreté frénérale du Bas-Rhin, présidé i)ar Martin, l'impose à 15,000 livres 6 décembre. Intrigant amljilieux, il est rejeté de la Société des jacobins par le Comitt' d'épuration 30 mai 1794. Il est arrêté comme agioteur, intrigant el égoïste, ayant cherché à subor- ner les fouctionnaires pubhcs.

MAYER (Joseph), cadet.

179S. Membre des Jacobins au Miroir 27 mai 1793. Du corps municipal de Strasbourg; 6 décembre. Intrigaillon amWtienT, il est rejeté de la Société des sans-culotles par le Comité épuratoire.

MATER (SniON).

Avant 1789. Horloger à Strasbourg 1792. Membre de la Société des jacobins 10 oct. 1793. En cette qualité, il oblige son collègue Waghette à faire la visite de la maison Mertz, de la cave au grenier 19 décembre. Au Club il vote la mort des suspects reconnus ~ 17 janvier 1795. Nommé membre du Comité révolutionnaire du district de Stras- bourg.

MAYRAN.

1793. Officier municipal à Belfort En janvier 1794. Com- missaire civil du représentant du peuple Hérault-de-Séchelles 9juillet. De Landau, les représentants Hentz et Goujon le nomment d'une commission révolutionnaire ambulante pour TAlsace, les parties all^nnandes des Vosges et du Mont- Terrible. AColmaril fait arrêter un jeune médecin* qui avait eu Taffreuse idée de se faire faire une culotte de la peau d'un guillotiné.

' Morel, maire de Colmar après lft30.

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LE6 HOMMES DE LA RÉVOLUTION

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MAZOT ( Joseph-Htpoliib).

en 1760 à QsSUy, district de Franc - AYant 1789. Doreur sur métaux à Paris 1793. Il vint à Strasbourg, comme capitaine d^artillerie Du SO juin an 25 octolsro 1794. De la Société des jacobins.

MEGHLIN (Jean-Daniel).

en 1767 à Strasbourg, il était boulanger— Septembre 1790. De la Société des amis de la constitution 7 février 1792. De celle des Jacobins, dans laquelle il resta jusqu^â réparation en janvier 1795—1798. Elu pour représenter le canton de Strastx>urg aux Assemblées primaires du Bas- Rbin.

MENIOLLE (V.), fils.

Avan^ 1789. Négociant à Strasbourg et entrepreneur des lits militaires 31 décembre 1790. De la Sodété des amis de la constitution 9 mars 1791. Secrétaire de cette Société, il signe redresse aux membres correspondants et particu- lièrement aux électeurs du &4S-Bhin, pour les prémunir contre un prétendu catéchisme la religion est travestie, ridiculisée et remplacée par les principes les plus impies 7 lévrier 1793. Il reste avec les jacobins au Bliroir 10 lév. n a ibère à redresse envoyée à toutes les Sociétés affiliées, leur annonçant la sdssion 21 janvier 1798. Nommé notable du Conseil municipal S octobre, 5 no- vembre 1793, 30 janvier et 23 avril 1794. Maintenu notable sous M onet 2 août. Signataire de Tadresse de félicitations de la municipalité à la Convention nationale lors de la con- spiration de Robespierre 5 septembre. Après la chutede Honet, officier municipal, sous le maire André 9 octobre, n n^est plus aux Jacobins 17janv. 1795. Bailly le nomme notable sous Michel Mathieu.

MENGUE (R) ou MENG.

De Phalsbourg 18 octobre I7ît3. Membre de la Propa- gande, il assiste à l'assemblée générale des autorités consti- tuées et des Sociétés populaires dans le temple de la.Raison.

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MENLER.

20 novembre 1793. Membre do la Propagande et de la Société des sans-culotlcsde St^a^houlg, il tieiiiaiide à Bjudot et Lémane le temple de SauU-Tliomas pour y tenir leurs réunions, et de délivrer en môme temps un mandat sur le coffre des riclies aristocrates, |>our couv irles frais que cette installation nécessitera Ayant quitté Sirasb airg, il fut biffé de la Société des jacobins et la libte du 25 octobre 1794 ne le relate pas.

MËRGKEL ou MËRCKLÉ.

1789. Orfèvre à Strasbourg 1792. De la Société des jaco- bins — 17 novembre 179â. La trésorerie révolutionnaire lui paie 24 livres pour commission Plus tard, le Comité de surveillance des jacobins le propose comme hcn, capable et propre à remplir la mission de surveillant de la ville, et prin- dpalement à Tobjet des assignats 25 octobre 1794. Biffé desJacobins.

MERLIN (Antoixe-Ghristophe). en 1762 à Thionvillo, son pére était procureur de ce baillage 1780. Avocat au Parlement de Metz, quand la Uévolulion éclata, il en accepta la c;iuse avec toute l'exalta- tion d'un caractère fougueux 1791. Membre de l'Assem- blée législative pour la Moselle Aoûl 1702. Avec son col- lègue Jean de Eîrie, il va dans la Somme y lever 7000 liommes qu'il conduisit à Tarmée en Champagne 2 septembre La Moselle le nomme a la Convention n ationale Trois mois après il est envoyé comme commissaire à l arméedu géné- ral Cusline, puis à Strasbourg, il arriva le 2.') décembre 1792, pour se r<^ndre compte des accusations portées contre les fournisseurs milit lires et en même tem|>s s'assurer de Tesprit des populat uns de l'Alsace et surtout de Strasbourg, que les jacobins avaitmt d^'^peinls à Paris sous de sombres couleurs. Cette mission remplie, il ail i se jeter dans Mayence, alors menacé par les forces combiné» s des Autrichiens et des Prussiens. 11 ne put en sortir qu'après la capitulation, ce qui lui valut de n'avoir point voté dans le procès de

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LES UÛMMES DE LA RÉVOLUTION

125

Louis XVI. Â son retour, il fut chargé de conduire Tarmée de Mayenoe en Vendée, et il paya de sa personne comme devant les Allemands. De retour à la Convention, il se lia avec le parti qui renversa Robespierre. Dann la Journée du d? julUet 1794, il eut à faire à Henriut, oom- mandart de la force armée de Paris, qu'il fit arrêter, et assura ainsi les ordres de la Convention, dont il fut le pré8id»*nt le 19 août suivant 1** avril 1796. Paris ayant été d^daré en état de sié^e, il fut acQoiat au général Picbe- gru pour contenir les séditieux qu'on avait ameutés contra la Convention uationale Dans le même mois, il eut une seconde mission milUaire à Strasbourg et près de l'armée du Rhin Sa carrière léglslalive se termina à sa sortie da Conseil des Cinq-Cents en 1796 H remplit pendant quelque tempH les fonctions de commissaire ordonnateur à 1 armée dltalie et fut nommé ensuite administrateur général des postes; mais s'étant prononcé ouvertement contra le con- fiât à vie, il donna bientôt après sa démission, se retira dans sa campagne, Tancien couvent du Mont-Valérien, qu'A revendit pour acheter une propriété en Picardie Lors- qu'en 1814, les alliés envahiront la France, fl demanda Tautorisation de former une légion à Amiens. Elle lui fut accordée avec un brevet de colonel; mais les moyens d'exécution qui lui avaient été promis furent &ib1es et tardifs— 7 avril 1814. Dans une lettre au prince de Béné- vent il marqua son adhésion au gouvernement provisoire— En 1815, pendant le» cent jours, il refusa de se mettre à la tète d'un corps franc, cela n^empécha pas les Allemands de dévaster sa propriété, n y retourna plus tard pour rester étranger aux affiiires publiques.

MERTZ (Michel).

Avant 1789. Corionnipr à Strasbourfr, en 1749 à Darm- stadt 1" oc tobre 1792. De la Société des jacobins 3 octobre 179:1 Du Comité de surveillance des jacobins, il refuse à B^lia le droit d'occuper la p'ace de receveur du séquestre dea princes étcang6rB,ayant iaii plusieure banque-

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UVra D*AL840I

roatee 10 oddtxn. Propriétaire du 5, Marcbé-Neu^ le mSm» Ooaûté loi demandd al Von n'a pas apporté chez lui des eflfots appartenant à le Tarckhi>im, ez*inaire; sa réponde fut négative-^ novembre. Officier municipal— 3 déoraobre. B a^oppose au renversement des «tataes de la cathédrale 80 janvier 1794. Maintena officier municipal 8 mars. H nomme les commissaires qui devront installer les nouveaux Icmctioni-aires nommén par Bar 7 avril. U fiiit appel à ses compatriotes pour obtenir des vêtements pour l'armée du Rhin 35 octobre. H est encore aux Jacobins 17 jan- vier 1795. De la commission chargée d'épurer cette Société^ dont 11 est membre Tombé en enfance, âgé de prés de 90 ans, il est mort dans sa maison de la rue des Hallebardes à Strasbourg.

METZ (Jean-Louis).

en 1747 à Strasbourf?, il avait un commerce de chanvre avant 1789 Octobre 1792. De la Sociélé des jaco- bins — 18 janvier 1793. Oflicier municipâl 1" juin. Chargé de prendre des informations sur le receveur des orphelins de la ville. Il faut apposer les scellés, fut sa réponse 8 oc- tobre. Maintenu oflicier municipal 21 janvier 1 79-4. Pro- posé pour le Comité <ie surveillance des jacobins 8 octobre. Membre du Gtjmité de surveillance révolutionnaire de la commune, il assiste à la visite îles elT^Hs de Tex-maire Monet

25 octobre 1791. Encure aux Jacobins 17 janvier 1795. Notable du Conseil muni»'ipal 1798. Comini?saire de police de la 2* secUon, faubourg de Pierre, no 73.

METZGER,fils.

1789. Passementier à Strrisbourg 1792. De la Société des jacobins 6 décembre 1792. Elu not^tblede la commune 18 janvier 1793. Maintenu par Couturier, Rûhl et Dentzel

8 octobre, 5 novembre, 30 janvier et 23 avril 1794. Le peuple le nomme notable 25 octobre 1791. Bille dt-s Jaco- bins — 17 janvier et 5 février 1795. L esi maintenu notable par le représentant Bailly.

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LK8 HOMMES DE LA RÉTOLUTIOM

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MEYER (ÂNDBÉ).

1789. Batelier à StraBbourg— 1793. De la Société des jaoo- biDft— 8 octobre 1793. Ela offider manidiMil aons Monel 6 décembre. Dénoncé comme feoillaQt, U est rejeté du Club des jacobins par le Comité d*éparement— Décédé peu de temps après.

MEYER (André), fils.

Près de T^gUse de S«int-Guillauiîie à la Krutenaa De 1790 à janvier 1793, avec J.-F. Simon, il fut rédacteur du journal Oeschichte der gegemvàrtigen Zcit 3 janvier 1790. Membre fondateurde laS«iciétéde la révolution —11 février. De celle des amis de la constitution 17 Juillet. U en est le secrAtaire— 25 janvier 1791. De Pont-à-Mousson, on demande à unStrasbourgeois des renseignements précis sur les trou- bles dealers, et il lui est répondu que si Ton avait quelques désordres à essuyer, on ne pourrait les attribuer qu*à IMn- diRnation qu excitent depuis longtemps, parmi les catbo* ques, les réflexions indécentes, les calonmies atroces, nosolence peu commune de trois gazetiers luthériens, Meyer, Simon et Saltzmann, véritables brigands que, depuis six mois» les luthériens sages auraient faire périr eux- mêmes par le bâton S septembre. Sur le bureau de la Société des amis de la constitution il dépose un ouvrage de son crû, ayant pour titre : Emmage faU à VAtsemtHéB ma- Honàk, de quelques idées sur un vêtement un^ome et raisannè à Vusage des enfants, par Faust, docteur en médecim ; avec répigraphe :

L'humanité a sa place daos Tordre des choses ; reD&Dce a la tàtnw dans l'ordre de la vie humaine; il l^ot considérer l'homme dans rbomme et renbnt dans l*enAnt. assigner cbacnn sa place et fixer.

7 février 1792. De la Société des jacobins— (Test en 1792 qu*il s*engage comme volontaire. Après une année de ser- vice comme simple soldat, le général Gobtine qui Tavalt remarqué, le fit avancer en grade, tout en restant en garni* son à Strasbouiig Le 90 janvier 1793, il part pour Tarmée et son Journal cessa de paraître, son associé Simon, ayant

iJiyiiizea by CjOOgle

VETUE D*âXJB&OB

précédemment quitté l.i ré'iaction pour aller à Paris, il joua un des preaiiers rôles dans la jouroée du 10 août 1792.

MEYER (G.).

Fin 1793. Pn^mier ^ca<re à Saint-Jean-anx-Ondes à Strasbourg Novembre 1793. H adresse son abjuration an maire Monetet passe aux Jacobins; le 25 octobre 1794» il n^ est plus.

BUGHELOT (Jacques-Charles).

en 1745 à Besançon, avjtiit 1789 il élail employé dans radministration des vivres militaires En 1793, il vint occuper les mêmes foncli"ns à Stra-l)ourjT en no- vembre de la même année, il fut reçu Uieiubre des Jacobins, il ebt tJUCorele25 octobre 1794.

MIGHELOT (JeaN'Paul), fils.

en 1766 à Besançon, avant 1789 il était, comme son père, employé dans l'^administration des vivres militaires. Arrivé avec lui en 1793 à Strasbourg, pour y remplir les mêmes fonctions, il di^vançason péreet se Ût recevoir, en octobre 1793, membre de la Société des jacobins, U resta jusqu^à répuration, en janvier 1795.

MILHAUD (Jean-Baptiste), le comte.

le 18 novembre 1766 à Arpigon, département du Gantai 1788. Elève au corps du génie de la marine ^1789.Soas- lieutenant dans un régiment des colonies 1791. Com- mandant des gardes nationales du Gantal-^ptembre 1792. Député à la Convention nationale pour le même départe- ment — 15-19 janvier 1793. Dans le procès du roi Louis XVI, il vota la mort sans sursis et sans appel Sur cette dernière question il motiva son refus:

On aurait èearier de nous toute idée de soumettre à la sanction du

peuple le jugement du i-i-devant roi. Ija souverainelè de la nature est :tu-<!esstis tlp In soiivornlrioté du peuple ; les peuples u'nnt pus le droit de faire {;ràre aux lyr.uis; cl (|i!;iiid un'nn' l imptuiile de la tyraiiuie serait autorisée par uoe déclaratioM uatioiiak, la nature conserverait à chaque

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LIS BOmiBS DB BÊtOLOTlDIf 199

citoyen le droit des Brutus. Oser recourir k la souverainolé do peaplo pour te Jageneat d*iui roi, c*est abuser ds la sonTeralneU dn peuple ; Je snte donc d'avis d'écarter l'appel, et Je dis nos.

Juillet Ënvoyé aox annéeft des Ardennas ek du Rhin, il y fit «xéeoter ponefcaéUemenl toutes les mesures ordonnées par les Comités de la Cionvention ÂiriTé à Strasbourg dans les premiers jours du mois d*août» le 18, il lanoe une prodamatiosi aux hsbitants des frontières, les appelant « à prendre les armes et à former uns armée révolution^ naire qui, au moment dédsifî enfonce do toute part les rangs ennemis. Trois mille citoyens se sont déjà ralliés à PCeiffen- hoffen et marchent pour défendre les gorges du Bserenthal menacées par les Prussiens > 19 août H assure le Comité de salut public à Paris que les mesures les plus vigoureuses sont prises pour hftter le versement des grains et rechauf- fer le crédit des assignats. 24 août. A l'occasion de la résistance d'une partie du contingent de la 1" classe, il prend un arrêté contre la petite ville de Barr, ordonnant aux fonctionnaires civils et militaires de traiter les rebel- les do cette localité comme ceux de la Vendée, de détruire leurs habitations, les traquer dans les forêts, y mettre le feu et fusiller sur place les prisonniers (Ceux déjà en prison ont été condamnés à mort sans jugement préalable) 28 aoùi. Dans sa proclamation, adressée de Wissembourg aux égarés et aux trombleurs, il parle dans un langage plus conciliant ot les enga^^o à faire coainiu les autres ci- toyens, c'est-à-dire de \oler à la défense des frontières menacées 5 septembre. Au Club, il fait observer à la So- ciété qu'elle peut s'assurer de la sincérité des sentiments du Comité des sections réunies, par l'offre qu'il vientde faire de la levée d'un bataillon de Strasliourgeois destinés à la défense do nos frontières 1" octobre. Il jure sur la même tribune de se mettre à la tête de la levée en masse 3 octobre. Il destitue une bonne partie des autorités du Bas-Rhin et de la municipalité de Strasbourg G octobre. Il requiert les douze sections do la ville à fournir chacune cinquante hommes par jour pour travailler aux fortiiications

Nouvelle Sdrie. aBné«. 9

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REVUS D'aLSAGB

de la place.— 8 oct n nomme le fiuneaz Gomiiô de aurveil- lanoe et de sûreté générale du fias-Rhin 14 oet. Ordre à ce Comité de fiUre déporter, le plus promptement» tous les individus suspects détenus et même ceux qui ne le sont pas 14 oct. La municipalité fera exécuter sur-le-champ des visites domiciliaires et s^assureca de la quantité et de Tespéce de subsistances que les particuliers peuvent avoir dans leurs maisons. 15 oct. Avec huit de ses coUégueSp il crée une armée révolutionnaire de deux mille hommes commissaires civils avec pouvoirs très étendus et deux tri- bunaux à la suite de cette armée ambulante 19 octobre. Le Ciomité de sûreté générale du Bas-Rhin congédiera immédiatement de la riUe toutes les femmes de mauvaise vie et les gens suspects 20 octobre. Après avoir parcouru les lignes de Strasbourg à Landau, il déclare au Club avoir reconnu que Tarmée était dans de si bonnes conditions que, lorsqu'on demandait aux soldats ce qui pouvait leur manquer. Os répondaient : c Rien, que de nous battre » 80 octobre. Tous les banquiers, agents de change, notai- res et tous autres, ayant ;des relations dans les pays avec lesquels la France est en guerre, seront sur-le-champ arrê- tés, leurs papiers et numéraire saisis 1** novembre. On établira des bureaux pour la distribution des cartes civiques» on sera très sévère pour la remise des certificats de civisme et le Comité de sûreté générale lui rendra compte de Tarres- tation des riches aristocrates et de la saisie de leurs trésors 3 novembre. L*ofQcier municipal Jung est chargé de plusieurs arrestations et saisies de papiers, au besoin il féra enlever et fouiller les planchers 5 novembre, n annonce aux Jacobins de Paris qu'il a &it arrêter tous les banquiers, notaires, agents de change de la ville et de la campagne contre lesquels s*élèvent des suspicions. i«rai fedt plus, dit-il, toutes leurs richesses sont séquestrées et seront prêtées à la nation pendant que leurs personnes resteront comme otages enfermées jusqu'à la paix. Les sommes sous scellés se montent à vingl millions en numéraire et en assignats. Les caisses nationales se remplissent par les amendes im-

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BomaB BtVOLIinOlt

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posées par le tribunal révolatlomudre établi par nous. Les riches qui refusent d*(d)6ir à la salutaire loi da Uaximam, sont frappés par la justice vengeresse, la guittotina est en permanence à Strasbourg. Le peuple des sans-cnlottes s'éveille et son réveil est terril>ie. Envoyez-nous une colo- nie de montagnards de Paris pour propager ici Pamonr brûlant de la République et les hordes coalisées ne repas* seront plus le Rhin, qui sera leur tombeau > 8 nov. Le Ck>mité de sûreté générale doit lui rendre compte de la levée des scellés sur les papiers des banquiers, notaires et antres soélâcats arrêtés, afin d'alimenter la guillotine par la chute de leurs têtes 10 novembre. On lui présente un compte de 1,870,000 Uvfes qu'il approuve, ainsi que toutes les arrestations ordonnant que les personnes qui ont été enfîBrméesà StradDourg, seront envoyéesà vingt lieues pour y être détenues jusqu'à la paix 14 novembre. Il ordonne que les che& de la garde nationale de Strasbourg seront conduits de suite dans les prisons de Dijon. (Test à peu près à cette époque que le général de division Michaud lui expédie en toute hâte Ârriez,du 6* bataillon du Doubs, avec une lettre de la plus haute iaaportance, signée par un soi- disant marquis de Saint-Uilaire et adressée au citoy en en G. D. 17-18, place d'Armes à Strasbourg, saisie aux avant- postes français et renfermant un projet que voici :

Deux millft hommes, en nationaux, se prcsenleronl à la [Xitic de Stras- bourg sur les quatre heures du soir. C'est l'élite de la noblesse irauvaise. Os ne s'emptnfoot que des posl» dans la dernière enoeiiita. Deux cents ee porteront cfaei les représentants de la Convention et tes éforgeront. Tons nos partisans n'auront posr cri de rallienenl «se te nom dn niet une cocarde blanche. Les municipaux dont nous avons les noms seront poignardés; les autres, nos amis, seront nspectés. .Ne manquez pas, sitôt Qos deux cents hommes entrés en ville par le moyen de fourgons, dl'eaeloaer tas canons. H est trts fitcUe de rdèctner en lUsant vos pa- tronilles. Egorges les sentinelles et si votre projlet est déjoué et reconnu, périsses en mettant te feu aux magasins à poudre.

Les oontemporsins ont toujours considéré cette lettre comme de pure invention de la part des hommes slors au pouvoir pour autoiissr et absoudre leur projet de noyades

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dans le Khin A son retour à Paris, il fut successivement employé dans les Comités de secours et de sûreté générale de la Convention 19 décembre. U propose à FAssemblée des jacobins de Paris d'éloigner tous les contre-révolution- naires du sol de la patrie Envoyé par la Convention à l'armée des Pyrénées, il sévit contre les personnes qui avaient compromis la sûreté de la froiUièro De retour dans la capitale, il faillit être arrêté, mais il parvint à se justifier, et après la session il reprit du service militaire. Successivement nommé capitaine, chef d'escadron, chef de brigade au 5* dragons, sous Buonaparto en Italie, il se dis- tingua dans toutes les affaires importantes de cette mémo- rable campagne Après la révolution du 8 novembre 1799, à laquelle il prit pari, il fut nommé général de brigade et reçut une mission diplomatique pour le royaume de Naples et la Toscane. Peu après il obtint le commandement de Mantoue, et en 1803 celui de Gênes, qu'il quitta en 1805 poui- passer à la grande armée, il se distingua Ses exploits dans la campagne de Prusse en 1806, il força une colonne de six mille hommes à capituler, lui valurent le grade do général de division En 1808, il est en Espagne

En 1813, appelé à Tarmée d'Allemagne, il commandait la cavalerie du 14' corps, sous le maréchal Augeiau Pen- dant la campagne de France, il passa au 5* corps et défit une colonne de cavalerie russe, près de Cohnar' Après le retour des Bourbons en 1814, auxquels il donna son adhé- sion, il fut nommé inspecteur général de cavalerie et che- valier de Saint-Louis. Quelque temps après il reçut sa retraite

Rappelé après les événements du 20 mars 1815, il fit la campagne de Belgique. Après Waterloo il se retira avec Tannée derrière la Loire et fut un des premiers à hdreaser sa soumission au roi Louis XVIII ; mais, compris comme vottmt, dans la loi du 12 janvier 1816, il fut (xmtrtinl dd8*expatrler.

' Au-delà de la Thurr, vers Sainte-Croix-en-P laine. Avant de fondre sur rennemi, ses soldats mangèrent, k la h&te, les vhrm qnl tvalaiit été pié- parts pour les tUUs dsvaot riiOtel de ta Mirle, à ta SnU»m.

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UM HOMMBfl DE LA BÉVOLVTKm 188

MONET (Augustin), père.

Un Savoyard de NaDci-sur-Gluse, qui arriva en Alsace et fut nommé offider-changeur de Thôtel des monnoye» à la résidence de SaYeme,<3èaUondu 18 janvier 1786 —En 1780 il avait à Saveme, un commerce d^omements religieux, mais à cause des voyages qu'il était obligé de faire, et dans la crainte de malheurs, il réfugia tous ces objets chez son fils à Strasbourg, en juin 1792— 1793. Dg la Société des jacobins Les 8 octohro, 37 novembre et 10 décembre 1794, il assiste à la levée des scellés apposés chez son fils et à la clôture de l'inventaire Inutile de dire qu'à la date du 25 octobre 1794 il était d^à bi£Eé de la Société des jacobins.

MONET (Pibbrb-Franoois), me des Echasses, n* 9, maison Rivage.

en 1760 à Nanci-sur-Cluse, en Savoie. H arriva JeooA en Alsace avec son père Augustin Monet, qui habitait Savernsb il avait un commerce ^croements religieux. n fit ses études à l^niversitè catholique de Stiasbouig, il soutint sa thèse le 18 juin 1788; elle a pour titre : JDitsertath JnauguraUi JuruÛca de Jure ehrea Bermapkro- éHtoi qwm ex âeereh JuriaconiuUonm crdmis m Aima Ar- gentorakmiam UmoertUate pro Lteentia graëkm Dœkriê conqiurenâi ad diem IB Juni 1788 pubUee défendit Petrue fradecue Monei ex Nancy prope CUuam et fut nommé insti* tuteur au Collège français de ladite ville 1V99. Avoué ptès le tribunal du district de Strasbourg, il logeait alors rue des Veaux, n* 96» et en dernier lieu rue des Echasses» n* 0, maison Rivage— 16 mars 1791. De la Société dAsamis de la o(Histitution 7 février 1799L II passe A celle des jaco- bins 93 mai II signe la circulaire à toutes les Sodétés affiliées pour leur peindre la situation politique des firontières du Rhin~94 Juin. Araison de cette circulaire, il est assigné devant le juge de paix et le Qub est fermé— 91 août Gamot le nomme membre de r&dministration du Bas-Rhin, n est choisi pour le Directoire et lors de IMnstallation, Popp lui fit une forte opposition, en lui contestant Tége qull avait

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REVUE D'ALSACE

indiqué; on arrêta qu'il présenterait son extrait de naissance, mais la marche des événements Ten dispensa 12-14 no- ^rambre. A l'élection tenue à Wlssembourg, il est élu procu- reur r^én^ral du Directoire du Bas-Rhin 12 janvier 1793. De Paris, Bentabole lui recommande la suspension de la municipalité de Saveme et surtout l'envoi à cet effet de deux IxmB commissaires 21. Maire de Strasbourg en place de Saum. 9 février. Il mande au procureur général André quHl (kut faire faire la culbute à Jacquinot et à Rondouin, pour y placer Beauseigneur; tt ne faut pas croire que œ n*e6t que de Tintrigue ; ce sont de foutUB aristocrates, des gredins que Ton met à la porte pour en confier la def à de bons sans-culottes. 16 mars, n assiste à Besançon comme témoin à charge contre Dietrich 6 avril. A son retour,il requiert les riches de livrer, dans les vingt-quatre heures, un uniforme complet pour garde national, souspelne de 200 livres d'amende 8 avril, n fidt arrêter quatorze prêtres chez Antoine Mathis, boulanger au Métzgergiesen.— 2 Juin, nfidt apposer les scellés sur la correspondance de Ibrbadi. 22 juin. Uabhé Rumpler, enfermé au Séminaire, le dénonce au Directoire du Bas-Rhin, pour s*étre avisé d'é- crire aux douze sections de la ville que les républicains français avaient juré une haine étemelle aux prêtres de toutes les religions. Le Directoire se dédare incompétent 8 juillet AParrivée de la nouvelle oonstitutloo, apportée par Dentzel, il prononce un discours sur req)rit de la fraternité, de la liberté et le bien de lliumanité ^ 14 sept n &it arrêter Bnmok et de TQrcIcheim 8 Octobre. Membre du Cîomité de snrveiUanoe et de sûreté générale du Bas- Rhin 8 octobre. La Société des jacobins le maintient maire 18 octobre. B aasista à rassemblée générale des autoritésoonstitnées et des Sodétés poUtiques dans le temple delà Raison— 21 octobre. Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin, reyant choisi pour son président, il assiste à toutes les séances jusqu'au 4 décembre 1798, il est rem- placé par Mainoni— 22 octobre. H fait emprisonner Rausch. 93 ootobce. ÂQX Jacobins on le propose le quatrième pour

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U8 HomiiB DB BtroumoM

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un certain Conseil que les représentants voulaient créer à Strasbourg 28 octobre. Il ordonne l'arrestation desanciens baillifs, leurs greffiers.les chasseurs et forestiers seigneuriaux, maîtres d'écoles insermentés, servantes et domestiques de prêtres réfractaires, le plus riche des aristocrates de chaque commune, pour être emprisonnés à Strasbourg à titred'otages

2 novembre. Au Comité de sûreté générale il arrête une liste de 248 suspects à emprisonner 2 novembre. Saint- Just et Lebas le maintiennent maire à Strasbourg 2 no- vembre. Président du Comité de sûreté générale, il nomme une Commission de cinq membres à Tadministration du district de Strasbourg 5 novembre. Il insiste auprès de Goyardin pour que Eugler ne soit pas transféré à Chàlons

5 novembre. Â l'élection de ce jour, il est maintenu maire 6 novembre. H ftit arrêter le baron Mdéfio de Wnrmaer à Lingolshdm 17 novembre. Fête extraordi* naire, la Batoon devait être proclamée en aee droits, et le fuiatlimie ebaaaé éa Temple. Da chàtean on se rendit à la cathédrale bras eona bras et il m(«ta en cbair ponr annoncer la mort du déricat, Pavénement de la nonvéUe ère de la Raison et de la Liberté 20 novembre, n nous donne la description de cette lête et le résumé de son dis- cours, expliquant au peuple quel était le véritable esprit du culte qu*il devait profiMser désormais. On brûla ensuite devant lliôtel de la Raison, des ornements de saints béati- fiés et des bulles dlndnlg^nces. Sur la place de la Respon- sabilité, devant le ch&teau. quinze chariots de vieux livres et titres forent livrés aux flammes. De le peuple, en chantant des airs patriotiques, alla sur la place d*Ârmss» danser autour de Paibre de la liberté 9S novembre. Pré- rident du Club, il signe la demande à SaintJust etLébss de la suppreerion de la pennanence des douze sections et Tépu- rement des Comités de surveillance d'après la cen&ure des sans-eulottss novembre. Les représentants ayant fait droit à la demande, il renvoie Pexécution à la munidpalitô

20 novembre. H délivre un bon pour du beurre et des légumes secs pour la consommation de la Propagande.

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CTesl dam ce mois, qu'avec Seinl- Just, Labas et Teterel, il projeta les noyades dms le Rhin l*' décembre. Il aatoriae le procureur 83rndic du district à se rendre dans les communes du ressort, pour y asseoir une contribution sur les riches, payable dans les vingt-quatre heures et faire arrêter ceux qu'il croira suspects 4 décembre. U requiert Tad- ministrateur des travaux publics de faire abattre dans to plus bref délai toutes les statues de la cathédrale 14 déc D expose au Ck>mité de sûreté générale de faire arrêter Taf- fin, WolfT, Glavel, Ânstett, Martin, Nestlin et Zimmermann, ce qui eut lieu le lendemain 14 au 25 décembre. Il pré- side de nouveau le Comité de sûreté générale et le 23 il prend des mesures pour procurer des souliers aux soldats qui ont si vaillamment combattu dans la plaine de Bisch> willer-Haguenau 25 décembre. Au terme de la loi, il dis- sout ce Comité. 26 décembre. Il ordonne au portier du Séminaire que les aliments qu'on y apportera soient servis à tous les détenus sans distinction. 2 janvier 1794. C'est sous son influence que Mainoni et Brasndlé rédigèrent le résumé des interrogatoires subis par les complices de Schneider 5 janvier. Le représentant FSar le nomme président du Comité de surveillanco de la commune. 11 janvier. Avec la Propagande il est allé à Landau pour y faire incarcérer soixante-douze des meilleurs patriotes. 30 janvier. A Télection de ce jour il est maintoriu maire. 6 février. U s'adresse à Daniel Stamm alors à Schiestadt :

Je soupirp cnmmp toi après l'arrivée du tribunal révolutionnaire, ne s^iis ce qui arrête les juges. Notre échange (d'assignats contre écus) va assez bien, le tribunal révolutionnaire inspire de la terreur aux «gobtes et délie les homa», nous vnm déjà pané 8Mt»000 llvm» et cela œatliine kMloqrs de mène.

12 février. Les prisonniers du cbàteau de DijoUi le peignent de la sorte :

Monet, maire de Strasbourg, est un jeune hnrame qui n'a pas 55 ans. D ne manque pas de talent; mais il l'emploie plutôt à se maintenir en place, qu'à accélérer la révolution dans cette commune importante. On l'a va iltefDttIffiWBt findUant, modéré. fédénUste el moplagnaid. Qa Ta

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LIS HOmBfl DB hk BSVOLUnOM

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TU fiiire sa cour aux secUons, quaud elles marchaieul sur la ligne de 1^168 de Bbnellle et de Bordeaux. On td mootagiard après la chute dn parti de nnflme Brissot. On Ta vo proposer ft b Société populaire des mesures sévères contre les aristocrates, et ensuite devenir leur avocat»

leur procurer l'élargissement. On l'a vu dans ces derniers temps sin^^cr les ultra-revohitiûiinairos et s'enlrelenir dans son cabinet, plusieurs heures par jour, avec des aristocrates de Tun et de Tautre sexe. On l*a vu HMmer à la tribune oantre les bonmes suspects, voter leur mort (19 déoeuibre 1793) et le lendemain obtenir dn CkMnIté rélaiyiasaient des quatre plus ooupables d*enir*euz.

8 mars. Il s'intitule commissaire potir installer le nou- veau Comité de surveillance de la commime, créé par Bar le 5 janvier 9 mars. De Cbâlons, Rivage lui expose sa situation financière 22 mars. C'est du vin étranger et du bon ordinaire qu'il ordonne à l'administration des subsis- tances d'envoyer de suite au représentant Lacoste 7 avril. Il fait un nouvel appel au patriotisme de ses concitoyens, l'armée manque de chaussures et de vêtements, il faut,avant le 20, 7300 vêtements et 4200 souliers 7 avril. Il rédige, avec Massé et Ândré, une adresse à la Convention nationale et au Comité de salut public en faveur do Toterel 23 avril. Elu pour la dernière fois maire de Strasbourg 30 avril. Aux Jacobins, il pronoDco son fameux discours sur la con- juration de Tétranger dans le Bas-Rhin mai. Il fait placarder une proclamation à ses concitoyens :

Un cri odieux : Vive le Roi ! s'est fait entendre ; les expressions cri- minelles s'en retracent chaque nuit sur nos murs; nous avons des traltns dans notre sein, qui oeeralt en doutert etc.

2 mai . Cinq cents individus de Strasbourg seront envoyés pour travailler aux lignes de la Queich et de Germers- heim 24 mai. Le général Dièche l'intime à faire faire ce soir des visites domiciliaires, mais il renvoie la pièce au Comité de surveillance de la commune, qui à son tour prie Dièche de mieux préciser, pour seconder ses vues et les leurs. 5 mai. Il envoie au même Comité une liste de suspects dressée par les Jacobins et dont le nombre est important. 26 et 30 mai. H ordonne l'arrestation de passé cent personued de la viUe. Â âcette date il y en avait déjà

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près de trois mille entassées dans les prisons de Strasbourg IB juin. Il fait dire au Corps municipal, par Torgane de Bierlyn, administrateur du Bien public :

Dans vos dornii'res sé.mces. de nombreuses nrrestations ont (^tp pronon- cées, et vous avez purgé le sol de la lihertt^ d'nutant d'ennemis de la souveraineté du peuple. Vous avez fait votre devoir, mais ne croyez pas que TOUS avez rempli votre tâche ; Je vmis propose de nommer dansTOtre aelii une ecnniiadoii chargée de vous présenter les mesuras lani de sûreté générale qne de saint poblic, propres à régénérer resprit nationa!, el à introdoire l'Utacbementanx gnnds principes de nMMilepoiltiqne.

La motion est adoptée et Monet proclamé Ton des cinq commissaireB 1* juillet. H fiit arrêter Pfeffinger 5 juillet. Hentz et Goujon le prient de leur envoyer à Lan- dau du y/fxk rouge requis des riches 25 juillet. H enjoint aux smreillantB de Séminaire de ne point laisser entrer lee enftnts, pour éviter des 4x»nmmifoatlona avec les parente détenns 14 août De Sehlestadt, Daniel Stamm IMnforme :

Tu as été indignement traité' dans la Soriété de Colmar avant-hier; tu es le Calilina de l'Alsace, lyran qui captive la volonté des représen- tants.

A rapproche de l'arrivée du représentant Bailly, il quitta subitement la ville pour se réfurrier en Savoie, et le 1" oc- tobre 1794 on procède à Pinventaire des objets trouvés dans son logement de la rue des l^^chasses. L'auteur du livre bleu, qui a pu Tétudier de près, nous dit :

11 joignait à l'audace de la jeunesse toute la dissimulation d'un scé- lérat vieilli dans le crime. C'est lui qui. par ses démarches, nous amena les propagandistes, et devint ainsi le chet de la faction dominatrice qui régna sar SInsbonrg et sacrifia snooessivement tons ceux qni veolnrant s'opposer k ses vues ambitienses.

Les notes de Gamerin, agent du Comité de salut public, saisies à Colmar et déposées aux archives du royaume, le représentent comme fourbe, hypocrite, féroce au besoin; uniquement appliqué à rester lié au parti le plus fort. L'Em- pire l'employa dans les bureaux du ministre de la guerre, et sous la ^Restauration, le jeune Thiers le visita lorsqu'il recueillait des notes pour son ouvrage sui' la Révolution

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LEB HOMMBS DE LA BiTOLUTION

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fraDçalBd. Max de Ring dans ses NomeOea hi$Urique$ en Mi un soldat. Rien ne confirme cette assertion. Jean-Ptocre Monet, son frère cadet, fut éln en 1796 pour reiicésenter le canton de flavema aux Assemblées primaires dn Ba»-Rhin.

MONNET.

Un propafçandiste venu de Besançon Octobre 1793. H se fait recevoir membre des Jacobins 22 novembre, n demande à Saint-Just et Lebas la suppression de la per- manence des douze sections de la ville et Tépurement des Clomités de surveillance, d'après la censure des sans-culottes, et alors toutes les mesures de sûreté seront pleinement exécutées 19 décembre. Au Club, il vote la mort de tous les suspects, après qu'une commission populaire aura été établie par la Convention 11 mars 1794. Les jacobins le nomment commissaire pour examiner les crimes imputés à Schoeider 25 octobre. U n'est plus sociétaire.

MOREAU, dit MARAT.

Un propagandiste venu de Sedan Octobre 1793. Membre de la Société des jacobins. C'est par les prisonniers du château de Dijon que nous avons quelques données sur son compte Le 12 février 1794. ils nous informent :

Un nommé Moreaa, portant le surnom de Marat, osa dire à la tribune que les membres de la Soriélé populaire do Strasbourg' et le peuple des galeries étaient t«us des contre-révolulionnaires. Il lit la motion expiHM de Ikfra oomtnilre desmiaoDSd^irrêt poir lesy reiilîmoerl 1 1 Le lendemlii, à ta toetoie du procta-verbal» le aecréliire ayant no pen radoud les eipressions de Moreau, la Propagande fit rétablir la motim dans toute sa crudité, et y donna des développements qui dmeatbeUMOlip flatter les sociétaires et les citoyens des tribunes.

6 mars. Le Comité de sarveiUance des Jaoobins, chargé de faire on rapport sur sa conduite à Strasbourg, déclare qnll ne loi est parrenn ancun renseignement sur son compte, seulement on doit se rappeler sa motion Uliertioide, quand il disait ft la tribune : que nous importe, que quelques innocents périssent am les coupables; dépéchons-nous de septembriser, d'expédier tous les détenus sans distinction

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aima i^auaob

pour foire une seconde joamée. On aesore même qae les principaux de la Propagande le regardaieni comme on fout an extravagant mis en avant par son ami el coUègae Doriège, de Sedan. Fias tard le représentant Fanre. le fit arrêter et traduire devant le tribunal criminel de Metz, pour des relations et des lettres salaies avec one émigrée ; aoasi le 96 oetotne 17B4 il ne flgnre pas snr la liste du Glnb.

ETIEirirB fiÀRTB.

(LamtUepnMnemmL)

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BULLETIN BIBLIOGAAPHIQUË

I

Matérianx pour niMI éinde préhistoxiqae de l'Alsaoe par MM. les docteurs Bleiohkb et Fauiuui. CoIbiae, V* G. Deoker, 1880.

ln-S° de 105 pages et 5 planches.

« l'hitjtoire cesse, c'est aux pierres à parler. » C'est sous rinvocation de cet épilogue que les auteurs placent l'ospuscule dout le titre est transcrit plus haut. Fidèles à la méthode qu'ils ont suivie dans leur Description des objets en pierre recucilUd en Alsace, MM. Bleicher et Faudel se sont proposés de visiter tous les monuments existants sur divers points du pays et présumés ai>partenir à Tâge préhistorique ; ils les décrivent avec une précision parfaite, ils h's interrogent avec circonspection, mais ils se gardent, selon nous, de les faire parler un langage aussi affirmatif que le lecteur le dési- rerait. Cette réserve caractérise les disciples de la doctrine positiviste et ce n'est pas nous qui hasarderons une critique quelconque à ce sujet. Mais il nous sera permis de dire qu'en beaucoup de cas ils auraient pu être plus concluants, plus aftiruiatifs et (jne, eu égard à des constutations minutieuse- ment établies, ils auraient, en certains endi'oits, pu formuler des conclusions n'appartenant plus au domaine de l'hypothèse. Telle qu'elle se présente, cette monographie est un point de départ excellent et autorisé pour Tétude des temps dont il n'existe plus d'autres témoins et d'autres documents que ceux enfouis dans le sol ou dispersés à sa surface, mais souvent peu recoimaissables. Le travail de MM. Bleicher et F&udel

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doit ôtre admis comme ime première topognq>hie eiMnemeiit précieuse pour des recherches et des travaux ultérieurs. U a donc lieu de féliciter les auteurs de Tavolr élaborée et mise au jour.

II

Etudes statistiqfues sur rindxistxie de l'Alsace par M. Ch.

Grad, député au Reichstag édition Paris, Germer-Baillère

Colmar, Eug. Barth Strftsboarg, Koiriel, IbSO an toI. in-S^ de 451 pages.

11 y a dans ce volume une quantité prodigieuse de ren- seignements statistiques, exposés et commentés par Vauteur dans XV chapitres, dont le cadre de ce bulletin ne nous permet même pas d'indiquer le sommaire. Nous devons nous borner à dire que ce volume renferme tous les travaux que M. Grad a déjà publiés dans les journaux et revues, de l'Alsace notam- ment, et qu'il en contient un assez grand nombre qui n'ont pu trouver place dans ces mêmes publications. M. Grad a bien fait de réunir toutes ses recherches dans un ouvrage que Ton peut considérer comme un vaste entrepôt de renseignements statistiques et d'aperçus économiques bons à consulter. Le spécialiste, le curieux et l'homme adonné à Vétude des conditions sociales y auront recours toutes les fois qu^ désireront se reosdgner sur Tactivité industrielle et commerciale de TAkace et sur sa situation économique. On ne peut que savoir gré à M. Grad d'avoir emmagasiné tant de choses diverses, dont le lecteur pourra se fiûre une idée satîs- fi^sante en parcourant la table sommaire des chapitres dont se compose l'osuvre principale du député de Colmar au Par- lement de Berlin.

m

BaUetin de la Société belfortaine d'émulation, pour les années 1877 à 1879 Belfort, imprimerie de J. SpitmuUery 1B80

In-S** de 119 pages et une photographie.

Si l'on devait juger de la vitalité de la Société belfortaine d'émulation par la plus ou moins grande importance du bulletin qu'elle publie, on serait porté à conclure que l'ému-

BCLLSTIH BIBLTOQRAFHIQUS

148

lation proprement dite est absente, que la Société n'a qu'une existence nominale et qu'à son égard les sociétaires sont dominés par l'indifférence ou plongés dans le sommeil. Tel n'est pourtant pas le cas. On travaille à la Société belfortaine d'émulation : pour s'en convaincre, il suffit de lire les rapports de son président sur les travaux de la Société et l'enrichisse- ment de ses collections. Du travail et peu de bruit; telle semble être sa devise. Cette façon d'être a son mérite et nous ne la contrarierons pas en parlant longuement du bulletin qu'elle vient de faire distribuer. Un y trouve des choses qui ont un véritable intérêt local ; ce sont par exemple : la repro- duction d'une notice inédite sur la ville et le château de BeUort en 1731 ; la photographie d'une statuette eu albâtre qui proviendrait des ruines de Mandeure. Cette statuette représente une Vénus pudique et son image, bien réussie, relève le bulletin qui lui a donné asile. Une notice, due à M. Farisot, sur la caverne de Cravanche, mérite d'être parti- culièrement signalée.

IV

BéUgmamk AJmxmnér; on les tribnlatioBa d'un iméliie strasbow gsoit pendant la Teneur, par Booousn Baow Extrait deeJ/yicftM

de Strasbourg In-12 de 44 pages.

Tandis que la Germanie s'agite pour réveiller la haine des chrétiens du moyen âge à rencontre des enfants d'israôl, il se trouve en Alsace des écrivains assez osés, assez hardis pour combattre et flétrir ces excitations religieuses, parentes du « Kutturkamgf a au pays de la crainte de Dieu et des bonnes mœurs. Cest que i'Âlsace est fille de la Bévolution française et attachée, autant qu^à sa propre vie, aux principes dont l'humanité tout entière est aujourd'hui bénéficiaire. C'est dans les plus mauvais jonis de la Terreur que M. Bod» Beuss a cueilli le siqet de llntéressante relation oh les sentiments de TAlsace sont mis en opposition avec ceux de TAUemagne sur le terrain de la tolérance religieuse et des droits civiques. Sa petite notice est une page instructive de lldstoire politique, morale et religieuse de l'Alsace au moment suprême de son identification avec l'esprit et l'âme de la nation française.

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V

JMB-GMrgM StolM 1819-1880 Biogrmplii* d*ui wvaiii Hànte-AlSM^ présentée par M. Auguste Stœber, avec VB poctnit

Strasbourg, imp. de II. Schultz et C«, 1881 In-S» de 26 pages.

A la prière de la famille de J.-G. Stoffel, bibliothécaire de la ville de Colmar, décédé le 3 septembre dernier, M. Auguste Stœber a bien voulu livrer à l'ihipression Tesquisse de la vie et des travaux de l'un des plus sérieux et des plus modestes amis des lettres alsaciennes. Cette biographie, écrite en alle- mand, sera reproduite eu français dans la Bcvue d'Alsacej dont Stoffel fut m ami dévoué et trop discret collaborateur.

VI

Le Christklndel et Hane Trapp en Alsace, par M^iukicb EiiaBL- MàMù Berger-Lemolt, 1880 Is-8* de 8 pages, am mie plu^

Dans qnatre pages de texte, un de nos bon» et fieuz amii a retracé les usages de TAIsace pour la eélébratlon de la lête de NoeL C'est la pratique traditionnelle adoptée sur la live gauche du Bliin pour imprimer, en caractères ineffieiçables, dans req»ril de Tenfance la notion du bien et dn mal, c'est-à- dire la naissance du Christ, accompagnée de toutes les joies et de la récompense, et llntervention du génie dn mal Hans- trapp accompagné de toutes les terreurs et du châtiment Un artiste, H. Théophile Schuler, Strasbouigeois comme M. EngeUuffd, a illustré cette légende dans un dessin cazao- téristîque et vraiment charmant Cette composition attendait son historiographe et IL Engelhard a bienyoulu Tétre sur les sollicitations de IL £. Seinguerlet, notre excellent et loyal compatriote, qui, depuis deux ans, dirige une publication nouvelle, la Berne àleaeienne, éditée par la maison Berger- LemuH et C*, établie li Paris et à Nancy.

La communication de If . Engelhard, tirée à part ayee la gravure du dessin de Schuler, est, si mince qu'elle soit, un charmant feuillet de l'histoire populaire et reUgieuse de TAteace.

FnfiDÉBIO EURTS.

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U MISSION FRANÇAISE

CHEMIN DE FER A TRAVERS LE SAHARA

Un de nos compatriotes, M. Béringer, ingénieur ci\il, fait partie de la mission qui, au commencement de l'année dernière, a tenté, sous les ordres de M. le colonel Flatters, de se frayer un chemin à travers le Sahara, pour étudier la possibilité d'établir une yoie ferrée reUant les centrées centrales de rAfrique à TAlgérie. Arrêtée dans son entreprise et forcée de revenir sur ses pas, la mission a soUidté et obtenu du gouvememoit les crédits nécessaires pour une seconde expé- dition; die s'est mise en route il y a quelques mois.

Avant son départ, M. Béringer a promis de m'adresser une relation de ce voyage. Trois lettres ijic sont parvenues jusqu'à ce jour; d'autres sont promises par les courriers qui oifriront le plus de sécurité pour me les faire arriver.

Bien que cette relation s'écarte du cadre des travaux aux- quels la BevuB d! Alsace est spécialement consacrée, j'ai pensé d*accord avec M. le directeur de ce recueil qu'il conve- nait d*7 conserrer le souTonir de la particqiation d'un Alsacien à une entreprise particulièrement intéressante pour la Fiancé

NMmOt SMt. - MF* aanée. 10

GHARG&E DE L'ÉTDBE DU

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et TEurope tout entière. Nous avons pensé en outre que les lecteurs nous sauront gré de n'avoir pas conservé pour un cercle restreint des informations qtt*on lira avec autant de satisfoction que nous avons de plaisir à les communiquer à la clientèle d^élite de la Bévue.

I

Laghouat, 17 novembre 1880.

Mon cher ami,

A mon retour de notre première exploration transsaharienne, tu m'as témoigné le désir d'avoir quelques renseignements non seulement sur les régions encore absolument inconnues, mais aussi sur notre tnlet en Algérie. Tu veux savoir ce que voit le voyageur qui d*A]ger se dirige vers le Sud, comment il est véblcidé, comment il est coucbé. Cest presque un journal de route quil te faut. Qu'il soit fait selon ta fantaisie ! Mais sois indulgent pour le narrateur, et n'oublie pas qull transcrit ses souvenirs sous la tente et en courant

Nous nous sommes embarqués à Marseille, mes deux col- lègues et moi, le 30 octobre, à ô heures du soir, à bord de la Ftfls de Madrid, de la Compagnie transatlantique. Le 1*' novembre, à 1 heure du matin, nous mouillions d^à dans le port d'Alger. La trav|r8ée n*a donc duré que trente^eux heures. Ce court haps de temps a paraître toutefois ringn- Kàrement long à quelques passagers, car la mer était houleuse aux approches d'Alger. Presque personne n'apparut au dîner du 81, et les gémissements, entrecoupés de hoquets et d'appels désespérés aux garçons, qui partaient de toutes les cabines, formaient un étrange concert pendant toute la nuit qui pré- céda notre arrivée.

UNE CXPLORATION DD BAHARA

147

Fais-moi grâce de la description d'Âlger. La ville, vue du port, se présente bien, et quand la lumière tombe obliquement svr ses grands docks, ses minarets et son pdlemèLe de maisons blanches et cubiques qui semblent amoncelées les unes sur les autres, on quitte ayec regret le steamer à bord duquel on peut contempler, à son aise, cette belle toile de fond. Hais les coulisses ne Talent pas le décor et Alger n*oifire qu*nn intérêt médiocre pour le touriste. Mais si la ville est terne et mono- tone, les environs sont ravissants, et les amateurs de frais ombrages et des bains de soleil peuvent s'y déclarer satisfaits.

Nous comptions quitter Alger dès le lendemain de notre arrivée. Mais il nous fut impossible de trouver des places dans les diligences qui font le service entre Blidah ou la Chifïa, deux stations sur le chemin de fer d'Oran, et Laghouat. Il y a une voiture, tous les jours, jusqu'à Boghari, petite localité à 166 kilomètres d'Alger, mais de Boghari il ne part de voiture pour Laghouat que tous les quatre jours. Il nous fallut donc patienter jusqu'au 5 novembre, date à laquelle nous dîmes adieu à Alger et à ses garçons d*hOtel et de caié aux mous- taches en croc qui Caraient rêver leurs confrères du continent, aux têtes de sénateurs, s*ils se voyaient en présence.

La ligne d*A]ger à Oran que nous empruntâmes jusqu'à Blidah est eiploité e par la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée. EOe est à vde unique et limitée tantôt par des haies comme nos lignes du continent, tantôt par des bordures de figuiers de Barbarie et d'aloès. Les wagons sont à circulation centrale, à peu près comme sur les lignes suisses. En quittant Alger, nous contournons la baie dans la direction du Sud-Est jusqu'à la station de Maison-Carrée oîi se détache le tronçon achevé de la future ligne d'Alger à Constantine. On revient alors à la direction définitive Sud-Ouest, longeant le versant méri- dional du Sahel, petite chaîne de montagne qui borde la Méditerranée, et tendant vers le massif de l'Atlas qui se profile nu^estneusement à gauche. La plaine de la Mid^ja que nous

«I

148 Unni D'AUAOB

traversons obliquement est une des plus fertiles de TAlfîérie, grâce aux efforts de nos colons, dont les travaux ont assaini cette région si malsaine au moment de la conquête. Malheu- reusement, nous sommes en hiver, les récoltes sont faites et le ciel est gris. La vaste plaine, malgré sa fertilité, paraît monotone, et les plantations d'eucalyptus et de platanes qui bordent la ligne ferrée, les rares troupeaux qu^on aperçoit de loin en loin, les quelques plantations d'oliviers qui apparaissent un instant pour disparaître presque aussitôt ne réussissent pas à égayer le paysage. H hnt du soleil en Algérie.

Vers 3 heures nous arrivons à Blidah, petite ville proprette, avec de beaux travaux de voirie et d*irrigation, sitnée au pied des premiers contreforts de TAtlas. On n'y rencontre plus que do rares vestiges de l'ancienne ville arabe. Les femmes arabes n'y portent pas le voile comme à Alger. Elles s'enveloppent de la tète aux pieds dans la ])ièi'e d'étotte qui leur sert de man- teau et la drapent autour de la tête, de façon à ne laisser qu'une fente de deux à trois centimètres devant un œil. D'une main elles maintiennent les plis de leur manteau, de l'autre elles portent leurs provisions ou traînent leurs enfants. Un pain de sucre représente assez bien la silhouette de Tensemble^ et il est superflu, je pense, d'iyouter que cet ensemble est absolument disgracieux. Les hommes sont mieux avec leun vestes aux broderies multicolores, leurs laiges culottes, leurs turbans roulés avec art, et leur air solennel qui les fait ressembler k de doctes philosophes se livrant à de hautes spéculations de métaphysique, plutôt qu'à de modestes mar* chands ruminant sur le cours élevé des oignons et la mortalité précoce de leurs moutons.

Le lendemain, à 7 lieures 10 minutes, nous partons de Blidah pour Médéah. La dili^t ncc est confortu])le et sept vigoureux chevaux, dont quatre attelés de front, agrémentés de cocardes et de rubans jaunes et rouges, l'entraînent gaiement par une belle matinée. Après un court arrêt à la station de la ChifEa, on

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ira woofhOÊLkTum tn aahasa

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s'engage dans les gorges, dont la station a emprunté le nom. La route, bien entretenue, lon<;e le torrent encaissé dans des parois abruptes de plus de 100 mètres de haut. Le paysi^e est grandiose et justifie la réputation qu'on lui a faite. A 10 heures, halte au ravin des Singes, frais valloD bien ombragé, égàjé de cascatelles et abritant un reataorant, dont nous ipprédoas les produits culinaires. Après un court arrêt, la diligence repart, continuant de monter la côte, toqjours au petit trot, malgré la rampe. La TàUée reste pittoresque, des filets d*eau fuissent le long des parois et tranchent sur le Tert fBuiUage des arbres qui ont réussi à pousser, on ne sait trop comment, sur le rocher uni et luisant Nous rencontrons de lourdes voitures de roulage attelées de huit cbevaux et por- tant jusqu à trois tonnes, des convois militaires, des files d'Anes chargés de provisions. A 1 heure et demie du soir nous arrivons à Médéah.

La ville de Médéah est d'aspect européen. Elle compte environ 12,000 habitants, dont près de 2(KK) israélitos. C'est samedi, aussi voit-on ces derniers en grand nombre se pro- mener sur la place publique, tous endimanchés ; les uns portent le costume européen, les autres ont conservé la veste et le pantalon du Maure, mais ont substitué au turban une casquette plate qui jure singulièrement avec le reste de Taccoutrement Tu vois qu'à Médéah, comme à Alger, TasBimilation, au moins extérieure, des Israélites va bientôt être un fût accompli

Bien que nous ne soyons qu'à 90 kilomètres d*Alger, la température est étrangement modifiée. Il fait froid, et nous nous approchons volontiers des feux qui partout brillent dans les cheminées, à l'hôtel, au café, dans les maisons particu- lières. Nous sommes à 920 mètres au-dessus du niveau de la mer. C est l'explication de la basse température qui règne en ce moment.

Les environs de Médéah sont bien cultivés. (»n y a i)lanté

la vigne qui y réussit fort bien et donne lieu à un commerça

180 BBVUB D*AU*fll

de vins déjà assez important Mais les arbres manquent et la

campagne n'a plus cet aspect riant qui nous avait frappés à Blidah.

A 5 heures du matin nous partons de Médéah. La voiture est bondée de voyageurs et de colis. La route, toujours bien entretenue, suit la crête du massif montagneux, ramification nord-Bud de la grande chaîne de TAtlas. Le pays est cultivé et une asses grande surface est couverte de foréto od domine le chdne^lège. Nous passons près de Berouac(la, petit centre de population dans le voisinage duquel se trouvent des sources thermales sulfureuses et des ruines romaines. A 8 heures nous nous croisons avec un bataillon de souaves en route pour Alger. A la tête est le commandant Gorre que nous saluons avec une vive joie, nous rappelant la réception si cordiale qu'il avait faite aux membres de la mission, lors de leur précédent passage à Laghouat.

A une trentaine de kilomètres avant d'arriver à Boghari, nous pénétrons dans le bassin du Cheliff, la plus grande rivière de r Algérie; mais au point oii nous le rencontrons ce n'est qu'un ravin profond avec un maigre filet d'eau an milieu d'une plaine nue et stérile.

A 3 heures de l'après-midi la diligence s'airdta à fioi^isri, à 165 kilomètres d'Alger. A partir de là, fl n'y a plus de dili- gence que tous les quatre jours, dans la direction du Sud. Dans cette saison le nombre de voyageurs est assez considé- rable: ce sont surtout des officiers allant rejoindre leur corps et des Mozabites voyageant pour leurs affaires. Plusieurs de nos compagnons de route, qui n'avaient pas eu la précaution de s'assurer de leurs places par télégramme, sont obligés de séjourner à Boghari jusqu'au départ de la voiture suivante. La perspective est peu attrayante, car Boghari est loin d'être un Eden. Aussi les malheureux voyageurs ont-ils recours à toute leur éloquence pour décider le maître de poste à les emmener le londemain. Hais rien n'y hit Les chemins sont

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trop mauvais pour qu'il soit possible de surcharger la voiture. Il faut que nos compagnons se résignent à attendre» pendant quatre jours, un nouveau départ

A Boghari finit le Tell et commence la zône des Hauts-pla- teaux. La région cultivée et boisée de TAtlas fait place à des plaines de terre sableuse, ondulées, sans autre végétation que des touffes d'herbes de 0-,30 à 0*,40 de lianteor. C^est que eommeiiee le Sahara algûrieii.

Boghari est le nom de deux YÎllages, le premier tont eoro- péea sur les bords de Toned GheUff, avec quelques jardins, le second perché sur un rocher et habité exdusiTement par des Mosabites, des jnift et des hétères aussi provocantes que peu séduisantes, attirées par les marchés importants qui se tiennent tous les huit jours entre les deux villages et leur amènent de nombreux clientii. A 4 kilomètres de là, de l'autre côté du Cheliff, le fort et le village européen de Boghar sont juchés à une grande hauteur, sur le versant d'une montagne boisée. C'est un ancien établissement militaire d' Abd-el-Kader, qui a été remplacé par une redoute et un village. Ce point est important non plus au point de vue stratégique, mais parce quil constitue une sorte d'entrepôt se concluent les mar- chés entre les nomades et les habitants du lelL Cependant la pt^ulation de Boghari et de Boghar réunie ne dépasse pas 4000 habitants, parmi lesquels on aurait de la peine à compter 600 Français. L'aridité du pays explique le peu d'importance de la colonisation. Il semblerait néanmoins qu'on pourrait tirer meilleur parti qu'on ne le ftit de Teau charriée par roued Cheliff, quelque faible que soit le volume débité. L'as- pect de la campagne est triste. Le rocher paraît à nu sur les collines; dans la plaine il est couvert d'une terre argileuse, sans eau, sans végétation. Sauf quelques rares sommets, toutes les collines sont déboisées. Et cependant, à en croire les indigènes, il y a à peine 80 ou 100 ans, toute cette région, depuis Boghari jusqu'à Laghooat, sur 2ô0 kilomètresi était

couverte de forêts touflFues et alimentée par des sources nom- breuses aujourd'hui taries.

Lo 8 novembre, à 3 heures du matin, nous quittons Boghari. La route empierrée cesse bientôt, et dorénavant nous suivons un diemin de 100 à 200 mètres de large, reconnaissable par un léseau d^ornières qui suivent à peu près la direction jalonnée par les poteaux télégraphiques. Nous avons quitté la vallée de Toued Cheliff et nous traversons un pays des plus monotone, moucheté de touffes d'herbe fiuiées qu'on distingue à peine du sol nu et caldné, de couleur brune comme elles. A notre droite on remarque des dépressions transformées en marécages pendant la saison des pluies. La voiture n'avance qu'avec difticulté malgré ses six chevaux qu'il faut laisser souftler fréquemment et qu'on soulage autant que possible en suivant la diligence à pied. Parfois on est distrait par quelques chameaux, un troupeau de moutons au pâturage, des tentes de nomades dans le lointain. Le reste du temps on n*a pour égayer la vue que le défilé mélancolique des poteaux télégrar phiques.

Le reUi est à Am Oussero, caravansérail isolé dans la plaine. Nous y d^eunons. Un assez grand nombre de cara- vansérails analogues sontéchélonnés entre Boghar et Lagfaouat

distants en moyenne de la longueur d'une étape. Leur type est sensiblement uniforme. C'est une enceinte carrée de 5 mè- tres de haut, percée de meurtrières, contre laquelle sont adossés intérieurement différents corps de logis : logement du gardien, salle à manger, buvette, chambres à coucher, écuries, remises. Au milieu un puits. Ces caravansérails sont en général proprement tenus. On y trouve un gtte et une table convenablee, à des prix modérés. Le tarif des r^as et des lits est affiché dans chacun, n est signé par le .commandant supé- rieur du cercle, car nous avons quitté le territoire civiL

Notre q»pétit satisûàt, nous remontons en voiture. Mais nous n'avons pas encore £sit 4 kilomètres, que Tessien de

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UNE EXI-LÛBATION DU SAHARA 168

derrière de la diligence vient à Be rompre. Le conducteur déclare le mnl facile à réparer. Toub nons étions sept nons loi prétons notre concours. Nous faisons la chaîne pour descendre les bagages; noUs soulevons la voiture, pendant que le conducteur iicelle tant bien que mal dee morceaux de bois autour de Tessieu cassé; nous hissons de nouveau toute la charge sur l'impériale. Le véhicule se remet en route, mais au bout de peu d'instants, nouvelle rupture. Décidément nous ne sommes pas outilles pour une réparation de ce genre ; il faut renoncer à cniitinucr notre route. Le conducteur n'a qu'uu souci: remettre les dépêches au relai suivant. Avec notre aide il décharge une seconde fois les colis. U ramène ensuite la voiture vide au caravansérail, monte sur un de ses chevaux, le sac aux dépêches en croupe, et pique vers le Sud, abandonnant avec une parfiûte désinvolture tous les bagages au milieu du chemin et cherchant à nous consoler de la mésa- venture par Passurance que nous trouverions des places dans la voiture suivante ^ e'est^dhre dans quatre jours pour continuer notre voyage.

La perspective de passer quatre jours dans le caravansérail d'Aïn-Oussero, isoli^ au milieu d une contrée aride, est acceptée avec résignation j)ar les deux Mozabites qui font route avec nous. Ce qui est écrit est écrit! Deux autres de nos com- pagnons, appartenant à Tarmée, font bon visage contre mauvaise fortune. Ds en ont vu bien d'autres I Pour nous, la situation est plus grave. Tous les autres membres de la mission sont réunis à Laghouat, et le départ de la caravane pour le Sahara doit avoir lieu presqu'aussitôt après notre arrivée. Nous ne pouvons donc différer la continuation de notre voyage. Mais que foire? A (brce dinstanees nous finis- sons par décider le gardien du caravansérail à essayer de nous conduire à Guelt-es-Stel, autre caravansérail situé à 42 kilomètres plus au Sud, oii notre diligence devait rencontrer celle de Laghouat venant en sens contraire, et oU s'effectue

ISA UTUI «*ALU<S

hftbitQelIement le transbordement des voyageurs et des colis.

La carriole est bien légère, les chevaux sont harassés de fatigue, la nuit est noire et abominable. Nous faisons une bonne partie de la route à pied. Enfin nous arrivons à Guclt- es-Stel, heureusement avant le départ de la diligence de Laghouat qui a lieu à deux heures du matin.

Mais nous ne sommes par encore au bout de nos tribala- tions. Le conducteur de la nouvelle voiture refùse de nous flnaenerl Sou véhicule est en trop mauvais état; il a B'anêter plusieurs fois, en venant, pour le réparer; la route est eiécrable; nous risquons de tomber en détresse au milieu du chemin. Après de longs pourparlers fl finit cependant par nous laisser courir les chances d*un Mvouac de nuit, et nous voilà en route, une nouvelle fois.

Jusqu'alors nous avions voyagé dans des diligences à peu près convenables. Notre nouvelle voiture justifie le surnom de « botte à cirage » qu'on lui donne. C'est un char-i\-bancs fermé par des rideaux en loques qui laissent circuler libre- ment la bise du matin le thermomètre ne marquait que 2*, et orné de sièges sans dossier qui rendent absolument vaine toute tentative de dormir.

Par bonheur, notre t botte à cirage » ne se disloque pas de la nuit et vers 11 heures du matin nous arrivons au caravan- sérail du Bochernle-Sel, oh nos pauvres mules, toutes blessées et saignantes par suite des rudes coups de collier qu'elles ont donner pour traverser les sables et gravir les escarpe- ments de la route, sont remplacées par des chevaux. Le passage du banc de table a suitout été laborieux. On appelle ainsi une bande de sable meuble de plusieurs ^omètres de large qui s'étend ^.ur plus de 100 kilomètres normalement à la route, suivant la direction de la petite chaîne de montagnes que nous allons traverser et dont le noyau, situé à l'ouest de Laghouat, porte le nom de Djebel-Amour et donne naissance à l'oued Cbeliff que nous avons rencontré à Boghari.

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Le paysage a conservé le même aspect désolé. Nous sommes toigours sur les Hauts-Plateaux, coupés à Guelt-es-Stel par une petite chaîne courant perpendiculairement à notre cbemin et pftésentant un peu plus au Sud deux déprenuoss marécar geuaes, les Zarhei, qui ont donné leur nom à cette TégUm et entre leaqiiéla itaaae la route. GeUe-ci longe, avant d*aniTer an canmuiBéraîl dn Bocher-de-Sél, l'oued Malah, large dépreasion entre denz liantes beigea avec qnélqnw ilaqiieB d*ean dans le thalweg, qui débondie dans le marais que nous avons laissé à notre droite, le Zarhei-6oari>i, à 860 mètres au-dessus dn niveau de la mer.

Le Rocher-dc-Sel, qui donne son nom au caravansérail oii nous déjeunons, est une série de collines formées par une éruption de boue et de sel. L'oued Malah et lo chemin de Lagbouat passent au pied de ces collines, dont les contours tourmentés et bizarres sont le résultat des effondrements produits par la disparition du sel On exploite ce dernier, soit en le découj^t dans la masse, soit en faisant évaporer Teau des ruisseaux salés qui s'échappent en asses grand nombre de la petito chaîne de collines.

Depuis Guelt-es-Stel nous sommes dans In région dn haUk Le haUà pousse, comme tu le sais peut^tre, sur lee sols sableux par touilas de 0"^ à orjSO do haut, espacées de 1 à 2 mètres, n donne Uen, depuis quelques années, à un traie asses important, surtout dans la province d*Oran. De tout temps il a été utilisé pour les travaux de sparterie, mais depuis 1856 seulement on remploie pour la fabrication du papier et du carton. Jusqu'à présent l'Angleterre a eu la spécialité de cette fabrication. Jadis, elle tirait la matière première d'Es- pagne; aigourd'hui c'est l'Algérie qui la lui fournit. Le halfa est un produit assez important pour que la Compagnie franco- algérienne ait cru devoir entreprendre une ligne ierrée, déplus de 100 kilomètres de long, d'Arzen & Salda, unique- ment dans le but d'exploiter une concession de haUa sur les Hants-Plateaox, an sud de Hostaganenk

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us

Avant de remonter en voiture au caravansérail du Bocher- de-Sel, nous jetons un coup d'œil sur le registre d'observations dont chaque caravansérail est pourvu. Nous y Dsons les plaintes des voyageurs du courrier précédent. Ils ont eu un retard de huit heures et avaient fait la plus grande ])artie du trajet, depuis Aln-Oussero, à pied : au lieu de rencontrer du sable tenenx, comme nous, ils ont patauger dans une boue épaisse, conséqiieiiee d'une ploie asses forte qui venait de tomber. Tn vois, que si le service du counier est assuré, celui des voyageurs laisse généralement à désirer, une fois qu*on a dépassé Bo^iarL Et exsudant on ne se sent pas trop le courage de s*en prendre à Pentrepreneur des transports. 8a subvention est faible et Tétat des chemins est tel que che- vau.x et voitures sont abîmés fatalement au bout de peu de jours. Jusque dans ces derniers temps l'administration delà guerre faisait mettre en état, tant bien que mal, les parties les plus mauvaises de la route. Aujourd'hui, le chemin est classé route nationale On y travaille continuellement et peu à peu la longueur empierrée augmente, mais avec une lenteur déses- pérante, faute de crédits suffisants. U est difficile de prévoir quandn aura été possible de relier Bo^isri à Laghouat par une route carrossable, et le problème est d*autaDt plus difficile à résoudre que, plus au Sud, il faudra aller quérir bien loin la pierre calcaire indispensable pour remplacer le grès friable qui aujourd'hui couvre le sol, et qu'il sera très difficile et très onéreux d'entretenir la chaussée en bon état, vu la grande sécheresse qui r^gne continuellenu'nt sur ces pla- teaux. Il semble que dans des régions à i)eu près désertes et Stériles, comme celle qui s'étend entre Boghari et Laghouat, une voie ferrée à traction de chevaux constituerait la route la plus avantageuse. £Ue se construirait rapidement et facile- ment Son prix de revient et surtout son entretien seraient moins coûteux qu*une route empierrée. Son utilité ne serait pas moindre, car sauf quelques points formant des centres

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UNB KXPLOBATION DU SAHARA

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de popiUatUiii w 4b eoltiire, tels que le Bocher-de-Sel et Djel£l^ les 380 UlQmttres entre Bog^iari et Laghonat ne sont parconrns, et pendant longtemps ne seront pareonins que par des yéhicules destinés an roulage à grande distance, n'ayant à stationner que snr de rares points pour y prendre on y laisser des marchandises. Je ne parle pas des nomades, bien entendu. Us n'ont aucun intérêt à posséder une route, qu'elle soit empierrée ou ferrée, car leurs chameaux, leurs ânes, leurs moutons paissent tout en clieminant et ne suivent par conséquent que les voies poussent leur pâturage.

Cette question de faciUté de communication est de la plus grande importance, étant donné qu'on veut encourager la colonisation dans Toasis de Lag^ouat II faut pour toute colo- nisation dans le sud de TAlgérie des c^ntauz relatîTenient considérablefli, sinon on assistera toujours au même spectade de gens leum pour travailler consciencieusement, mais oblîgéB de vivre au jour le jour, et par conséquent de continuer leur besogne, sans trêve ni relâche, même quand la fatigue ou la maladie les a privés de leurs forces et de leur énergie, môme quand la prudence la plus élémentaire leur conseille de s'arrêter pour prendre le repos qui dans ce climat est encore bien plus indispensable aux étrangers qu'aux indigènes. Or, on n'arrivera à attirer des capitaux qu'en donnant à ceux qui en disposent les moyens d'arriver vite et sans peine snr les lieux oti ils peuvent les faire fructifier. Il pourra alors se créer des établissements agricoles ou industriels au mllien de ces steppes déshéritées. Les fermiers ou les contre-mattres ne seront pas livrés k eux-mêmes; il sera fadle de les visiter souvent, de les guider, de les contrMer, et le colon trouvera le crédit nécessaire pour pouvoir interrompre momentané- ment son labeur quand la maladie survient et ne dépenser ses forces qu'en proportion de sa constitution.

Une route analogue à celle qui est commencée assurera certes les commanications de Lagbouat avec le reste de

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l'Algérie. Mais je le répète, elle î^era coûteuse et longue à construire, et les besoins sont pressants. La diligence met aujourd'hui trois jours et deux nuits pour faire les 280 kilo- mètres entre Boghari et Laghouat On paie Ofr. 50par chaque kili^ajnme dépassant le poids de 10 kilogrammes toléré par voyageur. Le roulage met dix et quinze jours pour le même trajet quand les charrettes ne ae brisent p«8 et, à Theure qu'il est, il est fort difficile de trouver des rouliers. Le chemin est tellement manvais qn^on est réduit à donner U préférence •nz Inuisports à dos de chameraz, aussi rq»ides et plus économiques. Qu'une voie fonée, dans le genre des chemins de fèr routiers, soit mise à la diq>orition du roulsge et Ton Terra disparaître instantanément cette situation anormale. La charge pour le trésor publie sera diminuée des sommes importantes qu'on pourra économiser sur l'approvisionnement, aigourd'hui si onéreux, de la garnison de Laghouat. On pourra donc agir vite et à bon marché. C'est un des cas le tramway, sinon la locomotive, doit précéder la route agricole. Mais il est temps de reprendre la suite de mon récit Après un frugal déjeuner nous quittons le caravansérail du Bocher-de-Sel nous dirigeant sur Djelfa. Le terrain devient plus accidenté, mais il reste dépourvu d'arbres. Nous nous croisons avec de nombreux convois de nomades qui retournent dans leurs campements dliiver. Les chsffleanz se suivent en longues files, broutant sans s*anr6ter, chargés de tentes, de vims, de nichées d*en&nts. P61e-méle avec eux quelques moutons, des ftnes ployant sous le poids de quelque grand gaillard, dont les longues jambes touchent le sol, des bcBulii chargés de colis volumineux, des fisnames non voilées, ce sont des c mêsqmnê$t > enveloppées de baiUons, drapées d'une façon très peu pittoresque, portant en croupe la peau de bouc qu'elles viennent de remplir d'eau au puits du dernier cara- vansérail

De nombreuses tribus font deux fois par an ces pér^grina-

UNE EXPLORATION DU SAHARA

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lions. A la fin de l'hiver, quand les pAturages da Sud sont épuisés, eUes plient leurs tentes et se dirigent vers le TèU poussant leurs troupeaux devant elles et ne s'arrêtent que lorsqu'elles ont trouvé de nouveaux pâturages. Au commen- cement de l*hiver elles refont le même voyage, mais en sens contraire. Avec les progrès de la colonisation le terrain disponible pour le bétail des nomades devient de jour en jour plus rare et la situation des nomades plus précaire. C'est un problème ardu à résoudre, mais de la plus haute importance, d'assurer aux nomades leurs pâturages d'été et de donner en même temps satisfaction aux exigences des concessionnaires on des colons du TelL J'ai entendu répéter à différentes reprises, que jusqu'à présent Tadminlstration, mslgré de louables efforts, n'a pas réussi à eoncilier ces deux sortes d'intérêts et que les nomades sont sacrifiés.

A 2 heures de l'après-midi nous arrivons enfin à Djelfa, petite ville construite à l'européenne, non loin de l'oued Melah ou Djelfa, entourée d'un mur percé de meurtrières. Les rues sont larges et bien aérées. Il y a plusieurs casernes soit dans la ville, soit aux environs, car la garnison est assez forte. Vers l'Est s'étendent quelques jardins, peu importants d'ailleurs. La population totale, en exceptant les militaires, ne s'élève pas â mille Ames.

Dès 4 heures du soir on quitte Djelfis. Une diligence plus confortable a remplacé la lamense t botte à cirage > que nous quittons sans regret La plaine n'est plus unie comme précé- demment Elle est ondulée et coupée par de nombreux ravins qu'on franchît sur de beaux ponts en pierre construits par le génie militaire. Malheureusement la route empierrée ne s'étend qu'à quelques kilomètres au Nord et au Sud de Djelfa. Il faut de nouveau suivre péniblement les frayés tracés dans le sable ou la pierre le long de la li^ne télégraphique. Pas d'autre végétation que du halfa et encore ce textile ne pousse que par maigres touffes dans ces phiines désolées.

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BBVUa D*AL8ACB

Vers 8 heures du soir on s'arrête au caravansérail de l'oued Setteur. Comme la voiture ne repart qu'à 1 heure du matin, nous avons Id temps de nous étendre pendant quelques heures, et ttt devines que nous ne laissons pas échapper roccasion.

Le 10 noTembre, le voyage se poursuit le long du versant méridional du Ejebèl-Amour. Le paysage n*a guère varié. Le sol est terreux avec quelques affleurements de roches gré- seuses, n n'y pousse que du halfa. Les collines que Ton aperçoit à Thorizon sont sans végétation. Le chemin est épouvantable. Ou monte des rampes de 0"M0 par mètre au grand jialop. On desoeiid de l'autre coté avec la même allure. La diligence fait des bonds formidables, les voyageurs sont projetés au plafond et contre les parois, mais roues et ressorts résistent, et c'est à peine si nous sommes obligés de faire 3 ou 4 kilomètres à pied avant d'arriver au relai de Sidi-Makhloui^ od nous d^eunons.

Le caravansérail de Sidi-Makhlouf est à 900 mètres au- dessus du niveau de la mer, au bord d*un affluent de Toued Djedi, dans le bassin duquel nous venons d*entrer. Cet oued est important, car après être descendu de Djebel-Amour il alimente Laghouat et ne meurt que dans le Ziban, au sud de Biskra après un cours d'environ 7(M) kilomètres. Inutile d'ajouter, je pense, qu'il est presque partout à sec.

Au pied de l'escarpement du caravansérail émergent quel- ques sources. Aussi y voit-on un peu de culture. Plusieurs palmiers même y ont poussé, malgré l'altitude élevée du lieu.

Jusqu'à Metlili. dernier caravansérail qu'on rencontre avant d'arriver à IjBgbouat, le chemin reste aftreuz et la dili- gence continue ses soubresauts fimtastiques. A peu de distance de Metlili nous trouvons enfin une chaussée convenable. Nous apercevons Toasis et la ville de Laghouat, et nous péné- trons dans cette dernière à 5 heures et demie du soir. Un clairon a annoncé, comme d'habitude, l'arrivée du courrier et bon nombre de personnes accourent à la poste y chercher

UKB BXPLOBATION DU SAHARA IGl

leur correspondABce. Quant à nous, uptéè avoir serré la main aux antres membres de la mission qni nous ont précédés, nous descendons à I*unique hôtel de la ville nous réussis- sons ft nous caser tous trois, grftce à TobligeancedeH. Tarry, inspecteur des finances, qui vent bien partager sa chambre aYecl*ttn de nous.

Je ne veux pas clore cette lettre sans t'entretenir de la possibilité de transformer en pays cultivaljle toute cette ré^çion à peu près st(?rile qui s'étend de Boghari à Laghouat et qui comprend plus de 4,(XK),(X)0 d'hectares. On s'est préoccupé souvent de cette question, et beaucoup de f^ens compétents sont d'avis qu'on arriverait, en reboisant le pays, à le rendre habitable et fcrtilisable. Il n*y a nul doute, les Hauts-Plateaux étaient boisés il n'y a pas des siècles; on y voyait des cours d'eau permanents, la culture devait y être facile. Après la dénudation du sol, celui-ci a été calciné par le soleil, l'humus a été emporté par les vents énergiques qu'aucun obstacle n'arrêtait plus, les sources ont tari et les oueds, desséchés presque toute Tannée, se transforment en torrents inutiles après les rares pluies qui tombent dans cette contrée. M. Reynard, sous-inspecteur des forêts, a étudié avec soin la restauration des forêts et des pftturages au sud de la province d'Alf^^er. D après ses supputations, il n'y a sur les 4,000,000 d'hectares entre Boghari et l'oued Djeddi, en exceptant naturellement les cercles de Bouçaada et Medeah, que 72,000 habitants dont42,0(X) nomades. Les forêts délimitV>es et bornées ne comprennent que 21KK) hectares, mais en dehors de cette surface il y a encore environ 80,fX)0 hectares de forêts, dont 25,000 en assea beaux massifs. Il existe des traces d'anciens boisements sur près de 200,000 hectares. M. Reynard propose d'améliorw les massife existants, soit en nombre rond une sur&ce de 100,000 hectares, de repeupler les TOOfiOO hectares d'anciens boisements; enfin de créer de nouvdles forêts sur 900,000 hectares. Cette opération porterait à 12 la propor-

Noavdle SM». - «r «ute. 11

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KBvm d'albaoi

tîon (les U'rres boisées par rapport {\ rens^'iiiblo (1(3 la contrée. C'est fort modeste, puis(|u*en Europe la proportion est de 29 Vo. La dépense est évaluée à 24,0(X),(XK) de francs et la durée de Topératiou à treatc ans. Pour qui a pu expérimenter personnellement combien, dans ces Hgions, le moindre bou- quet d'arbres abrite contre les rayons du soleil et la violence des vents régnants, il n^est pas douteux qu*un reboisement &it sur une grande échelle et avec méthode ne puisse modifier heureusement le climat actuel. Aussi semble-t-il bien désirable qu^il soit donné suite aux propositions de M. Reynard: le but à atteindre justifierait largement une dépense double de celle qui est jugée nécessaire. Je t'embrasse.

A toi de cœur,

BÂRUïQEB.

II

Ouaigla, 3 décembre 1880.

Je reprends la suite de mon journal Ma dernière lettre, si tu t*en souviens, était datée de Laghouat Depuis lors, nous avons pénétré plus avant dans le Sud et je t*écri8 alourdirai de Ouargla, à 350 kilomètres de Laghouat, k environ 800 d'Alger. Mais procédons avec méthode.

Mon séjour à La<];houat a été un peu plus lonf^ que je no l'avais prévu. J'y ai trouvé la mission au complet, seulement nos bagages, arrCtés en route par le mauvais étatdes chemins, n'étaient pas i iicun' arrivés. Au lieu de partir en caravane le 14 novembre, date fixée par le chef de la mission, nous ne pûmes commencer le vrai voyage que le 18, et encore fallut-il toute l'activité des officiers chargés de Torganisation pour que tout fût prêt à cette date. Je te renseignerai un peu plus loin

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UNE BXPLOaiTION DU BAHARA. 163

sur les détails de cette oiganisation. Pour le moment flânons un peu dans Laghouat

Laghouat est une TOle indigène presque entièrement reconstruite par nos soins. Deux forts sur deux mamelons ; entre les mamelons la ville entourée d'un mur bien entretenu, au nord et au sud de la ville des jardins domine le palmier, telle est sa configuration générale. Les principaux édifices publics, maison du comniaiKieiuent supérieur, cercle, bureaux, poste et télégraphe, etc., sont groupéâ autour d'une jolie piaco bien ombragée. Quelques rues assez propres, avec arcades comme celles de la place (car la cherté du bois de construction a iàit adopter la voûte pour toutes les constructions), rayonnent - autour de ce centre et sont reliées par un fouillis de petites ruelles, derniers restes de Tancien Lai^ouat Une belle mosquée, construite par nous, s*élève en fisce de la porte d'entrée du Nord. Les troupes, 1500 hommes environ en ce moment, sont logées dans de spacieuses casernes à l'intérieur de la ville ou dans des con^ytructions provisoires d uii aspect fort bizarte établies au nord de la ville et ai)pelées le Caiiii) des zouaves. Tout près de ce camp passe Tpued ou oued Djedi, à sec toute Tannée, sauf quand il a plu abandamment. Dans ces rares occasions on peut voir couler de Teau pendant quelques heures dans Toued. Un barrage rudimentaire en terre, reconstruit après chaque crue, retient les eaux de Poued et forme un petit étang s'embranche la canalisation qui alimente d'eau l'oasis et la ville. Lors de mon passage à Laghouat le débit du réservoûr était de 123 litres par seconde. Il est probable qu'on pourrait quintupler le volume d*eau à mettre à la disposition de Laghouat en construisant un barrage étanche qui descendrait jusqu'au terrain solide et arrêterait lee eaux qui filtrent aujourd'hui à travers les sables et sont perdues pour la culture. L'emplacement pour un barrage définitif est tout désigné par le relief du terrain et le succès de Topération paraît assuré. Seulement la dépense sera

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REVUE O ALâACB

considérable et avant que la commune ne trouve les fonds nécessaires à des conditions acceptables, il se passera sans doute encore de longues années.

La culture des céréales se fût sur une asses grande étendue aux alentours de Toasis, k proximité de la dépression qui constitue Toued MzL Mais voilà plusieurs années qui se sont écoulées sans pluies, et la zône cultivée s'est considérable- ment amoindrie.

Les jardins sont entretenus avec soin. Chaque propriété est entourée de murs (^'Icvés en terre séchée au soleil. Une petite porte, toujours ft-nnée à (. Icf, doimo accès à Tintérieur. Des ruelles interminables bordées de petits canaux d'irriga- tion les coupent en tout sens. La richesse des jardins est, comme tu le devines, le dattier. Ou compte environ 25,(X>0 de ces précieux arbres h Laghouat Un dattier bien venu et d'un bon rapport peut valoir jusqu'à 200 francs. H fiiut au moins cinq ans pour quil donne des fruits.

La population de Laghouat est de 4 à 5000 habitants. La commune est mtxfe, c'est-à-dire que Tadministration de la ville est confiée au commandant supérieur du cercle, assisté d'un adjoint et d'un ConseU municipal nommé par l'adminis- tration supérieure, et composé moitié de Français et moitié d'indigènes. Le commandant supérieur relève du général comuiaudant la Division qui remplit en quelque sorte les fonctions de préfet et correspond directement avec le gouver- neur de rAli,M'iie pour toutes les affaires civiles. Le comman- dant supérieur est en même temps admini^trateur de la commune iniligèno qui comprend les nonuides ^Toupés par régions. Dans ces fonctions il est assisté du chef du bureau arabe, du juge de paix et des chefs indigènes qu'il réunit à époques fixes pour voter le budget et régler les comptes administraUfe. Les officiers du bureau arabe constituent son état-miyor. Le poste de commandant supérieur d'un cercle militaire n'est coniié qu'à des officiers détachés depuis lon^-

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ma BiMBATioM no êàBàMk 166

temps aux affaires in(lip:^nes. C'était ù. l'époque de la conquête une très haute situation. Aujourd'hui le mécanisme adminis- tratif fonctionne régulièrement et rinltiative comme la responsabilité ont été déplacées.

Je te disais, il y a un instant, que la population deLaghouat était de 5000 habitants environ. Mais ne va pas en condure que c*est un centre de colonisation. £n y comprenant une dizaine de fonctionnaîres et d'employés du gouyemement tels que le jnge de paix, llmissier, le greffier, le receveur des contributions directes, les agents de la poste, etc., le nombre des Français électeurs ne dépasse guère une vingtaine. Il y a peutrêtre encore autant de Français, non électeurs pour accrocs divers dans leur paraé, une trentaine d'Israélites ayant droit de voter de par le décret Crémieux, et enfin quelques Europétms de nationalité douteuse. Tout le reste est indigène. Les Européens sont débitants, fournisseurs, épiciers, bouf hiTs, i)lusieurs cumulent: ainsi les montres sont réparées par un maçon, et le serrurier fait de la ])lioto^raphie et remet les carreaux de vitres. Mais de cultivateurs point, ou très peu. J'ai vu au Ghenek, à quelques kilomètres de Laghouat, sur un affluent de Toued Mzi, un grand enclos avec trois puits et autant de réservoirs, le tout construit par le génie militaire pour favoriser la colonisation. L*eau se trouve en abondance à 8 ou 4 mètres de profondeur dans les puits, la terre est excellente. Des Européens avaient commencé Tei^loitation agricole, mais y ont renoncé au bout de peu de temps. Aiq'our^ dirai Tenclos et les maisonnettes tombent en ruines et la culture est abandonnée & quelques indigènes qui s'en acquittent fort mal. Une noria qu'on avait installée dans un des puits il été ramenée à Laghouat oîi elle attend depuis longtemps une autre de>tiiiation.

Les quelques jours que nous avions à passer à Laghouat se sont écoulés fort rapidement. Les officiers de la garnison nous ont fait à tous raccueil le plus cordial et le plus affec-

166 BIVOI d'auaob

tneoz, et ont cherché à nous rendre notre court séjour aussi agréable que possible. Le 18 noT^bre nous ayons assisté à la grande fête des

musulmans, le Haïd-el-Kebir, établie en commémoration de la promenade annuelle que les pèlerins organisent ce jour autour de la Mecque, et qui se termine par l'immolation d'un mouton. Le bouquet de la fête est une ijrande fantasia à cheval et h pied dans la ville et sur une j^'randc esplanadt; aux abords. A 1 heure, les spahis, au nombre de cent cinquante environ, leur capitaine en tête, tous armés de fusils de chasse et revêtus de burnous blancs, au lieu de leur burnous rouge d'ordonnance, Tiennent défiler sur la place. Le conunandant supérieur et son état-m%jor les précèdent, et toute la troupe sort de la ville pour se masser sur le champ de manœuvre oh sont d^ rangés les spectateurs désireux d^entendre « parler la poudre ». D^autres cavaliers indigènes se joignent aux spahis et les courses commencent Groupés par deux, quatre, quelquefois huit, étrier contre étrier, les burnous flottants, les adroits cavaliers passent devant le groupe du commandant supérieur, comme un tourbillon, au i^nind galop de leurs vaillants petits chevaux, déchargent leurs armes, et quand la poussière et la fumée qui les dérobe pendant quelques instants aux yeux des spectateurs, a disparu, on les revoit leur fusil sur Tépaule, leurs chevaux au j)as, r^agnant paisiblement l'autre extré- mité de la piste ils vont se reformer. Quelques-uns lancent leur fusil en Tair et le rattrapent avec dextérité, d^autres leur font faire des moulinets fuitastiques, d'autres enfin se tiennent debout sur leur seUe, comme des écuyers de drque, et poussent des acclamations en défilant devant la foule. Pendant plus d*une heure les courses se continuent Hommes et chevaux s^entralnent et se grisent Us ne semblent ressentir aucune fiitigue. A un signal du capitaine tous les spahis se développent sur une grande ligne, à quch^ues centaines de mètres du commandant supérieur, vers lequel ils se précipitent

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UMB KDLOBA,TKnf DO flABABA

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ensuite, dans un pêlc-niOle des plus pittoresques, décliargent une dernière fois leurs armes, et se retrouveut presque aussitôt rangés dans le plus grand ordre.

Quelques instants après commence la grande fantasia à pied. C'est la première fois que j*en ai vu une et le spectacle m*a paru curieux. Les acteurs, au nombre de cent environ, se rangrat en deux camps aux extrémité opposées de la place. Ils sont armés de fusils, de pistolets, de tromblons formidables quHs bourrent jusqu'à la gueule a?ec de la poudre de mine. Une dizaine se réunissent et courent en troupe compacte avec force hurlements et bonds, sur le camp opposé. Arrivés là, ils déchargent leurs armes, font vivement volte-foce, et reprennent en courant leur première place, poursuivis par le groupe qui leur faisait vis-à-vis et qui à son tour commence la niousqueterie. Les détonations se succèdent ainsi pendant plus d"uiie heure, à la grande satisfaction des nombreux spectateurs rangés autour de la place. Une musique assour- dissante, se composant d'une clarinette dans laquelle soufde un nègre avec une vigueur peu commune, de plusieurs tam- bourins et d'une grosse-caisse, ig'oute à l'éclat de la fête. De temps en temps ces émules de notre garde républicaine chreulent au milieu des spectateurs, afin de recueillir le firuit de leur peine. On entend parfois la clarinette pousser une note aigué et soutenue, pendant un nombre invraisemblable de mesures. Si la foule ne vous le cache pas, vous aperceves alors le grand diable de nègre avec sa clarinette aux lèvres, agenouillé aux pieds de quelque Mécène qui lui colle sur le front et les joues des pièces de cinquante centimes, récompense du consciencieux artiste et des virtuoses qui l'accompagnent.

A la nuit, tout rentre dans l'ordre et les indigènes se hâtent de retourner chez eux pour procéder h l'absorption du mouton traditionnel. Comme il n'y a pas de bonne fête sans lendemain, une nouvelle fantasia à pied, tout aussi bruyante que la

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première, a lieu le second jour du Hald-el-Kebir. Cette fois ce sont les Mozabites secte dissidente des Arabes qui en

font les frais.

Pendant qu'ont lieu ces réjouissances, nos préparatifs se continuent avec ardeur et le 18 novembre uutre caravane se met on route pour Ouarfîla par le Mezab.

Le personnel de la mission se compose de neuf membres : le colonel Flatters, chef de la mission, un capitaine d état- nugor, désigné comme second de la mission, un médecin mili- taire, un lieutenant attaché aux aflEures indigènes et préposé à la conduite de la caravane, deux sous-officiers chargés du détail, enfin trois ingénieurs ayant pour instructions de faire le relevé en plan et en prolil de la route, ainsi que des obser^ yations géologiques, hydrologiques et météorologiques.

Quarante indigènes choisis parmi les chameliers de la smala de Laghouat forment le noyau de Tescorte. Il leur est adjoint une trentaine de sokhars ou chamdiers de différentes tribus. Les chameaux de bàt portant les vi\Tes pour trois mois, l'équipage d'eau, nos bagages et nos instruments, et pouvant servir de monture aux gens de l'escorte, sont au nombre de deux cent cinquante. Tous les membres de la mission sont pourvus de méharis ou chameaux de course, car les chevaux ne trouvent pas de nourriture en route et sont d'un entretien trop dispendieux, chacun exigeant quatre à cinq chameaux pour porter Torge nécessaire à son alimenta- tion. On a déddé néanmoins qu*on emmènerait trois juments pour servir dans les cas urgents, quand les chameaux sont au pâturage, ou pour être offertes en cadeau aux chefe des tribus dont nous allons traverser le territoire.

L'expérience acquise lors de notre première exploration nous a iàit renoncer aux grandes tentes communes, trop encombrantes pour les voltos et d*un transport difficfle. Chaque membre de la mission est pourvu d'une petite tente doublée, en bonnet de police, dans laquelle il peut installer

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mm EXPLOBATION DU 8ARAR4 169

son lit, sa petite table et son pliant. Il a en outre un petit nécessaire de cuisine qui lui permet d'aller en volte, à droite ou à gaucbe de la grande caravane, sans autres préparati&.

Toutes les cantines, caisses et ballots sont enfermés dans des tellis, espèces de sacs en laine et poils de chameaux* qu'on suspend aux flancs des bétes de somme et qui sont com- binés de fiçon à permettre un chargement et un déchargement aisés et faciles sans blesser les animaux porteurs.

Deux Ijussduras, immenses cages en boisjïarnies de rideaux, sont fixées sur deux vigoureux chameaux pour servir à trans- porter les malades. Les femmes des nomades voyaL^ent, elles et leurs enfants, sur ces sortes de plateformes ambuiautcà à Tabri des rayons du soleil et des regards indiscrets.

Pour conserver Teau, nous avons des peaux de boucs gou- dronnées, à Texclusion des tonnelets, dont nous avions une certaine quantité dans notre première exploration, mais dont Pentretien nous a paru trop difficile.

Tout le monde est armé, cela va sans dire, car on ne se promène pas la canne à la main dans le Sahara.

Nos vêtements sont européens, sauf le couvre-chef qui est en feutre sur monture en paille avec appels d"air et jugulaire. M. Pinaud, le chapelier bien connu de Paris, nous Ta fabriqué d'après nos indications. Le modèle ordinaire de casque en moelle de millet est trop fragile pour une longue exploration et ses bords ne sont pas assez larges. Notre nouveau modèle est bien réussi et beaucoup plus pratique. Tu t^étonneras peut^tre de ne pas nous voir, comme Tartarin de Tarrascon, habillés en Teura de pied en cap. Lors de notre premier voyage nous avions en effet emprunté différents accessoires au costume indigène. Mais nous avons reconnu que ces vête- ments exotiques étaient beaucoup moins commodes que les nôtres et que des chemises de tlanelle, de larges capotes à cajtuchon, des brodequins de ( liasse cHaieiit bien préférables aux gandouras, aux burnous, aux chaussures des indigène^.

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BBVDB d'AUACI

De chaudes couvertures, de larges ceintures de flanelle, de-s pantoutles légères pour monter à niehari ou courir sur le sable complètent notre garde-robe.

Suivant Tusage pratique des caravanes, nous ne faisons le premier jour qu*une très courte étape. C'est le derramage toujours laborieux et accompagné de désordres inévitables. Les chameaux sont répartis dans six sections qui se suivent à de courts intervalles, chacune pourvue de ses chameliers, de ses approvisionnements de vivres et d*eau, fonnant un tout complet oh hommes et bétes finissent, au bout de peu de temps, par se connaître et conserver le même ordre de marche et de campement Arrivés au lieu du bivouac, chaque membre de la mission fait dresser sa tente suivant une dispo- sition adoptée une fois pour toutes. La grande tente de la popotte est au centre. Les petites tentes se dres>('nt deux par deux de cha(iue côté, laissant un couloir au milieu du camp. Derrière la tente de chaque chef de section sont placés les bagages de la section, et au delà campent les hommes d'escorte, couchés sur des toiles caoutchouquées, enveloppés dans leurs burnous et protégés par leurs petites tentes-abris.

Les chameaux une fois déchargés sont conduits au pâturage sous la garde de quelques chameliers. A la nuit tombante on les ramène au camp, on les fût accroupir, en ayant soin de leur passer une corde autour d'une jambe pliée. C'est le mode d*enfTave généralement employé. Et les bonnes bétes se mettent aussitôt à ruminer, continuant leur mastication sonore pendant la plus grande partie de la nuit, et ne sonmienUuit que pendant quelques heures.

Grâce à cette organisation très bien comprise, les chameaux sont déchargés et les tentes dressées au bout d'une demi- heure. Le chargement, (lu'on commence au point du jour, est généralement terminé dans trois (juarts d'heure.

La vitesse de marche de la caravane est de 4 kilomètres k l'heure et son déplacement journalier d'environ à 30 lùlo-

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UNE EXPLORATION DU SAHARA 171

mètres. Sur nos mehans nous allons plus vite, aussi pouvons- nous nous arrêter sur les points intéressants et rejoindre la petite colonne par un temps de trot

Quelles renseignements maintenant sur le pays que nous venons de traverser entre Laghouat et Ouargla. L'ensemble est un immense plateau gréseux, dont la pente est dirigée vers Ouarîçla et que découpent une série d'oueds ou de gout- tières parmi Ic^îCiuelk-s deux t^cuU nK'iit sont importantes : Toued Nesa et Toued Mezab. Sauf quelques rares exceptions, le sol est absolument dénudé et ne produit que les touffes d'herbes fourragères qui servent à l'alimentation des cha- meaux. Il n'y a d'eau que sur les points très clairsemés des habitants se sont groupés et ont creusé des puits. Au Nord, on est dans la région des dayas, vers le Centre dans le pays des Mozabites et au Sud dans la région des kantras.

Les dayaa sont des dépressions très peu profondes, en forme de cuvettes, dont est mouchetée la plaine. En temps de pluie, les eaux s'y réunissent, y amènent des détritus du plateau, et y entretiennent une humidité de plus loufjue durée (lu uil- leurs. Grâce h ces circonstances, il s'y est développé une vé<zétation assez importante, coosistaut surtout eu pistachiers ou en jujubiers.

Le pistachier ou bétoum est un arbre de 10 à 15 mètres de haut, bien feuillé, donnant un bois très dur qui peut servir à rébémsterie ou pour le chauiSage. Le fruit est comestible, et les (iemmes des nomades en extraient une huile dont elles graissent leurs cheveux. Il pousse sur le pistachier un cham- pignon-amadou (sorha), dont on extrait une couleur jaune, et qui s'échange dans le Mezab contre trois fois son volume de dattes. On y recueille aussi une galle rouge avec laquelle on teint les cuirs. Enfin, il suinte de Técorco une térébinthe blanche, très odorante, avec huiuelle on pourrait faire du mastic. I^e jujubier est le compagnon inséparable du pista- chier. Il pousse sous forme de buissons aux branches tortues,

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garnies de nombreuses et robustes épines. Grâce à cette défense les jeunes pousses du pistacliier peuvent échapper h la (lent des chanieaiiK et des nioutous quo les nomades amènent eu pâturage dans les dayas.

La conservation des dayas est de la plus haute importance, tant à cause des pâturages qu'elles offrent pour les nomades, qu'au point de vue de l'exploitation du bois. Aux abords de Laghouat presque tous les pistachiers ont disparu sous la hache du bûcheron, et avec eux aussi a disparu la végétation qui poussait & Tombre des bouquets d*arbres. 11 faut tous les jours aller chercher plus loin le bois de chauffage nécessaire aux habitants de Laghouat, et la dénudation 8*étend sur un rayon de plus en plus étendu.

M. Reynard, sous-inspecteur des forêts, dont je t*ai déjjà cité les intéressants travaux concernant le reboisement des hauts-plateaux, s*est aussi préoccupé de la question de res- tauration des dayas au sud de Lai^bouat, dont il évalue la richesse, en bois sur pied, à environ ir»0,or)0 stères. 11 propose de soumettre les dayas au régime forestier, et d'avoir recours au jardiiiau;e qui laisse aux massifs b ur forme générale. Il estime qu'à l'âge de cent ans le pistachier doit être abattu^ car à ce moment sa croissance a beaucoup diminué et son ombre est préjudiciable aux arbres voisins. Il recommande surtout Tenlèvement des bois morts pour arrêter le dévelop- pement des insectes xylophages qui, après le bois mort, attaquent Tarbre vivant et le ruinent rapidement L'àbatage des arbres, leur transport jusqu*à Lsgiiouat se feraient avec méthode par les soins de Tadministration militaire, ce qui réduirait beaucoup le prix de 25 à 30 fr. qu*on paie aujour- d*hui par stère de bois amené à Laghouat M. Reynard propose enfin d'interdire la circulation des nomades, successivement, dans un certain nombre de dayas, aîin d'en permettre le repeuidi-nu-nt uu iiioven de pistachiers. Je crois que c'est le point faible du projet d'ailleurs si remarquable de M. Xley-

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UNE EXPLORATION DU SAHARA

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nard. Quoi qu'il en soit, il semble prouvé qu'au sud eomme au nord de Lagbouat on peut lutter avec chance de succès contre Taridîté du sol et reconstituer le pays tel quil a être jadis, c*e6t-à-dire boisé et pourvu d*eau.

Au sud de la région des dayas, on rencontre les sept ksour ou villes des Mozabites, formant une petite confédération de 40,000 habitants environ, enclavée dans nos possessions et jouissant de notre protectorat moyennant une redevance annuelle très faible.

Les Mozabites sont des Arabes schisiiiatiiiue.s, persécutés longtemps par les orthodoxes. Du temps du prophète ils ont été chassés paraît-il, de la Syrie et leur exode les a amenés, toujours en butte aux vexations des fanatiques, au sud de Ouargla. Ils essayèrent de se fixer là, mais Thostilité des tribus voisines les obligea à reprendre leurs pérégrinations. Ils résolurent alors de s'installer dans le désert nous les trouvons aujourd'hui. Us construisirent sept petites villes fortiiiées, chacune sur un petit mamelon, avec une mosquée et un minaret en tronc de pyramide au sommet Ils creusèrent un nombre innombrable de puits autour de chaque ksar et créèrent des jardins aussi étendus que le leur permit le fsible volume d*eau que débitent leurs puits, dont la plupart ont une trentaine de mètres de profondeur. Par leur goût du travail, par leur aptitude an commerce, les Mozabites sont aujourd'hui un des éléments iiiii)ortants de la population de l'Algérie. C'est entre leurs mains <pie se trouve une grande partie du com- merce et dans presqiH» toutes les villes algériennes le nom de Mozabites est devenu synonyme de marchand. Ils peuplent les bazars d'Alger, de Coustantine et probablement aussi d'Oran. Souvent ils rentrent chez eux, passer quelque temps avec leur famille. Quand ils ont ramassé un pécule suffisant, ils s'installent définitivement au milieu de leur solitude. Les villes les plus importantes de la confédération sontGhardaia, Beni-Isguen, Guerara. Elles sont administrées chacune par

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une (ijcmina, ou réunion de notables. Le chef de la djeiimia a un pouvoir et une situation analogues à ceux d'un caïd, maiâ il n'eu porte pa.s le nom.

La ré^'ion des kantras qui s'étend au sud de la confédération du Mezab n'offre plus l'intérôt des deux précédentes zones. C'est la continuation du plateau quaternaire, découpé en tous sens par des ravins plus ou moins larges, mais ne dépassant guère une profondeur de 30 mètres.

Maintenant que tu connais la physionomie générale du pays, je vais reprendre le journal de notre voyage.

Comme tu Tas vu plus haut, le derramage de La^ouat a eu lien le 18 novembre, et nous campons à 15 Idlomètres seulement de distance de notre lieu de départ

Le lendemain nous commençons nos étapes ordinaires. Vers 9 heures du matin nous arrivons ;\ un tout petit villa^^e. appelé Ksar-Heran; il est construit sur une éininence, au-dessus de qurl([Ui'S jardins arrosés au moyen de puits de 3 à 4 mètres de ])rofondeur et creusés dans le lit desséché de l'oued Djedi. Le cheik nous oJBtre la diffa. On donne ce nom à un repas plus ou moins copieux que les communes indigènes sont tenues de fournir aux officiers de passage. Après avoir Kait honneur aux provisions du cheik, nous continuons notre route, à travers la plaine monotone, jusqu'au lieu du campement

Le 20 novembre nous passons par Ogla Medaggin. Cest une série de puits maçonnés, de 5 mètres environ de profondeur, les uns couverts d*un petit édicule, les autres munis d'escaliers en pierre qui permettent de descendre jusqu'à une faible distance de la nappe d*eau. Malheureusement tous sont comblés. Comme nos outres sont pleines, nous n'éprouvons pas de désappointement.

Le halfa disparaît entièn-ment et nous ne le rencontrerons plus. 11 sera remplacé un peu plus loin par \v drin, orraminée que mangent aussi les chameaux, et qui a une assez grande analogie avec le halfa pour que beaucoup de voyageurs aient pu confondre les deux plantes.

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Le seul incident de la journée est la brusque détérioration de nos selles do niehari. Nous les avions fait fiil)i i(iuer à Paris d'après un modèle touareg, pensant de la sorte obtenir des selles beaucoup plus résistantt^s et plus confortables que celles des indigènes. Mais nos prévisioiis sont loin de se réaliser. Les selles des Touaregs, clouées avec des chevilles en bois et des épines, montées sur des arçons souvent en os de gazelles, présentent une élasticité et une solidité qui font absolument défaut aux selles plus élégantes construites par les selUers de Pans. Voilà deux jours à peine que nous sommes en route et dé|j& quatre selles sont hors d*u8age : elles se sont brisées au point de soudure de Tarpon et de la çroix que le cavalier, dont les jambes 8*appulent sur le cou du chameau, serre entre les cuisses. Sans les selles de rechange, que nous avons prudemment enipoi tées, nous serions obligés de monter à bât. Heureusement le mal est facile à réparer et on en prend gaiement son parti.

Le 21 novembre apparaissent quelques dayas qui égaient un peu le paysage triste et monotone que nous avons sous les yeux. Un chameau qui s'est blessé en route est dépecé le soir et nous le mangeons avec appétit Le bouillon est bon. Le bouilli très tendre n*est nullement désagréable. £n vinaigrette il doit ressembler à s*y m^rendre au bouilli de bœul

Le jour suivant, toujours la même plaine caillouteuse et ennuyeuse^ La nuit a été fraîche, le thermomètre à maxima n*a marqué que -|- 2*.

Le 23, le p&turage devient un peu meilleur. Nous traversons roued Sedeur et campons près d'un rhedir ou mare d'eau. Après y avoir rempli nos bidons et nos outres nous laissons les chameaux boire à leur tour. Ils entrent dans la mare et B'abrcuvent, mais sans entrain. Il y a quatre jours seulement qu'ils ont l u, et dans cette saison ils peuvent rester facile- ment dix et quinze jours sans boire. En été c'est ditiérent. II n'est pas prudent de les priver d'eau pendant plus de cinq jours.

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Bcvmt d'alsaob

Gnlce au rhodir il y a du gibier dans le voisinage, aussi dinons-uous de deux lièvres que Tun de nous a tirés à peu de distance du camp.

Rien de saillant dans la journée du 24. L*aspect du pays ne Tarie guère, si ce n^est que les ji^jubiers et les pistachiers ont disparu. Nous campons dans la daya £1 Hadotch, la plus pro- fonde que nous ayons rencontrée. Seulement, au lieu d^arbres comme dans les dépressions des jours précédents, on n^ voit qu'une espèce de genêt, appelé retem par les Arabes.

Le 25, à 1 heure, nous arrivons à Guerara, rille de Mozabites située sur une colline suivant le type uniforme des ksour, et dominant une oasis de 4(),(KK) palmiers. Les jardins sont bien tenus et arrosés au moyen de nombreux puit« de 3 à 4 mètres de profontieur, et par une canalisation à ciel ouvert qui, en temps d'orage, amène et distril)ue dans toute l'oasis los eaux qui s'accumulent dans la dépression au milieu de laquelle s'élève le ksar. Les différentes propriétés sont séparées par des murettes d'un mètre d'élévation, en argUe, consolidées par une ossature en branches de palmier.

La Tille compte enriron 6000 habitants. Elle est entourée d*un mur bastionné en mauTais état Lea rues sont étroites, sales et empestées par les latrines qui s*ouTrent sur la fscade des maisons. Plusieurs quartiers sont en ruines.

Les Israélites paraissent dtre assez nombreux à Guerara. Ils sont d*une malpropreté réToltante, comme tous ceux d*ailleur8 que j*ai tus dans les autres rilles du Mezab. En les regardant faire, en circulant dans les rues qu'ils habitent, on comprend l'effet fâcheux qu'a produit en Algérie le décret de M. Crémieux qui, du jour au lendemain, a trausi'ormé tous les indigènes Israélites eu citoyens français.

Le ca!d, ou chef de la djcmma de Guerara, est venu au devant de la mission dont il a connu le chef, alors que celui- ci était commandant supérieur du cercle de Laghouat U nous inrite tous les neuf à dîner. La salle à manger est couTerte

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UNS BZFLOBÀTniN VO BàSAMà. 177

de tapis qui s'étalent jusqu'à liauteur d'appui. Elle est éclairée par des bougies Hxées à des appliques improvisées, parmi lesquelles on remarque avec stupéfaction un ( nurme robinet de baiu en cuivre. Comme un des côtés de la table n'est pas suffisamment éclairé, un domestique s'y installe en guise de porte-âambeau et reste immobile derrière nous, sa bougie à la main, jusqu'à la fin du repas. Notre hôte préside la table. Un domestique, pieds nus et n*ayant pour unique vôtement que sa gandoura, ou longue chemise, s'accroupit sur la nappe et lance aux couTives cuillères, fourchettes, assiettes et ser- viettes, n confectionne ces dernières sous nos yeux en déchirant par bandes une pièce de calicot blanc.

Peut-être le menu d'un dîner d'apparat dans le Mezab t'intéresse-t-il. Le voici :

Un mouton entier, rôti et traversé par sa broche, est déposé sur un immense plat en bois. C'est le méchoui, mets des plus délicats, et auquel la mission a pour habitude de faire honneur. On mange sans fourchettes, sans assiettes et sans pain, arra- chant ayec les doigts des lanières de viande et en offrant aux voisins assis un peu trop loin pour pouvohr se servir eux- mêmes commodément

Le méchoui desservi, on fait passer de la galette et des vases de fiiTenee contenant de Peau fort bonne, malgré sa couleur brun de Van Dyck due au goudron des peaux de bouc dans lesquelles on la conserve.

Suit alors une poitrine de mouton bien préparée, et aussitôt après une soupe au riz ou cheurba.

Un plat d'œufs nageant dans une sauce d'un aspect et d'un goût singuliers, une poule, des pommes de terre, des navets sont servis successivement

Le C0U8C0US8 de rigueur, avec sa sauce ou merga, termine le repas. Ce mets est fabriqué avec de la farine que des négresses esclaves humectent d*eau salée, tout en la roulant BOUS leurs mains posées à plat jusqu'à ce qu'elle soit réduite

Noof au* Séria. -ir*iuéi. IS

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en grains plus ou moins fins. Ces grains sont ensuite tamisés, et finalement cuits dans la vapeur d'ean. Si le couscouss doit être conservé pendant quelque temps, on le sèche après In cuisson et on Temballe. Dans le cas contraire, on le mange tel quel. L*acce88oire obligé du couscouss est la merga, sauce bizarre domine le piment et qui a un goût sucré aux dattes et aux raisins de Corinthe qui entrent dans sa compo- sition.

Après le couscouss on verse le calé et ron garnit la table, en guise de dessert, de plats de dattes et de melons d'eau.

Notre hôte, très prévenant, conserve une attitude modeste pendant tout le repas. Je le considère avec beaucoup de curiosité, car il est le héros d'un drame sanglant qu'on venait de me narrer et que je vais à mon tour te raconter pour que tu te fasses une idée des gens et des choses de la petite con- fédération du Mezab«

« Kassi, c'est le nom de notre amphitryon, avait un frère, Brahim, qui était à la tète d'un des partis ou sofs qui, à Gue- rara comme dans les six autres villes du Mezab, se disputent continuellement le pouvoir. Brahim, soutenu par ses partisans et des Ghaanba, Arabes nomades qu'il avait recrutés dans le Sud, vint bloquer Guerara, réduisit un quartier en ruines, tua un assez grand nombre dliabitants, et simposa comme caïd. La <yemma ou assemblée des notables ratifia cette prise de possession qui n'avait rien d'extraordinaire à leurs yeux. Mais Brahim s'était suscité des ennemis nombreux qui avaient juré sa perte. Un jour qu'il se pntmeuait dans une rue de Guerara il se vit subitement entouré de quatorze Mozabites, armés chacun d'un fusil à deux coups, et tomba frappé de vin;^'t-huit bal]e^;. Pour achever leur œuvre, les assassins lui ouvrirent le ventre, y glissèrent deux kilogrammes de poudre et le firent sauter.

« Kassi, le frère de la victime, partit aussitôt pour Berrian, autre ville du Mezab, oU il avait des amis, y répandit la nou-

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tmi BXSLOBâtIOK 00 0ABâB4 179

▼elle du crime et \int ensuite à Laghouat demander Tinter- vention du gouvernement français pour châtier les coupables. On fit venir les quatorze assassins à Laghouat. Ils ne nièrent pas le fait, mais tirent observer qu'ils avaient agi suivant les us et coutumes de leur pays, ^administration supérieure d'Alger, saisie de la question, ne crut pas devoir intervenir direetement et déeida quHme <|jcinina générale composée des 4jemma8 de cbaque ksar serait convoquée à Guerara pour juger raifiûre. Quand avis eut été donné à Laghouat que cette réunion était constituée, on renvoya les quatorze coupables qui, bien armés et tous montés, prirent la route de Guerara. Mais Kassi les avait précédés et quand ils arrivèrent dans un petit ravin, à peu de distance de Berrian, ils se virent envelojipés de tous les côtés par des gens annés qui leur enjoignirent de descendre de cheval, de déposer leurs annes en un tas et de se coucher par terre, s'ils ne voulaient être fusillés sur le champ. Ils durent obéir. On les ficela aussitôt et Kassi faisant approcher le fils de son frère, alors Agé de 10 ou 11 ans, lui eqjoignit de couper le cou aux assassins de son père. L*en&nt procéda sans hésiter à cette lugubre besogne. Et quand il eut fini, ses compagnons ouvrirent le ventre aux cadavres et les bourrèrent de pierres ramassées sur le chemin.

« Kassi rentra alors à Berrian, exposa par écrit les inci- dents de sa vendetta à la djemnia, siégeant à Guerara, et oftrit de payer la dïa ou rançon du sang qu'on lui imposerait.

« La djemma délibéra. La vengeance fut jugée légitime, et Kassi retourna à Guerara il succéda à son frère. II annonça alors à Tadministration française que justice était faite suivant les lois du pays et la décision de la 4iomma, et que la plus grande tranquillité régnait dans le Mezab. »

Ces faits se sont passés en 1877.

Notre repas tenniné, Kassi nous reconduisit jusqu'à son vestibule et nous souhaita à tous bon voyage. Nous rencon-

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REVUE D'ALSACE

trftmes aux abords de sa maison ses ûuiiilien qui constitiieiit une sorte de garde raccompagnant partout, car, conmie tu peux bien penser, les parents et amis de ses quatorze yictlmea ne guettent qu'une occasion pour exercer leur Tengeance.

Le lendemain, 26 noYembre, nous quittons Guerara, i^rès 7 avoir acheté quelques provisions et notamment un supplé- ment de burnous pour nos hommes, car les matinées sont fraîches et il importe que tout le monde reste en bonne santé.

Les journées des 2G, 27, 28 se passent sans incident remar- quable. La plaine est toujours nue, avec quelques témoins de grès par ci par là. Nous coupons plusieurs fois l'oued Nza et Toued Me/ab. Au fond de ces gouttières, s'accumulent les eaux du plateau en temps de pluie, il y a un peu de végétation, aussi y laisse-t-on paître les chameaux en passant

Le 29 novembre, nous campons sous les murs de Ngoussa. Le ksar est en ruines. L'oasis qui l'entoure possède environ lOfiOO dattiers, qu'on arrose au moyen de puits artésiens creusés, il y a longtemps déjà, par les indigènes. Des fossés remplis d*eau saumâtre longent extérieurement le mur d'en- ceinte et empestent Tair. Presque tous les habitants sont n^es, ou du moins très foncés de couleur.

Le 30 novembre, enfin, nous arrivons à Ouaigla. Vt^ffuk Abd-«1-Kader, beau tjrpe d*Arabe, haut de taille, par&itement proportionné, tête énergique que caractérisent un nez forte- ment aquilin, des lèvres minces, un teint cuivré, vient à notre rencontre, suivi des caïds de son a^^ialik, t<ms revêtus du burnous rouge, dont ils ont reçu llnvestiture du gouvernement français. Il est escorté de plus de deux cents cavaliers, les uns sur des chevaux fringants, les autres sur de hauts méharis. Toute cette foule aux couleurs variées, mais oii domino le blanc, circule pendant quelt^ue temps, dans un pôle-môle des plus pittoresques, autour du chef de la nus>ion, leur ancien commandant supérieur, dont ils ont tous gardé le meilleur souvenir et qu'ils saluent avec empressement. Les salamaleks

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mm BZPumATKnr vo saraba

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terminés, on reprend la marche vers Toasis tout en fusant « parler la poudre », car Toccasion est trop belle pour ne pas se livrer à la fantasia si chère au cavalier arabe.

Doua dressons nos tentes devant la casbah ou citadelle de Ooargla. Cesi un inunense bfttiment entouré d*iin mur élevé avec une tour carrée, ou demeure Pa^a et que garde la petite troupe d'indigènes à la solde du gouvernement français. La ville est absolument arabe. Les ruelles sont étroites, mais assez propres. Elles se transforment souvent en corridors, car beaucoup de maisons se prolongent par-dessus la rue. On obtient de la sorte dans le bas un ])assage h Tabri du soleil, les hommes font leurs siestes interminables, et dans le haut une communication entre les terrasses des maisons, oii les femmes circulent, le soir, quand elles vont tailler une bavette chez leurs voisines. Les maisons sont construites partie avec des pierres gypseuses, partie avec des moellons irréguliers en argile séchée au soleil Les portes, basses, en bois de palmier à peine d^rossi, sont encadrées par un cr^ de quelques mètres de large sur lequel figurent en relief quekiues ornements rudimentaires ou des caractères arabes. Sur le reste de la façade apparaisseut les joiutîj de la mai^ou- nerie.

Près de la casbah est située la place du marché, ou mieux place Lacroix, comme on peut le lire sur une plaque lileue à lettres blanches fixée contre un petit édicule au milieu de la place. Quelques autres plaques analogues, portant des noms d*o£ficiers français, sont clouées contre les murs des rues principales. On ne peut s*empécher de sourire en voyant ces Indications dans une localite oh Pagha et son khalifa sont les seules personnes parlant français. Le prédécesseur de Vtuf^ actuel a organisé ce baptême, tua spontet il y a quelques années. Ce qu'en ont pensé les officiers, dont les noms sont ainsi répartis aux quatre coins de la ville, je ne le sais ; mais le procédé est assez .... oriental.

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182 BBTOI D'AIflAOB

Le marché est une place carrée, entourée d'une galerie trop basse pour qu'on puisse y circuler debout et servant de verandah à une suite de petites loges oîi sont installés les Mo/.abites avec leurs bazars, les boucliers au milieu de quar- tiers de viande puants et couverts de mouches, les cordonniers, les serruriers et d'autres artisans accroupis devant leur ouvrage. Pour un homme qui travaille, cinq ou six autres au moins sont étendus autour, suivant, à demi^dormis, les progrès de Touvrage.

En ce moment le bazar est animé, du moins dans la soirée. Cest l'époque des transactions, et les marchands mozabltes sont venus slnstaller pour quelques mois dans leurs étroites cases. Mais en été le marché est désert Sauf les indigènes absolument acclimatés, tous les autres habitants, mozabites et nomades fuient le teAam, fièvre pernicieuse due en grande partie au soushsoI imprégné dliumidité, aux flaques d'eau croupissantes qui baignent les murs d*enceinte, et qui fait tous les ans bon nombre de victimes, même parmi les habi- tants nè!J:res ou croisés de nègres, nés dans ce bas-fond malsain et à température d'étuve. Je n'oublierai pas de sitôt Taspect d'Ouari^la tel (ju il s'est présenté h nous, à la tin du mois de mai dernier, lorsque nous sommes revenus du Sud. Personne dans les rues, les cases du bazar fermées, un ciel gris, pas d'air, une chaleur accablante, des mouches par myriades. Les jardius eux-mêmes complétaient ce morne paysage, car une épaisse couche de poussière blanche recou- vrait les dattiers, sous Pombrage desquels la chaleur était encore plus suffocante qu'en .plein soleil.

Avant peu Mément européen sera implanté à Ouargla. Le télégraphe reliera cette viUe à Laghouat et un agent français aura sa résidence an milieu des Benl-Onarg^ Une société française, à la tète de laquelle est placé M. Cailhol, vient d'acheter ici les terrains nécessaires pour forer des puits artésiens. Un boulanger de Laghouat s'y est installé il y a peu

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I71IB BXPLORATKnr DU 8AHABA

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de jours et a commencé à fabriquer du pain et à débiter des liqueurs.

Pendant que les «Aciers de la mission complètent Tapprovi- sionnement de la caravane et achètent des chameaux du Sud, en remplacement des chameaux du Tell et des hauts-plateaux, incapables de résister au climat du Sahara et au genre de nourriture qui en est la conséquence, je fab une promenade dans les jardins de Toasls, la plus grande de toute l'Algérie. Les palmiers sont au nombre de plus d*un million. H y en a environ 400,000 en plein rapport, pour lesquels les habitants paient Timpôt, à raison de fr. 0,40 par pied. L*irrigation se fait au moyen de puits artésiens creusés et nettoyés par la corporation des retas, ou plon^îeurs. Dans le temps il y avait plus de quatre cents de ces puits dans Toasis, mais depuis plusieurs f;(^n<^rations on n'en a plus creusé de nouveaux et les anciens ont été comblés on «grande partie, si bien qu'il n'y en a plus guère que cent vingt qu'on puisse utiliser. Indépen- damment des eaux artésiennes qu'on rencontre à 30 ou 40 mëtros de profondeur, on trouve aussi dans la cuvette de Ouargla une nappe d'eau, sinon superficielle, du moins ne dépassant pas 2 ou 3 mètres de profondeur. Malheureusement elle est presque partout salée. Elle rend le forage des puits artésiens très difficile, car elle oblige les retas à travailler dans Peau sur presque toute la profondeur du puits. J*ai vu ces ouvriers à Tœuvre. Us travailhdent par groupes de trois. Chacun d'eux plongeait deux ou trois fois de suite en se lais- sant gUsser le long d'une corde qu'un de ses compagnons tenait assujettie au cadre supérieur du puits. Il plongeait à 82 mètres de profondeur, remplissait un panier des produits du curage et remontait. Le temps dimmersion variait dans d'étroites limites seulement : entre 2 minutes 33 secondes et 2 minutes 35 secondes. Quand un des ouvriers était sorti du puits, il allait se chauffer à un grand feu allumé dans le voisi- nage et un de ses compagnons le remplaçait. Tous avaient les

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BlVmi ]>'AL8AaB

oreilles tamponnées avec du suif. Il va sans dire que le forage d'un puits ne peut avancer dans ces conditions qu'avec une extrême lenteur, d'autant plus que les retas n'ont pour uniques outils qu'un pic et une sorte de pelle, et qu'il leur Haut percer un banc de grès fort épais reposant sur un second banc de marne compacte avant d'arriver sur la couche aqui- fère. Les puits artésiens que M. Cailiiol se propose de forer dans Toasis suivant les procédés modernes, ruinera lindustrie des retas, mais dotera Ouaigla de nouvelles sources, bienfut immense dans ces r^ons 0)1 il ne manque qu'un peu d'eau pour transformer le désert en plaines fertiles et en magni- fiques jardins.

Mais nous voilà au 3 décembre, tout est prêt et demain matin au petit jour nous plions nos tentes pour ])énétrer deti- nitivement dans le Sud. OU aboutirons-nous V Je n'en sais rien. Peut-être déboucherons nous par le Soudan ou le Sénégal, peut-être reviendrons-nous par le Sahara. £n tout cas, nous partons pleins d'entrain et de bonne volonté. Arrive que pourra ! Ce qui est écrit est écrit! Dieu est grand ! Je t^embrasse.

A toi de cœur,

BÉBorasB.

(La tuite à la prochaine livraison.)

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UN AMBASSADEUR LORRAIN

A STRASBOURG

La c Relation du Voyage d*ElîBée de Haraucourt en AUemagne en qualité d'ambassadeur près de remperenr

c Rodolphe II pour y recoToir au nom du duc de Lorraine

« Henri II, l'investiture des fiefs que ce prince tenait du Saint- « Empire romain, u se trouve dans un manuscrit ' encore inédit et déposé à la Bibliothèque publique de la ville de Nancy.

Ce qui est relatif à TAbiace-Lorraine est seul tcanscrit id:

MÉMOIRE DD V0TA6B FALLBHA6NE (1608)

Le 18 décembre de Nancy à SaM-Nicolat, deux lieues, le 19 à LimeinUe, deux lieues, le 20 à Blàm&nt, quatre lieues, le 21 à Salhonrfj (Sarrohourg), id., le 22 à Saverne en Alsace, quatre lieues. Kous avons laissé le château de Dabo à main

' Autographe, papier, petit in-4* 44 pp4 manque la lin. (bibliotlièqae de Dupont de Komémant, xviii^ siècle.)

Déœzzibre 1608

GKstes

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BBVDV D'ALSAOS

droite, il appartient au comte de Linange; le château de Hoh- Barr appartenant à Tévêque de Strasbourg, est également à main droite. M. de Créhange* est gouYemeiir de Saveme et du château ; il y a deux chftteaux, le vieux et le nonveau, il y a un beau parterre. Nous avons été défrayés, Ton a donné dix thalers à la maison, nous y avons ségoumé un jour. lie sieur de Créhange nous a dit que le pape, Tempereur et le roi d'Espagne ont fait dire au roi de Hongrie que s'il se joignait aux Huguenots, ils lui déclareraient la guerre ; il s'est alors retiré de la ligue protestante et les protestants ont dit par- tout qu'il leur avait manqué de parole depuis qu'il avait été élu roi.

Nota. On a donné à Saverne pour la maison dix thalers, qui font trente-cinq francs» J'ai écrit de Saverne à S. A. (le duc de Iioiraine) pour Vignole.

Le 24, nous sommes partis de Saveme et nous sommes arrivés à Strasbourg, il y a six lieues. Nous avons laissé à main droite l'abbaye de Harmoutier, et à gauche le cb&teau d'Erstein* sur une montagne appartenant & Messieurs de

Strasbourg; auxquels dès le soir de mon arrivée, ai donné avis de mon arrivée pour avoir audience le lendemain au matin.

Leur clerc juré nommé Joseph Jundt (itadtsehr&iher m*est venu trouver le soir pour me dire qu'il avertirait les Seigneurs; ce qu'ayant fait, il vint me trouver le lendemain à sept heures pour me dire que plusieurs ne voulaient pas me laisser la

^ François, grand-doy«i de l'église-calhédnle de Strasbourg. Il figure dans le règlement des frontièrea en 1601, entre le doe de Lwnine et lee seigneurs de Bitehe et de Hanan.

* Mathias, frère de Penp<»e«r et aon saccessenr en 1612.

* Ce chfttean, propriété de VéTéqae de Strasboarg, fat pris en 1592 pendant la guerre épiscopale. 11 fat rendn ensuite à son ancien maître. C'est le ch&teau de Hcrrautcin entre la Petite-Pierre et Lichtenstein dont il est question ici.

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UN AMBASSADEUR LORRAIN A STRA8B0URO

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peine d'aller vers eux, maïs qu'ils viendraient me trouver à neuf heures et ils m'envoyèrent en effet un gentilhomme nommé daug Jacob Wurmier, êtoMmeitter et Hemnch Banmgartaer, ammeuter, avec leur derc Juré; je leur fis la harangue suivante:

« Messieurs, Son Altesse mon maître, m'a commandé vous présenter ses affectionnées recommandations et vous dire qu'ayant plu à Dieu l'appeler à la succession des duchés de Lorraine et de Barrois, par le décès de feu Monsieur son père, U a voulu dès son avènement vous assurer de sa très bonne volonté et affection et s'acquitter envers vous des devoirs de bon voisin, ami et confédéré de Tempire, comme plus parti- culièrement vous reconnaissea par ceUe (la lettre) quil vous a écrit.

Sur quoi, s'étant retirés tous trois, un peu à part, leur clerc juré m'a fait en leur nom la réponse suivante :

c Monsieur, Messieurs ont entendu ce que leur avez dit de la part de Son Altesse et reçu celle quH a écrit à Messieurs. Nous allons la communiquer au Conseil qui est assemblé, puis incontinent nous viendrons faire leur rapport »

Sur les dix heures, tous trois sont venus me dire de la part de Messieurs de la Ville qu'en général ils remerciaient S. A. très humblement de la bonne volonté et afiection qu'il leur témoignait tant par la parole que pour leur avoir donné et confirmé par sa lettre par laquelle S. A. leur assure dimiter feu Monsieur son père; qu'en réciproque ils oftent tout service, étant très aise, que Ton veuille demeurer comme de toute ancienneté bons voisins et amis et que pour mon parti- culier, ils ont (le l'obligation de leur avoir apportée chose si agréable, avec offre de beaucoup d'honnêtetés.

Après leur avoir donné à diner à mon logis qui était au Petit Cerf, nous ont mené voir l'horloge, de à l'Arsenal, nous avons vu quantité de belles pièces, étant les salles du

18B iim o**LSàOi

noinbre de trois de 80 pieds de long, de laigeor de trois rangs de pièces de fonte. M. de a donné à l'Arsenal des aimes

dorées. * De nous ont mené en haut en une galerie fournie

d'arquebuses et de mousquets et d arquebuses à croc, de la môme longueur de S(:) jias. Puis nous ont montré les quatre greniers l'un sur Tautre de IGO pas de longueur, le grain de la hauteur de G pieds et étant de plusieurs années. Comme du blé qui est tombé du ciel en Tan 1547, autre de la chaude année 1510, autre du temps de la Bauer Krieg (les Rustauds, 1525), autre de Tan 1410, le tout fort sain et entier. Les gre- niers ont 385 pieds de longueur et 37 1/2 de largeur, la longueur des couches de blé est de 170 pieds sur 30 pieds de large. Sur le premier grenier, il n'y avait que de l'avoine.'

De là, on nous mena aux caves, Tune à la MaUon fient» *, Tautre un peu plus éloignée.

Les dits sieurs font entretenir tous les ans à leurs frais 164 ponts.*

Les dits sieurs nous ont fiât présent de seize brocs de vin, chacun pouvant tenir sk pots, ce qui fsisait en tout 96 pots. Le pont du Rhin a 67 portées de longueur, ils nous ont fidt payer le passage, encore que les ambassadeurs ne doivent rien payer. '

Le 20, nous sommes partis de Strasbourg et arrive^ à Lich- tenou, ' six lieues.

*

* Ba 1606^ le due dlSpexnon, fouvenav de Meta, donna à la ville de StniboQXg une cuirasse inenutée d*or. Y. sur l'Anenel et les Gie-

niers, ce que disent les historiens strasbourgeois Hkrmann et F. Pitoh.

* Ces greniers, hhth on 1-140, éluîent los plus beaux de l'Europe après ceux do Nuroiiihcrg; ils furoiit, à partir de l'an 17»)H, succcssiTe- ment dotériorés jnir les administrations qui se succédèrent à Strabourg. Les arciiiveâ départementale:) y lurent longtemps.

* LliAtel de ville b&ti par Speeklin, dit der Nem Bau.

* Ea 1746, il y en avait lU (Factom de Beek).

* An comte de Haaaii (da giand-daohé de Bade).

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tnr AMBAMASHni lorrain a mitABBODBO 189

Nota. J'ai écrit de Strasbourg à Sou Altesse par le trom- pette de M. de Créhangc.

Après bien des marches et contre marches, des lenteurs et des déboires, le 3 mars 1609, jour dumardi-gras, M. d'Harcourt arrive à Prague, Le 23 avril, il peut enfin faire ses reprises près de Tempereiir qui le reçoit avec aiabili(6 et le 9 mai, il quitte la capitale de la Bohême ; le 14, il est à Tteiifie, etc.

Le 80 juiflet, il part de Sgim et va dîner à XoiulaM, ville impériale, puis on prit gtte à Annweiler, * villette i^artenant au duc de Deux-Ponts; l'ambassade passa près d*un chAteau ntmmié Keukastel ' qui est au môme souverain, huit lieues. Le 31 au matin, on dîne à Lembergt' maison isolée; au-dessus est le château de Lemberg qui appartient an comte deHanan, qui commanda de nous envoyer du poisson pour notre dîner. Nous passâmes ensuite par un autre château dit Falkenberg qui est au duc de Deux-Ponts, puis de au gîte de Deiix-PontSy il y a cinq lieues. Eu arrivant nous n'avons pas trouvé le duc, il était à une lieue de là. Le gouverneur lui a envoyé un messager que no^^s attendons, 1" août. De Deux-Ponts, nous allâmes à Kirkel, * chAteau oh était le duc, " il y a une lieue. Aussitôt notre arrivée, nous eûmes audience tant du duc que de la duchesse douairière; le prince se dit fort obligé de S. A. de l'avoir envoyé visiter; aussi fl veut continuer le service qu*il avait voué au défunt, et désire trouver moyen de voir Son Altesse. Madame siçplie quil veuille avobr ses en&nts pour recommandés ét lui servir de père parce quHls.. .*

' Ancien chef-lieu de canton (Bavière rhénane).

* FalkAnbarg, au-dessus de la Queich près WUgartiwiMeii.

* Commune du canton de PirtTiasens (id).

* Village de la paroisso de Lantzkirchen (décanat de Deux-Ponts). ' Je«a II, fils de Jean l**' et de Madelaine de Clèves.

La fin du manuscrit manque malheureusement D'apr^ une note, le noble Lorrain fut de retour à Nancy, le 10 août

L'auteur de cette relation, Elisée de Haraucourt gouver- nenr de Nancy, était, d'après Dom Calmet, un chercheur et un enrienz qui avait une belle bibliothèque. H a laissé des mémoires manuscrits sur son pays; ils sont malheureusement perdus»

Abthuk Benoit.

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MATÉRIAUX

POUR S£RVIR

L'UlSTOlItE DE LA GUËfillË DE TfiENTE ANS

tirés des archives de Colxziar

(8itite)

19 août 1638 4 août 1689

Traité de HamlMurcp et négpooiations qui É'en- suivent ; diffionltée de Golmar avec Kontausler ; arreataticm de Manioamp; oontiiLiiation du nègre de Brisaoh; Golmar prête assiatance au duo Bernard de Saze-Weimar; Turenne malade à Golmar; capitulation de Brisach; Golmar pro- pose au duc Bernard de Ikire alliance avec lui; envoi d'un nouveau député à Paris; mort du duo de 8axe«Weimar; situation des troupes fic*an- çaises en Alsace; M. de Bélesbat nommé inten* dant de la province.

Le traité do Hambourg entre la Franco et la Suède, du 6 mars 1638, uvait désigné Cologne et Lubeckpour y négocier de la paix avec r£mpire. Averti par le résident Mockhel que les conlérenceB allaient s^oavrir, Ck>liiiar écrivit le Vl^ «t le

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G/l() septembre, au licenoié George Mtiller, conseiller et secrétaire intime de la reine de Surdc dont on avait reçu la visite k la tin de l'année précédente, pour le prier de repré- senter la ville dans les négociations et pour lui demander des passe-ports pour les députés qu'elle pourrait y envoyer. Ces deux demandes pourraient paraître contradictoires; mais outre que Tobtention des passe-ports constatait le droit de Golmar à figurer autour du tapis vert de la diplomatie, il était sage de prévoir qu*on pourrait être dans le cas de ne pas se contenter d*un député par procuration.

Le licencié HtUler répondit le *2ll2 octobre de Hambourg, quil était disposé à accepter le mandat de la ville, h moins que ses fonctions ne Tempéchassent de le remplir : dans ce cas il ferait en sorte que les intérêts de Colmar n'en souffirissent point La Suède avut tout avantage à s'entourer de ses clients ; le 20 novembre, Mockhel transmit à la ville une lettre du négociateur suédois du traité de Hanibourfï, l'ambassadeur Salvius, qui l'informait que les conférences allaient s'ouvrir, et rengai^eait i\ se pourvoir par l'intermédiaire du duc de Saxe-Lauenbourg du sauf-conduit nécessaire aux députés qu'elle y enverrait

Dans ses rapports avec le nouveau gouverneur, Colmar trouvait chez M. de Montausier une raideur et des exigences dont elle se crut en droit de se plaindre. Il s'en prenait à elle de ràbandon oii on laissait la garnison française, qui ne recevait ni effets ni solde, et qui, sans les avances de la ville, n'aurait mdme pas été nourrie. La maraude, la désertion emportaient chaque jour quelques soldats, et entre ceux qui restaient et les bourgeois, c'étaient des batteries continueUes qui réclamaient intervention des officiers et du magistrat. Pour prévenir la désertion, Montausier avait donné ordre de ne plus occuper la demi-lune devant la porte de Brisach, d'où les soldats s'étaient sauvés à plusieurs reprises, et quand la ville cessait de lui iuuruir du la farine, il prétendait disposer

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HlâTOI&B DB LA. GUKBBI DS TRENTE AK8 ' 193

des mouliiiB exclusiTemeiit pour la garnison (Prot ndas. gall. Lettres du 10/20 et du 15/25 août). 11 n*en agissait pas mieux avee les officiers sous ses ordres : fl alla jurqu*à Isire anéter M. de Méry, le couimandant de Guémar, malgré le seeours <iue M. d'Haligre en tirait pour rapprovisionnement de Oolmar (Lettre de d'Haligre du 214 août).

Le magistrat crut que Montausier n'en agissait ainsi que pour l'exaspérer et le pousser à quelque infraction du traité de Ruel, qui louriiit un prétexte de le rompre. D'un autre côté, la ville api)rit qu'il avait porté plainte contre elle à la cour; elle prit aussitôt la résolution d'en écrire & la fois au car- dinal de Richelieu et à M. de Noyers.

Ses lettres témoignent d'une irritation qui remonte peut- être à la correspondance échangée précédemment avec le gouverneur, mais qui s'alimente aussi d'autres grie£s. On reproche notamment à M. de Montausier sa négligence : jamais il ne fait de rondes pour tenir les postes en éveil; il pré- tend laisser les portes ouvertes jusqu'à minuit, et garde le lit jusqu'à onse heures sans qu*on puisse l'aborder. Sous son gouvernement, il n'est plus question d'envoyer des partis contre les ennemis, tandis que Hanicamp, qui iàisatt chaque semaine deux petites expéditions de ce genre, les a souvent surpris et battus. Cest ainsi qu'il avait délEsât deux com- pagnies de cavalerie lorraine à Tflrkheim, qu'A s'était emparé de cette petite ville défendue par des Impériaux, qu'il avait pris h Routtach quatre pièces de canons, qu'à Gueb- willer il avait anéanti le régiment de cavalerie de Reinach (?), et qu'à Guémar il avait tué et fait prisonnier i)lusicurs des cavaliers qui s'y trouvaient. Mais quand son successeur se croise les bras, les ennemis viennent enlever des bourgeois et leur bétail jusqu'aux portes de Colmar, et au lieu d'être l'effroi des Croates, la garnison livre au pillage les jardins et jusqu'au marché de la ville. Un autre grief contre le gouverneur, ce sont les péages: il exige 12 rizdales d'un chariot, 6 d'une

Mimv«lleSéito.~lflF*aBiié«. 18

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RBVDB D*ALSACI

(Jiarrette, et ce droit exorbitant interdit tout transport de marchandises entre Bfllc et Sti-asbour*^'. La plainte conclut en disant que Montausier est jeune, Ûcheux et suffisant, qu'il prétend tout régler et traitar Colmar comme il &it à Séles- tadt Cependant cette ville ne porte pas au service de 8a Mi^esté le même zèle que Colmar, et n'a point comme Colmar la garantie d'un traité avec la France.

Dans un mémoire confidentiel qui, par parenthèse, n'a pas été expédié, Mogg porte sur Montausier un jugement non moins rigoureux, c La ville, disait-il, avait déjà ou à se plaindre du précédent gouverneur, qui était naturellement prompt ot ex( ('ntri(iiu' ; quiiiid il fut remplacé par Mont^iusier, qui e^it protestant, elle crut (lu'ello ferait nieillour ménage avec le nouveau venu; mais il n'en est rien. Montausi(>r se croit en F'ranco, oii tout relève du «^'ouverneur, et il ne songe pas qu'il a aftaire à une ville du Saint-Kmpire qui, après avoir adhéré à l'alliance de Heilbronn, s'est placée sous la protection de la France par le traité de RueLNous ne sommes pas, continue-t-il, gens à nous laisser traiter comme Sélestadt : nous aimerions mille fois mieux tout quitter et ne revenir à Gohnar qu'après la paix. Tout le mal provient de l'extrême jeunesse de Montausier, c'est ce qui le rend si vain, si pré- somptueux et si opiniâtre que, quoi qu'on en dise ou qu'on fuse, il ne démord jamais de l'opinion qu'il a une fois embrassée. Sans douto son intelligence est remarquable, mais elle ne peut pas tenir lieu de la pratique des affidres et de Tcxpérience de la vie: teientia aine mu et experientia parum prodest. Ces jeunes gens, dltril encore, ne peuvent pas se soumettre k des règles, attendu (ju ils ont été engendrés, nourris et élevés à l aventuro et en dehors de toute règle. »

Ce grand malentendu prit tin cependant. Déjà le 5 octobre M. de Polhelni félicite la ville du rétablissement du bon accord. 11 ne paraît donc pas qu'il faille rattacher k ce conflit les ploiutea contre la ville, dont ToUielm parlo dans uuo autre

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HISTOIRE DE LA GUERRE DE TRENTE ANS 195

lettre du 30 novembre et au sujet desquelles il venait d'en- tretenir M. de Noyers. Du moins Toit-on le 4 décembre le marquis de Montausier intervenir à la cour dans une affaire qui intéressait Colmar, et prodiguer à cette occasion les eq[>re88ions les plus fortes pour assurer la ville de son affec- tion et de son désir de lut être agréable.

Pendant cette lutte passionnée contre Montausier, la mal- chance continuait à poursuivre Manicamp. D avait annoncé à la ville, au mois de juin, qu'il était envoyé au dége de Saint- Omer. Le 15 septembre, M"* de Manicamp, née R. Le Conte, cette femme courageuse et si dévouée à son mari, prie ses t très chors et très lionorés compères u les bourgmestre et magistrat de Colniar, d'interveuir à la cour de France en faveur de M. Manicamp, qui était arrêté depuis quinze jours. Le 6 octobre, cette dame écrivit de nouveau à la ville pour la remercier d'avoir témoigné en faveur de Manicamp, en expri- mant l'espoir que le roi reconnaîtra son innocence et que le ''-'^^^TF^al Bichelieu aura pitié de luL D'après le titre de com- père que M"* de Manicamp donne aux magistrats de Colmar, il paraîtrait qu'ils avaient tenu un de ses enfants sur les fonds. La ville foisait quelquefois cette politesse à des personnages de distinction : le dossier ren&rme une lettre du colonel Schoenbeck, du 29 novembre, par laqudle il demande au mafttre et au conseil de servir de parrains à une fille qui venait de lui naître.

Cependant le blocus de Brifiadi avait peu à peu tourné en siège. C'était en vain que les généraux Gœtz et Savelli, le duc de Lorraine avaient tenté de porter secours à cette forteresse. Colmar ne pouvait rester indifférent à la chute d'une place d oii l'ennemi menaçait constamment sa sûreté, et ce fut en toute coutiance que le duc de Saxe-Weimar lit appel à la ville dans les nécessités il se trouvait.

Le premier secours qu'il en tira, ce fut de pouvoir y envoyer ses blessés. La ville les logea à l'hôpital et dans la maison de

RSTUI D'ALSACE

la Couronne (Prot miss. Lettre au duc du 19 octobre). Le généralissime demanda, le 18 octobre, du camp devant Brisach, la môme faveur pour les blessés français, et, de leur c6té, les maréchaux de camp Turenne et Gaébriant éeritireat à la ville dans ce sens, le 24 octobre. Elle répondit le âO/ao octobre à ces derniers, qn*elle ferait son possible pour leur donner cette satisfection, mais comme elle avait dé|jà sur les bras plus de 900 officiers et soldats weimariens, si les blessés français devenaient plus nombreux, on serait obligé d'en évacuer une partie sur Sélestadt (Prot miss. gall).

Un peu plus tard Bernard do Saxe-Weimar demanda à la ville deux cents bourgeois, pour travailler aux constructions nécessaires au siège sur la rive gauche du Rhin. Mais à ce moment un corps d'armée remontait le pays pour porter secours à Brisach; la garnison française était réduite à quel- ques hommes et il eut été imprudent de se priver d'un si grand nombre de combattants: la ville s'excusa donc en alléguant en outre qu'elle n'avait le droit de requérir les bourgeois que pour sa propre défense, et qu'elle ne pouvait les appliquer à un service extérieur (Prot miss. Lettre du 21 octobre). Elle accueDlit plus fiiTorablement une antre demande, datée également du eainpi devant Brisach, le 21 octobre, par laquelle le prince requérait Tassistance dee charpentiers de Colmar: elle mit à sa disposition' les deux seuls mattres qui lui restaient, et fit appel aux charpentiers du voisinage.

On voit dans une lettre de la ville, du 19 octobre, que lors d'une maladie de Bernard de Saxe-Weimar, il s'était fait transporter et soigner à Colmar. Turenne suivit cet exemple, quand il prit la fièvre au siège de Brisach : dans une lettre datée « du camp prei de Brisach, » 26 octobre, il mande aux magistrats et bourgmestres de Ck>lmar que, c craignant de tomber decechef en sa première maladie, il les prie de lui conserver le logis qu'il a tenu par ey-devaat, pour en prendre

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HUriXIIIUI im LA flUBBBB OB TRBMTB AM 197

possession lui et les siens en cas de besoin, et se présentant maintenant M. d'Orte, capitaine de chevaux légers, qui est un homme qu'il affectionne uniquement et qu'il a en très grande considération, à présent fort indisposé, il souhaiterait qne, par leur moyen, on fit donner audit S' le même logis pour 8*611 servir pendant sa maladie.

Le 9 novembre, le duc Bernard écrivit de Bheînfélden que rennemi s'ayançant sur Waldshut, il recommandait à la ville de contribuer autant qu'il dépendra d'elle à Tapprovisionne- ment du camp de firisach, et surtout de faire moudre les 1000 quartaux de blé qu'elle lui avait promis. La ville lui r^ondit, le 10 novembre, que Tétat des chemins rendait les transports très difficiles et qu'elle ne pouvait livrer que 500 sacs.

Le 19 novembre, Bernard dt Saxc-WeimarestàNeuenbourg, d'où il écrit à Colmar qu'il attend au premier jour l'arrivée du duc de Longueville et de son armée venant de France, et que le zèle de la ville pour la cause commune lui fait espérer qu'on voudra bien compléter les 1000 sacs en question. 11 lui envoie à cet effet son commissaire général des vivres (protnant' meister) pour s'entendre avec elle.

En se retournant vers les ennemis du dehors, le duc Bernard avait abandonné la direction du siège an général- migor Jean-Louis d'Erlacb. La ville répondant à une lettre du 11 novembre, qui ne s'est pas retrouvée, s'excusa de ne pouvcnr lui procurer des ustensiles nécessaires pour les tra- vaux du siège (Prot miss. Lettre sans date).

L'heure avait sonné. Une lettre datée du camp des assié- geants, 1*' décembre, annonça que la place négociait avec Bernard de Saxe-Weimar, Colmar avait ses réserves à faire contre un ancien greffier de Tilrkheim enfermé à Brisach, nommé Jean KUenlin qui, du temps du feld- maréchal Horn, avait passé aux ennemis et dont les biens avaient été confis- qués. Le roi de Hongrie lui avait délivré une assignation de 7000 rixdales sur Jonas Walch, l'obristmestre actuel de Colmar,

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qui avait opéré la confiscation au profit de l'armée suédoise. La ville écrivit an duc le 5 décembre pour le prier de ne pas comprendre dans la capitulation KUenlin et ses prétentions.

Peu de jours après, le 13 décembre, Colmar fut convié par le duc à envoyer le lendemain quelques membres du magistn^ ponr assister aux actions de gr&ces et aux réjouissances par lesquelles il voulait célébrer sa victoire. U Tinvita en même temps à tifer, dès qu^on entendrait le canen de Brisach, trois salves d'artillerie, la première en l'honneur du roi de France, la seconde en llionneur de la reine de Suède, et la troisième en l'honneur du dauphin qui Tenait de naître.

La nouvelle de la prise de Brisach produisit une émotion générale. Il restait à savoir h qui profiterait ce grand succès . Dans une lettre du 18 janvier, adressée à Mogg, H. de Polhèlm touche cette question : « Depuis la capitulation de Brisach, lui dit-il, vous ne m'avez pas encore fait part de ce que vous

pensez de cette victoire Il paraît que le roi voudrait (jue

la ville fût remise entre ses mains. Sa Majesté désire que lo duc Bernard se rende h sa cour : dans ce cas, comme dans tout autre, on trouvera bien moyen de s'entendre, et le roi com- prendra qu'il serait sage, utile même que la place restât entre les mains du prince. Mais, ajoute-t-il, il peut y avoir des incon- vénients à donner par écrit son sentiment sur cette matière. »

Colmar penchait manifestement vers le même parti A ses yeux la chute de Brisach, le dernier boulevard de l'Empire sur le haut Bhin, substituait le duc de Saxe-Weimar à tons les droits des Habsbourg sur les pays antérieurs de l'Autriche. Le prince était allemand et protestanjt: il pouvait devenir un point d'appui contre la France, dont on avait accepté la protection, sans vouloir se soumettre à sa domination. Gohnar devait appeler de tous ses vœux le moment oîi le prince pour- rait obtenir la reconnaissance des droits qu'il tenait du succès de ses armes. Plusieurs indices fournissent la preuve (le ces dispositions.

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HDTOraS DE LA. OUSBRI DB TSBNTK ANS 199

Immédiatement après la prise de Bri.sach, la ville envoie de fréquentes ambassades au duc de Saxe-Weimar. On ne voit pas ce qu'elles avaient en vue; mais au mois de mars, Golmar lui présenta un mémoire oh, après avoir rapidement esquissé la marche des événements depuis que l'empereur Ferdinand II avait appesanti sa main sur les protestants cohnariens, le magistrat rappelle la triomphante arrivée des Suédois <iai mit fin à la persécution, leur désastre à Nordlingen qui obligea la ville h se jeter entre les bras de la France, le traité de pro- tection, d*abord refùsé, puis accordé par Louis xni, et qui n*a pas empêché Golmar d*être insulté continuellement, surtout par la garnison de Brisach on ne peut évaluer à moins de 100,000 rixdales le dommage qu'il a éprouvé. Les victoires de Son Altesse, continue-t-il, l'on voit si manifestemeut le doigt de Dieu, pcrniettriit enfin d'espérer la fin et la répara- tion de ces désastres. Mais il faut pour cela que U; commerce, ce grand ressort de la prospérité publique, puisse reprendre avec la même sécurité qu'autrefois, et recouvre ses précé- dentes franchises, et à cet efifet la ville propose au prince de conclure avec lui un traité de bon voisinage, par lequel on réduirait les péages aux tarifii pratiqués anciennement, dans la juridiction et sur le territoire autrichiens actuellement soumis à Bernard.

Ce n*était pas le seul point dont on entretenait le duc Par le traité de Buel, la couronne de France s*était engagée à entretenir à ses frais une garnison à Golmar. Cette stipulation était devenue pour la ville une source d'embarras. Depuis dix- huit mois les soldats iravaicnt pas touché un liard de leur solde, et sans les avances continuelles de la municipalité, ils ne recevraient même pas les vivres (ju'on leur doit. La faute en est à l'intendance française dont les malversations entament à l'avance la subsistance des troupes, et qui a l'art de rendre ses achats aussi dispendieux que possible. D'un autre côté, les commandants français frappent 1^ transports de s| lourds

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BEVUB O'aLSACB

péages, que le commeroe en sonfire au plus haut point Afin de parer à ces inconvénients, la ville se propose d^envoyer un député à la cour pour demander de lui laisser acyoindre quelr ques centaines dliommes à sa garnison allemande, moyennant un subside annuel payé par la France, et dans ce cas elle voudrait savoir à l'avance si le duc de Saxe-Weimar serait disposé k lui porter secours dans le danger. Avec cette assu- rance, elle n'hésiterait pas à faire partir une députation pour Paris.

On le voit, cette proposition ne visait pas à moins qu^à substituer une alliance avec le duc Bernard à la protection de la France, tout en laissant à celle-ci la charge de Tentre- tien de la garnison. Le prince trouva sans doute ce projet intenq^tif; du moins l'obristmestre Jonas Walch, qui se chargea vers cette époque (mars 1639) de porter à Louis XIII les félicitations de Colmar sur la naissance du dauphin, n'eut- il à soutenir que des demandes d'une moindre portée. U devait solliciter le paiement des nouvelles avances de la ville, plus de régularité dans le paiement de la solde due à la garnison et sa réduction à deux cents hommes; il devait surtout ménager à ses commettants 1 appui de la France dans toutes les difficultés qui pourraient surgir après la paix, et qui seraient de nature à menacer les privilèges, les franchises et les bonnes coutumes de la ville. Walch présenta un mémoire dans ce sens le 7/17 avril.

Il aurait comprendre que si la prise de Brisai h avait fortifié Saxe-Weimar, ce n'était pas pour la France un motif d'amoindrir sa position sur le Rhin. Bien loin de censentlr à une diminution de la garnison de Colmar, les ministres venaient d'envoyer à Montausier 2000 couronnes, pour lever une compagnie de cavalerie destinée à protéger son gouver- nement contre les Suédois et à refouler les Lorrains cantonnés à PlainHung, à Fraise et dans les environs.

Dès que la ville en eut connaissance, elle écrivit, le 2i avril.

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BBIOm BB L4 UUUUHI INI THBMTB ANS 801

à TobiistUMtre de mettre tout en œuvre pour lui éviter une nouyelle garnison de cayalerîe. Elle lui rappela les désordres

dont l'entrée des troupes de cette arme avait toujours été le signal, et lui représenta Tabandon se trouvait la garnison actuelle : ne vaudrait-il pas mieux appliquer à son entretien la dépense qu'exigerait la levée d'un nouveau corps? Les Weimariens suffisent d'ailleurs pour tenir les Lorrains en respect : il y a dix jours le colonel Rosen a pénétré en Lorraine en passant par le Val d'Orbey ; il a battu un régiment d'infan- terie à 8aint-Dié et détruit deux régiments de cavalerie à Ghâteiii-Biir-MoBeUe ; d'ici à quelque temps le duc de Lorraine ne sera plus en état de tenir la campagne. Mettre sur pied un nenvean coipi de cavalerie ce serait non protéger le payst mais achever sa ruine: remployer contre le due de Saifr* Weimar, ce serait ^ glorieux pour la France.

On ne peut douter dn zèle de Jonas Walch dans l'acconir plissement de sa mission. Cependant c'est à peine si dans les résultats quil obtint on volt une trace du but ven lequel tendait la politique do ses commettants. Loin d'accéder à une réduction de ses forces à Colmar, le roi prit toutes ses mesures pour les rendre moins dépendantes des circonstiuices contraires sip;nalées par la ville. Les démarches personnelles de Moiitausier venaient en aide aux représentations de l'obristmestre.

Le ûége de Brisacà et l'armée du duc de Saxe^Weimar qn'ilavait fallu nourrir, avaient à lalettre épuisé les ressources du pays. Dès le 15 janvier, le gouverneur de la haute Alsace avait prohiber Texportation du blé, du vin et de toutes les antres denrées. Llntendance n*était plus en état de frire vivre les troupes: le 12 février, Hontausier écrivait de Sélestadt: La nécessité en laquelle nous a réduits M. d*Haligre m*a contrainct de sortir dlcy et de n'y laisser que deux cents hommes de sains avec les malades, et d'alor chercher à vivre ailleurs avec le reste de ma garnison, en danger de la frire

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M RBVUI D*AL8A0I

tailler en pièces ou dn moins de la voir se desbander. » De son

cftté d*Haligre ne parvint pas à faire tenir les marchés conclus

par lui, et donnait, en janvier, pouvoir de poursuivre le S' Machet, un de ses fournisseurs. Le 17 février, un ordre de Montausier prescrivit aux principales villes de son gouver- nement d'envoyer dos députés à Colmar, pour aviser aux moyens d'entretenir huit cents hommes de troupes. Par trois courriers différents, il avait rendu compte de cette situation à la cour.

Les rapports du gouverneur à Tappui des démarches de la ville contribuèrent k déterminer les ministres dans le sens oti les portait lintérêt évident de la France. Les principales et plus efficaces mesures tendirent à faire sortir Tadministra- tion des guerres de Tomière oii elle le compromettait La ville et le gouverneur 8*entendaient sans doute pour porter la responsabilité de cet état de choses sur les agents chargés d'y obvier ; du moins y eut-il un changement de personnes qui permet de le supposer. Par lettres-patentes du 20 et du 24 mai 1639, datées de Saint-Germain, Louis XIII nomme inten- dant de la justice, police, finances et villes en la haute et la basse Alsace et dans le comté de Montbéliard, M. do Belesbat, conseiller au,\ conseils d'Etat et privé du roi. Un exemplaire imprimé de ce double document est joint au dossier. Ce fut à M. de Belesbat que Sa Majesté adressa, le 21 mai, les ordres que Walch était venu solliciter tant pour le paiement du solde restant sur les 19,127 livres 10 sous avancés par la ville, que pour le remboursement des munitions qu*ène avait fournies. Pour assurer à Pavenir la subsistance de la garnison, l'intendant devait soit établir des magasins et une manutention des vivres, soit traiter avec des boulangers. Quant à une réduction de Peffectif, Belesbat était commis avec Montausier pour examiner jusqu'à quel chiffre on pour- rait ramener. Le roi recommandait aussi « à .sa vigilance la liberté du labourage, trafic et passage dans tout pays, et

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HISTOIRE DE L.K GUERRE DE TRENTE ANS 203

même dans les villes de Kaysersberg, Mûnster et Tûrkeim. Ck>mpren8nt cependant que cette yagne penpecti?e dHine diminiition de la ganûson répondait mal aux espénuices qne la Tille avait conçues, et aux appréhensions que Tayenir lui inspirait , Louis Xm écrivit dès le 13 mai, à ses c très chers et bons amis les magistrats et consdl de la ville impérialle de Cofanar > : Sachant c que vous estes en quelque aprdiension qu^après auoir esté compris dans le traicté de la paix géné- rale, Ton ne gardast en vostre endroit les choses qni vous pourront estre promises, nous auons bien voulu vous dire que lorsqu'il aura plû à Diou toucher les cœurs de ceux qui empesclnnit aujourdhuy le restablissement du repos de la Chrestienté et de donner la conclusion au traicté d'une paix ferme et asseurée, laquelle est le seul but de nos armes, nous conseruerODS le souuenir de vos seruices et bonnes intentions et prendrons bien volontiers tous les soins qui dépendront de BOUS pour Tobseruation de ce qui aura esté convenu en vostre iiuieur. » Dans les instructions quil donna à K. de Belesbati le roi revient là-dessus, elles lui font dire : c Outre Tassurance que je leur ay donnée (aux bouigeois de Colmar) de les fûre comprendre dans le traicté de la paix généralle (ils demandent que) je leur continue, après qu'il sera fidct, les tesmoignages de ma bonne volonté, comme à des gens particulUèrement affectionnez k mon service, affin qu'aucun ne vienne à \\o\er ce qui leur aura esté promis : sur quoy je vous diray que je seray bien aise que vous leur confirmiez de ma part ce que j'ay dit à leur députté, qui est qu'en continuant à nie rendre preuue de leur sincère atîection au seruice de cette couronne, je les fauoriseray en tous temps des effects de ma bienveil- lance. »

Ces assurances redoublées ne contentèrent pas Colmar. Une pente naturelle l'entraînait vers le duc de Saxe-Weimar, et son premier mouvement fut de rouvrir avec lui les négo- ciations précédemment entamées, Jean-Henri Moog, qui hnrs

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du dernier renoayellement du magistrat avait échangé ses

fonctions de syndic contre un oftice de stettmestre, fut chargé de lui soumettre à Brisach, le 17 mai (v. sU, un projet de traité d'alliance et de bon voisinage qui a malheureusement disparu de nos dossiers. Il en est question dans une adresse dont le député donna lecture au prince, et cela sufHt pour juger de la nature de ces propositions. Outre la réduction sur l'ancien pied des péages autrichiens, la ville lui demandait de Taider à maintenir ses privilèges, droits, coûtâmes et possessions.

On ignore raecoeil que Bemanl de Saxe-Weimar fit à cette démaidie. Quelques semaines après il n'était plus. U mourut à Keuenbourgi le 18 juillet 1639. Le marquis de Montansier était alors à Paris, ota il 8*était enfin rendu luî-mâme pour y représenter Pextrémité oli les troupes do son gouvernement étsient réduites. A force de solUcitations, il avait mâmeolytenu quelque argent pour les garnisons d'Alsace. A la mort de llUustre général protestant, il écrivit, le 30 juillet, à MM. de

Colmar: t La mort de Son Altesse de Weimar me

touche sensiblement en mon particulier, pour l'honneur qu'il me f;li^oit de m'aymer, pour les bons offices qu'il m'avoit rendus en cette court, et pour mille autres obligations dont je lui estois redevable. C'est un déplaisir qui nous est commun avec tout ce qu'il y a d'honnestes gens et d'aôectionnez dans le party. Ncantmoins il faut la supporter en gens d'honneur et de cœur, et ne nous pas abandonner nous mesmes q^rès avoir esté abandonné d'un si grand support »

La nomination de M. de Bdesbat mit fin à la mission de IL d'Haligre. Le soin de quelques alfiiires le retint encore pour un peu de ten^s à Bftle. Ce fut de qu'il fit ses adieux au c magistrat et consdl de la ville de Colmar. » Il avait, disait- il, toigours bien vécu avec eux, et en souvenance de la bonne amitié et pour s'acquitter du droit de bon bourgeois que lui avait décerné la société du Waagkeller, il leur envoyait un

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UISTOIBE DE LA GUERRE DE TRENTE ANB

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Yaae d'argent en foime de raisin, dont il les prie de se senrir les jours de réjouissance : il attend en échange, par la première dépêche que la yille fera à la cour, son acte de bourgeois priril^é de la ville de Colmar.

X. MOSSKAJIN.

(La iuUe froAainenmQ

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LES ÉGUSËS BËLFORT

Brace Chapelle de le Vierge Ooil^iale de

Saint-Denis Notre-Dazxxe-de-Liorette Bsliee paroles ieile mocLeme.

Fin »

V

ÉGLISE PAROISSIALE MODERNE

(17^7 à 1752)

Au eonunencement du siècle dernier la population de Belfort était d'environ 9000 ftmes, la garnison non conqirise. L*^se collégiale de Saint-Denis était trop petite pour cette population; d'un autre côté quelques-unes de ses parties menaçaient ruine; un nouvel agrandissement et des r^arations ne pouvaient plus répondre aux besoins et aux convenances du service religieux. Cet état de choses fut, à Tinitiative du métropolitain, constaté par procès-verbal du 25 avril 1717. L'entrepreneur des fortitications le constate aussi le môme jour, (le concert avec Tarpeiiteur juré de la ville. Le prévôt et le magistrat sont d'un avis conforme et dès ce moment la construction d'une nouvelle église collégiale est décidée. Mais ce ne sont que les préliimiiairei> d'uu projet élaboré depuis

* Voir les liviftiBoiiB da dernier trimestre 1880 et du premier tri- mestre 1881.

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un tauma m bblvobt

m

longtemps dans Topiiiion des habitants, avec le concours des autorités. Quant à la question de remplacement, elle était également résolue à Tavaiice ; elle s'imposait par la création de la ville neuve et de son enceinte fortifiée; ensuite on ne pouvait songer à élever le nouvel édifice sur la place de rancien, au pied de la roche, position désormais excentrique et d*un abord difficile en liiver. L'espèce d*enqu6te ouverte à ce siqet, désigna d*eniblée remplacement que TégUse occupe aqjourdliuî, en face de la porte de France, dans la nouvéOe enceinte, le monument devait contribuer à rembéllisse- ment de la ville nouvelle.

Mais on se heurtait à une difticulté : cet emplacement était surbâti et parmi les constructions qui l'occupaient se trouvait la maison du prévôt de la ville, bailli, du comté M. F. Noblat; d'autres, de moindre importance, appartenant à Vernié, Testu, Rapelet et Iloumairo devaient aussi disparaître. Cette difti- culté, d'ailleurs prévue dès les premiers moments, n'arrêta point l'esprit public qui décida que la nouvelle église ne serait pas élevée sur un autre terrain.

Tel était Tétat de la question lorsque Tautorité jugea le moment venu d'en aborder Texécution. Les revenus ordi- naires de la ville ne pouvaient répondre à la dépense d*une aussi grande entreprise: il fiUlait donc créer des ressourcée nouvelles et faire appel au dévouement et à la générosité de ceux que le projet séduisait

Au lieu d'avoir recours, comme au moyen âge aux indul- gences (le l'Eglise qui nous ont valu tant de monuments, fruit des sacrifices que l'on pouvait alors attendre du sentiment religieux, le bailli de Louis XIV, de concert avec le magistrat et les bourfi;eois de Belfort, eut recours aux procédés qui sont encore eu usage de nos jours. Magistrat et bourgeois estimèrent qu^une contribution de 2000 francspar an, répartie sur tous les paroissiens, une taxe de 40 sous par boeuf, de 5 sous par veau et par mouton abattus dans la boucherie et

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BBVtn D'ALSAd

de 5 sous par mesure de vin qui entrerait en ville pendant douze annt^es produiraient les ressources nik'essaires pour faire face à la dépense de la construction projet(^e. Une requête dans ce sens fut formulée au conseil d'Etat du Roi qui, le 22 octobre 1726, siégeant à Fontainebleau, rendit un andt conforme à la demande.

Bélfort se trouva ainsi doté, pour douze années, de l'octroi de Saint-Denis, qui devait se prolonger Uen au delà des douze années de la concession et qui forme ai^eurdliui la principale source du revenu communal.

Muni de cet arrêt, le magistrat s'empressa de procéder à l'organisation du service de la perception. Jean-Baptiste Royer fut nommé receveur central; Jacques Tovet et Sébastien Foumfer préposés, le premier à la porte de Brisach, le secmul à la porte d(; France, Vion à la grande boucherie. Ces préposés versaient chaque jour à la caisse de Royer le produit de leur recette de la journée. Quant aux liquides, vins, eaux-de-vie et bière, introduits chez les parti- culiers en dehors de l'enceinte, à la Forge, au Fourneau et autres maisons du dehors, le sieur Gallaup, garde des domaines, fut chargé d'en faire le recensement dans les caves et d'avertir les particuliers de n'y rien introduire désormais sans qu'au préalable ils n'aient acquitté la taxe. Chez les cabaretiers du dehors et du dedans on percevait cette taxe par quartier et sur les états des agents des domaines et des fermiers de la ville. Ce régime commença le 1** Jsnvier 1727.

Le 1** février suivant, François Noblat, subdélégué de l'intendant d'Alsace, procédait à l'adjudication de la fourni- ture des pierres on moellons nécessaires à la fondation de l'égUse. Le cahier des charges porte qu'elles seront extraites des carrières de la Miette et de l'enclos du sieur Mangenot. Jean Monnin, Grégoire Sennortdits Belle-Flettr et La TuUppe devinrent adjudicataires do l'extraction à raison de 36 sols la toise cube, sans être obligés de les ranger eu Uiiaes et à

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LBB ÉOLIBB8 OK BKLFOBT 209

raison de 43 sob dans la carrière de Mangenot, mais rangées en toises. Kangenot n^exige auenne indemnité pour les pierres qni seraient extraites de sa carrière.

Le 5 février Textraction du sable fut adjugée à Jean Marmet à raison de 45 sols la toise cube, avec la condition de le mettre en toise, de l'extraire dans le lit de la Savoureuse et sur les bords, depuis le paquis de Brace jusqu'au erucirtx de Danjoutin.

Le même jour le mafîistrat décide que la tuilerie appartenant à la ville sera réparée aux frais de la paroisse, que celle-ci fournira le bois et les pierres* à chaux à l'entrepreneur à façon, auquel il ne sera pas fourni de logement, attendu qu'il n^ en a pas à la tuilerie, et que ledit entrepreneur restera chargé de Textraction de la terre pour la fabrication des briques et des tuiles. André Pour, d'Essert, est déclaré a4ju- dicataire de Tentreprise au prix de 3 liTres 10 sous le millier de tuiles et de briques, et de 4 sous 6 deniers le bichot de chaux. Le magistrat décide en outre qu^il sera pourvu, par économie, à la fibrication de mx tombereaux pour voltorerles sables à pied-d'œuvre.

Le 1" mars, le magistrat déli])ère que les paroissiens seront admis à faire les voiturages gratuits qui sont offerts pour le transport de tous objets utiles à la construction et au déljlaie- ment du terrain sur lequel elle s'élèvera ; il décide que ceux qui n'ont point d'attelages seront admis à fournir, dans la même proportion que les voituriers, le travail de leurs bras pour excaver, jusqu'à au moins quatre pieds de profondeur, le périmètre du futur édifice afin de faciliter au pourtour les excavations jugées nécessaires à la solide assiette des fonda- tions. Il décide que trente-six brouettes, vingt-quatre goinehèB, trente-six pèles de fer, vingtpquatre pics et pioches et dix-huit ffxumtdtx seront acquis pour cet usage. Les pèles furent achetées à raison de 24 sous pièce, les pics et piodies à raison de 25 sous, la brouette, non ferrée, à raison de 20 sous et les vingt-quatre gondies à raison de 3 livres 16 sous.

Nouvelle Série. 10" aaoée. 14

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un» o'albaob

n paraît que dès la première année de Toetroi sur les vins,

la fraude prit un certain développement, car le magistrat nomma le sieur Lapostolet pour surveiller et contrôler les vins que les voituricrs amenait iit chez les particuliers, hors de ville, avant l'ouverture des portes et l'arrivée des préposés aux bureaux de recette; ou lui adjoignit même le sieur KicoUs Kobcrt, dit la Frég[iiente.

Ces mesurea préliminaires étant prises, il iallut songer à débarrasser le terrain des constructions qui Tocci^aient Le 15 juin 1727, le magistrat^ et les notables» tsstmblés à i*h6tel-de-Ti]le, nommèrent ce que Ton appellerait ai^oiudlim le jury d'ei^ropriation à Fefiet de statuer sur la valeur des maisons & démolir pour fiiire place à la nouvelle é^gSae et aux deux rues latérales à ouvrir. Les propriétaires Noblat, Testu, Vemié, Rapelet et Houmaire nonunèrent pour les représenter dans restimation de leurs propriétés à démolir Etienne Bonnerct et Antoine Montagne; de leur côté le magistrat et les notables nommèrent pour représenter la paroisse Meinrad Strolz, de Danjoutin, et Jean-Henri Gioque et, d'un commun accord, les deux parties instituèrent Guillaume Duparc pour tiers-expert. Cinq jours après; le 20 juin, les experts ayant prêté serment, procédèrent à la mission qui leur était confiée et tombèrent d'accord sur Testimation suivante : La maison de Noblat, avec grange, écurie et dépendances fut arbitrée à la somme de 8800 livres ; celle de Jean-Baptiste Rapelet et dépendances à 3900 livres ; celle de Jean Houmaire et dépen- dances à 1800 livres; celle de Testu et dépendances à 1800 livres et celle de Vemié et dépendances à 4600 livres, en tout 21,300 livres.

La paroisse revendit quelque temps après, à charge de démolition, tous les matériaux des maisons acquises. H serait liBstidieux de descendre dans les détails du produit de cette

vente qui eut lieu au profit d'un grand nombre de bourgeois. Nous noterons seulement que le 15 août la vente au détail

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LB8 ÉOLI6S8 DB BSLFORT

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était lumcheTée et qu*elle paraît n'avoir donné qne des résultats assez médiocres. Les cheminées de Noblat lîirent cependant achetées an prix da 5, 15 et 35 livres, le carrdage et le foyer de la cuisine 56 sous.

Il &ut croire qu'an mois d'octobre le terrain était déblayé et que sans perdre de temps on se mit à Toeuvre pour le décaper, à quatre pieds de profondeur, la surface que l'édifice et ses fondations devaient occuper. Le 12 octobre, le magistrat procédait, en effet, à radjiidication de la maçonnerie des fondations de Téglise « sur la partie de la façade des clochers » parallèle au canal. Les matériaux de toute nature devaient être rendus à pied-d'(ruvre et l'adjudicataire être exonéré des soins de l'épuisement, de sorte qu'à vrai dire il ne s^agissait que d'adjuger la main-d'œuvre pour la maçonnerie proprement dite Quatre concurrents se présentèrent Ce furent Jean Strok, Marc Vallentin, Barthelmy Judice et Christ Noir. Le mode général d'adjudication se fusait au ràbûs et à l'extîno- tien des fsux. La première ofire fut de 11 livres la toise cube de' maçonnerie et Jean Strolz, ayant offert au dernier feu de l'opérer à raison de 8 livres 5 sous, fut déclaré entrepreneur de ladite maçonnerie sous la caution de Meinrad Strolz, son frère, d'Antoine Montagne et de Marc Vallentin, tailleur de pierres, à \ etrigne. Les travaux devaient s'exécuter sous la direction et la surveillance d'un architecte ou d'un appa- reilleur.

Le 10 octobre 1727, M. Jean-Claude Noblat, prévôt de la collégiale, délégué de a Son Altesse de Grimaldy, dos princes « de Monaco, archevêque de Besançon, prince du saint Em- e pire », procéda, accompagné des chanoines de la collégiale et suivis processionnellement du prévôt, du maître-bourgeois, des membres du magistrat et des paroissiens, à la bénédiction du terrain et de la première pierre. Puis, selon les cérémonies et rite du diocèse, il planta la croix devant l'emplacement oh se trouve le maltre-auteL Quant à la pose de la première

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SBVOB D*ALSAOB

pierre, Thonneur en revint à M. Noblat, prévôt de la ville et bailli du comté.

Commencées le 17 octobre 1727, les fondations furent con- duites avec rapidité sous la surveillance et l'impulsion d*un appareilleur expérimenté. Il s'appelait Henri Schulor, ' origi- naire de Westphalie, attiré en Alsace, puis à Belfort par les travaux qui s*y exécutaient pour le compte de TEtat et des ^es sous la direction générale de Tlntendance. C'est de celle- ci qu'émanaient les plans, devis et dessins de la nouvelle église collégiale et paroissiale. Us étaient Tceuvre de M. Maréchal* ingénieur ordinaire du Roi La dépense générale était estimée, non compris limprévu, à la somme de 146,834 livres 2 sous 6 deniers.

Le 14 février 1728, le magistrat traitait à Tamiablc avec Marc Vallentin, do Vétrigne, pour la fourniture (l'extraction) de la carrière d Oâemont des pierres de taille nécessaires aux

* Schuler était en .... à Wolmarksheitn, électorat de Cologne, au duché de Wfstplialie. Son ix'to, Henri Schuler, est qualifié de bourgeois trt*8 expérimenté de Wolmarkshpim et sa mère, Anne-Sophie Bilefelt, de femme très vertuease, dans uu certificat d'origine délivré, le 12 BUS 1783, à Sdraler ponr contraeter mariage i Belfort Le S5 avril, même année, il épousa Hélène Lemolne^ fille de Jean-Panl Lemoine, procnrenr an bailliage et de Madeleine Willia. Hélène ent ponr témoin! Jeaepli Lemoine, hniider royal, son imcle, et Panl Fenier, aTocat, son cousin. Dans le contrat de mariage, Henri Sclndef est qualifié: bour.r( ois de Belfort, architecte audit lien, entrepreneur dee fortifications de la ville. £n janvier 1745 il obtint ses lettres de natn- ralisation.

De son mariage avec Flélène Lemoine naquirent d'abord deux fils, dont le second devint prétre-missionnaire, puis une fille et enfin un troisième fils, Albéric, qui tat l'enfant g&té de la famille. La fille épousa, en oetobre on novembre 1767, nn M. Clavey, iesn d'une andenne ftmiUe bellortaine. A la Révolntion, l'abbé émlgra et on le trouve à Heidelberg cwnme précepteur, durant la Tenrenr. An comneneemeni de ce siècle, il revint à Belfort il écrivit quelques notes inédites et naïves sur lldstoire pittoresque de sn ville natale.

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un ÉGLISES DB BELFORT 218

travaux de la nouvelle campagne. Les dimensioDS des blocs sont exactement détenninées et le prix en est fixé à U sons la toise courante sur un pied de hauteur; sont également compris les blocs deyant servir aux entablements des colonnes de manière à ce qu^après la taille les blocs comprennent toute la saillie et reposent au moins d'un pied et demi à deux pieds dans le mur. Schuler, TappareiUeur, critiquait, au point de vue de la solidité de la bâtisse, la dimension des saillies et des blocs exigés. Lu prix de 14 sous la toise courante n'était appli- cable à la pierre qu'après sa mise en œuvre; de plus Vallentin était tenu (rcntrctenir à I t tiit i)raticable le chemin des voi- tures dans l'intérieur de la carrière.

Les travaux marchèrent assez rapidement en 1728, car lo 27 août le magistrat ordonna un supplément de 25 corvées de voitures à fournir par les paroissiens qui en avaient déjà fait cinquante. Cette mesure était devenue urgente si l'on ne voulait pas que Tœuvre fut interrompue par le défaut du sable et des pierres brutes. L'amende et les dommages-intérêts sont édictés contre les retardataires et les récalcitrants.

Le 10 mars 1729, le marché pour la fourniture de la pierre de taille, dont on aurait besoin pendant cette campagne, est renouvelé avec Marc Vanentin, qui s'ac[îoint François Bussierre, de Denney. Les pierres continueront à être extraites de la carrière d'Offemont ou d(! celle de Roppe qui en fournit de môme qualité. Ils s'en^za^ent de plus à opérer le voitura«j;e des pierres jusqu'à pied-iFceuvre. Il leur est attribué tant pour l'extraction ([ue pour le voitura^e, 7 livres 5 sous par toise carrée, toisée au pied cube ; de plus on fournit à ces entrepreneurs deux poulains à chaque carrière pour faciliter les chargements et deux chariots spéciaux capables de sup- porter les plus gros blocs.

Mais tandis que le magistrat multipliait ses soins pour fiyre lace aux exigences d'une entreprise maintenue dans la voie de l'économie, les habitants en grand nombre, paraltril, se

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BI¥UB U'aLKACS

soustrayaient, par la fraude, à ralimcntation des ressources sur lesquelles la paroisse devait compter. La viande dépecée, qui iiïtait fraj)pé(> d'aucun droit d octroi, était introduite par la boucherie foraine et trouvait en ville un débit facile ; d'un autre côté on consommait à cette époque beaucoup d'eau-de- vio et la fraude du droit sur cette boisson était favorisée par un grand nombre d'habitants faisant partie de la corporation des marehands et dont les magasins étaient hors deTenceinte. Pour mettre un terme au premier de eea abus, le magistrat statua, le 16 a^ 1729, «lue la viande dépecée qui entrerait en ville serait désormais frappée, à son entrée, d'un droit de 4 deniers par livre. Relativement à Teaunle-vie, le magistrat adressa une nouvelle requôte an conseil d*Etat du Roi pour être autorisé à frapper un droit de 16 sous par pot ou deux litres d'eau-de-vie, droit qui serait perçu pendant les neuf années restant ù, courir de la première concession. La requôte était basée sur deux considérations principales : d'abord, il importait d assurer des ressources pour ne pas être obliizé d'interrompre les travaux ; ensuite Teau-de-vie au détail était d'un prix si bas que la consommation avait pris des i)ropor- tions nuisibles à la santé publique, voire même à celle de la garnison. Cette requête provoqua de la part du corps des mar- chands une opposition dont le conseil du Roi fiit également saisL Mais, par arrêt du 15 novembre, daté de Rambouillet, le corps des marcbands est débouté de son opposition et le magistrat est autorisé à percevoir, à partir du l** janvier 1780, le droit de 16 sous par pot d*eauHle-vie introduit en ville.

En prévision de cette solution les marchands avaient fait des approvisionnements assez considérables de cette perni- cieuse boisson en acquittant le droit, relativement fiftible, auquel elle était soumise par l'arrêt de 172G. Cette spéculation fut déjouée par le ma<iistrat qui, en assemblée du 4 février 1730, statua que l'eau-de-vie exLitanto dans les magasins des marchands serait soumise à la nouvelle taxe. Le magistrat ht

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LES ÉGLISES DE BELFORT

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complu*attre tous les marchands et après leur avoir donné lecture de Tarrét du conseil d'Etat, il les somma de faire snr- le-champ la déclaration eiacte, sous peine de poursuites et d*amende, des quantités qu*ib possédaient dans les caves et les débits au détail. Tous obéirent à Ti^jonction. lies marebaads en gros étaient au nombre de trente-neu!^ les marchands au détail au nombre de vingt Ce brusque recen- sement accusa 693 mesures existantes chez les marchands en gros et environ 32 pots chez les vingt marchands au détail. Il n'est pas sans intérêt pour l'histoire intime du vieux Belfort, de recueillir les noms de la corporation opposante des mar- chands ; c'étaient : Guillaume Genty, Jacques G^nty, Martin Langlois, Pierre Gt nin, Viguier, Py, Blétry le jeune, Pansard, Pépin, Claude Ponçon, Edm. Boivin, Vion, veuve Isaac Nicolas, J.-N. Donzé, Jacques Testu, Jacques Tové, Pierre Gilles, Pierre Dourdet, Louis Yioland, François Violand, Blétrj l'atné, André Boyer, François Carpentier, Pierre Deschamps, Louis Felmez, François Jourdain, Nicolas Clavey, Léonard Saillet, François Berté, veuve Bourgelet, Nicolas Petit, Marandet, Jean Catin, La Gaspard, Nicolas Devaux, veuve Pachon, Dominique Bègue et Strolz, marchands en gros; Pierre Dessaise, veuve Laroche, Christian ilorenee, veuve Cane, Guillemin, Jean Hunier, Louis Marchai, La Barbette, François Gille, Polaste Gobert, Pierre Boland, Nod Bogué, La Thérèse, veuve Renard, veuve Herdiger, Bessignon, veuve Dole, OUider et François SicUer, marchands su détail

Le droit était assez élevé pour donner au magistrat la conviction que la fraude s'exercerait par tous les moyens possibles. Il ju^ea donc nécessaire d'établir à chaque porte un surveillant si)écial. Sébastien F'ournier et Jaeques Goichot furent investis de cette fonction, le premier à la porte de Bri- sach, le second à celle de France, avec mission de visiter tous les chariots, charrettes, paniers et même « les poches des particuliers entrant en ville, qu'ils soient étrangers ou non,

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SI6 BBVUB D'AL8A€B

sans même en excepter les soldats de la garnison, et de foire arrêter les contrevenants par les soins de la sentinelle et des soldats du poste » suivant les ordres qui avaient Cté donnés parM.de L'Epiiiay, lieutenant du Roi, comuuinilant la place.

Il semble qu'après avoir pris des mesures aussi rigoureuses à rencontre des marchands, magistrat ne devait pas songer à aller plus loin dans la voie de la répression. Il n'en fut pourtant pas ainsi. Le maître-bourgeois, assisté d'un autre membre du magistrat, descendit lui-même dans les caves des marchands, procéda à la vérification des caux-de-vie qu'elles renfermaient et il constata que plusieurs d'entr'eux en possé- daient des quantités supérieures à celles déclarées. En conséquence, le 8 avril, le magistrat étant assemblé, décida que les marchands chez lesquels des excédants avaient été constatés, seraient poursuivis et punis de Tamende ou de la confiscation au profit de la caisse de Tœuvre. Cette décision !ut signée par: GeorRe, Thomas, Blétry Talné, G. Duparc, La Croix, Chappuis, Chardoillet et Vemié, membres du magistrat. Jean-Nicolas Mouilleseaux, maître-bourgeois, qui avait pro- cédé au recensement, laissa {\ ses collègues du magistrat Thonneur et le soin de la dérision.

Aucun document ne nous permet de dire le degré d'avan- cement que la construction avait acquis pendant la camj)agne de 1730; mais nous vo}ons que les carriers Valleiitin, de Vetrigne, et Bussierre, de Denuey, renoncèrent ou furent forcés de renoncer à l'entreprise du voiturage des pierres et que dès le 26 mai, onze habitants d'Offemont, dont la plupart des noms sont indiqués d*une croix, forent substitués à leur place pour opérer, pendant la campagne, le transport des pierres extraites.

Pareil marché fut conclu, le 7 avril, avec dix voituriers d'Ofiemont pour le même objet pendant la campagne de 1731. Le voiturage s'opérait à raison de 17 sous la toise cube.

Les travaux marchaient avec une lenteur qui s'explique par

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LBS ÉUL1SS8 DR BELFURT

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Ui modicité des fonds spéciaux qui leur étaient affectés. L*i^ pareilleur Schiller qui au début avait déclaré qu*en cinq ans Pédifice pouvait être tenniné si les matériaux nécessaires lui étaient fournis, voyait ses espérances déçues et son dévoue- ment compromis par lapénurie des ressources dont le magistrat pouvait disposer. De son cOté celui-ci fusait de grands eflorts pour les aupienter et empêcher la fraude de les amoindrir. On continua à marcher sur le même pied qu'auparavant et Ton n'apporta pour Tannée 17;)2 d'autre modihcation que la suivante au régime de Toctroi : Les droits sur la boucherie furent mis en régie et adjugés, le 17 décembre 1731, à Nicolas Moissonuier pour la somme de 1750 livres. Pour l'année 1732 ce fut Jacques Gersé qui en devint fermier avec Pierre-Fran- çois Cuenin au prix de 1770 livres. Pour Tannée 1733, ce fut de nouveau Nicolas Moiasonnier qui prit la ferme avec Abraham-Fusey Yion pour la môme somme de 1770 livres. Ils la gardèrent aux mêmes conditions en 1735 et en 1736> mais le magistrat dut stipuler que le traitement des commis Sébas- tien Foumier à la porte de Brisach et Jacques Goichot à la porte de France serait de 18 livres par mois pour le premier et de U livres pour le second.

Cependant Tappareilleur Schuler, qui se trouvait morale- ment engagé par Topinion émise au début de Tentreprise, ne faisait point ses affaires. Le moment était venu où, armé de griefs légitimes et assez nombreux, il devait les produire et régulariser sa position tout en la consolidant au profit de tous. Dans une requête adressée au magistrat, il expose les causes de la lenteur dos travaux, pendant les quatre premières années de sa gestion, causes qui sont toutes à la charge de Pexiguité des ressources dont le magistrat a pu disposer, de rinsuflisance des moyens d*aetion, circonstance dont l'effet le constitue en pertes qull justifie et ne lui permettent pas de prévoir que Tédifice sera acbevé dans dix ans. Il conclut en conséquence à ce que le magistrat veuille bien le délier des

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tmVE D'ALBAOI

enjçafiçements qu'il a pris, sauf, si cela peut lui convenir, à ragjécr comme architecte-entrepreneur et lui conférer les pouvoirs nécessaires pour la haute direction des travaux de toute nature, moyennant un traitement fixe et annuel à lui allouer jusqu'à la Un de la construction, tout en lui tenant compte de ce traitement pour le temps qu^ a consacré les annéel précédentes à la direction des trayanx et à titre de dédommagement des pertes qu*U a éprouvées par suite dn retard apporté dans la livraison des matières premières. Le magistrat ayant égard à la requête de Schuler, décide que ses conclusions sont adoptées et qu^en outre il est admis, à titre gratuit, au droit de bourgeoisie de la ville de Belfort Procé- dant ensuite à la vérification des comptes que Scbuler produit, il lui alloue à titre de traitement pour les quatre premières années de sa direction une somme de 3000 livres ; il établit qu'outre les rj,42*J livres 12 sous qu'il a reçus do roctroi pendant les quatre premières années, les 832 livres 18 sous qu'il doit pour prix de matériaux qui lui ont servi dans les travaux de fortifications, plus les 1618 livres pour prix de Tancienne maison Vernié, il lui reste pour solde au 22 décembre 1731, la somme do 1100 livres 3 sous 11 deniers. Mais il lui impose Tobligatiou d'acheter de la ville le terrain disponible de l'ancienne maison Vernié, d'y construirc'd'après un alignement qui lui sera donné, sur le bord du canal et la rue de l^Égllse à ouvrir, une maison conforme au dessin qui lui sera fourni.* Ces conditions sont acceptées et à partir de ce moment Schuler figure dans les documents que nous consultons, sous le titre d'architecte-antrepreneur de la nouvelle église.

Le magistrat paraît alors s'être exclusivement préoccupé de faire rendre à ses octrois tous les revenus qulls étaient susceptibles de produire : c'est ainsi, que dès le 14 janvier 1792, il obtint du gouverneur de la ville et chftteau de Belfort,

' Cesi évidemment la maison Nizole.

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M. Dninaiiie, comte dnfionrg, nuuréclial de France, une ordon- nance contre les tbrandTiniers et les brandfinièresi qui intro- duisaient jouméUement en fraude des quantités asses considérables de mauvaise eau-de-vie, dont la consommation avait pris des proportions énormes. Il ne leur était plus permis, sous peine de contiscatiou et d amende arbitraire, de s'approvisionner ailleurs que cliez les marchands de la localité reconnus pour n'en vendi-e que de bonne qualité. L'ordonnance fut imprimée et aftichée dans toute la paroisse.

Le 20 février suivant il alloua à rarchitccte, M. Maréchal, ingénieur ordinaire du Eoi, à Strasbourg, une gratification de 200 livres pour ses plans et devis de l'église et un traitement annuel de 1200 livres, pour les soins qu'il donnerait désormais à la haute directi(m des travaux. B décida en outre que ses frais de déplacement lui seraient remboursés indépendam- ment du traitement fixe qui lui était assuré.

Le 22 du même mois, le magistrat établit un règlement général des octrois et préposa plusieurs de ses membres à la haute surveillance des diverses branches. Thomas, Besancon et Cueriin furent chargés des vins, des eaux-de-vie et de la bière ; Blétry, Taîné, fut délégué au service de la tuilerie des abus s'étaient aussi introduits; il fut ciiargé en outre do s'entendre avec Schuler pour Tarliat des matériaux, tels que bois, planches, outils, cordages et leur réparation. Mouilleseaux eut dans ses attributions la surveillance des ouvriers em- ployés à la journée, le débat des prix et le règlement de leurs comptes de concert avec Schuler. George accepta la surveillan ce des carrières d'Offemont et le r^ement par quinzaine. Belot, maître du commun, fat chargé de la direction et de la com- mande des corvées et de veiller au paiement des journées par ceux au nom desquels lesdites corvées auront, suivant un r61e régulier, été commandées. Ledit règlement portait nouvelle et expresse défense aux paroissiens d*encaver des liquides avant d'avoir acquitté les taxes auxquelles ils étaient soumis.

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BBVUI D*AL8*0B

La rigueur des prescriptions relatives j\ Teau-de-vie n'eut point reflet (juc Tauturité en attendait D'un côté le magistrat paraissait vouloir com^attn^ rempoisonnenient public auquel se livraient les « brandviniers » en colportant en fraude une boisson falsiliéc et à bas prix ; d'autri' part, il voulait assurer à la caisse de l'œuvre tout le revenu que la consommation de Teau-de-vie pouvait produire ; or, il arriva que la fraude, eu égard 4 l'élévation du droit, prit une extension considérable et que la sophistication se mit de la partie pour stimuler les fraudeurs et développer encore la consommation du fruit défendu, débité à vil prix. L*ab6orption du poison avait donc pris, en 1783, des proportions énormes et cependant les mar- chands de bonne eau-de-vie, en vendaient moins qu'auparavant aux brandviniers ; de sorte que la caisse de Tœuvre et celle de la corporation des marchands étaient toutes deux fort mécontentes de la situation. Engagés dans la fausse voie économique de l'exagération de l'impôt, les moralistes déplo- raient la dépravation du goût et des mœurs du ttinps, tandis que les adniinistratcurs se disaient contraints de redoubler de rigueurs pour remédier au mal. Le moyen (]ui leuV parut le plus efficace fut de monopoliser le débit et d'en livrer le monopole à l'exploitation de l'intérêt privé.

Le magistrat se lit donc autoriser à mettre en adjudication la ferme du droit de 16 sous par pot d'eau-de-vie et à statuer qu'à l'avenir il n'y aurait plus qu'un seul bureau d'approvi- sionnement pour toute la paroisse. Un arrêt interprétatif des précédents, et conforme à la requête du magistrat, est rendu dans ce sens à Versailles, le 9 décembre 1732.

Le 21 février 1733, la ferme est mise en adjudication. Six amateurs se présentèrent : C'étaient Oiarles Clavey, Balthasar Genl7, Louis Felmé, Antoine Jusserand, Thomas et Berté. La première offire fut de 1500 livres par an et la dernière de 3200 livres par Louis Fehné à qui la ferme fiit adjugée avec le droit exclusif du débit en détail dans toute la paroisse et la

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filculté d'ouvrir un ou plusieurs bureaux dans les lieux il le jugerait le plus à propos. Felmé conserva la ferme en 1734 et le premier semestre de 1735. £n 1785-36 Donsé lui succéda avec Felmé pour caution. Une nouvelle a4jndication eut lieu 1737-38 et ce Alt Balthazar Genty qui l'obtint au prix de 3700 fiTres. La concession exj^ait en cette année de même que Foctrol sur la boucherie. Gelninsi lut également affermé pour la dernière année à Balthasar Genty pour le prix de 1700 Mm.

En prévision de la fin prochaine de ce régime les marchands

faisaient des approvisionnements considérables de liquides qui s'entreposaient dans les magasins du dehors, sans acquitter les droits, sous le prétexte que ces liquides étaient en transit ou destinés à d'autres localités que la i)aroisse de Belfort. Afin de déjouer ce nouveau procédé, le ma^^istrat ordonna que les commissionnaires feraient la déclaration de toutes les boissons qui leur arriveraient ; qu'ils justifieraient du transit par la production des lettres d^avis et de voiture ; que toutes celles qu'ils encaveraient leur seraient portées en charge et qu'il leur serait donné ensuite décharge de celles dont ils feraient constater Tespédition au moment du départ

Quant à ravancement de la construction, il avait, paratt-il, feitheancoiV de progrès dans cette période de sept ou huit années, sous l'impulsion de rarchitecte-entrepreneur Schuler et de son chet llngénieur Maréchal. Les habitants d'Offemont feront pendant ce temps exdusiTement chargés du transport de la pierre de taille et ils l'opérèrent eonstaniment à raison de 15 sous la toise cube. L extraction du sahle et son trans- port par corvée, la fabrication de la chaux, des briques et de la tuile marchèrent aussi régulièrement, car on ne rencontre dans les archives aucune pièce révélant des embarras pour ces deux entreprises.

Mais l'édifice n'était pas achevé et les ressources pour con- tinuer les travaux allaient manquer, car on touchait au terme

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BB?OI'D*ALB&OI

ob la eonceadon te octroîB devait eo^irar ; d'an antre côté lee administrateurs de rœnm avaient, comme cela arrive

toujours, accumulé des mécontentements qui fedsaient présager leur retraite prochaine et leur remplacement par les mécon- tents. C'était chose accomplie au commencement de Tannée

1739. Le nouveau mafii.strat ^s'empressa de présenter au conseil d'Etat du Roi une requête tendant à obtenir la proro- gation des octrois pour une nouvelle période de douze années avec une augmentation de 5 sous par porc tué et consommé dans la paroisse. Le 7 avril la prorogation fut accordée et le 6 juin suivant le magistrat la rendait exécutoire en la faisant afficher dans tous les lieux de la paroisse. U nomma Délie- François Clerc receveur central te octrois, maintint Fonmier et Goldiot aux deux portes de la ville et établit Bdot et Delaporte contrôleurs. Jusqu'alors la perception de roctroi sur les viandes de boudierie avait été fiùte par les agents directs de l*œuvre étaiblis aux portes. Elle continua dans ces conditions jusqu'à la fin de 1789. Le nouveau magistrat crut devoir l'affermer aussi comme l'étaient les liquides. Le 29 dé- cembre de cette année 1 adjudication en eut lieu pour l'année

1740, au proht de Jacques Jarsé, pour la somme de 1005 livres ; il conserva la ferme pour 1741 au prix de 1710 livres. Pour 1742. c'est François Cuenin qui en fut adjudicataire au prix de 16ô0 livres, mais le droit sur les porcs était réservé. Il fut afyugé le même jour au sieur Begonin pour 225 livres. Précé- demment Gersé le percevait moyennant un canon de 400 liv. et il y avait renoncé après une année d'exercice.

Pour justifier son arrivée aux affaires, le nouveau magistrat donnait te soins particuliers à la perception te droits ; il édicta de nouvelles prescriptions à rencontre des divers services qui étaient dans ses attributions. Il s«nblemème qu*un certain souffle dindépendance hantait les esprits et que des vélléités novatrices se manifestèrent dans ses actes ; il s'en prit même au chapitre de la collégiale, car, le 14 juillet

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LIS Éouan in Buroirr MB

1742, il délibéra que Messieurs du chapitre seraient imités à Célébrer à Ta venir et en tout temps, Tofiice du matin à huit heures précises et l'ofiice du soir à deux heures de Taprès- midi, afin de faciliter aux fidèles la fréquentation desdita offices.

Les documents sonti à partir de 1743, absolument muets relativement à la feime des divers branches de Toctroi, ce qui tend à &ire penser que leur régie s*eKécuta pour le compte de la ville. Le préposé Goichot, de ht porte de France, venait de mourir; sa caisse fut vérifiée et arrêtée à la somme de 610 livres 12 sous. Jean-Michel Durosoir le remplaça le 31 décembre 1742. A la même date, Paul-François Fournier fut contirmé receveur à la porte de Brisach. Il est dit que ses fonctions dureront jusqu'à ce que le magistrat ait ordonné une nouvelle adjudication'. Des gardes furent encore établis pour la surveillance spéciale des droits sur les liquides; on acheta la baraque de Ressignon, à la barrière de Brisach, pour y loger le surveillant. A la place de Delle-François Clerc* François Berthet fut établi receveur central des octrois « sans qu'il puisse prétendre, à raison de la recette, ni rétribution, ni exemption ». U est dit que Berthet, « bourg^ et marchand de cette ville », est investi de la fonction c pour les huit ^années restantes de la perception desdits octrois »; mais il n*est pas chargé de la collecte particulière des 2000 livres que s^iposent, tous les ans, les paroissiens. H en enoaisse le produit, le magistrat pourvoit à la collecte.

Les allures du nouveau magistrat, la sobriété relative de ses règlements permettent de croire que le régime fiscal des premiers temps était quelque peu adouci et que i achèvt'mcnt de l'édifice n'exigeait plus les rigueurs d'autrefois. D'ailleurs après seize années d'expérience le service de la perception s'était régularisé et le paiement du droit était entré dans les habitudes de la vie locale ; et puis on n'avait plus en perspec- tive que huit années de sacrifices pour arriver au but que

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mtnm o'auacbb

l'opinion s'était généralement gloritiée de vouloir atteindre. D'ouvriers de la première heure, il ne restait plus que le prévôt Nohhit, bailli du comté, Schuler, la modeste cheville- ouvrière de l'entreprise, et l architecte-ingénii'ur de l'inten- dance d'Alsace, dont Schuler était rinlclliiîtMit, probe et dévoué représentant Delaporte, Cucnin, Artus, Donzé, Brif- faux, Ferrier etBlétry cadet, membres du magistrat, pouvaient donc s'appliquer à avoir la main moins pesante que leurs prédécesseurs et se préparer ainsi h cueillir avec douceur les lauriers de la victoire. U leur incombait au surplus de s'occu- per de la partie décorative de rcnivre, dont les artistes de l*intendance allaient leur rendre le soin facUe et agréable.

Après avoir Ait les dessins de la sculpture et les avoir bit approuver par M. de Brou, intendant de TAlsace, il se présenta un sculpteur, Antoine Cupfllard, de Taptitnde duquel on était assuré à l'intendance. Cupillard fit des oferes recevables et le 16 mars 1743 la sculpture lui fut adjugée pour 2600 livres. Elle consistait en trente-deux chapiteaux corinthiens,cinquante- deux clefs de voûte aux portiques des bas-côtés, deux culs-de- lampe tlans les pilliers, quatre têtes d'ange dans la frise, quatre couronnements dans les pilliers, les armes du Roi avec les attributs de la religion au frontispice ' et quatre adorateurs aux quatre coins des croisades, le tout sculpté sur pierre, . et sur boia les quatre portes des sacristies, le bois devant lui être fourni. La sculpture devait être faite dans l'espace de deux années à courir du 1" mai 1743 et le paiement était

* La Bérolotiom et le bombardement de 1870-71 ont laimé leon tnces «ur le lympea de ee frontii^ee. n eet à peu près reetenré avjoiudliiii. L'écUBon est néanmoina veiif dee pièces qui devraient faire reconnaître lee aimei de France; de plus an caniche hétéroclite a pris la place du

fanx prophète et de In bôtc de l'apocalypse. Pour l'architecte les traces des Hauimos de Tétaiig de feu et de soufre sont devenus les poils de la bête. Il est difficile d'cchupper à des contractions d'entrailles quand on examine cette façon de restaurer.

LES âOUSBS DE BBLFOBT

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r^lé à raison de 400 livres à la fin de la première année, de même somme à la fin de la seconde et de 1800 livres à la fin de la troisième. De plus le magistrat recevait» à titre gracieux, le sculpteur Cupillard bourgeois de Belfort avec exemption des corvées pendant la durée de son travail. En même temps les conseillers Cuenin et Donzé furent délégués pour s'en- tendre avec Schiller et l aiiijister daus l'exécution des travaux qui restaient à faire.

A cette même époque le bailli Noblat se trouvait en avance d'une somme de 10,676 livres 9 sous G deniers qu'il avait successivement fournie pour les besoins de la construction- Il consentit à ne pas exiger le remboursement et le magistrat s'en constitua le débiteur à titre d'emprunt avec intérêt

Le 8 juillet 1746, Pierre Lièvre, d'Uéricourt, s'engagea à couvrir « en bardeaux de bois de chêne les deux bas-côtés et c une noue de la nel^ les pourtours de huit ogives, les murs c de la nef, clocher, croisades garnis de fer blanc, sur les- « quelles parties sera appliquée une double couche de couleur fl h rhuOe de lin » moyennant une somme de 400 livres.

Ce marché indique suffisamment que le gros-œuvre touchait à sa fin. En effet, le moment était venu pour le magistrat de s'occuper de l'intérieur. Le 2S septembre suivant, il traita avec Chapuis, maître-serrurier à (iironiagny, pour la con- struction du grilla<;e en fer qui devait fermer le sanctuaire. Il s'engageait à fournir à Chapuis les gros fers en barre que celui-ci ferait forger à ses frais aux dimensions voulues par le dessin et le plan du grillage approuvés par l'intendance. Chaque face du grillage pour les trois portiques devait avoir vingt-six pieds deux pouces de longueur et treize pieds de hauteur, non compris le couronnement qui, à Tendroit des portes devait avoir cinq pieds d*élévaUon. Les fers en têle et double têle pour ornements, architraves, finses et corniches devaient être fournis par Chapuis qui s'engagea à livrer le grillage conforme aux plans et dessins de llntendaace et à le

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poser dans l'espace de deux années, moyennant 2950 livres I»ayables, sur rordonnancemont du directeur, au for et à mesure de Tavancement des travaux.

Le 20 novembre suivant le magistrat traita avee GupiUard pour la construction des stalles et de la boiserie du chœur, dont le plan et les dessins étaient dus à la mâme source que ceux du grillage, n est stipulé que Touvrage en général sera cintré ; que son enseuillement sera en bois de chêne d*as8eBir blage, que les stalles, les accoudoirs seront également en chêne de même que les huit pilastres cannelés, depuis le pavé jusqu'au chapiteau, le tout assemblé à tenons, mortaises, languettes et rainures élégiées dans le bois ; que les stalles seront au nombre de treize avec consoles et ornements, que celle du milieu sera plus grande que les autres avec double accoudoir et un prie-Dieu et que les bancs des chantres seront munis de dossiers ; que cinq marches pour monter aux stalles auront chacune cinq pouces de hauteur. Que les panneaux entre les pilastres seront conformes aux dessins quant aux profils et auront un pouce d'épaisseur ; que le baldaquin sera en bois de chêne ou de tilleul et que les enfants qui sou- tiennent la draperie, de même que celui qui est au-dessus, auront deux pieds neuf pouces de proportion. Le bois néces- saire aux diverses pièces de la boiserie est fourni, par ks administrateurs de Tœuvre, à Gupillard qui n*est tenu à donner que la main-d'ceuvre pour la menuiserie, la sculpture, romementation et la pose. Le marché stipule que le travail doit être fsit dans Tespace de quatre années moyennant la somme de 8800 Hvres, dont 900 livres payables de suite, 1000 livres en 1747, 1000 livres en 1748 et les 1400 livres restantes lorsque tous les ouvrages auront été faits, posés et acceptés.

Vers la tin de 1748, la construction, moins le dernier étage des clochers, était achevée. A rintérieur, lu sculpture et le gypsage du plafond de la nef et des bas-côtés Tétaient égale- ment, car le 23 octobre les directeurs de l'oeuvre confièrent

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LES ÉGLISES DS BELFORT

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«u mattre-gypseur, Andréas Gikrdé, le soin de donner, moyennant 2dO livres, le dernier coup de main qui consistait dans le grattage et le lavage de la pierre, dans le parachève- ment des enduits du plafond et des jointures de toutes les parties intérieures de Tédifice. Cette dernière main au gros œuvre dut être terminé le 1* avril 1749.

n ne restait donc plus, pour livrer Tédifice an culte public» qu à pourvoir à la construction du mattre-autél, de la cbaire et du jeu d'orgues. Le 25 novembre 1748, les directeurs con- fièrent à Cupillard la construction de la chaire d'après les plans et dessins préparés à Tintendance et signés : Massol. Quatre barres de fer pour sui)porter la chaire et le chapeau lui seront fournies ; le corps de la chaire se composera de pilastres qui feront ressaut, sculptées par des chutes de Heui^s et rhabillées en haut et à la base par deux corniches faisant ressaut sur le contour; entre les pilastres, des panneaux faits en assemblage, cintrés par le haut et dans lesquels seront sculptées les quatre vertus théologales; le cul-de-lampe fût en assemblage à compartiments en ressauts perpendiculaires à la ligne des pilastres et de distance è autre sculptés en rocaille; la rampe fusant corps avec la chaire, divisée en panneaux cintrés et ornés des trophées de Téglise; pour dossier un grand panneau cintré au contour assorti de moulures, orné dans le haut de têtes de chérubins et dans le milieu le symbole de la conception; le chapeau avec corniche assortie, cintré dans le milieu, sur le plan en ressaut et entre les ressauts des têtes de chérubins, ledit chapeau faisant sur le corps de la chaire, quatre pouces de saillie, le dessous du chapeau supporté par deux génies, le fond garni de nuages avec une colombe dans le milieu, le couronnement se termi- nant par des consoles sculptées supportant un piédestal sur lequel le Seigneur prêchant sera représenté. Tels sont, à peu près, les termes de la description faite dans le marché. U est stipulé que le monument, mesurant vingt^ux pieds de hau-

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teur, sera achevé vers le 15 octobre 1749 et qu'il sera payé à CuiMilard la somme de 660 livres au fur et à mesure de ravaife- cement des travaux.

Le même jour, 26 novembre 1748, les directeurs de Tœuvre confiaient également au mattr»«enlpteur, Antoine Cnpillard, la construction du mattre-autel en forme de tombeau. Le rba* billage, en bois de chdne, régnera dans tout le contour de la pierre sur neuf pieds de longueur en lace, dnq pieds quatre pouces des deux côtés et trois pieds un pouce de hauteur sur tout le pourtour; au milieu, de foce, Tagneau avec les paiqs de proposition; de chaque côté, un ange tenant une dnqperie et reposant sur une terrasse sculptée. Les deux coins de face du tombeau seront arrondis et embellis d'ornements en tieurs ou en rocaille. Le coi i)s du tabernacle devait se composer de (luatre pilastres avec bases et chapiteaux garnis de glaces; entre les pilastres devaient exister, comme ornements, des trophées d'église et les côtés se terminer par des consoles sculptées à jour. Des consoles cintrées et à ressauts sculptés devaient former le ddme sur lequel devait reposer, au milieu de nuages et rayons, la boule surmontée d'une croix; de chaque côté du dôme, un ange en adoration. Le noyau du tabernacle devait se composer d*un t tournois » avec trois fàces concaves, garnies de glaces en forme de niches destinées à Texposition du soleU du saint Sacrement, du saint cyboire^ des saintes huiles ou autres vases de l'égUse et enfin de la Vierge ou autres reliquaires. Le tabernacle devait ôtre doré en plein or de Paris et la menuiserie du tombeau marbrée d'un marbre transparent ^ vernis. Le tout devait coûter 726 livres h payer à Cupillard au ftir et à mesure de ravancement du travail. Quelque temps après la cuuclu.sion du marché des modihcations furent apportées dans la structure du tabernacle et le sculpteur les accepta sans modification dans le prix, autre que celle de la fourniture de quatre livrets d'or en feuilles estimés à 45 sous le livret

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Le 14 décembre 1748, le magistrat procédait à la Térifieatî<m et à Tenregiatrement du compte établi par rarehitecte-entre- prenear, Henri Schnler, depuis le 2 mars 1743 jusqu'au 6 décembre 1748. Le total de ce compte s'élevait à la somme de 24«909 livres 13 sous 8 denierb sur lesquels U avait reçu la caisse de rœuvrc 21,113 livres. Il lui restait donc SIDG livres 12 sous G deniers. Le magistrat reconnut Texactitude de ce compte et en approuva le solde.

A cette époque la boiserie du chœur, le maître-autel et la chaire étaient achevés ou sur le point de l'être, de même que la tribune des orgues. Il fallait donc songer à donner à la tribune rinstniment auquel elle était destinée. Le 7 août 1749, le magistrat traita avec le sieur Valtrin, facteur d'orgues à Porrentroy, pour la oonstmetion dudit instrument, le buffet compris. Le buffet devait avoir quatorze pieds de largeur et ving&«t-un pieds de hauteur et renfermer douze jeux, dont la composition est déterminée dans le devis fourni par Valtrin. Le prix convenu entre lui et le magistrat était de 8800 livres payables par àrcomptes dans le cours des travaux sauf une provision de 600 livres payée au moment du contrat. Le dernier à-corapte do 15(X) livres ne devait être délivré au facteur que dix-huit mois après la réception de l'orgue, que le constructeur devait garantir pendant six années et réparer à ses frais, le cas échéant. De plus, le magistrat demeurait chargé du voiturage des bois et autres pièces de l orgue depuis la ville de Dclle jusqu'à Belfort L'orgue était terminé et mis en place à la fin de novembre 1752.

La nouvelle église fut livrée au culte dès 17S0, ainsi que tend à le prouver un rèf^ement du magistrat concernant les sièges, n porte que les fidèles paieront 1 et même 2 liards par chaise occupée pendant Toffice; que des abonnements pour^ ront être accordés afin d'éviter certains embarras et de simplifier la perception.

Le magistrat comptait que les abonnements seraient nom-

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brenx ; il se faisait illusion. Non seulement on ne s^abonna point, mais on répandit dans le public le bruit que l'usage des chaises était gratuit» de sorte qu'elles furent envahies, dit un rapport à cet égard, par les soldats, les domestiques et les bonnes d'en&nts. En conséquence, le 4 février 1791, le magistrat, revenant sur sa première décision, arrêta qu% Pavenir l*usage d*une chaise serait rétribué à raison d*un liard à payer au bedeaa qui la délivrerait et que ce droit serait perçu non Benlemeot les dimanches et fêtes, mais encore tous les jours de la semaine : que les personnes qui s'abonneraient auraient la faculté de payer par trimestre; que défense était faite aux fidèles d'apporter des sièges à leur ut^age et entin que le distributeur verserait chaque semaine sa recette au receveur de la fabrique. Cet arrêté fut lu au prdne par le vicaire Garnier.

Le dernier étage des deux tours restait à édiiier. Epuisée par de longues années de sacrifices, la paroisse ne se pressa point d'y mettre la main ; elle avait d'ailleurs contracté des dettes qu'il fallait éteindre au moyen des ressources que fournissait Toctroi, dont U fUlut demander successivement la prorogation. La dernière qui fut accordée est du 3 février 1784 et il est à présumer que ce fut seulement en cette année que Schuler dut reprendre son œuvre, en commençant par le côté nord. Il lui aurait ainsi fallu quatre ans pour édifier cet étage, ainsi que le constate llnscription suivante taillée en relief sur la clef du cintre de façade, au-dessous de la galerie :

H SCHULER ENTREPRENEUR 178a

Les octrois et les revenus patrimoniaux de la ville produi- saient alors 22,800 livres. Ces ressources devaient permettre au magistrat de poursuivre l'achèvement de l'édifice, en terminant aussi la tour du côté sud. Mais le vent précurseur de la Révolution porta atteinte aux revenus que le fermier, Christophe Keller, ne s'empressait pas de verser à la caisse

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LBB ÉâUSBS DE BBLF08T 281

du magistrat A la BéTohitioii, 0 était redoTable de plus de 15^000 livres et îl saisit la circonstance pour rédiger un mémoire dans lequel il prétendait établir que la ferme était, depnÎB son entrée en jouissance, en perte de 13,786 livres 18 sons 6 deniers; que les boulangers et les épiciers de Belfort vendaient la goûte, dont le priviléf?e lui était acquis ; qu'il avait acheté 1500 mesures de ce li(iuide et qu'il rravait pu les vendre à cause de la concurrence dos boulangers et des épiciers. Il prétendait ne devoir à la ville que l'écart entre la perte éprouvée et la somme do 15,200 livres arriérée. ' Pour justifier ses prétentions, Keller alléguait que le magis- trat interprétait judalquement les dispositions du bail. « On 1 distingue en droit, disait-il, quatre sortes de conventions c qne le commerce, ponr Unsage des personnes et des choses, a rendn nécessaire. La loi fi. FF. <fe prett fferh. nous i^rend c qu'elles sont: do iU du; faào ul fQéa»;fam ut de»; do td *faàa», et de ces trois sortes de conventions, il sefeitun c commerce ob rien n'est gratuit, et rengagement de l*an t d'eux est le fondement de celui de l'autre. » En vertu de ces principes, Christophe Keller concluait à l'annulation de son bail et à n'être considéré que comme gérant de la perception des revenus patrinionraux de la ville et de ses droits d'octroi.

Le magistrat répondit que ce n'était poiut aux Fandedcs, mais au bail de la ferme qu'il fallait recourir pour savoir si les engagements de Christophe Keller avaient ou non une cause légitime. Quelle fut la suite du conflit? c'est ce que nous ne savons. Toujours est-il que, tel qu'il vient d'être exposé, il dut contribuer à l'ajournement des travaux en 1789.

La tour du sud devait rester inachevée pendant plus d'un demi slède» Un curé, qui a laissé à Belfort de lions et durables souvenirs, M. Fiétié, reprit la question en sous-œuvre. U pro- voqua des dons volontaires et réalisa un beau denier, mis h la disposition de la municipalité pour élever cette tour sur le même dessiB et à la même hauteur qne la première. Les

an

travaux furent commencés en 1844 et terminés l'année sui- vante, ainsi (lue le constate rinscription suivante, pratiquée en in taille, sur la clef du cintre de façade au-dessous de la galerie:

AKTONIN MAIRE FIÊHÉ CURÉ 1845

De U boiserie du chœur, dos stalles canoniales et de la chaire sculptées pur Cupillard, il ne reste plus de trace; de même de son mattre-autel ; de même encore de la grille Ottviée par CSiapuis. Cest à peine si dans le souvenir des anciens il est possible de recueillir à cet égard de vagues informations, toi^ouis entachées d*ailleurs de conceptions fantasques et imaginaires. La Révolution, les si^^es subis, les occupations qui en ont été la suite, Tabsence de tout culte pour les choses du passé ont favorisé Tanéantissement do tout cela. Quelques regrets sont dus à Tœuvre de ces artistes et il ne paraîtra pas déplacé de les exprimer en terminant un travail qui n a d'autre but que de ri'ïpandre quelque lumii3re historique sur d'anciens monuments et d'anciennes institutions de la ville de Belfort.

Quand le chapitre fut supprimé, ses revenus se montaient à 18,23G livres, levées sur Meroux, Moval, Berraont, Urcerey, Bue, Bavilliers, Salbert, Valduie, Eloie, Dai\joutin, Novillard, Grosne et Belfort. Un prévôt et quatre chanoines composaient le chapitre : Gallet était prévôt et curé primitif de la paroisse; Degé, Lubert, Ferry et Paris étaient chanoines. Le 13 décem- bre 1791, le Directoire du Haut-Rhin, vérifiant les comptes et statuant sur remploi du revenu de 18,286 livres, dédda qu^nne aonmie de 900 livres en serait d*abord distraite pour servir de complément au traitement du curé constitutionnel, le sieur Gérard, et que le surplus serait divisé en sept parts égales dont deux attribuées à Tancien prévôt Gallet, soit 6134 livres 11 sous 4 deniers, quatre parts de 2562 livres 5 sous 8 deniers chacune attribuées à Dcgé, Lubert, Ferry et Paris, chanoines,

et enfin la septième part au curé constitutionnel Gérard, dont le traitement se trouva fixé, au moyen des 300 livres distraites, à 2862 livres 5 sous 8 deniers. Remarquons enfin que Tancien chanoine Lubert, était alors vicaire épiscopal du premier évdq,ae constitutionnel* du Haut-Rhin. Les parts assignées aux membres de Tanden chapitre devaient servir de liquidar tion de lenrs pensions.

Ainsi finit Tancienne eoUégiale et commença la paroisse moderne»

J, lilBfiIH.

* Arbogast Martin, à Walbach, le 22 avril 1731, t le 11 avhl 179i, oomme conTenttoimel.

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RÉGLEMENTATION

d'une

FORÊT COfflUNALE D'ALSACE

AUX XV ET XVI* SIÈCLES

DOCUMENT A iel469àîm

Ce premier document forme un cahier en parchemin recouTert d*ttne feuille éfsûmeat en pardiemin de la hauteur de 2i8 centimètres sur 18 1/2 de large, rembruni et en partie détérioré par le temps et un usage fréquent; il contient quatre rftles d'écriture; les écriture» sont de différentes époques.

La première partie du document est un règlement de 1469, arrêté entre les maîtres de forêt et les beiiiibour{j;ues ou bourgmestres des quatre villages de Hattcn, Ritterslioffen, Ober- et Nieder-Beti^chdorf, a.ssi'iiiblés à la deuuuide des habitants de ces quatre communes. Ce règlement établit en quarante-et-un articles rédigés en ancien idiome allemand, écriture néo^otbique cursive, les droits usagers de la forêt rAscbbruch, tant pour le bois de feu et de construction que pour le pâturage, la police sur la construction et Tentretien des bâthnents et clôtures des formes et des champs, la sur^

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BÉGLBMKNTATIOM D'UMS FOBÂT OOMMUMAU 296

TeOUmce sur la forêt, partage des produits forestiers ainsi qae des amendes de contraTentions; il contient aussi diverses dispositions relatiTes aux prohibitions et pénalités ainsi qu^au droit de bourgeoisie. A la suite de ces quarante-et-un articles

se trouvent rédigés, en écriture approchant le K^'iire néo- gothique, trois articles additionnels qui semblent être d'une époque postérieure ; immédiatement après se trouve encore une addition en deux artic les (45 et 46) relatifs aux cor\'ées pour le transport du bois de ffu i)ris dans la forêt à Tusaj^e du château seigneurial de Ilatten résidait Tadministration du bailliage ; cette addition porte la date du premier dimanche après la Saint-liathias de Tannée 1555. Les maîtres de forêt ont seuls concouru à la rédaction de ces dispositions addir tionnéUes.

La seconde partie est un cbspitre relatif au droit de pâtu- rage ré^ par les bourgmestres et les maîtres de forêt des quatre irillages, assemblés à cet effet le jour de la Nativité de Notre-Dame de l'année 1480; même genre d*éGriture que dans

les quarante-ot-un premiers articles.

Un article additionnel suit immédiatement après et paraît être rédigé en niêiue temijs que les trois articles additionnels qui suivent le règlement de UOU, à en juger par le genre d'écriture.

Cette seconde partie du document est terminée par des dispositions additionnelles sans date, mais paraissant avoir été rédigées en même temps que Tarticle relatif aux corvées (1555); elles sont relatives aux constructions, à Tentretien et à la surveillance des bfttiments et aux dêtures des formes et des cbanq»; elles ont été arrêtées en commun parles anciens et les nouveaux mattres de forêt et les bourgmestres; deux clauses finales paraissent avoir été Tolijet d*une addition postérieure, l*une relative aux marécbaux-fomnb, l'autre aux sentences des vingt juges convoqués et assemblés sur la montagne (dos zwamig Mânner Oerieht mtf'm Berg) rendant

236

REVUE D'ALSACE

justice sous la voûte du ciel, les gobelets pleins de vin en main, selon Tusage des anciens Gennaîns.

Nota, Qaoiqne m doemneot ne soit rcvéta ni de Bceanx, ai de signalnres, il ne doit pas moins ètn eonsidéré ooiime antlientiqme; loa

antiquité fait foi en justice. ZwcKSBKAQSL, archiviste, dans son TraiU^ nrclK'oJojiquet art. 144.

Sig. : Fr.-Axt. "Wescker, Becrétaire-archiviste de l'hospice de Haguenao. 15 dot. 1856. Vn el««ftiil4 eonliniM. SliMbonig^ 17 avr. 1866^

Smuh.

Va par le Seerttaire général de te Préféctace du Bai^Bbin,

RiBOUL.

{(Jacket de la Frifecture,)

PREMIÈRE PARTIE I

Dans Pannée Pon eompte depuis la naissanee de J.-C*

notre cher seigneur, rail quatre cent soixante-neuf ans, le présent Ue^leiiieut a été fait et proclamé publiquement par les honorables Bechtholz, Pierre, waldmestre ou maître de forêt, Laurent, Tauber^iste, heimbourgue ou bourgmestre (maire), Bilben, Nicolas, Fritsch, Jacques, fils d'Henri et les deux Henri CQntzel, tous de Hatten; Clein, Materne, fils d'Henri, waldmestre, Kisen, Wendelin, heimbourgue, Schil- lemann, Hartmut et Guerwin, Michel, de Rittershoffen ; Walde Jean, waldmestre, Fatziguer, Laurent, heimbourgue et Sturm Henri, tous les trois de Nieder-BetBchdorf ; Schmyt, Nicolas, le ebarron, ivaldmestre, Zaberer, Nicolas, heimbourgue, tous deux d'Ober-Betschdor^ que la communauté des quatre dits villages, réunie en assemblée plénière, avait mandâ et chargés de &ire un rè(^ement dans lintérêt de la conservation de k forêt ; et. tout ce quils ont fidt* et arrêté et ce qu^ils ^joute-

' « «sa aie nia maehent » In particule «nia» impliqnendée «Pnrttclaa Sdé^ivaiiils : el ce qu'Us léfont «( airéleroiii dans la ioite.

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SteLBUHTATlOII D'UHI VOSAt OOMlimiAlJI 287

ront dans la suite a force et pouvoir et doit être observé sans restriction dans tous les points et articles qui suivent ci-après.

c Inn dem Jore do man schreib von der Geburt CristiJ misères lieben herren, dosent yier hundert sechtzig und Niin Yore, ist dièse nodigeschriébene Ordennuiige gemacht nnd gesal worden durch dièse harnoch genanten Erbem late mqt namen: von geheise und enpfelle der gantzen GemeindegemeUich der vier dorff Yorgenant Ordennngen au maehen noeh nutz des waldes. Und was si! als maebent das soll gantz krafft und macht habeu und gchalten wcrden onne abgang wie dan die Puncten und Artickel In- halten (contiennent) die harnoch volgeut »

Art 1.

Tout habitant des quatre villages susnommés, ayant domi- cile et droit de bourgeoisie dans l'un d'eux, quand il voudra bâtir que ce soit une maison ou une grange, doit réclamer au waldmestre du Yillage qu'il habite le bois dont il aura besoin et lui donner sa parole, à la place de serment, qu'il se confor- mera quant à la coupe du bois nécessaire pour sa bâtisse aux prescriptions qui suivent

Item. ' Zum ersten sol ein jeder Inwunner der obgenanntcn vier dôrffcr inné wellichem er gesessen und geburschaftt hait * ist dem not zu buwen es sige (sei) huss oder sthilrc der soll einem Waltmeister im selben dorff inné dem er gesessen ist das holtz das er darzu bedarff beischen und dem Waltmeister ^

^ « Item > éqnÎTant à Article ; ce mot se troure «B lAte de ehaqse article de l'original, mail MHS le mméro d'ozdre qu fi^ta ponr

faciliter la distinction.

* < geburschaft haltcn > =: avoir nno économie uw exploitation ronde daoa le village donnant droit de bourgeoisie.

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drawn (Trêve) geben an ^des stat m siBen gébuge zd hogen inné moesen ?rie harnoch volgent »

2.

Dans la partie supérieure des maisons on prendra pour poutres du hêtre ou de Tonne blanc et pas de Taune à moins

que Ton en trouve en bois sec. Celui qui n'observe pas ce

règleiut'iit encourt, s'il est dénoncé, la grande amende. Les forestiers et chacun des bourgeois desdits quatre villages doivent y veiller, constater et dénoncer la contravention.

« Item. Zu balken liber den hossren soU ein Jeder hogen bUchen oder ivichen holtz * und Icein erknholta einer finde dan das inné dOrrem holti mag einer wol hogen wellicher dise veracht und desshalben fOr^ bracht wUrdt der brichent den grossen einunge daraber rugent die ferster und meniglich* der bestambten vier dor£ »

3.

Pour chevrons on prendra du hêtre ou de Forme blanc et pas de chêne sauf dans les faîtages * oii Ton pourra prendre du chêne comme par le passé.

4.

Celui qui coupe du bois de construction doit voir si parmi le bois abattu ou dans les abattis iiBÛts de côté et d'autre, il se

* « irieh«D holti » déi^ dans Btne-AIsMe tont partfediiKiiieiit Pormo blanc, vJmtu; Wich = Weiss^Rnster.

' lia sarreillance de la forêt n'appartenait pas seulement aux fores- tiers salariés, mais à chaque bourgeois co-intfTPSsé. < darûber rttgent ftrstcr und meniglich» = chaque boargcois aui^si bien que les forestiers ont à veiller là-dessus, à eu constater et dénoncer la transgresaion, la contraTeniion, le délit

' « uagenommen nff die g«bel » crolM inAQUi et U contjgntion»

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Biaf.«llHTATlMI tfmŒ MMÉT OOUCDIIàLB SBO

trouve du bois propre à lui servir pour sa bâtisse soit comme jambages de portes ou de fenêtres, soit comme marches d'es- calier ou comme planches pour grenier; et, sous la foi donnée comme ci-dessus, il est tenu de façonner loyalement ce bois ou de le faire façonner par son maître-charpentier, comme Tezige l'intérêt de la forêt Celui qui n'en tient pas compte encourt, s'il est dénoncé, la grande amende. * Les forestiers et un chacun ont à y Teiller, etc.

5.

Personne ne doit abattre de chêne si ce n'est pour seuils de quelque bâtiment principal On pourra cependant toigours couper des chênes morts ou prendre dans les coupes secon- daires les chênes abattus. Un chacun et les forestiers dénonceront, etc.

6.

Pour porte cochère ou pour montants de porte ' on ne doit pas abattre de chênes verts; en cas de besoin on prendra des

'<d«r Mcht den ntùmm Eiaviif *. Ane. V-aU. aimnga; noj. h*-«n. «Einuiige» (fidi dneii, s'unir, n réunir, le mettre d'accord^

sign. 10 réunion, union, association; convention, prohibition; pn* nition, amende (muIctaX convenue et fixée d'avance; 4" l'objet même de la convention, de l'association ; cf. art. 20. « einen Einung brechen » signifie en premier lieu : rompre une convention, commettre une infrac- tion à quelque règlement, prescription, prohibition ; et en second lieu, «neouiir la peine, l'amende fixée d'ntance pour le eaa d*nne tnmsna- iien résignent feeoonn et adopté par Panociaiion. Dana oe aena en empiéta aonroit le Terbe « bteehen » (lom^) tant aenl, aiaai an lien de dire < bricht den grossen Einung > = encourt la grande amenda^ oa dira enssi « bricht 5 Pfd >, Ut grande amende étant de 6 liviea; oe qui équivaut à « paier 5 livres •.

Le mot < Einung», d'ordinaire du genre féminin, se trouve ansai en masculin ; le présent document ne l'emploie pas autrement.

* « zu dor oder dorsullen > = pour porte cochère ou piliers de porte eeehèfe.

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arbres-cbênes morts, sur pied ou versés. Un chacun et les

forestiers ont à dénoncer le contrevenant qui encourt la grande amende.

7.

Celui qui annit besoin d*aiie porte eochtoe enttèremeDt neuve doit faire voir Tancienne au waldmestre; si le wald- mestre en reconnaît la nécessité, il lui assignera un arbre- chône vert sur la promesse de l'employer pour la porto et les panneaux. Un chacun et les forestiers y veilleront, etc.

a

Pour jantes de four ' on ne doit pas prendre du bois de chône vert à moins qu'on n'en trouve dans les abatis; le contrevenant encourt la grande amende. Un chacun et ke forestiers le dénonceront

9.

Si quelqu'un se trouve dans le cas de devoir revêtir son grenier de nouvelles planches, il le fera voir à un waldmestre; si celui-ci en reconnaît la nécessité il lui donnera un arbre pour planches au dit usage sur ht promesse prescrite. ' £t s'il lui restait des planches pouvant servir pour porte ou grenier, dont il n*eût plus que faire, il pourra les vendre en présence * du maître de forêt et à la condition «tne qm non que Pacqué- reur soit un des bourgeois des quatre villages, vu la conser- vation de la forêt, et Tacquéreur de ces planchée est tenu sous ladite promesse de les utiliser comme Texige lintérêt de la Ibrêt Quiconque ne s^y conforme pas encourt, sll est dénoncé, la grande amende. Un chacun et les forestiers dénonceront le contrevenant.

* A cair da pain.

' « by dickgemelter Traww».

* 4iiiiie bywctMA».

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BioLiMmrrATicm d*oki fOBir oommiuiaui Ml

10.

Celui qui a besoin de gouda ' pour porte ou porte cochère, B'adressera au waldmestre qui lui donnera un arbre pour les gonds sur la promesse de remployer à l*usage indiqué; et s*il lui restait du bois utile* il pourra le Tendre dans les con- ditions susdites et Tacquéreur devra l'utiliser comme il a été dit Le contrevenant, s*il est découvert» encourt la grande amende. Un chacun et les forestiers y veilleront et le dénon- ceront

11.

Celui qui aurait besoin d*un arbre à lattes doit s'adresser au vrakbnestre qui ira avec lui pour se convaincre de ses besoins; sH lui faut une cinquantaine ou une soixantmne de lattes ou davantage, approximativement il lui assignera un arbre h couper donnant cent lattes et plus ; quand il aura abattu Tarbre, il façonnera et tranchera d'abord le tronc (la tigo, le pied d arbre coupé) lui-même puis les abattis.

Il le fera et videra la forOt dans les dix semaines, pendant lesquelles personne d'autre ne pourra toucher à ce bois pour en tirer profit. Les lattes doivent être employées (sans fraude) à peu près aux endroits désignés au maître forestier sous la foi donnée comme ci-dessus. Dans le cas qu'on eût, sur le nombre obtenu, des lattes de reste, on pourra les vendre de la manière prescrite ou les garder soi-même.

Mais le maître de forêt ne donnera pas d'arbre vert à celui qui aurait besoin de moins de cinquante lattes, qu'il trouvera

' c Tor- od«r TOre-angél ».

« tind blybe eînem fltte Qbrig ».

Le mot ' iiite > du v. 1. uti, user, se servir, etc., est inusité auj. du hoÏH (1 a uvre pouvant servir aux artisans, du bois de charronage, de menuiserie, etc.; en allemand d'aiy., Nntz-, Werk-, Schaffholz ».

Les moto oatili, iwlaiMilui^ ■Be.vtensUeB, et l'ail, c Utraaili«B > NOt de la «tet ndneb

Hbavslle Séne. ItT eMét. 16

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818

BBVUB O'AUAflB

fadlement en bois aec, arbres venés (chablis) ou abalis. Un chacun et les forestiers dénonceront le contrevenant

a Item, der solle hogen ein boum dcr do gibt hun- dert stecken und me und soUe dasselb loch zuvor uffmachen * und die afiterschlege noch und sol das don und den Walt rumen inné den aehen Wuchen do zwischent sol nieman nù't am selben boum ufima- chen*..* »

' « vff = anf «anfioudien» propremint b ouTiir, ét m pariant dn bois = tnadier, t&uàn, Mier, ficoniier; le rMvire à l'ilai tooIb. L'ubte étaol abatta il £Mit d'abofd dtgager le tronc de aa narar». an

retrancher les branches et la cime, pois faire la même opAiatiffii ponr

les (grosses) branches, etc. «dasselb loch» = le pied d'arbre Ott la tige (/Wtïs) détachée de sa souche, ~ truncun, le tronc, de tnmcare, tron- quer, couper par le bout. L'expression «soll) loch» est toujours oppost^e à celle d'« afFterschlage » abattis, de «Zelcbon, Aesten, Ueberholz », raniilleS; branches, et s'écrit différemment; ainsi B. art. 26: «und was Tor holtz von Zelchen oder aelbloch su verbaneu natzUch > ; A. 40. «die^elp blodi mit aaïamt den Esten» ; A. 41. «ftberholts und sfl^bloch*. Pour « bloch» on dit aussi « bloek», d'où dériTO le français Uoc poor désigner qnelqne groa moicean d'âne matière dora qni n'est pas eneere travaillée: un bko de marbre» de fer, etc. Ce mot « bloek > existe en anglali (as bloc, tête de bois, etc., et «block-house») et en flamand, avec la môme signification, «loch^n» ou «lachen» («lachten, lagen, lacken») anc. h'-alleraand «lalihan» (— «laver»), faire une entaille, une incision dans un arlire, couper une tranchée, une laie ou comme on dit aujourd'hui, la ligue, dans une forêt; couper en g*' ou pour la fabrica- tion du tan avec l'écorce de chêne (= «Lob, Loheiche und Waldeiche>) le tan (chêne).

On eataiUe on arbre pour en xetiier la résine (npin), ponr marquer l'arbre eemme arbre de réserve et ne devant paa élre eovpé; ce sont a) les balireanx O'acte te procès de 1511 les appéUe «Iivch-^ Leachb&ume), b) les arbres-bornes appelés en allemand «Loch-, Lacb-, Ziel-, Mahl- (marca) baum; Eckloche, pied-comior ; de «Lochstein, Markstein» pierre borne, «Loch» ou «Lohe» pour borne en général; un sillon, un fossé faisant limite peut s'appeler «-daa Lôch.>

Un « Lochbaam » est donc on arbre marqué, iayé sur le tronc ; on

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BÈOUDIIIITATliON 0*01» FOBÉT OOMMOMALB S48

12.

Personne ne doit couper les haies que la commune fait planter' ni les elAtnres solides' qu'elle entretient devant la forêt ou le long des chemins communaux, qu'elles se trouvent

près (le champs ou de prés ou près de quelqu'autre propriété particulière voisine du communal.* Quiconque coupe ou brise de telles haies ou clôtures, devient passible d'une amende de 18 deniers,* dont un sciiilling au waldmestro et six deniers au dénonciateur. Un chacun et les forestiers ont à y voilier, etc.

18.

Personne ne doit faire de clôture avec des lattes de chêne en dehors de Tenceinte * des quatre villages à moins qu'on ne tire ces lattes d'arhres morts sur ])ied ou versés ou des abattis*, et dans ce cas lés clôtures de chêne sont préférables

«lelbloch» est nn arbre coupé par le pied, dont le tronc est coupé

part en part; c'est ensuite le tronc même de l'arbre par opposition aux branchages; «selbbloch» est le uiôuie mot renforcé rid»''G première de couper cède le pas à celle de masse (massif) compacte et brute, cf. l'anglais <log> tronc, bûche, etc. «loch> = taillis et massif (art 18) dont «Mlbloeh» b hd-mème taillis, masBi^ est l'élément conttitatif,

* «wo num htfge liett» s= plaatar det liaiw dam la ligne de délini- talion ; «ZIel» ss but» Uttite et haie. «Zielhaam, Zillidiaioh» = aibre

borne; </iln, zilen, zillen abgr&nzen,» entourer d'une haie.

* «oder wehrhaftig Znn nuMht» s= forte et solide clôture de pieux et

de palissades.

* «wo die stônt neben dem Almendp».

* 18 deniers - 1 franc; 12 deniers formaient le schilling (valeur de compte) et 20 schillings la livre; la livre 8tsbg. valait en HiM fr. 13,75; en 147» fr. 18,15; en 1497 fr. 13,35 ; doue le iddUiiif = fr. 0,69 ; 0,6G ; (V62; et le denier ^ fr. 0^068; <M)fi5; ÙfiOSt dans ees mêmes années.

* «vsserhalb der vier dorff Eller*. «Der Etter» = la haie qni entou- rait le village (et ancien liant«llenand «toreaffM tirga}, D*ord. de charmille dans la contrée en question.'

' «in dùrren ston oder liegenea bottmen oder Afterschlagin*.

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2U aiVQB d'albaisb

à toutes autres étant plus durables. Celui qui n'observe pas ce règlement encourt, s'il est découvert, la grande amende. Un chacun et lea forestiers doivent y veiller, etc.

. 14.

IVi-sonne ne doit couper dans la forôt plus de fascines qu'il ne lui en faut à lui-même. Celui qui a besoin de fascines et qui ne veut pas les couper lui-même, pourra engager un valet qui lui en coupera autant qu*il lui en faudra. Celui qui coupe ou fiiit couper des branchages et fascines* est tenu de les utiliser avant la PentecAte; quiconque à cette époque aura encore quelque part dans la forêt, dans les champs ou dans le village des perchettes ou fucines non employées, encourt sH est accusé, la petite amende.' Un chacun et les forestiers doivent y veiller, etc.

15.

Personne ne doit plus couper ni branches, ni rameaux de charmes verts soit en bas soit en haut (de Tarbre), si ce n*e8t pour perches et perchettes de la grosseur du hraa on dn pouce. Géhii qui n'observe pas ce règlement encourt, sli est dénoncé, la petite amende.

16.

Nul forgeron ne doit couper dans la forêt du bois pour plus d*un foudre de charbons' dans Tannée; et ce bois il doit le couper avec la hache entre la Saint-Michel (le 29 septembre) et le jour de l'Annonciation de UVlerge* (le 25 mars) etil doit

' «nad wéllichen abo girttn odar wtUeii hog«itt oder lot hogen».

* La petite amende éttit d* 4 ifthlIHiigii denien atslig. = fir. 2,75; la grande de 5 livres slsbg. fr. 68.

' «zum Jore za oinem fuder Kollcn», le foudre ou charretée = oamUa, flauatrum était ici comme à Strasbourg de 11 hectolitres.

* «unsor frawcQ Clibeltag»; cette ancienne expression complètement oubliée aujourd'hui, désignait la fSte du 25 nan en mémoire dn mjs-

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t

RÉOLRHENTATION D'UNB FORÊT COMMUNALE 915

yider & temps la forêt; les forestiers seuls en sont juges. Le forgeron qui fabrique plus d*un foudre de charbons, encourt la grande amende autant de fois qu'il aura de cbarrettes.

17.

Celui qui aura besoin de bois pour m d'entrevons ou de perchée pour lattes, en préviendra le mettre forestier qui ira avec lui j^ur s*en convaincre et s'il trouve qu'il en a besoin n lui accordera le bois demandé sur la promesse qu'il rem- ploiera (sans fraude) h peu près à l'endroit montré au waldmestre. S'il avait besoin à la fois d'ais et de perches et jpas en trop grande quantité, il pourra charger les deux espèces de bds sur une même éharrettepour les transporter ensemble dehors la forêt

Le taïUis sur le devant de la forêt ^ est chaque fois mis en

tère de l'incarnation, «Klîben, klciben (auj. klcben)» harrere, so disait autrefois partie alièrement de la semence des plantes dans le f^ens de •haftea», prendre racine, «Wnrzel fassen»; de par extension «die Kllb«> = la conception. Catt eette fflte qui avait fait appeler la mois de man «Qibtlmonat». L'art. 65 présent doennent dit de même «nnter ftairen CUbéItag», taadii qve la nonveUa rédaedon dn «Wald- spmch» ou Règlement foieetal de 1678 fidtë en 1^ par on greffier de Hagnenaa dit à Tart. 11, «vaaer Fnmentag Klaibiuig»; en disait «niri «Beklcibang».

* Il s'agit do la coupe annuelle de liois de clKuiffairo oU\ faitt» par les communes et mise en défense pour protéger la taillo et les pousses.

«lochen» = entailler, tailler, percer, conper; «das Loch> le taillis, bois qtie l'on coape tons les 10^ SO^ 80 on 40 ans; à 40 ans on l'appelle fotaie nr taillis, «daa Gdodi» (B» 40) := la coupe délimitée; oa disait aasd «LKck et Gdlclc», mots co]leeti& de «Laldia». Toy. la note de l'art. IL

n est intéressant de remarquer que, tandis que des savants français cherchent à faire dériver les mots laie, layer, laveur, laynage de l'anc. b'aUemaad «laUian» oa da scMidiiiaTe, il y a de? saTlmts aUemimds

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$46 lOTUB d'alsaob

défends et interdit pour tout le parterre de la coupe qu'on y aura faite. Un chacun et les forestiers y veilleront

< Item, das Loch vomen im .Walde sol wider in

Friden und Eiounge ligen so wie es dan gelocht wurt.

darûber rOgent menigtich und die ferster. »

vx

Les boisseliers ' ne doivent plus dorénavant couper du bois dans la forêt pour leur fabrication (de jattes, etc.), à moins qu^ils ne l'achètent des maîtres de forêt, Tarbre-aulne à 8 de- niers. Un chacun et les forestiers des quatre villages ont à y veiller et à dénoncer le contrevenant.

20.

Dans aucun des bans desdit^ quatre villages ou ne doit

(V. Mone, C. F. 224) qui, coatMtftut aa mot «lâche, lahha», an M. A. lachtis ou Jahhus = iwctVto arhorum, tontes forme et racine allomandcs, le t'ont (lorivor du coltiqiip et citent ii rapjMii de leur thèse les mots irlandais «leagaira» - tondre, tailler, et «Icighcas» incision.

N.-B. 13. = le règlement de 1572 noiiTellemcnt rédigé ea 1(>30.

«LMb* rignifie: 1^ cIoB| daummt caTerne, etc.; 3o bois, fotéi baif* ■onenae et tonlbe (boaqnati booage); tailUa, baiiwm, en allemand: «Hais, Bmchwald Bnaeii»; et daaa ce lena il a dea éqniralMita dana le latin lumi (eluear» = éclaircir) ; et dans le grec ^ lôxftt] (et Xéxfua; Xoxfiaîoç = Xôxfuoç; Xoxftco^rjç) qui à c6lA de gtte, taanière, «Lager», etc., signifie aussi baiMon, forât bni88onea8e,maa8if;ildtô?e de Aô/ar, ô rad. h/. XiyuK

Le mot laie comme dans le sens de tranchée percée dans une forêt, parait avoir aussi désigné une certaine partie de la forêt comme les mots qui précèdent ; nous le tnmroBS daoa la fbrmatkm certains nflna d'endroita oomme l'allemand «Locli» et «Lach». Exemple : Saint- Germain-ett-Laye à 6 L de Parii, a/Sdne vdaiae de la belle forêl qui porte le même nom et qni eit l'une des ph» oonaidérablea et dea miens pereéea de France.

La baye, en allemand «Lach», canton de Villé; Ilaslach, etc.

«Loch» et «Looch» (CoIiDar)i Lochwald, Lochmatt, LochmUhl, etc.

* «Die Schflsseler».

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rAolbmbntatiom d*ukx forêt communale ^Ml

plus faire de clôtures sauf autour des terrains (chemins?) qui font ou qui do nos jours encore (prochainement) feront partie du communal * Celui qui ne se conforme pas à ce r^lement, encourt, sH eat découvert, la petite amende. Un chacun et les Ibrestiers ont à le dâioncer.

21.

Personne ne doit couper de chênes verts pour hittes de clôture. On pourra faire celles-ci de bois sec pris de chCnes morts sur pied ou versés ou de bois de chêne trouvé dans les abattis. Le contrevenant encourt la grande amende sll est dénoncé. Un chacun et les forestiers y veilleront, etc.

22.

Si quelqu'un voulait faire une cloison en dehors de ses bâtiments, par exemple le long de sa cour ou quelque part qu'il lui convienne d'avoir une cloison pour clôture, il prendra le bois dont il aura besoin d'arbres morts, sur pied ou fïisants, ou des abattis ; mais il lui est interdit de couper pour cet usage des chênes verts. Celui qui s'en rend coupable encourt, s'il est dénoncé, la grande amende. Un chacun et les forestiers doivent y veiller, etc.

23.

Supposé qu*à Tavenir quelqu'un osftt (rompre) un « Einung » compris dans les articles qui précèdent et qui suivent» il les t rompt tous.

« Item, wer es dass niifftirtter einer einen Einung wagent^ villrt der begriffen in den vor und noch geschriebennen Puncteu, der verbricbent aile. »

* «dan do der gemein Einunge annen get oder noch hûtbedag annen gemacht wurt>; littéralement: saaf passe le communal ou qu'on It Un pMMf «Beore de nos jovn.

* ««iiMii Einuif wagent»? mer rompce par défi, avec ottentalloii et itai redovier la pinitioa? hanw le rèi^emeiit?

Cet article a l'air de lervir d'iatrodnelioB k «ae lérie d'articles

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■BVint O'ALSAOB

2é.

Les maîtres de forêt doivent aussi vendre du bois aux char- rons, à 18 deniers la tijzo. Ce sont (U s tiges à deux tranches en long que les charrons doivent {)rendrc et pour les façonner ils doivent se servir (comme billot) d'une racine de chêne ou d'un tronçon détaché (gisant), selon leur convenance ' pour ne pas causer de dommage à la iorêt.

TVaduU et anmièpar M. Hqckbl.

additimmcli et le mot «aile» poomit Um aimi lignifier : oen-ci anui bien que ceux-là entraînent la punition si on les transgresse. L'art. 83 est pn effet précédé dans l'original d'un trait et suivi d'un espace vide plus grand que d'habitude comme s'il devait servir d'introduction aux nouveaux articles qui vont suivre.

Des articles additionnels étaient ajoutés au fur et à mesure des besoins, comme le prouvent les art. 42 à 44 par leur écriture, les art 89^ 46 et 46 par lenn datea de 1497 et 1666; les art. 59^ 42 et 86 qui ammlleDt om modifient les art. 16^ 40, et 14—16.

* csie Bflllent inné jedei bogen baben eîn etcben wflrtseliag oder ein ligen bloeb ako gut er fint>.

«inné jedes bogen» '= cbaqne fois qu'ils en eoiq^eroatetfisfOBBeront dans la forêt : prqpr. k cbaque eoupe.

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JEAN-GEORGES STOf FEL

BIOGRAPHIE D'UN SAVANT ALSACIEN

8cn Heu de naiatanee et MfamiUe 8a premère jtmme, iei premièreê éUtâeB OHimat 1819-1843

Pendant la période des dix années qui vont finir, les rangs des auteurs alsaciens se sont éclaircis d'une manière effirayante. Sans doute bien des lacunes pourront à peine, ou au moins très difficilement, être comblées. Cette plainte s*e6t produite avec raison an décès prématuré du ebercheur infati- gable, du savant et consciencieux bibliothécaire de la viBe de Cohnar, à la biographie du^él les traits caractéristiques qui Tont suivre voudraient modestement contribuer.

Jean-Georges Stoffisl naquit, le 4 janvier 1819, à Sainte- Croix, situé à deux lieues au sud de Gofanar. Son père, dont il portait les deux prénoms, était bourgeois et cultivateur; sa mère, Jeanne Heymann; ils appartenaient tous deux aux familles les plus anciennes et les plus estiniiV s de l'antique et honorable petito ville; leurs arbres généalogiques, rétablis par Georges, se trouvent dans l'une des pièces du petit châ- teau de TendrolU

1819—1880

I

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C*e8t arec an plaisir tout particulier que Pami qui vient de nous quitter, racontait une tradition de liumlle ayant trait au

mariage de l'un de ses aïeux maternels; j'en ai autrefois pris note d'après son récit verbal. Pourquoi ne pas citer ici cette aventure originale qui ressemble plutôt à une lép;ende qu'à un événement réel, lorsqu'il est certain que le caractère mythique qui y domine, a contribué plus tard h ouvrir Tune des directions prises par l'esprit investigateur de Stofîel ?

« Kttster, le maire de Wettolsheim, disait-il, était un des plus riches paysans de la Haute-Alsace ; il avait des champs, des prés, des vignes et ses vastes écuries étaient garnies de beau et vigoureux bétail. Mais ce qu'il avait de plus cher an monde, c'était son enfant, la perle des jeunes filles à cent lieues à la ronde. H n'est alors plus étonnant si, dès qu'elle filt en âge de se marier, il surgit de près et de loin des pré- tendants à sa main. Leur nombre s'accrut de telle sorte, que la pauvre fille ne savait plus comment faire, et que le père aussi ne pouvait se décider à un choix quelconque.

Enfin, parmi les amoureux ils choisirent quatre jeunes gens, tous fils de riches et braves cultivateurs. Le père les convoqua pour un dimanche à sa ferme et leur ordonna de placer à l'écurie, dès la veille et à l'insu de sa fille, les chevaux sur lesquels ils étaient arrivés.

« Le dimanche matin il fit avancer dans la cour sa tille, revêtue de sa plus belle toilette, pour souhaiter la bienvenue à ses prétendants.

c Soudain la porte de l'écurie est ouverte et les nobles coursiers s'en élancent en poussant de joyeux hennissements, n y en avait un noir, un roux, un brun et un blanc. Celui, « dit le père, dont le cheval te plaira le mieux, sera mon gendre « et te conduira dans sa maison. »

« Le cceur de la jeune fille battait avec violence; elle regar- dait tantôt les chevaux, tantôt les jeunes gens, tantôt son père. La décision semblait difficOe ; enfin elle choisit le beau

JEAN-GKOBGER STOFFBL 251

cheval blanc à Félégante crinière, aux grands yenx étincelants.

« Le propriéture dn cheTal, le victorieux prétendant, était le jeune Heymann, de Sainte-Croix.

c Quelques semaines plus tard on célébra le mariage avec un grand édat et il dura cinq jours. Ai^ourdlini encore la race des Heymann fleurit riche en biens et en descendants. »

La gracieuse fille du maire de Wettolsheim, lors de son choix, ignorait probablement que les chevaux blancs étaient autrefois des bêtes sacrées, vouées aux dieux et considérées comme leurs messaj^ers indicateurs. Son descendant le com- prit d'autant mieux qu il sut faire des recherches et fournir des explications à ce sujet.

Stoffel passa son enfance et sa jeunesse à Sainte-Croix. L'heureuse situation de l'endroit, dans un territoire fertile longeant la route de Colmar à Bâle, entre l'Ill, la Thur et la forêt de la Thur, favorise la culture des laborieux habitants dont les grandes fermes avec leurs spacieuses maisons d*ha- bitation, leurs granges et leurs étables, prouvent suffisamment le bien-^tre. La petite ville est aussi importante sous le rapport historique, ne f(it-ce que pour son origine qu'elle doit au couvent de femmes de Woffenheim, que Hugo IV d*Egui8- heim, comte du Nordgau, fonda dans le xi* siècle de concert avec Heilwige, son épouse. Leur fils, le pape Léon IX, fit don à ce couvent d'une parcelle de la vraie croix qui doit encore exister et cela fit que le nom de WoffenhtMin dut bientôt céder la place à celui de Sainte-Croix. Outre une série de légendes populaires, que dans sa ville natale et les environs il avait, étant tout jeune homme, religieusement écoutées dans les veillées et plus tard recueillies avec soin, Stofiel publia le court mais substantiel rotule de la cour colongère apparte- nant à Tabbesse du couvent, depuis le commencement du XV* siècle, ainsi que les Statuts et Ordonnances de la petite ville (1509-1517), deux documents importants pour l*histoire politique et légblative de la Hante-Alsace, et qui peuvent

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BSTUB D'ALSAOM

dignement iigurer & côté d'&iitnB, dont nous aurons à parler plus loin.

Le petit Georges fréquenta l'école primaire avec les garçons de Tendroit du même ftge etdont, par Textérieur, il ne diftérait guère. Les traits de son visage étaieatfortement accentués, nn peu diin peni^tre, et ils GonBerrèreiit cette particularité jusque daoB son âge avancé; cependant sa nature placide leur donna de la douceur et ses yeux brillants et enfoncés, conune aussi son firent haut et proéminent, laissaient deviner le cberdieur et le penseur r^échL S*il n'était pas le dernier pour parcourir joyeux, en compagnie de ses camarades, les bords de 1*111 et de la Thur, le bois voisin et les pâturages, ou bien pour aider vaillamment ses parents aux travaux des champs, il n'était pas non plus le dernier quand il s'abaissait d'apprendre. Cette remarque fut faite par un jeune prôtre qui habitait alors Sainte-Croix. Trouvant son plaisir à enseigner» il réunissait dans sa chambre, plusieurs fois par semaine, les meilleurs élèves de l'école coninuinale. afin de pousser plus loin leur éducation. C'est chez lui que Stoffel reçut des leçons de français et apprit les rudiments des langues classiques, de manière qu'à l'âge de 12 ans il était devenu assez fort pour être admis en cinquième au collège de Colmar.

Tous les jours il faisait & pied, aller et retour, le chemin à la ville, ce qui lui prenait près de quatre heures, et il devait s'occuper encore jusque bien avant dans la nuit de ses devoirs et leçons. Cette tâche lui était iàcile; d'une part il avait pour aide sa mémoire prompte et sûre, de Tautre, il avait été dressé "par Texcellente méthode du jeune ecclésiastique qui exerçait ses élèves à rédiger leurs pensées et les exhortait à lire des livres instructifs et des feuilles périodiques utiles. Parmi ces derniers se trouvait Le Mentor, journal du jeune âge, etc., qui parut à Taris, en et qui décernait des prix aux élèves

ayant fait et envoyé la meilleure rédaction. Stoflfel expédia aussi une composition, mais elle arriva aprèii la clôture du

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concours, ce que regretta d'autant plus M. Félix Duprez, le directeur de la feuille, que l'envoi du jeune auteur, à peine âgé de 15 ans, pouvait compter au nombre des meiileura (Voy. Le Mentor, etc., I, page 224, juillet 1834).

La situation de sa famille ne permettait malheureusement pas à notre jeune savant de continuer ses études à Colmar. U était Tftlné de ses frères et sœurs, dont le nombre s'était successivement élevé jusqu'à neuf. La culture et la gestion des terres exigeaient plus de bras, et le jeune Georges se vit ainsi réduit k devenir pendant deux ans an véritable fwpféç (cultivateur). Comme il était destiné à passer une grande partie de sa carrière à la campagne, en. contact avec les paysans, le séjour dans son pays natal hd lut encore de quel- que utilité. Les travaux des champs, les fdtes de la fenaison et des récoltes, la fréquentation des veillées, permirent an conteûr et au savant chercheur d'observer la vie du peuple, dont il put plus tard utiliser de mille manières le langage, les mœurs, les coutumes, les légendes, la foi et les superstitions. Il ne négligea pourtant pas entièrement son éducation qu'il avait à compléter. Travaillant tout seul, souvent jusque bien avant dans la nuit, il fut admirablement secondé dans son travail par un ami d'enfance, un peu plus âgé que lui, nommé Burtz, qui fut pendant longtemps professeur au collège de Rouffach et plus tard se retira à Eguisheim. Burtz l'initia à la littérature allemande, surtout à la poésie, et avant de mourir ^t don à son jeune ami d'un recueil manuscrit de ses propres poésies, il ei^rime d'une manière charmante les sentiments de l'amitié et l'amour pour la belle nature; il avait également mis en vers la tradition de famille que nous avons rappelée au commencement de cette notice.

Quand Stoilél eut atteint dix-sept ans et reconnu que l'agriculture ne répondait pas à sa vocation, il supplia ses parents de le laisser choishr un état plus conforme à ses connaissances et à ses aspirations inteUectneUes. Les |»arentB

864 BBVOB D'ALAAiOl

86 rendirent à son désir. Un ami de la ftmiUe qoi mpréeiait à aa Taleur le studieux jeune homme, le pr^nta, en mai 1886, au secrétaire général de la préfecture. Celuirci, après lui avoir fidt subir les épreures de eapadté, recommanda son

protégé au préfet qui, le 17 du même mois, le nomma surnu- méraire. Déjà le 1"' juillet suivant il rLH;ut sa nomination d'employé titulaire et fut enrôlé dans radmiuistration des forêts.

Lors des recherches qu'il lit dans les archives départemen- tales concernant d'anciens rèf^'lcments forestiers, il eut l'occasion de voir pour la première fois des rotules de cours coloDgères, dont il saisit aussitôt rimportance pour la con- naissance du droit, des mœurs, de l'organisation villageoise ttltérieureb ainsi que du langage pendant une grande partie du moyen âge. U se proposa de les recueillir; ce quil fit en 1846 et 1847.

Un autre but Tentralnait non moins à faire des recherches continuelles; c'était celui de noter les plus anciennes formes des noms de personnes et de localités de TAlsace et d*en fixer la signification. Outre les archives, il mit aussi à profit les vieux imprimés et manuscrits de la riche bibliothèque de la ville, dont les administrateurs, L. Hugot et X. Mossmann, lui prodiguèrent leurs conseils et leurs plus sympathiques encou- ragements.

Vers la même époque, il étudia successivement l'Edda, les ChautiS des Nibelungen, quelques-unes des grandes épopées du moyen âge, mais surtout îa mythologie alleniandc. et la grammaire de Jacob Grimm, ainsi que les contes et lé^^endcs des deux frères Grimm, avec les précieuses notes qui y sont jointes, notes auxquelles il dut des explications et des ren- seignements aussi nombreux que variés. Il avait non moins d'attrait, comme il le répétait souvent, pour la lecture de la petite nomenclature (NammàHichiemJ de Lutiier. à Colmar il avait commencé k rassembler les légendes populaires

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JBAM'CnKlBOIS STOfFBL

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des environs, entendues pendant sa jeunesse, et continua ensuite à le faire sur des bases plus larges pour le Sundgau.

Les occupations de son emploi et les visites à la bibliothèque et aux archives pendant ses heures de loisir, absorbèrent une partie de la journée, souvent une partie de la soirée, et néan- moins, comme au temps oii il allait en classe à Colmar, il fit journéUement à pied, aller et Tenir, le tn^'et à Sainte-Croix. Ce n'est qu^après son mariage avec une pioche parente, qu*il se fixa définitivement à Colmar. n aimait volontiers à raconter un curieux phénoniène que, pendant une chaude nuit d'été, il avait observé «i rentrant à la maison paternelle. H avait vu à quelque distance de la route un saule, dont les extrémités de chaque feuille étaient garnies d'une aigrette phospho- rescente qui se balançait légèrement à droite et à gauche sous l'action du vent (Communication de M. X. Mossmann).

StoflFel n'était pas un de ces savants de cabinet pédants et maussades, couvant ses propres élucubrations sous la poussière des volumes ; il aimait la conversation et la corres- pondance avec des gens partageant ses idées et ses aspirations ; c'est ainsi qu'il fût, depuis le 18 février 1845, un membre actif de c La Société littéraire de Cohnar », qui réunissait alors dans son sein un nombre assez considérable de sommités intellectuelles; c'est ainsi que, le 18 avril 1848» il se fit admettre dans c La Sodété républicaine de Cobnar >, U aimait à s'occuper plntdt de questions pratiques que politiques, bien qu'il eût salué avec enthousiasme la révolution de février. Au nombre de ses délassements il fuit compter quelques sotrées que, pendant la semaine, il passait en com- pagnie de plusieurs de ses amis à côté d'un verre de bière, et chacun des assistantes était obligé de fournir sur un événement de sa vie, sur une nouvelle intéressante, sur un livre fraîchement paru ou suï* tout autre sujet, un court aperçu, soit verbal, soit par écrit; souvent aussi on y produisait des énigmes ou des poésies humoristiques.

886 BBVIIB D^âUAflB

ÀTec €66 détails nous terminerons le récit des années de

jeunesse passées par notre ami dans sa petite ville natale, ainsi que sa première activité coniiiu' fonctionnaire public à Colmar, oîi il vécut plus <1<^ treize ans. Il entra alors dans une autre carrière administrative et prit son domicile dans d'autres régions de la Hauto-Alsace. Ce n'est qu'après vingt-trois ans (1872) qu^il fut rappelé à Colmar, il resta jusqu'à mort.

U

iScs années comme Jondionnaire dans le Sundr/au Se$ recherches historiques, archéologiques et topof/rfipJtiqtics Son retour à Colmar Sa nomination comme bibliothécaire de la ville Sa maladie et sa mort (1849-1860)

En reGonndBBance de ses loyaux servicfla et de ses capacités,

Stoffel fut nommé, le 25 août 1849, percepteur à Durlinsdorf, dans le comté de Ferrette. On lui assigna comme résidence le village moins important d'Oberlarg, situé un peu plus au Sud et sur la frontière suisse. Il quitta Oberlarg, en 1851, la résidence du percepteur ayant 6{é rétablie à Durlinsdorf. Il séjourna pendant sept ans dans cette région si peu connue et presque isolée du reste de TAlsace, dont les habitants, de mœurs simples et rudes, ne se laissent pas facilement entamer par la cÎTilisation moderne et consenrent fidèlement jusqu'à nos jonn, leus particularités dans le coetnme, le langage, les eootnmes, la manière de constmire et l'aménageinent de lenra naisons pour la pliçart encore couTertes de chanme; labo- rieu dn reste, ils tiennent fortement à leur foi comme àleors superstitions. Stoffel tronva un terrain propice à ses recberclies sur les moBnis, les contâmes, les noms propres et divenes particularités de langage. Cest de que, dès 1861, il m'adressa un riche recudl de chansons populaires, de dictons et de légendes, que j'insérai avec reconnaissance dans différents volumes de ÏAlsatia. Les légendes y sont reproduites

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fidèlement et dans toute leur simplicité; il connaissait et mettait en pratique cette précieuse recommandation de Griram, avec lequel il entra bientôt en relations épistolaires :

Quiconque porto une main rude sur la tradition populaire

0 Sage), en verra les pétales se rétrécir et refuser leur doux « parfum ; il y a en elle un tel trésor de détails abondants et « de richesse, que, même imparfaitement révélée, elle satisfait

par sa panure naturelle; mais elle se trouble et s'amoindrit « par des additions étrangères > (Préface de la mythokigiA aUemanda, XII, 8* édition). Nous poaTOOfl admirer comme étant de délideoses peintures nationales, bien qu*on peu réalistes, sa Foir$ de îa Saud'Nieolai à Fenette, celle de la SaiMMMmM à Altldrch, et sa Ouem des nooste entre les ▼illageois de Hirtsbaeh et de Carspach, qui, avec quelques antres contes et légendes populaires, feraient la matière d*nn joli petit volume.

Le 11 arril 1866, Stoflel fui appelé à IMmportante perception de Habsheim qu'il administra si bien à la satisfaction de ses chefs, qu'on l'éleva, après quelques années, à une classe supérieure de son emploi. Sans porter préjudice aux devoirs de sa charge, il continua ses études favorites et, pendant les nombreuses tournées de service dans sa circonscription, vou- lant concilier l'utile et l'agréable, il s'occupa, comme autrefois dans le Sundgau, d'études entomologiques, qu'il cultiva uniquement pour son agrément, mais avec non moins d'ardeur.

La proximité de Mulhouse, il mit à profit les riches collections de la Société industrielle et il entra en relations arec quelques amis animés des mêmes tendances, fut pour lui aussi fiructneuse qu'agréable. Qrftce à ces relations, il se ftt admettre dans la c Société entomologiqiie suisse », dont 11 fréquenta soUTont les séances annuelles, et plus tard aussi dans la « Société d'Ustoire naturelle de Golmar », qui le nomma membre de son comité administratil

Son scieur àHsbsheim lui ouvrît un nonvean champ d*études

Rewrélto SMe. «r anDto. 17

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8BB nVQB D*AI«AOB

qu'a avait autrefois déjà cultivées. La forêt de la Hart, située à l'est (lu village, commençait au nord de Bille et s'étendait autrefois parallèlement au cours du Khin, à travers la plaine orientale de la Haute-Alsace, mais actuellement ne présente plus que, depuis au-dessus ûv Grand-Kembs jusqu'à Roggen- hausen, un massif presque non interrompu; la liart, dis-je, qui avait été à diverses époques le but de visites et de recherches en tous sens, faites par des archéologues alsaciens, avait fourni d'intéressantes découvertes. Stoffel, qui les connaissait bien, voulut voir lui-même les lieux qui s'y rattachent et con- tinuer personnellement les reeliereliee. IX pat se convaincre que la Hart, dans presque tonte son étendue, est traversée par un ancien lit du Bhin, dont la rive gauche est en plusieurs points très escarpée et forme ce que Ton est convenu d'appeler le Rideau de la Hart {Ifurtram) ainsi qu*0 est désigné sur la carte du département de la guerre, n découvrit, en outre, un camp assez vaste, appelé par les gens de Battenheim t Camp des Schnappans », ainsi qu*un autre plus petit dans lequel se trouve une citerne. Il y compta environ cinquante collines tombales ou tumuli, dont vingt-trois, situées l'une à côté de l'autre, semblent former un petit cimetière. A proximité l'endroit, sont groupés ces tumuli, on trouve des trous en forme d'entonnoirs, ainsi qu'un puits très ancien. Beaucoup de ces monticules artificiels avaient été, il y a des années, fouillés par un employé forestier supérieur do Colmar qui s'était approprié les objets qu'ils contenaient, de sorte que notre studieux ami n^ trouva plus que des restes insignifiants.

Il fut plus heureux, à la fin de septembre et au commence- ment d'octobre 1859, lors des fouilles au HuhnerhuM dans le Zitrenwald, entre Bixheim et Zimmersheim, auxquelles prit aussi part Tauteur de ces lignes. Les objets nombreux, en partie fort précieux, qu'on y découvrit, sont rangés dans la grande salle du t Musée historique de Mulhouse ». Je les ai décrits avec plus de détails dans ma petite brochure intitulée :

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JVAJf-CnOBCWS SfOVFBL 809

Jje JiuJinerhubel, tumulus gaulois, Mulhouse 1859. D'autres détails à leur sujet se trouvent encore dans : « Les tombes celtiques de l'Alsace », etc., ptr Maximilien de Bing, secré- taire de la t Société pour la coiiservation des monuments historiques de l'Alsace », eten 2* édit Strasbourg 1861. Fol. 17-19, planches V, VI, Vil, YIII. Ces quatre planches, dont la cinquième est une petite carte eiacte des environs du JEftiA- nerhubélt aTec indication des vieilleB routes et dnttufi situés dans la Hart, représentent en miniature, avec leur coloris naturel, les objets découverts ; elles avaient été exécutées aux frais de mon ami qui les envoya avec une notice écrite à la Société pour la conservation des monuments historiques de l'Alsace », avec prière de les publier dans son bulletin. Cette publication n'eut pas lieu. A son grand étonnement et avec une indignation bien justifiée, Stofifel vit paraître les planches avec sa notice dans la 2' édition des « Tombes celtiques de l'Alsace », M. de Ring, secrétaire de la Société, les avait fait insérer d'une manière peu délicate et sans autorisation, pour son propre bénéfice.

A Habsheim, Stoffel rédigea et publia la première édition de son Dietiomuiire typographique du dipartmatt du Bout" Bkm, dont nous parlerons plus tard. U se créa également un grand mérite par ses efforts à fure prospérer les écoles, aussi bien comme membre du comité local, que comme pro- moteur de la bibliothèque populaire qn*il aida à administrer et qu'il gratifia de livres utiles.

Le 31 juillet 1887, il fût appelé à Friesen, village situé dans la vallée de la Larg, avec l'autorisation toutefois de résider à Altkirch. Le choix de cette résidence fut très heureux. Du haut des fenêtres de sou bureau, qui était en même temps son cabinet de travail, il put voir par-dessus les jardins, s'étaler sous ses regards la chaîne des Vosges, depuis les environs de Belfort jusque vers Colmar. Son séjour de près de quatre années à Altkirch fut employé à continuer des

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travaux commencés, à compléter ses recueils, à faire des recherches archéologiques et topographiques, entre autres sur les antiquités trouvées sur le plateau qui s'élève entre rill et la Larg. Il fit également un travail sur rancienne LBorgQ^ sur les légendes populaires qui s*y rattachent, sur sa véritable situation topographique et sur les traces encore existantes de voies et d*antiquité8 romaines. Son premier ouvrage à ce sujet parut en 1872, le second en 1878, tous deux se trouvent dans la Reme ttAkace ; ils ont une valeur durable et engagent à faire de nouvelles recherches.

G*e8t ainsi que Stoffel passa près de quatre années à Altkirch, partageant son temps entre les devohrs de sa charge et les travaux scientifiques. Pendant ce temps avait éclaté la guerre fatale de 1870-1871. Comme fonctionnaire français il fut, le 8 mai de la derni^re année, obligé de remettre entre les mains du commissaire de police alliMiiand tous ses papiers de service et son matériel. Sa demande de mise en retraite fut accueillie par le «^ouvcrncinent français apr^s qu'il eût opté à Altkirch d'abord et ensuite h Belfort. 8on amour reconnu pour la justice, sa longue expérience et sa profonde connais- sance des affaires d'administration publique, provoquèrent sa nomination comme membre de la Commission mixte française, chargée de surveiller l'exécution de l'article IV du traité de paix conclu à Francfort, le 10 mal 1871. A cet effet il dut se rendre à Cobnar. ses nombreux amis et plusieurs membres des plus distingués de Padministration municipale le sollici- tèrent de rester, en lui fiûsant entendre que bientôt l'on trouverait pour lui une position équivalente à sa pension de retraite française. Son amour immuable pour TAlsace et la pensée d*achever des travaux patriotiques commencés, ou projetés, dont il ne pouvait trouver les matériaux que dans le pays même, le décidèrent à écouter cet appeL

Le premier travail qu'on lui confia, fut de trier parmi les titres qui se trouvaient aux archives de la préfecture de

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SRAH-aaOMÊB» BTOFFBL 961

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Cèlmar, les documents relatifs à Belfort et à la partie du déjMurtement du Haut-Rhin restée française, de les classer et iHTentorier de manière h pouvoir être remis aux autorités compétentes. Stoffel s'acquitta de cette t&che à la satisfaction des deux pays intéressés. En récompense et comme compen- sation d*ane partie de sa pension de retraite française, à laquelle il devait maintenant renoncer, il obtint, par décision impériale du 25 novembre 1872, une pension bonorifique de 1440 mares. Après la mort du bibliothécaire, le professeur Thomas, qui survint Tannée suivante, Stoffel, par le vcsu unanime des hommes compétents de Colmar, fut désiré comme son successeur et nommé comme tel, le 31 mai 1873, par la municipalité de la ville. Cette nomination fut au gré de ses désirs, car il connaissait et avait autrefois mis à profit les nombreux trésors des collections qu'il avait maintenant, comme bibliothécaire en chef, h soigner et à. conserver, et dont il classa plusieurs d'une manière plus pratique. Avec quelle satisfaction ne montrait-il pas, tant aux visiteurs étrangers qu'aux Alsaciens, ces trésors variés de vieux manu- scrits, ces incunables, ces in^rimés et estampes rares, confiés à ses soinsi Becueillis peu à peu dans les vieux couvents de Palris, Marbach, Munster, Murbach, Issenbeim et autres, ils furent restaurés avec succès, conq^tés par Tachât en bloc de bibliothèques privées, au moyen de dons et par l'acquisition incessante d*<Buvres nouvelles. Tout le monde dans le pays connaît le magnifique cadeau que la &mille de Texcellent Ignace Chauffour tit à sa ville natale, de la belle et riche bibliothèque de cet habile et savant bibliophile. Outre qu'elle renferme en bonnes éditions et en reliures pleines de goût, les œuvres principales concernant les braïu htîs générales de la science et de la littérature, surtout de celle du droit, deux collections d'amateur y sont représentées richement et d'une manière spéciale. Ce sont: les Alsatica et les Gœthéana, qu'il avait à cœur de compléter et pour lesquelles il lit volontiers de grands sacrifices d'argent

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an

Il ne fut, malheureiisenicnt pas donné à notre ami de voir placer dans un local ditjne d'eux ces trésors qu'il connaissait si bien. Depuis une série d'années, il souffrait d'obstructions et de congestions à la tête, contre lesquelles une visite annuelle aux hains de Niederbronn lui rendait toi^ours de grands services. En décembre 1879, il fat en butte à nou- velles Bouffirances ; apite que son visage se fût prodigieusement enflé et couvert de rougeur, il se produisit peu à peu une réaction : ses joues pâlirent et se creusèrent, la tête et le tronc se courbèrent en avant et la foiblesse de tous ses membres alla toujours en augmentant, ce qui remplit de plus en plus sa fiunille, ses amis et ses connaissances dinquiétndt et de frayeur. Il sortait néanmoins encore toi^ours, visitait les archives de la ville, faisait de courtes promenades dans les forêts voisines et soignait son service à la bibliothèque jusqu'à la tin du mois de juin lb80. C'est alors que les méde- cins lui conseillèrent les bains sulfureux de Lenk, près Thoune, en Suisse, oîi il se rendit le 2f> juillet, en compagnie d'un ami dévoué. Le séjour de trois semaines qu'il y fit ne répondit point à son attente ni à celle de ses amis. U revint à Colmar, le 17 août, non rétabli, plus faible, mais toi^ours sain d*esprit, continuant à prendre part à tout ce qui concernait son entourage et les intérêts généraux du jour. En voulant, le 3 septembre, traverser un corridor pour se rendre d*nne chambre dans une autre, il chancela subitement et expira entre les bras de son fils qnile conduisait et qui était le seul survivant des neuf enfiuits que lui avait donnés son épouse éplorée.

L'enterrement eut lieu le dimanche 5 septembre. En tête

du long cortège funèbre s'avanc^aient las membres do « TUnion chorale », dont le défunt avait été membre honoraire ; derrière le cercueil mardiaient sur deux Hles un gi-and nombre d'or- phelins, puis venaient les membres du clergé, les parents, les autorités civiles, ses concitoyens et ses amis venus de près

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et de loin, tous affectés douloureusement par la mort préma- turée de rhomme vaillant et dévoué, du solide savant, du consciencieux fonctionnaire. Une partie de la maison liabitée en dernier lieu par Stoflcl, actuellement la propriété do M. Fleischhauer, président du tribunal de commerce, donnant d'un côté sur le Champ de Mars et la rue Corberon, de Tautre sur la rue des filés, a un intérêt historique ; ce fut la demeure des pupilles du célèbre chroniqueur de Bouffach, Materne Berler, que ce dernier vendit pour leur compte, conune Vatteste un titre encore eiistant

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Set rMioni muanUt Ai eomtpondimM 8en adwHé

coNMfie écnvotii

Aussi simple et aussi modeste que Stoffel se montra dans

tout son être, aussi peu qu'il se mit en avant pour faire valoir ses mérites, autant ses mérites furent reconnus et appréciés par d'autres. Outre les sociétés savantes, dont nous avons déjà parlé en passant et dont il était, soit membre titulaire, soit membre honoraire, il faut encore citer les suivantes : La « Société universelle d'histoire naturelle suisse », la « Société belfortaine d'émulation i.la « Société Schœngauer, à Colmar v, dont il était membre du comité, ainsi que la « Société pour la conservation des monuments historiques de l'Alsace, h Stras- bourg )>,la 0 Société industrielle », celle du « Musée historique » et celle de « FUnion littéraire, la Concordia de Mulhouse».

8a correspondance s^élaigissait de plus en plus. Parmi les savants de l'Alsace il en lut peu qui, dans les branches en question, n*aient fidt appel aux lumières du savant alsacien, et qui n*ett88ent à se toner de ses services obligeants, de mdme que, de son côté, il aUait modestement demander leurs con- seils. D tat également en correspondance avec des littérateurs émînents français, aUemaads et suisses.

11 signait ChriHojihoru» ses premières communications aujç

9M WW »*ALtàOI

mues périodiques àUemtndes; celles aux revues françaises étaient parfois signées EsUoff, qui est un anagramme de son nom allemand. Comme conclusion, nous allons sommairement résumer les plus instructives et les plus intéressantes de ces conmiunications, ainsi que les plus importantes de ses œuvres principales. Elles appartiennent à l'histoire de TAlsace.

Nous avons déjà fait remarquer que Stoflcl avait commencé un recueil de noms de localités et de personnes alsaciennes, dont il cherchait à expliquer l'étymologie d'après leurs formes les plus anciennes telles qu'elles se trouvent dans les documents des archives publiques ou dans d'autres pièces authentiques. Ce travail, qu'il était à môme de flaire mieux que nlmporte qui, resta inachevé ; ce qui aparu dans des annuaires ou dans des revues, témoigne d*une connaissance profonde de la matière et d*une intelligence grammaticale très sub- tile. Les noms propres alsaciens de personnes, dérivant du vieux allemand et publiés dans VAJiMaiia (1866-67 et 5d-61), comprennent cent cinquante-huit séries des noms les plus connus et les plus répandus avec une introduction et Tindica- tion des documents d'où ils émanent Dès la citation du radical Ixild (combat) qui appartient au vieux allemand ou anglo- saxon, radical qui se présente dans cent quatre-vingts noms différents, Stoffel combat l'opinion de Henri Léo qui veut le faire dériver du mot celtique eilte, ilt (gai, content) et trouve son explication peu solide et tirée par les cheveux, ce dont il est facile de se convaincre au simple examen des mots cités.

Dans la Reine d'Alsace (1857, p. 322-331) sous le titre : « Les noms propres du moyen âge », Stotfel nous donne depuis le XI* jusqu*au XVI* siècle, avec la date des documents d'où ils sont tirés, une série des noms les plus connus, dont la forme primitive, contractée ou abrégée, s^est conservée jusqu'à nos jours, n a également consulté quelques-uns des grands poèmes du moyen âgOi quelques chants d'amour, et trouvé entre autres, vingt-sept noms alsaciens, dont vingt-trois dliommes

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JEAN GEOROBS BTOFFEL

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et quatre de femmes, tigurant tous dans le « Cliant des Nibel- ungen ».

Jl publia dans le Journal hebdomadaire tPAUkireh un travail non moins intéressant» intitulé : c Sur la transformation réci- proque des noms de fiuniUe allemands et français en Alsace». Ces noms se rencontrent tons dans la Hante-Alsace, que ranteur avait seule en vue. Bornons-nous à citer seulement qudquee exemples de leur curieuse métamorphose: BàUmir' wede, devient Poltévèque; Bmer. Bour; JSMerU, Hindrelet; KUster, Guischtre; Taubhant^ Thoupence; WwuMkh, Yen- drely; par contre les noms français Bajeon, deviennent Basdanuj ; Coulon, OiiUung; Jacquemin, Schàckemy; Jean- pierre, Tschamber; Touvet, Diiva; Wauthrey, Wadere, L'on comprend facilement que cette manièrt; de déti^çurer les noms de part et d'autre, provient d'une prononciation vicieuse, et que ces noms ainsi maltraités, furent usités d'abord dans le langage seulement, puis adoptés définitivement par les gén^ rations suivantes.

A cette dernière étude de noms de personnes se rattache un autre feuilleton de la môme publication hebdomadaire, ajant pour titre: Les origines alsaciennes », notre ami, d*ordinaire si sérieux, discute, avec une fine et spirituelle ironie, une série d'écologies de noms de localités alsaciennes, dont les auteurs, à la recherche d'originalités, se surpassent à Tenvi en bhnrres découvertes. On y voit le mot Alsace dérivé de AU'Seê (tout lac) ou AU-^ee (vieux lac); ArgMhrai (Strasbourg), voulant dire passage d'oies (sauvages) Gustation d'oies; Mulhouse, veiuint de Tliébreu Altbjchaus, contraction de Malekauchjujim (meul('s) et Sackans (tente); Magstait, de ville des Mages; entin Ilagenau, de Hang im .4»// (haie, ici, épine dans l'œil), par allusion à Frédéric-le-Borgue, son fon- dateur, etc., etc.

Autrefois d^à une explication bizarre du mot Payhinisnaïda donnée par un auteur alsacien, du reste tx^ capable, feu

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UVUB D' ALSACE

L. Levrault, qui le fait venir de deux mots grecs signifiant Naïade de Paphos, fut relevée et ramenée sur la bonne voie par Stoffel qui, par des dérivations et des exemples à Tappui, le fait BÎmplenifiiit descendre du vieux-allemand phaphin {^affm, prêtres, moineB) et de tnM {ScMUt, DurOudmitt^ tranchée d*ime forêt). Lea eipreadoiia fiSethnott*, MfMdSw, sont eneore usitées dans le langage actuel de TAlsace. La papkimmuMda, située dans la vallée de la Breuehe» d'après la signification du mot et de la chose, s^applique, dit notre ami, k un endroit appartenant à des moines ou à des prêtres et ob la fofêt était défrichée. <

En 1858, Stoffel envoya à la Bévue d'Alsace un relevé très précieux des localités de l'Alsace, détruites ou totalement disparues, complétant celui fourni par Schœpflin ; il y signale une foule de collines, de cantons ruraux, de prés, de sources, dont les noms sont restés à ces localités. Ceux qui veulent utiliser ce riche travail, doivent aussi consulter le Didionnairt

Alsace de Horrer qui complète la liste de Schœpflin par une nouvelle énumération, dont notre ami avoue franchement avoir ignoré rexistenee.

Lorsque M. Duruy, ministre de l'instruction publique, en 1869, commença la publication du Diàtwmmré topogra^iîM^ <fe la jFWmce, il s'adressa à la c Société industrielle > de Mul- house qui devait en préparer les matériaux pour les localités appartenant à rarrondissement de cette ville. La Société nomma à cet effet une commiBsion chaigée de rédiger des questionnaires qui forent envoyés aux autorités des dilSSrentes localités pour y répondre. Cette commission, sous la prési- dence de M. le docteur A. Penot, se composait de MM. Stolfel,

' Cette expraMion t'applique, à mon «vii, à vue iciochée eenrant de pmege à dei neine» «« des prêtres ponr se rendre, soit à on eonveni en à Qoe ville sitote de l'aatre côté d'ute forôt.

{NoU di» trodmOmr.)

De la Sablière, principal du collège, et de l'auteur de cette notice. Les questionnaires remplis avec plus ou moins de lële, avec plus ou moins d*entente, furent retournés et mis ensemble; ils servirent en partie à Stofifel, pour la rédaction de son iMdtofwairt iapographi/g^ du département du Bout- Ehmy comprenant les noms des lieoz anciens et modernes (Pans, imprimerie impériale, 1668), dont nous avons d^ parlé en passant, et contenant XXIV pages dlntmdnction et 260 pages 4* de texte imprimé sur denz colonnes. Le manu- scrit en Ait dès 1868 expédié pour le concours à Paris, par les soins de la « Société industrielle » et remporta une mention très honorable avec une médaille en argent ; de plus Tauteur futnommé correspondant des travaux historiques du luinistère de l'instruction publique. Le ministre, par une lettre autho- graphe très flatteuse, l'invita à assister personnellement à la distribution des prLx, à laquelle Stoffel se rendit avec empres- sement. Après la solennité, le ministre convoqua les lauréats à un banquet Le savant Alsacien reçut de lui une magnifique bague avec la promesse qu'il le ferait nommer officier d'Âcadémie; cette distinction si bien méritée ne lui fiit toute- fois accordée que le 17 avril 1878, par un successeur de IL Duruj. Lee amis de Stoffel en accueillirent la nouveOe avec bonheur. L'un d*entre eux, rexcelient Alphonse Coste, mort il y a déjà bien des années, eq^rima cette satisfiustion de la manière la plus simple et la plus vraie. Sur la nouvelle que je lui avais communiquée de llieureuse issue du concours, il me répondit: c J*ai appris avec plaisir le résultat obtenu par notre brave Stolfel ; au moins voilà un travailleur sérieux et consciencieux et non un faiseur ». La juste récompense accordée à son livre ne fit pas que notre studieux savant s'endormit les bras croisés. Immédiatement après la publica- tion, il se mit avec ardeur h pousser plus loin son travail et à le [compléter le plus possible. Il fit de nouvelles recherches dans les archives publiques et privées, consulta d'anciennes

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cartes, des plans cadastraux, de rotules de cours colongères, etc., et, ses fonctions à Colraar lui laissant plus de loisirs, il saisit son bâton de voyageur pour parcourir la Haute-Alsace en tout sens, faire ses recherches sur les lieux mêmes, sou- mettre à un nouTean contrôle les foits acquis, et en rassembler de mmTeaux. Cest ainsi qu'il revenait dans son cabinet de travail toujours joyeux et le portefeuille bien garni Après qudques années, il fut à même d'entreprendre avec confiance la publication d'une seconde édition de son ouvrage qui main- tenant contenait XLVII pages d'introduction et 691 pages 4* de texte, imprimé sur deux colonnes, édité en 1870, ches Veuve Bader G*, à Mulhouse. Le texte en est rédigé en allemand, tandis que ce qui se rapporte aux noms de la partie du département du Ilaut-Rliiii restée française et constituant maintenant le territoire de Belfort, est rédigé en français. Le seul aspect do ce monument de zèle, de persévérance et de savoir, dont la consultation est devenue indispensable pour des travaux consciencieux historiques et topographiques, vous inspire des sentiments de reconnaissance et d'admiration. Des milliers de noms anciens et modernes de villes, de villages, de hameaux, de fermes, de sources, de cours d'eau, de moulins, de couvents, de terrains, de prés, de ponts, etc., y sont relatés d'après des titres authentiques et autant que possible avec leur date correspondante, pour la belle et fertile contrée qui s'étend depuis la firontière suisse jusqu'à l'Erlenbach et le Landgraben, depuis la crête des Vosges jusqu'aux bords du Bhin. Puisse la Basse-Alsace avoir bientôt à se réjouir d'un semblable trésor !

Stoffel, en publiant son livre, n'avait pas en vue une spécu- lation d'argent; il supporta à lui seul tous les frais de l'édition dont, à sa mort, il restait tïucore trois cent trente-cinq exemplaires. Pour reconnaître la haute valeur de cette o'uvre patriotique et le noble désintéressement de son auteur, l lio- Aorable M. Jean Schlumberger, de Guebwiller, appuyé par

nàat-ûËoaOÈB traniL M

M. Ch. Grad, dt'puté de Colraar, proposa, dans la séance du Conseil général du Haut-Ilhin du 21 octobre, d'acheter à la famille dtt défimt an certain nombre de ces exemplaires. Le Conseil général accepta cette proposition à Tunanimité et antorisa le préfet à acquérir sur les fonds dea dépenaea imprévues cent exemplaires ayee faculté d'en disposer à discrétion. Tontes les maisons communes de la Hante-Alsace, toutes les bibliothèques alsaciennes, devraient posséder le DieHotmaire Upoffraphiquê de StoffeL

Quatre années avant que Grimm ne publiât le premier volume de sa grandiose collection de rotules des cours colonglTcs allemandes {Weisthiimer), Stolfel avait déjà re- cueilli à Colraar, comme nous le disions plus haut, tous les rotules (les colonges qui lui étaient accessibles. L'apparition du premier volume du livre de Cirimm fut pour lui non seule- ment une source précieuse d'instruction, mais elle confirma et fortiha dans son esprit la conviction de l'importance de ces sources authentiques et le décida à mettre à la disposition de ce maître, depuis longtemps vénéré, son recueil, ainsi que jadis d^à l'avait iait Raspieler, le savant jurisconsulte de Oolmar. Grimm accepta cette offire avec reconnaissance et exhorta le chercheur alsacien à poursuivre son csuvre dans la voie conunencée. Les rotules publiés par Stoffiel, dans le quatrième volume des W$ulhamer (Gœttingen, 1861f), comprennent 269 pages; il les augmenta peu à peu perdes recherches incessantes et les porta à la suite sous 74 pages dans son exemplaire usuel Le docteur L. A. Burckhard, de Bâle (1860), ainsi que Tabbé Hanauer (1866), ont fourni des subsides très précieux à ces documents juridiques alsaciens, Tun dans un ouvrage spécial, Tautre daus le cinquième volume du recueil de Grmim.

Le digne chef d'un des plus grands et des plus solides établissements industriels de la Haute-Alsace, qui met tous ses soins à la prospérité de son industrie et au bien-être de

868 nombreux ouvriers, mais qui cultive aussi, et cela au plus haut degré, Tamour du progrès, des arti> ot des i>cieiices, qui seul donne à la vie sa sanction sui)érieure, cet homme généreux, dis-je, a fondé il y a quelques années un prix de 25(K) fr. à décerner tous les cinq ans par la « Société industrielle » de Mulhouse, aux auteurs des meilleurs écrits sur Tbistoire locale ou sur la question ouvrière. La publication d*un recueil de doeuments, concernant la ville de Mulhouse, et d'un diction- naire biographique de l'Alsace devaient, avant tout autre ouvrage, avoir droit à ee prix. Le premier travail a été entrepris, il y a quelques années, par on arehiviste érudit et oompétent; le second ftit confié k notre ami Stoffid qniiavait ài6^ autrefois recneiUi, pour son compte, des notices Yàognr graptûqnes sur les hommes célèbres de Tllsace. C'est avec tout i'amonr et tout le lèle, qa*il consacrait toqjoors à cette sorte de recherches, qu'il prit en main la direction de cette entreprise patriotique pour laquelle d'autres écrivains alsaciens lui firent espérer leurs concours. En 1869 Stoftel publia, à titre d'essai, un spécimen provisoire du futur Dictimnaire biogra- phique d'Alsace qui, sur 99 pages in-4% contient 3G00 noms et, sur 8 1/4 pages, sept notices biographiques de divers colla- borateurs. Le titre du livre porto comme épigraphe la sentence suivante de £. Trautwein de Belle: « La gloire des vieux Alsaciens pent soutenir la compsraison avec les illustrations de tous les pays de l'Europe. »

La mort vint interrompre le travafl commencé de cette œnvre grandiose pour laquelle de nombreux documents ne tardèrent d'arriver de diilérents côtés; ils sont tous classés en ordre dans des csrtons spéciaux, et seront mis à la disposition du flitnr éditeur.

La dernière publication importante de Stoiel est le Tomm miniaàanm êtmdi TheMtM publié dans le texte original (Colmar, 1875), 172 pages in-d*. L'histoire de l'origine de la ville de Thaun et de sou fondateur et patron Thiébaut^évêqued'En-

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gubio ou (le Gubbio, et surtout les miracles du saint, avaient été publiés plusieurs fois, mais d'une manière inexacte, arbitrairement enjolivée et arrangée à la moderne. C'est alors que notre chercheur infatigable fit l'heureuse trouvaille du texte original de la description des miracles de Saint-Thiébaut, depuis 1407 jusqu'en 1521, œuvre dans laquelle Yalentin Bart, greffier de la ville et du iMÛlliage de la Seigneurie de Thum, a eomblé une laenne en y joutant nn nouTeau miracle du saint, arrivé pendant la vie du greffier. Le manuscrit ^ porte le tiin susdit: Towiuê miraadonm $, Th,, ete^ fat trouvé il y a quelques années, par IL J.-Bapt Meyer, d'Egois- belm, dans le grenier du presbytère du village de Heirnsbruna» oii son onde était alors curé. Il se compose de 84 pages, sur parchemin, in-folio, numérotées et écrites sur deux colonnes. En dehors des histoires miraculeuses, le livre a de la valeur pour la connaissance du langage et de l'histoire des mœurs de l'époque. Le relevé des localités qui y figurent, ajouté par Stoffel, prouve la grande célébrité dont jouissait le pèlerinage de Saint-Thiébaut dans presque toutes les parties de l'Europe pendant la seconde période du moyen âge ; un fait curieux à noter, c'est qu'il n'y figure aucune mention de pèlerins voraa de France.

Parmi les ouvrages moins importants qui ont paru dans les revues et recueils alsaciens, il convient de citer les rapporta instructife sur trois cartes exécutées par A. Ckiste^ qn*en 1800 et 1868, Stoflfel avait fût insérer dans les bulletins delà t Société industrielle de Mulhouse, rapports par suite desquels Tau- teur remporta deux médailles en aigent, savoir : en 1800, pour la Carte de fAïioee fiodalê en 178/, suivie d*ttne notice historique intitulée : Division géographique de V Alsace en 1767 ; en 1863 pour la Carte des circonscnptions ecclééiastiques de V Alsace, et enfin celle des nrconscriptions administratives avant 1789. Ces cartes sont conservées dans les archives de ladite Société; leur publication serait un enrichissement bien-

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venu pour la topographie et l'histoire de l'Alsace. Nous pouvons formuler le même vœu pour la carte de l'ancien arrondissement de Mulhouse que Stotîel exécuta pour la fête du cinquantième anniversaire de la a Société industrielle » (11 mai 187(>). Il avait fait en outre, pour son usage particulier, UD grand nombre de cartes de certaines parties de l'Alsace à diverses époques, diaprés les circonscriptions politiiiaes et ecclésiastiques de ces époques. Ainsi prirent naissance des cartes partifiiilières sur lesquelles étaient indiquées les andennes voies, les routes stratégiques, les tumuli, les tiens chftteanx et seigneuries, les abbayes et leurs domaines, les localités détruites ou entièrement disparues, etc., avec les notices historiques qui s'y rattacbent, le tout exécuté avec netteté, de manière à pouvoir être embrassé d*un coup d^œil.

Si la vie extérieure de Stoffel fut simple et restreinte, accidentée seulement par les divers changements de résidence nécessités par ses fonctions, elle n'en fut pas moins une vie intellectuelle féconde et conséquente, dont les fruits ont d'au- tant plus de valeur qu'ils doivent leur naissance et leur développement à la propre énergie de l'infatigable travailleur. Sans avoir jamais fréquenté les classes supérieures d'un établissement secondaire, ni suivi des cours académiques, le jeune homme fut admis, dès l'âge de 17 ans, dans l'administra- tion publique, circonstance qui chez la plupart est un obstacle au développement ultérieur de Tesprit, mais qui chea lui devint au contraire un stimulant pour le progrès dans les études a|»ontanées, dont le résultat dans les branches qui lui étaient fiunilières, le mit an niveau des auteurs alsaciens les plus célèbres. Ce témoignage que lui accordent ses contemporains, sera coniinné avec reconnaissance par les générations fotnres.

Cette pensée est corroborée par les paroles si vraies et si bien senties qui vont suivre ; élles sont d*un ami intime du défunt, savant alsacien lui-même et connu par de nombreux et solides travaux patriotiques.

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a Dans tout ce qu'il a écrit, Georges StofFel a laissé la marque d'un savoir très sûr et très étendu et de la critique la plus judicieuse; dans les branches qui lui étaient particulière- ment familières, il était en droit de se mettre de niveau avec les plus compétents. L*étnde a été son refnge et sa consolation ; elle a été le secret de sa force, au cours d'une ètistence qui a eu sa part d^épreuves et de chagrins. Ghes lui llionune Takit le savant, et aigourdliui quil n'est plus, la modestie ne nous défend plus de le dire. »

Traduit de VaUemawl fZ'AuGUSTE Stœber par L. Kœscu, directeur du télégraphe de Bd/ort.

MoBTtU* SMe. - ur annè*.

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NOTES BIOGRAPHIQUES

8UB LIS

HOMMES DE U RÉVOLUTION

A

STRASBOURG ET LES ENVIRONS

SuiU

MOUGEAT {Domimque-Feiidinand).

en 1761 à Strasbourg Avant 1789. Chirurgien sous- aide à l'hôpital riiilitaire de cette ville Novembre 1790. De la Société des amis de la constitution De 17i)0 à 1792. Sous-aide-major au même hôpital 7 février 1792. Il passe aux Jacobins 3 octobre 1793. Membre du Directoire du Bas-Rhin 18 octobre. Il assiste à l'assemblée générale des autorités constituées et des Sociétés populaires dans le temple de la Raison 2 novembre. L'administration du 3 octobre ayant été cassée par Saint-Just et Lebas, il est maintenu pour faire partie d'une commission provisoire pour Texpédition des affaires 2 nov. Gomme secrétaire du Comité de surveillance et de sûreté générale du Baa- Rhin, il nous fait connaître les nouveaux membres du District de Strasbourg . C'est le même jour, d novembre, qa\m certain nombre d*administrateiiisda Direotdre et da District du Bas-Rhin furent arrètAs et oondiiits dans les prisons d6 l^lntéffMir. Si quelques patriotes liirtDl oompris

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LBB BOIIIIIB BtyOLDTIOlt

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dans cette mesure de sûreté générale, le devoir de leurs amis, qui restaient en place, était de ne réclamer que ceux qai pouvaient être regardés comme victimes d'une erreur. Ges principes dirigeaient quelques menobreB ct^nii Comité chargé pa r les jacobina de droMer Pétat de ceux qall crolrail mfiriter eel iûtèvèt. Ils déBlraient ne 8*oocuper que de la Jua- tioe à rendre aux hommes révolattonnairea ; mais ce n^était point malhenreusement le sentiment de la mi^joritè: e^est en iradn qae Mougeat,8*élevant contra lea mouvements d*noe sensibUité peu réfléchie, s'oppose à tout acte qui aérait déeavouépar la prudence ; Ton féignit de croire qu*en réclamant un aussi petit nombre d'administrateurs incar- cérés» il n*était pas tt6hé de les voir tous confondus dans les fars et son opinion fût regetée svec humeur-*18 novembre. Delà commisdon provisoire du Directoire du Bas-Bhin» il arrête que le bonnet rouge étant le signe de ralliement de tous les vrais montagnards, les administrateurs ne paraî- tront aux séandes que couverts de ce bonnet» symbole de la liberté»et il invite tous les employés à fidre de même 95 novembre. Elu du Ciomité de surveillance des Jacobins 98 novembre. Le certificat de civiame est remis à sa fémme avec annotation qu'elle a toqjours montré la pre- mière l'exemple du patriotisme, que la première elle a prêté le aermentile 10 août 1792, et qu^elle était toujours la patriote la plus prononcée 80 novembre. Au Ciomité des Jacobins, il apparaît dans l'arrestation de Schœiiau, réclamé par Bâle 14 décembre. H demande Tarrestation de TafiQn» Wolâ, Oavel, Anstett» Martin, Nestlin et Zimmermann 15 dé- cembre . Il annonce que c'est fait et qu'il est chargé d'inter- roger Tatûn 15 décembre. Il appose les scellés sur les papiers et effets de Schneider dont il était rennenû le plus acharné ^16 décembre. Membre du Directoire, et sur Tinvi- tation de Saint- Just et Lebas, le Comité de sûreté générale le propose pour administrateur du département du Bas- Rhin 21 décembre. 11 lève lesdits scellés 25 décembre. Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin étant dissout, il signe le procès-verbal de clôture 1** janvier 1794. Prôai-

87S

dfiDt dn DirecUiiTO da dtetriot Le même Jour, il ordknutte à tontee les communes da Bas-Rhin rètabliesement provisoire d*écoles grataites de langoe française^C lévrier, n obtient la translation du District de Barr à 8ohiestadt« qui devient chef- lien 96 lévrier. An Directoire, il signe la lettre au Gondté de salut public de la Ckmvention nationale, en réponse ans attaques mensongères publiées par Schneider S avril D signe président dn Directoire et le 34 avril, administrateur dndit, Il donne au Comité des décrets de la CSOnvention nationale des renseignements sur les députés du Bas-Bhin et, en passant, sur Noisette et Thomassin, de Strasbourg SSÎ juin. Président du Directoire» il communique à la Société des jacobins sa lettre au représentant Hentz, demandant l'expulsion des prêtres du Haut-Rhin, des Vosges, de la Haute-Saône et du Doubs ^ 5 juillet. Il ordonne au com* mandant de gendarmerie Queffemme d'étendre les mesures de sûreté sur les cinq autres districts, en faisant battre les forêts 3 août. Comme administrateur du Directoire, il félicite la Convention nationale de son énergie contre le révolutionnairo iiobespierre 31 octobre. Do nouveau pré- sident de cette administration En 1797. Ofticier de santé à Haguenau et membre du jury d'Instruction primaire du arrondisBement.

MOUTIER (GuiLLàTJME).

en 1771 à Sézanne —Militaire avant 1789— 1792. Aide de camp à l'armée du Rhin En janvier 1793. Membre de la Société des jacobins 16 novembre. Officier chargé de rinspection des magasins de la iiépublique pour Tarmée du Rhin. Il dénonce Henri Hûgel, en 1757 à Saarwerden, chef d'atelier d'habillements militaires au magasin de Sainte-Madeleine à Strasbourg, qui a porté plusieurs articles au-delà du prix payé aux ouvriers. Pour ce (àit condamné à mort ^ 25 octobre 1794. H est encore aux Jacobins 81 Janvier 1795. De la Société populaire régénérée, il s'adrssse aux habitants de Strasbourg pour obtenir des sousor^tions an finrenr des indigents.

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LIS HOMMBH ÛE UK II&VOLUTION 277

MOTAUX (NiGOUksJosBPH), pèn, rue da Dôme, 2.

en 1730, à Brixey, district de Mouzon-Meuse 1791. Commis au bureau des domaines nationaux pour les ventes, au District de Strasbourg 17 mars 1792. De la Société des jacobins 8 février 1793. Du Comité de sur- veillance de cette Société, il reçoit les dénonciations contre la famille Thiebolt, du marché Gayot 11 man». Du môme Comité et de celui de correspondance, il vote la radiation de Waghette 7 août. Président de la Société des amis de la constitutioD à Strasbourg, il adresse des félicitations aux braves défenseurs de Mayence 8 sept. Président de la Société des amis de la liberté et de Pégalité affiliée aux Jaco- bina de toate la RépabUqae, il dénonce Gombaud, du loge- ment militaire 7 déoeoibfa Son cotifloat da diriame aal approuvé 80 janvier 1794. Eln notable da Gonaeil de la wnmmnwA, maia le 28 avril suivant il ne Pest déjà plus 25 octobre. n figure encore àla Société des Jacobins, comme employé au District.

liOYAUX (JOSBPH-BàBilHÉIJDRXfilS.

en 1770 à Girey, district de Blamont Avant 1789. Etudiant à Strasbourg ^ En 1791. Employé avec son père au District de Strasbourg 17 mars 1792 au 25 octobre 1794. Membre de la Société des Jacobins. Sons la Restaura- tton, employé à la manu&ctore des tabacs à Strasbourg.

MGHLBfiRiQER (Qaspabd).

1789. AvocaUprocureur, plaidant à la Chambre des XIII 6t au Petit-Sénat de Strasbourg 1799L Avoué au tribunal du district de Strasbourg 1798. De la Société des jacobins 5 jan^ 1794. Le représentant Bar le nomme juge au tribunal du district de ladite ville 25 octobre. Biffé du Onb des jacobins 1797. Commissaire du pouvoir exécutif près le tribunal correctionnel de Wissembourg; et la même année baul-juré du Bas-Rbin, près la Haute<Sour

278 BBVOT D'ALSACE

de justice, siégeant à Paris 1797. Membre de la Gommis- 8ion administrative de Ttiospice civil de Wiasembourg.

MOLLER (Jban-Pbouppb). En 1792. Diacre à 8ainl-Pieire-le-Vieoz— Novembre 1798. Ag6 de 78 ans» il adresse son al]||aiation an xnaiie Monet :

Je ni! dimlft fimne penonioa que des spéeolaiioiis dHme ténéfamie tfiéologie mur des poiiili mystérieu n'ont sem qa'àezpoiar U xeligio&

an mépris des penseurs et à fomenter l'intolérance.

Ces sentiments m'ont rendu chère la liberté de penser et ont dilaté moQ &me à la vue des progrès étonnants des lumières que le monde doit et devra à la oonielidation de la Bépnbliqne firaaçaiee. Pliis la pbilesophie percerai et phn les précieuses Térités de la rdigion natn- rsile et dHme mocale pue ennobliront les vertiis soeiales.

HULLER.

Novembre 1793. Etant curé de Benfeld, il abjura le catho- licisme entre les mains de Monet, pour se &ire jacobin. En octobre 1794 il n'y est plas.

MULLER (Jean-Baptiste), aussi MEULLER. Octobre 179:3. Propagandiste, venu de Metz. Il était le trésorier de celte Société 18 octobre 1793. Il assiste à rassemblée générale des autorités constituées et des Sociétés populairos dans le temple de la Raison 31 octobre. De la Société des jacobins 22 novembre. Il demande à Saint- Just et Lebas la suppression de la permanence des sections de la ville et Tépurement des Comités de surveillance 27 et 29 juin. Comme trésorier, il requiert Tadministrateur des subsistances d'envoyer des légumes, du vin, de l'huile et des chandelles à la Propagande, qui en a un pressant besoin. Cest à cette époque qu'il demande à Lémann et Baudot le temple des réformés, celui de Saint-Thomas étant trop petit par Taffluence du peuple qui s'y rend— 2 décembre. Signataire de la proclamation aux Strasbourgeois.

MULLER (PHiuppE-JAGom), prôB du BrogUe.

1789. Doyen, docteur et professeur en théologie, président da Gonvent eoGlMastique de la Confession d*Augsboiiig

LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION

279

1792. Administrateur des fondations de Saint-Thomas et inspecteur de celle de Saint-Guillaume 3 juillet 1793. Les lettres qui lui sont adressées sont retenues et ouvertes à la poste de Strasbourg, aussi le député Rûhl s^en plaint auprès du directeur. Peu de temps après, il est mis en état d'arres- tation, comme servant do mannequin aux prêtres fanatiques 21 novembre. U abjure entre les mains du maire Monet:

J*ti partagé hier de paad la célébration da triomphe que netre ^«ntoiiBe Bérolntioii a proevé à la philosopUe va le fiaati—ie et tut

le despotisme sacerdotal. Dans les instmctiona tant académiques que populaires que j'ai données, je ne nie suis asserri ni à Luther, ni à aucune doctrine symbolique et traditionnelle. Cela m'a valu plus d'une censure, plus d'une avanie des zélateurs qui m'accusaient de pencher M natoniliime, parée que j'oeais mettre des dogmes iwétendna réfélés dans le cieoiei de la raison. Je ii*ai pas dissimulé ma persuasion, et je le professe encore franchement que le but principal du fondateur de la religion chrétienne a été de restaurer la religion naturelle et de fonder la morale sur les principes les plus féconds et les plus lumineux. Je n^ii jamais pu me penmader que la rtf gion élurétieaiie emrtieiuM dee mystères propremenls dits, ni que la eroyaaee des fidts miracaleuz •oit néosssaire poar se oonTainero des vérités essoatieUes «ai deitaiil nous rendre sages, vertueux, contents et heureux. Ces persuasions m'ont fait souhaiter ardommcnt que les exercices du culte public des chrétiens fussent plus fréquemment destinés à faire connaître l'Être soiNrème dans la nature, la pins ancienne et la plus dsire des révéla- tions) et à donner anx prineipee d'nne morale philosophiqne des dére- loppemens populaires.

Vous sentez, citoyen Maire, qu'avec ces sentimens je ne puis pas être ennemi d'une réunion de citoyens de tout culte au temple de la Baiaon.

Ibûs malgré cette amour dncëre de la rérité, malgré ce dégagement

de la pédanterie scholasUqne dont je me suis piqué, je ne fais pas difficulté de confesser que, tantôt par ménagement ponr le? faibles, tantôt par amour de la paix, je me suis accoraodé aux idées reçues, et que je n'ai paâ combattu avec assez de courage les préjugés. Si la ProTidenoe prolonge ma vie, je tAcherai de réparer cette faute. Je joins à cette conliBSsion et rétractation la promesse d'employer toute la con- fiance dont mes concitoyens peuvent m'honoreri à les faire concourir aux mesures qui sont et seront jugées nécessaires pour l'adiàTemeiit de notre Révolution.

Sous ce gage reçois, citoyen Maire, ma déclaration que je renonce aux fimetioiu dont JTai été chargé jusqu'ici comme prédicateur et

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«mm D'AUAfli

eoDune préiid«iit de l'Ananblée dM minitlnt dn culte pfolertttti, Je

t'assure de mon aêlé dâTonement à la Répabliqne une et indiviii))!^ et j'offire à me peirie toni lee lerncei dont elle peut me «ronTer eepeble*

95 novembre. La Société dos jaoobliiB dédaie qoe le temple de la liberté reteotiasait encore aciloard'liul dee

applaudissements accordés aux abjurations fidtes par les ci-devant prêtres de leur métier. Ils s'accordent tous à dire qu'ils étaient des charlatans salariés ». La Société arrête que leurs noms seront inscrits dans le procès- verbal, celui du professeur Muller est du nombre 1804. Pasteur de Sainl- Pierre-le- Vieux, président du Consistoire de cette paroisse et de Stdnte-Aurôlie.

HULOTTE (Philippe).

Du 6 février 1786 au 3 janvier 1791. Notaire de la ci-devant prévôté de Bourquenom, aujourd'hui Saarunlon En 1793. Elu juge au tribunal du district de Bitsche— 25 janvier 1794. Lacoste et Baudot le nomment juge d'une Commission ambulante dans le Haut et le Bas-Rhin, dont les sentences seront exécutables dans les vingt-quatre heures. Peu après il reprit son étude à Saarunion jusqu'au 14 juillet 1814, pour faire place à son fils En 1798. A Saarunion, l'un des deux du Conseil des défenseurs officieux, nommés pour lee défenseurs de la patrie 1799. Membre du Conseil du second arrondissement du Bas-Rhin (Seveme).

NACHBàQER (Joora).

en 1759 à Strasbourg 1789. Institoteur si cltaotrs laïque à la panasse catholiqœ de SsInt-Pierre-leJeane 1791. Précepteur à Patelier de fllatore de Un et de chanm à Strasbourg Août 1793. Ifembre de la Société des jacobins —15 novembre 1792. D dénonce Thomas, prêtre non constt- tutiiinnel, à GhieSheim, qui ne cesse à dire la meaM et à tenir conliBssion ouverte. Quand il sort de réglise ds Oriss- heim, il est accompagné de tous les sires de la commune, armés de triques en mains 95 décembre. On lui pale 90O livres pour le temps employé à la distribution des cartes

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un BomnB im aifOLinioii

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de iûrelé 1798. Membre da Cbmité de snrveUlftnoe de la commime de StraîBboarg 5 janTier 179A. Le repréeentant Bar le maintient da Comité de sonreillanoe de la oommone» maia n*ayant point delbrtnne pour poorvdr à aee beeoina et à ceux de sa fiimillei U Jociira, pendant tout le tempe de tm ftmetiona an Comité d'une indemnité annuelle de 1900 livrée 5 Juin. H tranamet an Comité de aûreté générale de la Convention nationale dee renseignementa eur deux hommea audacieux qui ont menaoé la liberté publique dana Straabonig dl )uin. n invite L6hr,ohef de la garde natio- nale de StraÉbouig^ à niettfe en Uberté le liMMionnaire qui a DBftisé d^arréter las peraonnea que la cuialnière du général Diôobe lui avait indiquéee 4 joiUet. Tout en envoyant A Paocusateur public une liste de quinaeaviUfleeurs de la mon- naie nationale, mis en état d'arrestation, il Tinforme avoir demandé au Comité de salut public de la Convention tk on doit les transférer à la Conciergerie à Paris ou les renvoyer au tribunal criminel du fiaS'Rtiin 12 juillet. Il s'adresse à Monet pour obtenir des renseignements sur ces détenus, connaissant mieux leurd liaisons et leurs caractères que le Comité de surveillance de la commune. Retiré à Drusen* heim, en 1798, il est élu pour représenter le canton de Biscbwiller aux Assemblées primaires du Bas-Rbin.

NAGHTBHB311

1792. Garé de la commune de Niederschaslïûlsheim, près Haguenau 2^1 novembre 1793. Dans le temple de la Raison, à Strasbourg, il abjure publiquement la religion catholique-romaine, pour épouser la religion naturelle. Il dépeint les malheurs que les différents systèmes de religion ont déversé. pendant dee siècles sur Thumanité.

NAMTIL.

Un propagandiste venu de Pont-&pMbu8Bon ^ 18 oetobre 179B. n aesiate à IVosemblée générale dea antoritéa eonati- tu^ et des Soeiétée populaires réunifia dana le temple de la jRtfacm 2 décembre. Sigpataiie de la proclamation de

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BIVm D'AUBACB

la Propagande aux citoyona de Stnabonig et des départe- ments da Rhin.

NESTLIN (JaAM^AOQTiEs).

1789. Homme d atlaires et baigneur au Draasbad, rue de la Lie à Strasbourg le 28 février 1759 . Son père était originaire du pays de Nassau 1790. Membre de la Société des amis delà constitution 7 février 1792. Membre de celle des jacobins 5 octobre. La municipalité d'Obcrnai ayant été suspendue, et comme un des jacobins les plus ardents attaché au parti dont Schneider était le chef, il y fut envoyé, par ordre du Directoire du Bas-Rhin, pour y remplir les fonctions de commissaire administrateur de la commune, avec une allocation de 8 livrée par jour à prélever sur la caisse communale 18 octobre. Installé dans ces fonctions, et pour donner plus de foroe à aon autorité, il augmenta la gamiaon de la ville 28 octobre. H ordonne la célébratton de la lête de Favénement de la République ; le matin il y eut cortège avec proclamation an aon de la musique et dea tambours ; le aolr illumination avec bal publicpour terminer la ûte. Après cette entrée en scène, il poussa activement la Tente dea biens nationaux et à l'inventaire des ornements dea églises qui n'étaient plus desservies —Si octobre. H envoya ces «Àjets réliglerix au District de Barr. Les clochea devaient prendre le même cbemin, quand dea haUtanta aY opposèrent par une requête au District» déclarant que le commissaire ne pouvait en dlapoaer sana une autorisation du DépartemenL U essaya un autre moyen, qui n'eut aucune auite, et leur enlèvement ne fut opéré que rannée suivante 18 décembre. Fin de son commissariat, le corpa muni- cipal ayant été renouvelé 18 avril 1798. En mission à llolsheim, il dénonce Tiaserant, procureur syndic au Diatiict 8 octobre. Membre du Directoire du Bas>Rbin en rempla- cement de Louia de Wangen 8 octobre. Du Ckimité de surveillance et de sûreté générale du département du Baa- Rhin 28 octobre. Le Comité de sûreté et la Société dea jacobins le désigne pour juge au tribunal à la auite de

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us HOMliBS DB LA RÉVOLUTION

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Tarmée révolutionnaire amhnlante 27 octobre. Aa Ck>mitô de sûreté générale, il prouve par son procèH-verbal que dans les papiers de Muller on a troavé plusieurs pièces suspectes qui sont envoyées au tribunal révolutionnaire

30 octobre. Nommé juge suppléant du tribunal à la suite de l'armée révolutionnaire, à l'effet, est-il ajouté, d'opérer l'ar- restation des suspects, la saisie de leurs papiers, numéraire, chevaux, bestiaux et denrées inutiles à l'agriculture d'une année 3 novembre. Saint-Just l'adjoint à la Commission départementale du Bas-Rhin 10 novembre. Dans sept communes du district de Strasbourg et sur cent trente-huit particuliers, il a prélevé, avec son collègue Tisserant, 1,870,000 livres 18 novembre. Comme ses collègues du Directoire, il ne paraîtra aux séances que coiffé du bonnet rouge, em- blème de la liberté 19 novembre. Vu son procès- verbal, Louis Ghaumont, aubergiste àMolsheim, accusé d'avoir caché de l'argent et de l'argenterie, est condamné à la confiscation des objets, à 10,000 livres d'amende, faute de quoi déporté à Madagascar 21 novembre. Il ordonne à Philippe Andréa dH se transporter dans les communes du district pour en retirer tous les vases et en général tout ce qui a servi au fanatisme; de faire briser, tant en dehors qu'au dedans des églises, chapelles, cimetières, tous les signes de la supersti- tion et de la bêtise. D'imposer une contribution en vête- ments, linge et chaussures, mais surtout une taxe en argent sur les riches, payable dans douze heures, sous peine de prison et dd confiscation de leurs biens 26 et 30 no- vembre, n verse 50,822 livres à la trésorerie révolutionnaire 4 décembre. Il doit se rendre chez Bruat, accusateur mi- litaire, pour le renseigner sur Louis Schœfifer, de la tréeore» rie de Tarmée. détenu pour suspicion. CPeet à cette époque qa*il est enflu de la Société des jacobins, ansai k liste dressée leâS octobralTM ne le relate pas 15 décembre. Arrêté, le Comité de sûreté générale approuTO la mesure. D^à en voiture et prêt à sortir de la ^e, on put enooie le saisir et le oondoire au Séminaire, Toustain Finter- rogea encore le même jour 19 déc On le sfipare de ses

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coUdguflSpoiir le conduire à l'hôtel de Dannstadt 24 dôc Tisserant insiste pour quMlrande oompte au Gûmitè desûreté générale du Bas-Bhin 81 déo. Une boite oaehetèe, ren« fermant SSpO livres provenant de ses prélèvements, est remlw par le tribunal révolutionnaire à son trésorier 2 janvier 1791* Des interrogatoires qu'il a subis, ilréeulte que pour agir efflflaoement sur la terreur ou sur la crédulité des àHUrfma, il tôt revêtu de pouvoirs illimités. Schneider les lui avait donnés, et c^est sous cette égide quil parcourut avec sécurité et arrogance la carrière inconcevable de ses ciimee. Rivalisant de forfeits avec son digne chel^ il n^eet vexations, vola, dilapidations, vioienceSi calomnies et vengeances, qu'il n'ait exercés. Enfin, aux crimes de ses ooUèguea, il ajouta celui de juger à Sélestadt un homme à mort, aana être re- vêtu de la qualité de juge, n'étant alors que simple ad- ministrateur provisoire du département (Test lui qui con- vient avoir donné des quittances de 9000 livres quand il en recevait dûÛO livres, et communément de 800 livres pour une somme de 1000 livres 13 février. D aurait dépensé avec Schneider, Taffîn et autres, 8000 livres, pour frais de voyage du tribunal révolutiomiaire à Obemai, et Weiss, ex- greffier de ce tribunal, en faisant cette déclaration, ajoute que ces juges ne quittaient jamais la table qu'enivrés de tout ce qu'il y avait de plus exquis 9 août 1795. Il compa- rait devant le tribunal criminel du Bas-Rhin sous la pré- vention de concussions, d'abus de pouvoirs, etc.; mais, faute de preuves et s'appuyant sur les pouvoirs qu'il tenait de Schneider et des représentants du peuple, il en fut quitte pour les quelques mois d'emprisonnement qu'il avait lait 1797-1799. Secrétaire en chef de l'administration munici- pale du canton de Geispolsheim. Décédé à Strasbourg le 31 octobre 1823, âgé de 64 ans. Cet homme n'avait aucune connaissance des lois, encore moins de leur application, aussi il siégeait peu au tribunal révolutionnaire. Son ami Schneider et les représentants remployèrent à d'autres affiures.

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LÊB BomaB ni wÈfOLanoÊi

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NEUMANN Ç^RUXQomy.

en 1751 àRh6iiusabeni,oùflôtaitiiégociant bien avant 1789. B doit avoir été perraqaier-coiffear à Port-Louis avant d*arriv6r à Strasbourg Janvier 1790. Membre de la Société de la révolution Membre de celle des amis de la oonstitution 26 août 1791. Juge de paix & Fort-Louis, il est élu au chftteau de Strasbourg membre de radminis- tration du département du Bas-Rhin 7 l&vrier 179$^ Membre de la Société des jacobins 31 août Maintenu au département par Gamot, Prieur et Ritter 13-14 nov. 1793i A Wissembourg, proposé pour leDirectoire du Bas- Rhin— 10 janvier 1793. De Sélestadt, et comme adndnls- trateur de la Ck)mmiB8ion départementale, il était en mission, il adresse à un de ses collègues une lettre, qui, par son style el son orthographe, mécUe d^étre citée. La voici textuellement :

C<8l, dtoyeB amie et collègue «n sans conllotte qui oe pmit 4fO«fsr

antre consoittion qu'anpré de vons, et voici les causses de ses plaintes: Toat l'aristocratie de cette ville et môme celle puante se tlate de la prodection a eux accordé par les derniers commissaires de la Gon- vmtioB «t à tour pasage à Stnsbmog las «n dioient qoe le eilOTtii Beubel on des mamtee « lumlement des ^HnnaTé Is eosénile de Municipalité d'iei, jesuis sure que non, les antre se flate d^avoir decha- des lettres de reeonmuuiidation de Aeabel pour les commimiree à Ve- nise.

Tout bon patriote attend les Rhil, Denzel et amie, pour faire une réfomme entière dans notre Département, pour raspendretonaoeuxqnl ATent et xpxH le 10 Aofltt te sont marqné ta coin de raristoeralle,

ceux dis-je, qui senllement, d epuis huit jours avent Iph ^'leotions ou depuis qu'il est question que nous devons avoir des commisuures, se sont masqué d'une coulleur de patriotisme.

Citoyen, ail les oommiasaifes ne fhqpent pes un gnmd eoups, je vous jnre qne noire D6p«rtement sent appré leur départ plna dange- reux qnll n'a jamais été une grande partie attentons seuUement la dé- part <le ces commissaires pour assurer lebonpouble jusqu'à ce moment nourie par leurs mauvais principes qu'il étoient dan» la bonne voix en anlTent leurs exembles, et appré ce départ, ils feront plus que jamais détester U Oonstitation.

80 nallienrensement les ooaunissaires jngent comme votre diree- teiia>Jagipanrlaad<p«riéidaoattafilla,teiialhanraawltlBéfilaMi

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mxm D*AUA0B

vn âlcmz, m'* amiié M^oudlmi qno 1*11 «mit élé jifé^ ii j nnit •B einq d«i déporté» q«i at leroieiit pM tentré apvec dan eotte viUe^ «t Tons les ares apsnt sans rovgire.

Je voas parlo des commissaires de la Convention qui sont à venir, quoique le citoyen Mathieu^ un de vos membres m'a dit avec assoranse qift*ili ne viendront pas, parce que lee imninfanirmi de l^amA de Cni- tine ont rendu un compte Ûdel i la ConTontion, qne oe Déptrtement étiit en entière tranqailité et qu'il obserroitlaloiponetBelementDien est-ce que un Rcubel pouroit dire cela, qui est-ce qu'il auroit pu con- sulter, lui qui connois ce département, lui qui dans tout les tcms étoit invinciple, lui qui a établie l'heureose révolution dan le Haut-Rhin.

J'ai demandé an citoyen Mathien pourqvoy on jeune administrateur municipal nomme'- Noisette do Strasbourg setoit permis d'attaquer un Constar, meurio dans Tart militaire et administratif, il m'a rôpondu parce que ce général n'a pas voullut Ctre do l'obignon de ce jeune homme, et l'on voudra me dire tous est tranquil parmi nous, Ton vou- dra me lUre a croire qu'une république est etaplie dans notre Dépars tement quand je Toia pareille Texation de jeune gens a nn homme prononcé l'on sera assé pertinent de me dire que ceux la sont dans le sensé de la Révolution qui veulent forcer par lapin d'une écharbo nn général indegre a dire ce que ne peut être favonUile à une faction, on ponmril ftirepteisir àune fiutifni totMtde piéfirenoe à la técllé telle qu'il juge et telle qu'il est eritement instruit, sont cela des ou- verture pour former une republique. Yraiment tous les trait smii fidt pour faire flégir tout hommes qui se sent du sang dans ses vaines.

Amie tous ceux qui pensent ainsi il sont dangereux ils attentons le moment du retour des conunissaires hor du Département pour aacrifBer tons citoyen qui ne seront pas de leurs avis.

Amie que naye dix ané de moins je joindre encore aujourd'huy telle armée la pin» oxpossé an moins je eontientré ma patrie et seroit apnyé par des bayonettes.

Je vous prie au retour des commissaires de Tarmé de leurs dénon- eer qu'an Fort Louis aujourd'hui le Fort-Vauban, que lorsque lee bou6 de l'aprovisionement de cette place ont été remit an commissaire des puorro il a été fait une estimation par experts en conséquence ils appartenoit à la nation. J'ai fleiiuindé au citoyen Villemanzy en Direct assemblé quelle étoit la nourriture que ces bœufs dévoient avoir par jour, il ma repondu qu'an commencement chacun avoit 15 et en suitte 18 livres des foins et trois quart de pmssaux de Paria d'aToines par jour.

Je dit à la face de la France entière qu'ils ne sont pas reçue et je ajute que souvent ils ont resté deux et trois jours sens qu'ils ont eu a manger je dit que souvent l'on a été forcé de tuer de ces bœufs qui ont été doîmé aux volonlaîres campé dans Inale de cette place et lee- qnalt ils «nt paye paiee qu'ils ontTulmt eraver et que le poufer étoit

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LBB BOmOB m BtVOLVTiOM 987 >

Minait Ibroer de diater anaiUM ta«r iiae partia de U cbain naeniiloit à de la Charogne.

Amie lo tcms que les fripons Boyens démaaqo^ eab fititea laa hOtt*

nettes gens n'auront plus rien à se reproger. Je seré tout ma vie tidel à notre Eepubliqae et votre amie

F. Neltmakn.

Tout est tranqnil ici l'on me crains parce que l'on sait pQorqaoi

EtHKHB 0ABTH.

BULLETIN BIBUOGMPHIQUË

I

L'Alsaoa française 8traÉbo«irg pendant la RAvolalioii,

par E. Skinqukrlkt, Paris, Bcrgcr-Lovrault, éditeurs, 5, rue det Beaux-Arts, IHHl 1 vol. in-K' ilo xn-301 pages Prix, G fr.

Ce n'est pas sans un vif intérêt qu'on lira le livre que nous avons le plaisir de recommander h la clientèle de fa Berne d'Alsace. Une plume alsacienne, celle d'un défenseur éprouvé (le la liberté de conscience et de la liberté politique, a écrit ce livre, qui mérite, à tous égards, d'être particulièrement signalé aux amis de notre histoire locale, n est peu de faits rassemblés dans ce volume concernant l iiistoire de la Révo- lution en Alsace, et à Strasbourg spécialement, qui n'aient été exposés et même commentés soit dans des livres antérieurs à celui de M. Seinguerlet, soit dans des monographies éditées au pays; mais nous ne possédions pas encore d ouvrage qui, au point de vue de la critique d'ensemble, résumât d'une façon aussi indépendante et déi'agée de préjugés, lliisto^ de la Révolution française en Alsace. Avant M. Seinguerlet, un conseiller à la Cour impériale de Colmar, M. Véron- Kéville, se livra à une étude du même genre pour la liaute- Alsace. Son livre fort estimé et fort estimable avait aussi une conclusion philosophirjue, mais ([ui nous parut alors et qui nous parait encore moins rapprocliée de la vérité morale et humaine que la eonclusion à laquelle arrivera tout esprit réfléchi q»rè8 avoir lu VL Seinguerlet Dans la République de

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SB8 RKVUB D* ALSACE

nos lettres alsaciennes, ces diverp^onces n'ont rien qui nous divise et nous continuons à marcher de front, la main dans la main, dans la modeste carrière de nos travaux littéraires et scientifiques. En s'y associant étroitement, M. Seinguerlet

S rend un des premiers ranps dans la phalange demeurée dèle à sa famille dans l'adversité. Nous Ton félicitons et recommandons chaudement son osavre aux amia de notre histoire.

n

Les Chants dn pays par Charlbs et Paitl Lbsbr Nancy, imp. de Berger-Levrault et C«, éditeurs, 5, rue des Beaux- Arts, Paris, 1861 - 1 vol. in-19~Friz,lfr.60

On ne trouvera pas dans ce petit volume les chants popu- laires de l'Âlsace que d'autres, avant les frères Léser, ont rassemblés dans des recuefls dv m6me genre ; mais on tron- ▼era les premiers essais poétiaues de deux enmnts de 1 Alsace inspirés par les souvenirs de Tannée malheureuse et Tamour du pays natal C'est surtout à ce titre que l'œuvre de nos jeunes compatriotes vient prendre une place importante parmi leurs devanciers dans la poétique française êt populaire de TAlsace.

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Une fable de Florlaii Etude de litténtnie oomnarée par P. RisTELucBKR Paris, J. Batir, li1indra-éditeiir,ll,raeaM8ainls-

Pères, 18«1 In-S» de 40 pages.

C'est la chaumière de Florian et le palais du calife de Ba^ad oui sont le siget de Tétude comparée à laquelle M. Ristelnuhcr se livre avec un sentiment exquis. Une légende qu'il met en œuvre dans son étude « peut, dit-il, réveiller « d amères douleurs, mais, dans des cœurs bien placés, reste t la foi dans la justice immanente et Tespoir dans les sourires « réparateurs de la fortune. »

IV

Trois lettres inédites de Bucer ponr servir à l'histoire complé- mentaire du colloque de Marbours, par M. Ekichbon, directeur des études tiiéologiqnes à la ii»ndati<ni de Ssint-OiiillamM de Streaboiirg.

Bien qu'à notre époque les esprits soient peu disposés à s'intéresser à ce que Ton appelait la querelle des sacramen- taires, les trois lettres que M. Krichbou vient de tirer de la poussière des archives de Saint-Thomas ont un intérêt incontestable pour l'histoire religieuse en Alsace. On y saisit sur le vif les dispositions morales dont l'un des principaux apôtres de la Réforme était animé à l'endroit de la docorine tpd divisait Martin Luther et ZwinglerelatiTement à la pré- sence réelle.

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DOCUMENTS

POUR SSRVm A LA

NUMISMATIQUE DE L'ALSACE

Les quelques monnaies et médailles décrites dans les pages qui vont suivre sont tirées des matériaux que je réunis pour une monographie générale de numismatique alsacienne; en raison de leur impor- tance, je n'ai pas voulu tarder plus longtemps à les faire connaître.

Les amis de notre numismatique provinciale apprécieront à leur mérite, sans qu'il soit besoin de longs commentaires, les deux nouveaux florins d'or de Haguenau (n°* 5 et 6) que je mets sous leurs yeux ; ces pièces sont peut-être uniques, comme les deux médailles de Jean de Manderschcid fn"* 9 et 10) qui a fourni à la suite numismatique des évéques de Strasbourg son plus brillant fleuron. Quand à Técu de Mulhouse, décrit sous le n** 8, c'est une pièce de la plus grande valeur, et qui a le mérite réel d'échapper, par son caractère d'authenticité absolue, au soupçon attaché à ses congénères, accusés, non à tort peut-être, de n'être que des refrappes mo- dernes.

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S90

On le voit» la suite monétaire de TAlsace est encore loin d'être épuisée. La preuve en est dans ces importantes moiuiaies que je publie aujourd'hui, dans celles aussi que des recherches antérieures m'ont fait découvrir; et, sans aucun doute, beau- coup de médailles, de monnaies, de jetons de l'Alsace restent encore à mettre en lumière, demeurés inaperçus ou négligés jusqu'à ce jour. Toutefois, j'entrevois déjà la possibilité de rédiger, d'ici à peu d'années, un corpus général des monuments numis- matîques de notre province, et j'ai le ferme espoir que dans l'accomplissement de ce projet, la bien- veillance de Messieurs les amateurs et directeurs des médaillicrs publics, bienveillance dont j'ai toujours eu tant à me louer, ne me fera pas défaut.

L'Auteur.

Paris, le 20 février 1881.

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NOMIBMATIQUS DK l'aLSAOB

991

COLMAR

1

DOMINE: CONSERVA : NOS : IN : PAGE: 1 537 4- Saint Martin partageant son manteau avec un pauvre.

Rs. MONETA : NOVA : CIVITATIS : COLMA- RIËNSIS Aigle regardant à gauche.

AR. mod. 44. D'après un surmoulc conservé au mcdaillierde la Bibliothèque de Zurich (ancienne collection Schintz); Pièce décrite par Berstett, Colmar 2, d'après le même surmoulé.

Bien que Torigittal de ce bel écu soit perdu aujourd'hui, croyons- nous, on ne peut mettre en doute qu'il n'ait existé; c'est ce qui ressort de l'examen de la pièce, évidemment coulée sur un exem- plaire authentique. Voir dans Berstett deux monnaies au même type (pl. I, 10 et i3).

S9S B*yOB D'AUAOl ,

DOMINE CONSERVA NOS IN PAGE- Aigle

regardant à gauche. Ss. MONETA NOVA COLMARIENSIIS- (sic).

Armes de la ville.

AR. 2Û. Collection Dicmer. Pièce en mauvais étal. Dans le champ, on distingue les traces d'une date.

D G CAR V ROM IMP SEMP AVG. Buste

couronné et cuirassé de Charles-Quint à droite; il tient un sceptre de la main droite et de la main gauche la garde de son épée.

i2*.+M0NETA+N0VA+C0LMARENSIS Ecu aux armes de la ville, qui sont: parti diapré de gueules et de simple à une masse ^ armes ét or (kolben, moi^enstem) pétrie en barre. Dessus 1549.

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mnasMânoCT tôt l'alsaob 990

AR. 40. D'après VOrdonnautic provisionael ons Ilocrcn des Coninck opt stuck ende Toleraiiiic van den Prijs en de loop vande gouden mid* ^here Munie cours ende ganek hehbende over al des C. Maiestejrts lauden van herwertiauer, T'Anttverpen by Chisioffà Plantinf tSyS, Egalement gravée dans un autre recueil intitulé : c Het Tkresoor of sekat van aile de Specien^ figuren en sorten van Gouden ende Silvermunten allen Muntmeesters^ Wisseïiiers, Rentmcestcrs, Conplieden, ende aile lit-fhehhers der Antiquiteyten jeer bequaeni ende notdelijck. » Gheprint J' Ant- iverpen, ()p die I.onihjerde W'este, in dem Gidden Pellicaen, by Guillaem van i'arijs, MDLXXX. Cité par Berstett d'après Madai. L'original de ce beau tkaier est inconnu.

FROBERG (MONTJOIE)

4

MON I ËTA I FRO | BERG | Croix coupant la légende; type empranté aux monnaies de Bâle.

Rs. IN: DOMINO iSPERAVIT + Aigle regar- dant à gauche.

BIL. moJ. 20. Collection Hirsch; pièce acquise à Bâle. Poids: I gr. la. Unique?

Voilà un nouvel atelier mondtaire, celui des barons de Montjoie, à ajouter à ceux dcjà connus de l'Alsace. La baronie Je iMontjoic, formée des terres et icnciirics de Moiitjoic, \'aul'rev, Mcnitoursin, le Folz^ Vernois, Moniaucey cl plusieurs autres, était situe'e dans la haute Alsace, sur les confins de la Franche -Comté et de la Suisse.

\

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3H BBVUB d'alsagb

Let anciens seignaurs de M ont joie s'attribuaient tous les droits de souveraineté, et spe'cialement celui de battre monnaie. On a des preuves qu'ils en ont usé jusqu'au milieu du xvi* siècle. Leurs espèces étaient de mauvais aloi : le spécimen décrit ci-dessus, qui est de billon très inférieur, en est une preuve palpable. Par un édit du i8 juillet i554, date de Dôle, le Parlement défendit, au nom de Charles-Quint, d'apporter, envoyer, employer au comté les monnaies faites à Montjoie, à peine de 5oo livres et de diftti* ments arbitraires (voir Plantet et Jeannes, Essm sur Usmomuâts du eonaé de BoMrgogne, page a53. Voir aussi Berstett, qui a reproduit intégralement, page tS, Fédit de iSS^}.

Quel peut être le titulaire de cette monnaie anonjrroe? Avant i554, date à laquelle cessa prôbablemmt le monnayage, et qui convient assez bien à la pièce en question, la branche de Montjoie (Frobcrg) n'eut que deux représentants : ce furent Etienne, qui épousa en i5oo Catherine, comtesse d'Haraucourt, et Marc, son tils, qui, en i332, s'unit avec Anne, comtesse de Montmartin. Il serait difficile de préciser auquel de ces deux seigneurs se rapporte la rare monnaie que M. Hirsch, avec son obligeance ordinaire, a bien voulu me permettre de mouler.

Les armes anciennes de Montjoie sont de gwuUi à la dêfi'ar^ gent ptaée en j»ri; on ne doit pas apendre à les trouver figurées sur les monnaies des barons de Froberg, qui, on Ta vu plus haut, avaient de bonnes raisons pour ne pas signer leurs espèces d'une

façon trop apparente. On pourrait en dire autant des noms des titulaires; toutefois leur contemporain, Nicolas du Châtelct, ayant écrit son nom en toutes lettres sur ses doubles de billon, je répé- terai ici la liste des barons de Montjoie telle que la donnent Plantet et Jeannez, dans leur ouvrage déjà cité :

Branche de Montjoie

I. Etienne. Epousa, en i5oo, Catherine, comtesse d'Haraucourt. a. Marc, son fils. Epouse en 1 53s, Anne, comtesse de Montmartin.

3. Jean IL Se marie, en 156^, avec Perronne, comtesse de Viri.

4. Jean-Simon. Epouse, en 1591, Ursule, baronne de Reinach.

5. Jean-Georges. Epouse, en i63i, Marie-Françoise, fille de Ferdip

nand-Georges, baron de Montjoie de la branche d'Heymers- <lorff.

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995

6. Btiat-Âlbert, puIne des fils de Jean-Georges, commence une

troisième branche, dite de Vaufrey.

7. Jean-François-Ignace, troisième fils de Jean-Georges, com-

mença la branche dite d'Hirsingue.

Void la généalogie comidftte de la fiimille de Montjoie; ]e dois cet utile document à l'inépuisable obligeance de M. X. Mossmann :

CiNÉALOGIK DE LA FAMILLE DE MONTJOIS

GniHaame GttlIltaiiM n. -> t336. Jeta I».

Louis, t 1435. Beithold n, tSçS.

Jean II, f 1498. Gallleaiette, éfMNiw de...

Jcn-Lonis de Tuiliers, f 1454. Thierry.

Etkant, dMf d* la ligoe dt HMngm^ JMii>Nicolat, chef de la llgat da Hd-

t 1540. mersdorf, + ib3j.

Jean-Marc, + iSSi. Philippe, f i55a.

Jean III, + lîy^ Nicolas, f i566.

Jcao-SimoD, f i6o3. JcainClaade, f 1604.

Jéan-Gcorget, f 1659, époax da..» Faidinand-Georges, f i6tS.

Marie-F ra n ço i s c.

Biat>Albert, cbtf date ligua de VaofrqTt François-Ignace, chef da la ligna da

+ 1735. Hlrsingne, + 1716.

Thierry, t i736. Magnas-Charles, t '759.

Béat*Jcan-Baptiste-Hamann, f 1761. Népomucène-Fortuné, f 1791.

FrancoU-Ferdipand-Fidilc-HaoïaiiB , Jcau-Népomaoèoc-Simon^otapli, t >8i4»

f 1818. au lenrlce da Bavière.

Joseph-Antoine-Fidèle, f 1816. Maximilien-Gaatave-Eagèoa-Loaii) Emcst-Hcnri-Fidilc, f i835. f 1857.

la8»'NépommlM-llaria-Pa«l-Frfdéric,

Paaia.

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99S Birim d'albaob

des armes de Haguenau) . Saint-Jean-Baptiste debout

de face, au nimbe perlé, tenant une croix de la main i^auche cl la droite levée pour bénir (type ordinaire du florin).

Es. MONE T HAGENOWIENSI+ Aigle simple, aux ailes éployées, regardant à gauche.

AV. 2 1 ; poids 3 gr. 5o. Assez mal conservée. Cette rarissime pièce figarait à la vente Weyl (XVAuktimi Weyl, September x88o); j'en dois une bonne empreinte à Tobligeance de M. Adolphe

Meyer, elle est aujourd'hui au Musée royal de Berlin.

L'existence du florin ci-dessus confirme fort à propos l'opinion de M. l'abbc Hanaucr (cf. Eludes économiques, tome I, page 75), à savoir que Haguenau a frappé des monnaies d'or avant la charte de Maximilien, datée de i3ib.

6

'MQNE'AURE- (écusson aux armes de Hague- nau, qui sont d'azur à une quinte/eutlle d'argent boutonnée de gueules.) IMPE CAMER Saint-Jean-

Baptiste debout, nimbé, tenant Tagneau dans ses bras.

Rs, RVDOL II RO IMP AVG P F DEC- Aigle à deux têtes surmontée de la couronne impériale.

AV. mod. 34. D'après une empreinte provenant de l'ancienne collection Dorlan, actuellement à la Bibliothèque de Strasbourg : l'original est inconnu. Gravée.

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NUinSMATIQUS DE l'ALSAOX

997

LANDGRAVES D'ALSACE Leopold

LEOPOLDVS D G ARGH AVS Ecu parti d'Alsace et de Feirette, et surmonté de la couronne archiducale. ^

Rs. DVC I BVR I LAN | AVSS(/MeîALS). Croix coupant la légende, et portant au centre le chiffre I.

BIL. 21, poids I gr. 40. CoUectioa Henri Meyer. Cf. Berstett, pl. II, 33.

MULHOUSE

MONETA NOVA MILHVSiNA— 16 23 (les mots séparés par des quiniçteuilles). Lion rompant

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996 mnm d'aiaub

sur une terrasse quadrillée, tenant dans la patte le globe impérial, et soutenant de la gauche un 6cu aux armes de la ville, qui sont d'azur à une roue de gueules.

Rs. EX VNO OMNIS NOSTRA SALVS L*aîgle bi&phale surmontée d'une couronne impé- riale. .

AR. 40, thaler. Bibliothèque de la ville de Zurich.

Cet écu, de rautheniicitc la plus irréprochable, diffère sensible- meni, par plusieurs détails, de celui qui est représenté pl. III n^SS de l'ouvrage de Berstett. Les coins n'ont pas été coiiseiTés,auiime ceux des autres écus connus.

STRASBOURG Othon m

•4-0 TTO REX Dans un grénetis, croix cantonnée de quatre trifoliums (semblables à Tobjet figuré sur le denier d'Erkenbald gravé dans Berstett, pl. VII, 141, objet dans lequel cet auteur voit un nœud gordien, Dannenberg [page 355 et pl. XLI, 933] Ta défini de même, tout en confessant, en note, que cette explication laisse à désirer).

Rs. X..AONOAELIGIO xrisHana religio. Temple surmonté d'une croix, dans lequel on lit AGN 1 TINA, Argentina.

AR, 19; poids, o gr. 90. Unique? Coll. Gariel à Paris.

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NUlfIBIIATIQUE DE L'aLSACE

STRASBOURG (ÉVÊQUES)

Jean de Manderscheid, i5(}(j-i5g2

9

Ecu écarte!éau i. de Févèché de Strasbourg, au

2. de Mandcrscheid, au 3. de Blankcnheim, au 4. du Landgraviat de la Basse-Alsace; sur le tout, de Blankenheim. L'écu est timbré de trois casques : le premier, de front, ayant pour cimier deux plumes; le second, de trois quarts, ayant pour cimier un demi-vol chargé des armes de Févêchë ; le troisième, aussi de trois quarts, affronté avec le deuxième, ayant pour cimier une femme mouvant du sommet du casque, et tenant de la main droite un anneau; les trois casques ornés de leurs lambrequins.

Rs, D£0 I DUC£ dans un cartouche carré riche- ment orné. Dessous, iSyi.

AR, 3o. Jeton. Collection Erné à Paris. Gravé.

10

I H ES VS C H RI S r VS SAL : Buste du Sauveur à droite, les cheveux longs.

MO nVUI D*AXdtAOB

Rs. lOANN D G ELEC AKGEN-EP-AL-LA4fr Ecu aux armes de rêvëquc. AR. h; médaille frappée sur flan carré. Collection Henri Mejrer.

Charles de Lorraine, iSgJ-iôoj

11

RVDOL II RO LMP AVG P F DEC Aigle à deux têtes surmontée de la couronne impériale et chargée en cœur d'un globe contenant le chiffre 1,

Bs. CAROL GARD LOTH EP ARG A L Ecu écartelé au i. de Strasbourg, au 2. de Jérusa- lem, au 3. de Barr, et au 4. du Landgraviat de la Basse-Alsace; sur le tout, de Lorraine.

AR. mod. 16. Musée de Bar-le-Duc J d'après une empreinte communiquce par M. Maxe-Werly

Léopold, j6o'J'i624

12

LEOPOLDDGARCH:AVS:EPVS-AR-EPA+ Buste de Léopold à droite. Rs. Rameau d'olivier et deux palmes en sautoir

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NUMISMATIQUE DE L'ALAACS 301

engagés dans une couronne. Double légende circu- laire : en téte de la première on distingue un lion (l'emblème de Saint-Marc) ; puis viennent les lettres

A'W D M S L H (ici un aigle, Temblème de Saint- Jean) KEM N W S Légende intérieure: T'S* D R F M V N W G N R M V-

ÂR. 3o, poids 14 gr. 3o. Collectioii Henri Meyer. Gtée par Bentett, p. 60, d'après Madai.

Ces vingt-sept initiales se rapportent-elles à quelque texte évan- gélique? Indiqurat-eiles au contraire les noms de personnages du temps« comme semblerait l'annoncer la présence du W? Je renvoie

ce petit problème à M. Rentzmann, dont la sagacité si remarquable en matière d'explication des abréviations a déjà valu aux numis- matistes un ouvrage éminemment utile.

a

Armand-Gaston, 1704-174^

18

AR GAS CARD PR DE ROHAN EP ET PR- ARGENT Buste à droite coiffé d'une calotte, la croix du Saint-Esprit sur la poitrine.

Rs. Ecu écartelé'au i. et au 4. de Strasbourg; au

2. et au 3. du Landgraviat de la Basse-Alsace; sur le tout, de Rohan. L'ccu est timbré d'une couronne de TEmpire; derrière sont posées la crosse et 1 épée

tISVOB D'aLSACB

en sautoir; dessous on distingue la croix du Saint- Esprit. Le tout est orné de baaderoUes et de rameaux d'olivier.

CV. 3o. Jeton. Collection Henri Mcycr. Insuffisamment décrite, Berstett Sup^ment o9 174^ et pl. III, 174 ^.

STRASBOURG

MÉDAILLES

Caspar Hedio

CASPAR HEDIO DOCTOR MINISTER

EVANGELII D N I C ^TATIS SV^ XLVIII. + Buste à gauche coiflfô d'une toque.

Rs. Femme vue à mi-corps, soutenant de la main gauche un enfant auquel elle s'apprête à donner le sein. Dans le fond un sablier. *

Etflin (?) mod. 46; médaille fondue. Musée de Berlin.

Une autre mcdaillc d tiodio a cté gravée par iicrsictt, pl. XII,

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MtJMISMATlQUK DE L ALtiACB 806

Jean Sturm

lOANNES STVRMIVS ANNO .ETATIS SV^E XXXVI Buste à droite, les cheveux courts, la barbe et les moustaches en pointe. ^Rs. NKOyE HERI | NEQVE HODIE- 1 ANNO- 1 M.D.XLili.

AR. fondu; mod. 45. Musée de Berlin. Une autre médaille de Jean Sturm a été gravée dans Berstett, pl. XII, 2S9.

16

•FONS AVREA SECVLA FVNDENS LVD DELPH Le grand-dauphin debout de face, la tête nue et la poitrine ornée de la croix du Saint- Esprit; il désigne de la main droite un globe placé

30É BBVDI D'ALBAOB

sur une table, et de la gauche, appuyée sur la hanche, il tient une bourse. Dans le champ, une colombe volant vers le prince et tenant un rameau d'olivier; dans ie fond, à droite, construction en maçonnerie surmontée d'un talus couvert de fleurs et d'arbustes en pots, et un puits avec une auge.

Rs. Vue de la ville de .Strasbourg; au-dessus, deux anges sonnant de la trompette et tenant une banderolle on lit VIVE LE ROY; dans Tinter- valle, Técu de Franccetceluidela ville. ATexergue: STRASZBVRG- | D -3 OCT 1681

Etain mod. 40. Musée de Haguenau.

Cette médaille est de trois jours postérieure à la capitulation. Le travail «n est médiocre^ et elle paraît l'œuvre d'un artiste indi- gène. Le coin du revers doit avoir également servi pour la médaille de Louis XV décrite dans Berstett, page 85, ligne 14; mais sur cette dernière, l'orthographe STRASZBVRG a été rectifiée.

WISSEMBOURG

17

Ecu aux armes de Wissembourg (qui sont de

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gueules à une' porte de ville d'argent garnie de sa herse de sable et sommée de deux tours crénelées

aussi d'argent et maçonnées de sable), dans un car- touche ovale richement orné posé au miHeu d'un encadrement multilobé compris dans une couronne de laurier.

Us, SVSCIPE I MENTE BONA | MVNVS QVA PORRIGO DEXTRA- 1 ANNO 1627- au milieu de la couronne de laurier précédemment

décrite.

AR. 37, pièce carrée. Cabinet de Gotha. Celte médaille a été décrite fautivement par M. Madai, Thaler-Cabinet 3332, et reproduite par Berstett {Supplément Wissembourc 206) avec la même erreur de lecture, Accipe au lieu de Suscipe.

Jetons prétendus de Strasbourg; rectification

à Berstett

Berstett assise aux évSques de Strasbourg (page 79) les petites médailles ou les jetons suivants, frappés à ce qu'il croit à Mol^ heim. Cette attribution ne me parait pas fondée, c'est ce qui me décide k rappeler sur les rares pièces en question Tattantion des numismates, en les décrivant une fois encore, d'après les origi- naux existant dans la collection Diemcr (ci-devant Hepner), à Saintc-Marie-aux-Miries. Berstett ne les avait pas eus entre les mains, et avait tiré ses descriptions du catalogue de Bretfeld- Chlumczanzki, publié à Vienne en 1841-42.

1

Enfant courant à droite sur un cheval de bois {Steckenpferd).et tenant de la main droite un petit

moulin à vent. A gauche, un arbuste en fleurs; à l'exergue, X.

Rs. Dans un cadre orné, la légende ZVj G VETER| GEDEGHT=|NVS|i6io.

Moarelle Séne. - »" année. SO

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306 KBVUE d'alsaos

AR. 34; carrée. Collection Diemer, et Berstett, page 79.

2

La même pièce, coin varié daté 1621. Non décrite par Berstett.

8

Médaille carrée. Aux quatre angles une fleur de lis; au centre, dans une couronne de feuillage, la légende précédente, ZV | GV£TËR | G£DËCHT | NVS I i665.

Bs. A l'angle supérieur, un chérubin; à l'angle inférieur, une âeur de lis; aux deux autres, une

marguerite. Au centre, dans une couronne de lau- rier, est figurée T Annonciation; à l'exergue 'LVCE.

AR. 44. Collection Diemer, et Berstett, page 79.

»

4

Médaille carrée. Le champ est divisé en deux parties égales, par une ligne joignant deux angles.

En haut VAgnus Dei radié à gauche; devant lui un calice, et derrière lui une fleur. En bas, dans un cartouche ovale, les sigles IHS surmontés d'une croix; dessous, un cœur enflammé; à droite et à gauche, des fleurs.

Rs. Aux quatre angles, fleurs de lis; au centre, dans un cartouche ovale entouré d'une couronne de laurier, la légende ECCE | AGNVS 1 DEI

AR, 33. ~ Collection Diemer, et Berstett, page 79.

Cm quatre médailles ne sont pas, à mon avis, d'origine alsa- cienne, et doivent être restituées à Nuremberg. Leur acte de naissance nous est pour ainsi dire revcic par un passage des

NUMIBMATIQUE I>£ L'ALBAOB

807

NUrnbergiscke BdtuHgungeH^ de Georg-Andreas Will (AltdorC^

1764, in-40); cet auteur décrit, dans la première partie de son ouvrage (pages 333 et 357) trois médailles qui offrent une analogie singulière avec celles de Berstett. En voici la description :

1

Enfant courant à gauche sur un cheval de bois ; sur le parquet figuré dans champ, un fouet. A Texergue, X (/o kreut{ers).

Bs. ZV GVETER GEDECHTNVS.

AR, Pièce carrée. WîU, t^. cîf., page iSj,

8

Semblable à la précédente. Sous la légende, 1612.

AR, Pièce carrée. Wm, he. cii,

8

Enfant courant à gauche sur un cheval de bois et tenant un fouet. Dans le champ 16 5o. Légende:

IN NVRNB FRIEDEN GEDECHTNVS.

Rs. VIVAT 1 FERDINAND 1 111 ROM \ IMP | VIVAT

AIL Pièce carrée. Will, op, cU. page 353.

L'explication que donne Will de ces trois klippes^ dont la der- nière est dénommée par lui dernuernhergische Steckenreiter mit dem KSppen » est assez intéressant pour être r^>pelée ici. La voici en propres termes :

t C'est en l'an i63o, comme chacun sait, qu'aboutit à Nuremberg, après bien des diflicultcs, la proclamation de la paix de Westphalie. Le Magistrat^ en signe de joie, mit en liberté tous les prisonniers, et en août fut paiement célébrée à Nuremberg une fifice toute de paix et d'actions de grftce. Les réjouissances tiraient déjà à leur fin, quand un plaisant, pris d'une idée burlesque, fit répandre le bruit parmi les gamins de la ville, que le premier commissaire impérial, Octave Piccolomini, duc d'Amalli, avait promis une médaille commémorative ou friedenspjenning à tout jeune garçon

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808

qui viendrait le lendemain caracoler devant «on palais, mont^ tor un cheval de bois. Quelle lut la conséquence de cette inquralion, on peut aisément s'en douter. Le lendemain une multitude de ces cavaliers d'un nouveau genre, divisés en plusieurs escadrons, se présentait devant le quartier général du duc. Pour notifier leur venue, ils firent hennir, piaffer et caracoler leurs chevaux de bois. Le duc, qui entendit bientôt cette singulière cavalcade et l'aperçut de sa fenêtre, fil demander aux jeunes gens ce qu'ils voulaient : l'explication demandée ne se fit pas attendre, et le fit rire de bon cœur. Le duc alors, ne voulant pas laisser tous ces enfants rentrer mécontents chea eux, les renvoya à huitaine, leur imposant toute- fois de reparaître dans le même équipage : ib n'eurent garde d*y manquer. Dans l'intervalle, le prince avait fiût frapper en quantités une petite médaille de la valeur de lo kreutzers, qu'il distribua à leur grande )oie aux enfants, en commémoration étemelle de leur expédition. »

L'auteur des N'ùrnbergische Belusti<^ungen fait observer avec raison que les deux premières médailles n'ont pas de rapport avec la dernière, qui est postérieure. 11 doute qu'elles aient trait à aucnn événement particulier, car ces pièces, fabriquées en niasse par les graveurs Mater, Valentin et Christian, étaient distribuées aux enfants k toute joyeuse occasion. L'attribution à Nuremberg des quatre médailles que Berstett croyait devoir classer aux évêques de Strasbourg, reste du moins démontrée.

Arthur Engel.

U MISSION FRANÇAISE

CHARGÉE DB L'ÉTUDE DD

GHËMIN FËR Â TMYËfiS SAHARA

Suite et Fin '

m

Hassî-Inifel (ou Abd-el-Hakem), 17 décembre 1880. Mon cher ami,

Ma dernière lettre, si tu t'en soaTÎens, était datée de Ouargla. Depuis lors, nous ayons fait enirlron 820 kilométrée

vers le Sud-Ouest et je t'écris ces quelques lignes près du

puits ou hassi Inifel, aj)pelé aussi hassi Abd-el-Hakem du nom d'un saint marabout qui a été enterré ici, il y a près de quatre-vingts ans, et dont on voit le tombeau à un kilomètre du puits.

Notre départ de Ouargla a eu lieu le 4 décembre. Le lende- main soir, nous campons près d un puits ou hassi, nommé bou Khenissa, et creusé au milieu de la plaine sableuse dans laquelle nous cheminons depuis que nous avons quitté Ouargla. Le puits a 7~.50 de- profondeur; son orifice est grossièrement blindé. L*eaa est abondante et se boit sans répugnance, malgré son odeur sulfhydriqne; on la pnise au

' Voir la limison do dtwàème trimeitr» 1881.

m

RKVrnt 0*Attlâ6K

moyen de delous, espèce de sacs m peau au bout d'une corde, et on la verse ensuite dans une auge de quelques centimètres de profondeur, en argile ou en gypse, pour que les chameaux puissent la boire. Quand il n'y a pas d*ai]ge près d'un puits, ou si le nombre de chameaux à abreuver exige qu'on en augmente le nombre, on fait une excavation dans le sable, on la recouvre d*une toile de tente ou d*nn burnous et on vide les ddous dans cette auge improvisée. On comprend aisément que pour tirer Teau nécessaire à une caravane composée, comme la nôtre, de plus de deux cent cinquante chameaux, O fiittt un temps fort long. Généralement un homme descend au fond dii puits afin d'activer le remplissage des seaux, mais malgré cette précaution ropératlon reste laborieuse. Ainsi, au puits de bou Khenissa nos chameliers durent-ils passer toute la nuit pour abreuver ceux des chameaux qui avaient été achetés à Ouargla et dont la marche paresseuse semblait prouver qu'ils n'avaient pas bu à leur suif.

Les 6 et 7 décembre, nous continuons la traversée de la plaine nue et monotone. Le pâturage cependant devient un peu meilleur. Au loin, à Tliorizon, on aperçoit la silhouette de quelque gara, ou d'une petite dune. On nomme gara, au pluriel gour, des monticules arasés suivant un plan horizontal: la croûte calcaire de la plaine y a résisté aux influences atmo^hériques, tandis qu'à l'entour, elle a disparu, laissant sans protection un grès friable. La gara domine généralement de 20 à 30 mètres la plaine. Elle caractérise cette région du terrain quaternaire.

Nous passons, sans nous arrêter, à Hassi-él-Adda. Les méharis seuls sont favorisés d*une distribution d*ean.

Le 8 décembre, nous arrivons à HassI-DjemèL Nous y res^ tons le lendemain, afin de pouvoir abreuver tous les chameaux, car avant le hassl Inifel, situé à sept jours de marche, nous nu trouverons plus de point d'eau. Nous voyons les premières gazelles. Un (ie gos giiides nous ei> apporte îinOt C'ept une

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xnm mauMKTum ou SAHAmâ

bonne aubaine pour la popotte, car la chair de gazelle est excellente. Quand les indigènes veulent chasser ce gibier, ils suivent une trace fraîclie, tenant leurs slougis ou lévriers en laisse, jus(]u'à ce qu'ils aperçoivent l'animal. Ils cherchent alors à s'approcher sans être vus, et pour cela ils sont parfois obligés de ramper, sur de longues distances, derrière les monticules de sable ou les touffes de végétation, car la gazelle E une Yue perçante et flaire le danger de loin. S'ils réussissent à paryenir jusqu'à bonne iK»rtée de fusil, ils s'étendent à plat Tentre, visent longuement avec leur gigantesque moukala et font feu. Db lâchent alors leurs slougis qui bondissent sur la gazeUe et Tempoignent en un clin d*CBil, pour peu qa*tlle soit blessée. Dans le cas contraire, ils la poursulyent à outrance, mais sont oMigés promptement de renoncer à leur chasse, s'ils ont affaire à une gazelle de grande taille et non encore fatiguée.

A Hassi-Dilemel, Tagha de Ouargla, qui nous avait feit la

conduite jusque là, nous quitte pour retourner dans sa rési- dence. Une petite caravaue de gens se rendant à Insalah s'était jointe à nous, peu de temps avant notre départ de Ouargla. Elle nous (juitte aussi et va nous précéder ; nos deux itinéraires se confondent pendant un certain temps, mais nous marchons un peu moins vite que la caravaue d'Iusalah, ce qui explique notre séparation.

Du 10 au 15 décembre, nous continuons notre route sans interruption dans la direction du Sud-Ouest L'oued Mya se dessine un peu mieux. C'est une gouttière, sans eau naturel- lement, que limite vers Taval un seul escarpement formant sa rive gauche, et qui, plus en amont, est encaissé entre deux beiges assez déchiquetées, d'une trentaine de mètres de hauteur et écartées de 1 à 2 kilomètres. De chaque côté de Foued s*étend la hamada à perte de vue. Cest un plateau rocailleux l^èrement ondnlé,sans végétation, d*nne monotonie Incroyable, i^on^heté 4e loin ep loin par qndqneç 4n9és. Ko^a

tl9 Bivini o'alsaoi

sommes obligés d*y cheminer pendant de longues étapes, car le manqae d'ean ne nous permet pas de suhre les sinuosités ' de Poned Mya ; U finit couper au plus court. Autant que pos- sible, nous campons dans le voisinage de la dépression. Le pftturage y est assez abondant, sur un ruban de quelques centaines de mètres qui dessine le thalweg de Toucd. On y trouve, indépendamment des praniiiu'^es. des salsolacées et des crucifères habituelles, de beaux tamarix et des retems, sorte de genêt, de 2 à 3 mètres de haut. Les chasseurs y tuent une pazclle et un lièvre. Même une chouette est sacrifiée à leur ardeur. Des gerboises ou rats sauteurs, véritables kangourous en miniature, abondent dans Toued, à en juger par leurs empreintes sur le sable. Les guides appellent notre attention sur une trace d*autruche. On la distingue très bien et cepen- dant elle remonte, paratt-il, à plus d*un an. Les enjambées dépassent deux mètres. L'autruche ne vient plus qu'acdden- tellement dans cette région. Ifais les nombreux débris d*ceu&, que nous rencontrons à chaque pas, prouvent quil n'en a pas toujours été de même.

La pénurie d'eau et de pftturage nécesdte quelques étapes asses longues, pour une grosse caravane. Le 12, par exemple, nous faisons 42 kilomètres, ce qui correspond à pluf de dix heures de marche. Heureusement il y a clair de lune et on peut laisser les chameaux au pâturage jusque vers 8 heures du soir.

Après l'hiver, si toutefois il a plu, on trouve de Tcau dans plusieurs dépressions de l'oued et la végétation est plus belle qu'en ce moment.

Le seul véritable arbre que nous ayons rencontré est le tamarix, sauf sur une surface d'une dizaine d'hectares, appelée dala Safsaf, oii poussent des peupliers, safsafs en arabe. L'apparition de cet arbre, dont le feuillage jaune clair tranche vivementsnr le vert sombre des tamarix, nous a agréablement surpris. Nous nous laissions d^ aller à l'espoir de Izouver

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mCB JSXttMtàTKM DO SARAllA

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d*aiLtres essences d'arbres que l'éternel tamarix. Mais nos guides ont promptement fait cesser toute illusion : la dala Safsaf est, d'après leur dire, l^unique point du Sahara ot existent des peupliers.

Le 16 décembre, à 10 iieores du matin, nous arrivons enfin an basai Inlfel par 19* 40' de latitude et 1^ est de longitude. Il n*y*a qu*nn seul puits. Pour abreuver nos chameaux et remplir d*eau nos peaux de bouc, deux jours de travail suffi- ront à peine. Aussi le chef de la mission dédde-t-il qu*on ne repartirait que le 19 et qu'on creuserait un autre puits à c6t6 du premier. Nous allons encore rester sept jours sans eau, car rété s'est passé sans pluie et les rhedirs oh habituellement il y a un petit approvisionnement d'eau sont aujourd'hui à sec. Cette sécheresse nous obligera même à j)ous!scr plus vers rOuest que nous ne l'aurions désiré. Tu vois que la question d'eau joue un îïrand rôle dans les voyages trans-saharieus . C'est notre i)lus grande préoccupation en ce moment. J'ai eu, en arrivant au hassi Inifel, la curiosité de constater le volume d'eau qu'absorbera mon mehari. Je l'ai fait boire devant moi . Il a consommé 66 litres. C'est relativement peu. Il était resté plus de six jours sans boire. Mais dans cette saison les cha- meaux peuvent être privés d*eau pendant bien plus longtemps, sans inconvénient aucun. Nos chameaux de bât sont d'ailleurs restée prte de neuf jours sans être abreuvés, à cause de la lenteur avec laquelle se fût le remplissage des bassins quand on n*a qn*un puits à sa disposition. Inutile de ^re qu'aprbs une abstinence de cette durée, les braves chameaux se gorgent d*ean tant quHs peuvent On voit leur ventre se gonfler peu à peu, et quand leur soif est étanehée et qu'on les regarde de derrière, on voit la silhouette grotesque d'un énorme fût, couronné d'une petite bosse et débordant de chaque côté ses frêles soutiens.

L'eau du hassi est excellente et nous l'apprécions beaucoup, car nos peaux de bouc sont neuves et donnent à l'eau, qu'elles

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814 RKvus d'alsàcb

ont renfermée pendant plnsieors jonra, nn goût de goodiron très accentué, auquel on sliabitue à la longue, mais qm donne au thé notre breuvage habituel, d^iiis que nous nVons plus de vin un goût au moins singulier.

Pendant que nos hommes creusent le puits et font la lesaive, nous mettons -nos cartes et nos notes au courant Les chas- seurs battent les buissons, les topofjn*aphes et géologues visitent les environs, le docteur installe son appareil photo- graphique. Il y a i)eu (le vues à prendre. Le seul objet curieux est le tombeau du marabout situé à un kilomètre du camp. C'est une kouba, ou pavillon, rectangulaire, de quelques mètres carrés seulement. On y pénètre par une porte de ( )".()<) de hauteur. A Tintérieur est la tombe couverte de foulards et entourée d'offrandes variées. J'y ai \u des bâts de chameaux, des cordes, des chandelles, une botte d'allumettes, des dattes. On prétend qu'il y a des trésors. Mais j*en doute. La chose n*est cependant pas impossible, car il est très rare qu*une kouba de ce genre ait été pro&née par un passant qui, sans besoin urgent, s*en serait approprié les richesses. Le châti- ment du sacrfl^ ne se ferait d'ailleurs pas attendre; le coupable succomberait dans les vingt-quatre heures sous la colère du saint marabout!

Le temps jusqu'à présent a été superbe, mais il est essentiel de bien se couvrir la nuit, car vers 5 heures du matin il commence ù. faire froid. Aujourd'hui même le thermomètre à minima était descendu i\ 2°.8 et nous avons pu manier des plaquettes de glace qui recouvraient l eau d'une gamelle. Vers 1 heure, la température s'élève habituellenxMit à 20 ou 24 de- grès, et quand ou chemine, à ce moment, sur la hamada, dont les pierres polies donnent lieu à une forte réverbération, on ressent une chaleur d'autant plus intense que l'air est plus calme, mais en tout cas bien sensible.

Demain matin, à la pointe du jour, nous nous remettons en route. Notre covniér l^a ^m^ft/^ par un «M cv^apers

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UNS nPUHUTRW va RARARA 816

d'Ouargla que Tagha avait envoyé en éclaireur jusqu'ici. Peut-être trouverons-nous, dans une quinzaine de jours, une nouvelle et dernière occasion de faire parvenir de nos nou- velles en Europe. J'en profiterai pour te narrer la suite de nos pérégrinations.

£n attendant, je te serre la main et te prie de me rappeler an bon souvenir de ta famille et de nos amis communs.

Ton bien dévoué

IV

Hassi-Messeguein, 4 janvier 1881, (iSMS lal. et SMi long. est).

Mon cher ami,

Depuis que je t'ai écrit de Hassi-Iuifel il y a par consé- quent une quinzaine de jours nous avons fait près de 300 kilomètres, nous dirigeant d'abord vers le Sud et ensuite vers l'Est

Notre itinéraire était jalonné par les puits: hassi Xnsokki et hassi Messeguem.

Entre le point de départ et le premier de ces puits, nous avons presque continuellement cheminé dans Poued Insokki, affluent do l'oued Mya. Nous avons quitté ce dernier détiniti- vemmit à Hassi-InifeL D'abord très large, l'oued ou la gouttière Insokki va en se retrédssant au for et à mesure que nous avançons, et, dès le second jour de marche, elle préaente raapect dHin ravin de 100 à 200 mètres de large avec des beiges de 60 mètres environ de haut, et unthahregreconnaîs- sable par les beaux tamarix et le pâturage qui y poussent en abondance. De chaque cété de ce raivin le plateau crétacé s'étend h perte de vue, usé et déchiqueté par places, se pro^

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lant à Thorizon suivant une ligne tantôt droite, tantôt découpée en dents de scie. Le sol y est dénué de végétation. Il est couvert de pierres de la grosseur du poing, la plupart siliceuses, car la mame qui forme la plus grande épaisseur du massif s'est décomposée et a disparu, tandis que les fragments de la erottte slUeeuse sont restés sur place.

Le 19 décembre, jour nous ayons quitté Hassirinîfél, nous longeons une petite chaîne de dunes qui recouvre une des beiges de Toued. Je m^attendais à y voir de beaux pâtu- rages comme ceux que nous avions rencontrés dans le grand Erg, lors de notre dernière exploration. Mais au lieu de vertes touffes de drin, de sfah, d'alenda, je n*^ trouvé que du bois mort, car la végétation ne se développe au pied des dunes qu'après les pluies d'hiver. Heureusement pour nos chameaux, dans Toued môme le pâturage est de bonne qualité-

Le lendemain, au moment de lever le camp, notre escorte nous signale la « posta ». Ce sont deux cavaliers du marzhem d'Ouargla qui nous apportent un télépramnie urgent du gou- verneur général de l'Algérie. Ils ont mis quatre jours pour franchir les i50 kilomètres qui les séparaient de nous.

Le 21 décembre noui^ trouvons deux petits groupes de pal- miers égarés dans Toued. Celui-ci se resserre au lieu dit Tioughi et forme une gorge asses étroite qui rompt la mono- tonie habituelle du paysage. En temps ordinaire il y a des mares d*eatt ou rhedirs. Hais en ce moment elles sont à sec, comme d'ailleurs nous l'avions prévu. Les traces de gazelles, de lièvres, de moutons, d'ânes, de chameaux sont nombreuses dans le sable du ravin. Nous ne rencontrons toutefois ni cam- pement de nomades, ni caravane.

Le 32, nous sommes rejoints par quatre hommes à méharis. Ils viennent des pâturaiîes notre izuidti possède sa tente, et n'ont d'autre but que de satisfaire leur curiosité. Ce sont des Zouas, tribu de marabouts, vivant tantôt avec les Chaambas, tantôt avec les gens dlusalab. Us se considèrent ici comme

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tJWB EXPLORATION DU SAHARA,

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chez eux, bien qu'eu réalité ils se trouvent sur les terrains de pareoors des Oulad-Bunou, nos fiirouehes adversaires lors de lliisurreetion de 1871.

Le guide nous avait £fdt espérenque nous trouverioBS le 34 un rtaedir plein d'eau sur notre route. Mais il n*en a rien été. Nous sommes tombés sur une année sans pluie suffisante, car il ne pleut dans ce pays qu'une année sur trois et plutdt Tété que l'hiver, ce qui explique pourquoi le parcours d'une grosse caravane y est plus aîsé en automne qu'au printemps. Dans les années pluvieuses l'eau parait tomber en abondance, car les laisses que nous constatons sur beaucoup de points de Toued accusent un courant de près de 1 mètre de haut sur plus de 50 mètres de large. Nous campons ce jour sur la hamada ou plateau rocheux que nous avons pris pour couper une boucle trop sinueuse du ravin. Comme c'est la veillée de Noël on a donné carte blanche pour le menu du dîner à notre cuisinier. Aussi faisons-nous un repas homérique: une gazelle, du lièvre, voire même une crème au chocolat et un punch préparés avec Teau extrargoudronnée de nos peaux de bouc. Inutile d'ajouter que cette diversion à nos repas d'ordinaire si frugaux a le plus grand succès.

Le S6 décembre, nous arrivons au haasi LisokkL Le puita n*eet pas profond et l'eau est de bonne qualité. Aussi le chef de la mission décide-til qu'on s^oumerait pendant deux jours dans le voisinage, afin de permettre It nos chameaux de se refiûreunpen.

Pendant qu'on renouvelle notre approvisionnement d'eau, nous recevons le dernier courrier d'Europe qui, d'après nos conventions avec Taiîha de Ouargla, devait être envoyé ù, notre suite. Il nous est apporté par deux Chaanbas, de Ouarfi^la, qui vont nous accompagner jusqu'à Hassi-Messeguem, (roù ils s'en retourneront emportant notre correspondance. Un peu plus tard survient un berger qui a appris notre passage, Dieu sait comment, et qui nous propose quelques moutons que

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nous lui achetons bien volontiers. C'est un des rares indigènes que nous avons vus à ce campement, bien que nous nous trouvions en un endroit assez fréquenté par les noAades et coupeurs de route.

Dans la nuit du 26 décembre nous avonB eu un moment d'émotion, à un coup de feu tiré pêx un des quatre faction- naires chargés de la garde du camp. En un elin d'œil tout le monde est debout, on court aux annea, on s'interroge. La sentindle déclare avoir distingiié une i6ime humaine qoi 8*avança^ totb elle et qui n*aurait pas répondu à son appel. Peu^^tre .quelque chacall, peut-être aussi quelque voleur désireux de làire main tiasse sur l'une ou Tantre de nos can- tines qu^on si^pose bourrées de trésors. Cette &U8se alerte n'est pas à regretter: il y a eu moins de désordre qu'on n'aurait pu craindre. Cest une utile rép^tion pour le cas d'une alerte sérieuse. Quelques instants après ce tomle-bas de combat nocturne est arrivé notre guide, parti la veille pour visiter sa fiunille qui campe daus k* voisinage. Il parlait haut avec son compagnon, et celui-ci jouait de la liûte. De cette façon il annonçait bien à l'avance sou arrivée et ne riisquait pa-s d'être accueilli à coui)s de fusil. C'est d'ailleurs l'usage constant des gens qui, la nuit, accostent exceptionnellement un campement dans le désert. La méfiance est le caractère distinctif des voyageurs du Sahara, et il n'est pas rare que deux caravanes qui s'aperçoivent fassent demi-tour, Tune h droite, l'autre à gaucbe pour éviter de se rencontrer.

Le 28 décembre, nous levons le bivouac pour nous diriger sur Hassi-Messeguem. Nous suivons d'abord les sinuosités de l'oued Aghid, afiduent de l'oued Insokki, et nous traversons ensuite le plateau de bamada jusqu'à la rencontre de l'oued Aoulougui qui nous condnit à Hassi-Messeguem.

lia bamada est aussi monotone que les jours précédents : beaucoup de pierres et pas de végétation, si ce n'est dans le fond des ravins qui découpent le plateau en tout sens.

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tmS EXPLORATION DU 8ABABA

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Nous passons le 29 près d'un puits, nommé Tilmes Cédrat, de 3 à 4 mètres de profondeur. Comme notre équipage d'eau est au complet, nous ne nous y arrêtons pas. On commence à Toir souvent du mirage. Des collines de 10 mètres de haut paraissent en avoir 50 et Mre entourées d*eau. Je distinguais très nettement les dunee de Megraounou bien qu*fliles ne lussent pas très élevées et que la distance qui nous séparait d^»assftt 80 kilomètres.

Le 81 décembre nous campons à côté des puits nommés hassis Aoulouf^ dans Toued du mémo nom. Le pâturage est médiocre et Teau en très fûble quantité, aussi ne nous y arrêtons-nous qu\ine nuit, fiisant bonne garde, car nous sommes dans une sorte de zône neutre, commune aux Chaambas et aux gens d'Insalah et du Hoggar qui se razzent volontiers dès qu'une bonne occasion se présente.

Les puits d'Aouloughi sont au nombre de trois et leur pro- fondeur n'est que de 3 à 4 mètres. Ce sont des trous creusés dans la couche d alluvion qui remplit le fond de l'oued et qui emmagasine l'eau des pluies pendant longtemps. Pour aug- menter le débit on a creusé quelques petites galeries rayonnant autour du puits et appelées fogaïas. Ce genre d'ouvrage est très usité dans le Touat Nous curons les trois puits jusqu'à la couche de marne imperméable qui retient les eaux, mais e*est à peine si nous trouvons de quoi abreuver une douaaine de chameaux.

Le !■* janvier 1881, nous débouchons dans la grande plaine, ou sebkha, à fond gypseuz, au milieu de laquèlle est le hassi Hesseguem et qui sépare le plateau de Tademayt, que nous venons de traverser, du plateau de Tlnghert dans lequel nous allons nous engager. Depuis plusieurs années le puits de Messeguem est comblé, et bien quil se trouve sur la route dlnsalah à Ghadamès par El-Biodh, on a négligé de le remettre en état Plutôt que de s'astreindre à un travail laborieux de plusieurs jours pour le curer, les caravanes préfèrent faire le

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■KVDB D'ALBAIS

détour par le hassi Aoulougbi d'où nous venons. Mais comme nous disposons de moyens plus efHcaces que les nomades, et que d'autre part il est indispensable de laisser nos chameaux pendant plusieurs jours au pâturage, car leur mortalité aug- mente depuis peu d'une façon inquiétante, le chef dala mission décide qoo nous opérerons le curage du puits et que nous ne reprendrons notre voyage qu'après trois ou quatre jours de repos. L*état de nos chameau est un eorample ^rpiqne de linfluence des pftturages sur leur degré de résistance à la fatigue. Ainsi les cbameanx qui sont décimés en ce moment senties mêmes qui ontfidtsiyaiUemmentnotre premier voyage au lac Mengliouk, seulement au lieu de les laisser dans le Sud on a dû, pour la reprise de nos eiplorations, les faire Tenir à Laghouat Ils y ont dépéri xapidement, malgré les soins dont ils étaient Pobjet, la nonrritare n'étant plus de leur goût. Nous espérions que, de retour dans leur pays, ils Be referaient prouiptement. Malheureusement le trajet leur a été fatal, et il est devenu indispensable, pour arrêter la mortalité qui sévit sur eux, de les laisser sans travail pendant plusieurs jours consécutifs dans les pâturages, excellents du reste, qui entourent le camp de Messeguem.

Voici le quatrième jour que nous passons ici. Il a fallu approfondir le puits de 5 mètres ; il a aujourd'hui 10 mètres et Peau est abondante et d'assez bonne qualité quoique forte- ment char<;éc de sulfate de chaux. Nos chameaux paraissent en mesure de fournir une nouvelle traite dans de meilleures conditions que ces derniers jours. Nous recevons plusieurs visites. C*e8t d*abord un habitant d^Insalah, qui est venu sous un prétexte invraisemblable et dont le véritable but parait être de se rendre compte de visu de Tétat réel de lacaravane, afin d*en pouvoir rendre compte aux gens d'Insalah qui, paratt-il, ont été fort effrayés par la nouvelle qu'une grande expédition militaire dirigée contre eux étaitiMurtiede Laghouat Notre ûigaiiisatloii te rassuie eomplétemeat» et il noua

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UNS BXP1X>B&TI0N DU &ÈMÂ.RK 981

apprend le eh«f dee Tonireg Hoggiur et un gnn^BOOibre de Touareg Amer B^eomeiit en ce moment à Insala]!, oii ik Imt leur approiisionnenient annudle de dattes. Cette nou* veile est importante pour noua, car de cette fii(on rémiasaire que noua avona envoyé à Ahitaren, le chef des Hoggar, pour lui annoncer notre airivée, sera de retour dans quelques jours et nous fixëra snr les dispositions actuettéa d*Ahitareo.

Quelques Chaanba, qui campent près de la tente de notre guide, viennent aussi nous voir.

Entin, ce matin, arrive une députation d'une caravane, en route de Ghadamès à Insalah, que nos éciaireurs nous avaient signalée quelques heures auparavant Les trois voyageurs, armés jusqu'aux dents, la figure voilée, portant le pantalon bleu foncé des Touaregs, s'approchent gravement et à petits pas du camp. Trois de nos gens d'escorte se portent à leur rencontre et après les aalamaleka d^usage ils les amènent au milieu de nous. Noua apprenons quMls sont huit oif dix mar- cluinda d'Inaalali amenant de Qhadamès une trentaine de clutfgea de chameau, notamment des cotonnadeB européennes, du sucre, du calé, etc, destinées au Soudan* Si tu veux jeter un coup d*CBil. aur la carte d'ÂMque, tu verras que le triget de Tdpoli à Tombonctou par Insidah, qui comporte environ S600 kOomètres, est beancoiq» plua long que la route partant de Ouargla et ae dirigeant snr Tombouctou par Inaalah. Malgré 1* dlfiérence entre les deux itinéraires, celui de Ouargla est entièrement abandonné. La rabon en est bien simple : Nous interdisons la traite des nègres sur notre terri- toire. Les marchands d'Insalah ont eu cousétiueuce abandonné les routes de TAlgérie, ils pourraient peut-être se procurer à meilleur compte les denrées européennes à destination du Soudan, mais oU ils seraient dans Timpossibilité d'écouler leur meilleur fret de retour, les esclaves nègres fort recher- chés au Maroc et dans la Tripolitaine. A la vérité, le transport de la c marchandise qui marche » ae fiait moins rarement par

AMVdto S«ria. - UT amièa. SI

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REVUB D ALSAOB

Tombouctou, Insalah, Ghadamès, que par Tombouctou, Insa- lah, le Maroc d'une part, le Bomou, Monnoiik ou Gbadamèa et la Tripolitaine de Tautre ; mais le trafic déB eadaree étant le grand régulateur des marchés dlnsalah, de M onnook, de Qbadamfes, etc^ on comprend qn^ dédde de la direction dea courants commerdanx du Soudan. Nous apprenons aussi que les Ghaanbas de Goleah idennent de f^re une raftiia sur les Touaregs Ifoghas, auxquels ils ont tué huit hommes et Yolé une centaine de chameaux. Cette nouTelle contrarie le chef de la mission, car nous pouvons être amenés sur le territoire des Ifo^has et être rendus responsables, dans une certaine mesure, des hauts faits de nos alliés et tributaires, les Chaauba El-Madhi de Goleah.

Jusque liier nous avons ou un temps splendide pour voyager, car la température, en fronde, n'a guère dépassé 23°. Les nùits sont froides. Ainsi, le 8 janvier, le thermomètre à minima marquaif ^ 6*.2 et nos couvertures étaient à peine sufiâsantes pour nous réchauffer. Depuis le 3, le temps parait changé. Is ciel, habituellement d'un beau bleu, s'qst chargé de nuages; le vent du sud-ouest a soufflé avec force, par rafUes, et pei^ dant une demi-heure la phne a tombé. 811 pouvait tomber de Peau encore pendant quelques jours ce serait une bonne fortune pour notre caravane. Nous trouverionÎB de Teau dans les rhedirs et le pâturage de nos bétes de somme deviendrait eiceUent. Hais enfin. In Cha Allah ! comme Dieu le voudra disent les indigènes.

Ton bien dévoué,

Btnnrfflm.

V

Inzehnan, 29 janvier 1881.

Mon cher ami,

Je comptais te faire une longue lettre, mais il est trop tard. Un courrier nous a r^oint malgré la distance d^ sérieuse

Um BTPLOBATTOIt OO 8AHABA 8S8

foi nous sépare de Laj^uat (pins de 1800 kUomètres). n te emporter notre ^dernibre conrespondanee; car je crois qja» BOUS sommes bien décidément snr la rente dn Soudan. Nons campons en ce moment par 8* 90 de longitude et 30* 39'

de latitude au milieu des granits et des basaltes. Tout va bien. Tout le monde est bien portant Nous espérons revenir par l'Atlantique vers le mois de juillet ou d'août. Au revoir donc jusque là. Mes amitiés aux tiens et «ux amis.

Ton bien dévoué

Ces brillantes espérances ne devaient pas se réaliser. Dix- bnît jours içrès que ce dernier billet eut été éciit, la glorieuse ej^édition tomba victime d*nn odienz guet-apens. Elle fat surprise à quelques jonmées de marche an nord dn puits d'Asiou, autant que permettent d*en juger les renseignements recueillis, dans un pays montagneux* appartenant d^fà au bassin du Niger.

Ce foi le 1** avril seulement que le télégraphe nous apprit ce désastre arrivé six semaines auparavant Quatre indigènes de la mission Flatters étaient arrivés le 28 mars à Ouargla, mourant de faim et do fatigue, et apportant la nouvelle de l'anéantissement presque complet de la mission. D'après le récit de ces gens, la mission avait été surprise à huit journées de l'Ahir. Le colonel Flatters et tous les membres de la mis- sion avaient été tués. Le lieutenant Dianous et le sous-officier Pobéguin, accompagnés de soixante-trois indigènes, s'étaient échappés et battaient en retraite. Rejoints par les Touaregs^ Hoggar, ils en avaient accepté des dattes empoisonnées. Dia- nous et vingt-huit hommes étaient morts des suites de ce lioison. Pobéguin avait continué à battre en retraite avec trente hommes; mais cerné à quatre jours au sud de Messe-

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BdVDB D'ALSAOB

guem, il avait euvoyé leB quatre indigènes à Onaigla'inqiliHKr

du secours.

Ces funestes nouvelles furent confirmées plus tard par le riqiport officiel adressé par le califat de Ouaigla an eomman- daat fii^érieur de Laghouat et oontenaat la dépoiiftien diei quatre indig^neB qui ont apporté à Ooaiie^ la nontéile da massacre. Kous en esInjonB les parties les plus impertantee:

Après la rencontre des Tonaregs-Hoggar vree le colonel Flattent, nous march&mes arec notre guide touareg jusqu'à un endroit qu'il nous distit Mn h Indt jo«n de mMehe du pays d'Aliir.

Yen 10 heures du matiii, le colond demanda an guide veit qui cdté était l'eau; il lui Indiqva la direction du Sud-Oveit. Apièa aToir marehé quelques instanti, le guide dit an colcNul qnll S'était troaipé de route, et trouvant pour prétexte que l'endroit il3 étaient était le seul il y eût un bon pâturage, il conseilla an colonel de camper et d'envoyer chorcher l'eau aux puits qui étaient à quelques nûnates en arrière sur la route qu'ils venaient de parcourir.

Le colonel exi)riniant le désir do camper à côté m(°'me de l'eau, le guide lui répondit que ce n'était guère la peine de m fatiguer en rebrouBsant chemin; de plus, que lui étant le guide, et par conséquent commandant te marche, il voulait qu'on écoulât ses cmiMUs. Le colonel donua l'ordre do camper, puis H suivit le guide Ton les puiie; il était •ceonvagni de MIL Mam», Guiard, Béringer, Boche pt Oennery. Les chameaux furent envoyés à leur suite. Il était 11 heures du matin. Yen 1 heure de l'aprèB-midi, le nommé llénicbe, soldat au tirailleurs, arriva au camp en criant: «Aux armesl» et alla trouver M. Dianous. Tous les ingénieurs, les sokhars sont assassinés, les Touaregs ont pris tous les chameaux, aitirmait-il. Au premier abord, M. Dianous lui dit: <Tn menai» Le tirailleur lui jura que ce qu'il diiatt était Trai.

Sur le mommit artiTteent Baiha, sottar des Ben-Thenret-Amev; b«n-Bel-Kheir, soUiar des Oolad-lb^l (Oulsd-HoohjeheurX qui oonâr- mérent cette nouTéUe à Pottder. UofBoier et l'ingénieur IL flaintia, Buins d'une vingtaine d'hommes, se portèrent au SMOunducoUmel» en laissant le camp sous la garde de Tîngt hoaunes commandés psr la maréchal-des-Iogis Pobéguin.

La route qui conduisait aux puits était très accidentée. Nous n'arri- vlnes que vers 4 heures. Ce puits était au milieu d'une rivière bordée à droite et à gauche par deux grandes montagnes noires, dans lesquelles

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ma wat/mkrwti mr sAhaiia

M irovTaient trois ravins qui étaient pleins de Touaregs, an nombre de six à sept cents environ. Au premier abord l'officier voalnt pénétrer au milieu d'eux; mais, en voyant toutes ces masses, il nous dit : Replions- BOU| O a rien à fldre pour lanTer le eolonel; le mieux eit d'alltt déflndre le camp eC de tâcher de iMrrer «eux qii rettent» Kow itatn joMBt du edmiel aoniéo per Se^iir-bea-CMUi, dee OhiBbte, el edle dn d^ilaiM MeMen montée par le guide; nous n'm»erçftmee même pas les corps des membres de la mission, et nous rerhimee au camp, où, i^près nous aroir comptée, Tofflcier lironTa eoixaate-tvola hommes.

Voici ce qni s'était passé :

En arrivant auprès du puits, Cheikh-ben-Bou-DjemAa, en galopant, dit au colonel: «Mon colonel, tu es trahi; que vicns-tu faire ici? Re- viens aa eamp.> Le colonel lui répondit: «Toi, avec les Chambfta, tous m'emiiiTes depuis l'aimée dernière; ce n'eit pce vrai, laîMe-moi tran- faille.» Deux Touaregs, le gnide et 8€gliir>ben«Chei]Eh étaient avec tox; Bafgbir ienidt la Jument du eolonel par la bride, et le guide, celle du capitaine Masson. Le colonel était en train de tonrner autour du puits et d'examiner le terrain, lorsque Cheikh-ben-Bon-Djem&a cria : «Colonel tu es trahi!» Les membres de la mission se retournèrent et virent arriver de tous côtés des masses d'hommes. Le colonel les salua; mais, les voyant le sabre à la main, il courut vers sa monture. En met- tant le pied à l'étrier, le colonel reçut un coup de sabre de Seghir-ben- Gheikb; il Ma alon non pied de l'étrier eli prenant eoi revolTer, fl enreya lee tix coups à dndte et à gauche. H reçut alors un antre omp il» sabre à l'^^^nle; mais^ comme il ne tombait pas, on le flnppa d'un trdriioie coup de sabre qui lui coupa les deux jambes; puis, pour s'assurer qu'U était bien mort» les Touaregs loi donnèrent des coups de lance sur tout le corps.

M. le capitaine Masson ne put arriver à sa jument, sur laquelle était monté le guide qni s'était sauvé Tcrs les Touaregs; cerné par le nombre fl tira son reroher et se déCéndit braTcmeni H reçut un coup de sabre qui lui féndit la tête et un autre qui lui coupa les jambes, et il tomba. IL 1er docteur Chdard tira son rerolTer et se défendit énergignement; fl rsgnl un coup de sabre au eon et tomba. Le niaréehal-de»>lops Dennery mit son reroWer à la main, et en tirant sur les Touaregs il put atteindre la montagne; mais fatigué, n'ayant plus de cartouches et vaincu par le nombre, il reçut un coup do sabre à l'épaule et tomba.

Quant aux deux ingénieurs qui étaient loin du colonel et suivaient la riTière pour en faire le levé, nous ne les vîmes point mourir, mai^

m

ils doivent être morts, parce que les Touaregs qui ont assailli le colonèl tout vernis du côté ils opéraient

Qiuttre Hoggaxs o( qb soldat forait toés à oété du colono!, qoailN antm Hoggais flurent toés on défendant lonn cbamoanz; doux Hoggara et quatre soldats dn 1** régiment de tirailleorSy rix ooldalo et trois antres tirailleurs furent tuésopiée avoir épuisé leurs i— mfi»«- QniilTh ben-Bou-Djcm&a tira deux coups do fnsil sur les Touaregs et se sauva avec son méhari. Trois autres Hoggars purent rejoindre lo camp. Trois hommes do la tribu des Cliambâa et Ali-ben-Dain-Salah passèrent à l'ennemi. II parait qu'avant de quitter le camp pour accompagner le oolonel vers le puits, Seghir anui^ dit à frèm Ot à deux compagnons de ne pas déehuffer levfs djemeaa» et de enivre 1m memlirei de le misdon en le tenant snr le cAté» oe qni indignerait nn complot entn enx et lot TouregL S^ifidt cet le mui d'âne femme tovar^g et le parent de Pex-cald Ahmed. II est allé lliiver dernier à Alger, 11 accompagnait les Touaregs*Aaegheur.

L'officier, croyant que les Touaregs allaient attaquer le camp, nous donna l'ordre de faire un rempart avec les caisses en y laissant des créneaux, ce que nous fîmes immédiatement. Mais, les Touaregs n'arri- vant pas, l'offîcier dit à ses homnies : «Noos n'avons pas d'eau et pas d'entm, nona devom monrir; entant mouir-per lea belles que par le mit AUona inr Onarf^ il 7 en anra to«|jowi qni arriveront.» H cane lea ceimei^ enleva d«e proviiioni, de pondre et de raigent qu'il dia- trilnin à ioa hommes, parce qu'il n'avait paa de chameaux (c'était à peu près le 16 février).

Nous partîmes pendant la nuit, nous dirigeant vers le Nord et nous orientant au moyen de la boussole, sous la conduite du maréchal-des- logis Pobéguin. Notre marche se poursuivit ainsi jusqu'au 8 mars, sans autre incident saillant que la disette d'eau et de vivres et des alertes oanaéea par les Touaregs. Cependant le 27 février nn tirailleur avait été enlevé par lea Touarogi. Le 8 man, les Touaregs rejoignirent le détachement et oi&irent de lui vendre ce dont il aurait boioin. Ha jurèrent anr le Ooran qu^ n'evaimit pea participé à l'eieaiBinat- du colonel et se dirent de la tribn dce Ouled-H essaoud. Ils offrirent même une eaeerte de dix hMime^ pour nous conduire à Ouargla. L'officier accepta cea propoiitions ; seulement cinq hommes furent détachés pour aller prendre les vivres promis. Le paiement devait être effectué en nature en arrivant au camp. Puis la marche continua. Le 9 mars au soir, les Touaregs, étant arrivés au puits avant nous, nous empêchèrent de boire. Le lendemain ils nous offirirent des dattes, que nona m«il-

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geàmes. Mais tout le monde fat pris de Tomisseuientâ quelques instants ^Rèi. Lm Tonangs aTstont adt «bat eet dattat vna luaba véaénaaaa appelée dmKiift. Un paa plaa taid lei eM dn poiaon piodiiiairMift da Téritablaa aecèa da folia: aix aoldata aa aanjèrant; IHaiiana finit daa 0019a da fusil sur les siens; on firt oUigé da lai aalafar aon anna al Ma carttmAaa. Le 10 mars, les Ttoatiagi nous cernaient; nons lea Ttmes courir snr nooa. Deux daa boaunaa ^ aTaiaot Até charchar daa Tivres furent tués.

Le maréchal-dea-logiB Pobéguin, !o sabre d'une main, le revolver de l'antre, cria: en avant! Mais Dianous donna un ordre contraire. Arrivés à Hassi-Asseguem, nous nous battîmes contre les Touaregs qui occu- paian* la pétition. Bianont nçoA ima baUa daat la esina at wta a«tra an tain droit n tomba mort Saintin monntt daa aoitat da l'eapoiion- nenwBt da la TtDla; «n ttraiUaar raçat mna baOa aa piaina poitriaa. Bnhaa, ocdaBBanea du eaiaoal« ftà paroé da cospa da lance par la gnide traître, qui vonlait Pégoiger. Hait Mohamed-ben-Abdelkader, un des auteurs de ce récit, le tua sur le corps de Braham. Le 12 mars, le détachement découvrit une fçrottc il se barricada. Pnbéçuin s'étant décidé à accepter qu'on allât chercher des vivres à Ouargla, les quatre volontaires choisis sortirent en rampant au milieu de la nuit et tantôt ta ilitnt la long des montagnes, tantfttaa eaahant dam laa bcoaiaaillait ila pntant eiquivar laa Tonarap at aa diriger tnr Oaai^ lia ani* vèrant la 98 nuua.

L'un des deux ingénieurs dont parle la déposition comme ayant probablement péri avant le colonel pendant qu'ils étaient occupés à faire le levé des plans le long de la rivière, était l'auteur de la relation qu'on vient de lire, Gustave-Emile Béringer. Il était à Strasbourg, le 19 janvier 1840. Il avait suivi les classes du Gymnase protestant de 1851 à 1857, tou- jours l'un des premiers de sa classe. Issu d'une famille de mécaniciens, il avait de bonne heure montré un goût prononcé pour le dessin et les sciences mathématiques, et il se décidA» an lien d'achever les études littéraises qu'il avait commencéeB, à entrer dans radministration des ponts-etpChaasBées. Après avoir subi avec succès reumen de conducteur, il se rendit à Vitry-le-François et y passa quelques années. Mais Tezisteneo on peu monotone à laqneOe il se voyait condaqmé, rengagea

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8W tamm d'almm

ft chercher «a loin des horizosB plus étendue. Il entra au ser- vice de la Compagnie de Suez, et travailla plusieurs années

au canal qui devait immortaliser le nom de M. Lesseps. Revenu en France, il entra comme chef de section dans la Compagnie des chemins de fer du Midi, et demeura à Bor- deaux jusqu'en automne 1874. A cette époque, il se laissa décider par l'un de ses anciens chefs à accepter les fonctions d'ingénieur principal, chef du service topographique de la province de Pemambuco, au Brésil U ne revint en France qu'en 1877 et montra qu'il avait su mettre son temps à profit en publiant un mémoire remarquable intitulé : Becherches «NT duNot 0t la mortaUté du Séeifê* Rentré an senriee de l*Etat, U fat occupé quelque temps à la eoastructîoii du chemin de fer de Vittd dans les Vosges. Mak lorsque fimnt organisées les expéditions scientifiques destinées à étudier la pose d'un chemin de fer transsaharien, Béringer sentit se réveiller en lui cet amour des aventures et des pays lointains quVtvaient enraciné en lui dix années de séjour en Afrique et dans TAmérique du Sud. Il était trop bien qualifié pour une entreprise pareille pour voir refuser ses services, et se vit attaché à la mission du colonel Flatters, avec lequel il pénétra une première fois dans le Sud en novembre 1870. De^ difficultés imprévues, le manque d'eau, l'hostilité de cer- taines tribus, tirent rebrousser chemin h la colonne française, mais la confiance des explorateurs n'en fut pas ébranlée. Ils demandèrent à recommencer, et les Chambres françaises votèrent les crédits nécessaires à une seconde expédition. Dans lintorvaUe Béringer, qui avait fourni au ministère des travaux publics de nombreux -et importants doeaments, un avant-projet du chonin de fer sur 600 kilomètres de longueur, une carte du pays exploré, des observations météorologiques, de nouvelles et intéressantes théories sur les dunes du Sahara, fut décoré de la croix de la Légion d'honneur en récompense des services rondw, H vint en Alsace, prendre congé des siens

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XntE RPLOEATIOlf 00 8ARABA

899

et serrer à la hûte la main de ses amis (11- jeunesse, tout plein de ses projets. En le voyant si contiant dans le succès de l'en- treprise, nous ne nous doutions pas que nous ne devions plus lereToiretqu'iltomberaitvictimedufanatisme ou de la cupidité dans ces contrées déshéritées qu^il voulait contribuer à ouvrir à la civilisation. Le gonyemtment français se propose dliono- rer la mémoire d6 oes lumunes courageux qui ont sacrifié leur vie dans une euteeprise parieuse en leur élevant un monu- ment à Ouargla, à rentrée du grand désert Quant à noua tous qui avons connu Béringer de plus près, qui avons pu apprécier les qualités de son cœur, son dévouement à toute épreuve pour ses amis, sa sollicitude pour les siens poussée jusqu'à l'abnégation, nous regretterons toujours cet ami pré- maturément enlevé à notre aflFection et nous garderons pieusement le souvenir de cet homme de cœur, dont la vie tout entière a été consacrée au travail et au devoir.

Charlbs Ehqil.

COUP D'ŒIL

BUB LSB

ANCIENS ÉTABLISSEMENTS RELIGIEUX

DE LA VILLE DE METZ'

Cathédrale

L'église cathédrale ne fut» pendant les premiers aièclea, qtt*im oratoire dédié à saint Etienne. En 754, Godegraad y ' substitua une basilique assez vaste, à laquelle il adjoignit un cloître et des dortoirs pour ses chanoines quil soumit à la règle de Saint-Benoît Ils restèrent en communauté jusqu'au XI* siècle.

En 1777, le chapitre fut annobli par des lettres-patentes du roi. Les clianoines étaient alors au nombre de trente-huit. Ils furent autorisés à porter une croix d'or à huit pans et qui avait pour légende d'un côté: Eeliffionis decus, vtrtutù prae- mium; de l'autre: ex mun^centia régis.

Par un décret du 11 novembre 1802, le cJiapitre a été recon- stitué, pour dix chanoines seulement, les deux grands-vicaires compris.

Les fondements de la cathédrale actuelle furent jetés en 1014, par Tévfique Thierry. Ce vaste édifice, dont la construc- tion élégante, délicate et hardie, sera totqours un siqet

> D'iVtès l'JBMv JHWf de M. Bs Yifnu.

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LIS ANOBlfS TABLWBMflPrrS BlUOlICZ M Mm 881

d'étonnemcnt et d'admiration, resta imparfait jusqu'en 1323, qu'il fut repris par Ademar de Monthil. Cet évêque continua la nef jusqu'à Notre-Damc-do-la-Ronde.

En 1486, Jacques de Linange, vicaire général du diocèse, entreprit de construire la chapelle collatérale de Notre-Dame- de-larTierce. En 1497, on abattit Tune des tours, dont Charle- magne avait fait orner cette basilique. £lle avait eu près de cinq siècles et demi d*ensteiice

En 1503, le clu^pitre et Henry de LomiBe jetèrent les fon- dements des deux dernières travées de la nei;. ainsi que du ebœiir et de la seconde c]ii4>èlle collatéral dont rensenible forme nne magnifique croix latine. Ce grand ouvrage ne se termina qu*en 1619 ^

Les vitres du ehcBor, en verres peints, fiirent posées en 1521, 1523 et 1526, par Antoine Bousch, vitrier, originaire de Strasbourg. On est encore frappé de la beauté des dessins et de la vivacité des couleurs ([ue trois siècles n'ont pu altérer *.

Enfin, ce beau monument ne fut entièrement achevé qu'en 1546, et il fut béni le 24 mai de la même année.

Pour donner une idée de la légèreté de cet édifice, il suffira do dire que les vitres, dont il est percé, ont 4071 mètres carrés on 36,700 pieds carrés.

La cathédrale est longue de 373 pieds.

La largeur de la nef est de 48 pieds 2 ponces | çpomm

Celle des collatéraux de 44 > i > I

La hauteur de la nef sons voûte est de 133.

* Sv une taUe de mirinra^ placée tn haat de la toor qil a iM^laaé eelle-ei, «m eooaarve «noore la tète d*iiiM ataim de Cbedemagne.

En 1604, Henry de Lorraine oflUf, par un mandeMent, la rémission de tons péchés, même de rapinee, navres, etc., à eenx qui contdbne- raient à l'édification du chœnr de la cathédrale.

Lorsqu'on perça la rue des Jardins, en 1755, on découvrit, à 30 pieds au-dessous du magasin de Chévremont, les débris de ses fours et de ses verres.

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8n umn D'AUâcni

Celle des collatéraux, 41 pieds.

Les deux grandes chapelles collatérales du chœur ont cha- cune 50 pieds de longueur sur iS de largeur.

La flèche qui est sculptée et percée à jour, est haute de 873 pieds. Elle appartient à la ville qui la fit construire en 1497. La tour, sur laquelle elle repose, fut bâtie en 1361. Elle renferme une cloche qu*on i^pdle « Muette» et que la ville fit fondre plusieurs fois, en 1881, en 1437, en 1442, en 1447, en 1479 et enfin en 1606. Elle pèse 26 ndUiers \

La catliédrale a sauvé de la destruction deux growes doehee, t Oatherîne > et c Marie ». Cette dernière, fondue en 1488, pèse 16 miniers. En 1754, M. le maréchal de BeUeisle fit altattre les chapelles, les églises et le clottre qui environnaient la cathédrale, et sur remplacement de ces vieux édifices, on établit la place d*ATmeB et l*on ouvrit des communications avecla place de Chambre, avec la rue des Jardins, du Haut> Poirrier et du Four du Cloître.

En 1764, le chapitre de la cathédrale fit construire le portail actuel de la cathédrale, à cause du rétablissement de la santé de Louis XV dans cette ville. Le roi voulut y contribuer, et l'une des inscriptions, dont ce portail est décoré, en fait men- tion dans CCS termes : In hoc temjilo Ludouici X V in extremU posUi salutem, clenu etpopuku maximo animi ardore txpw- iMbaià» Deo favente revixit Ludomcus. In tanti henejim mmorkm fortmem œdificari decreviê ecgpMim Meteme.

' Sou le gonTememeiii de la cité on ne emuiait «MuUe» qpe tnh ioÊÊ Fta peer dive la» dvoiti de l'enpeceiir,poBréiiie1eBiattn<édwviB et les treiie. Hors ces tooit cai, loTMpiPon la Mmail^totts les benifeeit deraient prendre les armée. O'eit eeu doute pour cette raison que Tempercur, étant à Metz en 1475, ne pnt obtenir de la fidie somuiv parce qu'on craignait de mettre la ville en rumeur.

Depuis la réunion de Metz à la France jusqu'en 17î>0, on tintait «Mntte» tons les soin à 6 heures, pour souhaiter le bonsoir au roi et à la ftmille lejale.

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LES ANCI&NS ÉTABLI&a£MibNTS B£LiaiElX DE METZ 333

Augeri et cmari nmpHbm suis rex îpse voluit, est grati aràm erga deum perenne monumentum siet apud posteras. Le chœur de la cathédrale, tel qu'il est aiyourdliui, a été construit en 1810.

Collégiales

8amt'Fienrd-auo>Image8 ou h Mqjmir

Cette église était la plus ancienne de la cité ; elle fut bâtie par saint Goëric, au commencement du vii' siècle, et détruite en 1755 pour agrandir la place d'Armes. Les sLx chanoines, attachés à cette église, ont conservé leurs prébendes jusqu'en 1790.

Saint-Sauveur

Cette église collégiale, composée de douze chanoines, avait été fondée par Téséque Adalbéron en 1070, sur les ruines d'une église bâtie en 880, par l evêque Wala. La hauteur de ses voûtes et leur extrême solidité tirent craindre au gouver- neur que les habitants n'y missent de Tartillerie pour battre

la citadelle, et il en ordonna la destruction au mois de février

156Ô. Les chanoines se retirèrent alors dans l'église de Saint- Jacques qui était contigué à leur cloître; mais elle fut aussi supprimée en 1674 pour agrandir la place du mfime nom. Depuis ce temps le diapitre de Saint-SauYeur fit Toffiee dans une èhifeUe du cloître. Cette chapelle a été convertie en maison dans Tannée 1802.

}icitr9'J)ame-d&4a'Bonie

On ignore la date de la fondation de cette collégiale. On

sait seulement qu'en 1113 elle fut rétablie par Tévôque Etienne de Bar, qui rebâtit l'église dont le chœur subsiste encore aujourd'hui. Les six chanoines qui composaient ce chapitre, furent supprimés en 1735 et leurs biens dévolus au séminaire.

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tanvm D'ALBAflB

8amt-ThWHXult

En 1159, de pieux ecclésiastiques se réunirent .pour mener la vie commune suiTant la règle des chanoines approuTée à

Aix-la-Chapelle en 814 ; ils choisirent un lieu appartenant à l'abbaye de Sainte-Glossinde, au faubourg de Saint-Thiébaut, dont leur congrégation prit le nom.

Ce faubourg ayant été détruit dans le siège de 1444, par Charles VII et par René d'Anjou, la collétrlale fut transférée dans une partie du couvent des Mugdelaiucs, en vertu d'une cession du 15 juin 1152, contirmée le 29 juillet suivant, par le pape Nicolas V. Le 14 mars 1453, le pape accorda des indul- gences à tous ceux qui contribueraient au rétablissement de cette collégiale.

Un siècle après, dans le siège de 1552, eUe fut encore une fois culbutée pour construire des retranchements. Alors les chanoines se réfùgièrent sur la place SaintplCartin et obtinrent la permission de faire Poffice dans PégUse de ce nom, en don- nant une prébende au curé de la paroisse. En 1620^ ils bâtirent une ^lise qui est ai^jourdlitti conrertie en manège, derrière l'hôpital Saint^Kicolas.

L*éIection du prévôt de Saint-Thiébaut a été longtemps soumise à la ratîiication de Tabbesse de Sainte-Glossinde, qui lui donnait linvestiture et exerçait une sorte de juridiction sur son chapitre. Cette singulière prérogative avait été con- hrmée par une bulle du pape Victor IV, en li;JG.

Tous les ans It- cluiiitre, assisté du plus jeune des chanoines, allait le jour de Saiiite-Glossinde, présenter à la dame sacris- taino de Tabbaye, une maille 4'or et une fleur. U recevait 18 sous en échange.

Ce chapitre était composé de huit chanoines.

Sainte-Itainettê En 1854, Bandoche, grand-aumônier de la cathédrale, acheta remplacement situé entre les rues des dores et Nexime, oh

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LK8 AHŒNS tTABLIBBBMXMTS BELIOISUX DS MRS 886

86 fiûsaient les exécutions. Là, il fonda la coUégiale de Sainte- Rainette et y institua treize prébendes pour des jeunes et pauvres clercs; elles subsistèrent jusqu^en 1790. Leur chapelle Alt démolie en 1797, pour y construire une maison.

Abbayes d'hommes

Cette abbaye fut fondée vers le milieu du iv* siècle, par saint Patient. Elle était située au Chanip-à-Panne, est maintenant le fort appelé la Lunette. Consacrée d'abord aux saints apôtres et particulièrement à saint Jean, elle prit le nom de Saint-Arnault lorsqu'en 042 saint Goëric y lit la translation du corps de ce saint prélat qui fut, comme on le sait, la tige de la maison de Charlemagne.

L*église de Saint-Arnault, ornée de colonnes de marbre et de granit, était la plus belle et la plus riclie basilique des Gaules. Ruinée par Attfla en 451, elle fut relevée Yers le milieu du nr siècle par révéque Drogon, fils de Qîarlemagne.

Ghilpéric Pépin, Charlemagne, Louis-le-Débonnaire et les empereurs d'Allemagne enricbirent cette abbaye d\me foule de donations. EUe était desservie par des chanoines, dont Populence corrompit bientôt les mœurs; Drogon entreprit de les réformer, mais la maison claustrale que cet illustre prélat avait commencée, ne lut achevée que par Adalbéron 1", qui y introduisit des religieux de l'ordre de Saint-Benoît, en 941.

Ce célèbre monastère durait depuis plus do six siècles, lors- qu'au mois de septembre 1552, le duc de Guise le lit raser de fond en comble à rapproche de larmée de Charles-Quint 11 fut transféré dans le couvent des Frères-Prêcheurs, oUest ai^ourd'hui l'école du génie et de l'artillerie \

* En verta d'un décret da 4 i»etobre t90St, eette t'établit à Saini-AiiiwiH le 81 janvier ISOB.

886

BBvrnc d'alsacb

L^église de Saint-Arnault contenait les reliques de plusieurs saints, ainsi que ke dépouilles d'un grand nombre de princes et de rois.

En agrandissant le chœur de cette église, en 1289, on décou- vrit vingts sépulcres qui renfarmaient des sceptres, des couronnes et des aiineaax. On conjectura qne c'étaient les tombeaux des rois d'Aostrasie; ils furent tous rassemblés sous un même mausolée avec une ^ifti^lie commune qui commençait ainsi:

Intm erantmuUi comités regesque sepuUi.

On voyait aussi à Saint-Arnault les tombeaux de Timpéra- trice Hildegardc, femme de Charlemagne, morte à Thionviile; Louis-le-Débonnaire, leur fils; de Drogon, fràre de Louis; d*Adelphe et de Hildegarde, filles aussi de Gharlemagne; de BoOialde et d'Adelphe, filles de Pépin.

Enfin, une inscription sur les murs rapportait qn*en ce même lieu avaient été inhumés deux Othons et le roi Zuentibole.

Les épitaphes de ces illustres personnages ont été recueillies dans l'histoire des évéques de Mets

Leurs précieux restes furent transportés par les soins du duc de Guise dans l'église actuelle de Saint-Arnault, Henri II les fit réunir sous un mausolée de marbre blanc. Ce mausolée fut vendu en 1794 *. La châsse d'argent était déposé le corps de saint Arnault fut portée à la Monnaie.

' Si l'on en croit l'épitaphe d'Uildegarde, qui contient trente-deux Ten, elle était la plus belle et la plus accomplie de son siècle.

Tu Mitia, tojpimtÊf aolnv, juetmda fuisH, . * Un marbrier de .cette rlUe, qui ayait acheté ce monument, le tînt caché pendant cinq ans dans son atelier; il offrit, en 1799, au ministre de l'intérieur de le lui rendre. Ne reQeyaatpas de xéposte à aee lettres, il en fit des deyantures de cheminées.

LES ANGIBM6 ÉTABLISSBMBMTS BEUGIEUX DE Mm 337

Ainsi, après avoir été pendant plos de doue siècles Fobjet de la vénération des peuples, les d^nilles des saints, des rois et des princes, fùrent dispersées et perdues pour jamaÎB.

On conservait, dans Tabbaye de Saln^Amanlt, les annales de Mets qui ont beaucoup servi à éclairdr l'histoire des deux premières races de nos rois. Elles forent prêtées an père Sirmon, jésuite, qui ne les rendit jamais.

StM-Oèment

Des moines de Tordre de Saint Benoit vinrent s'établir, au commencenient du septième siècle, dans le Sablon, près de l'oratoire saint Clément et ses premiers successeurs avaient choisi leur sépulture. Cette abbaye porta le nom de Saint- FélLx que saint Glément lui-même avait donné a Tune de ses églises.

En 1090, Tévêque Hérimann ayant fait la translation du corps de saint Clément dans Téglise de Saint-Félix, elle prit dès lors le nom de ce premier pasteur dont elle possédait les reliques.

Ce monastère fiit détndt dans le siège de 1562. Transféré dans le couvent des Pucelles, auprès des hautes grilks, il en fut encore délogé Izois ans a]^ pour augmenter les lortiicar tiens de la place.'

Les religieux achetèrent alors Tanbeige de la Licome, dans la rue du Pontifiroy. Us y bâtirent, en 1668, la maison qui subsiste encore aujourd'hui et qui ne fut achevée qu'en 1705. L'église fut commencée en 1680, reprise en 1715, en 1735 et finie en 1737 ; le portail en 1740 est terminé en 1759.

Cette belle abbaye fut occupée par l'entreprise des lits militaires, puis par les jésuites.

SaiM-^lymphorimt

Fondée vers Tan 612 par saint Papal, sous l'invocation des saints innocents, cette abbaye était située sur le chemin qui

NoQtvlto SéiM. UT aanéB* 88

à38 navoB d'albacb

conduit de la dtadeUe à Montigiiy ; elle était tombée en déca- dence loT8qu*Adalbéron II la relera et lui inqMwa le nom de Saint-Symphorien, dont il y avait apporté lee reliqnes en d92.

En 1444, le monastère fut rasé dans le siège que la ville soutint contre Charles YII et Bené d'Anjou. Les religieux se retirèrent alors dans une grande maison, appelée la cour de Morimont, au-dessous de l esplanade actuelle; ils furent obligés d'eu sortir en 1562, parce que cette maison fut enveloppée dans les fortifications de la citadelle.

Entin, ils se choisirent une troisième demeure en achetant vis-à-vis de la paroisse Saint-Martin les deux hôtels de Bau- doche et de Gournay

En 1717, ils construisirent la belle (^<;lise qui fiit démolie en 181 1 pour agrandir la maison de détention.

Enfin, en 1768, ils furent transférés au coU^e, dans la rue de la Vieille-Intendance, pour se charger de l'enseignement, et leur couvent devint une maison de répression, sous le nom dli6pital de la Magdekûne.

SoMt'Vinceint

Cette abbaye fût, en 968, établie hors des murs de la ville» dans une lie de la Moselle alors inhabitée. Elle est la seule qui n'ait pas été déplacée. Thierry I", qui en est le fondateur, la dota de ses biens et y déposa une foule de reliques.

On commença de construire l'église actuelle eu 1248; elle n'a été consacrée qu'en 1376. Les deux dernières travées et le portail ne datent que de 1754 à 1756. Elle est aujourd'hui église paroissiale.

En 17G8, la mense abbatiale a été convertie eu dépôt de mendicité; elle a été réduite en cendres en 1811.

' La rue des PriBons-militaires n'existait pas encore, non plus que MB prolongement jusqu'à Téglise de SainVMartin, en lorte que mense abbatial^ qui est en face de cette ^11^ fidfi^ eoips avec le monastère. '

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LES ANCIENS ÉTAfiLI&6EUEMTS RSUaiEUX OE METZ 339

En 1804, on a établi dans la maison conventaelle un lycée, qtâ devint CoUége royal

Fontiffroy

En 1390, de pienz. habitants de Metz avaient institué un monastère de Tordre de Citeanz, et qui fut appelé Abbaye de Notre-Dame-du-Pontiffiroy, parce qu'elle était située auprès du pont qui, aujourdliui, porte eneoi^ ee nom.

En 1565, ce couvent fut détruit i)our auîïinenter les fortifi- cations de la place. Charles IX le traiii^ft'i a dans une maison voisine de la paroisse Saint-Georges, rue de Chambière, et qui appartenait à Tabbaye de Justement.

En 1741, Tabbaye de Pontiffroy fut supprimée par le roi, qui en céda les biens aux chanoinesses du petit Clairvaux, cession que le pape couiim& par des bulles du mois d'octobre de la même année.

SaitU-Eloi

L'abbaye de Saint-Eloi se forma au commencement du XT siècle dans le lieu appelé la Grange-aux-Damee; incom- modée .par les débordements de la Moselle^ elle se transporta, dans le siècle suivant, à Buris au Tbury, dont elle prit le nom. Elle porta ensuite celui de Sainte-Groiz. Elle était de Tordre dés Prémontrés. Détruite dans le siège de 1S52, par le duc de Guise, qui craignait que Tennemi ne s*y logeât, elle fut transférée dans l'hospice SaintrEloi, est maintenant la bibliothèque. Ses deux derniers abbés s*étant rendus odieux, Tun par son attachement aux Impériaux, Tautre par le scan- dale de ses mœurs, Henry IV supprima cette abbaye en 1595, et il eu affecta les biens à rétablissemeut d'un collège.

Notre-Dame-deê'C^Himps

En 1112, les bénédictins de Chézy-^ur-Marne, vinrent insti- tuer auprès de la porte de Saiut-ïliiébaut, le prieuré de Notre-

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840

UVUB D'ALBâOR

Daine-des-Champs, rinuige de la Vierge était en ji;rande vénération. Le pape Adrien IV lui donna de grands privilèges.

Cette maison périt dans le siège de 1444; mais elle fut restaurée par les Antonistos de Pout-à-Mousson, qui en recouvrèrent les biens. De noufean rasée au siège de 1&52, elle ne se releva plus.

Abbayes de iémmes

éiainte-Glosaiïide

Fille du due Vlntrion, l*un des prine^auz selgneuis de la Cour d'Austrade, Glosslnde avait été fiancée à Oliolénus qui, arrêté par ordre du roi, fut décapité. Ce tragique événement et Tassassinat de Vintron, commandé par fironehant, déter- minèrent Glossinde à se jeter dans un clottre.

En 604, elle fonda, sur un terrain qui appartenait à sa famille, auprès de la porte de Scarpone, un monastère sous rinvocation de Saint-Siilpice et de Tordre de Saint-Benoît. Elle y eut bientôt rassemblé cent dames. Morte à Tâge de HO ans, dans une réputation de sainteté, elle donna son nom au monastère qui dès lors s'appela Altbaye de Sainte-Glossinde, dont les cbanoinesses furent toujours de noble condition.

L'autorité des évôques et du souverain, s'interposèrent souvent pour réprimer les désordres et les mauvaises mœurs qui s'étaient introduites dans cette abbaye. Elle fut cloîtrée en 1680 par M. de la Feuillade.

Les bâtiments de cette abbaye, et surtout Téglise, avaient été fort endommagés en 1670, lorsqu*on y fit de ce cOté des fortifications qui fiirent rasées en 1736. Le roi en abandonna remplacement aux dames de Sainte-Olossinde qui, dès 1739, rebâtirent presqu*en entier sur pQotiB leur monastère, ainsi que les maisons qui font ikce au rempart de Saint-Tbiébaut.

L'église actuelle a été commencée en 1742 et tennlnée en 1757.

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UI8 AMCBMS ÉTABU88BIII1IT8 BILIOIEUX DB METZ 841

En ereusaat les cayeanx de cette ^^e, pu trouva, à vingt pieds de prefondeor, les vestiges d*an ehitean de constniction romaine.

En 180S, on y construisit un petit séminaire dans la partie qui regarde le rempart, et ron prolongea, jusque sur les anciens fossés de la citadelle, les jardins de Tévôché qui forent consi- dérablement embellis.

En 1616, on a rebâti la façade qui regarde ces nouveaux jardins pour y faire le logement de M. l'évêque.

La fondation de cette abbaye est attribuée à Eleuthère^ maire du palais sous Théodebert, roi d'Austrasie, vers la fin du vr siède. Sainte Waldrade, sa sœur, donna en 596, tous ses biens k ce monastère, dont elle M créée abbesse en 612. Les bfttiments forent construits pour recevoir trois cents reli- gieuses, auxquelles l'empereur Otbon î** fit suivre, en 960, la règle de saint Benoît. En !)77, Othon XI confirma cette abbaye par une charte datée de Tliiouville, et lui ht rendre ses biens usurpés par les laïcs.

Cette abbaye était située dans reniplaccnu nt actuel de la citad(>lle. L'église sert encore de forge aujourd'hui. On l'appe- lait le Grand-Moustier ou Saint-Pierre-aux-nonains.

L'Evéque Adalbéron II y fit transporter, de Spolette, le coips de sainte Sérenne, qu'on exposait pour avoir du beau temps, de même que celui de sainte Waldrade ou Waldrée, pour obtenir la pluie.

En 1562, cette abbaye foi translïérée dans la Maladrerie de Saint- Antoine, dont les bfttiments occupaient un grand espace entre le quai Saint-Ferroy et le terrain oii Ton a ouvert depuis la rue des Jardins. CTest de 1& que le quai de la Moselle a pris le nom de Saint-Pierre.

Saitite-Marie

En 981, Adalbéron II fit construire Tabbaye de Sainte»

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*

Marie près de celle de Saint-Pierre pour lui servir de succur- sale, parce que le nom])re de dames y était devenu trop considérable. Les bâtiments en subsistent encore et sont occupés par le général du génie.

En 1562, cette abbaye fut transportée sur la place de Chambre, dans une maison des chevaliers de Malte, appelée le petit Saint-Jean et bâtie sur les ruines d'un château de construction romaine. Dès lors le quai prit le non) de quai Sainte-Mario.

En 1760, Louis XV réunit les deux abbayes et les transforma en chapitre noble et séculier, sous TiiiTOcation de Saint-Louis. Ce changement fut agréé par le pi^e par des bulles du mins d'octobre de la mtoe année. H ne s'opéra néanmoins qu'en 1762. Madame la comtesse de Cfaoisenl, qui en avait été nom- mée abbesse, est morte à Mets en 1816.

Après le traité de Campo-Formio, la rue de la Paix a été ouverte en 1797, au travers du bfttiment de cette abbaye.

Nota. Depuis le xir siècle, il existait une confraternité de prières entre les trois chapitres de chanoines, les quatre couvents de bénédictins et les trois abbayes de religieuses. Elles assistaient aux processions générales, aux Te Deum, aux fêtes solennelles. Dans plusieurs occasions, ces dames allaient chanter Tofiice à la cathédrale et réciproquement Cette con- firatmiité a été supprimée par un arrêt du Conseil d*Etat en 1769.

Clairvaux

Saint Bernard, étant à Metz en 1133, substitua à des moines

*

dont la conduite Tavait scandalisé, des religieuses de son ordre, dont le chapitre prit le nom de Petit-Clairvaux. Ces dames n'étant pas dottrées, menèrent une vie trop dissipée et contractèrent des dettes.

Pour rétablhr leurs alEures, le roi leur donna, en 1740, les biens de l'abbaye de Pontiffiroy ; mais le désordre n'ayant fsit

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qu'au^iiHUiter, il prononça la suppression de l'abbaye par des lettres -patentes du 23 juin 1755, et per un brevet du 24 décembre 1756, il en donna les biens À l'hôpital de Saint- Nicolas pour établir une maison de force sous le nom d'Hôpital- de-la-Magdelaine. Le pape y consentit par une bulle du mois de septembre 1767.

L'église de Caairvanx était située me Cbiq^ellerae, k côté du magasin de la ville.

Ordre de chevalerie

Les Templiers, ou les pauvres chevaliers du temple, s^intro- duisirent à Mets en 1133. Ds n'eurent d'abord qu'une humble chapelle que leur, donna Tabbesse de Sainte-Qlossinde; mais bientôt enrichis, ils rabandonnèrent aux Augustins, pour aller s'établir dans le beau quartier qu'occupe aigourd'hui la citadelle.

Après leur suppression, qu'on croit n'avoir eu lieu ici qu'en

1319, lorsqu'elle fut prononcée par le ('oncile de Mayence, les

chevaliers de Tordre <lo Malte se partagèrent leurs biens:

les premiers institués au siège d Aix on 111)1, pour soigner les

malades, avaient, dans la rue des Allemands, une Conuiianderic

qui fut connue sous le nom de Frères-de-Sainte-Marie-des-

Allemands et de Sainte-Elisabeth. On conservait dans l'arche

(archives) de Saint-Eucaire des titres de cette Commanderîe datés de 1245 à 1281, et dans celle de Saint-Gangoul^ d'autres chartes qui s'étendaient jusqu'en 1368. Mais on ignore abso- lument l'époque de son établissement et de sa suppression.

Quant aux chevaliers de Malte, on sait seulement qulis existaient .d^ à Meta en 1194 ; ils occupaient sur la place de Chambre le vieux chftteau des Bomains, appelé le Petit-Saint» Jean. ils menaient la vie commune en 1323. Us y étaMirent aussi la Chambre ou la Commanderie de la province, d'où la place, qui était au devant du château, a pris le nom de place de Quunbre, qu'elle porte encore.

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Hk ' nvCT d'albaoi

Les bâtiments de leur Commaiiderie ayaut été donnés en 1561 à l'abbaye Sainte-Marie par Charles IX, elle fut trans- férée, en 1565, dans la maison du sieur Molinet, sur les Murs, eU elle subsista jusqu'en 1792, sous le nom d'hôtel de Malte.

On y avait réuni la chapelle de Saint-Genêt, fondée en Juifrue dans le xiv* siècle par les Ménétriers, et le comman- deur était obligé d'y Cure une meaae le jeudi de chaque semaine.

Monastères d'hommes 2Vtnftetrw

Les chanoines réguliers de l'ordre de la Trinité, institués pour la rédemption des captifs, s'établirent à Metz, en 1198, hors de la porte Mazelle. Incommodés par les dé])ordeinents de la Seille, ils achetèrent en 12«jG, à l'entrée de la rue des Clercs, une maison qu'ils furent obligés de céder aux sœurs eollettes en 1552, et que Charles de Guise, cardinal de Lot- raine, leur donna l'hôtel de l'abbaye de Gt)rze, appelée la Gour- d'Qrme ou la Cour dorée. L'église, bfttie en 1264, fut recon- struite en 1720. Depuis 1804 elle est affectée an culte protestant

Oraiids-Carmes

Les Grands-Carmes furent envoyés à Metz, par saint Louis, en 1254. Ils habitèrent d'abord la Basse-Saulneric; mais en 1375 ils jetèrent les fondements de la belle église qui subsiste encore aigoardW et qui ne fut adioTée qu*en 1415, par les aumftnes et les libéralités des fidèles. * Bobert, comte de Bar, qui fat deux ans prisonniers à Mets, contribua de 1000 Ut. messins à cette construction. La maison conventuelle fat détruite en 1652 lonqu*on fit le retranchement qui prit le

' On est près de la démolir, parce que longtemps abandonnée, elle menace mine.

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un AMoïKNB ÉTABUBSBinnrrB BBLiottfnc ME mrz

* 846

nom du duc de Guise ; ollf fut transportée à côté do F^iise, sur remplacement qu'elle occupe encore aujourd'hui.

Les bâtiments sont depuis 1793 réunis à Tarsenal de Tartil- lerie.

En 1806, les belles pyramides d'architecture mauresque, qui déeoraient les trois autels de TégUse, furent enlerées fiirtiTement et transférées au Musée des antiques à Paris.

AugusHna

En 1260 vinrent à Metz des ermites de Saint-Augustin. Les Templiers leur cédèrent la chapelle qu'ils tenaient de l'abbesse de Sainte-Glossinde. Le maréchal de Belleisle fit démolir en 1789 leur couvent pour construire la nouvelle porte de 8aint- Thiébaut et la place qui la jjrécède. L'église avait été conservée et son portail était orné de colonnes de granit, rentes de nos anciens monuments. Elle a été détruite en 17U<J, et en 1807 les colonnes ont été transportées dans les jardins de la Mal- maison.

Dominicains

Les frères prêcheurs, autrement appelés Dominicains, du nom de leur fondateur, ou Jacobin, parce que leur premier établissement, à Paris, se fit dans la rue de Saint-Jacques, Airent institués à Mets, en 1221, par TéYêque Conrad. Beinier Tignane, ancien mattre-échoTin, fit bâtir leur église, dont Conrad posa la première pierre en 1222. Elle ne iut achevée qu'en 1286 et consacrée par le légat du pape qui présidait au Synode dans cette ville. Saint Dominique vint la visiter dans le voyage qu'U fit en France.

En 1552, les frères prêcheurs furent obligés de céder leur couvent à l'abbaye de Saint-Arnault. Ce ne fut qu'en 1060, qu'ils parvinrent à se réunir dans une nouvelle maisou qu'ils achetèrent vis-à-vis do leur ancienne église.

Il est sorti de ce couvent plusieurs inquisiteurs de la foi,

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846 WMWE n'èlMàlOÊ

des personnages célèbres dans l'éloquence de la chaire, d'lial)iles controvcrsites et <im(\ cvêques. 11 a coastamment entretenu une chaire de théologie.

Cùrddieri

L*ordre des pères de Saint-François s'introduisit à Mets en 1216, dans la maison d'Adèle de Belgrée, qui leur en fit dona- tion. Le couvent fut achevé en 1236 et relise en 1376. Démolie en 1804, elle a subsisté quatre cent vinglrhuit ans.

En 1602, les Cordeliers forent remplacés par des Récollets, changement que Henry IV approuva par dos lettres-patentes du 13 juillet 1603.

Eli 1374, Bertrand-le-IIougre, citoyen distini^ué de Metz, éUiblit les Célestins auprès d'une chapelle qu'il avait consacrée à la Vierge, dans un vaste enclos appelé le Grand-Ciinetièrc. L(;ur église fut bientôt bâtie aux frais du fondateur, et Tévêquc la consacra en 1H7G; mais la maison claustrale ne fut achevée qu'en 1402. 11 on est sorti plusieurs grands personnages.

Ruinés par la construction de leurs nombreux bfttiments, sur les rues d'Asfeldt et de Cambout, ces religieux qui sui- vaient la règle de saint Benoit, furent supprimés en 1774. Leur monastère lut transformé en magasin des effets militaires, et en 1811, il devint un arsenal pour le génie, les-sapeurs et les mineurs.

Cordekeri'OhtervMïtim

En 1425, Jean-Georges Bandes, habitant de Mets, fonda, dans le quartier du Grand-Meisse, est ai^jourdlini Tarsenal, un couvent pour les Cordeliers derEtroite-Ob8ervanee;on les appela Frères Baudes dn nom de leur fondateur. Leur monastère fot renversé dans le siège de 1552. Ils se retirèrent dans la Maladrerie de Saint-Ântoine, sur le quai Saint-Pierre;

LKs ANCIENS ÉTABLISSEMENTS RELIGIEUX DE METZ 847

mais ayant conspiré pour livrer la ville aux Autrichiens, les uns furent pendus et les autres bannis.

Minimes

Le eardinal de Guise envoya dans cette ville, en 1602, des Minimes ou frères ermites du frère François de Paule. Us furent eonfinnés par des lettres^tentes de Henry IV, en 1604. Le cardinal leur donna une maison près de la citadelle; mais ils Tédiangèrent, en 1604, contre rhôtel de Charles du liarteau, dans la me des Allemands.

Leur église fut consacrée en 1640 et détruite en 1811. Six maisons sont a^jourdliqi bfttiea sur remplacement qu^elle occupait

Jênûtei

Pendant son séjour h Metz, en 1003, Henry IV avait permis le retour des Jésuites en France, et en 1G05, il les avait substitués aux Séculiers qui tenaient le collège de Metz dans la maison de Saint-Eloi (bibliothèque); mais, contrariés par les fortes oppositions de la ville, les Jésuites n'obtinrent l'en- seignement qu'en 1622, par des lettres-patentes de Louis XIIL Ils vendirent, en 1634, la maison de Saint-£loi aux Petits- Carmes pour 11,600 liv. et achetèrent la maison des Antonistes, ils ne restèrent pas longtemps. En 1649, ils la cédèrent aux Ursulines.

Enfin, par des lettres-patentes du 3 février 1642, le roi leur donna, dans la rue de la Crête, le vieux temple des protes- tants et ils y construisirent un colléfiie.

Le Parlement posa en 1665 la première pierre de leur église, aujourd'hui la paroisse de FAssoiiiption. La construc- tion en fut bientôt interrompue, faute de fonds ; elle fut reprise en 167(3, enfin en 1735 et terminée en 1739. On se rappelle que c'est dans cette église que Louis XV reçut le titre de Bicn-aimé.

Les Jésuites furent supprimés en 1762,

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818 BIVOB D'ALtàOI

Anknitte$

Les chanoines réguliers de Tordre de Saint-Ântoine, établis à Pontrà-Mousson, avaient acheté les bieos du prieuré de Notre-Dame-des-Champs, abandonné depuis le siège de 1444, ils avaient restauré cette maison dont ils s'étaient fait une succursale ; mais les religieux qui l'habitaient en ayant été expulsés dans le siège de 1552, ils se retirèrent ù la Maladrerie de Saint- Antoine, qu'il leur fallut céder aux dames de Saint- Pierre en 1562. Ils se logèrent alors sur la place Cocotte ; mais en 1670, ils achetèrent des Ursulines la maison au tra- vers de laquelle on a pratiqué, en 1809, la nouvelle rue qui porte leur nom.

Les Antoniates ftirent supprimés en 1778, et leurs biens réunis à ceux de Tordre de Malte.

m

Capudm

Antoine Fourrier, évdque suftragant de Metz, avait acheté un lieu appelé la Joyeuse-Gaide, * pour y placer les Jésuites ; mais les habitants les ayant repoussé, alors le suffiragant mit, en 1602, dans cette maison, des Capucins dont Henry IV avait confirmé rétablissement à MetE,par une lettre du 18 décembre 1600, il dit: « Comme chascun sçait et cognoist laustérité de vie et la dévotion singulière des Capucins. ... je veuk 1 croire questant établis à Mets. . . . leur demeure y fera un « grand fruict à ravanceraent de l'honneur et gloire de Dieu ».

Le nombre des religieux s'accrut si rapidement en peu d'années, dans cette maison, qu'elle fut regardée comme la première de Tordre. Ils se recommandèrent par une austère piété et plusieurs d'entre eux furent canonisés.

£n 1694, ils furent visités par leur général, dom Bernardin

' En 1 198, cette maison avait viO vendue au sir Robert de la Morck, seigneur de Sedan et de Florangos, par Pierre Cappard, marchand à Metz, moyennant 1000 Ut. et 12 s. 10 d. de rente.

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LES ANCIEH8 ÉTABLI88BMBKT8 RBUOUCUX DE METZ 849

d'Âredzo, Napolitain. Des salves d'artillerie annoncèrent son entrée à Metz, et on lui donna une garde militaiie.

Le jardin botanique est depuis 1802 établi dans ce monas- tère, dont la cession définitive a été faite à la ville en 1813.

L*ég}iBe qui avait été reconstruite en 1724, sert d*onuigerie (actuellement des bains publics).

Les Cannes déchaussés ou Petits-Oarmes s'établirent à Metz en 1644, sous la protection de M. de Madaure, évêque

suftragant. La ville les reçut à condition qu'ils ne mendieraient pas. Le roi ne leur accorda dos lettres-patentes qu'en 1675.

«

Lagarigtet

Les prêtres de la mission de Saint-Lazare furent placés h Mets, en 1661, par la reine Anne d'Autriche, qui lit acheter pour eux l'hôtel de Montgomery dans la rue de la Fontaine. * Bossuet conclut lui-même le marché pour 1000 buis d'or. Ia reine dota cette maison pour prêcher dans les campagnes et y fonda trente demi-pensions pour de jeunes clercs. Cest de qu'elle prit le nom de Séndnaire de Sainte-Anne. On en a foît une brasserie.

MoHmoyi de lu propafiaiion de la Fol

En 1665, quinze notables de la ville, au nombre desquels se fusaient remarquer le père du célèbre Bossuet et M. de J^bal, tous deux consdllers au parlement de Mets, se réunirent sous la protection de saint François de Sales, pour procurer aux nouveaux convertis une maison de reftige ; mais cet établisse- ment ne put se former qu'en 1668w Secondant les pieuses intentions de son père, Bossuet, qui était alors (prandrdoyen de la cathédrale, le fit doter des biens de la Maladrerîe de

* Cette maison était regardée comme le boulevard du Calviolsme.

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8fiO BivtJB d'alaaoi

Longeau. On acheta pour 72(X) fl. deux maisons situées à côté de la prison civile. Le roi y donna son adhésion par des lettres- patentes du mois d'avril 1670; mais il défendit expressément d'y établir aucune communauté religieuse. Lorsque le zèle des conversions eut cessé, on plaça dans cette maison des frères de la doctrine chrétienne.

OuMoinet règuJUtm

En 1735, pendant que Ton construisait encore le fort de la Double-Couronne, commencé en 1728, les Chanoines réguliers de l'ordre de Saint-Sauveur, vinrent de Saint-Pierreniont, arrondissement de Briey, s'établir dans ce nouveau quartier.'

En 1737, ;M. l'évêquc de Saint-Simon et M. le maréchal de Belleisle posèrent la première pierre des bâtiments de cette maison, qui furent aclievés en 1740. L'église fîit érigée en paroisse sous le titre de Saint-Simon qu'elle porte encore aqjourdliuL

En 1752, Louis XV supprima la mense abbatiale de Saint- PieiTemont du gré de Stanislas, roi de Pologne; le pape y consenttt par une bulle du 24 septembre 1753, et les biens de Pabbaye furent, par des lettres-patentes du mois de mai 1755, affectés à rétablissement d'un collège dans cette maison, sous le nom de Collège royal de Saint-Louis. Le roi y fonda des bourses pour douze jeunes gentilhommes.

a

* Ils aTaient représenté au roi qu'étant au milieu du bois, exposés aux courses des ennemis et aux ravagea de la guerre, ils avaient besoin d'un hospice à Metz pour y déposer leurs grains, leurs effets les plus pré- cieux, et pour s'y réfugier eux-mêmes, en cas d'invasion. En consé- quence ils demandaient en leur faveur une exception aux arrêtés du Conseil du 28 avril IGtjO et 27 mars 1719, qui défendaient de former dans cotte ville aucun nouvel établissement religieux. Le roi leur Accorda uu emplacement de 1440 toises pour b&tir leur maison.

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LBB AMGIEMS JbTABUBSBMBNTS BBUOISUX OB lUn-Z 861

Ecoles chrétiennes

Les frères de la doctrine chrétienne furent appelés à Metz en 1747 par M. de Saint-Simon. Ils ont tenu leurs écoles, d'abord dans rancien couvent de Sainte-Elisabeth, ensuite près de Téglise de SaintpSlmplice et à c6té de la prison civile dans la maison du Befnge.

Rappelés à la fin de 1816, la ville leur construisit un bel établissement sur le lien qu'occupait Tandenne ^Use parois- siale de Sainte-Croix.

Cette église vendue par le domaine, était devenue un magasin de sel. Elle fîit rachetée par Tabbé Claudin qui la donna en 1811 à la ville, pour y placer des frères de la doctrine chré- tienne. Cette donation fut approuvée par un décret daté de Smolensk, le 20 août 1812.

Gouirents de filles

Le plus ancien monastère de filles fut celui de Grandes- Pucelles. Ces religieuses de l'ordre de Saint-Benoît sY't'ihlircnt, vers l'an 1020, au-dessous de la digue qui porte encore leur nom, dans une lie appelée alors la Vigne de Saint-Marcel. Elles y restèrent jusqu'en 1552, que leur maison fut cédée aux Bénédictins de Saint-Clément, et les Pucelles se réunirent aux chanoinesses de SaintrPierre.

n a existé encore une autre congrégation de femmes appelées les Dames-des-PucellesHsus-lou-Mur. Dans un cartu- laire de 1332, on voit qu'en 1320 elles étaient au nombre de neul

Dans un atour de 1304 il est encore &it mention des Pucelles-de-Mances, au costes Sràit*Karcel; on ignore si ce sont les mêmes que celles qui ont existé sur les murs.'

' n y eat avaii, tor les mnn, dei béguines on religienseï vonées par- tienUèrement an aoin de garder les maUdei et veiller les morts. Près de était «nssi nne égUse dédiée à saint Simon et à saint Jndes.

861.

VKfVt D*ALBAOB

On ne sait quand s'établirent à Metz les chanoinesses régulières de Sainte-Maric-Mafîdclaint', de Tordre de Saint- Augustin. Seulement il est constaté par des contrats d'ascen- semeut qu'elles existaient au couiniencement du xr siècle. Le pape Nicolas V ayant transféré les chanoines de Saint- Thiébaut dans leur couvent en 1542, elles obtinrent en échange la chapelle de Sainte-Elisabeth, dans le vieux cimetière, auprès des Célestins, et y b&tirent une nouyélle maÎBOii. Depuis 1805 elle est eonvertie en caserne pour la gendaniierie.

lies rélîgieuBeB de Sainto-Caaîie, aussi iqipelées Uibanistes, furent attirées à Metz, en 1157, par un habitant de cette ville nommé Falcon, qui les reçut dans sa maison, rue du Fontifiroy ; mais l'Insalubrité du lieu les força de se transporter, en 1258, au haut du Tombais.

Elles choisissaient elles-mêmes leur abbesse. Le roi leur en ayant envoyé une en 1(177, t llcs la congédièrent poliment. £lles avaient un nombreux pensionnat.

BeUgieuses de Saint'Dominiqtie ou Prêeheresses

On rapporte que plusieurs saintes tilles, qui vivaient en communauté dans le quartier du Fontifiroy, obtinrent, en 1270, de Tévêque Laurent, la permission de suivre la règle de saint Dominique, et en I27S elles se transportèrent dans un lieu appelé la Cour de Saint-Vie, elles bâtirent le couvent qui donna le nom à la rue actudle des Frêcheresses.

S*étant relâchées de la règle, vers la fin du zv* siècle, on les soumit à la réforme en 1502, et depuis lors, leur monastère ne cessa d'âtre un parfiiit modèle d*austérité et d*édiilcatbn. Ces religieuses forent souvent envoyées dans d'autres cou- vents de leur ordre pour y rétablir la disc^line*

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LES ANCIENS ÉTABLISSEMENTS RELIUIRUX DE METZ 868

En 1701, la duchesse de Bavière, pour accomplir un vœu qu'elle avait formé, dans la maladiedeaonépooi, fit enchâsser dans deux bustes d*airgent et envoya à ces pieuses filles, le chef de Tempereur Henry II* canonisé en 1162 et celui de sainte Gunégonde, son épouse.

Une partie de cette maison est ai^ourdliui convertie en école gratuite de dessin.

8œu/rs-€olette8

Les religieuses de Sainte-Claire, nommées Damianïstes, Sœurs-Colettes ou de TAve-Maria, fàrent établies à Mets en 1482, dans le quartier du grand Meisse, auprès des frëres

Baudes, par Nicole Geoffroy, nièce du cardinal d'Albi et femme d'un écheviu de la ville.

En 1552, le duc de Guise enveloppa ce monastère dans le retrancheuient qui porte son nom. Les Sœurs-Colettes furent transft^rées dans la maison des Trinitaires, à l'entrée de la rue des Clercs; douze ans après, en 1503, elles en furent délo- gées, lorsqu'on acheva les fossés intérieurs de la citadelle dans lesquels tomba leur maison.

Charles IV leur donna Téglise et le presbytère de Saint> FeiTOy, Feijus ou Féréol ; elles y restèrent jusqu'à leur sup- pression, 'assHjetties à la rigueur de robservance, vivant que d*aum6nes, taisant toi4oui8 abstinence, marchant nu- pieds et couchant sur dure.

L*église, qui était très ancienne, a été démolie en 1812.

Nota. L'Ave-Maria de Paris a été établi pour les Sœurs- Colettes de Metz.

OBurm&Ues

Sur la demande do Madame la duchesse de Lavalette, dont le mari était gouverneur de Metz, Ueury de Bourbon, ôvêque de la même ville, y envoya de Paris des Carmélites en 1623. Il les logea d'abord au haut de Sainte-Croix; mais trois ans Mottf eU« S4»n«. - UT* aaao*. 88

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864 aSVOB D'AUAflB

après elles achetèrent plusieurs masures entre les rues de la Crête et de Saint-Gengoulf ; elles y bâtirent le couvent dont une partie est occupée par U Compagnie départementale.

Congrégation

Dans la mdme année, 1628, airivèrent à Mets des iillea spiritnelleB ou Dames de la Congrégation de SaintpAngostin. Pendant huit mois elles reçurent un asile des dames de Saint- Pierre ; mais ayant acheté une maison dans la rue du Pon- ti&oy, elles s'y logèrent à la fin de Tannée et ouvrirent des écoles.

Le monastère, qui subsiste encore aujourd'hui, n a été bâti que vers le milieu du dernier siècle. L'église qui était fort belle, avait été construite en 1755. £lle est aigourd'hui rem- placée par des maisons.

En creusant les fondations de cette église, on découvrit, à vingt pieds sous terre, le parvis en mosaïque d'un ancien temple.

VisUaHm

Les religieuses de l'ordre de la Visitation-de-Notre-Dame, vinrent de Riom s'établir à Metz, dans le mois de février 1733. La reine Anne d'Autriche les recommanda spécialement à la sollicitude des magistrats municipaux, par une lettre du 10 janvier: « Vous nous rendrez, leur dit-elle, une preuve bien particulière de l'affection que vous nous avez toujours témoignée, en favorisant leur établissement dans la ville de Mets.

Le roi conirma cette institution par des lettrefr^tentes du mois d*avril 1633.

En 1729, elles commencèrent la construction des bâtiments qui subsistent encore aiqourdliui dans la rue Maselle. Ils ne forent achevés qu*en 1766. L*église, qui était très élégante, a été convertie en forge de mr^fM^-

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LES ANCIENS ÉTABLISSEMENTS REL10IEUX DE METZ

355

£n 1805, les dames qui restaient de cette congrégation, se réunirent dans une maison, rue du Haut-Poirrier, que leur achetèrent Mademoiselle Alexandre et M. l'abbé Munier. Par un arrêté du mois de mars 1810, elles furent autorisées à demeurer provisoirement en communauté ; elles recevaient des pensionnaires et tenaient des écoles gratuites déjeunes filles.

Samie'Muàbdh

En 1G40, des religieuses de la Présentation di; Notre-Dame, tiers-ordre de Saint-François, vinrent de Paris remplacer les sœurs de Saint-Jacques qui les avaient précédées de quelques années et qui s'étaient ruinées. Elles achetèrent de ces sœurs la maison de Sainte-Elisabeth, rue des ïrinitaires, et s'y établirent pour enseigner les jeunes iilles, assister les malades et veiller les morts.

Les billets de banque ayant appauvri ce monastère, elles reçurent du roi, en 1751, une lettre de cachet qui kur défendit de recevoir des novices; et le 5 juillet 1762, M. Tévèque de Sain^Simon les fit sortir de leur maison qui dès lors fut sup- primée. Elles se mirent en penaion dans les autres couvents de la vUle.

UrmUnes

En 1649, des Ursulines vinrent de MAcon s'établir à Mets, rue Mazelle, dans une mûson qu'elles avaient achetée des Jésuites ; elles la vendirent ensuite aux Antonistes pour aller, en 1663, construire sur la Moselle, dans la rue Saint-Marcel,

une grande et belle maison conventuelle. Elles y tinrent des écoles gratuites et y formèrent uu pensionnat qui acquit une haute célébrité.

Elles n'obtinrent des lettres-pateutes du roi qu'au mois de juillet 16G7.

Leur maison a été le berceau de plusieurs autres fondées à Mayence, à Wurtzbourg, etc.

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866

SlVini D^ALSAOB

Projmgation

Alix Clerginet, fille zélée pour la conversion des hérétiques, forma, dans ce dessein, sous le nom de Propagation de la Foi, une association qui fut tracassée par les Calvinistes qui se plaignaient de ce qu'on employait toutes sortes de séductions pour convertir leurs enfants au catholicisme; mais en 1666 et en 1667 elle obtînt des lettres^patentes du roi qui, en confir- mant son institution, lui permit de s'associer douze filles, de vivre avec eUes en communauté, mises dans l'état séculier et sans pouvoir &ire une profession religieuse.

En vérifiant ces lettres-patentes, le Parlement y mit la . restriction qu'il ne serait rien entrepris au préjudice des édits publiés en faveur des réformés. Il avait eu sans doute en vue Tarrêt du Conseil du 19 mai 1G43, qui défendait aux directeurs de la Propagation de recevoir les enfants des Calvinistes avant Page de 12 aos pour les Hlles, et de 14 ans pour les garçons.

Cette maison, dotée des biens d'Alix Clerginet, devint une école et un pensionnat pour les demoiselles, et subsista avec succès jusqu'en 1790.

On a vu que la Maison du Beftige, congr^tion de Saint- Charles, fiit un des nombreux bien&its de M. le duc de Coislin, pour donner aux fiunilles les moyens de retirer du vice les jeunes filles qui y seraient tombées. Au mois de février 1704,

il établit cette maison à côté des magasins de Cbèvremont, en attendant qu'il leur eût fuit bâtir un vaste couvent dans la rue Saint-Marcel, à côté des Ursulines. Elles y entrèrent le 24 juillet 1705; leur église, qui est aiyourd'hui un atelier de charron, & été béuite en 1709.

Pierre Goise, chanoine de la cathédrale alfocta, en 1712, tous ses biens à la fondation d'un séntinaîre de filles, sons le

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LES ANCIENS ÉTABLISSEMENTS RELIGIEUX DE METZ 357

nom d'Ecole de la Doctrine-Chrétienne. Les dames, préposées à cet établissement, n'étaient pas clpttrées, ni liées par des ▼œax perpétuels. les filles pauvres deyaient apprendre à lire et à écrire, à coudre et à broder.

Par un décret du 12 aoftt 1807, IL révêque fut autorisé à rétablir ces écoles dans la même maison, rue de la Crète, un siècle auparavant elles avaient été créées. Elles sont tenues par les sœurs de Sainte-Chrétienne ou de rEn&nce de Jésus et de Marie. Elles obtinrent des fonds de l'Etat, une somme de 10,000 fr. pour commencer leur établissement et un secours annuel de 2000 fr.

Cette maison qui, sous la direction de M"" Méjauez, a beau- coup prosi)éré, rend d'importants services à la ville. Elle est le ben:rau et le chef-lieu de la congréj^ation qui a formé un grand nombre de succursales dont les succès toiyours croissants fout bénir cette utile institution.

Sainte-Sophie

Les Dames de Sainte-Sophie ont été, en 1806, appelées de Charleville à Metz pour y tenir un pensionnat de demoiselles.

Autorisées pur un décret du mois de juin 1807, elles ont acheté, dans la rue des Prisons-Militaires, une maison oii elles justifient la contiance de toutes les honnêtes familles par les soins éclairés qu'elles donnent à l'éducation. On regretta que leurs britimenUî ne fussent pas assez spac ieux pour répondre À toutes les demandes qui leur étaient faites.

ParoisBes

On sait peu de choses des paroisses de la ville, dont la fon- dation se perd dans la nuit des temps. La liste de ces églises peut toutefois n'être pas dénuée d'intérêt :

1. Saint-Simon, érigée en 1740, dans le fort de la Double- Couronne.

2. Saint-Vincent, ancienne abbaye, érigée en paroisse dans les années 1791 et 1603.

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RKVUB D ALSAOai

3. Saiiit-^rarccl a été l(iii;;tt'Uips la chapelle des fieiis do Tabbayc de Saint-Viiui'Ut, et u a été érigée en paroisse qu'à la lin du xiir siècle, lorsque cette île de la Moselle eut com- mencé à se peupler.

4, La paroisse de Saint-Georf^es était autrefois dans un fau- bourg de la ville. Elle appartenait au comte de Sarwerden qui, en 1197, en tit donation aux chanoines de Saint-Thiébaut On Mit que longtemps les églises et leurs revenus furent possédés par des laïcs qui en affermaient la desserte.

Tous les ans, le jour de la fête patronale de Saint-Gtooiges, on promenait à cheval, dans la vflle, Sain^Oeorges et la Pucelle, représentant la cité. Ces deux mannequins, richement- habillés, étaient conduits de la cathédrale à la paroisse, par les soldoyenrs et les principaux habitants.

&. Saint-Médard, dans la rue de ce nom, a été détruite dans le siège de 1552.

6. Saint-Livier. Cette paroisse était d'abord sous l'invocation de Saint-Polyeucte; elle fut dédiée à saint Livier, lorsque l'évêque Thierry y déposa le corps de ce firand personna,a;e qui, général des Médioniatricurs, fut pris par les Huns, vers le milieu du v siècle, et décapité sous les murs de Marsal^ou on lui avait érij^é une chapelle.

£n 1798, des maisons et des boutiques remplacèrent cette église sur la place Croix-outre-Mosolle.

7. Saint-Ferroy n'était qu'une chapelle au xir siècle ; elle fut donnée en 1197 aux chanoines de Saint-Thiébaut; érigée depuis en paroisse, elle fiit supprimée en 166S, lorsque les sœurs Golettes vinrent s'y établir.

8. Sainte-Sigolène, paroisse conservée; elle tire son nom de la sœur de saint Sigebant, évêque de Metz, et d*ttne illustre maison d'Aquitaine^

9. Sainte-Croix a été supprimée en 1791, démolie en 1816 et transformée en école chrétienne.

10. Saint-Victor subsiste encore au fond de la Cour aux blés. On y a pratiqué des logements et des greniers à fourrages.

LES ANCEESS ÉTaBLISSEMBî^TS RELIGIEUX DE METZ 359

£n construisant en 1812, au pied de* cette église, dans le t/àû de la place de Chambre, la maison qui Uài angle avec le palais de justice, on découvrit, à 8 pieds sous terre, lea bases d*iine belle colonade d^ordre PestODien, qui sans doute étaient le péristile d*ttn ancien temple.

11. SainWaeques oceiq[»ait une partie de la place de ce nom ; elle a été rasée en 1674, pour agrandir cette place.

12. La paroisse SainMïorgon existait entre la place d'Armes et la rue de la Princerle. Détruite en 1769, elle a été envelop- pée par les bfttiments de l'hôtel de ville.

la Saint-Hilaire-le-Grand, détruite dans le dége de 1563.

14. Saînt-Hilaire-le-Petit

15. Saint-Vit. Ces deux paroisset» forent supprimées lors- qu'on construisit la citadelle.

16. Saint-Jean peut sans contredit, être regardée comme la première paroisse de Metz. On se rappelle que cette église est le baptistaire construit par les soins de saint Clément, près de la redoute du pâté. Détruite en 1552, elle fut réédifiée dans la citadelle, sous la même invocation, au-dessous du magasin des vivres, et prit le titre de Paroisse-Royale. On l'a démolie en 1313.

. 17. L'Assomption, ancienne église des Jésuites, crééeparoisse en 1803.

18. Saint-llartin, paroisse conservée ; elle donna son nom à l'un des paraiges de la dté.

19. Saint-Qengoulf , dans la rue Chfttillon, en fiu» de la rue qui porte encore le nom de cette paroisse, a été convertie en maison dans Tannée 1798.

20. Saint-Simplice, supprimée en 1791, a été rasée en 1809 pour agrandir la place de Saint-Louis et former une coramu* nication entre cette place et la rue Mazelle.

21. Saint-Etienne, supprimée en 1791 et démolie en 1807. Cette paroisse était située entre la rue du Puits-Béni et la rue Lèchebarbe.

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22. Saint-Maxirain. Il paraît que cette éj^lise n'était pas comprise dans l'enceintede la ville, puisqu'elle s'appelait ancien- nenieut Saint-Maxirain-aux-Vigiies.Cette paruibse estconservée.

2:1 Saint-Eucaire est de môme conservée. Des titres pré- cieux des XII" et xm* siècles étaient déposés dans les archives de cette église.

Sur les rôles les plus anciens de la cité, ces deux dernières paroisses occupent toujours le premier rang.

Indépendamment de toutes ces églises, il existait encore à Metz une foule de diapelles desservies par des prêtres partî- euliers, soit dans la cathédrale, soit dans les couyents, dans les pafdsses et même dans certaines maisons canoniales.

Enfin, il n*est pas de Tille en France le clergé ait été plus nombreux et plus riche <|u*à Mets. U y a eu soizanto^t- une é^es. On 7 comptait en 1789, deux cent cinquante-trois ecdésiastiquee, tant séculiers que réguUen, et cent seize relîgieuseB.

Leurs revenus, sans compter celui des curés et des abbte commandataÏTOB, s*éleyaient à 817,000 fr. Si Ton y sjoute les revenus de TéTêque, qui étaient de 377,000 fr., alors les établis- sements ecclésiastiques de cette ville avalent une dotation annuelle de 1,194,000 fr.

En 1816, il restait encore dans ranrondissement de Metz, 7166 hectares de belles forêts qui avaient appartenu au clergé de cette ville. ^

On avait conservé en 1791, dans le département, quatre cent quarantfr^uatre paroisses.

Elles étaient, en 1816, réduites à trois cent quatre-vingts.

Le traitement du clergé avait été réglé à la somme de 786,600 fr. U n'était, en 1816, que de 243,000 fr.

' n a été rendu des biens da clergé, en assignats, ponr une wimie

J.-fiw Abam.

de

En mandats

En inscription tnr le tréaor £a argent.

128,346,996 fr.

3,t>43,r,88 » 57,2.>1,B16 .

545,616 >

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MATÉRIAUX

nm mm a

L'HISTOIRE DE L4 GUERRE DE TRENTE ANS

tirée des archivée de Ck>lzxxar

(Suite)

SéaoSa 1639 ^Sââieemlfre 1640

Difficultés occasionnées par la mauvaise conduite des soldats; la ville est invitée à continuer ses avances à la garnison; nouvelle apparition des Impériaux; Golmar veut que les réfugiés du dehors se fassent admettre bourgeois; à l'occa- sion de la reprise des négociations, la ville se recommande au landgrave de Hesse-Darmstadt; convoquée à la diète de Ratisbonne, elle refuse d'envoyer ses députés; observations de Mockhel sur les termes du message de la ville à l'empe- reur.

La capitulation de Brisach eut d'abord assez peu d'effets sur la tranquillité du pays. L'abandon le ministère laissait l'armée, l'obligeait de vivre à ses dépiMis et de suppléer par la maraude à l'insuftisance de la solde et des vivres. De leur côté, les bourgeois et la garnison allemande de la ville, provoqués par d'incessantes insultes, ne se fusaient pas faute de repré- sailles: le présent dossier s'ouvre par une lettre du comte de

868 BBTOI D'ALBàCB

Gttébriant à la ville impériale de Colmar, datée de Brisach,

24 août 1639, oîi il se plaint qu'on a tué deux soldats des

troupes du roi et dévalisé quelques autres. La ville répondit

le jour suivant, août, par une plainte du même genre.

L'établissement d'un camp à Fortsrhwir, sous les ordres du

général major de Roqueservière, était pour Colraarun voisinage

des plus incommodes, les soldats venant journellement ravager

les terrains maraîchers et les vignes do son territoire, et

enlever des chevaux et du bétail. (ProU mÎM. gall.^ lettres du 17 1 V *y

^ août et du septembre.) La garnison de Brisach ne se comportait pas mieux, et donnait sujet à une correspon- dance assez active avec le général migor d'Ërlach, nommé gouTemeur de la place pour le compte des conftdéréa. {Brui. MtM^ lettre du 17 octobre.) La ville profita du s^ovr du duc de liOngueville dans ses murs pour en obtenir un ordre daté du ^-^^^^1 portant défense à tous cavaliers, goujats et antres suivant Tarmée, de rienr dérober dans le finage et territoire de Ciolmar.

A ce moment la seigneurie du Haui-Landsberg avait passé dos héritiers de Schwendi au colonel de Hattstein. Des difli- cultés étant survenues entre lui et le marquis de Montausîer, ce dernier, « pour maintenir la répuUitiou du roi et l'autorité de son gouvernement », avait fait marcher de Sélestadt d^ troupes contre Kiensheim, elles pillèrent les biens du colonel, et lui enlevèrent quelques soldats. Hattstein s'en plaignit au général d'Erlach, qui ht arrêter et conduire à Brisach plusieurs bourgeois de Colmar avec les chevaux et les bœufs qui leur appartenaient; sur les représentations de la ville, il lui répondit qu'il avait été contraint d'accorder ces vi»ies de fût au colonel de Hattstein, pour la r^^ation du donunage qu'il éprouvait Colmar, qui croyait savoir que Montausîer était sur le point de s'arranger avec d*Erlach, pria son gouverneur dintervenir pour fidre rel&cber les pri- sonniers. [Brci. mua., lettres au ^néràï d'Erlach des 20^ 32 et

HISTOIRE DE LA OUERRE DB TSENTB ANS M8

27 novembre, et Prot. miss. gaJL du 23 novembre 1639.) Mais raftaire traîna, et les malbenreux bourgeois qui payaient à Bdsach les torts réels ou supposés de Montaosier, restaient en prison, dans l'attente d'un accommodement qui ne se fiEùsait pas. La ville s'adressa de'nonvean à d*£rlacli, et pour couper court aux réclamations, comme aussi pour rétablir les rapports de bon Tdainage avec Brisach, elle consentit à faire l*abandon- des chevaux, des bcBuis et des marchandises qui avaient été saisis, à condition que la liberté fftt rendue aux bouigeois anêtés. (Jhrat, mtts. Lettres des 21 et 25 janvier, 4 février 1640.)

Les difficultés que lui créait Montausier, n'empêchaient pas la ville de continuer à faire des avances à sa garnison fran- çaise, il est vrai à son corps défendant. Dans une lettre du 31 mars, le gouverneur la presse encore de prêter du blé, sinon il se verrait contraint de retirer la garnison ou de la laisser pt'rir. Lui-même ])eut plus la secourir, ayant avancé tous le reste de son argent pour payer les dettes du roi. Quant à réduire le pain à 16 onces, il n'est pas possible à un soldat de vivre avec cette seule ration par jour. C'est parce qu'on a déjà mis la garnison à ce régime, quelle est en si misérable état. « Si les ennemis viennent làrdessus, comme on nous en menace fort, continue If ontausier, nous serons en fort mau- vais estât pour nous défendre, et pour moy je manderay bien à la cour d'oH vient le dépérissement de la garnison, afin de me descharger du blasme que j*en pourrois avoir. » D igoute encore : t Vous avés premièrement vostre intérest particulier à maintenir nos soldats pour vous desfendre, i^rès vous estes obliges de tesmoigner au Roy de vostre bonne volonté, que Yous recognoissés les obligations que tous lui aués de vous avoir tous jours si puissament protégé avec tant de bonté et si gratuitement, puisqu'il ne vous en a jamais rien cousté, et qu'il n'a jamais considéré qut> vos intérestz et point du tout les siens, puii> qull vous a tous jours laissé vostre autorité et

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864 BETIJI D^ALtàOB

t

▼otre liberté aussi entière que vous Tanés jamais eue dans le eœur de la paix. »

La ville rc^pondit à cette lettre, le ^ mars, en se plai^ïiiant de M. de Belesbat, spécialement charrié de Tapprovisionne- ment de la place, qui reçoit des fonds et ne les applique ni à former des magasins à Colmar, ni à solder les avances d(^jà faites. Elle venait de prêter vingt rézaux de blé, qui devaient suffire pendant quinze jours pour la subsistance du peu de soldats qui restaient; mais les officiers avaient fait cuire le double de miches pour vendre l'excédant, de sorte que les vingt résaux n'avaient doré qu*ane semaine. Ce qui augmentait encore son mécontentement, c'était la conduite de M. Claa- fiier, qui commandait à Colmar en Tabseace de Montansier, et qui logé ehee la ftmille noble de Ruost, avait déshonoré la fille de la maison. La qualité de cette dame ne pouvait pas la préserver du châtiment qu'elle avait encottra par son incon- doite, et, malgré llntervmition et Tantorîté de celui qui Pavait subornée, le magistrat se montra d'abord très décidé à appli- quer la peine {Prot. miss, rjall. Lettre du 21/31 mars).

Montausier répundit le 4 avril: a Si la trarnison périt, ce ne sera pas ma faute, ayant bien de qiioy me justiher devant le Roy, lequel sans doute en sçaura très mauvais gré à qui il

appartiendra, et est assé puissant pour les en punir Pour

mon particulier, je feray tout ce qui me sera possible pour vous servir en toutes occasions, comme j'ay faict jusques icy, estant assuré que quelque gouverneur que le roy vous donnera après m'avoir retiré, conmie je l'en supplie tous les jours, il

ne vivisa pas plus doucement avec vous que moy Je vous

supplie de me vouloir fidre la faveur de ne point procéder en aucune fàçon contre la fille que vous dites avoir esté engroesée par M. Clausier, iusqu'à ce que Mons' llnteadant et moy puissions aller à Colmar.

H. de Belesbat, à qui la ville avait également écrit, fiit moins prompt à la rendre responsable du dénuement oh il

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HISTOIRE I)K LA GUERRE DE TRENTE ANS 366

laissait la garnison. SU n'a pas entièrement acquitté ce qve l'intendance devait à la ville, c'est. à cause du peu d'argent qioi lui est arrivé cette fois, ce qui ]i*a point permis d'acheter des grains et de rembourser les avances fiâtes. « Cependant» dit-il, je me trouve à la veQle de respondre des troupes du Boy. ... Je vous supplie de vous mettre en place, et de considérer que si, après avoir esté paiés, au moins de ce que vous m*anés presté, vous en usés ainsy, j'aurai grand sul^ect de croire qu'il fiiut tromper tout le monde pour se mettre en crédit » (Lettre de Saverne, 5 avril.) La ville répondit à M. de I3el(!hl)at le ~ avril, qu'elle consentait à faire encore Tavance (les blés nécessaires à la garnison pendant ce mois; mais en même temps elle écrivit au cardinal Richelieu et à M. des Noyers pour se plaindre de la non-exécution des promesses faites à la ville, dont le compte n'avait pas été réglé depuis deux ans, et de l'abandon oîi on laissait sa garnison, alors que celles de Sélestadt, de Hagueoau et de Saverne étaient l'objet de tous les soins de l'intendance, et pour décliner toute res- ponsabilité dans les conséquenoes que cet abandon pouvait avoir. (iVoi. «mm. gàXL)

En évoquant dans sa correspondance les dangers auxquels les ennemis pouvaient encore exposer le pays, If . de Montau- sier ne fiUsait pas une vaine menace. Le 10 avril, Golmar eut à signaler au général major d*Erlach la présence d'ânissaires qui, sous divers déguisements, parcouraient le pays pour Tes- pionner, et qui essayaient même d'embaucher le peu d'hommes valides qu'on voyait encore dans les campagnes. {Prot. miss.)

Le 25 avril, la ville l'avisa encore que la garnison ennemie d'Olîenbourg devait envoyer des partis sur la rivtî gauche du Rhin. {rrot. miss.) Deux jours après, le bruit se répandit à Colmar qu'un corps dlmpériaux ù pied et à cheval avait passé le lieuve à Thilippsbourg, qu'il avait remonté le pays, et qu'il s'était déjà montré dans les environs (lOberuai. La ville en écrivit, le 27 avril, au résident Mockhel, à Benfeld, pour mieux se renseigner.

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«

868 Bivte d'albacb

Le fait n'était que trop vrai. Un détacheuicut de cavalerie était arrivé près d'Obernai, uii il s'était lojîé dans la léproserie. Pour le reconnaître, le lieutenant Jean- David Bour, qui com- mandait la place, avait dirigé de ce côté une patrouille de huit mousquetaires qui, pour s ètre trop avancée, se trouva tout d'un cdup enveloppée par les ennemis. Sept de ces hommes perdirent la vie, et le dernier fut laissé pour mort sur le carreau. Là-dessus les cavaliers se retirèrent vers Dûppigheim, oii ils tuèrent quelques paysans de Tendroit, ainsi qu'un jeune d'Oberldrcli, qu'ils ayaient fait prisonnier à Obemai Dans la nuit du 36 au 27, un antre parti de cinq cents fantassins s'était établi dans un couvent près de Dachstein, ' d'oti il était parti à 2 heures du matin, les uns marchant Ters Molsheim, les autres vers Bibknheim. Leur projet était de passer la nuit k Hangenbieten.

Telles étaient les nouvelles que Mockhel transmit à la ville par sa lettre du 28 avrîL U exprima la crainte que Tennemi ne s*emparftt d'une place-forte de la montagne, d'où il pourrait inquiéter tout le pays; pour prévenir ce malheur, disait-il, il faudrait demandiîr au général d'Erlach une centaine de mousquetaires, et la cavalerie des garnisons de Fribourg et de Brisach, et renforcer ce noyau de quelques centaines d'hommes tirés des garnisons de Colmar et de Sélestadt, aux- quels on joindrait encore cent mousquetaires de Benfeld; à sou avis il n'en faudrait pas davantage pour couper la retraite à ces batteurs d'estrade.

Ces démonstrations ne devaient pas se borner là. Le 11 mai 1640, n. st, le marquis de Montausier donna avis à la ville qu*un parti d'ennemis, cavalerie et infanterie, s'était lait voir entre Sélestadt et Benfeld. n le supposait assex fort, puisqu'il tenait depuis longtemps la campagne, et il engagea la ville à fsire rentrer tous ses bourgeois et le bétsîL Quelques bourgeois qui revenaient de Strasbourg, confirmèrent cette nouvelle; à la vérité le chemin était libre au-dessous de

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HI8TUIRE DE LA GUERRE DE TRENTE AN8

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Sélestadt, mais en dépassant la place, ils avaient entendu qu'on y sonnait le tocsin; en m6me tempe ils apercevaient une forte troupe de cavaliers, dont quélquee-uns se mirent à leur poursuite. Prenant alors à travers la forêt» ils par- vinrent à franchir le Landgraben, oti ils trouvèrent deux vedettes; ils ne leur avaient échappé qu*en s*eofonçant dans les taillis. La ville envoya quelques troupes en reconnais- sance le long des Vosges, et fit part de ces nouvelles au général-major d*Brlach, par lettre du 2 mal. v. st (IVo^. «mi».)

Montausier avait la sûreté de Colmar à cœur. Il donna ordre (le « racommoder tous les passages du grand fossé qui est entre Guéraar et Rerkheim », afin de mettre le bétail de la ville à l'abri ; (iu;ind cela aura été fait, il promit d'y mettre des troupes pour les garder. Mais en mùme temps il l'engagea par sa lettre du 18 mai, à tenir ses troupeaux aussi rapprochés que possible, parce que, de quelques jours on ne sera pas en état de défaire les ennemis, s'ils se montraient en force. Cependant M. d'£rlaGh lui avait envoyé la cavalerie de Brisach et de Fhbourg, avec ce qu'il avait pu tirer d'infanterie de cee places, et Montausier même avait fourni deux cents moua- quetaîres de Sélestadt On croyait que les ennemis avaient quelque dessein du cOté de Bftle^

D*antres partis se montrèrent encore dans la haute Alsace au mois d^août; le 4 de ce mois, la viUe signala au général mitfoiHl'Erlach la présence de neuf hommes au-dessus d*OttmarBheim, oii ils avaient détroussé des gens de Berne et de Luoeme. {Prot. mm.)

D'Erlach songea enhu à frapper un grand coup. Pendant que les ennemis se réunissaient, sur la rive droite, faisant mine de faire un efiort vers le haut Rhin, il marcha contre eux pour s'y opposer. L'intendant d Oysouville en donna la nouvelle à Colmar, par une lettre datée de Brisach, 11 sep- tembre, et comme le général n'avait pas d'autres forces que celles qu'il avait pu tirer de son gouvernement, il lit demander

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U8 tmuE o'albacb

cent hominflB à M. de MoDtanBier et dnqiuuite à Colmar. liais la' ville s'en excasa: sa garnisoD française était rédnite à rien ; tout le service de la place portait sur la garnison alle- mande; cependant elle consentit à en détacher vingt-cinq hommes. Pour ne pas incommoder Colmar, d'Erkich t>t3 passa de ce renfort, ce qui ne l'empêcha point de défaire un corps ennemi de cinq cents hommes près de Hohentwiel. Il voulut poursuivre sa pointe, et demanda à d'Oysonvillu do lui envoyer le plus de monde qu'il pourrait. Par une lettre du 23 octobre, ce dernier lit souvenir la ville de sa première pro- messe; mais il envoya aussitôt contre-ordre, en expliquant que les ennemis s'étaient retirés en des positions, oti d'Ërlach n^oserait rien entreprendre contre eux.

Dans lintervalle il se produisit un incident qui mérite d'étra noté.

Au moment oU 1* Alsace était devenue le tfaéfttre de la guerre, on se souvient que les populations des environs avaient piîs en grand nombre leur refiige à Colmar. La ville les accueillit fort bien, surtout les vassaux protestants de Wflrtemberg et, en retour de sa protection et de Tadmission aux droits fores- tiers et de pftturagcs, elle ne les soumit qu'aux gardes et aux corvées imposées aux bourgeois.

Mais il se trouva parmi les réfugiés du comté de Horbourg des ingrats, qui dénoncèrent Colmar aux officiers de Wurtem- berg, comme ayant fait faire des coupes sombres dans la forêt seigneuriale dite Kastenbolz, dépendante du comté de Hor- bourg.

La ville fot profondément blessée de cette dénonciation, qui n'avait, à ce qu^il paraît, rien de fondée. Son premier meuve- ment fut de retirer aux réfugiés la protection dont elle les avait couverts jusque là; elle se ravisa cependant, mais elle exigea d*eux quHs se fiasent recevoir bourgeois de Colmar, ce qui impliquait la renonciation aux obligations qui les liaient vis-èrvis des ducs de Wurtemberg.

DiflitizecLby Goqgle

HISTOIRE DF. LA GUERRE DB TRENTE ANS 889

Le conseO de tutelle de Montbâliard intermt par une lettre du 13 avril, ponr réclamer contre une mesure qui enlevait les vassaux du comté de Horbouig à leur suzerain légitime. Mais Colmar répondit» le 18 mai (iVof. witM.)* ea exposant les foits tels qu'ils 8*étaient passés ; la ville se croyait d'autant mieux fondée à agir comme elle avait fait, qu'en 1628, au moment la oomihission impériale mettait lea protestants au ban de la ville, les offiders wflrtembergeois n'avaient voulu les admettre à la protection seigneuriale que pendant quelques mois ; de plus elle fit observer que le scrmeut prêté n'était pas un lien permanent, et que les nouveaux bourgeois seraient toujours libres de le rompre dans la suite. Ce conflit ne laissa pas que de produire une certaine irritation chez les agents wiirtembergeois.

A un repas d'installation du tribunal à Niedennorschwihr, David Rœttlin, le receveur du bailliage de Riquewibr, se permit différents propos contre les membres du magistrat et du conseil de Colmar. Il lui arriva de dire que des paysans et des artisana qui parvenaient à des offices publics, étaient peu propres à les remplir, et que les agents wOrtembergeois, d'une condition plus relevée, étaient aussi plus aptes à s'acquitter des. devoirs de leurs charges. Ces discours parvinrent à la connaissance de la ville, qui en fit ses plaintes à Montbéliard. {J^rak HMW. Lettre du 15 septembre.)

Les échecs incessamment subis par l'Empire devaient hAter, sinon la condusion de la paix, du moins la marche des négo- ciations qui y mèneraient La situation particulière que les événements avaient faites à la ville, ne cessait pad d'être l'objet de ses préoccupations. Le soulèvement contre la garnison impériale, la reddition de la place aux Suédois, le retour des protestants au pouvoir et le traité de protection avec la France étaient toujours le point de départ do violentes récri- minations, et il était à craindre que ces faits n'eussent une fâcheuse influence sur les articles du futur traité les plus HoBTdla 8M6. » UT unée.

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*

d70 BBVOC d'at^aob

directement applicables à Colmar, ou qu'ils n'autorisassent à enfreindre À son égard dos garanties formellement stipulées. £n 1628, an moment la commission impériale décrétait Texpulsion des protestants dans le plus bref délai, la ville B*était d^à adressée à Georges II, landgrave de Hesse-Darm- stadt, pour obtenir des prorogations, et grtleeàson intercession, la première mise en demenre avait été mitigée par des ater- moiements snccessifr. Dans les circonstances présentes, Colmar pensa qnll Ini serait utile de se recommander encore à ce prince, et lui adressa à cet effet un mémoire daté du 90 mai 1640. (Brat mût.) Après lui avoir rappelé les titres de la ville à sa bienveillance, ainsi que les MU qui la concer- naient dans les événements accomplis depuis 1638, elle lui exposa que, loin d'être un obstacle à son retour à l'Empire, le traité de protei Lion avait été conclu en vue de conserver à Colmar son imniédiateté, et que l'un des articles notamment stipulait que, dès la conclusion de la paix, Sa Majesté très chrétienne retirerait sa garnison. Depuis ce temps la France n'avait pas marchandé les termes de cet engagement, et la ville a tout espoir qu'il sera tenu. L'important est qu'il plaise au landgrave de prendre en main les intérêts de la ville, chaque fois qu'ils seront en cause dans le cours des négociations.

La confiance de Colmar dans le maintien de son immédiateté devait se soutenir asses mal à répreuve. L'empereur Ferdi- nand m avait adressé aux villes impériales du haut Bhin, sous la date du 26 mai, des lettres de convocation pour la diète qui devait se rénmr le 26 juillet à Ratisbonne. C'était pour Cohnar une occasion unique de constater ses droits d*état de l'Empire et de prendre de nouveau part à la vie nationale de l'Allemagne. Mais on avait à considérer les liens récents qui rattachaient la ville à la France, et Ton craignait, en se rendant & cet appel, de porter ombrage à cette couronne.

Pour se mettre à couvert, on ne trouva rien de mieux que

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BUTOmB DB L4 OUIBBB DB IBBMTB ANS 871

d'écrire, le 10 jniUet, an roi et à M. deB ^ o} ors, pour solliciter

l'agrément de Sa Majesté.

Les villes voisines de Mttnster, de Kaysersberg et de Tilrk- heim n'étaient pas moins perplexes et, à leur ordinaire, elles cherchèrent conseil à Colniar. Une conférence se réunit à ce sujet au KautTiaus (lettre de Munster du 11 septembre), dont la grande salle paraît avoir été spécialement affectée aux diètes de la province, et Tou tomba d'accord de remettre la résolution jusqu'à l'arrivée d'une réponse de Paris.

La cour garda le silence. Ce fut en vain qu'& la prière de Colmar, M. d'Oysonville sollicita les ministres de se prononcer; en Tain que la ville demanda, par une lettre du '^^^^'^ {Prot, mm. ffaU.), conseQ à Hontausier. On manda à d*Oyson- tUle qu'on se réservait de résoudre cette question au premier voyage que lui ou M. d'Erlach feront en cour (lettre de M. d'Oysonville, du 5 octobre) et Montausier, qui n'avait pas reçu de réponse,' se crut obligé < à se taire, ne se sentant piis assez prudent pour bailler à Messieurs de Colmar un conseil qui ne nuise ni à eux ni à lui, » et aussi bien que M. d'Oyson- ville « il s'en remit à leur bonne conduite, par laquelle il ne craint pas que les intérêt;) du roi soient jamais choqués » (lettre du 8 octobre, n. st.).

Ces refus n'étaient pas de nature à mettre fin aux hésita- tions de la ville. Elle se décida à recourir aux lumières et à l'expérience de Strasbourg, et lui écrivit le 1" octobre (v. st), en lui exposant les diverses faces de la difficulté. (Frot. miês.)

Strasbourg était dans une situation délicate. L'empereur mécontent de Tambigulté de son attitude, ne lui avait pas envoyé de lettre de convocation. Il répondit cependant, le 6 octobre, qu'il approuvait que Cohnar eût demandé l'agré- ment du roi de France, mais qu'il doutait qu'on l'obttnt Dans ce cas, son avis était qu'il follait simplement s'excuser auprès de l'empereur. Quant à Strasbourg, il trouvait pour son propre compte autant dlnconvénients & s'abstenir qu'à prendre part

372 REVUE O ALSACK

aux délibérations, et, pour tourner la difficulté, au lieu d*en- voyer des députés à la diète, on pensait les accréditer auprès de Tempereur, des électeurs, princes et états couToqués à Batisbonne.

La ville suivit le conseil de ses voisins. Elle adressa à l'em- gereur Ferdinand m un long mémoire qu'elle data du et otu tout en s*ezcnsant de ne pas se taire repré- senter à la diète, eUe essaya de se justifier des grieb dont eUe était VoljeL Si elle s'est soumise aux Suédois, c'est qu'après la prise de Bcnfeld et de Sélestadt, elle n'avait plus de secours à espérer de l'Empire ; le massacre d'une partie de la garnison était l'effet d'un malentendu, qu'on ne pouvait imputer qu'au magistrat catholique ; si Ton a rétabli le pro- testantisme sur le même pied qu'avant 1628, c'était aux termes de la paix de religion, des bénéfices de laquelle la ville avait joui pendant cinquante ans. Tout en acceptant la protection française, à laquelle les hommes d'état suédois avaient soumis tout le pays, elle a réservé son immédiateté, et elle espère bien que la paix générale la lui confirmera; seulement dans ce moment, il y aurait peut41re des inconvénients à fàire valoir ses droits, en envoyant des députés à Batisbonne, d'au- tant plus que le mauvais ménage du magistrat catholique et les charges de guerre, avaient compromis les ressources municipales, au point de ne pouvoir fidrefiice à cette dépense. Mais la ville n'en compte pas moins que Sa If^jesté impériale voudra se souvenir d'elle, lors de la conclusion de la paix, et lui assurer la liberté de conscience dont les protestants jouissent en ce moment, sans préjudice pour les catholiques.

L;i ville transmit cette missive à Strasbourg, qui s'offrait de la faire remettre par ses députés à la chancellerie impériale k Ratisbonne, et comme le landgrave de Ilesse-Darmstadt venait de répondre avec beaucoup de bienveillance à la dépêche du 20 niai, elle lui transmit le 20 octobre {Frot, miss.) une copie de cette lettre, en le priant de recommander

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HBTOrai DK LA GUERRE DE TRB^r^E AK8 878

ses intérêts à la sollicitude do ses députés à Ift diète. Leur interventioo était d'autant plus désirable, que de Taveu de Strasbourg, ses propres euToyés ne seraient guère en position de se rendre utiles à Colmar.

Le résident Mockhel reçut aussi communication du mémoire à Uempereur. Il répondit, le 34 octobre, de Benfeld, quil souhaitait que la Tille parvint à ses fins, mais qu*il regrettait de voir dans cette pièce prétendre que les représentants de la Suède avaient placé, en 1684, tout le pays sons la protec^ tien de la France, et Û craignait que cette assertion ne lût nuisible aux intérêts de la Suède.

Cette observation surprit beaucoup la ville. En avançant que la Suède avait livré tout le pays à la France, il lui sem- blait qu'elle ne disait rien de trop; pour le prouver elle n'avait qu'à citer à Mockhel le traité conclu entre la France et la Suède, les lettres du chancelier Ochsenstirn et du rhintrrave Louis-Othon, que lui-même lui avait communiquées autrefois. C'est ce qu'elle lui objecta par une lettre du 30 octobre; en même temps elle donna à comprendre au résident, qu'il était très important pour elle d'établir qu'elle n'avait fait qu'obéir à un cas de force majeure en renonçant à dépendre de TEm- pire et en se soumettant à la protetion d*un souvenun étranger.

Mockliel répondit, le 2 novembre, que sa pensée n'était pas de déclinor, pour le compte de la Suède, la rei^nsabilité du traité qui avait appelé sur Colmar la protection firançaise ; ce quil regrettait dans la lettre de la ville, c*étaient les e^res- sions qui semblaient dire, sans restriction, que la Suède avait abandonné tout le pays à la France, attendu que dans ce moment même, cette couronne soulevait des prétentions à la possession de bailliages et de revenus sur lesquels elle n*avait jamais eu aucun droit, et qu'elle cherchait à évincer la Suède do la province «itière, malgré les droits effectife qu*dle s*était réservés en divers endroits. Cette divergence dans les vues et dans les intérêts des deux couronnes, aurait fait désirer

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874 Bsvot d'albaoi

à Mockht'l que la ville se fût servie d'expressions moins absolues, de nature à restreindre ])lutôt ([\ih étendre les effets du traité, et il ne manqua pas de comparer aux susceptibilités de la France, auxquelles Colmar était obligé de sacritier sa participation à la diète, le procédé tout différent de la Suède, qui n'avait mis aucun obstacle au départ pour Ratisbonae jies députés de Nordhausen et de Muhlliauscn en ThuringB, TÎlleB impériales comme Colmar, elle entretenait encore des garnisons. Mockhel ^outa qu'il n'augurait pas bien des trayaox de la diète, car loin de la laisser s*oecoper des questions inté- rieures, auxquelles le rétabliBsement de la paix était indisso- lublement lié, Tempereur lui a?ait prescrit de délibérer avant tout sur les moyens de remettre sur un bon pied les armées épuisées de TEmpire.

La ville comprit que les objections de Mockhel ne man- quaient pas de justesse; comme les députés de Strasbourg n*étaient pas encore partis, elle se fit rendre la lettre dont elle les avait chargés, et pria le résident de Suède de faire lui-même les corrections qu'il jugerait nécessaires. {Prut. miss. Lettres du 9 novembre à Mockhel et à la ville de Strasbourg.)

Mockhel prolita de la confiance que la ville lui témoignait, pour donner à sa lettre une tournure plus diplomatique, et ce fut sous cette nouvelle forme qu'elle fut expédiée à Stcas- bourg, le 13 novembre.

Au moment même oh Colmar était saisi de la convocation à la diète de llatisbonne, on lui annonça, par lettre du 27 août, que Le Sec avait fait à M. de Polhehn un nouveau paiement de 4188 livres 16 sous.

X.M088ifAnr.

(La otite proàtainemeiUO

RÉGLEMENTATION

d'uhe

FORÊT COMMUNALE D'ALSACE

AUX XV ET XVP SIÈCX^ES

DOCUMENT A

contemnt les Règlements Jorestauxjaits et arrêtés de 1469 à 1555

25.

Les mattres forestiers doivent aussiyendre des pfeds d*arbres de la forêt comme jusqu'à présent aux prix qu*ilB Tondront « Item. Die Waltmeister sollent ouch Stem ver- koufen uss dem Walde also bytzher uud geben als dûr si! muegent. »

36.

Totis les bourgeois, actuels et fiitois, des quatre dits villages doivent veiller sur la forêt sous leur foi donnée à la place de

serment, dans la mesure qu'il vient d'être dit au sujet des laies, du bois de chône et des étrangers, comme jusqu'ici, et sur tous les points et articles qui précèdent et qui suivent

' Voir la livraiaon du 2*^ trimestre

87S

« Item. Âlle Gcburschafft der obgenannten vier dorff die jctzunt sint oder harnoch werdent die sullent aile Rttgen ûber den Walt by jrren tnigen (btt ihren Treuen) an eidestat jnne allîcher moss wie vorstot und liber die lech *, und ûber das eichen und ttber die fremten abo bytsher....

27.

Celui qui reçoit le droit de bourgeoisie dans n^iporte lequel des quatre villages, donnera au waldmestre de son village sa parole à la place de serment qu*il veillera sur la forêt comme il vient d*dtre prescrit Et si quelque mécontent s'y refusait et qu'il ne voulût pas faire comme les autres bourgeois, on If privera do toute jouissance de la forêt comme tout étranger jusqu'à ce qu'il donne également sa parole de veiller sur la forêt comme le prescrit le présent document. Celui qui dédaigne cet article encourt une amende d'étranger.' Un chacun et les forestiers ont à y veiller.

28.

Pour chevrons appointés et liens on ne doit pas couper de jeunes chênes, sauf pour les faîtages Ton pourra mettre du chêne comme par le passé. Celui qui n^observe pas ce règlement encourt, sll est découvert, la grande amende. Un chacun et les forestiers ont à y veiller.

29.

Amende pour charrois de bois de chêne: Celui qui charrie du bois de chêne dans l*un des quatre villages devient passible

* cicch» pluriel de «Laeh». Voy. Art. 18, boii et arbres en défends,

(arbres) bornes.

* «der bricbent ein ussburschcn Einong», c'est-à-dire la grande amende de 5 livres deniers stsbg.

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BiOLnCSNTATION D*nMB rOBtT OOUMimâLI 877

d'une amende' de 10 schillings deniers stsbg. à payer aux waldmestres et de 10 schillings deniers pour les valets, dont il pourra obtenir la remise; et il comparaîtra pour traiter judiciairement avee les quatre irillages an styet de 4 livres deniers Btsbg. '

90.

Concernant le hêtre et la petite amende : Celui qui charrie de ce bois dans l'un des quatre villages encourt la petite amende, savoir: 2 schillings deniers stsbg. aux waldmestres et 2 schillingis deniers stsbg. aux valets, dont il pourra obtenir la remise. Et celui qui à l'avenir coupera encore du bois de hêtre, paiera comme amende 6 schillings deniers, dont 4 Bchillings deniers aoz waldmestres et 2 schillingB deniers anxyalefcB.

81.

Les bourgeois étrangers et les outre-passes sont passibles de cinq livres deniers stsbg. comme d'ancienne date.

c Item, die Uosbnrschen und die Uèberseblege brochent fOnf Pfiind stoassbugeir Ffenning iris you alter harkommen ist

32.

Les mattares de forêt actuels et ftiturs' ont à &ire rentrer Targent proTonant de leurs ventes et des amendes; ils en paieront aux valets leurs gages et rendront compte aux

' C'est en Bomme la grande amende de 5 livres.

coud mag myt des Knechten an genode komen uod myt den obgo- aanaton vier doiffui dedigen (theidingen) flir riu FAmdi lInMitaigir Pfwudiig.»

* «Item, die Waldmetoter jetmiit tàai vnA limMoli mvient» t oeiz dei bougeois qni actuellement rempUsteat les fonctions de matlni de ferèt et ceux qa'on (e'est-àrdire la eomimuie) déeifura pour lee rem- placer en leur temps.

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878 IBVQB D'ALBAOB

heimboiirgues des ventes quDs amont dites dus le eoarant de Tannée.

Giaqiie waldmestre reeem pour sa pdne deux parts de droits de glandée quand il y aura partage.

83.

Si quelqu'un a coupé du bois pour traverses, ais d'entre- vous ou des porches pour lattes, (ju il aura préalablement demandés au waldniestre comme Texige le rèj^lement, et qu'il n'ait pas de voiture à lui, il accompagnera dans la forêt le voiturier qu'il engagera. Un chacun et les forestiers y veilleront *

34.

Quand à l'avenir l'un ou l'autre des quatre dits villages fait charrier des fascines de l'intérieur de la forêt dans les chemins et qu'un charretier coupe des perches pour servir d'appuis aux fascines sur la charrette, il est tenu de décharger ces perches avec les fascines et de les disposer' ensemble dans le chemin pour le consolider. Celui qui ne s'y conforme pas et prend de ces perches avec lui à la maison, eneourt la petite amende. Un chaenn et les forestiers y veineront

35.

Celui qui dorénavant commet une infraction au r^ement avec des bêtes se nourissant de grands, devient passible d*une amende, dents schillings deniers stsbg.àpayer aux vraldmestres et 5 schillings deniers stsbg. à payer aux valets avec lesquels il pourra s*airanger et il viendra traiter judiciairement avec

* «und kein cigcn fur hat wann einer dcrselbigen einen Einger (= voiture de louage. Voy. art. 45.) gwinnt 80 sol er myt dem wagen vareo. Daraber Bflgeat mmi^ich ond die fertter.»

* twwbomw in dan Weg», diipoier lat ùaeum an ttaven daacha- aiina défoncéa ai bonrlMnz pour las oonaolidar.

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BteLIlRMTATlON D*um iobAt OOmfOKAU 879

les quatre villages au sujet de quatre livres deniers stsbg. Le» gardes forestiers ont seul à veiller sur cet article.

36.

D<»éDATaiit nul ne coupera plus de fascines pour échalier d*aucun arbre, sauf les branches inférieures qu'il pourra atteindre du sol (sans monter sur Tarbre). Celui qui dédaigne ce règlement devient passible de deux Bchillings à payer aux waldmestrea et de deux acbilUngs à payer anx valeta, qui pourront ht! en ftite grâce. Les forestiers y Teilloront aussi seuls.

37.

A Tavenir on ne devra plus couper dans la forôt des harts à lier (par bottes) le seigle et le lin.* Quiconque n*obserTera pas ce règlement, encourt, sll est surpris, 2 schillings h payer aux waldmestres et 2 schillings pour les gardes, dontil pourra obtenir la remise. Seuls aussi les forestiers y TeOleront

3a.

Qiacun des bourgeois actuels et futurs des quatre dits villages devra planter à Tavenir chaque année cinq saules sur

le communal, ' et celui qui ne les plante pas dans les règles

et ne les encage pas en les entourant d'épines, encourt, s'il est dénoncé, 1 schilling deniers stsbg. à payer aux waldmestres et G deniers au rapporteur. Un chacun et les forestiers doivent y veiller.

39.

Tous les points et articles qui précèdent et qui suivent doivent être observés perpétuellement ^ sauf les deux derniers

* «Korn- odnr Flarhsiwitt».

* f fùaff widcDstem aff du almende geaetiet werden».

* «onne Abgang>.

880 unm o*ALBAfli

concernant les harts'pour seigle et les saules ; ces deux articles

ne doivent être exécutés que pendant neuf ans, à partir de la date du présent article ; à l'expiration de ces neuf ans les quatre communautés des quatre dits villages abandonneront ou maintiendront encore plus longtemps ces deux articles selon qu'elles l'entendront

L'observation ' de ces deux articles commencera avec l'année Ton écrivit depuis la naissance du Christ n. ch. S. qnatone cent quatre-vingtrdiz-sept (1497).

40.

Dorénavant les garçons-porchers qui garderont les porcs dans la forêt pendant la glandée, devront transporter à leur feu tous les jeunes hêtres qu'ils couperont et les utilîser (employer par le Sbu). les troncs aussi bien que les branches dans llntérêt de la forêt' Celui qui ne tient pas compte de ce règlement, encourt, sll est découvert, la petite amende qui est de 4 schillings deniers stsbg. Les forestiers et un chacun des quatre dits villages doivent y veiller.

4L

De même il a été arrêté aussi qu'à l'avenir, quand l'un ou l'autre des quatre dits villages est occupé à couper dans la forêt du bois pour travaux publics ou pour outils d'un usage commun et général pour la communauté ou bourgeoisie tels que petits ponts, barrières, bâtons de pompes, bascules de puits et manches de bascules, entretoises et traverses, ou

> •xmà sallcnd angende jme Jore do man aehreibt noch der gsbvit Christy u. 1. h. viertzplion Iniiidert Nttntzie; und Sûben Jore.»

die hûtknecht wan man myt don Schweinen jm Walde fert jm eckorn was sii abhogcn von bûchcn erdokicmen sûllent sy diesclp bloch myt sampt den eraten zum fUr Bchaffen and verbruchen noch nuis des Waldet.»

Cet wtkie 40 «tt amtoUé par Ptrticle 4S.

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BÉQLBMBNTATION D'ONB fOBÉT OOMMUNALB 881

du bois pour quelque cloisonnage pour le village ou pour le cimetière, ou pour lattes et piquets quelconques à IHisage du village personne de ce viUage, ni maître, ni valet, ne pourra s'approprier les branchages du bois coupé, ni les trancher et scier pour son propre compte, avant que le tronc lui-mdme ne soit façonné et transporté dans le village auquel il est destiné J Survient-il par contre un ou plusieurs boui^ geois de nHmporte lequel des trois autres villages, ils pourront ft leur fq*é prendre et fendre les branchages dès que le bois sera abattu. Quiconque n'observe pas ce règlement encourt, s'il est dénoncé, la grande amende. Un chacun et les forestiers ont ô. y veiller.

42.

n a été arrêté aussi qu*à Tavenir aucun des valets-gardieos

qui, lors du parcage en temps de glandée, apportent aux por- chers leurs repas dans la forêt, ne devra plus couper de bois

vert, ni de hêtre, ni d'autres essences défendues comme bois de chauffage pour son feu; c'est du bois mort et sec,* comme on en prend d'ordinaire pour le feu, qu'il doit prendre. Pour

* «Item. Es ist ouch gemacht dass Dtlihrtter me wanne man gemein werg oder geburwerg... werre sach daaa aii hiegent stege ja das dorff oder termAoum», ete. Ge dêmicr mot eompoté du mot aUomaiid «banm» (=B aibro) et du mol latin^ mto, de man, fermer, a laiaié d«i traoM daoi eerlaiiu viUaget ■IsaeieiM, oli l'on a ooMorvé le mot «Mixe» poer dliign^ l'entrée da village quand dcpoii longtemps il n*y a plus do benage, ni de barrière, cf. «Fallthor» anc. <Tallethor> s port» nutt- colis ] «Schranken, Schlagbaum, Sperrbaum, Sperrbalken.»

Le mot «Berrenbaum» s'emploie spécialement aujourd'hui pour désigner la barrière d'un port, une bascule ou un hérisson dans des fortifications et dana ce aens il dérive sans doute de tara = scie, aerratu» = dentelé.

«M toL.. keiaor hein aberimls nftnadion oder nflhogen es sigo ' maisler oder gwfaide... dis selpbloeh sii dan lOfor nad ee (= eho^ d'abord et saptistrant) jm solbon dorff. . . »

' «Torbant holtz znm ftre», de «bann» s éU&aaê, interdiotion.t* «fonder dftr nnd dopliolti».

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nvui d'alsaos

la construction de la hutte des porchers on pourra couper du hêtre vert comme par le passé.

43.

A ravenir les waldmcstres ne devront plus donner de pots de vin anz enchères de boi«.

44.

Quiconque à Tavenhr ne tient pas ses bâtiments* on bon état quant aux seuils, toits et autres parties essentielles, devient passible d*une amende de' deux schillings deniers sans remise.' Ces amendes serviront, d*abord à défrayer eonvenar blement les inspecteurs de bâtiments, et les waldmestres noteront le surplus dans lenr décompte de fin d*année sous la foi de leur serment

Celui qui ferait des difficultés à payer de pareilles amendes, sera privé de' toutes jouissances de la forêt tout comme un étranger.

U

L'année du Seigneur 15.05, le dimanche après la Saint- Mathias (24 février), les waldmestres desdits quatre villages, savoir : Lentz, Jean, de Ilatteu, Diebold, Jean de llittershoffen, Sturm, Thoman, de Niederbctâchdoif et Anselme, Yinceut, d'Oberbetschdorf, ont arrêté :

45.

que ceux des citoyens établis dans les quatre villages, qui seront commandés en corvée pour charrier du bois (de fou) jan château (de Hatten) doivent abattre, chacun un hêtre ne donnant pas moins d*une charrette ' de bois et ne doivent pas

' «Bin gebOwe».

' «bricbt ij Schilling Pfcnning onne fraoâe*,

* c. . .and geboiten wQrdt, fron holu jn das MhloM xaeftter6n, der ,

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BÈOLBMBNTATION D'UKB PORÊT COMUUNALB 888

couper, comme cela s'eat pratiiiué jusqit^à ce jour, un certain nombre déjeunes hêtres.

Quiconque n*agit pas selon cette ordonnance, encourt, s'il est découvert, 6 schillings deniers, tout comme s*il avait charrié ce bois dans sa propre cour.

Deux ou trois bourgeois peuvent donc s^assoder et abattre ensemble un bétre leur donnant à tous asses de bois pour satisfidre la seigneurie sans que la forêt soit dévastée.

sollc hogon eyn bûchenstang die <ln iiit wongor dan ein Enger holtz git». « Kiiger.) = charrette, churrotée (ravine: <onj^»— étroit). Le règlcmeut de 1572 a «Karch» = charrette à deux roues, «oderWagen» à qnittre rouet. «Enger lud Anger» SfangaHa corvée en latin da M. A., do «Angerwagen, Angerfidirl, Angenrdn».

(Test an chAtean do Hatten quo rteidaiil'adminiotration dn bailliage; taand oUo avait besoin do bois de chanAge ello s'adressait au lieia- bovgae ou an waldmeotrOfOtlesheimboargaesdleignaieDt les bourgeois à tour de rôle pour cette corvée. Le seigneur ne retirait de la forêt que le bois de feu et de construction nécessaire à ses établissements dans le llattgau; l'exportation du bois était interdite; et quant à la corvée d'attelage en général, il ne pouvait en exiger au-delà du ch&teau de Hatten et^ depuis 1633, pas an-delà de sa résidence de Bouxwiller. •Sic Omnera ImpÊt, im ûmm der vier IMrfiv in Halgan esiiira Htmm ê Mart. Ml 15U pnmmeimit, jpiod ad oroMi «i Baii&m el ad mlmm

miniaria eontra gwm miUti vinum adfere eoad» «I desuper conquegii fuissent. 21 April. Anno 1567. id guoque impnbattm fmL» Bosenthal, de fend., etc., cité par P.-M. Wehner, in praci. juris ob9ervat. voc. iHng- nottul, p. 104, $. Edit. noviss. J. Schilteri, ArgeiU. 1735, p. 85. Les quatre villages étaient des tiefs immédiats de l'Empire et jouissaient en tonte sécurité de leur forêt sous le gouvernement des landgraves d'Alsaoo et sons oelni dos seignewo do Uohtoaboxg 188S-1480; Us bo tanai iaqiiétés dans leur possessloik et Joaissanee do l'A^nich quo par les çosates do Hanaa 1480*1786 ot dnnat soutenir oontre ovx dos procès interminables de 1537-1736, procès anzfnels les successous dos- dits comtes, les landgraves de Hesse-Dannstadt (1786-179S), nonunlo grands-ducs en 1806, par Napoléon I^'', mirent fin en renonçant for- meUemont à leurs prétentions sur la iorét en faTear des quatre villsges.

884

■«▼us o'albaob

4fi.

A Tuvcnir il sera t^^alcmcnt interdit d'abattre des piiKs pour bois de chauti'age; on observera au euiitraire pour le bois de pin les mômes règlements que pour le hêtre.

DEUXIÈME PARTIE

m

L*année du Seigneur 1480, le jour de la Nati^té de la Sainte- Viflige (8 septembre), les honorables Ulric, Nicolas, heim- bourgae, et BOschofi, Michel, fils d'Henii, mattre de iordt, de Hatten; Hasen, Pantaléon, lieimbouigae, et NeasenhiiiB» Léonard, maître foreatier, de Bitterahoffisn; Snmer, Nicolaa, beimboiiigtte, et Thoman, dn Osterende, mattre de fbrdt, de Nieâerbetsdidoif;* Hilemann, Valentiii, beîmbourgue, et

^ «Thuman am Oster-Ende, Watltmeister za Nieder-Bctschdorf», c'est: à4irt àm»maA à l'cstrtaité est da Tillage et à un x^uart liane da villag» diipwa d'OitanidMf (d'cOslini» as dtié Ten PEUX mentioiuié en 698 et 808 dau 1m Tndii Wsbg., a* 88 et 19, el pour la deniièn f<^ en 1888; voj. Idonuinr: HMiM-Liditeiib«rg I, p. 149. Le dnuHère éPOsUmdorf, anjoard'hui canton mral de la banliene de Rit- terahoffen, était situé à 1 kilom. de Niodorhotarlidorf sur la gauche de la route allant à Hatten, dans le triangle formé par cette route, le eentier qui conduit à Rittershotfen et l'Eschengraben.

Parqués dans la forêt le 2'J septembre, les porcs y restaient jour et nuit jusqa^ eemmencement de décembre, à moins qu'il n'y eftk disette de g^sads et de fidnee; en ee cas ea levait parfois d'aatres iJaaidées^ eeile par exemple de la petite forêt de Bflhl, appelé «Lee^ «ildel», aajoiirdiiiii défridiée. l/osege de parqaer les pores daas la forêt s'est fluintenn jusqu'au commencement de ce siècle.

Parquer les porcs dans la forêt disait : <sie in dea Wald seUafOn» et «eineckeni»; r«ecker», la laine et le glaad.

■ftÛLnaMTATIOH D*I»IB FOIÉT COMIIDMALB 885

Heintz, Nicolas, waldmestre, d*Oberbetschdorf, vu llntérêt et

les avantages de toute la couimunauté en général des quatre dits villages, ont arrêté que :

47.

A l'avenir tous les porcs qu'on élève pour Dieu, la Sainte-Vierge et les saints, doivent auparavant et avant que le jour de la Saint-Michel on parque les porcs dans la for^t, diro signalés à diacun des waldmestres, actuels et futurs, du village respectif ou à quiconque sera désigné à cet effet par le village. A cette fin les porchers feront connaître aux prébendes de la Saint-Michel les noms des pro- priétaires et remettront une liste spécifiée constatant le nombre de leurs porcs aux maîtres forestiers afin que Dieu, notre chère Daine et les saints ne soient pas frustrés et que d'autre part les communes des quatre dits villages, riches et pauvres, et ceux qui achètent des droits de glandéo ne soient pas exposés à ce que leur glandée devienne la proie de ItL fraude; il faut qu'à Tavenir ils soient préservés d*ttn dommage qu*on a ^[trouvé autrefois et Jusqu*à ce jour et que les gens soient maintenus dans leurs anciens droits hérédi- taires. Quiconque sur ce point agit avec fraude ou autrement envoie des porcs dans la forêt en temps de glandée sans en avoir le droit, sera frappé suivant l'ancien droit coutumier de la forêt TAschbruch, c'est-à-dire, que tout d'abord, il perd (par conliscation) les porcs avec lesquels il commet la fraude*

' Un acte de procèi, de PaoïiAe 1511, meatioiiike des confiieaftioiis de poroi appurlenaat à Nicolas de Fleekeiitleiii, seigneur de Niedeirtdeni ; ee seigneur, dont le chfttean liait sitiié sur le tenit<4fe de Hatten, avait le droit de parcours dans rAgchbraeh pour tons ses porcs nés et élevés dans les porcheries dn chAtea^ et en frisait venir de ses antres domaines, pour les envoyer avec son tronpean de ROdem dans l'Aschbruch, les gardes forestiers do Hatton n'avaient rien de plus pressé à faire que de les Ini saisir et contisquer. C'est ce qui arriva en 1508 pour sept porcs et précédemment déjà pour deux, dont il est dit que les forestiers s'en saisirent, les abattirent, mangèrent ou vendirent. Nouvelle Série. UT* année. 86

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886

et paiera en outre aux qiiatre commimea 6 livrée demers stebg. sans remise. Les gardes forestiers et les waldmeetres et qui- conque en sera spéeialemait ehargé par tes quatre communes

doivent y veiller.

48.

Les mêmes personnes ci-dessus nommées ont de plus arrêté dans rintérêt général des quatre communes des quatre dits villages le règlement suivant :

Quand à rapproche de la Saint-Ândré {dû noTombre) un bourgeois des quatre villages posséder huit porcs, dits pores indigènes, * il ne doit pas en acheter ni en prendre d*autres en fief pour les parquer dans la forât Hais sll n*a pas les huit porcs concédés par la loi du pays, il lui sera permis d*en acheter jusqu^à concurrence de huit, mais pas au-delà de ce nombre et il ne doit pas non plus en prendre en hel - pour las envoyer dans la forêt.

S'il en achète il faut que Tachât soit un achat droit et sincère et pas un achat simulé et frauduleux ' comme il peut y avoir eu autrefois et même jusqu'à ce jour, livrant à la fraude la glandée des pauvres et des riches.

Celui qui n^observe pas ce règlement et outre-passe ses droits, encourt, suivant Tanden droit traditionnel de FAsch- bruch, de perdre tout d^abord (par confiscation) les porcs avec lesquels il commet la fraude et de payer en outre une

' chelmisch-srhwcin > porcs élevés dans la propriété de chiQQi bourgeois. Ce n'est qu'en cas d'achat que le nombre total, concédé pow

la glandée, était limité à huit. ' «ki'iiic in Lelionschaft balten».

' «. . .hu wiT (las3 soiliches ein uffrechter Redelichcr Koùffe nyt ein holjrentlliche Koilff sig sundcr onne aile filrwort beschehen 8ige>. Le mot «^holgcadlich» est remplacé dans la rédaction de lb30par «hellingen . = hehlingen, heimlieh, heimtftekiidi («TeiheUen» s'çadier), leeret, traître; les denx moto dériTmi de «hohl» creux, caremenz, elc .

RÉGLEMENTATION D'UNK FOBÊT COMMUNALE 887

amende de 5 livres deniers stsbg. sans remise, aux quatre eommunes desdits quatre villages. Les forestiers et les wald- mestres et quiconque en sera spécialement chargé par les quatre communes, doivent y veiller.

49.

Dans ces achats de porcs on ne doit pas non plus user de fraude d^aucune espèce au siqet des truies. Voici ce qu'il làut observer: Quand quelquHin a moins de huit porcs dont une truie, il ne doit pas acheter de truie; il complétera le nombre

de huit en achetant d'autres porcs. S'il a moins de huit porcs et pas de truie, il achètera une truie et d'autres porcs pour arriver au nombre de huit Celui qui a plus de huit porcs qu'il a tous élevés, sans plus avoir de truie pour faire souche, pourra acheter, s'il veut, une truie ou en acquérir une par échange, mais pas plus d'une et sans ses petits. Quiconque outre-passe ce r^ement est passible comme ci-dessus.

IV

Le règlement suivant a été fidt d'après Taneién règlement

qui précède sans préjudice pour celui-là, par les quatre anciens et les quatre nouveaux maîtres forestiers, de concert avec les heiml)ourq:ues actuels, pour le bien des communes de la forêt rÂspruch. '

* Dans ce nonvean règlement additionnel, sans noms, ni d&tc, l'ancien nom dp la forêt «Aschbruch» est remplacé pour la première fois dans ce document par celui d'« AspriK h. (jui lui est resté et que l'étymologie populaire explique (faussement) par *Anijprucli-\Vald>, forêt sur laquelle différentes personnes, les seignemt et les qnfttre Tillages, prétendaient «voir dea droits. Gès attioles additionnels smit sans doute du ndliea dn xn* sièele; or, la nom d'«Aapn»ch» était déjjà offideUement en naago en 161L Les procès entre les quatre villages et les comtes de HananJichtenbetg^ an sujet de cette forêt d'environ 2800 hecUreSi ont commencé en lCfi7> e'est^à-dixe immédiatement ^>rèi bt guerre des

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888

wnuE D'âuuuni

50.

Pour commencer: Conmie donc depuis quelque temps cer- tains habitants et bourgeois, dominés, les uns par nntérét personnel, les autres par la négligence, laissent leurs bâtir monts sb dégrader soit qu% n*entretiennent pas bien les

toits, soit qu'il y ait quelqu'autre cause de détérioration tandis qu'à peu de frais on pourrait y reiiiOdior, raiicioii usage (le Tinspection trimestrielle des bûtiiuents })ar les waldinestres sera maintenu pour l'avenir ; et quiconque ne tient pas ses bfitiments en parfait et bon état, sera passible, la première fois qu'il sera trouvé en défaut, d'une amende de 4 schillings deniers stsbg. à payer sans remise pour un petit « Ënong > ; et si, à Tiospection suiTante ' on le trouve encore en défaut il sera passible d'un grand « Ënong > ou amende qui est de 5 livres deniers stsbg., et si à la troisième inspection il n*a pas fait faire les réparations indiquées et nécessaires, il sera privé de toutes jouissances de la forêt tant en appro- visionnements de bois, qu'en glandées et pâturages, de sorte que, ni lui, ni ses bdtes ne jouiront de la foiét, tant et aussi longtemps que ses bâtim^ts ne soient pas remis en bon et par&it état pour l'ainélioratlon du pays de notre gracieux seigneur.

Les waldraestres de leur côté seront tenus sous la foi de leur serment de faire tous les trois mois leur tournée d'ins- pection pour visiter les bâtiments et pour constater les réparations À y faire.

pftj8«iu, et ont duré plna de deu lièeleB: lei anêta rendin, tant à Spin qa'à Paris, ont été en fkmr d«s qoatrt «oamnnea. Yoy. ffiiniiiMr, CoiuUMiomê, p. 185 à 182, qui, aprèt ftToir n^porté la Ck)iiatitiition politique, appdéa le JakrtjfmA du Hattgav, donne qnélqnea détails aar

ces procès. * «anta (= bis>) maa wieder besichtiget*.

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BÊOLEMSNTATION O'ONS POBÊT GOIOIUNALB 889

51.

Deuxièmement : Si donc quelqu'un avait à faire quelques couâtructions ou réparations à sa maison ou à sa grange et qu'il eût besoin de bois, il réclamera ce bois au maître de forôt; celui-ci ira avec lui et visitera le bâtiment en question pooTTOir quelle espèce de bois il lui faut; s'il lui fiant des seuils, le waldmestre lui donnera du bois de cbène, et pour le reste dont il aura besoin, il lui donnera du hdtre et pas de ehdne. Le waldmestre préviendra le garde forestier du nombre de pieds d*arbres quil lui aura accordés et celm qui coupe an^eilà du nombre d'arbres concédés, devient passible d'une amende de 5 livres deniers pour le bois de chêne et de 6 schillings deniers pour le hôtre et cela autant de fois qu'il aura coupé de tiges.

52.

Si quelqu'un est obligé de bfttir une maison neuve ou une grange, il doit s'adresser au waldmestre et lui réclamor le bois nécessaire. Le waldmestre lui donnera pour une maison, trente pieds d'arbres chênes, pour seuils, poteaux, solives d'en- chevêtrure, solives passantes, pannes ou filières et poutres à employer utilement ' Pour ce dont il aura besoin en sus, il doit prendre du hêtre et pas de chêne et l'employer à son bâtiment afin do ménager la forêt Dans le cas que quelqu'un coupât plus de trente tiges de chêne, * il encourt pour chaque tige 5 livres stsbg. Les waldmestres et les forestiers doivent y veiller tout particulièrement

53.

Quand quelqu'un se trouve dans le cas de bfttir une grange, il s'adressera également au waldmestre. Pour une grange le waldmestre ne doit pas donner plus it vingt pieds d'arbfes

* Toatet Ifls plioet prine^ales étalant de brin. ' «10 einer Mer bige dan dieaelbig Somma».

890 RBVOB d'alsàcb

cliêncs, savoir pour seuils, poteaux, solives d'enchevêtrure, solives passantes et i)oiir tout autre emploi utile. ]*our ce dont on aura besoin en sus on pourra et on devra couper du hêtre et pas de chêne et l'employer à sa bâtisse afin de ménager la foFÔt Supposé qae quelqu'un coupât plus de vingt chônes, il rompt ou paie pour le chdne 5 livres et pour le hfitre 6 BchiUingB stsbg;, et cela autant de fois qu'il aura coupé de pieds d'arbres*

M.

Si quelqu'un était obligé de renouveler le faîtage de sa maison ou de sa grange, le maître forestier lui donnera cinq pieds d'arbres chênes et pas plus; pour ce qu'il lui ûuidra en BUS tt pourra couper du hêtre ou du pin ou le prendre dans les abatis de chênes, comme Teiige lintérêt de la forêt; et ce bois il est tenu de remployer à son bâtiment sous ladite peine.'

Les mattres de. forêt ne doivent pas accorder.de bois pour une nouvelle construction entre le jour de TAnnonciation de la Vierge (25 mars) et la Saint-Gall (16 octobre). Ce n^est qu'après la SaintpGall ef jusqu'audit jour de la Vierge qu'on peut avoir la permission de couper (du bois de construction) il moins que quelqu'un n'habitât (ne logeât dans) une vieille maison (}iii exigeât des réparations urgentes, ' cardans ce cas on peut toujours eouj)er du bois. Celui qui coupr du bois dans l'intervalle interdit, encourt la grande amende ou « £nuoag ».

66k

S'il arrivait que quelqu'un ezport&t du bois du territoire

'«PS wer dan sarh das oiner in einom alten banw Icge und zue blt'tzni von NctiicM wrr>. «hletzen -- flicken, ausbessern» rapiécer, raccomnioil(T, ri parer. <Bletz> = lambeau, pièce, etc. (*iege =) lige» ^ logeât, de «Uegen».

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BÉOLBUSNTATTOir D*UMI FOHftT GOUMUNALB 891

des quatre villages, quelque fût ce bois, ouvrajîé ou non il encourt, comme d'ancienne date, la grande amende. Les forestiers et un duMiuii des quatre villages susmentioimés doivent y veiller.

67.

Personne ne doit plus couper de perches on gaoles, ni branchages de charme pour clôtures entre le jour de TAn- nondation de la Vierge (25 mars) et le jour de la Sainte- Croix d*automne (14 septembre). Celui qui dans cet intervalle coupe des gaules ou braiuliagcs, encourt la petite amende. Les forestiers y veilleront

68.

Si quelqu'habitant des quatre villages était obligé d'entre- tenir dans la banlieue de son village une clôture le long de quelque champ, il doit à Tavenir renoncer à la haie sèche et la remplacer par des haies vives.* Celui qui à Tavenir continue à employer des branchages pour clôturer le long de quelque champ, paie une amende de 6 schillings stsbg. Les forestiers et les waldmestres y veilleront

Les waldmestres feront chaque année leur tournée dlnspee- tion pour veiller à ce que les haies vives soient plantées en temps utile afin que la forêt soit ménagée et conservée.

l'aridité' du sol ne permettrait pas la plantation de haies vives, il faut faire une clôture de palissades de i hônc bien solide, qui durera bon nombre d'années, et ainsi Ton ne sera pas oitligé de couper tous les ans des branchantes, et do ruiner la forôt; il faut faire ce qui est utile et enrichit (fortitie)

' «48 wer gemacht oder ungemacht arbeit».

* «sonder hege da zillen» (cf art 12 note) <und welcher alio me gertten neben den acker lenglichs zinen (zaïm) wirdt>.

* cwa aber eyner PQraong halben kein li«ge zillçn kont».

882 Ktmm D^àisàm

le pays et améliorer le bien des habitants des quatre villageB.*

59.

Nul forgeron ne doit pins couper dans la fordt dn hoUà pour charbons ; le contrevenant encourt la grande amende.

Dans le cas (^u'un des bourgeois domiciliés dans les quatre villages commît une iiifruction au règlemeut sur Tun ou l'autre des articles transcrits ci -dessus et qu'il fût condamné par les vingt bommes, sur la montagne, À payer une amende, cet arrêt doit être respecté.

Celui qui refuserait de se soumertrc à une telle sentence et de payer l'amende reconnue contre lui par les vingt sur la montagne, sera privé de toutes jouissances de la forêt, tant en bois qu*en glandée et p&turages, de sorte (pie ni lui, ni ses bêtes ne jouiront plus de la forêt tant et aussi longtemps qu*il ne se sera pas mis en règle au siqet de Pt Enong » on amende à payer aux maîtres de forêt ou à quiconque sera chargé par les quatre communes de la percevoir.

Traduit et annoté par M. HUcjlel.

* damit (er) nitt aile Johr gertten hanwen derff xmû der Waldt ia Abgang kommen mecht sonder das Land geaterckht and der Inwoniier Gut der Tier dôrffer gebeaaert werde».

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NOTES

SUR U CULTURE, LE COMMERCE ET L'USAGE

DU TABAC

dans l'ancienne République de Mulhouse

1649-1782

D*après les a Renseignements statistiques sur plusieurs objets importants do Tadministration du Bas-Rhin », adressés, en 1801, au ministre de rintérieur par le dtoyen Laumond, premier préiét fraaçais de ce département, llntroduction du tabac remonte à Tannée 1630. Un n^dant strasboorgerâi, Bobert Eœnignnann, qni a^ût obserré en Anc^eterre les résultats fitTorables de la cultore du tabac, fit venir de ce pays, dans ladite année, des semences et des plants et en couvrit un vaste terrain, nommé Wadaoœr^ situé près de sa ferme, à une demi lieue de Strasbourg, entre le Contades et Scbiltig- heim. L'ensemble de ses propriétés prit dès lors le nom de Ferme anglaise, Englischer Hof. Vers la tin du siècle, la fabrication du tabac, en Alsace, se montait h 50,000 quintaux et fut portée, au commencement du xvur siècle, au chiffe de 80,000 quintaux.

Pour des raisons hygiéniques, de sûreté publique et autres, l'usage du tabac rencontra, ^ de certaines époques, une vive

1

89i wnm d'alsaoi

opposition de la part de Tautorité, tandis qa*à d^aatns, il tat

toléré sauf certaines restrictions.

Un décret du 20 août IH')!», rendu k Coîinar, porte ce qui suit : « Il est dt'^fendu aux Ixturj^eois, aux manants, aux soldats et aux ouvriers de fumer du tabac {Toback trinken), dans cette ville, sous peine d'une amende de 2 liv. (5 fr. ôO); la même peine frappera, sans merci, les marcbands et les revendeurs qui tiendront du tal>ac dans leurs magasins. > Oolm. Bathâ- FirotùkoU

Les mandats du Magistrat de Mulhouse et les rtglements des corporations des métiers ou des sociétés de tir, renferment un grand nombre de décisions sur remploi, la culture et le

commerce de la plante nicotienne. Nous en extrayons les

suivantes :

« Il est défendu de fumer (Tahak zu trinken) sous peine d'une amende d'une livre. 28 juin 1()49.

« U est défendu à toute la bourgeoisie de fumer du tabac; les bourgeois sont tenus à se dénoncer réciproquement, en ▼ertu de leur sonnent civique. Si le contrevenant est un bourgeois, il payera une amende de 12 batz (2 fr. 60), dont la moitié sera versée dans la caisse de la tribu à laquelle il appartient et raiitre écherra au dénonciateur; si c*e6t un étranger, il payera 3 bats à rappariteur de la police. 10 juillet 1659.

n II est défendu de fumer sous peine d'une amende de 2 livres, et de vendre du tabac, sous peine d'une amende de 10 livres. 18 juin 1662.

« La 'permission de planter du tabac est accordée à Jean firuckner, mais il faut que cette culture se fasse dans des chènevières ou des enclos. 19 février 1696.

Rappelons id, en passant, qu*environ à la même époque, Jean-Conrad Grynaus, pasteur à Téglise Saint-Etienne, gour- mandait du haut de la chaire les priseurs et les priseuses, qui pulvérisaient, pendant le service divin, leur tabac à Taide

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NOTES SUR LE TABAC A MULHOUSE 896

d*ime petite rftpe, instrument à la mode, qaHs avaient cou- tome de porter dans leurs pochettes. (Voy. BuBeHn du Muêée Mttor^pie de MuOuute 1879, p. 28w)

« n est défendu sous peine d*une amende de 18 bats, de fnmer dans les granges, les étables et près des étaies de séran (HecheJMnke). Ceux qui seront témoins de la contravention, sans dénoncer le coupable, payeront la même amende; le dénonciateur eu recevra la moitié. 1" septembre 1717; 30 oc- tobre 1726.

c Même défense est faite sous peine de la prison et d'une amende de 3 livres. 24 novembre 1734.

« Il est défendu à tout marchand ou autre bourgeois de s*engiiger dans un commerce de tabac de contrebande, à moins de payer 30 sols par quintaL U est défendu de mélanger le tabac, sous peine de confiscation et d*une amende de 30 livres, n est permis d'avoir un débit et d'y vendre à son propre compte ; mais il est interdit d'accepter de la marchandise en commission. 24 janvier 1753.

« Un bourgeois de Porrentruy fut condamné à une amende de 50 thalers pour avoir établi en ville un dépôt de tabac de Saint-Vincent

c Vu que, sous prétexte d'employer II son propre usage, les . sortes de tabac non prohibées, U s*e6t introduit de nombreux abus qui pourraient porter atteinte à la réputation de notre ville : il est dorénavant défendu de contracter des baux ou de prendre des assurances dans le but de foire le commerce de tabac en gros. Par contre, il est permis aux marchands de vendre le tabac de leurs proi)res débits, de la main à la main et en détail. Le poids du tabac expédié hors ville ne pourra dépasser 2 quintaux; le vendeur est obli<ïé de produire un certificat constatant que l'affaire a été traitée bona Jide (de bonne foi). Les contrevenants paieront une amende de 50 liv et leur marchandise sera confisquée. 19 décembre 1753; n janvier 1754.

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UVUK D' ALSACE

c Au milieu du xvm*, il étoit défendu de fumer dus les saUfiB de réunion des tribus :

t Le U Juin 1754» dnq mattreB4>onehen fùrent eondamnés chacun h une amende de 5 schellings pour avoir iiimé. > (Um des Procès-yerbaui, PrMM der Mei^erzmfi^ de 1786 à 1775, fol. 108.)

« Considérant que de nouveaux et nombreux abus se sont produits dans le commerce du tabac ; que les commissionnaires ont introduit en ville de grandes quantités de tabac, et que, pour cela, la ville pourrait passer pour un dépôt de contre- bande: il a été arrêté, en séance du Conseil, qu'il ne pourra être expédié, à la fois et par Toiture, qu*un seul barril du poids de 2 quintaux, et que les épiciers alterneront dans Pexpédition de la marcbandise. S*il n'arrivait qu'une seule voiture, dans la semaine, il serait permis d'expédier 2 barrUs. Toutes les expéditions seront contrôlées à la douane {Kauf- haies); ceux qui feraient les chargements au-dehors des portes de la ville, paieront une amende de 30 livres et leur marchan- dise sera contisquée. 8 avril 1756.

t U est défendu aux bourgeois de transporter du tabac, sous peine d'une amende de 50 livres, et de la condamnation au

« Les manants {Hmienœia) perdaient leur droit à la pro- tection de la ville ; des punitions corporelles et le bannissement

frappaient les contrevenants étrangers. Les épiciers, qui délivreront des certiticats d'exportation, seront condamnés à une amende de 58 livres. 20 février 175^.

« Un bourgeois, accusé et convaincu de transport de tabac»

* Conz qai tnbimient eette peina étalMit chargAt da diatiiM au tntiiaiaiit det bonlato de iee pendant qn*ils axéentaient las tmanx pnblicB les plus pénibles, sons la sureillance des valets de la fille; is étaient coiffés de chapeanx on de bonneta gands de grelots, SdieOen, qni se bisaient entendre an moindre menveaent dn corps

NOTES 8CB LB TABAC A MUX^OUSB 897

est banni de la ville ; un antre est condamné à trois mois de SdiéUenwerk, 13 septembre 1758.

« Nicolas R. est puni pour avoir établi un moulin à piler le tabac (Tabak$tampfe) et pour avoir vendu du tabac contrai- rement aux règlements. A l'avenir, il devra faire contrôler sa mArchandise à la douane et faire apposer le timbre. 19 janvier 1774.

a Ceux qui feront venir du tabac par des contrebandiers seront punis d'une amende de 30 livres, lors même qu'ils n'auraient pris le tabac qu'en commission, l*' août, 13 s^ tembre 1775.

D'après le livre des Procès-verbanz, la Société des arbalé- triers (Arnihruri$ehubmy a arrêté, pour Tannée 1782, ce qui suit:

c Quiconque fumera dans la salle du tir, paiera une amende

de 3 sols. Il est absolument défendu de fumer pendant les repas de la Société. »

Aua. St(£B£&.

* La maison de réunion des arbalétriers fat construite, en 1681, hors

la porto de Râle, sur remplacement de l'ancien hôtel du Lion rouge, aujourd'hui rilùtel rentrai. Celle des tireurs à la carabine (J?oAr- schûtzniliftHx), constriiitn pu \'ûh. se trouvait hors la porte Jeune} c'était plus tard la brasserie Danner.

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NOTES BIOGRAPHIQUES

8UB LS8

HOMMËS LA MVOLUTiON

STRASBOURG £T LES EI^YIRONS

N£UMANN (François)

12 janvier. Lecture en est domiée au Club S8 mais. Chargé de faire Tenquâto sur le partage des biens commu- naux à Bischwiller 8 octobre. Ifembre du Directoire du Bas-Rhin. CTestKamm qui le remplace au Conseil général du département 8 cet. Membre suppléant du Comité de surveillance et de sûreté générale du Bas-Rhin 15 ocL L'un des cinq sous-agents du tribunal révolutionnaire au- près de Tarmée 18 oct. Il assiste à rassemblée générale des autorités constituée et des Sociétés populaires dans le temple de la Raison 22 oct. Sur son rapport, Horack et Millier sont élargis 23 oct. On le charge de vérifier les réclamations de Reinwald Proposé pour Tun des six juges de la Commission militaire à la suite de l'armée, établie par Sainl-Just et Lebas 2 iiov. 1793. Il arrête une liste de deux cent quarante-huit suspects à incarcérer. Saint-Just et Lebas cassent radiuinistration du Directoire du Bas-Rliin ; il est maintenu avec d'autres, qui iormeront uneCommiââion

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899

provisoire en attendant le complément 6 nov. n fidt arrêter le baron Frédéric de Wurmeer, à Ungolsbeim 18 noy. H ne paraîtra aux séances de la Commission provisoiredu dépar- tement qae le bonnet rouge sur la tôte, signe de ralliement des vrais montagnards, et il engage les employée à suivre son exemple ~ !«' décembre. Il requiert D* Stanmi de se rendre dans les communes du district de StrastMurg, d^ asseoir une taxe sur les riches et fedre arrêter tous ceux qu^il croira suspects 18 déc Chargé de lever les scellés diez Laurent, vicaire épiscopal— 14 déc. 11 dresse llnven- tairo des papiers du même 15 déc. H interroge son collègue Ânstett 16 déc. Proposé pour remplacer Schneider comme accusateur public près le tribunal révolutionnaire— 22 déc. n fait mettre en liberté J. Schwartz, de Munzenhaussen, et M. Jund, deHœrdt 25 déc. Il clôture les séances du Comité de surveillance et de sûreté générale du Bas-Rhin, auxquel- les il avait assisté depuis le 8 octobre 28 déc. Accusatem* public près le tribunal révolutionnaire, il intime ordre aux juges do paix, commissaires de police et des rues, de four- nir à Saint-Just et Lebas tous les renseignements sur ceux qui ont conspiré en faveur de Tennemi et de raristdcratie 25 janvier 1794. Nommé juge d'une Commission révolution- naire dite ambulante pour les deux départements du Rhin 20 avril. Il aurait touché livres d'après U compîe de Weinum, trésorier du tribunal révolutionnaire, ce qui porte à croire que tout le monde percevait alors 4 juillet. Nach- bauer lui adresse une liste de quinze avilisseurs des assignats qu'il lait arrêter 30 août. C'est Schropp qui lui sip^nale deux autres suspects 25 octobre. Il est encore membre de la Société des jacobins; mais il décampa de l'Alsace avant l'airivée du représentant Bailly.

NEUNREUTHËR ( J).

Originaire de Haguenau 19 déo. 1798. Membre du Oub des Jacobins Le Comité de surveilbnce et de sûreté généraleduBafr'Bhin commet Wilvote à TeSet d'examiner remptoi quil a fidt des impositlonB perçues, par quel ordre

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400

elles ont été levées et à qui il en a rendu compte 1798. Pro- priétaire d'un moulin à garance à Ilaguenau, membre de la Ciomniission administrative de Thospice civil de cette ville 1805. Membre de la ( bambreconsulfcativd du commerça, étalée en 1803 à Haguenau.

NICOLE (François^dbfboi). à Gaen en 1764. IDUIaire en 1789, c'eet ainsi quH aniva à Straabourg, il fût employé dans un service adminis- tratif de la guerre 19 Juillet 1794. llemjDrede la Sociélé desjacobina

NIOU.

2 septembre 1792. Député de la Charente-Inférieure à la Convention nationale 15-19 janvier 1793. Il vota la mort de Louis XVI, sans appel au peuple et sans sursis. Quelques mois après, la Convention nationale l'envoya en mission à Tarniée du llhin 6 octobre. De Wissembonrg, il approuve les destitutions fuites le 3 parGuyardin etMilhaud des administrations du département du Bas-Rhin et de la municipalité de Strasbourg 13oct. Aux lignes de Wissem- bourg, attaché à la division Dubois, il lit preuve de bravoure en attaquant à revei-s le général autrichien Jellachich, dont la position devenait critique sans le secours des hussards hessois 15 oct. Avec huit de ses collègues, il crée une armée permanente de deux mille hommes, une Commission civile avec pouvoirs étendus et deux tribunaux révolutionnaires à la suite de cette armée ambulante. Plus tard, étant à Stras- bourg au Comité de surveillance et de sûreté générale, il ordonna, en cas de siér,'e, d'engager les Strasbourgeois à éloigner leurs femmes et leurs enfants, afin que la ville ne soit pas obligée de se rendre à Tennemi, faute d'approvi- sionnements.

NOLLO (Claude).

en 1761 à Paris, il était taillandier avant 1789. En 1798 il arriva à Strasbourg, comme militaire, employé dans une administration du service de la guerre 17 avril au

octobre 17d4. Membre de la Société des jacobins.

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L£S UOMMEa DS LA BiVOLOTION

401

OBERUN (Nicolas).

19 novembre 1793.11 dénonce au tribunal révolutionnaire de Schneider, Jean-Jacques Fischer, pasteur protestant à Dorlidheim, âgé de 61 ans, qui doit avoir entravé les progrès de la Révolution dans sa commune. Fischer est condamné à mort et ses biens confisqués au profit de la République.

OERTEL (Jban-Chrétien).

1789-1792. Pasteur à Téglise neuve (Temple-Neuf) à Stras- bourg — 23 novembre 1793 il abjure :

Je déclare comme homme et comme citoyen républicain que je rendu hommage k l'empire que la nation française a déféré à la raison.

Sans eei empire, jamate la liberté et l'égalité ne ae seraleiit ^aldiea •or dea baaea inébranlablea. Tova lea eentiinentai tontea lea i^lea, qui forment les mœurs et la conduite dHui hemune libre doivent être réflé- chis. Pourrait-il donc adorer un Dieu, qui se tiendrait honoré d'une foi aveugle et d'un culte qui ne dirait rien ni à l'esprit ni au cœur? Pourrait-il se plier aux oracles prétendus infaillibles d'an orgueillevx et deapotiqne eacerdoee? Je Ma on déittren fomél de tontea lea wfér cnlationa anr dea dogmea qui zabdiaent la grandeur de Dien.

Quelques mois après cette dédanitton, la Sodétô des jaco- bins damandait son arrestation, avec Tannotation dejétuUe dêoomefit et le 80 mai 1794 la munlolpalitô de Strasboorg le ftdt enfermer an Séminaire oomme pasteur, feuillant» fédéraliste et fematiqne.

OH£«lfÀNN (Fbanqois-Josbph).

en 1763 au Elingenthal Avant 1789 maître d'écri- turSfpnis secrétaire à la Chambre des con tracts à Strasbourg. Il novembre 1791. Commissaire de police au bureau de la mairie 17 octobre 1798. La Société des jacobins le porte sur une liste de vingt suspects 11 janvier 1794. Membre de cette Société 14 janvier. Commandant en second du 2* bataillon de la garde nationale de Strasbourfç, il propose au Club non seulement le rétablissement du tribunal révolu- tionnaire de Schneider, mais de le multiplier et de l'étendre à toute TAlsace 25 octobre. U est encore aux Jacobins— RoofalleSMe.- «raaoée.

402 REVUE D'ALSACE

17 janvier 1705. Bailly le maintient ooiuTnandant du second bataillon.

OLIVIER (Paul), poêle des peletiers.

Un Badois, ne en 1737, à Oberkirch Avant 1789, profes- seur à récolo de dessin à Strasbourg Juillet 1792. Membre de la Société des jacobins, il est encore le 25 octobre 1794.

ORTLIËa

Il habitait Golmar, quand, en octobre 1793» il vint à Strasbourg renforcer la Propagande Si octobre. Membre de la Sodôté des jacobins; un an après, il n'y était d^à plus 22 novembre . EUe le nomme commissaire pour exa- miner tous les livres de cagoterie qui se trouvent chez les libraires, et en faire ensuite un au4o-da-fè, ce qui eut lieu le môme jour sur la place du Château dite de la Res^ pontahUité. Il y avait la charge de neuf voitures Il de- mande à SaintnJufit et Lebas la suppression de la permanence des douze sections et Tépurement des Comités de surveil^ lance Après la Terreur, il est retoumÀ à Golmar.

OSTERTAG (André.)

Encore un Schwob, en 1757 dans le Wurtemberg Avant 1789 il était venu comme tisserand à Strasbourg, mais eu 1791 il lâcha la navette pour se faire marchand de graisses. Dans cette année il se fit recevoir meml^re de la Société des amis de la constitution pour passer le 7 février 1792 à celle des jacobins, il est encore membre actif le 25 octobre 17d4.

OTX (Danibl).

1789. Huilier à Strasbourg Août 1790. Membre de la SodétA des amis de la constitution Vlévrier 1792. Membre de celle des jacobins 6 déc, 18 janvier 1793, 8 octobre» 6 novembre, 80 janvier 1794, 28 avriL Elu notable de la com- mune par le peuple 2 août, n adhère à Tadresse de la municipalité, & la CionvenUon nationale, lors de la conspîia-

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LES HOMMES DS LA BBVOLUTIOM

403

tion de Robespierre 5 septraobre. Notable sous le maire André ~ 25 octobre. Biflé du Glub des jacobins 17 janTier 1795. Maintenu par Bailly notable de la commune.

OIT (Michel).

Juillet 1792. Membre de la SodÂtô des Jacobins au Miroir 1793. Commissaire révolutionnaire ~ 2 novembre 1798. n touche du tribunal révolutionnaire 800 livres pour com- mission — 18 novembre. U &it emprisonner à Strasbourg Martin Hummel, d'Oberbergheim, pour avoir vendu des grains à la première taxe. Â la même époque, et comme membre delaSodété constitutionnelle, il déclare que tous les traîtres à la patrie, les royalistes, fédéralistes, intrigants, etc., doivent être mis à mort 16 décembre. Ses pouvoirs comme commissaire révolutiomiaire seront vérifiés par Teterel 25 octobre 1794. Biff& du Qub des jacobins.

PA]38T

Avant 1789 chaudronnier à Strasbourg Sept. 1798. Enfermé au Séminaire 8 octobre. Le Ck>mité de surveil- lance et de sûreté générale le met en liberté sur sa promesse d'être plus circonspect et de se conduire dans la suite en bon citoyen. Peu après, fl iîiit partie de la Société des jaco- bins — 5 janvier 1794. Membre du Comité de surveillance révolutiomiaire de la commune de Strasbourg 20 janvier. En cette qualité, il reproche au Comitô de surveillance de Golmar d*avoir différé Tarrestation de PanmieistreLemp, de Strasbourg 21 jsnvier. n recommande au Comité de Bordeaux de &ire arrêter et transférer à Strasbourg Siccard, ex-conmiissaire des guerres à Tannée du traître Lalàyette 9jufai. n vérifiera les livres, la caisse et les pa^ders de Saum, négociant à Strasbourg 21 juillet, D adresse au Comité de sûreté générale de la Convention nationale la correepondance 'sur la conjuration de rétranger, avec les mom des principaux agente^ 25 octobre. Plus membre de la Société das jacobins.

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40é BIVDB B'ALflAiS

PAGEOT.

Un propagandiste, membre du Club des jacobins, mais pour peu de temps 22 novembre 1793. La Société le nomme, avec Ortlieb de Ciolmar, pour enlever tous les livres de cagoterie qui se trouvent chez les libraires, et les brûler sur la place du Gb&teau, oe qui fut esràouté.

PAILLOT.

Un pnqngandiste venu de Barnsur-Omain, affilié au Qub des {ao<d!^ii8 au Miroir 2 décembre 1793. Signataire de radresse aux dtoyens de Strasbourg et des départements du Rhin.

PANEL (ANDRÂ-NicoLis).

en 1737 à Lixheim Il était officier de chasseurs à cheval, quand, en juin 1790, il fut reçu membre de la Société des amis de la constitution à Strasbourg 7 février 1792. Il adhère à celle des jacobins, il est encore insciit le 25 octobre 1794.

PARDON (Jban-Bapustb-Flobbnt).

N6 en 1764 & Yalognes» il était homme de loi mni 1789 AniTé à Stnuatwuig comme militaire^ Il fut reçu membre de la Société des jacobins le 15 septémbfe 1799, il est encore inscrit le 95 octobre 1794.

PARENT (Loms^osBre).

en 1773 aux Ornes de GhfttèUeraut Etudiant en 1798 ; il ayait vingt ans, quand il fut employé à Padministra- tion dudistiidt de Strasbourg— En mars 1791, reçu membre de la Société des jacoldns, et le 90 ayiilll en était le secré- taire —95 octobre, n y est encore.

PAm..

1799. Concierge de la Société des Jacdblna, dont 11 sât membre 97 novembre 1798. H touche cent lime pour avoir dénoncé le boulaoger Kolb 17 décembre. Sa péli-

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un Bomm m la BftyoLvnoN

406

lion au Comité de surveillance et de sûreté générale du Bas-Rhin, aux fins d'obtenir le brevet de sa nomination de secrétaire au Séminaire de Strasbourg, est renvoyée à Staram, qui en fera son rapport. Les jacobins ne le font pas figurer sur leur liste du 25 octobre 1794.

PÉCGÂTE.

Octobre 1793. Venu de Saint-Diô comme membre de la Propagande 2 décembre. Signataire de l'adresse aux StnabouiigeolB et habHinla des deux dâpwtementsda Rhin. Fins tard oomiier de la inaU»i>08te de StiaBbourg à Paris.

PÉRIGNY (Gb&rlbb).

A^ant 1789, offlder de marine 11 septembre 1790. Membre de la Société des amis de la oonstltation, il signe redresse aux habitants de Metz, qui ont refîisê les oflires généreuses des citoyens de Nancy —En mars 1791, homme remoant, il parut contre loi un a^is aux Stradiourgeois :

Tous !«■ dtoymu lont amrtis de mettra tut retard dtt pierrot neavei à leurs fnsili, de ftlie domier le fil à lenrt tebrei^ de te mmiir

de cartouches (les protesUnts en trouveront au nonveaa magasin à pondre qa'ils forment à StrasbooiiiO ^ ^ s'affobler des cocardes in-folio aux trois couleurs.

Pfeigny, nerea det Ltaulh, ftmenzelabiste, nonaairae édiappô de In poteaee iMhâtiqne^ ponr eeûir après eelle de l*Allemtgie^ le^Han sauter le Bbia à eroelte-pied ponr let eoadnire tor lei teciei de l'Em- pire^ etc.

7 février 1793. Membcedela Société des jacobins— 5 avril Elle le nomme pour porter aux amis de Ptaris les grieb des Strasbourgeois contre les administrateurs du département du Bas-Rhin et de la municipalité. Il prend congé du Club. 21 juin. De retour de Paris, aux Jacobins il signe l'adresse à l'Assemblée nationale pour la rappeler à ses devoirs 24 juin. Pour ce fait, il est assigné devant le juge, et la salle de lecture du Club est fermée par la police 19 août. Expulsé de Strasbourg dans les vingt-quatre heures par ordre du GonseU provisoire exécutif de la nation française 10 sep* tembre. Glief de bureau au ministère de la marine 6 oot.

406 BBTUB D'ALBAOB

U informe les jacobins de Strasbourg qu'il s'occupera de Leorier, solliciteur d'une place Enfin, Id 20 février 1798» il était à la veille de quitter Paris, pour prendre le comman- dement du port de Eiochefort ; mais Monge, ministre de la marine, ayant retiré sa démission, il devint son adjoint Malgré son absence de Strasbourg, il eBt resté inscrit aux Jacobins jusqu'au 25 octobre 1794.

PETERSEN (Pierre).

En 1792. Ministre à Strasbourg du culte de la Confession helvétique, dont le temple est dans la Grand^rue du Bou- clier. Lui logeait alors dans la rue de TAil. Dans c«lta année il aurait été attachéau bureau de correspondance secrète de Tannée du Rhin avec deux Allemands, Pape et WOrtz, qui n^étaient rien autre que des agents salariés de Cobourg et de Brunswick 24 juillet 1793, Membre de la Société des amis de la liberté et de l'égalité 14 juin 1793. Archiviste de cette Société, il signe FadresBe des jacobins aux douze sections de Strasbourg ^ 37 septembre. ]> Stamm Taocuse d'être le principal auteur de son arrestation, par les soins du Directoire du district de Barr, et & cette occasion, Yoid le portrait rétrospectif quMl en fidt :

Un être rûè, remptat et tattow. A l'aide d'aaiuaM, il nt s'impeeer à la t^le du général CnaUne. CoaMil d'osé TiUe librei il foi plna tard

nommé maire proyisoirc de la ville de Spire; et en cette qnalité détesté de ses administrés qu'il condoisait en tyraa.

93 novembre . H abjura comme imposteur entre les mains du maire Monet —36 octobre 1794. H ne figure pas sur la liste des Jacobins.

PEÏIGNY (Anne-René-Joskph).

en 1762 à Paris, il était conseiller au Chàtelet avant 1789 21 octobre 1792. Cîommisssire des guerrM,atfiaohé à Tannée du général Gustine, il signe la capitulation de Màyenoe. G*6st alors qu'il arrive à Strasbourg en la même qualité et se fit recevoir le 16 décembre 1798 à la Société des jacobins, nous le yoyons encore figurer le 35 octebre 1794.

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LES BOMMBS DB LA RÉVOLUTION

407

PETIGNY (Jban-Antoine-Toot8awit-Bihet).

en 1758 à Paris Avant 1789 employé dans l'admi- nislration des vivres l'i Strasbourg Mai 1790. Membre do la Société des amis de la constitution 7 février 1792. Membre de celle des jacobins, il est encore le 25 octobre 1794.

PETIN.

26 août 1791. Commis de comptabilité au Directoire de radministration du Bas-Rhin 15 septembre. Premier commis au. bureau des travaux publics du Directoire 179ii. Membre de la Société des jacobins et commis au bureau du C!omité de surveillance et de sûreté générale du Bas-Rhin S5 décembre. Avant de se dissoudre, ledit Comité lui accorde soixante-quinze livres de gratification 25 octobre 17M. n n^eet plus aux Jacobins 1798. Sous- chef de comptabilité à l'àdministration centrale du Bas-Rhin 1805. Contréleur de ssconde classe des Contributions directes à Haguenan.

PÉTUAUD (Andrk).

en 1768 à Paris, où, enl7d2| il était inspecteur des tra- vaux publics. AiTivé à Strasbourg comme adjoint au génie militaire, il fut reçu le 25 novembre 1793 membre de la Société des jacobins 25 octobre 1794. Il y est encore.

PF.UREUX (Jf.\n-Baptiste).

en 1754 à La Chapelle, district d'Epinal, où, avant 1789, il était cultivateur Plus tard il devint employé dans rad- ministration des Douanes, et c'est comme receveur qu'il arriva à Strasbourg en 1793 22 janvier 1794. Membre de la Société des jacobins 23 avriL Ex-receveur des Douanes, il est élu notable de la commune 80 avril. Secrétaire des Jacobins, il approuve limpression dans les deux langues du discours de Monet sur la conjuration de l'étranger dans le Bas-Rhin 22 juin. Archiviste-caissier de cette Société, il tott<die un don de Treuttel de 783 livres 2 août . U adhère

408 BBTint D'AtSAOB

àradres;:o de la municipalité à la Convention nationale lors de l'arrestation do Robespierre et autres 24 août. Membre du Comité de surveillance des Jncobins, il approuve Tappel de Mainoni aux Slrasbourgeois pour obtenir des habille- ments militaires 5 septembre. Elu notable 5 octobre. Les Jacobins, invités parBailly de lui présenter des citoyens pour faciliter son choix dans la nomination de Tadministra- tion dép;irlementale, ouvrent un scrutin ; il est proclamé le premier; mais le représentant ne Va point adcois. 25 oc- tobre. Encore membre des sans-culottes.

PFËIFFËH (Ciurles-Frédébic). en 1761 à Mayence, il était imprimeur avant 1789. En 1792 il exerce la même profession à Strasbourg, avec Exter et C'% établis avant à Deux-Ponts De mars 179S au 25 octobre 1794. Inscrit aux Jacobins.

PFEFFINGER. 1789. Teinturier à Strasbourg 1* juillet 1790, qui était un jeudi, il part en voitures couvertes avec quarante-six hommes équipée de la garde nationale de Strasbourg, dont il était lieutenant, pour assister le 14. à Paris,à la fête de la fédé- ration — 1791. Membre de la Société des amis de la consU- ttttion 7 février 1792. Membre de celle des jacobins. 24 novem}:)re 1793. GJiargé de mettre les scellés sur les caves de Kreutter, de transporter Teau-dc-vie dans le magasin de la République et de saisir les malles qui sont chezGimpel 27 novembre. Il propose au Comité de surveillance et de sûreté générale du Bas-Rhin des précautions à prendre pour conserver des tonneaux qui périssent dans une cave, le vin a été mis en réquisition 1" décembre. Nommé com- missaire pour inventorier les caves des bourgeois de Stras- bourg — 30 janvier et 23 avril 1794. Elu notable de la com- mune — 25 octobre 1794. Il n'est plus aux Jacobins En janvier 1795 le représentant JBailly le renvoie à ses cuves de teinture.

PFLtiGER (J.-A.), aîné. à Aitkircb, U était agronome, quand, en mars 1789«

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un Homan rm la bêvolotion 409

il fut député du bailliage de Belfort et de Huningue aux Etats-Généraux. A la fin de la session, nommé procu- reur-syndic du District d'Altkirch 2 septembre 1793. Elu député du Haut-Rhin à la Convention nationale 15-19 janvier 1793. Il vota la mort de Louis XVI, sans appel au peuplo et sans sursis 17 mars. La Convention natio- nale le charge d'une mission en Alsace. Arrivé à Strasbourg le 25, il s'occupa de suite du recrutement pour la levée des 300,000 Frannais, décrétée le 24 février En mai il retourna à Paris. Par suite de la réélection des deux tiers des con- ventionnels, il passa au Conseil desCinq-Centa, d'où il sortit le 20 mai 1798 pour rentrer daoH la vie privée.

PLABR (Jeax-ïhéophile), aîné.

en 1746 à Strasbourg, il exerçait la profession de teinturier, au Croissant, rue des Dentelles, 8 1791. Mem- bre de la Société des amis de la constitution. 7 février 1792. Membre de celle des jacobins 3 octobre 1793. No- table du Conseil général de la commune 8 octobre. Con- firmé dans ces fonctions 14 octobre. Chargé deA visites domiciliaires pour 8*assurer de la quantité et de l'espèce dessubsistances emmagasinées chez les habitants de la ville ^ 5 novenkbre. Officier municipal —8 décembre. Du Comité de surveillance des Jacobins, il dénonce Waghette comme indigne de faire partie des vrais sans-culottes 30 janvier 1791. Maintenu officier municipal 8 mars. En cette qua- lité, il nomme le maire Monetet l'agent national Matthaeus pour installer les nouveaux fonctionnaires administra- tifs nommés par le représentant Bar 7 avril. Signataire de rappel aux Strasbourgeois pour des vêtements et des chauB> sures à envoyer aux armées du Rhin et delà Moselle 38 avril. Élu officier municipal pour la dernière fois l**mai. Signataire de la proclamation de la municipalité aux citoyens de Strasbourg contre les conspirateurs 26 et 90 mai. Il approuve l^inoarcération au Séminaire d'une cen- taine d'honnêtes personnes de la ville La municipalité le ohazge de prendre des renseignements sur le oivisme d'£m-

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BSyUB d'aisacb

merich, négociant 18 jain. n adhère à la nomination d^ine GommiBBion chargée de présenter & la municipalité des mesures, tant de sûreté générale que de salut public, propres à régénérer l'esprit national et à introduire dans Strasbourg rattachement aux grands principes de morale politique 3 août Signataire de Tadresse de la municipalité à la Gon- vention nationale lors de la chute de Robeq[>ierre 9 sept Foussedoire le raye du oorpe monicipaL CTest le brasseur Fischer qui le remplace 35 octobre. U est encore aux Jacobina

PLARR (FiiàNçois), cadet

en 1752 à Strasl^ourg, teinturier avec son frère aîné, dans la rue des Dentelles, 8 Septeml)io 1793. Membre de la Société des jacubins, jusqu'à répuration en janvier 1795.

POUGUET.

Membre de la Propapfande et de la Société des jacobins. 22 novenabre 1793. Il demande à Saint^ust et Lebas la suppression de la permanence des douze sections de la ville comme dangereuses, et Tépurement des Comités de surveillance —25 octobre 1794.11 n'est plus aux Jacobins.

FRIEUB (C'A), aussi Prieur Duvernois, ou Pribitr de la Gftte-d'Or.

le 22 décembre lli'/A à Auxonne, son père était receveur des Finances 1789. Onicier du génie 1791. Élu député à TAssemblée législative pour la Cùte-d"Or. Après les événements du 10 août 1792, le Conseil exécutif provisoire l'envoya en mission à Tiu-méo du Rhin et en Alsaoe avec Garnot, Dentzel et Ritter. Prévenus par les Jacobibs qu^ils ne seraient point reçus dans Strasbourg, mais qu il pourrait leur en arriver comme aux députés envoyés à Sedan, lesquels furent mis en prison par la munidpalité, malgré la présence du général Lafiiyette 15 août Us arrivent à Wissembourg 19 août Ds firent leur entrée dans Strasbourg sans encombres, au contraire,

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LES UOUM£S OB LA RÉVOLUTION

411

la population vint à leur rencontre avec guirlandes de fleurs

et musique 21 août. Ils se mirent à l'œuvre et révo- quèrent diverses administrations publiques. Rien ne fut ménagé pour satisfaire les jacobins Septembre. La Gôte-d'Or l'envoya à la Convention nationale 15-19 jan- vier 1793. Dans le procès de Louis XVI, sur toutes les questions, il vota avec la majorité 31 mai. Après la chute des Girondins, se trouvant en mission dans le Cal- vados, il y fut arrêté et emprisonné; mais pour peu de temps, car le 14 août il est membre da Comité de salut public à Paris. 8 mai 1793. En cette qualité il arrête que les sommes versées par les riches de Strasbourg, en exécution de l'arrêté do Saint-Justet Lebas, ne seront point remboursées, mais considérées comme acquit d'une con- tribution révolutionnaire 20 mai. Président de la Con- vention nationale 20 avril 1795. Lors de Tinsurrection des faubourgs, quelques députés demandèrent son arres- tation, mais la Convention nationale rejeta cette proposi- tion. .\près la cession conventionnelle, il entra au Conseil des Cini {-Cents 20 mai 1798. lien sortit pour ne plus remplir de fonctions publiques. C'est principalement à lui ([uc la France doit rétablissement et l'organisation de r£cole polytechnique.

PRIEUR (Tibullb).

179S. Attaché à rarmôe du Rhin comme commissaire des guerres 6 décembre 1793. Rayé de la Société des jacobins de Strasbourg sans motif indiqué 8 décembre. U se rendra au Comité de sûreté générale du Bas-Rhin pour répondre à des questions posées par celui de la Con- vention nationale 93 décembre. Il certifie une dépêche de Baudot au général Diéche, ordonnant une réquisition de chaussures pour la troupe, qui en a le plus grand bssoin pour attaquer rennemi ~ 25 mai 1794. Commissaire des guerres; il figure comme suspect sur une liste dres* 8ée aux Jacobins.

413 BEVUE D'ALSACE

raoBST.

Fin 1791. Quartier-maitre trésorier du deuxième bataillon des volontaires du Bas-Rhin, en garnison à Wissembourg 13 décembre 179iJ. Président de la Société des amis de la liberté et de Tégalité à Sélestadt« il écrit aux jacobins de Strasbourg :

Noua touchons à la guerre civile dans ces pajrs-ci, si la Convention nationale ne prend pas une mesure forte pour changer l'esprit public. Le District, le tribunal, les Municipalités, juges de paix, maîtres de poste, édniien, fonmiMean de vivrei, magMiiiieis el tou 1m fone- tionntiiw publia loot det gens soipeeli» ete.

98 ootoln« 1798. Ofllder mmiicipal à Sélestadt, le Comitô de sûreté générale du Bas-Rhin et les jacobins de Stras* bourg le nomment membre du tribunal révolutionnaire à la suite de rarmée 1" décembre. Chargé de prendre des renseignements sur Striffler, qui demande sa hberté^ il requiert D«' Stamm de se rendre dans les communes du district de Strasbourg pour y lever une taxe sur les riches et arrêter les suspects 3 décembre. Monet lui écrira à Sélestadt pour avoir des données sur J.achaussée, ex-colonel de dragons 5 et 11 décembre. A Epfig il condamne trois individus à mort, un à la déportation à Madagascar, un à la prison jusf]u"à la paix 18 décembre. Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin lui renvoie toutes les réclamations du district de Barr 10 avril 179-1. La Société populaire épurée do Barr, en transmettant au Comité de surveillance et de sûreté générale du Bas-Khinses griefs, ajoute :

Nous ne connaissons de coniribntîons ou taxes révolutionnaires que celles que Probst, aussi un ci-devant prêtre, a levées dans notre com- mune, se serrant d'expressions non moins despotiques que celles qu'oa entendait de la bonche de Schneider, anz extravaganceB duquel il prit beaneonp de part, n fitt nn de cenz qni condamnoieni trois liontmes à Epfig à la'peine de mort; Bons ne savons pas qnd toi le titre qni Vf autorisoit; il n*en srait sans doute d'antres qne set liaisons aveo Schneider.

14 août. De Sélestadt il informe Stamm qae Monet a 6tè

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us BOmOH OB LA HtlTOLUTION

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indignement traité dans la Société populaire de Golmar. Cest le Gatilina de TAlsace, tyran qui captive la volonté des représentants. En 180511 y avait Probst» suppléant du juge de paix à Candel.

PRŒSAMLÉ (JEàN-FB«DÉBic), le jeuno.

en 1762 à Strasbourg, où, avant 1789, il était homme de lettres et instituteur, rue Saint-Thomas, 25 12 avril 1792. 11 soutint sa thèse Septembre 1792. Membre de la Société des jacobins 5 janvier 1794. Substitut de l'agent national de la commune de Strasbourg 4 février. En sa présence, Labaume, trésorier de la Société républicaine, raoomiatt avoir reçu de Robinot, achiviste, 14,130, et de Massé, 9^71i?reB^23avril. Maintenu substitut— 96 mai. Il requiert Tarreetalioii de vingt-neuf suspects 18 Juin. Il approuve la proposition deBierlyn de nommer uneCommission pour pré- senter des mesures de sûreté générale et de salut public 8 juillet II présente au général Dièche le plan des visites domiciliaires à faire àStrafibourg et» sH est adopté^ ces visites, à Paide de vingt-quatre jacobins» pourront avoir lieu de suite. 24 juillet Signataire de rappel ft la conunune pour couvrir les frais de construction dHin vaisseau de guerre contre les Animais. Peuple, est-il dit, le plus avili et le plus exécrable du globe»— 2 août U se joint àla municipalité pour fiSliciter la Convention nationale de la liarmeté qu^eUe a déployée contre Robespierre, Gouthon, SaintJust et Lebas 25 oc- tobre, n est encore aux Jacobins 90 septembre 1790. Secrétaire du commissaire du Directoire exécutif prés Tad- ministration centrale du Bas-Bhin. 15 juillet 1798. Gom* missaire du pouvoir exécutif près le tribunal de police cor- rectloimellede Strasbourg, jusquefln 1790,où il fut destitué —H réclame, et le 2 janvier 1800. Gambacérès rinfbrme avoir transmis au ministre de la justice sàn mémoire ren- dant compte de sa conduite à Strasbourg pour la cause de la Révolution 1800-1801. U foit paraître sa brochure:

414

Umm Ik'ALBAOK

PROST (/Vntoine).

à 1740 à Moulins. Pendant de longues années il s'est livré à renseignement du français à Strasljourjç, il devint négociant avant 1789 15 janvier 1790. En cette qualité, fondateur de la Société de la Révolution, et le 11 février suivant, de celle des amis de la contstitulion

7 février 1792.11 passe aux Jacobins— 5 mai 1793. Membre du tribunal révolutionnaire, il n'a jamais siégé 25 août. Agent national au Directoire du district de Hague- nau, il sollicite des vêtements pour les prisonniers fran- çais à Francfort-s.-Mein.— 23 octobre. Au Club de Strasbourg, proposé et nommé à l'unanimité membre de la Commission révolutionnaire de l'armée 24 octobre. Au môme Club élu pour désigner vingt-un sans-culottes qui auront à composer les trois corps administratifs du Bas-Rhin 28 octobre. Membre du Comité de surveillance et de sûreté générale du Bas-Rhin. EIn cette qualité il appose les scellés sur les papiers de Frantz et de Guérin 2 no- yembrei A oe Comité il apptowre une liste de deux cent quarante-huit suspects, parmi lesquels le riche Mennet qui, pour sauver sa tète, lui donna plus tard sa fille en ma- riage — 29 novembre. Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin Tai^oint à Stamm pour la rentrée des taxes révo- lutionnaires dans le canton de SélestadI ^ 5 déoembra. On lui écrira relativement à Laurent, ex-vicaire épiscopal de Brendel 25 décembre. Il clôture le.procés-verbal du Comité de sûreté générale du Bas-Bhin, qui est supprimé. ^ 25 octobre 1794. U est encore membre des Jacobins Longtemps après la chute de Robespierre, il devint Tassocié de son beau-pére, sous la raison de banque Mennet et ^roet;

21 mal 1808. En cette qualité il est nommé membre du Conseil général du Bas-Rhin. —1805. Juge au tribunal de commerce àBtrasbouig.

PRUDHOHHE (Pierre).

en 1755 à Nancy, après avoir été praticien, il se fit militaire Après 1789, il arriva à Strasbourg comme a^ju-

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LIS HOlIMBS DB LA BÉVOLOTION

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dant de place 27 juillet 1792. Membre de laSociélé dee Jaoobins 21 Jan^er 1794. Ati^oînt aux adjudants gtoé- laus de Tamiée du Rhin De (^underablom. Il annonce à la municipalité de Strasbourg les succôs deParmée du Nord 80 janvier. Devant le général Diâche il défendit Uassé, enfermé à D^on 26 mai Le corps municipal ordonna son arrestation : « Employé à Pétat-miûor de la place, aristocrate au commencement de la Révolution, chevalier d*indu8trie» employé dans la troupe de la Honten- sier; mais avant de donner suite^ il feudraen conférer avec le général Diéohe, ets*assurer de son dvisme, ensuite on avisera » » SO mai. H est arrêté comme homme Immoral, dénoncé par les Jacobins pour son immoralité et son aris- tocrartie qu'il a montrée au début de la Révolution, suspecté de correspondances avec les émigrés et d^avoir leur agent à Strasbourg. Malgré toutes ces accusations, les Jacobins le maintiennent comme membre de feur société le 25 octo- bre 1794.

PUEL (QoiLLàiniB).

Avant 1789, chirurgien Après 1789, officier de santé à Rizheim 1791. Ifémbre de la Société des amis de la constitution à Strasbourg 7 fevrier 1793. Il passe aux Jacobins^ il est encore inscrit le 25 octobre 1794.

PURNOT.

Un membre delà Propagande venu à Strasbourg en octobre 1793 14 décembre. Comme membre de la Société populaire de Metz, Alexandre, président du Club des jacobinsde Stras- bourg, ouvre la séance en le présentant à la Société, dont il devint membre, mais pour peu de tempe» n'étant déjà plus sur la liste du 25 octobre 1794.

QUIRIN.

n habitait DQon, quand il vint comme propagandiste à Strasbourg en octobre 1793. Aux dires de Wolfl^ il était un des deux vrais patriotes de tonte cette bande, composée d'enviibn quatre-vingt-dix individus des départements voisins.

416 asvuB d'aliacb

RADIS, de LiméviUê.

Ea octobre 1798^ il arriva à Strasbourg comme membre de k Propagande révolutl^taiaire 18 octobze. Il est à TAs- semblôe da peuple, des Sociétés populaires et des autorités constituées dans le temple de la Raison 18 novembre. Il part pour l'armée du Rhin ; mais il en revient au plus vite, car le 2 décembre il signe à Strasbourg l'adresse de la Pro- pagande aux citoyens des deux départements du Rhin.

RJBSER (Frédébig-D^vid).

Encore tm Sdiwob, en 1758 à Vinnandeii, dans le Wurtemberg. Il arriva à Strasbourg vers 1780 pour y exer- cer la profession de ohimrgien-baigneur, et c'est en cette qualité qu'il fut reçu membre de la Société des jacobins en mai 1792. 2t janvier 1793. Couturier et Dentzel le nomment d'emblée officier municipal. Les 8 octobre, 5 novembre 1793 et 30 janvier 1794, il n*est plus que no- table du C!onseil de la commune 25 octobre. Il est encore aux Jacobins. Après la Révolution il continua sa profes- sion de chirurgien sur la place au sable à Strasbourg.

RASGHE (Ghrëiibn-Saicuel).

en 1756 en Pologne. Avant 1789 il a pratiqué comme médecin à Carénée. En 1791, U arriva en cette qualité à Strasbooig, et le 1* novembre 1792, il fat re^ membre de la Société des Jacobins^ il resta Jusqu'à Pépurement en janvier 1795.

RAUGH (Antoine).

en 1754 à Strasbourg, il était négociant avant 1789 Octobre 1791. Membre de la Société des amis de la consti- tution — 7 février 1793. Membre de celle des jacobins En 1793, il prit la qualité de fabricant de coton, et comme tel, le 2 noveml)re, il figure sur une liste de deux cent quarante-huit suspects, dressée par le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin 5 janvier 1794. Notable de la com- mune en remplacement de Jeannot; mais n'étant pas entré

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un Bomai m la bétolotion

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de Batte en fonctions, sa nomination ne fut confirmée que le 23 avril 35 octobre. Il est encore aax Jacobins.

RAUTENSTRAUGH (JsiLN).

le 10 janvier 1746 à Erlani^en (Bavière) 1768. Licencié en droit à Vienne, en Autriche. Auteur de Strashurg nach «6ttia» V9rfa$iiuiqw^ CSolmar, ln-8*, 1770, et de strophes lors de Parrivée de Marie-Antoinette à Strasbourg, en mai 1770 1793. Grreffier du juge de paix du second arrondissement de Strasbourg Novembre. Membre du Club des jacobins

S octobre 1798. Membre du Directoire du district de Stras* bourg, en remplacement de Zimmer 18 octobre. Il est déjft mis de côté Il éprouva le même sort aax Jaco- bins, ne figurant plus sur la liste dressée le 95 octobre 1794 En 1 796, de nouveau greffier du jage de paix du troisième arrondissement de Strasboorg 1797. Elu pour représenter la ville aux assemblées priinaires du Bas-Rhin 1798. Nommé juge au tribunal civil de Strasbourg 9 avril. Secrétaire au bureau définitif de TAssemblée électo- rale tenue à Fauditoire du Temple-Neuf 1806. Juge de paix du premier arrondissement de Strasbourg.

RAYMOND oa RÉMOND (Jean-Michel).

en 1746 à Strasbourg, il était tailleur avant 1789 1790. Commissaire de police à Strasbourg Membre de la Société des amis de la constitution 7 février 1792. 11 passe aux Jacobins, il est encore à l'épurement 17 janvier 1795. B iilly le confirme commissaire de police du troisième arrondissement de la ville Élu membre du Comité d'épurement de la Société des jacobins 1797 à 1805. Juge de paix ou juge civil du troisième arrondisse- ment de Strasbourg, rue du Dragon, 21.

REIBBL (jB4N-QB0BaB).

Jardinier à Strasbourg avant 1789 93 juin 1792. Agé de 57 ans, U se foit recevoir membre de la Sodété des jacobins 17 janvier 1796. Le peuple le désigne parmi les membres de cette Société^ pour en fidv» réporsment.

NooTelle Série. KT* anoée. 97

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B£VUB D'ALSACE

REU13ELL, aussi REWBELL.

en 1746 ù Cohnar 17G6. Avocat au Conseil souve- rain d'Alsace 1789. Balonni. r do Tordre dudit Conseil Mars 1789. Député aux Etats généraux pour l66 bailliages de Colmar et de Schélestadt 5 août. Dans une séance il s'agissait des droits fôodaux et autres, il s'écria : « Renoncer en ce moment aux droils et privil^s de la province d'Alsace. c'*est souscrire à un acte de peu de valeur. Il s'agit de se fondre dans le peuple frangais; ce nom est le plus beau de tous ceux que Ton puisse porter.» Fin octobre. Après la démission de Jean de Tûrokheim, il oontinua à combattre à outrance les droits et privilèges de Strasbourg» défendus par Schwendt, qui succomba 1790. Député du Haut-Rhin à rAssemblée législative - Quelques semaines avant la féte de la Gonlédération du 19 Juin 1790, il lit passer outre sur les réclamations des princes étrangers possessionnés en Alsace 26 avril 1791. Président de TAssemblée législative En octobre, il parut un pamphlet avec celte question : Pourquoi Reubd, à qui son père n^a laissé que 6000 livres pour patrimoine, roule-t il carrose et a-t-il acheté sous le nom de son beau-frère Rapinat, le prieuré de Sigolsheim. Après la dissolution de rAssemblée nationale, il devint procureur général syndic du Haut-Rhin 2 septembre 1792. Ce départe- ment le nomma à la Convention nationale 20 septem- bre, n vota rétablissement de la République, pressa vivement la mise en cause du roi, mais ne vota point dans le procès, ayant été envoyé par la Convention natio- nale en mission à Strasbourg, il arriva le 25 décembre, peu de temps avant le Jugement Sa mission terminée ilserenditàSIayence. oiiilfut bloqué. Après la reddition de celte place, le 22 Juillet 1793, il eut à se justifier des incul- pations graves au sein de la représentation nationale ; mais le Comité de salut public déclara qull n'avait cessé de bien mériter de la patrie, et le renvoya en mission auprès de cette même armée de Mayence, dirigée alors contre les

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LB8 HOMMES DE LA. BAVOUTTION

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VandéeDS. Toi^oors employé près des armées» il n'^eut aocnne part aax horreurs de Texécrable règne de la Ter- reur, il De ftit non plos du nombre des députés courageux qui attaquèrent de liront Robespierre et ses acolytes, le 27 juillet 1791; mais le lendemain il se joignit aux vain- queurs contre les terroristes 6 octobre 1794. Membre du Ckimité de sûreté générale de la Convention G déc. Président de la Convention, il prononce le décret rappelant les soixante-treiie dépotés qui avaient protesté contre les journées du 31 mai, 1*^01 3 juinl793,et incaroérésalors comme Girondins par le parti de la Montagne 5 mars 1796. Membre du Comité de salut public. Lors de la mise en vigueur de la nouvelle Constitution de Tan III, il lût élu membre du Conseil des Cinq-Cents 1* novembre 1795. Nommé l*un des cinq directeurs de la République, il fut aussitôt appelé à la présidence du gouvernement, fonctions quMl occupa pendant quatre ans, pour faire place & Sieyès le 16 mars 1799 Le département du Haut-Rhin le nomma alors membre du Conseil des Anciens. comme avant, il devint Tologet de dénonciations réitérées. On Taccusait surtout de iTétre en ichi outre mesure, lui et les siens, aux dépens de l^Btat, d*avoir pris part aux malversations du ministre Schérer et aux concussions du commissaire Rapinat 26 mai 1799. H prit la parole pour repousser ces accusa- tions; mais le Comité gMnl des Cinq-Cents décida qu*il nV avait pas lieu à i^joumer la mise en accusation de Tex- directeur. Cependant, dans un nouveau Comité secret, les dénonciations ne furent point admises Le retour d*Egyple du général Buonaparte et la Révolution du Snovembre 1799 terminèrent ces débats, ainsi que sa carrière poliiique. Rentré dans la vie privée, il se retira dans le Haut-Rhin, il mourut en 18t0. La fortune quil laissa à sa veuve fut loin d^étre aussi considérable qu*on s^était plu à révaluer, et prouva quil y avait eu une exagération dans las imputations de ses ennemis.

REUILLOT.

Un jacobin de GouoIms on de Gniohe»» arrivé à Stras-

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MEVUE D'ALSACE

bourg en novembre 1793, comme membre de la Propa- gande n'n'olutionnaire— 2 décembre 1793. Il signe l'adresse aux SLrasboui>(ei>is pour leur dire qu'ayant appris leurs dangoi>;, il est venu à leur secours. Egarés par des hommes perfides, endormis par des modérés, il est chargé de leur présenter la vérité.

RÊVEL (Jacques).

Avant 1789, négociant, rue du Dôme» à Strasbourg Février 1790. Membre de la Sodèté des amis de la con- stitution — 8 février et 11 nov. 1790, 14 nov. 1791 . Elu no- table du Conseil général de la commune 7 février 1793; A r Auditoire avec les amis de la constitution 8 joillet. Signataire de redresse de la municipalité à rAssemblée nationale lors de Tenvahissement des TuÛcriee le 20 juin

31 août. Gonseiller municipal sous le maire provisoire. Laebausse Gamot, EVieur et Ritter le nomment membl« deradmioistrationdu Bas-Rhin 33 août. Us le main* ' tiennent notable de la commune 6 décembre. Elu notable sous le maire F. de TQrckheim 1798. Mémbre de la Société des jacobins 4 janvier. Juge au tribunal commerce 18 janvier. Suspendu par Couturier et Dentzel Mars. A la requête du juge d^nstruction, il va

à Besançon déposer dans Taffaire Dietiioh 81 octobre. Imposé par Saint-Just et Lebas à 50,000 livres, quHl régie les 6 et 7 novembre, en attendant que le Comité de sûreté générale prononce sur sa réclamation ; mais le 25 novembre ce chiffre est maintenu 2 janvier 1794. Secrétaire du Club des jacobins, loi-s des interrogatoires de Schneider et autres.

24 août. Du Comité de surveillance des Jacobins, il réclame aux Strasbourgeois du fil pour confectionner des vêtements à la troupe 25 octobre. Biffé de la liste du Club 17 janvier 1795. Bailly le nomme de nouveau notable et juge au tribunal do commerce 1798. Membre du bureau consultatif de correspondance et du cotnmerco du Bas-Hhin 1800. Du Conseil d'arrondissement de Stras- bourg — 1805. De la Chambra de commerce à Strasbourg.

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m

Co-propriètaixe d^ine fabrique de garance à Geiaselbronn, peés de Hagaen^u.

RICHARD (Charles).

Venu de Metz à Strasbourg comme membre do la Pro- pagande révolutionnaire, dont il fut le président dè?. le 18 octobre 1793, il assiste à l'Assemblée générale des autorités constituées, du peuple et des Sociétés populaires dans la cathédrale de Strasbourg, tein[)le de la liaison 18 novembre. Membre de la Société des jacobins, il rappelle les propositions faites le 18 octobre dernier dans le temple de la Raison, d'opérer à Str asbourg une levée de citoyens en dehors de la première réquisition» pour aller s'unir aux Radis, TafQn et autres sans-culottes, pères de fomille, qui sont allés renforcer Tarmée du Rhio. Il propose de nom* mer une commission à cet effet, qui se ccmoertera avec les autorités '20 novembre. A Lémane et Baudot il demande le temple de Saint-Thomas, celui que la Société occupe n*étant j^lus assez grand pour contenir la foule qui s'y rend pour savourer les délicieux fruits de la vérité et entendre ses doux accens 2 décembre. Signataire de la proclamation de la Propagande aux habitants deStras- bourg et des départements du Rhin 19 décembre. Aux Jacc^ins il propose et vote la mort de tous les hommes enfermés comme suspects; joutant» ceux d'entre nous qoi votèrent pour guMl y eût un tribunal pour les juger, iiirent qualifiés de suspects bons à renfermer. La Propa- gande obligea le Club à voter individuellement sur oette motion, annonçant que ceux qui n'émettraient pas leur Tœu seraient chassés. La mort des suspects renleraiés toi arrêtée. Dans une autre séance des Jacobins, il propose qoetottt prêtre qui ne se dèprétrisarait pas dans les vingt- quatre heuraa, fût chassé de la Société et mis en arres- tation. La motion admise, le maire Monet la fit mettre à exécution par le Cîomité de surveillance, et deox jours après, grand nombre de ces malheureux furent empri- sonnés. — 96 décembre. Le Club des Jacobins le charge

REVUE D'ALSACE

de se présenter auprès des représentants da peuple, pour obtenir Tevacuation du Séminaire 10 janvier 1794. Le soir du départ de Massé pour D^on, il prend sa défense au Qub; c'est un frère opprimé, il mérite^ que la Société prenne des informations sur la cause de sa détention. Plus tard il fut arrêté dans l'intérieur par le représentant du peuple Faure, qui le fit traduire devant le tribunal criminel de Metz pour relations avec une émigrante.

RICHAUD (H.-J.)

2 septembre 1792. Éla député à la Convention nationale par le d«^partemcnt de l'Eure 15-19 janvier 1793. Dans le procès de Louis XVI, il vota pour l'appel au peuple, le sursis, la détention et le bsnnis-sement à la paix —2 juin . Attaché nu parti des Girondins, il s'en éloigna lorsque les sections de Paris vinrent demander leur arrestation En août, la Convention nationale l'envoya en mission en Alsace près les armées du Rhin Sseptembre. Il assiste à un Conseil de guerre, Ton arrête pour la journée du 12, une attaque générale sur les lignes de la Lauter, en vue de débloquer Landau 15 octobre. Avec huit de ses collègues, il ordonne la création d'une armée révolution- naire ambulante de 2000 hommes, des commissaires civils avec pouvoirs illimités, et deux tribunaux à la suite de cette armée 27 juillet 1794. Après la chute de Robes-' pierre, il retourna à la Convention et, sur sa demande, les monuments élevés par la Montagne, constatant son triomphe sur les fédérés, furent détruits Mai 17d5. La Convention nationale renvoya une seconde fois comme commissaire extraordinaire pour l'Alsace et le pays de Porentruy, alors département du Mont-Terrible, en rem- placement de Merlin, Cavalgnac, Rivaud et Beoker, mais plutôt de Bailly, dont il devait continuer l'œuvre d'épo- rement des autorités révolutionnaires dms Texpression vraie du vœu populaire. Dans le Haut-Rhin il eut maille à partir avec les curés L'un deux, Barthélémy Deyber, de Bennwihr, qui affectait de paraître en public avec des

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LES HOMMES DE LA. RÉVOLUTION

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armes, fut arrêté et enfermé pendant six mois Rappelé à Paris, Fricot le remplaça en Alsace en octobre 1795. Membre du Conseil des Ancieas, il travailla dans le Comité des finances, et fut nommé secrétaire de cette assemblée fin de 1796 1797. Du parti dit de Clichy, il soutint à la tribune la cause des émigrés du Bas-Rhin— 1798. U cessa de fidre partie de l'Assemblée et renonça dés ce moment aux affaires publiques.

HICOT, aussi RIG.VUT (Jean-Thomas).

1702. M'ambre de la Société dos jaoobins 29 novembre 1793. Au Comité de surveillance et de sûreté générale du Bas-IUiin il demande la parole pour annoncer, qu'^ayant été nommé par les représeiUauts du peuple à la place de Bentabolle, il demande des renseignements, sur le second article de leur arrêté, qui veut que les citoyens nommés se rendent dans les pays qui étaient envahis par Tennemi pour saimr tout ce qui s'y trouverait, et notamment chez les gens qui ont quitté. On doit lui fournir un homme propre à remplir ces fonctions. Casimir est désigné; U pourra s^a^oindre encore d^autres individus. Probablement qu'il remplaça Bentabole comme agent des subsisUnces * 25 octobre 1794. Encore inscrit aux Jacobins.

RIES (Jean).

179â. Membre de la Société des jacobins 11 novembre 1793. Le caissier au tribunal révolationnaire du Bas-Rhin lui paye 800 livres pour avoir dénoncé Engelhardt 22 novembre. Il demande à Saint-Just et Lebas la sup* pression de la permanence des douze sections de Stras- bourg et répurement des Comilés de surveillancd 25 oc- tobre 1791. Il fiiit défont sur la liste des Jacobins.

RIGOLOT (Alexis).

en 1740 à Sauxure-X^evanne Avant 1789 il était serrurier à Toul» et en 1792 il arriva à Strasbourg comme sergent de la compagnie des ouvriers militaires Sep-

4M mvuB d'albacb

tembre 1792. Membre du Club des jacobins, il est encore le 25 octobre 1794.

RlâT (Udib).

en 1768 à Dannemarie, Haut-Rhin Après 1789 il vint à Straflbouig s^ètablir comme chirurgien 15 oc- tobre 1703. De la Société des jacobins, il est encore le 25 octobre 1794 1797. Cihirurgien de 1** classe à Stras- bourg, attaché plus tard aus ambulances de Tarmée. Décédé à Strasbourg après 18S0.

RITTER (B.-J ).

1784. Reçu avocat plaidant et consultant au Conseil sou- verain d'Alsace 1790. Juge au tribunal d'Allkirch Août 1791. Le Haut-Rhin le nomma député à TAssemblée législative 19 août 1792. Envoyé à Strasbourg comme commissaire de celte Assemblée, il procéda au remplace- ment de la municipalité et dos administrations départe- mentales — 2 septembre Réélu par le Haut-Rhin à la Convention nationale 15-19 janvier 1793. Dans le procès du roi il vota la mort sans appel an peuple et sans sursis 3 mai. Envoyé de nouveau en mission à Strasbourg. Plus lard, la Convention Texpédia & Tarmée des Alpes, puis à Toulon et enfin près du corps d^armêe destiné à reconquérir la Corse Membre du Conseil des Ctn<;- Gents, il en sortit le dO mai 1798 et obtint peu de temps après une place de conseiller à la Cour de cassation, oii il resta jusqu^à sa mort, arrivée en 1811.

RIVA (André).

en 1765 à Avesnes, il était écrivain avant 1789 1792. Arrivé à Strasbourg comme capitaine d'un régiment de ligne, il est reçu membre de la Société des jacobins le 22 juin 1792, âgé de 27 ans, d'après sa déclaration 35 octobre 1794 U y est encore.

RIVAGE (Michel). en 1742 à Selonc, district de Saint-Quentin 1735

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LES BOMMES DB LA RÉVOLUTION

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à 1789. Baaayenr, conseiller du roi à rh6tel des monnaies à Strasbourg 1790. Remplacé dans ces fonctions par Waissand Mars. Commissaire des guerres 31 mars. Membre de la Sociétédes amis de la constitution 12 mars 1791. Gomme garde nationale, il alla avec Laurent et WeiUer essayer de révolutionner le Palatinat, ils furent arrêtés 7 avril. A son retour il adresse une lettre dénon- ciatrice à Krauss, accusateur public prés le tribunal de Strasbourg 34 janvier 1792. Peu de jours avant la scission on répand une brochure ayant pour titre : <7e wm âirai vo9 vérités, et dans laquelle on lit :

Cm clnbistes sont les êtres les plus vils et les plaa méprisables qu'on eoimsisia ; c'est la lie des Alsaciens mise en fèmentation par des hommea de tons les paje et de tentée les nations, qui n'ont d*antre bat que de pertertir nos mœurs ; ce sont les gens qni nous font la loi I

Quelle honte pour Strasbourg d'être gouvernée par un tas de bouchers, de brasseurs, de cubareticrs, par des Rivage, Schnéegans et C*, tandis que l'honnête bourgeois est sous le joug.

7 février. Il pas^e aux jacobins 21 juin. Signataire d'une adresse incendiaire à l'Ansemblée nationale et envoyée à toutes les Sociétés afllliées aux Jacobins, il est cité devant le juge, le 24 8 septembre. De Paris il mande aux jacobins qu'il a eu une conrêrence avec le ministre de nntérienr; qu'il a remis à TAssemblée nationale la pétition de Lacliausse, et que le décret d'accusation contre Dietrich est rendu. Malgré les trois cents livres à lui payés pour frai« de voyage, la pétition on question n'est jamais parve- nue à sa destination. Elle exprimait Tadhésion de la muni- cipalité provisoire do Strasbourg à la mémorable journée du 10 août 10 septembre. Dans une seconde lettre, il donne des détails sur les exécutions des prisonniers de haute trahison M mars 1793. À Besançon il témoigne contre Dietrich 2 avril. Il est dénoncé à plusieurs re- prises aux Jacobins, et n'ose plus se présenter au Club 25 avril. La Société lui communique les faits dont il est inculpé^ pour pouvoir y répondre d'ici à huit jours S5 novembre. Des troubles éclatent aux Jacobins, Leorier

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4a6 nvtn D'ALSàOB

ayant voulu prendre sa déft nse Commeocf mont de mars 179i. Il esl arrêté et cuudait en prison à Châlons s/Marne, d'uù il écrit le 9 à Mouet:

L'âme tranqnillf comme tu mo l'a connue je voyage vers ma destina- tion, comme un tiioiiton ({u'on cindiiit à la luxicherie, saQS cependAnt avoir l'intention de uardcr le silence iuinnu' lui.

Je te demande de dire à la Société pupnluire que le Richard Rivage deroit à Tépoque de la RéToluUon 60,000 lif rea» qa'a^)oaxd*hai il en doit 70,000 enTiroD, Q va le prouver.

Il doit 43,400 an citoyen Latouohe, gendarme national à Cemay, Haut llliin. les intérêts depuis 1787, au mois d'uoiU.

Il doit ;•,'!(>) :iux frères HiPhr, néjîociuntB et orfèvres à Stnihbourg, depuis lu vente qu'iU m'ont fuite de l'office d'e&saycur de la mouuaic, en 1785, plus les intérêts depuis environ trois ans.

n doit 800 livres au citoyen Allen, officier retiré à Strasbourg, qn*il m*a prêté depuis la Bévolution dans mes besoins, et les intérêts d'nne année bientôt échue.

Il doit 108L( à un citoyen d'Kn^tein on de Benfeld, pour da vin qu'il lui a fourni depuis environ deux ans.

Qu'on défalque ces dcttcii contractées paf Rivage depuis 1 781, lors- qu'il acquit la maison dans laquelle il demeure de la totalité de son avoir et alors les Strasbourgeois diront, mais il n'a rien.

Us vont sans doute dire, mais il a remboursé depuis la Bévolution des capitaux, a-t-il pris l'argent? Il Ta volé à la R'>publique.

Le Uicliard llivage leur répondra encore non, il no Ta pas \616 il l'a emprunté de la bourse de ses umis, en belle et bonne monnaie nationale pour rembourser au vieux avare et professeur Fritz, 3|600 livres itour lui fàire aimer cette monnaie républicaine.

n a remboursé au feuillant, très feuillant professeur Schweighmnser, 6,0(X) livres cl cela parce que sa chère femme la mnscadine avait béni^^ni-ment refusé de recevoir les intérêts de ce capital en belle et bonne monnaie nationale, et puis il a encore remboursé 2,000 livres d'un capital que la maison qu'il a achetée devait à la fondation de saint Marck et cela que le receveur aristocrate Donner le fit traduire devant le jnge de paix Scbœl pour les ini(^rôts.

Et il a remboursé an.x citoyens qn'il lui ont prêté ces sommes et voici avec quoi, ave.-, environ ll,UtW liv. qu'il a reçu de ses prétentions sur les héritiers de feu Bcycrlé, directeur de la monnaie, ce fait peut se vérifier comme les autres, mais ce dernier ches Laoorabe, et le sur* plus de ce remboursement est provenu d'une partie de l'argenterie qu'il avoit lors de la Révolution provenante de son pensionnat.

n en avait tant en bgou d'or, d'assiettes, liuiliers, gobelets, etc., pour

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LES HOMMES DE LA UÉVOLUTION

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environ 6,000 lir. il m'en reste encore pour 1,800 à ^000 Ur^ tout cela a été dépensp on servant la République.

Rivage le ridio nVnt jamais fait co tableau fidel sans la circonstance dans luyueUe il se trouve.

n i^oate pour finir qa'mcuii individu de ViuiiveTB entier ne Ini doit rien, excepté le restant de ses prétentions snr les héritiers Bayerlé.

Voilà In vérité tonte nue, qn^on compare, je le répète, mon avoir arec mes dettes et qu'on ju,c;o le restant de mon avoir, fruit de vingt-denz années de travaux sous les yeux de mes concitoyens.

Qu'on apprenne que je suis le père nourricier de mon respectable père depuis quinze ans environ que je l'étois et que je suis forcé de cesser de Tétre depuis cette époque d'un orpheûn d'un pauvre enlknt; voîlà les reproches que ma conscience me fait, aussi est elle bien tran- quille.

Dis à ceux qui m'ont connu de suspendre leur opinion sur moi jutques après mon jugement. Je sois jusquos la quoi qu'accusé toujours digne de leur estime et de U tienne, j attendais mon Jugement à Strasbourg pour imprimer ce que je t'écris avec les pièces justificatives.

14 mars 1794. C'est sa famille qui s'adresse aux Jacobins:

Vous ares juré de sonlenir an prix de votre sang tous les patriotes

accusés et incarcérés par une suite de l'intrigue des ennemis de la

libertt' et de l'épîilitf^.

Eh! bien, i <n acte de tyrannie est exercé contre Rivage, votre fr^re> nous réclamons pour la seconde fois auprès de tous, une œuvre de justice, c'est un certificat qui constate à la fois que lUvage est un de vos frères» et qu'il a constamment depuis l'aurore de la Bévolutieni avant même le 31 mai 1789, propagé un civisme révolutionnaire; qu'il a combattu hardiment et dévoilé les ennemis du peuple. C'est lui nn des premiers, dont la tétc a été mise à prix chez les tyrans étrangers. Cest lui qui est un des fondateurs de la Société qu'il a soutenu avec chaleur dans tous les instans de crise ; c'est lai qui a sauté en bas des remparts, pour faire dresser par la garde du Rhin un procès-verbal iu- les manrruvres contre-révolutionnaires de Klingling;; c'est lui qui s'est transporté au camp de Plobshcim pour distribuer les imprimés de la la Société contre Broglio, malgré les défenses faites par ce Broglio d'entrer dans le camp; ^est lui qui a défendu Blessig, qui pour avoir dit que le Roi était un jeanfoutre, fut condamné à deux ans de ftts, et Rivaire faillit être arrêté par Broglio comme défenseur. C'est lui qui a découvert les traliismis de Dietrich et Compagnie. C'est lui qui a arrêté les libelles venant de Kehl. C'est lui qui a été le défenseur des 88 houmes du 18"* régiment, dont Broglio avait juré la perte. Ces braves sddats l'avaient mis en joue à Neuf-Brisak le reconnaissant

4S8

BIVUI D'ALSàCB

9

poar un traître, et conjointement avec la Société, Rivage a obtenu la liberté de ces eitoyens. Nous ereyons en avoir dit assez pour être fondés à engager la Société

à ne plus passer i\ l'ordre du jour sur notre juslc demande.

Nons n'exigeons pas qu'elle prononce sur les di^nonciations mon- songères uurdies et lancées contre Rivage; c'est au tribunal révulu- tionnaire qui juge avec la léfëre équité à décider a*U eat Innocent on coupable.

Cette fimille ne vona demande antre éhoee qn*nn eertiflcat de

civisme.

Elle vous prie de rons informer an citoyen Mainoni, si les fait^ ci- dewni retracés sont rrais on firax.

Peu de temps après, il est mis en liberté et se présente au Club des jacobins 5 octobre 1791. Bailly invite cette Société à lui présent3r des citoyens pour faciliter son choix dans la nomination du département; un scrutin est out^, et Rivage sort le second pour être présenté aa représentant* mais il n*a pas été agréé 7 oetobre. Du Comité de sur- veillannoe de la Société populaire, il est nommé du Comité de surveillance des hôpitaux militaires» à Strasboui^g 25 octobre. Encore aux Jacobins 37 novembre et 10 dé> cembre. H assiste à la levée des scellés de Monet

Etienne Babth.

iLa suite produiinement,)

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

I

Notices géologiques sur le système du Grammont et les chailles de Beaucourt (Haut-Rhin), par M. le docteur Muston Hontbéliard, imprimerie de Barbier firères, 1881 1 toI. iii-80 de 96 pages arec 2 cartes et S planehes.

D est des Ums dont on aborde rarement la lecture parce que le titre suppose au lecteur des études spéciales sans lesquelles il ne saurait comprendre. Les livres de géologie, par exemple, sont de ce nombre. Dans notre monde lettré de l'Al- sace, la defcr^piHon géologique du Eaut'Shmj par MM, Joteph KœchUn-Sdèlmiherger et Delboe, et la deecr^pUon géologique du terrUoire de Beffort, par M, Farieott sont généralement connues, mais il est peu de personnes les géologues pro- prement dits exceptés qui aient puisés dans ces oumges une notion exacte, selon la science, de la composition et des formations succesnyes du sol de Pancien département du Haut-Bhin. Cela tient, peut-être, à Tabsence de toute prépa- ration par renseignement élémentaire et ensuite à une technologie qui ne peut être comprise qu*à Ffige oii rélève a pour ainsi dire terminé son instruction secondaire; cela tient encore à une classification trop variable et enfin à la séche- resse de la forme descriptive adoptée par la plupart des géologues.

Sans cesser de se conformer aux allures de Técole scienti- fique, M. le docteur Muston, qui a libéralement collaboré au livre de MM. Joseph Kœchlhi-fichlumberger et D^bos, ne s'attache pas avec la même rigueur à la méthode et à la forme de ses confrères ; il en donne la preuve dans le travail qui est robjet de ces lignes. U se met plus à la portée du public prolàne. On peut affirmer que de ses notices il restera quel- que chose aux personnes étrangères à la science qui les auront lues ou simj^ement consultées.

m

ABVtJB D'ALBACS

De son étud»' t t de ses rcchorchps particulières au terrain l'urassiquo du i>;iys, M. Muàtun déduit un systèmo de forma- tion dont le Grammont, qui domine l;i valh e de TAliaine, est l'axe ou le noyau central du soulèvenu iit. il détermine ensuite avec beaucoup de clarté les couches concentriques dont ce noyau est entouré et il caractérise leur conipo>itinn. En suivant avec attention la méthode de Tauteur, les meml)res do nos sociétés savanti's seraient en mesure de nous former des collections miuéralogiques fort intéressantes et fort instruc- tives pour les jeunes intelligences qui ont des dispositions pour Tetude des sciences naturelles. C'est sur ce sens que nous comprendrions l'utilité do ces sociétés à l'évolution des- quelles les horizons les plus vastes sont ouverts en partant des études locales pour arriver ;\ les raccorder aux données générales de U science et aiu diverses théories qui 1^ con- tinuent.

Ainsi, par exemple, qu'y aurait-il de plus instructif et de plus intéressant dans une collection minéralogique du pays, qu'une vitrine renfermant de beaux échantillons de tous les fossiles reconnus par M. Muston dans le noyau du Gram- mont et dans les diverses couches qui l'entourent ? L'œil de récolo primaire ne distinguerait-il pas aussi bien, dans ces coUcctionsi, que l'œil de l'école secondaire les fossiles à corbis Jomwsa, Trnpt'zina, ventilahrum et obliqua et autres, c'est-à- dire ces corbeilles il formes régulières, à forme de trapèze, de van et à forme oblique, que M. Muston signale dans les terrains de la petite contrée que son étude embrasse, et qui ont vécu au fond des mers de la nuit des temps avant de réapparatjU'e pétrifiées à 592 mètres au-dessus du niveau des mers modernes, comme au Grammont? Au lieu de s'adresser désonnais à Te^trit seul par le moyen de la parole, on paraît vouloir y arriver par c les leçons de choses > ou mieux en associant les choses aux procédés de l'enseignement et Ton a raison. Or, que peut -il y avoir de plus nécessaire, de plus utile au maître élémentaire et au mattre secondaire que les collections intelligemment formées par nos sociétés savantes qui toutes ou presque toutes cela soit dit dans Tintention

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BtTLLBTIM BIBLIOflBâPllIQOK

481

d'en bU'sser aucune se meuvent dans ce domaine (U s >^éné- raîiU's rt'hattue.s au lieu de s'exercer sur le domaine exploré de re\.i!>tence locale V Xi/f^ce te ipsuni, telle e.st la devise qui nous porte <\ attacher du prix à une étude du genre de celle qui nous occupe.

Non moins intéressante que celles du système du Gram- mont, est la notice concernant U-s schistes à i)oissons de Froidefontaine. C'est le diluvium rhénan qui apparaît sur le dé}tût tertiaire et les schistes à poissons dont M. Muston reproduit sur une planche les images fossilisées. Une note de M. Oustallet sur Froidefontaine trace les limites de la mer qui recouvrait toute la vallée du iihin, les -tVrdouues et une partie du bassin de i'ari.j.

Revenant à des temps plus rapprochés du nôtre, M. Muston nous donne l'histoire du ^rand plateau du Grammont, de la station de la Bouloye, du Dolmen de Bure et la légende de SftiBt-Diader.

Il y a, on le voit, dans le travail que nous signaloiis de quoi intéresser toutes les intelligences. On ne peut que lëUciter son auteur de Tavoir rais au jour. Par contre, il y a dans ee travail d^impardonnablos n^ligences typographiques à repro- cher à Timprimeur.

II

Bulletiu de la Société philomatique vosgienne année 1880^ Saint-Dié, typographie de L. Htimbert, 1881 8<» de 16ipefea.

U y a de Fémulation au sein de la Société philomatique voegienne. Pour s*en assurer il suffît de jeter un coup d'oui sur son bulletin de 1880-81 et sa table des matières. Ce qui, à notre point de vue, fait le principal mérite de cotte Société, c'est que les travaux et les recherches auxquels elle se livre se continent dans sa circonscription arrondissementale. Cinq pages de M. Henri Bardy ont pour objet de tixer avec préci- sion les mininta et les maxima de la température à Saint-Dié pendant le rigoureux hiver de 1 $79-80. Les sept pages suivantes donnent place à une noto l)io_qaphique intéressante sur un abbé d'£tival, par M. Â. S. (Adrien Sadoui) suivie du testa-

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ment de l'abbé. M. le docteur Fournier fournit ensuite au bulletin une relation caractéristique des luttes que dut sou- tenir, pendant dix années, un jeune apothicaire établi au siècle dernier à Rambervillers, contre les pratiques illégales dos chirurgiens de sa résidence et de la contrée. M. Henri Bardy fait suivre cette relation d'une intéressante biographie de Gabriel-François Renaud, maître en pharmacie à Saint- Dié et membre de la SocuHt^ royale de Paris. Un aperçu historique sur les Abbayes de Moyenmoutier et de Senones, ainsi qu'une note sur la généalogie des comtes de NeufchAtel et sur la postérité de Thiébaut IX, maréchal de Bourgogne, sont dus à M. P. de BoureuUe, suivi par M. £. Oietz, qui donne au bulletin une notice compétente sur quelques monnaies du moyen âge trouvées au Ban-de-la-Roche, près Fouday, en Alsace. Une planche représentant six pièces d'or des villes du Rhin et quatre pièces d'argent est jointe à cette notice. Suivent enfin une coutume du carnaval en Lorraine, par M. Albert Gérard, une note du docteur Fournier sur la pré- sence à Rambervillers de Mesdames Adélaïde et Victoire, filles de Louis XV, une notice biographique sur un peintre en miniature et en émail, Jean-Baptiste-Jacques Augustin, de Saint-Dié, par M. Gaston Save, et pour clore, un épisode du séjour du préfet. Christophe Dieudonné, des Vosges, dans le département du Nord, par M. Arth. Benoit.

A ce bulletin est jointe la continuation de Thistoire de l'Abbaye de Senones, par Dom Calniet et préparée par M. Frantz Dinago, avocat à Saint-Dié. Le fascicule qu'il lyonte aiyourd'hui aux fascicules précédents commence à la page 241 et finit à la page 320 du volume qui contiendra Tcenvre inédite du laborieux bénédictin.

Il serait superflu d'ajouter quoique ce soit à l'énumération qui précède pour donner au lecteur une idée de l'importance des travaux de la Société et de Tintérêt qui s*y attache au point de sa vie intellectuelle dont cette société est le centre recommandable.

FntoÉRic KuBTz.

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LBS

ËX-LIBRIS DANS LES TROIS ËVËGHÉS

TOUL— METZ— VERDUN

mi— un

I

BIBLIOPHILES ET COLLECTIONKEURS YËRDl]i\01S

L'évêché, comté et chapitre de Verdun, qu'il no faut pas confondre avec le diocèse de Verdun, circonscription toute spirituelle, formait avant 1789 une petite principauté ecclé- siastique, connue sous le nomdu Verdunois,80U8 la juridiction da parlement de Metz. Sa réunion à la France datait, comme on le sait, de Tannée 1552. D'un c<^té, elle touchait à la proYÎnce de Champagne» de Tautre côté elle était enclavée dans les États du duc de Lorraine.

Les minuscules prévôtés de Chamy, de Dieppe, de Man- giennes et de Tilly dans le bassin de la Meuse, dépendaient du temporel de révôque comte de Verdun.

Puis, arrosée par la Moselle, entre Pont-iirMonsson et Nancy, se trouvait la prévôté de Dieulouard, dont il sera parlé.

Le chapitre de Verdun possédait, de son côté, cinq prévôtés, celles de Sivry, d'Harvillc, de Foameix, de Merles et de NoDvelie Série. iOr anoé». S8

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484 BKVUB D^ALSAOI

Lemmes. Le tout, avec les hautes justices particulières, fonnait un total de près cent quatre-vingts localités ou censés.

Le roi était souverain seigneur, et le titre pour l'évêque de comte de Verdun et prince du Saint-£mpire n'était plus qu'une vaine formule.

Le diocèse de Verdun, qui était de la province ecclésiastique de Trêves, comprenait près de quatre cents paroisses.

En 1789, rév6ché rapportait 74,500 livres à Pévéquepar an. A cette somme considérable il faut encore ^jouter les revenus de quelques abbayes qui étaient encore donnés au seigneur évêque.

La ville de Verdun et ses faubourgs étaient du domaine royal; comme toutes les dtés épiscopales, Verdun avait

secoué le joug de l'évêque pendant le moyen ftpje. Ses habitants vivaient à Taise î^râce à leur commerce, à un chapitre opulent, à un nombreux état-major et à un siège présidial. Rien n'avait troublé leur quiétude depuis leur annexion à la France. La principale industrie était la confection des dragées et des liqueurs dont la renommée a porté le nom de la cité aux quatre coins du globe.

Le magistrat de la ville offrait à l'entrée de l'évêque deux boîtes de dragées du poids d'une demi-livre. Un tiers iins, deux tiers communs. Ce présent était également offert aux souverains et aux illustres personnages de passage.*

* Sous la Restauration les dragéos do Verdun furent en honneur à la Cour ; le confiseur Recouvreur fournit les dragées du baptême da duc de Bordeaux ; il y est det brerets de Maâam (la daeheise de BerrjX dn doc d'Orléans, etc. M. de Jony, dans nm Sémite m IVamee, parie du confiseur Reconvreur qui demeurait Tis^yls l*li6tel des 2Vo«« Mtrnm, Le mifn^ est maintenant fermé.

C'est danR cet hôtel que descendirent l'empereur Joseph II, le roi de Dancniarck, Napoléon, Marie-Louise, le grand<4uc Constantin, Don Miguel, etc..,.

Mais qui nous dira était située la modeste chambrette qu'occupa

LB8 EX.-IJBBIB 1>A1» LM TBOU-ÉVÉCHtB

486

Verdun fat aussi connu au sitele dernier par son JcunuU huierique ou ia Cl^ des Cabmetê âê» princes de l^JBurope,

imprimé chez Jacques-le-Sincère, à l'ensei/pie de la Vérité, plus répandu sous le nom de Journal de Verdun. Il a duré sans interruption depuis juillet 1704 jusquCii ([(Wcinbro 177G. Bien des articles de ce recueil mériteraient d'être réimprimés.

En décembre 17G3, Dreux de Radier y publia une notice sur la reliure. U effleura le siyet; c'était d^à beaucoup pour le temps.

Au commencement du xvnr siècle une petite société litté- raire s'était formée à Verdun sous le titre de ChevaUers de f Ordre sockd de f orniaNe Commerce, Société orHaHque et Uttèraxre; * le président était François Marchai, prévit de la

collégiale de la Madelainc ; parmi les iiieiubres ou remarquait le marquis de Puïseulx, le capitaine Chevcrt, le peintre Christophe, le poôtc Kicher, des ofticiers du régiment de Toulouse, des chanoines, des magistrats. Lorsque la princesse Auguste de Bade, la future épouse du tils du Régent, passa à Verdun, en 172S, la Société lui fut présentée, et le conseiller messin Descartes, dont nous parlerons plus tard, lui lit un compliment; la princesse lui répondit en foisant très gracieu- sement allusion au nom du grand philosophe. Elle se dédaiit la protectrice des chevaliers et elle leur envoya de Paris un hQou distinctil

Les nouveaux académiciens passaient agréablement leur temps à disserter littérature et philosophie et à écouter les vers de leurs confrères. ^ Lorsque la reine Mario Lecszinzka

Armand Cartel lonqa'il vint à Verdun en 1820 comme wns-lientenant au 29« de ligne, en sortant de l'Ecole Saint-Cyr ? Dix ans après, il ren- versait un trône dix fois aécolaire, et restait par au miliea d'ojie

honteuse curée.

* V. Bboin, Annales de la Société philomatiqm, 1877.

Les mœurs à cette époque n'avaient pas le rigorisme niais de nos Jonn. Ainsi, lors du passage de la reine, le jeune Lougpré, écuyer de

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REVUE D'aLSACB

vint à Verdun, panni les plaisirs qa*on procura à cette rev6che souveraine, le chroniqueur cite la cantate qu*exéca- tèrent pendant son dtner les chevaliers de TOrdro social; les paroles étaient de leur président, la musique de Desmarete, chef des concerts de la Cour de Lunéville.

La Société devait bientôt se disperser ; la duchesse d'Orléans étant décédée en 1725, k la fleur de Tftge, TOrdre social ne tarda pas à disparaître. En 1732, il n'y avait plus de réunion

Bien plus tai il, il bc forma à Verdun une loge maçonnique dont la Franche Amitié fut l'attribut distiuctif.

L'intendant des Trois-Evêchés, M. de Creil, envoya en 1740 au savant Schœptiiu il Strasbourg les antiquités d'une tombe franke découverte À un mille de Verdun. Mais Tillustre anti* quaire se trompa grandement en e^qpliquant les véAérables débris; la couronne est la partie supérieure d*un seau, le casque est le sommet du bouclier, la framée et les cercles sont les fers de soutien du bouclier ; le vase, la hache, le fer de lance, les fragments d*épée sont exacts. Ce don de M. de CreU fait supposer qu'en 1740 personne ne recherchait les anti- quités à Verdun.

Il existe dans cette ville une Société philomatique, dont les travaux sont très estimés. Elle a été autorisée le 1" août 1822. Elle a commencé la publication di' ses Mémoires en 18-10, et il y a huit volumes parus qui contienmtnt de savantes disser- tations par MM. les abbés Clouet, Tibay et Thomas, M. le docteur Neucourt, MM. A. Buvignier, Liénard, Lucas, de Widranges, Didiot, etc.

D'après M. Teissier,* Nicolas Bacquenois, imprimeur à

la bouche da roi, profita de son séjour chez son oncle, le chanoine Lejoge, pour y donner on bal aux officiera de la auite. On y bat et manpea à discrétion.

L'évèque dépossédé de son palais, logeait la reine, se réfugia chez on chanoine et y tint table oavert^ pour tonte la Cour.

NoUetÊ tommaivu mr Im pnmien faaipt 4t Fimprimirit à MèU. Mets, IfiâS, p. m

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LB8 n^LIBRIB DAl» UBB TBOIB ÉV£CHt8 487

Beims, vint B*établir à Verdun en 1542, à la demande de révêqne Nicolas de Lorraine. H imprima principalement des

livres liturgiques. 11 y eut depuis toujours des imprimeries.

La bibliothèque do la ville do Verdun, formée de livres provenant des maisons relif^iouscs, dos émip^rés et do dons du gouvernement, peut avoir de 30 à 32,000 volumes. En 1858^ M. d'Attel de Luttange, lui a fait don de sa belle bibliothèque (UmB rares, précieux et de belles éditions) formant près de 3000 Tolumes. Les tableaux et les statuettes de bronze prove- nant du même donataire serrent à orner les salles de la bibliothèque. Il y a son portrait'

Au mois d^avril 1881, on vendit, par autorisation ministé- rielle, 1293 ouvrages doubles de cette bibliotbèque ; le catalogue fat rédigé avec soin par M. le bibliothécaire Frizon. Parmi les volumes venilus on remarqu" : * L' KpoK.^c ou nii/.^tèrc et fatalité, 2 volumes, et L'Héroïne d'Orlé'nts', Paris, 1843, 3 volumes, par M. d'Attel de Luttange, deux romantiques de la plus belle eau ; V Histoire de Verdun, par Roussel, celle de Metz, par les Bénédictins, celle de Vahhaye de Saint- Miiiiel, les AntiquUét âe la Qaute Belffiquet par Wassebourg, VArmorUU de Dom Pelletier, etc., les trois Almanachs de Verdun,* de Cajot, etc.

Verdun, pendant la Révolution, devint célèbre. On j vit tour à tour les orgies des terroristes, le suicide du conmiandant de Beaurepaire, la prise de la ville et Paffaire dite des jeunes tilles de Verduu. ' Puis après la rentrée des troupes républi-

* JMtmaék dm âij^arlmmit de la Mmie, 1864, p. 229.

* Les livres à ExAifmê ne manquaient pas; il y avait une Ilistoire des êvéqitcs de Mrfz^ par lbniBi8«B, avec les armoiries dn vicaire-gtoéral

THIS, sur los plats, etc.

* Los (louliloH sur l'histoire lornln nr> sont jamais de trop dans one

bibliotht'ijuc, car ils sont les pitis (leuiamlés.

* Lo mot (le la fin, après Drlillc, les continuatours de Roussel, l'avurat Donuuungct, de Metz, est la lettre adressée par le roi de Prusse à la survivante de ce drame terrible.

438 BBVUB D'ALS40B

«aines, la traïuiaiUité y réparai On avait aaaw parlé de la Tille de Saint-Saintin depuis quelque temps.

Ii*abbé Grégoire trouva des accents indignés dans ses discours, sur le vandalisme révolutionnaire, prononcés k la

Convention nationale en brumaire et en frimaire an 111.

« A Verdun, s'écria-t-il à la tribune, des municipaux ayant à leur tête un nommé Cararhe, ontbrftlé des tableaux précieux et des statues. Les amis des arts ref,Tettent surtout une Vierge de Goudru et un Christ mort, de grandeur naturelle; ce chef- d*Œuvre de sculpture, d'un dessin plus correct et d'un ciseau plus liardi peutrètre que le monument de Saint-Mihiel, faisait radmiration des étrangers. Un artiste estimable s'étant pré- senté à la place de rezécution afin de eoigurer la foreur, offirit de payer chèrement une main pour apprendre à dessiner à ses enftmts, il fut repoussé par les clameurs de la rage et n'échappa que par le silence et la fuite. »

Le 20 frimaire, Janvier, membre de la Commission des arts, écrivait :

« Vous ne connaissez qu'imparfaitement encore toutes les horreurs commises dans la commune de Verduu sur les monuments des arts et des sciences. Ce Carache que Ton diarge de toutes les iniquités parce que la terre le dévore, Carache n*est pas seul auteur de ce délit

c Les tableaux, les tapisseries, les livres et autres objets provenant de la ci-devant cathédrale, ont été transportés sur une place nommée la Roche. Les officiers municipaux, décorés du ruban tricolore, le district, deux membres du département ont assisté à cette infâme expédition. Ou a battu la générale, fait prendre les armes aux citoyens, etc., et les vandales se sont réunis en orgies après la cérémonie. Ils ont forcé l'évêque constitutionnel & danser autour du bûcher.... »'

* Panni les t^iiteriet, il y en avait qvi avaient été doaiiéea par révèqne Puuime.

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«

LB8 BX-LIBBlâ DAW8 LES TROIS tVtOBÊB 439

fl Quand on lit le procès-verbal des destructions des chefs- d'aavre à Verdun, i^oute Grégoire» il y a de quoi yerser des larmes de sang. Carache, offîcier municipal, le corjrphée des scélérats qui ont commis ces crimes, est mort; nous envoyoua sa mémoire à Técbafàud. Le directoire du distriet nous annonce que ses complices sont surveillés de près; cette mesure est insuffi3ante, ils doivent être poursuivis. >*

Lorsqu'on envoya à la Monnaie de Mets rargenterie des églises de Verdun (la Uadelaine fourmt 161 marcs 6 onces; SainlrPaul 152 marcs 2 onces 2 gros; Saint-Vanne 79 marcs 4 onces 6 gros, etc.), il manqua dans une malle, le 25 avril 1793, deux anges portant le reliquaire de la vraie croix de la cathé- drale (20 marcs 7 onces); le bustç de Saint-Airy (20 marcs 7 onces), et un reliquaire de la Madelaine (20 marcs). Sommelier, qui en était gardien, s'offrit de suite de payer le manquant. Son offre fut acceptée, mais on prévint en môme temps le juge de paix qui commença une information. '

Les propriétés particulières ne furent pas mieux traitées que le bien de l'Etat

Le château de Dieue,' ancienne résidence épiscopale, démolie sous Louis XIII, était habité au moment de la Bévo-. Itttion par les comtesses MadeUdne-Gatherine et Marie-Anne de Berchiny, petites-filles du maréchaL La vente des effets mobiliers eut lieu en 1793, en présence du délégué Pierre Foumel de Genicourt qui avait reçu le 17 février ordre du Directoire du district de Verdun de ne laisser vendre aucun objet nécessaire à la Nation, comme cuivre, matelas, couver^ tures, ni aucun autre concourant h dégrader la maison tels que porte, boiserie, cheimuées de marbre. On ne dit pas si la

> Voir lur cette époque de volenn et de volée le h/eUm de HomM» illi, tearUaire du âitiriet de Verdum, à tout ae$ eofMdflyme, iii-4*, 42 p.

* Faetnin Hoioos, p. 27.

* n y ftndt sur le raicBeau dn btn ime pepeterie qui fimimit da pépier d'anes benne qualité, dit SIemer,

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440 REVUE d'alsacb

bibliothèque fut vendue ou envoyée sur les greniers du district Peut-être en trouverait-on des débris paimi les livres de la bibliothèque publique de Verdun.

Le bel autel de la cathédrale, eonstmit sur le modèle de céloi de Saint-Pierre de Rome, d'après les plans rapportés de la Ville étemelle par le chanoine de la Plaine, qui par son goût pour les voyages et les arts acquit dans le temps une certaine célébrité, fiit sauvé parce que, sur la proposition d*un honnête homme, le temple ftit érigé en palais de justice. L*antel servit aux juges, le procureur de la République sln- stalla dans la chaire, les jurés dans les stalles des chanoines, le public flânait dans la nef. Le 25 avril 171)4, quatre fédéra- listes et la mère de l'un d'eux y furent condamnés ii mort, et l'exécution eut lieu pendant la nuit, aux flaniboaux, sur la place de la lîoche. Leur mort fut digue de l'antiquité.

Le chanoine de la Tlaine donna plus tard à la municipalité un tableau d'un maître italien, Apollon fcorchant Marsyas, Cette belle peinture ornait jadis la salle des séances du Conseil municipal, elle est au musée. *

n y a encore à rhôtel de ville une peinture autrement . intéressante. C*est le portrait en pied de C3ievert avec la prise des lies Sainte-Marguerite que le noble guerrier donna à sa ville natale qui, en 1887, lui érigea sur la place Sainte-Croix une statue, œuvre du sculpteur Lemaire. ' Cest le tableau de Hischbldn (1762) souvent gravé. Dans le vestibule, on voit les portraits de Christophe {Dromis p% gravé par Surugue en 1785), de Beauzée le grammairien, en velours rouge, de Fabbé Clouet, de deux guerriers à perruque (commenceraent du XVII siècle), dont un est le lieutenant de roi Nicolas Descro- chets.

L'auteur de la relation de la campagne du duc de IBruns-

* CàmB, I/Bgli96-CaManae de Verdm, 1868, p. 4a ' G. DOS Goouia, NaHte$ mt Okemt. Puli 1881.

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UB B^-LIBRI8 DANS LSS TBOIS ÉVÊCB&8 441

«kk, donne nn aperça très juste de Pétat du pays et des dîsposîtionB des Veidanois au moment de l'inYasion. Void un passage de ces curieux récits qui rentre spécialement dans notre cadre: La scène se passe-t-èlle dans la rue des Gros degrés?

« Je me trouvai un jour chez un relieur et j'aperçus beau- coup de livres de prières, mais U eut grand soin de me dire que c'était maifitenant une marchandise de rebut, qu'on ne recherchoit ni ne lisoit que des li\Te3 philosophiques, princi- paU'inent Montesquieu, Voltaire, Raynal, Rousseau et les écris du tems. J'y vis de belles éditions de ces ouvrages. D'où vient qu un peuple opprimé aime à prier et qu'un peuple libre jette ses livres de prières pour courir après les livres philosophiques ; cela est peut-ôtre dans la nature : Si la terre ne veut pas, il faut que le ciel le veuille, et i^ce venâ. »

Âu commencement de la Restauration la de Verdun, qui avait d^à énormément perdu par suite de la Bévolution, fiit encore une fois douloureusement éprouvée. A rapproche des armées alliées, au mois de janvier 1814, le dépôt des pri- sonniers anglais fut évacué sous escorte vers Blois. * Les nobles gentilshommes, prisonniers sur parole, passaient leur temps à boire, à organiser des courses et à chasser le renard; on ne leur refùsait jamais la permission d'aller aux eaux. Les Yerdunois, toujours confiants, ne cessaient de leur avancer les fonds nécessaires h. leur bien-être. A leur départ ])récipité, les AiiLçlais devaient aux bourgeois la somme énorme de (juatrc millions. Cette dette (l liniineur fut-elle jamais payée? Elle occasionna bien des démarches pénibles. '

' « La réunion des prisonniors anglais à Vordun ost t^^s considt'^- rablo. Ils sont traités de manif-rc à prouver au ministère anglais que la générosité françainc ne se dément jnis. » {Journal th: s Dt/xii", i;5 jan- vier IbU.) Si un prisonnier maui^uuit à sa parole, il étuit envoyé au fort de Bîtche.

* Y.lkîa rukiê ék VMhm Hiela vMaUon du ânit da gem, ligiié HmouBiv et Cunnoir, délégnéi et Lombabd, avocat. Farii, in<8», 16 pp.

é4S SBYint d'alsaos

L'oriëvrerie verdunoisc avait une certaine réputation dana le cours du moyen Age. On montrait, comme en provenant, un autel en Tormeil ciselé dans le trésor de Tabbaye des chanoines régnlien de Klotter Nmbauirg sur le Danube, à trois lieues de Vienne.

Dans le siècle dernier on ne parlait plus des orftms de VUrhis dofooruim, Zw laisiam éUntHen; car, i^rès l*incendie de la cafliédrale, rarehidiacre de l'Ecluse acheta pour 2600 livres la lampe d*argent qui devait brûler devant le grand autel et plus tard la Vierge de même métal que Ton portait à la procession de l'Assomption. Ces deux ouvrages précieux provenaient de Strashourj?. '

Comme la vieille cité de Metz a ses Founiirue, Nexirue et Jurtie; Verdun, aussi antique, a les Mtgaye-Eue et Oerard- Bue. Avis aux chercheurs !

Mais c'est assez sur la ville de Verdun, parlons un peu des nombreuses bibliothèques qui existaient dans cette cité savante oti prit naissance la réforme des Bénédictins dite de Saint-Vanne et de Saint-Hédulphe dont les travaux histo- riques sont connus de tous les érudits.

' Cette ville, dont les ouvrages en argent ont toujours été renommés, tirait presque tout le métal des filons actuellcmeat abandonnés de Sainto-Bfarie-tnx-HiiiM.

IL Liénacd •« Mt va trài intéresuat mémoire mir les èmaillenn verduioit (Mém. t Vil, 78).

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LES KX-LIBRIB DES TROIS tVtCBÈB

448

LES BIBLIOTHÈQUES DES ÉVÉQUES

La bibliothèque de la ville de Metz possède un gros in-folio aux armes de Nicolas Psaume, évêque de 1548 à 1575. Ce prélat, issu d'une famille plébéienne, fut religieux prémontré avant d'avoir la mitre. C'est le crédit de la maison de Lorraine qui l'éleva; on ne pouvait faire un meilleur choix. Il assista avec honneur au concile de Trente. A sa mort sa riche biblio- thèque fut partagée entre les chapitres de la cathédrale et do la Madelaine.

M. de Widrangcs a donné au musée de Bar-lc-Duc le por- trait de cet évéque, 1Ô71 an", oct. suœ, 57. Il est habillé en noir et a une calotte plate de même couleur. Sa devise était: Si Deus pro nobis quis contra nos (Bois, haut. 0,48, larg. 0,37).

Un petit-neveu de l'évêque Psaume, le littérateur Etienne Psaume, à Commercy, était un bibliomane émérite, qui fut assassiné par ses deux gendres en 1828.' Auteur d'un />jdion-

* Il ne reste de ce procès qu'une « grande complainte », très populaire encore de nos jours et que l'on lira dans V Appendice; puis cette lettre qui fît grande sensation. Elle est de la malheureuse Elisa, femme du < scélérat Cabouat et fille du pauvre Psaume :

< LunôTillc, 31 juillet.

« Monsieur, ne pouvant rester dans le pays témoin du meurtre do

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444 BITDK O'ALSAOS

nairê Inbliographique en deux Tolumes (Paris, 1824), qui a ea asses de succès, Psaume eut dans son temps une certaine réputation littéraire. Sa bibliothèque fat vendue en onze notices imprimées chez Lafi^erre, à Bar-le-Duc.

Nicolas BoiLsiuard succéda à Tévêque Psaume. A sa mort, en 1584, il légua tous ses livres à Jean lîousmard, conseiller aux Grands-Jours de Saint-Mihiel, qui eut en outre deux de ses coupes et Tune des aiguières en argent La devise de ce prince de rËglise était : Suh umbra alarum tttartm protège nos^ qui se rapportait sans doute an pélican de son blason placé dans Talgle éployée à deux têtes. Sa famille, d'après Roussel, conservait quelques-uns do ses Jetons en argent Sa tombe avec son efifigie existe encore devant la porte de Téglise Saint- Sauveur.

Les princes de la maison de Lorraine furent grands protec- teurs du collège de Pout-à-Mousson : plusieurs firent les frais de la distribution des prix, en accordant de splendides volumes aux lauréats. La liste des Agonothétes de PUniversité signale deux évêques. Erric de Lorraine-Clialigny, fut le second bien- faiteur, qui fit les frais de la distribution des prix en 1593.

mon père, je m'étais réfugiée dans le sein de l'amitié pour y passer dea joua dont Ia longnenr m'abat Maia quel â été mon étonnement, lora- qùe je me aoia nie l'objet dea recherches lea pina rigonrenaeaC??) d'an fonctionnaire qni chargé d'nn rainiatère de protection, a inquiété ose infortnnée aana défenae, qve lea poofanitea de aea agena de police et de aea gendarmée doraient flétrir dana Fopinion pnbliqiiel Ovi, qn'il l'apprenne par Tona, monsieur, une tdle conduite n'est pas noble, calomnier, ayilir, exercer des riolencea BUT une femme de dix-neuf ans, quand oUe ne lui en donnait aucune occasion, nVst pas le fait d'un homme appelé à faire triompher la morale, le respect à l'infortune et à soutenir la gt'^nérosiitc du Caractère Français. « J'ai l'honneur, etc.

« El,i9a Psaumb. » Cette lettre ne fut pas un des moindres épisodes de cette triate ftffiin. (JmnuA de Ut Mum, 8 aoftt 1889.)

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LB8 BX-LIBBIS DAK8 LES XaûlS ÉVÊCHiS 445

M. Favier, ' bibliothécaire à Nancy, ii*a pu retroiiTer le fer qui a marqué les armoiries de ce prélat II a été plus heureux pour le successeur d*£rric à révéché de Verdun, Charles de

Lorraine (IGll h 1622) qui se fit plus tard jésuite. La biblio- thèque de la ville de Pont-à-MousiSoii a de lui un Flaton donné en prix en 1012. Autour des armes pleines de Lorraine on lit : CAROLVs a lotharingia episcopvs et comes VIR- DTKBMSis S. iMPEBU PRLNCEPS, avec le lambel, la mitre et la crosse et cette devise dans le bourrelet: nov bst kobtilb QTOD OPTO; au-dessous le nom de Télève couronné.

Soliman lieutaud indique de ce prince un portrait, à la pierre noire, It la bibliothèque nationale {JètvHeê) et une gra- vure in-8*, par Yerdeloche. M. Favier a reproduit ses armoirieB dans son intéressante brochure.

L'évêque de Béthuue (16^1-1720) remplaça le sage d'Hoquin- court; on voit à Verdun un in-folio aux armes de ce dernier prélat. Ou connaît le beau portrait de M. de Béthune, peint par lligaud et gravé par Drevet, in-folio. On trouva dans la bibliothèque de M. (riIo(iuiiicourt, à sa mort, un Diortum Concîlii Tridentini, le môme que publia le P.Hugo.

M. de Béthune fit éditer une praHque âu sacrement de P(Sfii- Uncet dite làFratigue âe Verdm (Paris, 1729), dont le moindre dé&ut est d'être trop rigoureuse; aussi Tappelait-on lapra%ue mpraticàblle. *

J. Guigard, dans VArmoml BibUophUe, donne la réduo-

* Mémoires de Ja Société d'archéologie lorraine, 1880. L'abbé Htvib, Mémoires de la Société phiîomatique de Pont-à- Mousson, 1878. 120.

Le tf'inturicr janséniste do Mgr de Réthiine était Ilabert, le direc- teur de son Héiniuairc; Mgr do Coislin avait son vicaire général Seron, capable de tenir tétc à toute l'église ; Torgueilleux de Bissy, à Toul, suivait des idées dianiétraleraent opposées à celles do ses illustres confrères de la province de Trêves; un seul point les réunissait: leur ignorance. Le teinturier de ee «Tilain manonin*, comme ri^ypelait Jamel^ était le vicaire général de l'Aide.

44e

tion (lu blason de M. (rilalleiicourt de Droménil (1723, 1754), ce prélat-bàtisseur qui voulait faire un monument colossal de son palais épiscopal. ' On voit le portrait en buste de ce prince de r£glise au musée de Besançon, par Detroj (fiât, 1865, n" 81). Le précepteur de trois rois, M. de Nicolal, remplaça M. d'Hal- lencourt, entin M. Desnos termina la première série des siieeesseiirs de Saint-Saintin. CeluHsi eut pour vicaire-général rabbé Goster, député en 1789 pour le clergé du bailliage de Verdim, dont on connaît quelques portraits {Godefriry, deL, Collection B^abin ; Fcuquet, del^ gravé par Chrétien) ; c'était un érudit et un bon prédicateur, Ugr Desnos se réftigia d'abord à TMves; plusieurs de ses mandements sont datés de cette ville, principalement celui du 22 avril 1701 pour la publication du bref papal. Ces mandements sont ordinaire- ment sif!;nés par tous les évêques de la province. La biblio- thèque possède un volume relié à ses armes.

Mgr Desnos, qui cHuit rentré à Verdun, parvint i\ en sortir et alla mourir peu de temps après, en 17î»3, k Coblentz.

Au Concordat, le diocèse de Verdun fut supprimé, la cathé- drale devint une cure (rarrondissement ; la ville n'eut plus que deux paroisses, Saint^auveur et Saiut-Victor. En 1812, on installa un petit séminaire dans le cloître du chapitre. Cet utile établissement est actuellement dans le couvent des Minimes.

L*évêehé de Verdun fiit rétabli en 1822.

LA BIBLIOXUi;(iU£ DU CUAPIÏM

Ex BibUùthêea CathedràUs Eodenœ virdunmuiê 171L La malheureuse situation du chapitre de Vtfdun, pendant la guerre de Trente ans, força les chanoines, vers 1644, à

' La bibliothèque épiscopale fat décorée de peintares par M*nsDy, de Mots.

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LES EX-LIBniS DANS LK8 TROIS ÊVÊCHÉS

447

vendre une bibliothèque ' « qui avait beaucoup de valeur », dit le P. Jacob. Le chancelier Séguier acquit d'eux une très belle Bible. En 1709, Dom Martène et son compagnon, après avoir essuyé un refus de révêque de Béthune pour voir ses archives, eurent la mortification de se voir également barrer rentrée de celles des chanoines, qui, après leur avoir permis d'y travailler pendant quelques heures, leur fermèrent la porte, et celle a d'un méchant bout d'une bonne bibliothèque vendue dans les temps ». Naudé, le célèbre bibliothécaire du cardinal Mazarin, avait été chanoine à Verdun. '

La bibliothèque de Verdun s'est accrue, au commencement du siècle, des collections du chanoine Ândré de la Plaine, originaire d'Avignon, dont on a d^à fait mention. Son portrait se trouve au milieu de ses livres qui, déposés dans des caisses, ne devaient être ouvertes qu'en 1830, vingt-cinq ans après sa mort On y trouva une foule de recueils de ses poésies légères et entre autres un petit pèlerinage badin à Benoite Vaux. Le chanoine de la Plaine célébrait les beautés. . . de toutes les villes de France. Les corps municipaux ne pouvaient faire moins que de remercier, (^t le bon chanoine encadrait ces inepties; on voit de ces cadi'es à la bibliothèque (Avignon, Semur, Orléans, etc.).

Le joyau littéraire de la cathédrale était le Sacramentaire de Saint-Grégoire que l'on estimait être du Et* siècle. L'écri- ture en était fort belle, très lisible et sur beau vélin. Les couvertures étaient enrichies de lames d*argent en filigranes fort légères, servant de bordures à des bas^reliefe en ivoire, assez grossièrement sculptés, au nombre de trois sur chaque couverture, VAmanciaiion, No'd et VEpiphanie; puis le

' Y. L. FBnmr, JPéniibiif deplu9ieiir$fmtiomnote^ti»t,Touï, 1644, p. 191. AixéldiiST nai 164a

* Yen 1180, le dOf«n Goillaome était un ôrudit, achetant partoat des mamucrita ; avae toat cela grand-aumAiiier et cliaritabla.

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418 BIVUB O'ALSAOB

Massacre des Inmccnts, le Baptême du Christ, V Adoration des Mages. Un calendrier a été ajouté au Sacramcntairc vers le IX" ou x* siècle. Eu 1790, ce beau manuscrit tut (léj)osé choï TElecteur de Bavière avec d autrci» pièces précieuses de la

cathédrale. '

On voit encore à la cathédrale le reniarciuable monument élevé par l'historien Richard, de Wassehourg, ^ archidiacre de Téglise de Verduu en rhooneur de la Vierge. Son tombeau se trouvait dans la nef; le monument élevé à la flavofia n*a jamais changé de place (dans le transept de droite).

Des livres de la bibliothèque portent Wassebourg me pouidet.

BIBLIOTHÈQUE DU COLLÈGE BOTAL

Le collège des jésuites de Verdun, fondé par Pévêque Psaume, fiit remplacé, à la chute de ces religieux, par un collège tenu par des prêtres séculiers, qui, d'après Tédit royal du mois do février 1763, y observaient la discipline des collèges de rUniversité de Paris. On y enseignait les humanités, la logique, les mathématiques, la chimie et la physique. L'évêque prési- dait le comité d'administration. Sur les livres donnés en prix, on remarque sur les plats les uriuoiries de la cité « la Heur de lis surmontée de la couronne royale ». Y,n exergue premivm coLLEOii- REOii viKDVNKNSis . Eu 177S, le pHucipal Darmont, prêtre, licencié es lois, signe Iv palniarès. Parmi les professeurs on remarque l'abbé Vandeiaincourt devenu plus tard évêque

' II y avait aussi un cérémonial do l'entréo dea éréqueâ (1^01), écrit Bar vélia et rcproilnit en IT.Îl par lo P. Ilu^ro.

' Auteur des Antiquités de la Gaule Belgique. Paris, Ibld, 2 tomes in-folio.

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UB EX-LIBBIB DAK8 Ltt TBOUB tWÈOBÈa 419

coDStitutioimel de la Hante-Marne el membre de la Conven- tion nationale.

Le aéminaire de Verdun; SemnarU virdunenns, F. Bouê- mard.

BIBLIOTHÈQUE D£S J£SUIT£S

Le collège eommnnal qui, à juste titre, jonitd*ane réputation

méritée, occupe rancieii collège des jésuites. Rien n'a été changé dans son architecture ; les classes portent encore les Mhetorices, prbna, secunda, des anciens pères. L'église à côté, datant de 1732, est celle de Tordre; le cœur de Tevêque Psaume est sur le mattre-autel. A la tribune des orgues on voit le portrait bien ablm6 de son successeur fiousmard. La bibliothèque, située au premier, n*a pas cbangé de place. La salle a cependant été coupée en deux et la boiserie est tout ce quil y a de plus simple.

On Ut sur les ouvrages qui ont appartenu aux révérends pères:

MooTelle Série. MOT aonée. 29

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460 «KVCS D'ALSAOI

OoB. VM. S. J., CoH ViréL QMoffO imcriptuê, OoBegn Virékineims fandliœ,

La bibliothèque a un volume richement relié aux armes de

Henri de Lonaine-Vaudéniont qui écartèle de France à cause de sa jïrand'mère Claude. Ce volume a être donné en prix par les jésuites; il est dessiné par Guigard, qui explii^ue mal la légende. Le fer appartient à M. Kouquette, libraire à Paris.

Les livres de rinfirmerie portaient: Valeivàinarii CoUegii viràntm Armo 1649,

Les RR. Pères avaient nécessairement lenr congrégatton Notre-Dame à laquelle étaient affiliés les bourgeois. La men- tion suivante sur un livre en &it foi: Coru/regatiama BetUœ

A la chute de Tordre, une autre société remplaça celle-ci ; ce fut la SodaUtas optimatum et cintua vndnnensium dont nous reproduisons le fer (Histoire du peupU de. Dieu, par Berruyer, 17i)3, t. VU). « A la congrégation des M" et Bour- geois de Verdun par legs de M. Gossin, lient, particulier au bailliage, mort en 1784. » Les optinUkUes sont les membres du magistrat Le chiffire de la Vierge est surmonté de Toméga grec*

LES BIBLIOTUÈOUKS MONACALES

A Tabbaye de Saint-Vanne, la bibliothèque avait 40 pieds de longueur sur 20 de haut et en largeur, c c*est la plus pré- cieuse de la province, elle est remplie de bons livres anciens et modernes et on y trouvait des manuscrits de Thistoire locale {Fhitioire de Fahbaye de ChâtUlon, par Husson TEcossois, une histoire du diocèse de Verdun, par Dom Senoque, etc.).

* M. l'abbé Frizon, bibliothécaire de la ville de Verdun, a bien voulu me communiquer beaucoup de renseignements; je lui ensnU fort reeonnaiinAt

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LB8 BX-LIBBI8 DAMB LES TfiOIfi ÉVÊCH&S

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EUe était an piemier étage au-deasas da réfectoire, t La bibliothèque de Saint-Vanne est excellente, écrit Dom Martène, il y a peu de manuscrits, mais ce qtt*il y a est très bon. On y trouYO une collection de décrétales depuis le pape Sisine, ainsi que les actes du concile de Trente, recueillis par révêque Psaume, une règle des religieuses du zm* siècle pour le cou- vent de Saint-Maur, une méthode pour apprendre l*hébreu, du P. De la Cour, etc. » Dora Placide Clouct, religieux en cette abbaye, fut eu relation épistolaire avec Doiu Calmet en 1710.*

Voici les marques manuscrites de la bibliothèque:

Munasterii S. Vitoni, S. Vitoni Virdiuwnsis, 1770. V. 18; De Monasterio S, Vitoyn rirdunensis, Ex-libris Con. S. Vit. vird. Ex Monasterio Sandi Vitoni Congregationis S. S. Vitoni et Miduiphi. Le manuscrit d'Alcuin, de Trinitate ad Caroktm magnum, décrit par Dom Ruinart est à la bibliothèque.

Si la bibliothèque a presque toutes ses belles reliures venant de Tabbaye de Saint-Paul, presque tous ses manuscrite ont été sur les rayons de Saint-Vanne.

Depuis la place du Chemin de fer on voit, à travers les arbres de la citadeUe, la tour solitaire de Tandenne église de Saint-Vanne, démolie sous la Restauration.

La bibliothèque de Tabbaye de Saint-Airy possédait en 1696, d*aprè8 Dom Ruinard, quelques manuscrits, une Tte de Saint' A iry et deux nécrolo^es des xiir et xv* siècles ; on lisait sur les titre> : Monast. ^'" (Egerici Cong. S. 8. Vitoni <& Iluhdphi, Mo}iade.ruun S. Œgrrici Cong, S. S. Vitoni et Hidulphi. Ex monasterio 6'. Œgerici Virdunetms Congr, S. Vitoni.

^ Dom Jean-Joseph C%jot, à Verdun en 1710, mort en 1779 dana cette Tille, est bien oomin par Bon petit Tolnme evr les JuHfmUê de MbI» OBKS^ et par son JkMmaAkittori§mde la vUh M iu êioeète de Vèrêun, par un yerduois. Il demeura longtempt à l'abbaye de 8aini> Vanne.

468

REVUE D'alSACB

ÂBHOiRUBB. D'azur à la face d'azur chargée d'une étoile de gueules accompagnée de deux gerbes d'or en chef et d'un raisin d'argent en pointe tigé d'or.

D'après Dom Ciyot, les moines de Saint-Aiiy conservaient une dissertation de Dom Vatrinelle sur les contradictions S19- pofiées de la Bible et un traité de botanique par un moine qui s'occupait beaucoup de plantes et de médecine, Dom Michel Oéant, Yerdunois.

Voici quelques marques manuscrites des autres monastères de Verdun :

L'abbaye des chanoines réguliers do Saint-Nicolas-des-Prés: Canoniœ S. Nicoîaï à Pratis, (umo 173i), Cony. Salvut.

Les Minimes: J^x Bihluitheca minimorum virdunetmum;* de Coyweutu minimorum vtrdan.

Ex4ibru Jra. minoru. Courent, rirdunensia.

L*abbaye des prémontrés de Saint-Paul : Communitatis ou CoUaitis S, Fùxdi Vtrdmenns arialogo âwmp^ anm domm ITSé-XTôd, Oonomtw 8, Pou/S Virâumnsis. Oanonico- rum regtiHanuM 8, FouU Virdunensis 1787, Oan, 8. FauU, Virdun (timbre humide).

En entrant par la porte Saint-Paul on est tout étonné de

1 Je ne doone mena détail hiitoriqve sur les eonventa, on en trouve dans tout les antenn qvi m iont ooenpés de Ywdan.

LES SX-LIBRIS DANS LES TROIS ÊVÊCHÉ8 468

▼oir, à quelques pas à droite, une splendide habitation en pierres de taille et briques, pur style grandiose de Louis XIV ; c^est raneienne abbaye des prémontrés de Saint-Paul, aujour^ dliui le tribunal et la sons-préfecture. Sur le fronton on lit: 8aneH$ Fùulo apotkio 0t Fauto wrdunemium antûH 1680. Il serait urgent de r^arer ce bel édifice, dont la fàçade est assez négligée ainsi que les grilles de la cour.

En foce, une petite maison servant d*auberge la Clocke) 1768, est l'ancien hôtel abbatial. Les prémontrés avaient une sploiululo bil)liotlièque, dont la boiserie de bon ^oût a été utilisée pour une salle de la bibliothèque niunicii)ale. Les livres, dont beaucouj) sont converts en maroquin, viennent des grandes bibliothbqut>s de l'aris et sont aux armes des Morte- mart, des Colbert, etc., ou ont le simple ^./•-//Vjr/." du jovial président de Brosses. Quelques-uns, étalant leur couleur cardi- nalesque, ont le fer aux armes dorées de Tabbaye ; c d'asur à. une épée et à une crosse, la pointe en bas passées en sautoir accompagnées en chef d'un nom de Jésus et en pointe d'un besaa, le tout d*or. i Les Dominicains : O des FF.prêeheun ék Verdun, IsU liber eetfratnmpredieatmm Tïrd 1598; CmmuêdUh tu FF. prœdieahrum vkrdwnetunm, aux FF. prê<^eun de Verdun.

0

Un prieur, Boch lAamerot, fut confesseur de la reine Marie Stuart.

Raphaél Lipmann fonda, dans une dépendance des prê- cheurs en is.;2, une imprimerie et lithographie d'où sortirent la SentiHcllc (h (a Meuse, puis le Franc ptirlenr de la Meuse.

Les Capucins : Aux Capucins de Verdun inserit au cata- logue, 1732. Imcriptus CaUUogo Conventus Vird. Ord. Capib- cinornm.

Les Récollet,s avaient acheté, selon Roussel, une biblio- thèque considérable, Ex-lihris FF. mhwrum recoUedorumcon- ventHt virdmmsie t(i86. Kécoliets de Verdun.

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464 KBVDB d'alsaob

En 1724, les Récollets offrirent à la princesse de Clermont un bouquet des plus belles fleurs de leur jardin, à son passage dans la cité verdunoise.

On Ut encore: EaD4£bri8 FF, rrfcrmaUrum Vird,; Conven- Uu wrâunmuU pairum reedOectorum Promneia parigiemig» Aux BeccUtts de Verâm, etc.

L'église des reUgieuses de la congrégation Notre-Dame était une des plus belles de la contrée ; le peintre Christophe représenta l'histoire de la Sainte-Vierge sur le dôme et dans la nef qui avait été construite d'après celle du Val-do-Grâcc. En 1839, les religieuses de la Cougrégatiou fureut rappelées à Verdun et elles établirent un petit couvent sur remplacement de leur ancienne église et d'un jardin voisin, paroisse Saint- Victor.

Ii^ancienne colonnade dn portail est encastrée dans la façade du bâtiment actnel. On reconnaît les livres des soBurs de la Congrégation par ces mentions manuscrites : Monoitery Cwigreg. B. Mariœ Virgims Ywâmmti»; M, Cong, B, Jf. 71 Viràmen,

Les Bénédictins de l'abbaye de Saint-Maur : Ce livre appar- tient à Vahhaye de Saint- Maiir, 1700; A Saint-Maur de Verdun, 1027; Ex monrio B. Aldurii Virdan,

Des sœurs de charité sont installées dans le couvent.

Si on feuilletait les papiers du district de Verdun, déposés aux archives de la Meuse, à Bar-le-Duc, on trouverait des renseignements très curieux sur les bibliothèques des monas- tères et des maisons de cure. On verrait comme le clergé était instruit et comme le goût des livres était répandu parmi ses membres. Oli sont passés tous ces amas de bouquins que les experts nommés par le directoire de district ont inven- torier ? Combien de ces volumes ont disparu et combien peu il nous en reste ?

LB8 SX-LIBBI8 DANS LB8 TROIS ÉVÊCHtS

4Ô6

GRAVEURS D'BX-LIBRIS

I. Allin

1. Freslon. n D'argent à la face de gueules cantonnée en chef et en pointe de trois tiges d'azur ». Couronne, ornements genre rocaille comme tous les Ex4ibri8 gravés par Allin. A gauche Allin.

Pottlet^Malassis, dans ses EaD4ibri8 Jrançais, Paris 1875, a omis ce graTeur sur lequel on n*apas de renseignement Âllin ne figure pas non plus dans les Booksplatei par Vhm. J, Leir eegter Warren. M. A. {London 1880, in-8*).

2. Robert Jefutnnot de Seaumont, ooiueîUier du Boy^ Uetde- mnt général au haUUage et siège présidial de Verdun 1742, AUin sculp. fecit.

« D'or au chevron de gueules h une quintefcuille en pointe, au chef d'azur à trois étoiles d'argent », entre deux chiens ; couronne.

En 1741, il assiste à la réformation de la coutume de Verdun, forent convoqués les trois ordres de révêché.

En 1776> un Jehannot est trésorier des guerres. *

8* Le cmte de Saintigrum. Devise : fobtitvddts. t D*azur à trois tours d*or maçonnées de sable •, au-dessus une couronne de comte, derrière le blason Taigle impériale à deux têtes, éployée, tenant deux drapeaux autrichiens, au-dessous deux canons; rocaille entourant le nom. Au-dessous Allin.

Le chef de la branche aînée des Saintignon, grand-bailli de Fénétrange, y denicurant eu 1789, s'intitulait baron et premier pair de Tévêcbé de Verdun.

Messire Jean -Antoine, comte de Saintignon, chevalier, seigneur de Puze, Jeandelize, Brainville, etc^ conseiller intime

' La bibliothèqao de la ville de Verdun ent des ToIameB proTenaat de la bibliothèque de ce président Os forent Tendm dans lee donbles en aTzil 1881.

4M BBvin vféiSAm

d'Etat, premier chevalier de l'ordre de Marie-Thérèse, baron du S. E. R., chambellan, lieutenant général et colonel, pro- priétaire du 4* régiment des chevau-légers de Bohême (1759- 1770), épousa une de ses cousines, Marie-Apolline, comtesse de Saintignon; il était un amateur de rhistoire locale, car il communiqua à Lyonnais, llustorien de sa maison (Nancy 1778, in-40, la copie des tombes de révise de Tabbaye de Saîn^- Paul, démolie en 1552 et dout les inscriptions forent relevées ])ar ordre de TéTèque de Verdun. Il y a une édition moderne de cet intéressant opuscule (Nancy 1865), par Jean Cayon.

4. Conrad Robert de Wignacourt, major du régiment, mestre de camp de la cavalerie. «D'argent à trois fleurs de lis d'azur», supports: deux lions, couronne de comte; devise: duryx

PATIENTIA FRANOO, & droltO AUÀtU '

En 1761, il était major dans ce régiment; en 1789, il fut un des députés de la noblesse de Verdun, Marville et Clermont pour les élections à TAssemblée nationale.

n. JONVEAUX

Cet orfèNTe verdunois grava quelques Ex-lihris; il était, d'ai)rès Buchoz, grand amateur de curiosités de la nature et surtout de fossiles, il allait les recueillir lui-même dans les carrières, les ruines et les montagnes, c Ce naturaliste irait aux extrémités de Tunivers pour découvrir quelques fossiles, tant il y a de TincUnation pour Toryctologie * Qu'est devenu son cabinet si vanté? Jon veaux n'est connu actuellement que par les deux EoMri» suivants :

1. Baimmâiuê Lamarre Fti^nertim meciieiw. t D*or à un pélican au naturel». Au-dessous, la devise: SALim osntib

* FjxAxbriè prOTenant d'un donMo do la l)iblîoth^que de Verdun.

* Un Jonmux était curé de Saint-Simplice, à Mets, depuis Tannée

1772.

' VaUerixM Lo&taringim, Nancy 1762, p. 95. Jonveaux est cité par l'oulet-Malasua.

U8 n-UBBB IkàllS UM TROU MOBtB 407

vovET ET C0N3ECRAT entre un vase allumé et un livre posé sur un cartouche. Au-dessus un cofj entre le caducée de Mercure et une feuille de laurier. Jom caux.

V**, U£bD4ibri8 du docteur Lamarre a servi à sou confrère, Louis Clouet, qui ne conserva que la première Mgne de la devise SobtH ifentis avec son nom, lud. olouit DOOTOBUDia

FiOOLT, KOHBP.

Un Lamarre, de Diene, volontaire dans l*artiUeiie bour- geoise, tomba ^orieusement sons les mtm de Verdun en 1870t.

2. CSauêku Nanè pattor Sàlteaetts, D'anir au lion d*ar- gent tenant de sa patte droite une épée et de la gauche une étoile >; deux lions pour supports, couronne avec un pélican pour dmier ; devise : vnrvB svpebiob abtbis.

Co curé instruit, qui fournit beaucoup de détails sur son village à Dora Calmet, figure dans la réunion de 1741 à Verdun pour la réformation de la coutume, ' comme curé dès 1735 de la haute-justice de Beauzé (aujourd'hui du canton de Triau- court). M. le marquis de Widranges en parle dans la statistique de te canton, à propos des re<jistres de la paroisse. *

A droite de ïEx-lihris, Jonveaux F.

Le curé Nassé écrivit aussi les annales de sa commune; il donna des détails sur le sac de la maison de son prédécesseur, M. Htton, le 13 juin 1722, par la petite troupe du comte de Grœwenstein, un Hollandais, qui avait la témérité de pousser une pointe depuis Vervins jusqu'à la frontière d'Allemagne vers Saarlouis. Les mémoires du curé de Beauzée sont con- servés à la mairie de cette localité. * H mourut en 1773.

Sa bibliothèque devait être considérable, car les Nouioemtx mémoiref de UttérOturepar tàbU(PAfiigny(Ptaj& 1750) portent le n* 14,705. On trouve beaucoup de ses Uvrea à Mets.

' Coutumes de Verdun, Metz 1736, p. 116.

Annuaire de la Meu$e, 1844, p. 113.

* Journal de ia JUmm, 20 juin 1889. Communication du maire La CSiambre.

406 wmnm d'auaoi

La cure de Beauzée fut toujours occupée par des lettrés. En 1829, le curé Quentin, do cette paroisse, mourait à 76 ans, regretté de tous pour ses vertus, sa tolérance et sa charité. Comme chanoine régulier, il avait été professeur de mathé- mathiques à l'école royale militaire de Pont- à -Mousson. Réfugié en Angleterre, il y donna des leçons de langue et de littérature française. Rentré en France^ il continua ses leçons aux Anglais prisonniers à Verdun, puis 'il fiit nonuné curé dlssoncourt et enfin de Beauzée.

Un Biebard Jonveaux décéda le 11 octobre 1777; il était orfèvre ainsi que Sébastien Jonveaux, mort le 24 juin 1779 à 77 ans. Le fils de celui-ci se nommait Christophe. Cette famille est aujourd'hui éteinte. M. Pierre Jonveaux, avocat, fut jup^e de paix sous la monarchie de Juillet, et conseiller géuéral après 184Ô.

US £X-LiiiaiS

] . HicoUm Dority, «D*azur à trois scies d*aigent surmontées d\m soleil de même, lambrequins, cimier, un casque avec les trois scies» ; devise : ambylemys ik LYMiins DOimn.

Est-ce la vignette de M. d'Orizy qui, selon les continuateurs de rhi>torien Roussel, a laissé une relation manuscrite i5i amusante de la scène un peu vive qui se passa à la cathédrale de Verdun, le jour de la Toussaint 1718, entre le conseiller au parlement de Metz Jacquemin, zélé pour la Constitution, le prédicateur Cordelier, Augustin Gérard, l'évêque de Béthune, un appelant à tous les degrés, * le commandant de place et autres personnages.

Le cbanoine de la Madelaine Borizy mourut le 16 Janvier 1765, laissant, d'après Dom Cajot, des notes critiques sur les dignitaires de son chapitre.

' Histoire de Verdun, II, 76.

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LSB SX-LIBRI8 DAMS LES TBOIS ÊVÊCHÉB 4119

2. M. de Morey» c D*or au ehemn d*aziir enmooné de trois huies de sanglier au naturel, deux en chef aifirontées et une en pointe ■; supports: deux lerriers, couronne, à droite Hdnum^ 1768.

Jean-Joly de Morey fut d'abord avocat au parlement de Metz, puis prévôt de Charines-sur-Moselle, enfin le IG janvier 1699, conseiller à la Cour souveraine d'Alsace. Le duc de Lorraine lui donna des lettres de noblesse en 1707. ' Il mourut retiré à Nancy; sa femme était une Bazelaire. M. Joly était de LunéviUe, son père était marchand et étapier. Son iUs épousa une Jacquemin.

Le village de Morey était une haute-justice de Téydché et et du diocèse de Verdun, anjourdliui du département de Heurthe^t-Moselle.

Le possesseur de la yipette, le bibliophile Jean-Charles Joly, seigneur de Morey, doit être le tils du conseiller de Colmar. Il fut conâeillcr au puriemeut de Nancy. U en était le doyen en 1 7(iO.

Le graveur Helman, qui est cité par Poulct-Malassis, n'est pas Verdunois. On a de lui une autre vignette do livre, celle de De Fauconpret de Thulm (deux blasons accolés).

3. «Toannet-JVancwcua Lixngloiê^ Ecekiiœ Vtrdunennt eono- meut» c D*argent à un bouquet au naturel s^élevant d*un monticule de sinople, en chef une abeille». Des feuilles d^oUvier et de laurier de chaque côté d'une couronne; devise: orata

CARPIT.

Les continuateurs de Roussel, feus MM. Beaupré et Buvignier, citent souvent ce chanoine, auteur d une vie manuscrite de MgrdeBetiiune. Il naquità Dieppe près Verdun, le 13mai 1730.

Il fit graver à ses frais Tépitaphe de la pierre tumulaire de Mgr de Nicolal, dont la . partie supérieure est détruite actuellement

i WiimaL, Biogn^phik du pmkmeiU de Meli.

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400 nvua d'almoi

Il y avait deux chanoines do ce nom, l'un roru en 1745, l'autre minor en 17(i4. En 1775, un Langlois lut procureur du roi, syndic de Tliôtel de ville.

Le chanoine J.-F»" Laiiglois fit imprimer Le tempk de la gloire, poème (latin avec notes) dédié aux cUoyem de Verdun, traduit m prose par Vdbhé de Souville et en vers par M. Pons fltiné. 8. 1 177G (mince in-S**), puis il a laissé une deBcription manuscrite de la cathédrale écrite en 1790. H mourut presque centenaire à Pont-à-Mousson.

Le chanoine Philippe de Souville était chancelier du cha- pitre de Verdun et receveur charitable de Iliospice de Saint- Yincent-de-Paul. Le poète Pons fut bien connu à la Révolution sous le nom de Pons (de Verdun).

Au rétablissement de TéTêché, Langlois mhur fiit dianoine de la cathédrale.

En 1773, Lani^lois, avocat procureur du roi, envoie à son confrère Emraer} , de Metz, des notes pour son ouvrage sur les arrêts et édits du pjirlenient de Metz.

4. Tlteodorus-Richardus Sauvage Yirdun. Confirnis rvuins dort. ))ted. alnm Facultatis Monsp. nec non. Xenoduchiorum Bcgis d Urhis mediciis. « D'or à une colombe s'envolant vers la droite et portant en son bec un rameau >; supports : deux sauvages, timbré d'un casque au-dessus duquel est la bande- rolle h devise : cuitctasdo. * La Comparée,

n assiste en 1741, comme ancien échevin de la ville, à la réformation de hi coutume de Verdun.

En 1781, il y a à Bar-le-Duc un Sauvage, ancien médecin du feu roi de Pologne, associé de la Société de médedne de Nancy.

Les médecins Sauvage devaient descendre de Tapothicaire verdunois Bernardin Sauvage qui vivait en 1634. En 1694, le

* M. Chartoner, de Metz, a bien votda me doaner la description de cet Ex-libris,

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LB8 RX-UBRn DAMS UB TB0I8 &V£0HÉ8

461

capitaino de la bourgeoisie, Michel Sauvage, reçoit des

armoiries.

Eu lti08, un Sauvage figure dans le haut-commerce de Verdun; en 1700, il y en avait un orfèvre de ce nom.

Cette famille fournit aussi des titulaires aux chapitres.

Claude-Antoine Sauvage assiste à la réunion de 1741, comme délégué de ses confrères les chanoines de la Madelaine.

Un chanoine de ce nom et chancelier de Téglise-cathédrale est en correspondance avec Dom Gahnet (1729-17dO); il lui en?oie le plan de la cathédrale et le manuscrit d*Alberic de firiel, archidiacre de Toul, ouvrage de nulle valeur, observe rabbé de Senones.

C'est ce chanoine qui, étant archidiacre, protesta après l'inccudie do la cathédrale en 1755 contre la destruction de la mosaïque du vieux cliœur. Il en sauva quelques débris qu'il lit encastrer dans les murs de son jardin. En 17fi5, il envoie }\ Lenioine, de Moyenvic, quelques notes sur Thistoire de Verdun,

Le graveur La Comparde a gravé aussi VEx-libris de Nie- Lud, Bertrand, conseiller au parlement de Metz, un des rapporteurs dans TafTaire de la compagnie de Jésus.

d. A. TfiibalUer, B, Mariœ Magdalenœ virdunensis * eaïuh mcH8, c D'azur à un chevron d*or à deux étoiles de même en chef et en pointe au trépied de mêmei; supports : deux licornes, couronne; devise : dum spibo, tmo.

Ce chanoine avait été nommé en 1732. Il était encore titu- laire en 1783.

Ses livres durent être en possession du membre de sa ftmille dont parle Arthur Toung dans son Voifoge en IVanee en 1789; car ses EoD-Ubrit ont été trouvés au pilon à Lunéville.

Juan de Baleycourt, à Verdun (1G07, f 1692), chanoine de

* Le chapitre de la Madelaine prétradait avoir des droite égaux à ceux da chapitre de la cathédrale. Il serait parfaitement ignoré de nos jours Bans l'historien de Verdun (1745), Nicolas Bonssel (né à Bertra- meix, 16dl), qjû en était membre.

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468 BBVQB d'alsaob

la Madelaino, laissa des chroniques manuscrites sur Verdun. Il ne put voir sans indijrnation la vente de la bil)liotlie(|U(' du chapitre; à ce qu'il paraît, les chanoines contre la mesure, turent i-n minorité. Il appelle cependant ce qui restait dans le cloître, hcUf et bonne. Baleycourt laissa une belle bibliotlièque. 14 iu-folio couverts en veau ou basane, 2G0 «n-B" reliés et cou- verts en parchemin, furent laissés à ses héritiers, outre ceux légués à Vernier, curé de Tilly, et à Vernier, conseiller au parlement de Metz. Une centaine de bouquins furent vendus avec les meubles (Voir sa biographie, par Tabbé Didiot).

COLLECÏIOMEURS

H. Qouet, écuyer, conseiller et médedn du roi, chargé du service des hôpitaux de Verdun, associé au collège royal de

médecine, était, d'après Buchoz, un amateur des plantes de la Lorraine et des évèchés. ' Etait-ce Charles-François Clouet, qui tii^ure à la réunion de 1741V Dans tous les cas, c'est un ancêtre de l'historien verdunois feu Tabbé Glouet, bibliothé- caire de la ville de Verdun.

Le médecin Clouet dut être partie dans le procès intenté en 1779, par les médecins et les cliirurgienb de Verdun, contre le pharmacien liomain, de la même ville.

Buchoz dit que M. Clouet était aussi distingué par la science que par la naissance. U se lit un plaisir de conduire son confrère de Nancy ob se trouvaient les meilleures stations des environs de Verdun.

M. Gkffdé, à Verdun, avait dans son cabinet des tableaux du .peintre Christophe, son compatriote.

Le chanoine Charles Teinturier, néàVerdnn,futcon8dUer- clerc au parlement de Metz en 1717, il avait un manuscrit de

* Toumefortm Lotltaringia, 260.

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LB8 EX'UBBIB DAN8 LES TROIS ÉVÊCHÊS

463

l'historien Wassebourg, annoté par Husson i'EcofiSois ; * il le ^r6ta au chanoine BousseL II ne fat pas si gracieux pour Dom Cahnet D*aprte Tabbé Clonet, le chanoine Teinturier était jaméniste, plaideur mais savant, car on montre encore dans son ancienne maison canoniale une toureUe qui servidt d*ob8enratoire pour ses études astronomiques. Dans ses que- relles avec le chapitre, il s'oppose à la démolition des andennes ' flèches de la cathédrale, sous prétexte qu'elles iiguraient dans les armoiries. Il céda sa charge de conseiller en 1760. Il fit diverses communications à l'Académio des sciences de Paris.

D'après l'armoriai de l()î)G, le chapitre de réglise-cathédrale portait « d'azur à quatre clochers d'argeut, maçonnés de sable, sommés chacun d'une croix trètiée d'or, surmontée d'un coq de même, l'église chargée sur son milieu d une image de la Vierge, assise de carnation, avec le petit Jésus et vêtue de gueules et d'azur. >

DIEULOUARD

Le gros bouig de Dieulouard, * sur la rive gauche de la Moselle, a encore le vieux chflteau féodal des évêques-comtes de Verdun, et une église ogivale asses remarquable. £n 1714, Dieulouard et Serpanne formaient deux paroisses, mais une seule communauté, dont le sieur Christophe Mansé {Mwuuif) était maire ; il assista à la réunion de Verdun de 1741.

Par les bons soins de l'évdque toulois, de MaiUane, des bénédictins anglais, écossais et irlandais durent établis à Dieulouard en 1606. Us firent bâtir un beau couvent qui était

* Conseiller aa siège présidial de Verdun, il écrivit aussi l'histoire de l'abbaye de Saint-PanL

* Ihi diocèM Tool avec BéUeTilla (pour ce qui eti de l'éféelié); les entrée rillegee de la pcérMé eont Besamnont, lAudremeiit, Loisy, Saiate-Oeneriève, Seipaïuie (Sceiponne) et MariTanx, dn diocèee de Yerdim, tor la rive droite de la Meielle.

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MBVUB D'ALSAOB

connu sous nom do Gcllamovt. I/oau do la sourcr du ch/l- toau étant excollonto pour la préparation du houblon, ils brassèrent de la l)ière qui eut une grande réputation, dit Stenier; mais ce qui doit nous intéresser ici, c'est leur biblio- thèque. Leurs litres étaient marqués sur le titre, de cette mention manuscrite : Anglo, Bened. de Dei Cuetodia 1748, ad unm T, Oreg. ByddeO.

Dom Calmet vit chez eux une très bonne bibliothèque qui leur avait été donnée par un Irlandais, docteur de PQniTersité de Pont^Houflson, puis recteur de PUnîYersité de Rdms, qui, dégoûté du monde, fit profession, en 1609, dans le monas- tère de Dieulouard, en fiit prieur et devint, par la cession du cardinal de Guise, archevêque de Reims ^ de 1622 à 1629.

C'est Guillaume Giffort, mort à 79 ans. Il est Pautenr d*un ouNTage de controverse qui eut du retentissement dans son temps, le Calvino Turcismm (Anvers 1597).

Cette belle bibliotliè(iue fut malheureusement incendiée vers 170() et un des religieux de la maison, Dom Bernard Cottaralt, pouvait, le .-U niai 1745, demander h l'illustre abbé de Senones « par charité des livres pour la bibliothèque dévorée par les flammes à Tusage de pauvres réfugiés d'une nation malheureuse depuis longtemps ». Le charitable Dom Calmet ne dut pas refuser la supplique de son confrère.^

Les bénédictins anglais étaient des lettrés, ils élevaient de jeunes Anglais < dans la religion et les lettres >. Leurs revenus étaient bien fiables, ils possédaient la ferme de Marivaux, débris d*un vieux château dont le doigon, avec ses deux tours aux angles, existe encore et profile pittoresqnement dans la vaHée de la Moselle; il a été décrit par Grille de Beuzelin.

' Quf de Boye, Tt érèqne de Yerdon (1875-1878) étant derena •reheréqne de Beini, céd% à sa mer^ ta rièhe bibliothàqne à l'é^iae

de Reimi.

* GniLLATTKE. BocwmiU» mUlUê «ht la wntjpmimm Dom CeUmet, Nancy, 1873.

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LES EX-LIBRIS DANS LES TROIS fiVl'cnÉS 4G5

Les archives de Meurthe et Moselle ont le Catalogus libro- rum BUiUioiheeœ Monatterii 8. LaurentU de Dei QutoâÀa, 34 £ in-folio; il dcYait y avoir près de 2000 Yoltunes, dont beaucoup d'anglais (Pope, Milton, Dryden, Middelton, Buztor, etc.), la grande Histoire âe Lorraine, par Dom Galmet, son Diarium hdveticum, D. Cellier, Buffon, Pascal, etc.

La bibliotlioque occupait une belle salle pontagonale au- dessous du cb(inir.

Le 1" friinairt^ an III, hi nation vendit deux échelles, deux tables et le corps de bibliothèque o des religieux anglais de Dieulouard ». Les boiseries sont dessinées dans le plan manus- crit déposé aux archives.

On trouve encore: BibUotheeœ Bened, Anglonm de Dei Ckutodia 1761. Ex dom de Bowrck DoàL parieien.

Lors de la création de TAcadémie royale de Metz, en 1760, par le maréchal duc de Belleisle, Dom Bernard Cowley, reli- gieux de Dieulouard, fut nommé associé libre.

De temps en temps, de jeunes missionnaires sortaient du prieuré de Dieulouard i»our évanj^éliser rAnn;leterre. Le couvent de Hii ulouard conserva sa renommée littéraire jusqu'à la Révolution.

Le curé du hameau de Serpanne fut pendant près d'un demi-siècle, avant 1789, un prémontré de Tabbaye de Saint- Paul de Verdun qui jouit d'une réputation méritée près des lettrés et des archéologues. (Test le P. Nicolas Le Bonnetier, à Gharoy, près de Verdun, et mort chez son petit-neveu par alliance h Bezaumont le 21 avril 1804 à 84 ans. Dès quil fût arrivé dans sa chétive et minuscule paroisse, il s'occupa activement à rechercher les antiquités, éparses un peu par- tout, de l'antique cité de Scarponne. Il les réunit et les adapta à la tour de sa pauvre église; ce (|ui devait faire un effet assez original. Il était enchanté de son idée et il nommait cet assem- blage « son musée ». Âprès le Concordat la paroisse Saint- George de Scarponne fut réunie à celle de Dieulouard et la

NMT«Ue Séiw. - MT «noèe. 80

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466 IKVUI D*AIiB4GB

tour et Téglise furent démolies par raison d'économie et les pierres du « musée » du P. Le Bonnetier, envoyées à Nancy. * Le bon curé ne s'occupa pas seulement à sauver les anciennes sculptures de la cité gallo-romaine: il tit des

recherches historiques sur celle-ci et il fut un des nombreux correspondants de l)oni ('alinet pour la Xotia; de Lurrame. ISes manuscrits sont encore t'>tiiiiés et ils donnent des ren- seignements bien précis sur Tetat de Scarponne au siècle dernier, ils i>out conservés à la bibliothèque publique de Nancy.

Le prieur-curé de Serpaune, tou^ en recueillant les anti- quités du sol de sa paroisse, forma aussi un cabinet des fossiles qu'il trouvait. Voici une de ses observations transmises an docteur fiuchoz:

t Au delà du Rupt de M ad, dans le pays de la Voivre, dont les terres sont légères, je n'ai pu rencontrer aucune espèce de fossiles, quoique j'y eusse cherché de Thiaucourtà Verdun et de Verdun à Metz par différentes routes et même en par- courant la campagne. Les beaux madrépores, que j'appelle pseudo corattum ou faux corail, viennent de la côte Saint- Michel, près Verdun. J'en ai trouvé des morceaux superbes sur cette côte à 500 pas au couchaut de l ermitage de Saiut- Michel. «

Le P. Le Bonnetier, chercheur iufuligable, s'est aussi occupé de Montsec et de ses environs.

Le pruvût épiscopal Lriclot, de Dieulouanl. avait une collec- tion de fossiles de la Lorraine, il en donnait à qui lui en demandait. Il avait uu gros os (Tun animal très grand, trouvé à Termitage Saint-Biaise, près de Scarponne, endroit choisi pour ceux qui désiraient rencontrer « des os et des vertèbres d'animaux ou de poissons fort gros et d'autres fossiles métal-

^ V. H. Lkfaqk. Journal de la Société d'archéologie lorraine, 1680, p. 67.

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LES EX-LIBRIS DANS LES TROIS ÊVÉCHfcS

467

lisés. » Dçs pétrifications se rencontiîii' nt également à Landremont et dans les autres villages du diocèse de Verdun situés sur la rive droite de la Moselle.

Le maire Mansuy, à Tezemple du P. Le Bonnetier, s'oc- cupa aussi des antiquités de Serpanne et il écrivit sur elles deux brochures.

APPENDICE

1

GRAIHBË GÛMPLAINTË

iirêê des journaux et de» miâknces de la Cour â^asnsee de la

Meuse, avec les portraits des deux criminels, sur l'horrible et épourantdhlc as.<aysinnt coinDiis Iv ortohrc de V(Ui 1828, dans la foret difc le I{az'tii>\nrri- prhtinlitiidon et f/nt'f-ap<'ns, sur la personne de M. Erii'XNK PSHAUME, en son virant avocat et homme de Uttres, demeurant à Commercy^ dépar- tement de la Meuse. *

Par arrêté de la Cour royale de Kancy du 12 mai 1829, il a

été prononcé qu'il y ayait lieu d'accuser de ce grand crime Pierre-Charles Simon, âf?é de 88 ans, marchand de vin et de bois à Moscou, commune de Sorcy, canton de Void, et Etienne- Adolphe Cabouat, liropriétaire j\ Pierretite, chef-lieu de can- ton, tous les deux gendres de la victime. Ces deux scélérats ont paru le 8 juillet dite année devant la Cour d'assises du département de la Meuse, séant à Saint-Mibiel, laquelle après

' Par M. Bbossbt, de Yaaconlears. Br. 13 pp. in-8>. Ntn^, impri- mené de Barbier, me Saint-Jean, wfl 13. 1829.

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1

468 BKVUS D'ILSAOB

quatre jours (l'aurlience, les a condamnés k la peine de mort, et ihi uut été exécutés en ladite ville le U septembre suivaaU

On appelait l'abhé Psaume, Ce beau-père malheureux, I/un de ses gendres aflrenx,

l'icrr' Charles Simon se nomm^ L'autre gcmlro sct lcrut Est Adolphe Cabouat.

Psaume arait dans sa jeunesse,

Porté le petit collet, * Pnis des jonnums il a fiiit|

Ecrivant avec prestesse. Enfin il fut avocat Et parlait avec éclat.

L'abbé Pseanme en mariage. Prit deux femmes tonr à tonr. La première ent son amoar, Elle était modeste et sage, L'autre manquait de vertn, Co pauTre époux fut ... .

Sortant dltonnète famille, Cette fSnnme sans vertn, A nom Jeanne le Moussa, De Psaume elle eut une fille,

C'est la charmante Elisa Que plus tard on connaîtra.

n disait Bonvent, Je muante Que de mes srands-oncles l'nn Digne érAqne de y«rdnn,

Fut père au Concile de Trente, C'est un fait sûr et certain, J'en ai la preuve en main.

Dans la provinee de Lorraine, Psaume fort bien établi,

' Ses parents l*ont toujours appelé VObi Pmvmm, mais U Mt csriain qa*U n*a Jamais été dans Iss ordres.

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LBB n-L1BRIB DAMS LIS TBOBB ÉVAOHftS

469

Bélidait à Commerey,

Là, ton! loi faistnt de la peine,

n sUs Toir à Kaaçy,

S'il mnit moina de soscL

A Boucq, Momieiur Psaame arrive, Ceat le liea du vendangeoir, Et eomme matin et aoir De qaenq'eboae il ÊMi qm*on vire Pianme mangeait chea Merdier, Qael nom povr on cnieinier I! I

Psaame on jour rentrant en ville, Beau a^onr de Commerey, A Bon fennier dit eeei : Yona m'rerres, papa Lionville, Plva tôt en terre qn'en pr6, Ttoki je anis mal engendré !

0 trop fatale imprudence ! Seal il traverse le bois, Que l'on nomme le Hasoia, Ceat qne pleine d'arrogance, Simon aToc Cabonat» Commettent l'aaaaaiinat

La Cour royale d'avance Pour juger ce grand procès Toalant dea hommea parfoita En eaprit comme en pmdence, Ifonaienr de Sanaonetti Pour préaident est ohoisL

Les accusés avaient pris pour défenseurs des avocats d'un mérite éniinent et si généralement reconnu que la Cour royale jugea uéccâsairc de leur opposer M. de ïlùriet, avocat général, surnommé le vainqueur du crime»

Mais ils comptaient laaa lear^ôte \ Cet amat général Toujours an crime fiital, TUriet plaidera aans itate

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mmm d'albaob

Pour la victime et fra voir

Que c'qa'on Tent fair' bluo est noir.

Snr cette Klisa, silence,

Leur ilit l'accusation.

Quelle rontradiction ;

D'vous que viiulcz-vous qu'on pense,

Voua ne parlez pas ici

Cotnne à Cour de Kuicy.

Elisa plus qui» légère N'pouvant sentir Cabouat, Qu'à iP'^'ret ollo r']MMis;i; Fit comm' sa mère et grand'mèrc Aussi de chez son mari, Fias d'une fois elle a fiii.

Qnand tous plaidiez pour cett' femme^

Vous avez ("sauf votre honneur) Très fort harlionilir- Monsieur, Pour débarbouiller Madame; J'vcux qu'on vous nomme d'après çà, L'aTocat viee vend.

D'une voix plus modérée, Lafliz' plaide un alibi, Malirré qu'il ait contre lui Cent témoins, vent et marée, Mais avec Tcbprit qu'il a, D n'est jamais à quia.

Le monstre Cabouat fittcinait la me

Qa'fillc bonnéte en le voyant»

Lui disait naïvement, Du ton d'un tille perdue : Ah ! bonjour donc, mon p'tit roi, Viens-tu concher avec moi ?

Ah, dit-il, comment m'y prendre. Je reste seul tout m'a trahi.

J'avais compté sur l'appui

De c'Fabvier qu'vous v'nez d'entendre,

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usa EX-LIBRIS DANS LES TROIS ÉVÉCIIÉâ

471

Et c't admirable aTooat Me laias* tomber toat à plat.

Les orîminete à Tandience Pour ne pas l'altérer trop, Bavaient de très bon nrop, Hélaa, nul dei deux ne pense,

Qve près d'moarir l'Etemel IHmt qa'da vinaigre et du fieL

Dernières paroles de Simon sur Téchafiiud.

(Aux jugea)

Vous magistrats, disnes d'estime, Grand président Sansonnetti, Toi, Tbiriet, Tainqaeur du crime Et vovs, bons membres dn Jury, Par vons, condamnés an supplice, Nons ne pouvons vons en vonloir, Yons ne nons rendes qne justice.

(J^ fcaBjcNleNr)

Et toi, bourreau, fait ton devoir.

n

DEVISES V£RDUi>i01SËS

1. Boucher, Nicolas, évâque, mort en 1563. Sur sa tombe, en face la chaire, diaprés ses ordres:

Epiicopus hcmpiimust ad tmplefu&im <0éu'm^ cathedra»

2. Erric de Lorraine, évêque, 161 1. Sur un jeton, une lampe allumée.

Lucema, pedïbtts meis, verhm fiam,

3. Dom Didier de la Cour, réformateur de Tordre Saint- Benoît, 1600.

Fax.

4. Nicolas Bacqucnois, imprimeur, 1566. SeguUur/ortuiM laborem.

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47S tamm d'albaob

5. Jean de Schelandre (Daniel d'Enchères), poète, xvi* siècle.

Plus (V enchères et j)l(is vaut. *

6. WassebourîJr, pootc du xvr siècle. Sustine et ahi^tine.

7. Anonyme, poète du xyi* siècle. 8ur un livre de la biblio- thèque.

Nocet empta dolore voîuptas, 1567.

8. Jo. Godye, chAnoine de la cathédrale. Sur un livre de la bibliothèque.

Si nne amicis esset Oodimu, esim Qodini.

Umm est neeeuarkm» (Luc cap. X.) *

9. Jean Petit.

8um Idhaimes Fé^tan (iUa8 LaUtbé et Amiemim.

10. Nicolas Massin, chanoine, de Yerdan, curé de Vezelise, 1532; pierre tombale h Saint-Louis à Rome.

Noicentefnufrmur, finisq, ab

* O.MoiruvR.£alIM<iMFMii«iMiMm^

* Bréviairn de O. d'Hanncoort» imprimé à Vcniie en 1486^ ia-8> (BibL de Yerdun).

(La suite prochainement.)

LA VIE FUTIKE LA SCIENCE MODERNE

Un groupe iont à l'heure était anr la grève,

Regardant quelque chose à terre. Un chien qui crèrel

M'ont crié dm enfiuits; voilà tout ce que c'est.

Et j'ai Ta sons leurs pieds nn vienz chien qui gisait

L'Océan loi jetait l'écume de ses lames.

Toilà trois jours qn'il est ainsi, disaient les finnmes;

On a beau lui pwrler, il n'ourre pas les yeux.

Son maître est un marin absent, disait on Tiens.

Un pilote, passant la t^tp à sa fenêtre,

A repris : Ce chien meurt de ne pins voir son maître.

Justement le batcaa vioiit d'entrer dans le port :

Le maître va venir, mais lo chien sera mort.

Je me suis arrêté près de la triste bête,

Qui, sourde, ne bougeant ni le corps, ni la téte,

Les yenx fermés, semblait morte sur le pftTé.

Comme le soir tombait, le maître est aniTé,

Vieux Ini-mdme; et hfttant son pas que l'âge casse,

A mnrmnré le nom de son chien à Toix basse.

Alors, rouTrant ses yenx pleins d'ombr^ exténné,

Le chien a regardé SOS mÉttrc, a remné

Une dernière fois sa pauvre vieille queue,

Puis est mort. C'était l'heurr on, sou'; lu voAte bleue,

Comme nn flambeau qui sort d'un gouftrc, Vénus luit;

£t j'ai dit: d'où vient l'astre? va le chien? ô nuit!

(TioxoB Hdoo, Lu i^uatre Vents de l'SepriL)

474

BBVUB D'AUâOB

LETTRE A M. LE PASTEUR *•*

PAR

G.-A. HIRN

Corretpoodaiit de nnstiim de France. Associé des Acadtele» dct Sdaim de Belgique, de Suède, etc., etc. *

Cher Au,

Vous me (leinaudez quelles sont les preuves de rimmortalité de l'âme qui' nous fournit aiyourd'hui l'eubemble des sciences physiques et exactes.

Presque au terme de sa carrière, Gluck exposait un jour à un ami le plan d'un grand Oratorio, qu'il avait conçu et qu'il voulait achever encore. Une question de détail arrêtait l'ar- tiste consdencieiUL : c Quelle voix £aut-il donner au Christ? Le critique et Hiomme de génie discutaient depuis un bon moment sans arriTer k une réponse sattsfoisante, lorsque Gluck 8*écria en souriant et en se frappant le front: cLe mieux est que j'aUle m^informer moi-mdme làrhaut ! »

Arrivé à cette époque de la vie qu'il n'est, d'après Salomon, permis qu'aux rois, qu'aux puissants de la terre de dépasser, je serais bien tenté de vous dire comme Gluck : « Attendez quelques instants, mou ami, je vais chercher ma réponse plus haut! »

C'est une bien lourde tâche que vous m'imposez, en vérité. Un esprit pusillanime prétexterait même que dans le milieu nous vivons, la question est quelque peu périlleuse à poser,

Cette lettre fon7ie la suite et le complément naturel d'une réfuta- tion scientifique du Matérialisme, que j'ai donnée dans le dernier chapitre d'un mémoire présenté récemment par moi à l'Académie de Belgiqu. J*âi lieu d'«ip4r«r qo» ce travail ne tarde» pas à ptiattre.

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LA VIB FUTUBB BT LA iCmiGB VODBRMB 475

et surtout à aborder dans les termes voulus. Ne voyez-vous pas, en effet, la foule des gens bien pensants sourire ironique- ment ou prendre des airs indignés, à la seule expression de votri' désir V Un ministre de ri'-vanirile quérir des preuves de rimmortalité de lame! Et aui)rès de qui? Chez un de ces chercheurs qui ne se font nul scrui)ule de tout discuter, de mettre en doute tout ce qu'il y a de plus respectable, chez un de ces maudite auxquels nos aïeux, plus fermes croyants que nous, donnaient sans long procès sur le bûcher, un avant-goût des flammes qui les attendent ailleurs !

Ne nous laissons pas intimider par la foule des gens bien pensants. Nous savons ce que valent les apparences. Vous croyez a priori à Timmortalité de l'ftme : et vous avez raison. Dans cet o priori, nous reconnaîtrons bientôt ensemble une dos plus belles preuves que la science puisse fournir. Mais votre ferme croyance ne vous jette pas dans rillusion. En de certaines ré<i;ions de notre monde civilisé, nous voyons, il est vrai, s'épanouir, lorsqu'il en est besoin, les sentiments religieux les plus ardents, les plus féroces : je pourrais aisé- ment légitimer l'union de termes qui pourtant devraient à jamais s'exclure l*un Tautre. Mais si nous descendons de la théorie à la pratique, de l'apparence à la réalité; si, avec toute rindulgence possible d'aUleurs, nous jugeons de Tarbre d'après ses fruits, la triste réalité nous apparatt toute nue. Nous sommes frappés du désaccord qui rèpne partout entrd les principes professés et les actes; nous voyons, chez le grand nombre, s'effacer les sentiments les plus élémentaires du devoir, et nous sonmies légitimement amenés à suspecter la solidité de cette foi dont on fait étalage et dont on blilme si violemment l'absence supposée chez le prochain. Tous les jours, hélas! dans l'exercice même de votre saint ministère, comme dans l'examen un peu attentif de ce qui se passe autour de vous, n'arrivez-vous pas à cette triste certitude: c'est que la notion sur laquelle aujourd'hui vous interrogez la science.

476 UVm D*ALBACB

est bien loin d*être aussi sofide, aussi élémentairei dans nos sociétés, quil ne le semble ?

Ne nous préoccupons donc pas de Popinion des gens trop bien pensants. Poursuivons, cbaeun dans sa voie, notre bat

commun. Dans la recherche de Tordre de preuves que vous me demandez, j'ai mis à la fois toute l'humilité, toute la réserve, mais aussi tout le courage et toute la franchise que commande un tel sujet. Dussions-nous, à Toccasion, soulever les colères de quelques hypocrites, nous pouvons du moins être assurés tous deux que pas une âme honndte ne nous blftmera.

Bien des personnes disent : t Que peut la science pour rele- ver le courage de lliomme malheureux, pour sécher nos larmes après la perte d*un être aimé ?. T ant-il quoi que ce soit en elle qui puisse tenir lieu de la M en une autre existence et de

l'espoir d'un revoir plus ou moins prochain?

Ainsi posée, la question est presque dérisoire. Il faudrait en vérité avoir vécu exceptionnellement heureux, disons plutôt, il faudrait ne pas savoir aimer, pour ignorer qu'il est des vides qu'aucune science ne peut combler. Posons toutefois rinterrogation comme le bon sens nous le commande, et disons:

c La science, considérée comme la somme de toutes nos connaissances actuelles sur les phénomènes de la nature, angmente-t-elle, ou diminue^t-elle, ou détndtpelle notre foi en une edstence ultérieure? »

Sous cette forme, la seule sensée qu'elle puisse recevoir, la question prend un caractère grave et inquiétant Posez-la à des savants pris au hasard dans le nombre, mais loijaux et indépendants de caractère, et elle recevTa des réponses diverses, peut-être radicalement opposées. « La science n'est donc pas d'accord avec elle-même? Il existe donc plu- sieurs sdenees? t dira-t-on. Non certes. Il n'existe réellement qu^une science, mais les conclusions que chacun en tire, quant

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LA m FDTUBB R UL flOBKOB VODSRMB 477

aux causes premières des phénomènes, quant à la nature pro- pre des êtres, sont fort différentes. Je le sais, une partie, une bonne partie même des hommes qui, dans nos sociétés, ont pour mission d^enseigDer la religion et les lois de la morale, adoptent une argumentation simple et commode: Ceux qui sont d'accord a?ec nos affirmationB et nos textes, disent-Us, possèdent U vraie science; les autres sont de fiiux savants et ne professent que la fiuuse science. » De cette feçon, on est sûr d'avoir toiQonrs raison. Malheureusement cette forme d'argumentation a perdu tout son poids, et elle nuit même plus qu'il n'est possible de se le tigurer à la cause qu'on veut défendre.

Avant de chercher en quels points et pourquoi la science semble prendre des voix différentes selon ses interprètes, arrêtons-nous sur les points elle n'a qu'une voix. Mettons surtout en relief les niodificatioiis que l'étude sérieuse de la nature introduit presque à notre insu dans notre manière de raisonner et de juger: moditications tellement profondes qu'elles diflérenticnt radicalement l'homme de science, disons par abréviation le Savant; et celui qui, à intelligence égale d'ailleurs, est resté étranger à Tétude des sciences naturelles et que, sans aucune arrière-pensée d'ironie, nous pouvons appeler Laïque. Ce n'est ni une digression ni même un préam- bule dont il s'agit, c'est un sentier direct vers notre but que nous ouvrons ainsi

On ne discute plus guère aiqourd'hui sur les six jours de la création, de Holse; et le dernier bakyeur d'un observatoire sait à quoi s'en tenir sur la prééminence de notre terre parmi les mondes. U n'en est pas moins vrai que la notion de création est absolument différente cliei le laïque de ce qu'elle est éhes le savant Pour le laïque, la manifestation de la toitte-puis- 8ANCE réside surtout, pour ne pas (.lire uniquement, dans la structure, dans les formes qu affectent les divers corps célestes. La terre, avec tout l'ensemble des phénomènes qui s'y passent,

478 Bin» D*AUAOB

saisons, jours, nuits, lu lune, les ])l;inètes avec leurs mouve-

iiicnts, le soleil sont les résultats d uctes iuiniédiats de la

Puissance Créatrice. On concède volontiers (|ue les six jours classiques repondent à des périodes plus ou moins lon^'ues; mais chacune de ces périodes est considérée comme le témoi- gnage d'une inivrri'ntion nouvelle et nécessaire du Créateur. Pour le savant, le seul acte nécessaire de la Touto-Puissance, c'est la création des Éléments constitutif des êtres, avec leurs propriétés, et avec use coordination première qui, quant aux formes, n'a aucune ressemblance avec ce que nous avons ai^ourdliui sous les yeux. C'est le fut lux étendu à tout ce qui se trouve de réel dans l'espace: icàTziBB, foboi..

vo Pour le savant, l'Univers, tel qull se présente à nos

regards, est le résultat dlin âéveioppment meoeetff. Les élé- ments, d'abord dispersés dans l'espace, se sont peu à peu rapprochés de façon à affecter des fonnes distinctes ; mais tout Pllnivers se trouvait, en virhtalifé, dans une nébuleuse diffuse primitive, et il s'y est formé jiar >uitL' des lois précises impo- sées au.\ éléments. Avancer que ia terre, la lune, le soleil, les étoiles ont été créés tels quels de toutes pièces, est jiour le savant une assi rtion aussi risible que celle qui consisterait, par exemple, à dire au laïque: « Une dent a été crééo, h votre enfeuit». (Que l'on me pardonne la familiarité de la compa- raison, plus correcte d'ailleurs qu'il ne semble.) £n un mot, pour le savant, la création se réduit à un seul acte de la Toute-Puissance; pour le laïque, elle représente une suite d'actes multiples. Entre ces deux notions, il existe un abîme.

Allons plus avant encore dans notre examen. ~ Pour le savant, disons-nous, le fait à jamais incompréhensible, c'est riq»parition de la Substance constitutive des êtres, se trouvait le vide absolu, le néant Ce fût incompréhensible a son parallèle rigoureux : Ce qui une fois a reçu l'existence ne peut rentrer dans le néant.

Pour le laïque, la permanence de ce qui se manifeste à nous

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LA nmmB r la soibnob modbbnb 479

dans l'espace et le temps u est nullement une nécessité pre- mière.

On voit par exemple Teau contenue dans un vase ouvert diminuer peu à peu et linir par disparaître ; ridée de i'onéoii- tiuemetU de Teau ne répugne nuUement au laïque; il ne Toit pas le moins du monde pourquoi le même phénomène ne se produirait pas dans un vase liermé ; il se demande 4vec inquié- tude pourquoi Teau de TOcéan tout entier ne finirait pas ausn par disparaître. Si je cite cet exemple, c^est parce que la question m*a été posée des centsines de fois par des laïques fort intelligents.

Pour lliomme de science, il n*y a ici qu'un changement d*état, de forme. L*eau passe de Pétat solide (glace) ou de Tétat liquide à l'état gazeux (vapeur) invisible, sans nulle modihia- tion dans sa quantité et par le seul fait de raction d'une puissance insaisissable, la chaleur. Le gaz aqueux ne pouvant traverser les parois d'un vase fermé (cristal, verre, etc.), l'évaporation est impossible. Par suite de leur pesanteur, aucun tics corps qui font partie de notre terre, qu'ils soient solides, liquides, ou gazeux, ne peut la quitter définitivement Notreplanëte,touten volant à travers l'espace avec Teffirayante vitesse de trente kilomètres à la seconde, constitue de fait, par Faction de la gravitation, un vat$ fermé: rien de la matière qui la constitue ne peut la quitter.

On voit le corps d*un être vivant, d*un animal, d*un homme, arrivé à son entier développement, rester à peu près tel quel pendant un laps de temps plus ou moins long : pour le laïque, ce corps est toujours le même; pour le savant, la forme seule est à peu près invariable et les éléments de ce corps se renou- vellent maintes et maintes fois pendant Pexistence organique de l'être; ils ne font que changer de lieu dans l'espace; ils paissent d'un être dans un autre, sans varier le moins du monde en quantité. Arrive un moment solennel, effroi de tout ce qui vit: le corps animé passe sous les lois du règne

480 BBTUB D'ALSAGB

inanimé; il se décompose, diminue pen à peu, et finit par

laisser pour résidu un pou de terre! Pour le laïque, il y a ici aneaiitisseinent de tout ce qui tombait sous nos sens; le corps, dit-on, se dii^sipc. Pour le savant, il n'y a (jue dispersion, chan- gement d'état; pas un seul des Eléments constitutifs de l'être vivant ne peut rentrer dans le néant S'il est doué d'un Elé- ment spécifique qui lui donne le titre d'Être vivant, cet Élément ne peut disparaître.

Je fois un pas de plus, un pas immense, il est vrai; il con- stitue une des plus grandes conquêtes de la science moderne. Nul de nous, le savant le plus profond pas plus que Thomme le plus inculte, ne sait ce que c*est que le mouvement, ne sait ce qu'il y a de plus ou de moins dans un corps qui se meut, qui change sans cesse de position, que dans un corps en repos. Il était impossible même à l'intellif^ence la plus i)énétrante de fixer a priori les conditions de production, d'existence et de disparition du mouvement Pendant des siècles, pour le laïque comme pour le savant, le mouvement semblait pouvoir être détruit sans résidu. Pour Vmi comme pour Tautre, la pluie, la neige, la grêle tombant de la nue, Tean d*une cascade, le projectile allant frapper un rocher perdaient pure- ment et simplement ce qui les animaient, passaient de Tétat de mouvement à Pétat de repos, sans quil se produisit quoi que ce fftt en place de ce qui était ainsi anéanti. Cette idée, aujotird hui, est reléguée au rang des erreurs les plus radicales qui ait'ut jamais eu place dans la science. Le mouvement pas plus que la Matière, pas plus que la Substance en général ne peut être à proprement parler anéanti : lorsqu'il disparaît, quelque chose le remplace, qui lui équivaut rigoureusement. Lorsqu'une balle lancée par une arme à feu va s'i^latir contre un roc, ou accomplir son œuvre de mort dans le corps d*une victime, son mouvement n'est nullement perdu dans la nature, comme le pense le laïque : au moment même le mouvement cesse, fl se produit quelque chose qui le représente intégral»-

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L\ VIE FUTURE F.T LA SCIENCE MODERNE 481

ment ; il se produit de la chaleur en quantité telle que, dans certaines conditions déterminées, cette chaleur peut repro- duire précisément le mouvement détruit

Si par iiiii)o.>.-ilil(', la terre vi iiait h ôtn; rencontrée dans sa course par un <j;lolje semblable à elle, en grandeur et eu vitesse, elle ne serait pas brisée, comme on Ta dit parfois : la chaleur produite par le choc serait telle que les deux sphères se réduiraient instantanément en gaz incandescent

L'idée du mouvement perpétuel, du travail sans dépense, n'a rien (iiii réput^iie au laïque: beaucoup clierehent encore à la réaliser. Tour rhomme de science, elle est devenue Terreur la plus monstrueuse qui puisse traverser un cerveau.

Ainsi non seulement la quantité totale des éléments pré- sents dans rUnivers est une constante, mais la somme des mouvements traduits numériquement par le travail mécanique qu'ils représentent est elle-même invariable. Cest ce qu'on exprime aujourd liui en une seule phrase, solennelle de concision: i/KNEU<iiK di: i, "univers est une comsiamxe.

Je ni(! ré>unie en peu de mots.

Pour le laïque, Tapparition spontanée de quelque chose qui n'existait pas, l'anéantissement spontané de quelque chose qui existait, sont non seulement des possibilités, mais des fûts quil croit voir se produire presque journellement Pour rhomme de science, ce double phénomène est une împossiMlité absolue; sa seule conception constitue une absurdité; et l'énerj^e plus ou moins grande avec laquelle l'esprit proteste contre elle i)eut servir de mesure k la portée du bon sens et de la pénétration du savant moderne.

Cette conviction, que dis-jeî cotte certitude qu'acquiert peu à peu l'homme de science quant à l'indestructibilité absolue de tout ce qui a reçu Tôtre, forme chez lui la base la plus solide du sentiment religieux, à la seule condition qu'il obéisse toujours aux saines et saintes lois de la raison, et qu'il ne

NoBTvIle SMe. » UT année. SI

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462 BSVUB d'albaob

laisse point intervenir le fol orgueil, avec les isystèmes pré- conçus (ju'il eiigeudre.

Aux saines et saintes lois de la raison! Cette expression, je n'en doute pas, fera se récrier plus d'uu de uos lecteurs, et dans les ranj^s les plus oppOM'S.

« Que peut, nous diront les croyants, (luc peut la raison daus ces régions qui ftppartienueut au surnaturel, au mystère, et que la conscience humaine n'ose sonder qae sur les ailes de la foi ! »

« L'intelligence la plus pénétrante échoue, lorsqu'elle pré- tend remonter à Tessence des choses. IffnmMmm tn aier- mm fit Tel est, d\in autre cl^té, le verdict lancé sous toutes les formes par les chefe des écoles matérialistes modernes !

Étrange sort que celui de la pauvre raison humaine! C'est bien à elle que chacun applique, sans le savoir, ce que Pascal disait à rhomme complet: c Si tu t'élèves, je t'abaisse; si tu t'abaisses, je t'élève!» Sublime privilège, bien plutôt Ceux* mêmes qui la condamnent s'inclinent devant ses arrêts; ceux-là mêiiu s (jui la foudroient au nom de tel ou tel dogme seraient honteux si ce dogme n'avait pas sa sanction.

Quel est le croyant le plus naïf (lui no soit indigné ([uand on lui prête l'huniiliant: credo (juin absunlum. '(je crois, parce que c'est absurde V » Quel est celui <iui consente même à dire: «je crois, quoique ce soit absurde! » C'est cependant la raison qui décide en souveraine de ce qui est absurde ou non.

Et au nom de quelle règle, le positiviste, tout conmie le matérialiste, prétend-il poser des limites précises au domaine de l'intelligence ? N'est-ce point encore la raison qu'on invoque elle-même ici pour se d^uger, pour se condamner dans ses plus sublimes aspirations?

J'ai dit les lois de la raison. A un point de vue tout à fut général, il en existe, en effet, plus d'une. Au point de vue plus limité oh nous sommes placés ici, si sublime que soit d'ailleurs

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LA VIE FUTUliE ET LA BOBNCE MODERNE 483

le bttt que nous poursuivons, ces lois se réduisent à une seule, et au terme ambitieux de loi, nous ])ouvon8 substituer le terme beaucoup plus modeste de règle du bon sens. Pour peu que nous observions et que nous jugions sainement et impaiv tialement toutes les opinions que nous voyons se produire autour de nous, nous reconnaissons aisément que la seule règle pour ainsi dire qn^ait à suivre lliomme de science pour ne pas s^égarer, consiste à savoir tenir un milieu entre deux eicès opposés, aussi déraisonnables Tnn que l'autre.

Le laïque en général accepte sur la foi de rautorité, etsans nul examen, une multitude d'assertions quMl se reconnaît absolument inapte à comprendre. Bien des savants, n'hésitons pas à le dire, sont dans le même cas, et il n'y a de ditî(^'rence que quant à l'espèce d'autorité, que quant à l'espèce d'asser- tions acceptées. D'un autre côté, un très frrand nombre d'hommes de science ont la prétention de n'accepter pour vrai que ce qu'ils comprennent; ou plus correctement que ce qu'ils croient comprendre, et se refusent absolument à admettre ce qu'ils ne peuvent saisir. La vraie sagesse, disons le bon sens de l'homme de science, consiste à peu près excln- sivement à n'admettre une interprétation que sur des preuves podtives, incontestables, mais aussi, lorsqu'une fois ces preuves ont acquis ce caractère, à ne plus r^eter une inteiprétation par cette seule raison qu'elle sort des bornes de notre intelli- gence.

Je ne citerai qu'un seul exemple, comme justification de cette assertion.

A partir de l'époque il fat prouvé que notre terre n'est

point une surface plane indéfinie, mais qu'elle a la forme d'une sphère, il fut, ou du moins il eût être tout aussi bien prouvé qu'il existe une puissance insaisissable retenant à la surface de cette sphère tous les corps distincts qui s'y trouvent, qui donne à ces corps leur poids, qui semble les pousser vers le centre de la sphère. L'immense découverte de la gravitation

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484 BBVQB d'aliaob

universelle ne consiste en aucune façon, quoiqu'on le dise bien souvent, ù avoir imaginé iiu«'lque explication quant ù la natUH! de cette puissance, il en avoir fait une attraction, à l'avoir apix-lée ^gravitation. La gloire innnortelle de Newton, c est d'avoir aftinné que la puissance ([ui retient les corps h. la surface de notre terre est aussi celle qui retient les planètes, les satellites, dans leurs orbites, qu'elle est relative à chaque particule de matière, qu'elle est proportionnelle en intensité à la quantité de matière présente, qu'elle s'étend à riuiini autour de toutes les sphères du tirmamenti en diminuant seulement en énergie suivant une loi précise, à mesure que les distances de chaque sphère s'accroissent

Entre deux corps qui tendent l'un vers l'autre à distance, il se trouve nécessairement quelque chose qui établit le rap- port noua i^paraissant comme une attraction (Newton). Quelle est la nature de ce quelque chose? A la surûuse de cette terre, laïques et savants, nous nous sentons tous trop assujettis à la pesanteur pour qu'il passe par la tête de quel- qnmi de contester Texistence de cette forcée. Le laïque ne s'en préoccupe guère et trouve le fait très naturel. Le savant est-il plus avancé de ce côté? Non certes. Disons le bien haut, tout ce qui a été proposé jusqu'ici comme ex])lication quant à cette cause m\>terieuse, se réduit il des puérilités. Récem- ment, dans un travail spécial, j'ai réduit à l'absurde, pour ne pas dire davantage, une interprétation proposée avec emphase par l'école matérialiste. Le rdle du savant se réduit à peu près exclusivement à prouver ce que cette came u'ett pat; à montrer, par exemple, qu'elle ne dérive d'aucune matière invisible, en mouvement ou en rqpos, interposée.

Le savant le plus rebelle est donc obligé, dans le monde physique même, d'accepter comme fait démontré f existence de quetg^ thoee d^mvisibUt tPin^^alpabU, ékimametabU, dont U ne eon^end ni la naksre, ni même le mode d^aetion, Si la discussion attentive de fiits bien démontrés Pamène à eoD-

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LA VIE FUTURE ET L4 8CIBNCB MODERNE 485

elure rexistence d'autres éléments, ce n^est doue pas parce qu*il ne comprend pas leur nature qu*il a le droit de les rejeter.

Nous Yoici arrivés, sans quil le semble même, an cœur de la sublime recherche qui nous occupe. Mais une digression se présente d*abord d'elle-même à nous.

Lorsqu*on admet Tezistence d*un Dieu, créateur de toutes

choses, Texistence de Tftme et son immortalité deviennent des

conséquences naturelles forcées. Il serait difficile de

dire à cet égard quelque chose qui n'ait ])as été dit et redit déjà sous toutes les formes. Les dénionst rat ions, tout comme les plus simples raisonnements que Ton prut donner en ce sens, sortent absolument du domaine de la science et ai)par- tiennent de plein droit au laïque aussi bien qu au savant. Je me permets d ajouter que le rapport de ces deux existences, dont Tune est primordiale et intinie dans son essence même, est une relation de cause à efiet dont révidence ressort d'elle- même et est supérieure à toute démonstration.

Lorsqu*on admet Texistence de Tftme, celle d*un Être infini- ment supérieur, d'oh découle toute existence, derient aussi une conséquence nécessaire. Ce rapport inverse, quoique tout aussi érident que le premier, a, si je ne me trompe, été moins souvent, et moins bien signalé que le premier, bien qu*il ne soit guère moins firappant Démontrer Texistence d*un Prin- cipe supérieur, cause de tout Tensemble des phénomènes psychologiques chez l'homme, démontrer même seulement l'existence d'un tel Principe, cause de certains phénomènes ]jsi/clti(ii(i's que présentent à un plus ou moins haut de^ré tous les êtres organisés sans exception, c'est démontrer par contre-coup l'existence de Dieu. Toutefois la conception de ce rapport appartient conmie celle du premier à tous les hommes, et non p:is seulement à l'homme de science. Nous n'avons pas non plus à nous y arrêter.

Le lecteur doit être étrangement surpris de m'entendre

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48S RBVUB d'alsaob

appeler digression les li-ines précédentes. La raison de cette dénomination est fort siiuiilr cependant. L'homme de science, en se renfermant temporairement dans la méthode d'examen qu'il emploie exclusivement dans l'étude des sciences natu- relles, peut et doit considérer chaque être abstractivement, dans les éléments qui le constituent et dans leurs propriétés. En ce sens, pour le savant :

Démontrer quil existe chez tout être vivant un Élément spéciiiquement distinct de ceux qui donnent lieu aux phéno- mènes du monde physique, c*est avoir démontré par contre- coup la durée de cet Élément au delà des bornes de rezistence organique, c^est avoir assuré Tétornité de la vie sous une forme ou une autre. Avoir constaté que cet élément vital constitue, non un principe diffus, partout répandu, comme l'est, par exemple, la force prravifique autour des atomes des corps, mais une unité, douée de propriétés spécifiquement distinctes d'un être vivant à un autre, et avoir deninntré que ces propriétés vont en s'élevant d"uu échelon à l'autre du règne oiganique, c'est avoir assuré non seulement la dura- bilité de l élément Vie, mais celle de son unité distincte.

Kien de ce qui a une fois reçu Tétre ne pouvant s'éteindre, il n'y a qu'un sot ou un hypocrite qui, croyant ou feignant de croire à llnunortalité humaine, puisse s'imaginer que la fiuix du trépas mette fin à Texistence de nos frères inférieurs.

Pour le savant, disons-nous, avoir démontré Texistence de notre Ame, c*est en avoir asvuré Timmortalité. Hfttons-nous d*40uter qu'une Immortalité conçue ainsi abstractivement et en quelque sorte comme un fiât physique, prend un caractère presque efrayant Si homme de science qu'il puisse être, le savant est en même temps laïque comme tout le monde, il tient non seulement à se survivre, mais à se survivre dans des conditions de progrès en toutes les formes, et selon toutes ses aspirations. Un tel espoir, il ne peut l'acquérir qu'en s'en remettant à la notion d'un Être intinimcut supérieur en qui

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LA VIE FUTURE ET LA ISCtENCE MODBUNS 487

réside tonte justice et tonte bonté. Démontrer IMmmortalité humaine, sans remonter en même temps à la notion de Inexis- tence de Dien, serait accomplir une œuvre presque aussi effrayante que de démontrer notre néant

Les démonstrations de l'existence de Dieu, depuis les plus éloquentes jusqu'aux plus sèches ou arides, depuis les plus sublimes jusqu'aux plus puériles ou naïves, ont été épuisées depuis lonstomps, en dehors du domaine des sciences. Ici eiK'oro, il serait difficile de produire quoi que ce soit qui 11 ait déjà été bit'ii ou mal dit.

Dans lo domaine de la science proprement dite, les preuves sont de deux ordres ])ien distincts. Les unes rej)oseiit >ur l'étude de riiarmonie générale que nous révèle IT'nivers, sous toutes les faces. Les autres reposent sur l'étude de l'origine possible des Êtres. Pour une intelligence tant soit peu complète, ces deux ordres de preuves ont, je pense, une portée k peu près égale; elles se valent Toutefois si nous prenons les choses dans leur généralité, nous recon- naissons qu'elles s'adressent à deux classes d'esprits diffé- rentes. Les premières revêtent à un haut degré le caractère de l'art; quoique évidentes de vérité, elles sont plutôt senties que raisonnées; et par cela même, elles échouent absolument contre certains esprits : ceux-là précisément qu'il fàudrait le plus convaincre. L'étude de notre système solaire, la seule vue d'un être orscanisé, le seul aspect du corps humain, par exemple, nous conduisent forcément à l'idée d'une unité do plan harmonieux oii toutes les parties sont solidaires et con- courent à un même but d'ensemble nécessairement 2>/V(v>;?f»<. Mais devant cet ordre de preuves, si sublimes (pfelles puissent ^tre, toute une école nous répond: «Ce que vous ajjpelez harmonie, unité, plan d'ensemble préconçu, ne sont que les conditions strictement nécessaires à la durée des choses. Si ce que vous nppele/ si pompeusement harmonie ne s'était pas établi dans le monde solaire, ce monde se serait détruit peu

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488 BIVUB D'àlSàlfM

à peu et YOUB ne sauriez rien de son passé n*en serait

pas moins une réalité. Si le corps humain dont vous admirez tant la structure n'était pas tel qu i! est, il ne pourrait sul)sister tel quel dans le milieu oii il s'est produit et voub n'eu sauriez plus rien, car vous ne sauriez pas penser, w

J'aurai à ret enir plusieurs fois encore sur ce mode de rai- sonnement. Il est clair que ceux qui y recourent manquent absolument du sens du beau et que dès lors tout raisonnement fondé sur cet ordre de sentiments tombe à faux pour euiu

n faut bien le dire d*ailleurs, de très grands et de très petits écrivains ont si souvent et si étrangement abusé des considé- rations sur les causes finales, qu'elles sont devenues presque suspectes à bien des savants pourtant fort sensés, et doués du sens du beau. Dans l'étude impartiale di s relations réci- proques des êtres vivantes, nous nous heurtons maintes f(»is à des énigmes insondables dont la seule vue jette le trouble et la terreur dans Tâme du penseur : la souflirance, la douleur, le mal sous toutes ses formes semblent en bien des cas être le but que s'est proposé la nature. Sans doute nous interpré- tons mal dans ces cas. Mais s'obstiner, comme on Ta trop fiût, à parler de rharmonie providentielle, alors que notre esprit fidt de vains efforts pour apercevoir un rayon de lumière, c'est s'exposer à prouver tout le contraire de ce qu'on voulait

Les preuves du second ordre, celles qui reposent sur l'étude do l'oriiîine possible des Êtres, ont, contrairement aux j)récé- deiites. un caractère exclusivement scientifique, je dirais, presque mathématique. Je m'y arrête, parce qu'il me semble qu'il est possible de les compléter, de leur donner un carac- tère plus décisif qu'on ne l'avait fait jusqu'ici, parce qu'en un mot, ce sont les seules auxquelles il y ait quelque chose ^ ly'outer.

Pour bien faire ressortir les preuves de cet ordre, je doiSi au risque même de me répéter en partie, accentuer aussi for- tement que possible ce que j'ai montré dès le début.

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LA VIE FUTURK KT L\ SCIENCE MODERNE

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Pour le laïque, la Création, considéréo dans ses résultats, est rapparition subite des Êtres qui forment rUnivers: rœuvre dn Créateur porte, sinon exclusivement, du moins principalement sur la forme, sur les apparences de ces Êtres. Lors^'on dit: Dieu créa les Êtofles, le Soleil, la Lune, la

Terre , le laïque voit ces astres sortir du néant avec Tas-

pect qu'ils affectent actuellement pour nous et qui leur a fût donner leurs divers noms. La splendeur du ciel étoilé, ht

beauté des paysages qui ornent la surface de notre terre

sont pour lui les résultats immédiats, et en quelque sorte palpables, do rinterveiition du Grand Ouvrier.

Pour le savant, le plus pieux (railleurs, le Monde, tel (ju'il est aujourdluii dans tout son enseniiile, n'est qu'une des phases d'un lonp; (lévelopi)ement antérieur, s'op<'rant depuis des millions de siècles, d'une iiiaiiière tantôt graduée et insen- sible, tantôt plus rapide et par périodes. Il a commencé en quelque sorte par un *;(^rnie. par ce que les astronomes appellent une nébuleuse irréductible, c'est-à-dire par un amas diflus de Matière cosmique. L'Univers, dans sa totalité, est un arrangement des Éléments créés, arrangement splendide et magnifique, mais conséquence des propriétés de ces Éléments. Ceux-ci étant une fois admis tels quels, diflus et sans ordre dans TEspace, mais avec toutes leurs qualités propres, les Mondes se sont formés et développés à leurs dépens en vertu d'une loi primordiale qui leur était imposée.

Pour le laïque, qui admet volontiers que quelque chose peut nattre ou s'anéantir spontanément, et qui croit même assister journellement à ce phénomène, la création des Substances, des Éléments qui constituent les Êtrtîs est pour ainsi dire à Tarrière-plan ; c'est la disposition, le groupement adniiralde, c'est l'agencement merveilleux de ces Élémentii qui constitue l'œuvre principale du Créateur.

Pour le savant qui sait que rien de ce qui est ne peut cesser d'être, c'est la création de la Substance en général, avec ses

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propriétés, avec les lois qui la ^rouvernont. qui seule constitue Tarte essentiel, et sam> nulle comparaùîoa humaine posbible, de rÊtre suprême.

Un abtme, nous Tavons dit, sépare ces deux manières de concevoir la Création. La première, disons-le hardiment, est à la portée de notre intelligence. Dieu y joue le rôle d'un artiste certes sans pareil; mais nous pouvons comprendre l'œuvre, car il ne s'agit relativement à nous, que d'une supé- riorité de puissance, si grande qu'on veuille d'ailleurs. Dans la seconde, qui est la seule scientifiquement admissible, l'ceuvre nous apparaît avec un caractère incompréhensible qui ne peut que i^impour à nous. U ne s'agit plus d'une simple différence de puissance, si grande qu'on veuille, entre Dieu et l'homme, il s'agit d'une différence absolue de nature. L'homme ne pouvant, dans l'ordre physique, ni rien créer ni rien anéantir, ne peut comprencbe cette faculté chez le Créa- teur; rintellisence la plus pénétrante échoue dès qu'elle essaye de l'expliquer; elle ne peut que Taccepter, la subir comme une nécessité. L'un des croyants les j)lus sincères du XVII' siècle, l'un des génies les plus puissants dont l'humanité puisse se gloriiier, Leibnitz, se trouvant en face de cette diffi- culté, a affirmé que Dieu ne peut créer qu'aux dépens de sa propre substance. Tout l'effort de ce grand esprit aboutit, comme on voit, à une négation bien réelle. Produire les Mondes à ses propres dépens, ce n'est que modifier, ce n'est que donner une forme précise et particulière à ce qui déjà existe, ce n'est plus créer.

Un autre génie immortel, Milton, dans sa sublime invoca- tion à la lumière, la fait coétemelle avec Dieu. * Le grand penseur-poète va moins loin que Leibnits; mais lldée-mère est la même.

* Hail. h(»ly Lîjrht! off-^piinj nf lioaven first-hom, Or oi the Kternal co-cternal buam. * . . *

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LA VIE FUTURE KT LA SdEMCE MODERNE 491

lie savant se trouye ainsi forcément amené en &ce de deux hypothèses extrêmes qui s^excluent absolument l*une Tautre.

Ou les 8UB8TAS0B8 à Taido desquelles se sont organisés les Mondes ont été créées par un Être tout puissant, anté- rieur h tout ce qui existe.

Ou la MATIÈRE est elle-même éteriiellt.', avec tout Ten- sciuble de ses propriétés; l'Univers s'est organisé de lui-môme par elle ; et Dieu est inutile.

Entre ces deux hypothèses extrêmes, on peut en imaginer, et on en a, en effet, imaginé des milliers d'autres intermé- diaires; mais tout esprit logique, ayant le courage d'aller au fond des choses, franchira toi^jonrs ces intermédiaires pour aboutir à Tun ou à Tautre de ces pôles opposés.

J'ai dit avec intention et de la f&çon la plus précise: ou les svBSTAirOBS ou la matière Cette dis-

tinction en effet est formelle. Dans la première hypothèse, on peut et l'on doit logiquement admettre dans TUnivers l'existence de plusieurs espèces d'Eléments, de Principes constitutife, différents en nature et n'ayant de commun que le caractère de Substance, inséparable de tout ce qui existe. Dans la seconde, au contraire, on est condamné à n'en admettre qu'une, douée des caractères particuliers de ce que nous nom- mons la Matière ; car si Ton y introduit en outre une Substance distincte capable d'agir sur la Matière comme une Puissance externe absolument aveugle, on est amené par la force des fidts à y concevoir de plus une Volonté libre et indépendante. C'est ce que ne comprennent nullement bien des spiritualistes modernes qui, sous le prétexte puéril d'établir l'unité dans la Création, ne veulent reconnaître dans TUnivers que la Matière partout identique à elle-même, capable seulement de mouve- ments variés, mais gouvernée en certains phénomènes par I'esprit. C'est au contraire ce qu'ont parfaitement saisi les chefe les plus distingués de l'Ëcole matérialiste.

« En partant de toutes ces considérations, les penseurs

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499 RKVTTB D'ALSAOt

précités (Moleschott, Cotta, Drossbach. Du I^ois Reymond. . .) ont défini la force; de simples mouvements variés de la

Matière

a Quelle conséquence philosophique générale découle de cette constatation aussi simple que naturelle?

c Que ceux qui nous parlent d*une puissance créatrice, ayant tiré le monde d*eUe-m6me ou du néant, ignorent fusqu'anz plus simples prindpes d*une philosophie naturelle basée sur robserration! Comment aurait-il pu exister une force qui n*apparattrait pas dès Porigine avec la Substance, mais qui la gouvernerait arbitrairement et d*aprè8 des considérations individuelles? Bien moins encore des forces préexistantes et isolées pourraient-elles se porter sur la matière sans forme et sans loi? Car nous avons reconnu qu uiic existence distincte entre ces doux choses (la Matière, la Force) est dans Tordre des impossibilités! » (Ruchner, Force et Mnt'ùrc, 18(î2.)

La distinction dont je i»ar]e étant bien comprise, vers lequel de nos pôles antagonistes converge la sri(^nce moderne?

Une école, aujourd'hui riche en adeptes, avoués ou tacites, répond, comme on vient de voir, que c'est la seconde seule qui est rexpression de la vérité. C'est la seule aussi, dit-on, qui soit claire; et tandis que la première, dans son affirmation essentielle, sort complètement des limites de notre entende- ment, la seconde, au contraire, est à la portée de toute intelligence un peu exercée. Nous verrons bientôt ce qui en est de cette clarté; examinons d'abord avec toute l'attention possible quel est le degré de valeur réelle de l'hypothèse.

L'une des objections principales, l'une des plus spécieuses qu'on ait faites à la première hypothèse est célle^i :

< Les SUBSTAKGEB à Taidc desquelles s'est organisé l'Uni- vers, tel qu'il se i)résente aujour'bui ;i nous, ont été, dit-on, créées j\ un moment déterminé qui, pour ôtre très éloigné de l'époque actuelle, n'en est pourtant séparé que par un espace de temps iini et déhni. Sur quoi s'exerçait doue la

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LA VIE FUTURE ET LA SCIENCE MODERNE 493

Puissance créatrice pendant Tespace de temps inlini qui a précédé ce moment? Est-il raisonnablement admissible que Dieu se soit tenu en repos pendant une éternité?

Cette objection qui, à diverses époques, a été reproduite sous des formes Tariées, mais ayant toutes le même point de départ, cette objection repose en réalité sur une fausse con- ception des rapports du tini et de Tintini, et au cas particulier des rapports du Tcuips et de l'Hternité. L'inHni u'cst pas, comme on essaie si souvent de le représenter, une cjraf/èration^ une ampli/icatioti sans bornes du fini : cette manière de le concevoir est une erreur mathématique radicale. L'iniini est, sll est permis de s'exprimer ainsi, le contenant de toutes les formes et de toutes les grandeurs possibles du fini. Entre le contenant et le contenu, il existe une différence absolue de nature, et non pas simplement une différence de mesure. Une accumulation de millions de siècles, une période dépassant en longueur toutes les forces de notre compréhension, n'a pas plus de communauté avec Tétcrnité qu'une seule seconde.

l'uur rÊtre existant par sa seule force propre, le Temps ne peut donc être, comme il Test pour nous, une durée: il n'est qu'un mode. La Création tout entière, en Temps etenËspace, ne peut constituer une époque et un lieu dans son existence. La seule afiirmation d'un repos, antérieur ou postérieur, con- stitue une absurdité mathématique.

L'oljection précédente, absolument nulle en valeur quand elle s'adresse à un Être essentiellement doué d'une volonté libre, devient mortelle à Thypothèse du Matérialisme. C'est là, il me semble, ce que Ton n'a jusqu'ici pas assez fait ressortir.

L'Univers, tel qu'il est aujourd'hui, n'a pas toujours été tel quel. Il est, avons-nous dit, sorti d'un amas ûi&m de Matière cosmique répandue dans l'Espace.

D'un autre côté, par hypothèse, la Matière, avec toutes ses propriétés, avec tous ses mouvements, est éternelle. Elle n'est point douée de quoi que ce soit qui ressemble à une Volonté,

494 BSTOB D*ALBAOB

elle n'obéit qiih des lois fatales et iiuiiiuables, ou pour parler beaucoup plus currecteiiient, elle ne peut pas ne pas agir, et elle uo peut agir que d'une certaine manière fatale.

Mais quelque loogue qu'&it été la période d'édcaon des Mondes, quelque long qu'on fasse Tintervalle en temps qui sépare les fomes actuelles de TUnivers de la fonne de Nébu- leuse diffuse, cette période, cet intervalle n*a rien de commun avec rétcmité de la Matière. Lorsque, dans la seconde hypo- thèse, nous demandons ce tjue faisait la Matière antérieure- ment à la formatiou de cette Nébuleuse, nous posuus uue question qui demeure sans réponse sensée possible. Vaine- ment Toudra-t-on imaginer un état de dispersion encore plus complet que celui-là; la période qui séparera ces deux états sera encore susceptible d*une mesure, et sera par conséquent rigoureusement nulle par rapport à TÉteruité d'existence et d'action de la Matière.

L'éternité de la Matière et la non-éternité de l'Univers avec ses formes actuelles sont deux faits qui s'excluent radicale- ment l'un Tautre ; elles sont une incompatibilité mathématique.

On peut dire à la vérité, et Ton a, en effet, dit et redit, que le spectacle actuel de TUnivers n'est que Tune des répétitions sans nombre d'un même ensemble de phénomènes périodiques; que tout ce qui nous apparaît aiqourd'hui sous forme de ICondes distincts, passera un jour à Tétat de ruines, se dis- persera dans l'Espace pour relbrmer une Nébuleuse et

ainsi de suite à l'infinL

Cette hypothèse auxiliaire, possible il y a peu d'années encofe, ne Test plus aiqourd'huL Si la langue des mathéma- tiques m'était permise ici, je dirais avec M. Glausius: « L^EtH iropie de PUnhers tend vers un maocimum. Cette seule phrase, dans sa sévère concision, est plus concluante que les plus élo(iuentcs périodes de liossuet, de Fénelou, de Châteaubriaud

LA VIE FUTUBB BT LA. 6CISNCS MODBaNK 495

Je vais essayer, non de la traduire, mais d*en indiquer du moins le sens.

Rien, avons-nous dit, ne peut s'anéantir spontanément dans

rUniyers. Le mouvement dMn corps, lorsqu'il est détruit,

produit de la chaleur. Réciproquement la chaleur peut pro- duire du mouvement. Les atomes matériels primitivement épars dans Tespace se sont peu à peu rapprochés sous l'empire de l'attraction universelle; mais en se rapprochant ainsi, ils ont acquis des vitesses considérables; de leur concentration, de la destruction de cette vitesse de translation est née une quantité de chaleur colossale et une température telle que toutes les étoiles, notre soleil, les planètes étaient primitive- ment à Tétat de vapeur. Cestpar suite de la dispersion gra- duée de cette chaleur dans PEspace, c'est par suite de rabais- sement successif de la température, que tous ces corps ont pris leurs formes distinctes et leurs mouvements relatif.

Cette chaleur dispersée existe sans doute toujours dans l'Espace; mais elle s'y trouve, si I on peut dire, à un titre infé- rieur; elle ne peut plus être reconcentrée de façon à ce qu'il en résulte une élévation de température : elle ne peut pbia servir à reproduire la nébuleuse primitive» C'est là, en un mot, un phénomène qui ne saurait se répéter.

Si, contrairement aux assertions les plus positives de la mécanique céleste, les sphères, dont nous admirons, et avec raison, les mouvements harmonieux, venaient à sorUr de leurs orbites, k se heurter, il résulterait de leurs chocs, non pas une pulvérisation, un amas de décombres, comme le laïque serait porté à l'admettre, mais une élévation de température telle qu'elles seraient réduites, du moins partiellement, en vapeur. Mais cette nouvelle réduction en gaz, cette nouvelle production de chaleur ne seraient plus comparables à ce qui avait eu lieu primitivement. Une nouvelle dispersion de char leur, un nouvel abaissement de température amènerait encore la formation de corps distincts liquides et puis solides; mais

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496 BXVUB o'ALa&oi

les mouvements de ces corps seraient incomparablement iiioiiidres que primitivement.

Kn un mot, et i)oiir me résumer, toutes les iiiodirications, toute^ les jM-rturhations futures, et (l'ailleurs hvjHtilu ticiues, qui pourront avoir lieu dans TUnivers, ne seront (jue des pajs vers un équilibre tinul, vers une répartitiou uniforme de la température de Tespace, et vers le repos des masses de matière pondérable qui ont constitué la nébuleuse primitive et puis tous les astres qui s'étaient formés à ses dépens. La destruc- tion et la réapparition indéfinies des Mondes, tels qu'ils existent ai^ourd'hui, sont scientifiquement inadmissibles.

Lliypothèso fondamentale et Thypothèse auxiliaire du llaté- lialisme sont deux impossibilités, l^ine mathématique, Tautre physique. Tout Tensemble des Mondes, rUnivers, ne peut s'ex- pliquer que par Tintenrention d'une Volonté libre, antérieure à tout phénomène, capable, non pas simplement, comme on le dit si souvent, de commander aux flléments l'homme leur commande aussi dans une certaine mesure mais capable do donner I Ktre il ces f'déraent^s, avec toutes leurs propriétés, toutes leurs qualités. La réalité de cette intervention nous api)araît sous la forme (lune vérité mathématique: son affir- mation peut être regardée connue le dernier mot du la science moderne, pour tout esprit droit et indépendant.

Nous venons de voir comment le savant, placé en face d'une question d'origine, est condamné, par les seules lois du bon sens, à admettre l'existence d'un Être dont il ne peut com- prendre Tun des attributs les plus essentiels, et précisément même à cause de cet attribut Deux questions menaçantes se présentent ici naturellement k notre esprit Jusqu'à quelles limites doit s'étendre cette soumission de la ratson à accepter ce qu'elle est incapable de comprendre? Et puis, a>t-on jamais proposé, quant à Torigine des choses, quelque chose de plus compréhensible que ce que nous Tenons de nous voir forcés d'admettre? Ces questions ne sont nullement digressives

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LA Vnt FUTUBS ET LK 8CIBNGB MODBRNK 497

et ne nous feront pas perdre de vae on instant notre siQet. Dans quelles limites doit 8*étendre notre soumission. . . .? Au premier abord, il pent sembler qu'une réponse précise

est impossible; et pourtant après quelques instants der(:'rtcxion, on r(xonnait que ces limites sont au contraire des plus nettes à tracer.

Lorsque nous nous trouvons en présence d'un phénomène naturel en quelque sorte continu, dont la cause échappe abso- lument à l'action de nos sens, nous sommes bien obligés de cherclier par l'imagination une interprétation qui satisfasse, d'une part, h tous les faits obserrables, et d'antre part, à la saine raison. Et si cette interprâtation, devenue unique par l'élimination successiTe de toutes celles que nous avons pu imaginer paralèllement, satisfait à ces deux ordres de condi- tions, nous pouvons l'accepter, que nous comprenions ou non la cause qu'elle assigne au phénomène. Nous voyons à tous moments qu'un corps pesant, que nous abandonnons à lui- même, tombe jus(iu'à ce qu'il rencontre un obstacle; nous nous sentons, hélas! tous comme liés à la surface de la terre par notre propre poids; nous savons (depuis Newton) que l'action de la gravitation s'étend de la terre, non seulement jusqu'à la lune, mais à l'infini autour du centre de gravité de notre globe; nous savons qu'une action absolument identique

s'étend du soleil aux planètes Ck qui détermine cette

action échappe absolument à nos sens: c'est donc à l'imagina- tion, contrôlée par Tobservation stricte des faits et par la raison, que nous sommes obligés de recourir pour remonter à la cause de la sauteur. Nous pouvons par un travail patient d'élimination arriver à reconnaître ce que cette cause n'est pat; mais nous pouvons être certains que jamais ici-bas l*homme ne sera à même d'en comprendre l'essence même. Et pourtant, dans ces conditions, U n'y aura plus un savant sensé qui se refiisera à accepter l'ezîstenfie de cette force qu'il est incapable de saisir dans son essence Les maté-

Nonvelto S«ri6. MT* unto. 33

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rialistrs, je le sais, proposent une explication tout à fait tangible, en apiiarence; mais il ne me sera pas difficile do montrer bientôt qu'ils ne comprennent eux-mêmes rien à la nature première de la cause qu'ils invoquent Noiu trouve- rions facilement nombre d'autres citations à faire, qui nous eonduisent aux mêmes conclusions; mais elles rentrent toutes dans le môme ordre; et Ton peut dire qu'elles sont limitées rigoureusement à cet ordre: à la recherche des causes et de la nature des causes des phénomènes, recherche que Vécole positiîiste essaie vainement dinterdire à Pesprit humain, sous prétexte quil n'atteindra jamais le but

Le savant, en un mot ne se montre nullement crédule, il reste parfaitement sensé et conséquent avec lui-même, lors- qu'il admet une existence dont la nécessité lui est démontrée par la discussion mûrie de Tensemble des laits: qu'il com- prenne d'ailleurs ou non l'essence même de cette existence. Ici toutefois s'arrête la soumission à l'incompréhensible, que nous commando le bon sens.

J'aborde une double question au sujet de laquelle toute une catégorie de laïques incriminent journellement les savants, les traite d'incrédules obstinés, et même d'impies. Je le fais en toute sincérité, sans la moindre arrière-pensée de blftme ironique pour personne, mais sous la forme la plus tranchée, convaincu que bien loin d'ébranler des croyances chance- lantes, ce qui suit, comme ce qui précède, les consolidera.

De quel droit, nous ditron journeUement, le savant, condamné à admettre tant de choses qu'il avoue ne pas com- prendre, nie-t-il avec tant d'obstination les mîrades que rapportent les historiens ssorés? De quel droit l'inter- vention incessante de Dtou dans les phénomènes de ce monde?

Une distinction fondamentale est à faire tout d'abord, entre ces pbénomènt^s. Il ne saurait être question absolument que de ceux (jui sont en quelque sorte tan^'ibles, qui tombent sous nos sens, qu'ils se passent d'ailleurs dans le monde physique

LA TIB FtrrnSB BT la 8CISN0B MODBBNB 499

OU dans le monde organique. L'intervention, discontinue ou continue, du Créateur dans le monde des phénomènes moraux, intellectuels, le miracle ou la notion de providence dans le monde de la pensée ou même dans la direction dn monde humain, sort complètement du domaine de la science. Le Bayant sensé ne peut, dans cet ordre, ni afliimer ni nier; il ne peut que douter, avec la plus grande réserve. Une réfleodon toutelDis est permise, dans cet ordre aussi 8i le savant émet parfois plus que des doutes en ce sens, n*y esMl pas quelque peu autorisé par ceux-là mêmes qui soutiennent le surnaturel, lorsqu'on les Toit acclamer comme enfimts de la proTÎdence tous les scélérats qui savent s'emparer du gouvernement d'une société, lorsqu'on les entend chanter des alléluia en l'honneur de tous les coups d'état les plus criminels ? N'est-ce point par trop faire Dieu à notre image que de le mêler à des événe- ments que réprouve toute conscience honnête?

La distinction précédente est essentielle, et l'on ne saurait trop y insister. Elle s'étend aux rapports de l'Être pensant a?ec son Créateur, aux résultats de l'acte saint de la prière. Lorsque le savant nie l'efiicacité de cet acte, ce ne peut être absolument qu*en un sens, qu'il est fiscile de délimiter. La prière, en effist, a un caractère double: sutijectif et olgectilt c*esfe-èrdke relatif à lindîvidu même* et relatif aux choses externes. L'efficadté subfectiye ne peut être niée par aucun esprit sensé, pas même par Tathée. L'être intelligent qui se concentre sur lui-même et qui se détache par la pensée du fini de ce monde pour aspirer à l'infini, grandit sans s'en douter et devient apte à des actions ou à des idées qu'il croyait abso- lument au-dessus de ses forces. Devant l'être intelligent, heureux ou malheureux, qui se recueille ainsi, le sceptique le plus incarné ne peut en ce sens que s'incliner avec respect. L'efficacité objective de l'acte de la prière ne peut pas être discutée scientifiquement, en tant qu'il s'agit des faits de l'ordre intellectuel, moral, disons, en un mot, des phénomènes

500 BBvuB d'alsaob

psychologiques. Nul de nous ue sait comment nos pensées, petites ou grandes, se forment et éclosent à un moment donné; en dépit de nos eftorts et de toute l'énergie de notre Yolonté, il est telle pensée àlaquelle nous ne pouvons atteindre aitfourdliui qui demain nous viendra sans que nous la cher- ehions. Nul ici ne peut, sans se montrer insensé, nier la possibilité d'action de la prière, de la part d'autruL Il eesse absolument d'en être ainsi dès que la demande du croyant porte sur les phénomènes du monde externe, anime ou inanimé' d^ailleurs. En ce sens, et sans s'en douter, c est un miracle de l'ordre physique que Ton demande; et ici commence seule- ment la négation, parfaitement légitime, nous allons le voir, du savant.

Je le répète dans ce qui suit, il ne saurait être question que des miiades concernant les phénomènes naturels proprement dits. Si le savant va plus loin que douter, sll nie, les raisons en sont multiples.

1* L*une des premières et des plus accentuées peut-être repose sur la diflérence radicale qui existe entre le caractère qu'a un miracle de cette espèce pour le savant et celui qu'il a pour le laïque. Pour le laïque, un miracle, dans Tordre phy- sique, n'est qu'une suspension temporaire de telle ou telle loi naturelle: le miracle n'a pour lui qu'un caractère plus mer- veilleuz que d'autres phénomènes. Pour le savant, il constitue une crèaltim wimtU»\ il constitue par conséquent un événe- ment qui, à Taide de moyens d'observation parfsâts, pourrait être constaté des siècles et des siècles après qull aurait eu lieu. Supposer, par exemple, que par l'intervention de la volonté divine, il pleuve toutd^un coup dans une région jusque désolée par la sécheresse, c'est admettre implicitement, ou qu'il s'est sur place engendré des vapeurs d'eau dans l'atmo- sphère, ou que, par un mouvement atmosphéri<iue. ces vapeurs ont été amenées d'une région elles existaient déjà. Dans le premier cas, il y aurait eu Création tumvMd d'un composé

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Là, viB vuTon m la sonnai nonstm 601

cbiiiiiqiie et par suite de matière; dans le seeond cas, il y aurait eu crêaHm à*nn mouTeineiit. Or, ni Teau ainsi créée, ni

le mouvement ne pourraient rentrer dans le néant spontané- ment, et sans une nouvelle intervention du Créateur.

2" Nous l avons dit deux fois déjà, le savant ne peut, bien contrairement au laïque, admettre qu'une intervention unique du Créateur, et cette opinion ne dérive ni d'un système ni d'une Yue préconçue. Un exemple édatant fera promptemoit ressortir la vérité de eette assertion.— Lorsque l^ewton, dans son ouvrage impérissable, eut démontré les principales lois des mouvements dans notre système solaire, lorsqu'il eut démontré que les planètes, sollicitées vers le soleil par leur pesanteur, doivent décrire des ellipses autour de Tastre cen- tral, il ne tarila pas à s'apercevoir que ces lois si simples ne peuvent être réalisées rigoureusement parce que les planètes sont sollicitées non seulement par Taction prédominante du soleil, mais encore par leurs attractions réciproques, relative- ment beaucoup plus faibles, il est vrai. Il résulte de que leurs mouvements elliptiques sont légèrement troubléa, et que ce ne sont point des ellipses eûMetet qu'elles décrivent Newton, qui avait créer lui-môme la partie la plus puissante des mathématiques, pour s'en servir comme d'un instrument» dans ses magnitiques recherchée, n'avait pourtant pu assez perfec- tionner cet instrument pour lui permettre de débrouiller complètement les troubles qui résultent des actions réciproques des planètes les unes sur les autres. Il avait conclu de ses investigations premières, (juc sans l'intervention du Créateur, répétée de temps à autre, les troubles s'accroîtraient dans notre système solaire au point de tout bouleverser. On sait de quelle magnifique manière les travaux de Laplace sont venus depuis rectifier eette idée presque désolante, et montrer qu'une nouvelle harmonie sort continuélleme&t des légers troubles dont Newton avait tant redouté les oonséqnenoes pour notre système solaire. H ne serait pas difUcile de

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Sttt

■■▼UB D'AtSâCB

trouver d'autres exemples tout aussi frappants du même genre. mw étude superficielle nous fait redouter, dans la nature, des troubles, des perturbations, des bouleversements inces- sants, Tôtude plus attentive des phénomènes finit toi\joui8 par nous montrer Tordre dans le désordre.

8* Mais, dira-t-on, les miracles, même dans lV>rdre physique, n*ont point été opérés ponr réparer les désordres dérÎTant de ce que rcsum du Créateur était en définitiTe impaifute; ito r<mt été, par une faveur spéciale envers l*honime en général ou envers certains hommes privilégiés, soit pour les aider dans certaines œuvres à accomplir, soit pour modifier le cours de leurs pensées. Par une moitié, la science n'a plus de prise ici. Le savant sensé n'a pas la prétention de décider quels sont ceux d'entre nous qui méritent d'aussi hautes faveurs; et plus d'un laïque ferait bien d'imiter le savant dans cette modération. Par une autre moitié, au contraire, la science a pleinement droit déjuger. Partout dans la nature, nous voyons toiyours les résultats les plus grandioses ou les plus compliqués obtenus par les moyens les plus simples ; partout il y a proportionnalité entre la grandeur de Teffet à obtenir et celle de la cause : en astronomie, comme en soologie, nous anivons à la même conclusion. Dans les miracles relatés par les bistoriens sacrés, c'est précisément le contraire (]ui frapj»e, non le laïque, il est vrai, mais le savant attentif et impartial : partout la plus étrange disproportion entre les moyens employés et les résul- tats à obtenir ou obtenus ! Dans la plupart de ces miracles, on croit voir Hercule alarmant de sa massue pour écraser un vermisseau! Que ceux de mes lecteurs, que cette eipression pourrait irriter, veuillent bien se rappeler que ce n^est point du Créateur des Mondes que je parle, mais seulement de ceux qui, dans leur fol oiguefl, le font intervenir à leur guise.

Prenons, pour exemple, le plus tristement célèbre des miracles, celui de josué arrêtant le cours de l'astre du jour. Je dis tristement célèbre^ à cause des monstrueuses iniquités

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LA VIE 7UTUBB ET LA SCIKNOB MODERNE

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et des erimeB de ltefr4nteUigeace aniqnels il a servi de pié> teite ou de cause, pres^ jusqu'à nos jours. Des tiiéologiens, quelque peu au courant de rastronomîe, ont dans ces derniers temps eherehé à ramener ce miracle à des importions plus réduites. Ce n*est point, disent-ilB, le soleil qu*a arrdté Josué (il est fort heureux que la sdence ait rafin obtenu cette con- cession); ce n'est pas m6me la terre quil a arrêtée dans sa course autour du soleil; c'est simplement du mouvement de rotation du globe autour de son axe qu'il est question, car c'est le seul mouvement qui cause la succession des jours et des nuits. Acceptons le miracle dans ces termes, et voyons les dimensions qu'il garde encore. Le miracle, remar- quons-le, est trii)lc : suspension du mouvement de rotation, rétablissement de ce mouvement, remise de la terre dans la position qu'elle aurait eue si elle n'avait pas été arrêtée (sans cette remise, rastronome moderne pourrait ai^|ottrd'hui encore constater les traces du miracle]. U s^agit à peu près, comme on voit, de Tacte d'un horloger qui. par une raison ou une antre, arrêterait le bahmcier d'une de ses horloges, le ferait remarcher et pousserait l'aiguille à llieure. Pour le laïque, cet acte est très omple^ à peine mérite-t-0 le titre de miracle. Pour le savant sensé, qui est obligé d'admettre la création des

éléments, celle du mouvement l'acte est évidemment

dans les attributs incompréhensibles, mais incontestables, de Dieu. Le savant ne conteste nullement la possibilité du miracle: il se permet seulement d^en jauger la grandeur. Or, un calcul, aujourd hui à la portée de chacun, nous apprend que la suspension et le rétablissement du mouvement de rotation de la terre, traduits en lumière et en calorique, représentent ce que le soleil envoie à la terre toute entière de lumière et de chaleur pendant deux millions d'années! Quant à la remise à point de l'aiguille, elle est numérique- ment intraduisible de grandeur. On peut ici, à bon droit, se demander s'il existe un rapport quiconque entre le but

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BSVUS D ALSàGB

attemt et le moyen emiiloyé pour Pattdndre? Le savant, rede- venant honune ordinaire (U en a le droit), pourrait peut-être demander au laïque si reocterminatîon d*une poignée de crimi- nels, même avérés, léfritimerait IVmploi de moyens aussi disproportionnés? Il itouiiait demander qui blasphème réellement : ou celui qui nie, ou celui qui afhrme. De tels récits ne ])rennent leur caractère réel, presque houflfon. que quand par la pensée nous les rapportons à d'autres mondes planétaires. Supposons que nos astronomes modernes voient un beau jour cesser pour une demi-journée le mouvement de rotation de la planète Jupiter et que, voulant expliquer le fiait, un docteur vienne dire que e*eBt le Créateur qui est intervenu là-bas pour donner à quelques scélérats le temps d*en égorger d^autres. Que durait le laïque le plus pieux dHine pareille inter- prétation?

4" Ce qui légitime, au point de \'ue historique, l'incrédulité du savant sensé à l'égard des miracles dans Tordre physique, c'est Tincompétence aljsolue des témoins qui les affirment. Pour décider si tel ou tel phénomène est surnaturel, la première condition (luo doit remplir un témoin, s'il ne veut pas être récusé, c'est d'être parfaitement informé de ce qui eat naturel, de ce qui rentre dans les phénomènes ordinaires du monde physique. Deux citations historiques, l*une portant sur des fidts tout modernes, Tautre concernant des fiiiti, hélas! bien riqpprochés de noua encore en date, nous peuvent convatnere surabondamment que les laïques pris en masse, fussent-ils docteurs en théologie, sont absolument imcompé- tents à juger un certain ordre de phénomènes. Qui de mes lecteurs n'a nommé déjà les innombral)k'S procès de sorcellerie, dont le récit fait frémir tout honiiiie de cœur, et la folie des tables tournantes qui a récemment envahi toutes nos sociétés civilisées?

Des milliers et des milliers de malheureux, sachant parfair tement le sort qui les attend, s'imaginât sincèrement et

LA VIB FUTUBB XT Uk SGIBNCE MOOBBMK 005

viennent 8*a4»Q8ar eux-mêmes d*être en rapport avec l*Bnnemi du genre humain et d^ètre mis par loi en possession de pouvoirs surnaturels ; et il se trouve nombre de graves docteurs, dont

la sottise seule excuse la cruauto, ([ui aflinncnt h" miracle et (lui envoient ces infortunés au plus atroce des supplices! Les témoins-victimes étaient pourtant même ici intéressés à nier, et ils afHrmaient.

Des milliers et des milliers de personnes, cette fois calmes* parfois sensées, quelques-unes mdme des plus lettrées, expé- rimentent sur des tables, des meubles, des billards massifs, et s'imaginent que ces objets, inanimés, s*animent tout à coup, tournent, se meuvent sans être poussés, écrivent, parlent, nous disent ce qui se passe à cent lieues de distance! £t ici encore il se trouve de graves docteurs, cette fois du moins débon- naires, qui interdisent à leurs ouailles de tels exercices, sous prétexte que le nuUin seul peut ainsi venir animer le boib de sapin !

Que reste-t-il de ces deux ordres de faits surnaturels V On sait aiuourd'bui, dans les salles d'hystériques des hôpitaux, ce que pouvaient être les pauvres sorcières. £t la folie des tables tournantes n*a pas même amené à la confirmation d'un seul phénomène sortant de Tordre naturel, disons, presque, de Tordre trwiàL Des millions de témoms laïques ont pourtant attesté les faits.

Au surplus, et disons-le bien haut si quelque chose est de nature à démontrer Tincompétcnce des laïques en matière de miracles, et à légitimer l'incrédulité du savant, c'est le peu d'effet produit par eux sur les témoins. En dépit de tous les miracles dont ils ont été favorisés, les Israélites ne tombaient- ils pas à tous moments, non seulement dans les mêmes fautes, mais dans Tidolâtrie, c'est-à-dire dans la négation même du Dieu bienveillant qui pour eux reprenait sdh œuvre de créa- tion ? Et de nos jours, quel est Teffet produit par les miracles sur les personnes qui croient en être les témoins? Y puisent^

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6m

REVUE D' ALSACE

elles une leçon de fermeté dans les sentiments du bien, une leçon de tolérance, de charité, d'amour de leur semblable, de confiance en l'avenir de l'homme? Hélas I non ; c'est presque toqjours un redouUement de fimatisme, de féroce intolérance, de foreur ateugle contre toute contradiction, qui est la suite du prétendu mîradel H ne serait que trop &cOe d'en ei^l^ quer les raisons.

Tel ne serait certes pas l'effet d'un miracle sur l'esprit du savant; disons cette fois, sur l'esprit de tout homme sensé et intelligent (lui aurait la joie d'en être le témoin. A la vue même du miracle, c'est-à-dire de la manifestation de la Puis- sance créatrice, cet homme serait transformé : il cesserait de

douter, d'avoir des comictions, de croire il saurait!

Pour cet homme, sûr désormais de son lendemain, la douleur sous toutes ses formes, la souffrance morale et physique, ne serait plus qu'une épreuve transitoire et presque joyeuse. Le mot vertu serait rayé de son vocabulaire; car la vertu suppose un effort dans raccompliflsement du bien, une résistance interne à surmonter, un doute sur le lendemain. Cet honmie en un mot, à la vue mémo d'un miracle, cesserait d'être un homme.

Jusquici, et quels qu'aient pu être ses désirs et l'éneigîe de sss sspiratîons, nul savant n'a été ainsi favorisé. Conti- nuons donc, dans l'obscurité oh nous sommes plongés, à chercher notre lendemain, en nous laissant guider par la

raiBon et le bon sens, et par l'observation honnête et impar- tiale des phénomènes dont la nature uous rend témoins.

G.-Â. HlBK.

Colm&r, août 1881.

(La fin àla pndktàMUmâÊon,)

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QUELQUES PROVERBES

EHRENFRIED SÏŒBER

(Pfose stniboargeoitt en m iiiBctis)

Belle chose, un proverbe ! on croit faire rencontre De quelqu'un qu'on connut autrefois, d'un parent! 11 est le bienvenu! Sou effet est puissant, Il s'impriiue en notre âme, et chacun, s'il se montre. Lui sourit de tout cœur! Un beau dicton nous dit: Lt vrai par le proverbe entre d&ne notre eepriti Mais ce proverbe n*eet pas toqfours Tdritable, Et bien souvent un autre est bien plus applicable: Fùmt de règle qm t^ait guelgfuee exeeptm n est mainte maadae aui applicattons - Nombreuses, et Ton peut s'y tier. Au contraire 11 en est d'autres qui ne font pas tant l'affaire, Qui ne valent pas même un seul grain de cumin, Qui sont comme l'argent contenant de l'étain, Du plomb, en grande masse; ou bien comme une pièce De dix sous, tout en plomb ; ou comme ce jeton Que, dans un cabaret, quelques filous, ditron, A quelques paysans donnèfent pour quarante Francs en or, les Toleurs! Ce qui me mécontente, Cest qu*on n*ait encor mis la main sur ces brigands. Mais, d'un autre côté, pourquoi les paysans

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BBVOB D'ALSàOB

Dans leur a\idité se montrent-ils si bêtes V

Assez d(^ ça, lecteurs! Venons h nos moutons!

A maint proverbe il faut quelques bons interprètes

Pour en doDiier le sans. On ferait des sermons

En trois points, très sa?ant8, et dont quelques dictons

Feraient le texte, et tout ce que Tauteur n'explique

Dedans le premier point, il le dit au second.

Mais, après le dernier, comme en marchant en rond,

On se retrouverait de façon méthodique

Juste au point de départ: le texte du sermon.

Je voudrais ressayer. Si vous le trouvez bon,

Au vrai bonheur du pot, fourchette en main, j'en pique

Dans la grande marmite et puis vous les explique

Pour vous faire saisir leur sel et leur raison.

I

Jai vaut hieri mieux que Si-javais,

Oui ! Jai n'est vraiment pas mauvais! Rangé, solide, il aime Tordre, Est incapable de démordre De Tavantage qu'il vous lait. Et Si^avais tout au contraire Vrai charlatan n*aime pas faire Honneur à ce quil nous promet Cest un vantard, à la promesse Facile, une outre qui s*affiusse Au moindre aiguillon qui la blesse ! Jai possède un très grand crédit Pour Si-^avaui chacun en dit Qu'il va nous faire banqui route. Cet homme, très adroit, sans Uoute, Dit: « Voici des monta^nu-s d'or, « Venez partager ce trésor! « Accourez! » Ce charmant mirage.

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QUELQUES PROVERBES DE EBRBNFRŒD 8TŒBSR

Lorsqu'on répond & son apfel, S'évanouit, comme au nuage L'on voit se fondre l'aro^n-ciel! Jat nous donne eomptant. Par eoitre Si^faorni de son doigt nous montre Ce qu*il Tout nous donner, demain, Ou le surlendemain matin. Ou bien encore, caisse ouvertoi Quand la neige tombera Terfeel Monsieur Jot n'est pas muscadin : Il porte un habit très modeste, Bourgeois de coupe, mais du reste Très propre ! Voyez Si-javnis En habits aux procluiiiies niodes liien moins élégants (lu'iiicoiumodoà ! Voyez comme il se uu t en frais Et de jabots, et de manchettes, Mais qui sont, hélas ! en papier ! Monsieur Jat fait toiyours honnêtes Afiaires ! car c'est un banquier Solide. Enfin Jai e'est un bommel Pour Svjmmêt ehl qu'on le nomme Bète, animal I car c'est un fou, Un grand toqué, vrai casse-eou. Un être privé de vergogne. Faisant du bruit, point de besogne. Ce dicton n'est donc pas mauvais :

Jai vatU bien mieux que Si-Javais/

n

rréfcrons moineau smis le doigt

A la cigogne au liant du taitf

Ce dicton ne peut trop me plaire. Car, amis, que pourrait-on fidre

un» D^ALBâOB

D'une cigogne V Et le moineau,

Si je possédais cet oiseau,

J'aurais pour toute jouissance

De le rendre à l'indépendance.

D'un ffrossier on dit qu'un mnmtm

JStt caché deuout §on {kojfeau!

Lliomme sans mollets se renfrogne

Quand un gnmin dit: t Qu'U est beau

« Cet homme anzjanibss de cigogne!»

Hais rerenons à mon dicton :

En le citant, que pense4H>n ?

Ehl je crois, en toute apparence :

Un gam certain, quoique petit.

Vaut beaucoup mieux qu'un gros prqfii

Qid n'existe qu'en espérance.

Le dicton de Jai qui vaut mietcx

Que Si-javais dit même chose.

Maint homme avant d'être trop vieux

A sa fortune faite. Il ose

La hasarder pour l'augmenter

Sans cesse. Il s'en va les prêter

Ses écus, ses doublons. En place

n reçoit un papier timbré

Sur lequel son débiteur trace

La somme quil doit, à son gré

Lui rembourser. Mais il le garde

Longtemps! trop! car le débiteur

Se sauve, emportant par mégarde

La somme!. . Un antre est possesseur

De quelques florins, mais ignore

Notre dicton, et les dévore

En achetant force billets

De loterie. Un autre encore

Est assez bête, assez niais

D'en donner pour qu'on lui découvre

Trésors cachés. Aussi qu'on ouvre

Et les oreilles, et les yeux,

Pour ouïr, tenir en estime,

Kt pratiquer (ce qui vaut mieiUL)

Cette vieille et sage madme :

Mieux vcmt un mokmau sous le doigt Quê la cigogne au haut ék toit/

m

Avec le dteu Mieux vaut un pou Que pas de viande f

Ah! quel dicton! Se moque-t-on ? Je le demande! Qui met à bas De pareils plats £t s'en régale, Jo crois qu'il est, Ma foil siyet A la fringale! Manger un pont Faut dtre foui Manquer de viande Vaut mieuxl H fiiut Que sous le mot On sotts-entende, Cache aux lecteurs, Dessous les tieura De rhétorique. Un sens plus droit

6H RBVUE D ALSACE

£t que l'on doit Suivre en pratique. Supposons donc un cas de contestation Avec quelque voisin! D*une transaction Voyez-vous le moyen ? Mettes, pour peu de chose, Fin à votre combat Quel que soit le succès Que vous &8se espérer la bonté de la cause, Maigre transaction vaut micn.c que fjras procès/

Voilà i)our(|U()i je recominaiuli!

Ce vieux dicton : Avec le chou

Mieux vaut tm pou Que pa» de viande/

IV

Ce qn'un oif:o)i caqtdte Tout autre le répète!

Oui! c*est la pure vérité!

Chacun sait combien c*est facile

Dans les campagnes, à la ville,

De répandre une fausseté,

Et cela iiiêuie sans attendre

Que ce soit le premier avril !

Combien de fois put-on Tentendre

Ce bruit que, malgré tout péril,

L*autre était sorti de son Ue,

Et, nous redit maint imbécUe,

U vient, suivi d*Américains,

Rallumer la guerre civile

Soutenu de noirs Africains!

Mais riiomme <lésirant nous vendre Son ours, viendra nous faire prendre Sa blague pour un lampion. 11 prend la plus petite mouche :

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QOBLQniS PBOVBBBM SB ■HBBKFBBD STŒBBE

De son iinaf^ination Il l'a^^Miidit, et de sa bouche 11 dit (lue c'est un él(^phant. Un autre alors, tout triomphant Dit qu'il Ta vu. De porte en porte Le bruit court, se répand, de sorte Que dHm monstre horriblement grand Chacun afiOrme Texisteneel n existe, car femme, enfant, Vieillard en donnent Passurance, Puisque (le prouverait-on mieux?) La feimiie et I cnlVint et le vieux L out tous vu de leurs propres yeux !

Maintenant parlons de la mode ; Des sots rinventent On la suit Gomme à TeuTi Bien incommode

La voit-on souvent. Est-il dit

Au moins qu'elle boit élégante?

Oh ! nia foi non ! car on invente

Des objets au moius singuliers:

Des habits carrés, des souliers

Allongés en becs de cigogne

Qu'on ose porter sans vergogne!

Eh! eroyes-Yous qu*ils soient bien beaux

Ces grands manteaux A capuchons, qu*on voit au dos Des dames, même les plus fières?

Combien voit-on de ces commères, * Combien voit-on de ces niais, Croyant encor tant aux sorcières Qu'aux sorciers et qu'aux feux follets? A la nonne qu'on aurait vue Dedans la rue

Nouvelle Série. i(r* année. 88

514

tmrm d'alsaoi

Sainte-Claire, au petit l iieval A trois jambes, au bacchaual Que fait la chasse furieuse, A mainte histoire curieuse ? Pourquoi tous ces gens y croient-ils? G*est que leurs bonnes, Gréte-Léne^ Ou Suze-Barbe,* avaient sans peine Inculqué ces contes fùtils. En les berçant, à leur enfance. Aussi croyez en assurance A ces mots sages et subtils :

Ce qu'un mon eaquèiet Tout autre le répète.

V

Mon (uni, ne ra pas éteindre Lejtu qui ne te brûle pas/

Eh ! vous ! que dites-YOUS là-bas ?

Affireux dicton! U est à craindre

Qu^un jour on ne tous prenne au mot,

Si par hasard le feu, grand sot,

Prenait chez vous!. . Eh!. . je m'adresse

A vous! qui dans votre sagesse

Nous prèt'liez de nous abstenir

D'aider nos voisins en détresse.

Ne devons-nous donc pas unir

Nos forces pour nous secourir,

Nous, frères, nous qui sommes membres

D*nne famille ayant pour chambres

Villes, villages et hameaux?

L*on crie : au/eu/ Qui donc hésite?

* Marguerite-Madeleine. ' Suzanne-Barbe.

QOILQUSS PAOVSRBBS DE BHRBNFBIED BTCEBER

Chacun vient, apportant des seaux, La foule accourt, se précipite Et ne demande pas d'abord : Caiez qui? Quand par funeste sort Le feu s^étend et quil crépite, Menaçant tout de son courroux, Oii qu'il puisse être, il est chez nous!

Mûs ne suis-je pas trop acerbe En bULmant Fancien proverbe ? Eh! je crois entendre le vieux Qui Ta lancé : f Sachez donc mieux L*apprécier ! Sachez, mes frères. Qu'il est tel Mmsieur MiUeffinres Qui voudrait partout imposer . Ses volontés, dans le village, En ville, se croyant seul sage, Seul capable de proposer De bons avis. Qu'on ait à faire Election ou d'un curé. D'un garde champêtre ou d'un maire. L'on voit ce grand homme affairé; L'on croit qu'il a plein ses culottes Do fourmis! Il fait les plus sottes Contorsions! Ce Gros-Colas Ne le voyez-vous pas étreimlre Fins que fi'embrasf^ent >?r.s^ deux hrasf On devrait, ma foi! le contraindre A ne plus faire d'embarras, Lui disant : Ne va pas éteindre Le feu qiti ne te brûle pas/

VI

Qui prend la chèvre, m prend la garde !

Un tel se dit : je me hasarde A prendre femme, et va bientêt Epouser liUe à riche dot.

RKVT7B D'ALSAOI

Et qui lui donne chaque année

Un enfant ou bien même deux*

Lui, content de sa destinée,

Dès le matin, peu soucieux,

Va se régaler à Tauberge.

Après dîner, il se goberge»

Avec ses amis, au café,

Et, le soir, à la brasserie

S*en va pour faire, sa partie

Et laisse pendant tout ce temps

Sa femme seule, et ses enfants;

Et les petit;;, en conséquence

Deviennent gibiers de potence,

Et la femme lui fait des traits

Qu'un contrat ne pn voit jamais:

Am»i bien ! cela le regarde

Qui prend la cJièire, en prend la garde/

Un autre croit qu'on le devrait

Nommer maire ou même préfet

Est-il au pouvoir, il ne fait

Aucun travaU d*aucune sorte

Car il se dit alors : tQuIoporte!

Je ne fus que ce qui me platt?

A mon a4joint, aux secrétaires

Je laisse le gros des affiures. »

C'est ainsi qu*on vit autrefois (Chaque enfiEuit le sait) certains rois Qui devaient gouverner la France Se dire : Ma foi! le bon IHeu

Est un brave homme. Il y a lieu

De laisser h sa Providence

Tous les soins du public bonheur!

(Pourtant il leur tenait à cœur V)

QUELQUES PRON'ERBES DE EHRBNFRIEO STCEBBB

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Aussi! n*a?«eiit-i]s pas leurs nmres Du ^Udi qui de leun affiUres Les soulageaient? Oui! tant, Je crois, Qu*eux-mdmes ils devinrent rois. Ces Fainéants fÇ^ les regarde:

Qui prend la chèvre, en prend la garde !

vn

(Mmi mragèê n'mt leur pareonn Que pendant Uun rmf jouir» !

Quel dur toinj)s, pour les gens honnêtes, £tait le temps des Jacobins ! Clavel ' dirigeait de ses mains Dans ce temps les Marionnettes, ' Allant sur son petit cheval Par la ville, il faisait du mal, Punissant ceux qui, par m^garde, N^avaient pas mis une cocarde Aux trois couleurs à leur bonnet! Et Ton dit même quil fallait Que chaque femme en portât une Au bonnet rond. Mais par fortune On ne leur en demande plus Autant! Oh! les san|L,dauts abus! £n emmenant la «guillotine Alors Schneider * se promenait ;

* Jngp fonetiomiuit à Pépoqne de U Tenrmir.

* Les marionnetiei, lobiiqnat atrasbourgeois pour la jastice de paix, 00 tribunal de limple police.

' Schneider, prHrt cMmamâ, Tenu à StraBboaivsnrl*appel dn maire Dietrich, devint accniatenr pttblie, fit tomber trente-et^mie tdtes tant à StrMbomg qne daaa d'aatvw Tilles dfpartemem du Pas-HhiBi

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518 BBvmt d'al8aob

Alors Téterel et Monnet * Savaient faire plier Téchine De tout le monde. On s'acharuait Surtout contre la cathédrale, Cettt' bûtisïie sans rivale, Ornciui'ut (le notn^ cité! Et puis, on C'tait molesté Par ces guoux de la Propapjande Qui nous menaient avec leur grande Moustache, et leur air efirouté, £t leur affreuse carmagnole. Tous ces gens étaient dans leur rôle. Quand, par des actes de fùreur. Us excitaient notre terreur. On se rappelle leurs manières. Mais tout cela ne durait guères ! Oùens enragés n^ont leur parcours Que pendant leurs neuf jours f Mais il est d'autres personnages Aussi méchants, qui, (l;in.>. leurs rages. Tout aussi fort nous tourmentaient Toutes les fois qu'ils le pouvaient Ces gens, ce sont les fanatiques !^ Ils ne viendront plus dominer. Si le sort devait amener

* Monnet, successeor de Dietrieh à la mairie de Strasbourg, entra en foncUona le SI jaiiTier 1793. Monnet et Téterel étaient les chefr dn parti des Jacobins firançais.

* On peut mettre en note le distique snitant dm môme aatenr :

Définition. Qu'est-ce donc qn*nn Jésuite? Un homme qui Jésus évite. L'auteur ûdt aUnston à la terreur blandifl et aux guerres de religion .

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QUELQUES PROVERBES DE EHRENFRIED 8TŒBER

Des gens aussi peu pacifiques Au pouvoir, pour nous bourreler, On dirait, pour s*en consoler, Ces mots, si vrais, si laconiques :

Chieii.< cïirdfih n'ont leur parcours i^ue pendant leurs nei{/ jours/

Traduit à Ilioz (Hauto-Saôue), 17— 22 juillet l&bl.

Ch. fifiRDBLLÊ.

MATÉRIAUX

FOUI 8BEVI1 A

L UIST01B£ LA Gl£RRË DE TRENTE MS

tirés des arclaives do Colmar

(SêtUe)

13 janvier ^ décenUfre 1641

Opérations du baron d'Oysonville sur la rive droite du Rhin; le général Gilly de Haes le repousse et menace l'Alsace; diète de Ratis- Jbonne; insuffisance de l'amnistie qu'elle pro- cure; négociations de Hambourg- entre la France, l'Empire et la Suède; Munster et Osna- bruck désignés pour y traiter de la paix. Le baron (!'( )ysoiiYille, que la cour de France avait envoyé à. Brisach comme licutenant-f^énéral du roi, écrivit, le 14 février, à la ville de Colmar pour lui demander trente soldats de sa garnison allemAnde, dont il comptait se servir utilement, en leur faisant «gagner quelque chose ». Le magistrat s'empressa de mettre ce petit renfort à sa disposition, et profita de Tocca- aion ponr faire remarquer à d'OysoniriUe, qull avait n^ligé, dans la suscription de sa lettre, de qualifier la Tille dimpériale.

L^homme de guerre avait projeté une eipédition contre Oilenbouig et les petites places voisines, toi^ouis occupées par les Impériaux. H nianda à la ville, le 8 mars, par une

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HUrilUllUB DB LA OUSBRB DE TRENTE ANS 591

lettre datée de Willstett: t J'ay pris d'abord le chasteau de Willstett par ctmipoaltioii, et en Buitte la ville d'Oberkirchpar assaut, oli J'ay rayné la compagnie de eavallerie d'Offenbouig qui y estait logée; J*ay mis garnison dans le chastean d*Orten- berg et en la ville de Gengenbach; llnftnterie est icy à Wilstett, en un lieu bon et commode. »

Ce succès ne fut pas de longue durée. Le 17 mars, v. st, le noble Henri-Christophe Truchsess de Rheinfelden entretient le syndic Saltzmann de Téchec que les Français avaient éprouvé à Willstett, à la suite duquel le rittraestre Bissinger se propo- sait de passer sur la rive gauche du Khin, pour y rallier les soldats lorrains enrôlés contre leur gré sous le drapeau do la . France et pour faire ensuite sa jonction avec le général Qilly deHaes.

Il n'en fUlait pas plus pour &ire prendre Falanne an pays : le ^ avril. Cl«« écrivit « d, t Nous ne doubtons nullement que tous ne soyez adverty de

ce qui s'est passé naguère de delà le Rhin, et que l'ennemy ayant repris toutes les places que M, le baron d'Oysonville avoit occupées, et mesrae (h'faict quelques gens et chevaux et pris prisonnier le colonel lieutenant Rose, après s'estre joinct avec d'aultres troupes (par lesquelles on le tient fort de six mille hommes) s'avance vers Brisach, ayant depuis pris par accord Mahlberg, avec intention, comme on dit, d'attaquer Fribourg ou Neubourg et par ainsi commencer une blocade de Brisach. Estant donc adverty de bonne part que le rittp mestre Bissinger, qui sait toutes les commodités du pays, estoit résolu de passer le Rhin avec quelque cavalerie. ... et que niesme l'ennemy se pourra jetter avec toute son armée de dessà, où, ne trouvant aulcunc résistance, il pourra peut-être occuper Tune ou l'autre place, au grand préjudice du roy et à la ruine du pays. C'est pourquoy. . . nous n'avons voulu man- quer à notre devoir de vous en donner avis. . . sachant que les garnisons de ce pays ne sont en estât de pouvoir resistte

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RBVini D'ALSACB

à telles forces, Horbourg et Guémar n estaiit ^'ardés que par quelque peu de soldats de la ganiisoii de cette ville... et trouvons fort à propos, pour obvier aux courses de Tennemy, si on mettait des gens à Berken, par lesquels on pourrait estre adverty par une ranonade, tout aussitost si des trouppes se monstrent. » (FroL miss. galL)

Montaiisier répondit le 18 mai, de Paris : t Je tous aj tn^ d*obligation de la fiiueur que uous m'avez faict de m'ecrire, et de me mander si particulièrement ce qui se passe en vostre quartier. . . j*en ay adverty H. des Noyers, qui m*a assuré que TOUS aurez tout le secours que tous scauriez désirer, lorsquil en sera temps. Je partlray blentost dicy pour me rendre auprès de tous, afin de remédier aux choses nécessaires de délia, et, s*il est besoin, employer ma personne et ma vie pour vostre conservation et de vos biens et familles, qui ne rece- vront aucun mal ny préjudice que je ne coure la même fortune. «

Avant de s'adresser à Montausier, Colmar avait pris son recours aupr^^s du j^énéral-major d'Erlach et en avait obtenu la promesse d'un secours de trois ou quatre cents hommes . Pour éviter les surprises, le $:^ouverneur de Brisach s'était engagé en outre à enToyer de fréquents partis en reconnais- sance, et Ton était conTcnu d'un système de signaux par le canon et le tocsin, pour aTertir le pays de rapproche des ennemis. (Frot. mtts. lettre à d'Erlach du 12 avril, et lettre à F^. Moser de Filseck, 21 avril, aTec la réponse du 27 avril)

Une lettre du résident Mockhel, du 15 avril, jette quelque lumière sur l'ensemble des mouvements des belligérants. Quand le baron d'Oysonville s'était cru assuré du succès à Wilstett, de plus grands desseins avaient germé dans sa tête, et il avait demandé à la fois l'approbation du roi pour Tentre- prise commencée, et du renfort pour la continuer et l'étendre ; on lui accorda tout ce qu'il demandait et, le 13 avril, Colmar avait même écrit à Mockhel, s'il était vrai qu'une armée de

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HISTOIRE Di: LA, GUERRE DB TRENTE ANS

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six mille Français allait passer les Vosges. Mais la nécessité otL d'OysonviUe 8*était trouvé d'éparpiller ses troupes, avait permis à Gilly de Haes de les détruire en détail, et ce premier avantage avait suggéré aux Impériaux la pensée dHin retour plus oflfonsif encore.

n est vrai que Gilly de Haes avait congédié les huit ou neuf cents hommes qu'il avait tirés des places inférieures, et envoyé Tartillerie à Offienbourg, ne gardant auprès de lui que cinq cents cavaliers et six cents fantassins, avec lesquels il devait se retirer dans le Wûrtcmberç. Mais d'autres troupes se concentraient derrièr»; la ForAt-Noire, et le feldinar(^chal Geleen arrivait de l'Eizer avec, sept réjiimeuts ; il avait déjà traversé le tei ritcdre de ('uliubach et celui de Nuremberg et allait faire sa jonction avec (iilly de Haes sur les bords du Khin. Â ces détails Mockhel ajouta : « Ou peut donc être certain qu'à moins d'une diversion, il se passera bientôt dans notre voisinage des événements d'une haute gravité, et que nous avons par devers nous une saison bien agitée : cependant on conjecture que le Brisgau risque plus que TAlsace, sauf le mal que peuvent nous Cure sur la rive gauche ceux qui se disent nos amis. »

Ces conjectures ne se réalisèrent pas complètement. Le 24 juin, Mockhel fut averti de Strasbourg, qu*on signalait entre StelUngen et Zoll seize bateaux gardés par huit bateliers et seize soldats, que ces gens attendaient d'autres bateaux encore pour faire passer le Rbin à six cents chevaux logés autour de Schwartzbach. D'un autre côté uu corps de cinq cents cava- liers s'était montré ;\ Hausbergen et à Geispitzen. Le résident transmit ces nouvelles h Colmar, i)ar une lettre du 25 juin.

C'était Gilly de Haes en personne qui faisait son apparition sur la rive gauche, oii il parvint à se faire ouvrir le château d'Ichtratzheim. Il y reçut la nouvelle de la défaite des Impé- riaux a Wolfenbttttel, par les troupes françaises réunies aux troupes de Eesse et de Brunswick, le 19 et le 20 juin, ce qui le

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décida à repasser le Rhin et à se retirer h Oberkirch. Mockhel fit encore part de ce succès par une lettre du 1" juillet: à cette nouvelle, la ville fit tirer le canon et ordonna de célébrer un oilice d'actions de grâces. {Frot, misa* lettre k Mockhel du 3 juillet.)

Mais peu de jours après un nouvel incident vint troubler la ville dans sa quiétude : le 10 juillet, entre 10 et 11 heures du soir, un paysan de Winzenhoim vint en courant et en che- niiae, annoncer qu'un fort parti de cavalerie aTait pris possession du village, et qull avaH arrdté le riitmestre qui en ayait le commandement, et pillé quelques maisons. A ce moment, quelques officiers généraux prenaient les eaux à Soulzbach, et la ville craignit que ces cavaliers ne fossent venus du pays bas on de la Lorraine pour enlever les baigneurs ; elle fit tirer le canon d^alarme, et envoya des mousquetaires en reconnaissance. On upjjrit ainsi que le mouvement s'était fait sous les ordres du rittmestre Mepas qui venait prendre ses quartiers à Winzenheim : la ville fut quitte d'envoyer la môme nuit une estafette au général-major d'Erlach pour dis- siper Talarme que le canon lui avait donné. (iVo<. misa.

10 juillet ir>41.)

A ce uiument, les travaux de la diète de Ratisbonne et les négociations de Hambourg avaient pour la ville plus d'impor- tance que les opérations de la guerre sur les bords du Rhin.

£Ue avait à cœur de savoir comment le D' Marc Otto, député de Strasbourg à Batisbonne, s'était acquitté de la mission dont il s'était chargé, en novembre, pour la chancel- lerie impériale, et quelle tournure prenaient les délibérations de la diète pour les intérêts de Cohnar. Par deux lettres du 15 mars (IVoi mû».), elle s*en informa à la fois auprès de Strasbourg et de son agent près de la diète.

Sur le premier point, le D' Otto lui manda, le 13 avril, que, quoiqu'il eût exactement remis le mémoire dont il était nanti,

11 n'avait pas obtenu de réponse et que, dans l'état des choses

HI8T0IBE DB QVXBSM DE TBBMTB ANS 525

actuel, il ne comptait pas en recevoir; que toutefois ou pou- vait coigecturer, que si la cour impériale n*avait pas été satisfiiite de la justification de Colmar, elle n^aurait pas man- qué de laisser percer quelque chose de son mécontentement.

Quant au second point, le D' Otto avait attendu pour pro- duire les réclamations de Colmar, qu'on s'occupât do la rédaction des griefs généraux des villes. Mais à son avis, le soin des intérêts de Golmar exigeait plus. Le collège des électeurs et des princes avait stipulé eipressément que Tarn- nistie, dont la diète avait à s'occuper, n'aurait son plein effet que quand tous les Etats de l'Empire seraient rentrés sous Tobédience de l'empereur. Colmar étant de fait sous la pro- tection d'un souverain étranger, il y aurait lieu pour la ville de prendre ses dispositions pour ne pas être exclue, non plus que les autres Etats dont elle partageait le sort, du bénéfice de ladite amnistie.

Dans sa réponse, datée du 5 mai, la ville de Strasbourg touche aussi à la question de Tamniâtie.

De ravis de toutes les villes qui prenaient part à la diète, le meilleur moyen de rétablir la paix, c'était d'accorder à tous les Etats compromis une réconciliation générale, qui aurait ramené la situation sur le pied oii elle était en 1618; mais la nuqorité du coU^ des électeurs et des princes voulait res- treindre cette absolution aux actes passés en matière religieuse depuis le 12 novembre 1627, en matière politique depuis 1630. Ne pouvant pas s'entendre, les Etats étaient convenus d'ajour- ner la question de l'amnistie et de ne la reprendre que quand on aurait examiné à fond les griefs du parti protestant : cette question était la pierre de touche l'on devait éprouver ce qu'il fallait attendre de la diète : si elle ne témoignait pas d'un sincère désir de conciliation, il en résulterait une dissolution immédiate; si au contraire, elle se prêtait à une transaction nécessaire, Strasbourg jugeait qu'elle ramènerait par tout le monde au parti de l'empereur, qui pourrait ainsi dicter la

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paix à l'Europe. En attendant, Strasbourg avait donné ordre à son député de faire de son mieux pour ne pas faire exclure de ramnistie ceux des Ëtats qui étaient au pouvoir de Tétran- ger ou qui, pour d'autres causes, n*avaieiit pu adhérer à la paix de Prague, k laquelle Ut diète voulait soumettre les q»posant8.

Les deux dates au delà desquelles Tanmistie no pouvait pas remonter, semblaient choisies tout exprès pour en fidre exclure

Colmar. A la rigueur, on pouvait épiloguer sur la première date et distint:uer les ordres donnés des mesures prises pour la suppression de la réforme, mais pouvait-on séparer la ques- tion du culte de la question purement ci\ileV accorder la liberté religieuse avec l'exclusion des protestants du pouvoir'? Si Ton rendait le gouvernement aux hommes de 1630, ne serait-ce pas ramener au pouvoir le parti catholique, à la sol- licitation et avec la coopération duquel la réaction religieuse s*était faite en 1627? La ville écrivit, le 18 mai, au D' Otto, et, le 18 juin, au résident Mockhel, pour appeler l'attention sur les conséquences d'une amnistie particulièrement illusoire et restrictive (Prot. miss.). On sait du reste que la diète, livrée tout entière à l'influence de la maison d'Autriche, ne put aller jusqu'au bout dans la voie de Tapaisement : la ville eomijrit de bonne heure qu'il ne lui restait d'espoir que dans la conti- nuation de la guerre et dans le succès des négodations ouvertes entre la France, r£mpire et la Suède.

Cette dernière couronne était toigours représentée aux conférences de Hambourg par son ambassadeur Jean Adler Salvius. Aux yeux de la ville de Colmar, il était plutôt que Pambassadeur français, le défenseur des Etats protestants en général, le sien en particulier, et elle sentait Pavantage qu'il y aurait de lui recommander ses intérêts: une lettre du 24 février entretient le résident Mockhel de ses préoccupa- tions {Prot. miss.).

Ce fut d'accord avec ce dernier que la ville écrivit, le

Digiti^

UISTUIBB DB LA OURKS JM TKBMTB ANS 597

19 mars, à Salvius {Prot. miss.). Elle commença par lui rap- peler les titres qu'elle avait à la protection de la Suède, les bienfaits qu'elle en avait déjà reçus, les preuves d^intérêt que Salvius môme lui avait données, la bienveillance que lui avait vouée le résident MockheL Dans la paix qui se négocie, Colmar doit avant tout viser au maintien du culte tel qu*il a été rétabli en 1632, grâce au succès des armes suédoises, et tel qull s'est pratiqué depuis 1575 jusqu'en 1627. Â cet effet il fondrait que la Suède, fidèle à la mission qu'elles'était donnée, et à laquelle son roi avait sacrifié sa vie, fit insérer dans le traité des garanties spécialement applicables à la ville, et si pour cela Tambassadeur juge qu'elle doive se faire représenter par quelqu'un des siens, elle est prête ù charger un député de prendre part aux négociations.

Cette lettre lut envoyée à Salvius sous le couvertde Mockhel Le résident en accusa réception le 29 mars, et, dans sa réponse, il parle des négociations entre la France et la Suéde pour le renouvellement du traité de Hambourg et pour les prélimi- naires de la paix. Après avoir longtemps tratné par Teffet des intrigues de l'ambassadeur impérial, Conrad de Lûzow, ces négociations paraissaient alors à Salvius en meilleure voie. Pour les activer, un jeune gentilhomme français (de Saint- Romain) était parU pour la Suède ; les saufe-conduits suédois pour les députés des Etats allemands étaient parvenus h Hambourg, et Ton était convenu que les négociations pour la paix se continueraient séparément entre la France et TEm- pire, d'une part, entre la Suède et l'Empire, de l'autre.

C'était le résultat du concert qui s'était rétabli entre la France et la Suède. Devant cet accord, l'Empire dut s'incliner, et, dans sa lettre du 15 avril, Mockhel annonça à Colmar que ses représentants se résiji;naient de i)lus en plus i\ traiter sérieusement de la paix, et que, si la France n'y mettait plus d'cmpôchements, comme on pouvait Tespérer, Tannée ne se passerait pas sans que les négociations fussent sérieusement

5S8 BBVUB D^AIAàOB

engagées ; Salvîus avait même reçu ordre de le notifier aux Etats allemands confédérés. Les saufs-conduits qui, à la date du 29 mars, devaient déjà

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être amvés à Hambourg, ne sont datés que du ^ décembre; ils fùrent émis par les ambassadeurs des trois puissances, et affectent aux conférences préalables les villes de Munster et d*Osnabmck, qui furent neutralisées. Ki le comte d'Avanx, ni Conrad de LQzow ne comprirent les ydles d^Alsace parmi les Etats qui auraient la &culté de s'y faire représenter. Mais dans le sauf-conduit signé par Salvius, un article spécial convie, d'une manière générale, les Etats de l'Empire alliés à la Suède à prendre part aux travaux diplomatiques qui devaient, par la paix de Westphalie, rompre définitivement la prépondérance de la maîbon d'Autriche en Europe.

Le dossier se clôt par une lettre du marquis de Montausier, dtt 29 décembre, par laquelle H annonce à la ville quil a été appelé en France par ordre du roi, et lui iisit ses adieux avec autant de dignité que de courtoisie.

X. MOÔSMANN.

(LamdkàUtpnAamiÊUoroiton^

SGÈNËS Ëï PAYSAGES DËS YOSGËS

II. Forêts et Forestiers *

Quiconque s'intéresse aux arts et à la littérature de l'Alsace doit connaître le joli album de Théophile Schullcr consacré ma schlitteurs et aux bûcherons des Vosges. La librairie Berger-Levranlt, dont Pannezion allemande a Mt transporter les presses à Nancy, vient de rendre on réel service aux ama- teurs d*alsatiques par la publication d*une nouvelle édition de ce cbaimant recueil. En même temps les éditeurs de cette œuvre remarquable à tant de titres se sont honorés par un acte de patriotisme, car patriotisme il y a, dans toute la force du terme, de mettre à la portée de ceux qui aiment leur pays tous les travaux susceptibles de leur faire mieux connaître les choses de la patrie. Mon intention n'est pas de vous soumettre une étude critique de Tœuvre de Schuller. J*ai simplement voulu rappeler à Tattention des lecteurs de la Mevue Alsace les compositions charmantes, dans lesquelles ce sympathique artiste a représenté le genre de vie particulier de nos forestiers des Vosges, avec une grâce et une précision auxquelles ne peuvent prétendre nos tableaux descriptifs.

* Voyez la Fem^ d'Ahnœ, année 1878, page 88 Les Bûcherom et les Schlitteur$ des Vosges, album de 40 dessins originaux, de TiiÉOPini.R Schuller. Texte, par Alfkkd Micuiels. In-i®, Berger-Lerrault et C«, éditeurs à Paris, me des Beaux-Arts, 5.

NottTeUe Séne. lO» aaoèe. 34

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630 BBVUB D'ALBAOI

Essayez donc de feuilleter Talbam des bûcherons si vous pre- nez la peine de jeter un coup d'œ'û sur le.^ jiaiîes qui vont suivre. Vous n'y ajouteriez pas de meilleures illustrations.

Pour saisir sur le vif l'existence ou la manière d'être des forestiers de nos montagnes, il faut monter sur les tlancs du Ilcrrcnberg ou dans un des vallons sup^eurs du Laucben. Voici précisément une coupe nouvelle pratiquée dans une futaie de sapins noirs, près d*une des sources de la Fecht. Quantité de grands arbres gisent k terre, les uns encore entiers et ébranchés à peine, les autres sciés en morceaux longs d'un mètre et prêts à être débités en bûches. Au milieu de -cet abatis, une cabane s'adosse contre un escarpement rocheux. Construction très simple dans son exécution et par son plan. Des trunis de sapins et des écorces ramai>sées à l entour composent tous les matériaux du rustique édifice. Les troncs placés les uns à côté des autres forment tout à la fois le pignon et les parois latérales, tandis que quelques branches soutenues par des poutres dessinent un angle en formant le toit En place de tuiles, ce toit est recouvert d'écorces. Pour fàire la cuisine k l'intérieur, il y a un foyer ménagé dans l'un des coins contre le rocher. Un trou dans le toit livre passage à la fumée bleuâtre et aux vapeurs que nous voyons tremblo- ter au-dessus. Une planche retient les cendres du foyer. Une autre planche encore sert de cadre au lit. Quel lit! Point de matelas, ni d'oreillers, ni de couverture, ni d'édredon, ni de drap. Dans les cabanes de bûcherons, on se couche sur de simples ramilles de sapins entassées derrière la planche que nous avons remarquée. On y dort dans ses vêtements comme les animaux dans leur fourrure.

Ces huttes, de la simplicité la plus primitive, sont remplacées sur certains points par des baraques quadrilatérales faites avec des arbres en billes couchées les unes sur les autres, avec des bûches de bois de chauffage et des planches. Alors la coubtruction exige plus d'art; maib elle redite bi buâbe qu'uu

BOftNis sr PAtBAon on tosobs 681

homme de grande taille ne peut s'y tenir debout Des encar drements do planches destinent autour de la pièce une sorte d(; divan rustique. Voulez-vous entrer par la porte vous êtes obligé de vous plier vii deux. Au milifu se trouve le foyer en pierres sur lequel se place le rliaudron ou la i)oêle, et dont la fumée s'échappe par une sorte de cheminée des bûches entremêlées ferment le passage à la pluie et au vent. L'emploi du poêle en fonte au lieu du foyer primitif est rare. Ordinal- rement les bûcherons préfèrent un feu libre dont la flamme danse gaiement à leur vue, dont les reflets empourprent les parois de la baraque pendant les Teilles. De tous les coins se dégage une odeur de résine qui remplit llntérieur.

Quand le jour baisse, quand la voix du torrent gronde seule dans les profondeurs, ou mêle ses notes monotones au mur^ mure des rameaux, Tourner forestier rentre au gîte pour préparer le repas du soir. Préparatifs ausiri simples que le menu accoutumé, composé de pommes de terre rêties sous la cendre ou cuites dans l eau sans beurre. Pour varier, il y a la soupe avec un peu de lard, du jtain noir, et avec les pommes de terre du fromage, mais point de lait. La boisson habituelle est l'eau pure des sources. Quelquefois de l'eau-de-vie, ce méchant schnapps allemand, provenant de pommes de terre ou de blé distillé, car le vin coûte trop cher aux forestiers pour en boire pendant la semaine. Avec cela point de table à mettre ni à défaire, car chacun mange sur ses genoux. Après souper, on aUume sa bonne pipe. On cause un petit peu. Puis le sommeil appelé par la fatigue sur la couche de ramilles. Au lever du jour, avant l'apparition du soleil, dès que Paube blanchit, le travail reprend, dur, ftpre, excessif, le même un jour comme Pautre toute la semaine durant L'ouvrier forestier ne rentre à la maison et ne reste dans sa famille que le dimanche, à moins d*ttn temps trop mauvais, du samedi soir au lundi matin. Si vous les rencontrez le lundi matin dans les beutiers de la montagne, vous les voyez revenir à la coupe.

533 tamm d^albaci

vêtus »lt' leur blouse ou d'une veste en grosse toile, portant sur le don un sac rempli de provisions. Lors de mes courses géologiques dans la vallée de Muustcr j'ai connu toutes ces braves gens. Quelques gorgées de kirsch offertes ici ou là, ont établi entre nous une amitié durable.

Dans certains cantons des Vosges, Tabatage du bois, les coupes se font de préférence en hiver; dans d'autres les fores- tiers sont occupés en toute saison. Aussitôt ran)entage et la délimitation d'une coupe terminés, le travail est mis eu adjudication. Des ('onipajinies d'ouvriers soumissionnent l'en- treprise. Celle (jui athrnu' le moins d'exigence, ou qui accepte le prix le plus bas, l'emporte. Parmi les associés de la com- pagnie at^udicatairc, les uns se chargent d'abattre les arbres et de façonner le bois; ce sont les bûcherons. Les autres effectuent le transport dans les vallons inférieurs, sur le chantier de vente; ce sont les schlitteurs, nom dérivé de schlitter, transporter sur des schlittes ou traîneaux.

Tandis que Tabatage des arbres peut commencer sans préliminaire, il faut, pour le schlittage, commencer par réta- blissement de la voie de transport, du cbemin de schlitte. Avant la création des belles routes forestières d'exphutation, qui pénètrent maintenant de tous côtés dans les montagnes, la construction des chemins de schlitte exigeait uu éuornio labeur. Aiyourd'hui ces voies particulières ne dépassent plus guère une ou deux lieues de longueur. Je vous en ai signalé beaucoup pendant nos courses. Rappele^vous la régularité de leur pente assurée par de nombreux lacets, d'autant plus pressés, plus nombreux que le versant est plus abrupte. Il importe au scUitteur d'avoir un chemin avec une inclinaison suffisante, pour le dispenser de tirer, pas troj) rapide pour accélérer outre mesure le mouvement de la charge. Nécessai- rement, la voie doit s'adapter à la contiguration du terrain, en variant ses dispositions suivant que la pente augmente ou diminue. Quelles lignes sinueuses elle décrit! Elle glisse

autour de la montap^e, passe d'un contre-fort à l'autre, revient sur elle-même, lonp:e les vallées, s'accroche aux parois de rochers escarpés, s'appuie sur des murs de soutènement quand le sol lui manque, s'élance par-dessus les torrents ep bonds audacieux pour s'enfoncer dans l'obscurité des bois et aboutir sur le chantier de vente des bois établi au seuil de prairies charmantes. Formé de traversée régulièrement espa- cées, apposées contre des piquets ou fixées sur deux lignes de troncs d*arbres couchés à terre, le chemin de schlitte a Tappa- renee d*une échelle sans fin. Tant que Ti^pareil repose sur le sol, sa construction est assez sùnple. Quand le terrain subit des dépressions, elle se complique pour se maintenir de niveau an moyen de pièces en bois placées en travers pour des dédi- vités peu fortes, avec des piles de bois ou des madriers placés debout, formant des ponts et des viaducs, (juand une i;or<;o étroite ou un courant d'eau barre le passasse briisqueinent. Par plact'S, les viaducs et les ponts construits ainsi sont à double étage. Alors les bftclies empilées, les solives tantôt droites, tantôt inclinées et arcboutées l'une contre l'autre supportent un premier rang de troncs d'arbres, au-dessus desquels la voie se soutient à l'aide de chevrons comme une échelle suspendue, mais horizontale. En Lorraine ces voies de transport s'appeUent des rafUms, au lieu de chemins de schlitte ou mAUt^Mffe dans le dialecte alsacien.

Le schlitteur, lliomme qui conduit la schlitte, traîneau, fabrique lui-même son véhicule, ainsi que le chemin. Gomment s'effectue cet autre travail? ]>estiné à transporter de lourdes charges, devant être remonté au haut de la montagne par son conducteur pour chaque nouvelle course, le tratnean doit Téunhr la légèreté avec la solidité. Aussi Touvrier choisit d*nn œil attentif le bois pour la confection. C'est du frêne dont il se sert iiabitucllenient et de réral)le. Le frône forme la char- pente du véhicule, l'érable les brancards. Au-dessous des jambages iuféricuis s attachent des sortes de semuUes, égal^

S84 UVtn DALBACB

ment de bois, taillées en bandes minces susceptibles d*être

renouvelées quand le frottement les a usées, car, malgré la précaution de "raisser le bas des semelles après chaque voyage, celles-ci s'usent vite, comme brûlées par la rapidité du njouveinent et sous le poids de la charfîe. Ecoutez donc les trains de schlittes passer ù la descente! Six, huit, dix traîneaux et plus se suivent à lalile, chacun avec son conducteur propre, sur le devant, les bras aux brancards. Un fort grincement les annonce de loin par ses notes stridentes. Une fois lancée sur la voie, la masse en mouvenuMit tend naturell<'nientà accélérer sa marche. Une sorte de lutte s'engage, dans ce cas, entre cette charge qui descend et Thonmie qui la dirige. Malheur au schlitteur si son genou fléchit, si son soulier glisse sur une traverse, 8*il ne réussit plus à modérer U course du traî- neau. En moins de temps que je ne mets à vous le dire, le pauvre conducteur est renversé, son corps et ses membres sont broyés sous le poids de son chargement croûlant Quel- ques jours plus tard une croix de bois, oii viennent prier de pauvres enfants en larmes, marque au bord du chemin le lieu de Taccident. la statistique enregistre une victime diï plus, puis des violettes ou d(>s ( anipanules Meues fleurissent sur cette place sous la croix, qui reîitc pour les passants comme signe d'un malheur.

Comme les hommes occupés au schlittage ont le teint pAk ! Leur maigreur maladive rappelle la physionomie des ouvriers de fabrique ou des artisans à demi asphyxiés des villes, non pas celle des vigoureux montagnards vivant au grand air. Les efforts excessifs et la contention musculaire exigée par ce travail altèrent leur constitution, sans un r^me suffisamment réparateur. A cause de la longueur du tnget et pour ne pas trop multiplier le nombre des courses, ils chargent leurs traî- neaux le plus possible. Si la charge se compose de bois de chauffage en bûches, ils enlèvent du coup une ou deux cordes, soit six stères, provision d*ane famille pour un hiver entier.

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Si ce sont dos troncs pour bois de constnictinn. longs de dix à douze mètres, il faut pour les mouvoir deux traîneaux, chacun gouverné par un homme. Il faut aussi deux hommes pour conduire les chargements simples au passage des viaducs OU des ponts : Tun des conducteurs se place entre les bran- cards pour diriger le véhicule, l'autre en bas pour le maintenir au moyen d*une corde. Lorsque les madriers employés dans la construction des ponts ne sont pas assez forts, ils mquent et fléchissent sous le poids de manière à donner le frisson. A la remonte, qui tient lieu de récréation, les schlitteurs prennent le traîneau sur les épaules, allument une pipe, regagnent les hauteurs à pas lents pour chercher un nouveau chargement. Rude labeur, n*est-ce pas, et pour quel salaire! C'est sans exa- gération se tuer de fatigue pour ne pas mourir de fkim.

Toutes les températures ni toutes les saisons ne conviennent pas égah'inent ])nur le schlittage. Une grande chalt!ur dispose les traîneaux à j>rendre feu. car les semelles se charhonnent et se griment sous le frottement. La pluie au contraire expose le schlitteur à glisser en précipitant sa marche sur les tra- verses mouillées. Après une averse ou une iduie continue, le transport doit être arrêté, burvient-il une ondée pendant la descente, mieux vaut abandonner les brancards par un saut brusque de côté, quitte à laisser le traîneau faire la culbute, un peu plus tôt, un peu plus tard. Quand tous les produits d'une coupe sont descendus : troncs, bûches, fagots, souches, écorces, le chemin de schlitte devient inutile et sera abandonné pendant dix à quinze ans. Dix à quinze ans d'abandon I Mais dans cet intervalle les matériaux de la schlitte bu du rafton peuvent pourrir. Aussi les schlitteurs s'empressent de démolir la voie & la lin de leur tâche, commençant par en haut pour conduire sur le chantier de vente les bûches et les troncs qui composent les montants et les traverses à mesure de leur enlèvement. Emblème des ddiuiiiations politiques, le chemin de schlitte? aide ou facilite pendant la dernière phase de son ' existence 1 œuvre de ses démolisseurs.

Ordinaireineiit le dépôt des bois proYenant de U coape se

trouve sur un chantier, dans une prairie, à la partie supérieure des vallées vient aboutir un chomin ou une route carros- sable, sur le bord d'un torrent ou d'un ruisseau. Autrefois, avant l'avènement des clieniins de fer et la construction des nouvelles routes forestières, les transports dos schlitteurs se continuaient pur le flottage. On jetait dans le courant d'eau bûches et troncs, à charge par les torrents ou les rivitees, ces chemins qui marchent, de mener le tout oh Ton voulait, jus- qu'à Strasbourg et à Gofanar* Quantité de nos rivières vosgiennœ sont encore classées administrativement parmi les cours d*eau flottables. Au dernier siècle les bois de chauflage étaient encore conduits à ( ohnar par la Fecht et le canal du Logelbach. Aujounl hui on ne voit plus guère le tiottage sur un grand parcours (jue dans la lirusche, Uien de plus aisé que le flottage du bois à brûler. On se contente de jeter les bûches à l'eau qui les emporte au loin sans peine. Pour le Hottagedes bois de construction, c'est chose moins facile. Les troncs sont réunis en radeaux que vous voyez descendre tous les jours de la Forét-Noire au Rhin par la Eintzig. Seulement pour que les torrents puissent porter ces radeaux de grande dimension, il faut y établir de distance en distance des barrages avec une écluse au milieu. Gonflée par Tobstaele, reaiis*élève en arrière aupointdedél)onl» r vu cascade. Un train de flottl^ arrive- t-il, l'écluse est ouverte, et Tonde relâchée se précipite brusque- ment à travers ce canal eu enijjortant le radeau, tandis (jue des hommes, munis de gaffes, manœuvrent le train de manière à l'empêcher de se briser en se heurtant contre les bords et les poteaux du canal ouvert. L'IU, la DoUer, la Thur, la Lauch, la Fecht, le Giessen, figurent encore avec hi firusche dans les classements administrati& comme cours d*eau flottables.

C*est l'automne qui se prête le mieux au schlittage par sa température. L'abatage des arbres, pratiqué en toute saison, se fait surtout en hiver. Quand la coupe n'a pas lieu à blanc

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SOftMBS WT PAlB&OBi DM yHÊOBB

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estoc, quand tous les pieds ne sont pas renversés, sans dis- tinction d'âge, les bûcherons commeuceut par les ébrancher afin de no pas écraser ou détériorer leurs voisins dans la chute. A-t-on à faire à des sujets placés entre de grosses pierres ou adossés contre des rochers qui gênent l'emploi de la scie, la hache sert seule pour Tabataiie. S'agit-il de troncs libres, ou d^age avec la cognée la naissance des racines. Vient ensuite la scie composée d'une lame et deux poignées. Deux ouvriers vigoureux manient ToutiL Un aide enfonce à coups de maillet des coins dans Fouvertore pratiquée par la scie. Lorsque les dents de la scie ont à peu près coupé Tarbre, le tronc, d*abord immobile, se penche soulevé par les coins. Un craquement violent retentit, répété par Técho. Puis Tarbre se renverse et tombe, brisant dans sa chute quantité de branches et de jeuneBplants.Des bûcherons exercés acquièrent une habileté telle pour diriger la chute que sans corde, sans aucun autre secours, il font tomber les plus grands sapins sur un clou planté en terre. Tranquillement debout à côté de la souche, ils regardent, sans s'écarter, leur tronc pesant s'abattre avec fracas.

Abattre et détruire! Oh. la vilaine chose. ,)e ne puis voir une coupe de forêt sans un sentiment de regret, surtout quand les arbres sont forts et vigoureux. Passe encore pour les chétifs taillis exploités à titre de propriété particulière comme un champ de sarrasin. Ceux-ci, ni le paysage ni la nature ne perdent rien à les voir enlever. Mais les vieilles futaies qui ont mis des siècles à grandir, dont lafière couronne se dresse en face du ciel comme un témoignage de la puissance créa- trice; ces bois mi^éstueux dont la hache n*a jamais troublé le silence ni édairei les sombres voûtes, n'est-ce pas une profiir nation? Temples austères, élevés sous le souffle de Dieu, consacrés par le culte de nos ancêtres, nos profondes fbrêts des Vosges, dans le calme solennel de leurs massifs impéné- trables à la lumière d'eu haut, imprimeut au visiteur uue

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sensation de reliijioux respect, plus intense, plus vif que tous les édifices voués au culte divrn par la main des hommes. Quiconque sort des forêts reculées du Kolben. du T\othried, du LaucheD, du Hohwald et du Donon doit comprendre le pieux frisson dlbicus à rentrée du bosquet de Poséidon, chanté par les poètes grecs, car la nuit vous enveloppe presque, après avoir pénétré dans Tépais massif aux troncs plusieurs fois séculaires, dHine hauteur telle que le regard ne Tatteint pas, d'une taiUe que trois hommes ne peuvent embrasser. Pas un rayon de soleil ne passe à travers le dôme épais d'aiguilles touffues. C'est à peine si quelques rares gouttes de pluie y descendent Un calme solennel vous entoure, interrompu seu- lement par le bruissement des cimes invisibles. Celui qui en présence de pareils aspects n'éprouve pas un sentiment de piété, celui-l& est en proie à une légèreté incorrigible e( ne possède pas une étincelle du feu divin de poésie.

£t quand les grands sapins étagés dans les profondeurs des vallées viennent à escalader les pentes en s'éclaircissant davantage, leur position élevée semble accroître leur taille. Us montent superbes dans l'azur du ciel ou dans Pair chargé de brouillards. Beaucoup se tiennent audacieusement sur des rochers, oîi la subsistance semble devoir leur manquer. Ktrei<;nant leur base avec force entre leurs vipfoureuses racines, ils bravent les tempêtes et la foudre. Aujourd'hui les beaux arbres de nos forêts sont en train do j)artir par les nou- velles routes qui s'avancent sur les plus hautes montagnes. Quelques générations encore et, si l'Ëtat n'intervient pas en conservateur, les siyets de grandes dimensions n'existeront plus que dans nos souvenirs. Au musée des Unterlinden, la Société d'histoire naturelle de Golmar conserve une tranche de sapin coupé à la Roll, sur les flancs du grand Ballon, qui mesure 4",50 de circonférence pour 250 années d'Age. Dans le texte explicatif du ( harmant album de Théophile SchuUer, M. Alfred Micbiels signale pour les forêts de Strasbourg des

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SOftNBS BT PATBAOn DBS TOAOBS 689

sapins de 120 ans qui s'élèvent ù 50 mètres, incsuront 4 à 5 mètres de circonférence, donnent 40 à 50 stères dt^ Itois. En 1816, on a abattu dans ces niÎMnes forets un sapin qui fournit 108 stères de bois et avait encore, à 9 mètres du sol, 1 mètre de diamètre. Un érable coupé dans le Toisinage étonnait par des proportions encore plus fortes, car sa circonférence atteignait 6*,dO, son épaisseur 2",10. L'arbre étant creux, pour rabattre on y pratiqua une ouverture par laquelle pénétra un bûcheron pendant que son compagnon resta dehors. Us scièrent Tarbre circulairement, comptant sur une épaisseur de 18 centimètres 121 cercles ligneux annuels, ce qui donne- rait au colosse six siècles d'existence. G*est peu de chose en comparaison du pin des marais de la Tasmanie, dont la cir^ conférence acquiert 35 mètres à 1 mètre au-dessus du sol, avec une taille i»roi)(>rtioiinée. l'eu (!•• rhose aussi en refiard des ^:raiids séciuoias de la Californii', luiuts de 325 pieds, avec oU pieds de diamètre, sous lesquels la rathédrale de Strasbourg serait à l omln-e. Plusieurs milliers d'années ont été néces- saires pour former ces colosses du règne vé}?étal.

Sous le régime français les coupes se faisaient dans les forêts de TËtat par les at^udicataires du bois. L^idministra- tion allemande se charge aujourd'hui elle-même de Tabatage pour Tendre seulement les bois débités en bûches, en grumes, ou en troncs entiers suivant les besoins du commerce. Entre les deux systèmes, le second présente le plus d'avantages, sinon pour les prolits immédiats, du moins pour le repeuple- ment et la conservation des fbrêts. L'administration forestière construit même des scieries pour la confection des planches. Situées dans des endroits pittoresques, ces scieries, que nous rencontrons pendant toutes nos courses à travers les mon- tafîHi'S d'Alsace, ne nu^nquent pas de charme, avec leurs cheminées fumantes au milieu de la verdure. Elles se tiennent naturellement au bord d'un torrent ou d'un ruisseau sur les points ou. la chute est âu£tii»aQte et au milieu des bois qui

540 BBVm D'ALSACE

doivent les alimenter. Très simple, le mécanisme des anciennes scieries, comme céhii des constractions nouTèlles plus perfec- tionnées, fût travaiDer la sde et rouler à l*encontre le duuriot

qui porte les troncs d'arbres sous les dents de la scie an moyen d'un double mouvoinent. Presque jamais la srierie ne chôme, ni les jours de fête ni la nuit. Son bruit monotone se mêle au fjrave iiiunuure du tlot sauvage. Quand vous descen- dez la nuit, par le chemin de la vallée, la lampe du scieur, allumée dès que l'ombre enveloppe les montagnes, projette ses lueurs à travers les rameaux et brille comme une étoile propice.

Quelques chiffires touchant la statistique des forêts de TAlsace-Lorraine seraient ici à leur place. M. de fierg, attaché au ministère pour le service forestier, nons apprend dans sa brochure : I^trsUiaHsHtekes am EUau-Lothrùigen, conmient, sur une superficie totale de 1,490,810 hectares, notre pays présente 446,270 hectares de forêts, soit 30 */• de sol boisé sur rensemble du territoire et 39 ares par tête d'habitant Sur cette étendue de 446,270 hectares de forêts, il y a 133,845 hec- tares pour le domaine propre de TEtat, 17,291 hectares par indivis entre l'Etat et les communes, 197,554 hectares aux communes, 'l'MWi h des institutions privées et ;»5,273 hectares aux particuliers. Ensemble les forêts placées sous la surveil- lance de l'Etat livrent annuelleinciit l.-KKi.Kïi! mètres cubes de bois, soit 4,18 mètres cubes par hectîire en moyenne. Le revenu brut annuel des forêts domaniales s'élève à 47,87 marcs, le revenu net à 26,83 marcs par hectare. Ne m'en voulez pas pour ces chiffires que je serais bien tenté de multiplier. Prenes, à Utre d'excuse, que la statistique se mêle à tout D'ailleurs, ^outeral-je, comme &tt d'expérience personnelle, le calcul ne nuit pss an sentiment esthétique. Un bel arbre, dont on évalue l'ftge, la taille et la valeur ne se présente pas moins bien dans le paysage, ne nous charme pas moins par son aspect

Comme le plus haut sommet des Vosges, le grand Ballon, ne

8CÊMES BT PAYSAGES DBS Y08GBS

511

dépasse pas 1426 mètres d*altitade; les influences cllmaté- riques pennettent la culture du bois sur toute Tétendue de cette chaîne de montagnes, depuis le fond des Tallées jusqu'aux dernières cimes. Autrefois toute U surface de nos montagnes était boisée, car nous rencontrons partout, au milieu des pftturagcs, maintenant dénudés, des souches de sapins et de hêtres indiquant par leurs dimensions des arbres de la plus belle venue. Pourquoi ces arbres ont disparu sur les hautes chaumes, les habitudes et les iiia urs do nos montagnards Texpliquent sufHsamment. Les l)ois des cimes gazonnées ont été détruits en vue des pâturages, et une fois détruits, le froid, les vents, la neige entravent leur relèvement ou leur régénération. Tandis que les forestiers proclament les avan- tages du reboisement, la population pastorale s'efforce d'augmenter Tétcndue des pâturages ou s'obstine opiniâtre- ment à maintenir à Tétat de p&ture les terrains dégarnis de bois. Il y a des contestations permanentes entre les autorités forestières et les communes sur la délimitation des forêts et des terrains de parcours. Qiaque ménage élevant quelques yaches, ou tout au moins une on deux chèvres, la population sinquiète plus de la nourriture de son bétafl que du rendement plus élevé de ses forêts. Les propositions de reboisement ren- contrent ainsi, auprès des montagnards, de vives résistances. Sur bien des points les plantations nouvelles ont été détruites sans pitié, avec force protestations adressées aux préfets, chaque fois que le zèle des forestiers emi)iétait sur les pâtu- rages. Puis la dent «lu bétail avide rétrécit le domaine boisé dans tous les cantons oii se relâche la surveillance.

Malgré cela notre domaine forestier des V'osges reste encore beau dans son ensemble. Nous espérons que les corps délibé- rants du pays, d'accord avec le gouvernement, s'efforceront de l'étendre davantage dans l'intérêt publie, simultanément avec les travaux indispensables pour la régularisation du r^lime des eaux. Que si nous considérons U végétation de nos

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642 BEVUE D'ALSACE

montagnes, nous voyons de riches vignobles couvrir de leurs pampres les côteauz inférieurs et rentrée des vallées, à cent mètres et plus au-dessus du niveau de la plaine, sur les pentes exposées au MidL Immédiatement au-dessus des vignes, et sur les versants plus froids, vous remarquez le chAtaigner et le chêne, tous deux exploités en taillis. Le ch&taigner offre une essence estimée, très utile sous tous les rapports. Sa rapide croissance, qui fait surgir des souches de jeunes rcijetons, hauts de deux mètres, dès la première année, permet de faire des coupes tous les seize ans. A cet Cv^e les troncs atteignent la grosseur d'une cuisse. Ils sont élancés et sans branches jusqu'à cinq mètres de liauteur. Le bois est fort ttiKu e, d'un •irain homo^zènc; il se fend bien et fournit dexcellents échalas très recherchés pour la vigne. Son rendement est à peine dépassé par celui du chêne exploité en révolutions un peu plus longues pour l'écorce à tan.

Après la zône du châtaignier et du chêne vient celle du sapin, l'essence dominante dans les Vosges et la richesse de nos montagnes. Exclu de k phdne comme arbre forestier, le sapin conmiun, pinua atnea ou abies pecHmda, atteint souvent une taille de quarante mètres et plus. C*est à ses sombres massif que la Forêt-Noire doit son nom caractéristique. Difficile à élever sur les points le climat et le sol ne lui conviennent pas bien, le sapin commun se maintient, se mul- tiplie sans peine partout oh il prend pied spontanément sans le concours de l'homme. Cette facilité de reproduction est frappante dans les Vosges, l'ne tempête renverse-t-elle les vieux troncs qui revêtent une pente, aussitôt une masse de jeunes pousses les reuqilace. Toute la tâche du forestier se réduit à éclaircir les semis et à éliminer successivement un certain nombre de pieds. Les points très rares ou Tensemen- cement ne s'effectue pas spontanément sont à replanter, précaution et tâche qui n'ont jamais été négligées dans les forêts du domaine. Souvent le sapin, au lieu de former à lui

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SCÈNES BT PAYSAGES DBS VOSGES 513

B0ul de vastes massifs, se mdle à des bois feuilliis, tels que frênes, érables, hêtres. Le hêtre se multiplie d'autant plus que le sol s*élèye davantage et gagne en altitude. Non seulement il accompaf^e le sapin jusque dans ses dernières stations mais il monte plus haut pour couronner les sommets les plus élevés. Dans nos Vosges, comme dans la Forêt^Noire, lliabitat du hêtre dépasse la zône des sapins, tandis que dans les autres nioutapies de l'Europe, les conifères arrivent à une altitude bien supérieure à celle des bois feuillus. A l'exposition du Midi et sur les cimes exposées au vent, puis sur les roches dont la décomposition donne un sol pauvre, comme le grès, le sapin n'offre pas le port élancé, ne montre pas Técorce lisse, qui caractérisent l'espèce sur les pentes exposées au Nord ou riches en humus. Sa taille s'abaisse, sa forme devient plus conique, ses branches s'accroissent en nombre et en étendue, Se chargeant de mousse ou de lichens qui rappellent les barbes de gnomes de nos contes populahres. Dans ces conditions une coupe imprévoyante et complète rendrait le repeuplement difficile et eiigerait des centaines d'années pour régénérer la forêt

A côté du sapin vient aussi l'épicéa, pimis pieea, qui ne lui cède que peu pour la taille et pour k beauté, mais dont le bois se prête à des emplois plus rémunérateurs. Cette espèce,

partout nous la rencontrons dans les Vosges, y a été intro- duite par la niaiu de I homme. Elle réussit bien ici et promet un rendement pareil à celui de sa voisine. Elle contribue en tous cas, par son mélange avec le sapin et le hêtre, à l enibel- lissement de nos forêts par une nuance de verdure différente. Le pin, de même que l'épicéa, semble aussi avoir été amené dans les Vosges artiticiellement U ne se propage sur les bons sols du grès vosgien que par exception. Mais alors, en se mêlant au sapin, il acquiert une beauté, un degré de perfection comme nulle part ailleurs en Allemagne. Ses massifs sont par- ticulièrement remarquables dans le district forestier de Was-

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I

M4 BKVUI D*ACAACB

seloime, ils eiciteiit radmiratUm de tons les visiteiin. Le plus BonTent cependant, le pin se retire sur les sols maigres,

revêt les pentes les plus exposées à Tardeur du soleil. Sur ces points cotte essence remplace avec avantage le sapin qui y prospère moins. Il lui faut moins d'humidité et un terrain moins riche lui suffît. Pendant son jeune âge, le pin grandit plus vite que le sapin. Par suite, il conserve mieux le sol en ramélioraat par des couches épaisses d'aiguilles tombées de ses branches, préparant le terrain à nourrir après lui des essences plus riches; plus résineux que le sapin, il fournit un bois de chauffage meîUeur que les autres conifères de notre région.

On a introduit avec succès dans différents cantons le mélèze des Alpes, pijms larix. Etablissant une sorte de transition des arbres à ai<ïuilles aux bois feuillus, le mélèze ne semble pas disposé h so propap^er dans les Vosges, malgré quelques essais d'acclimatiou bien réussis sur plusieurs points. Cela n'est pas un mal pour nos forêts, parce que son tronc résiste mal aa Tent et ne présente pas les avantages du sapin. Quant aux chênes de haute fotaie, asses répandus à la base des mon- tagnes et dans les vallées inférieures, ils ne forment pas dans cette région des massifi aussi importants que dans ki plaine. Avide de lumière, le chdne a besoin détendre librement ses branches supérieures et sa couronne au grand air. Là, des essences d'une croissance plus rapide lui enlèvent l'air et la lumière, il végète tristement On s'exi)li(iue ainsi son absence des sombres forêts de conifères. D'ailleurs il lui faut un sol profond oU sa racine s'enfonce sans obstacle. Manque-t-îi d*une terre profonde, au lieu de prendre une forte racine en pivot, il pousse des racines latérales ramifiées qui s'allongent sur de grandes étendues. Presque tous les pieds de chêne de la r^on des Vosges se trouvent dans cette dernière condition . Us fournissent pourtant les Ihiits nécesssires pour le repeu- plement par semiB des diênaies ej^loitéeB à tan. L'espèce

SOANBS et paysages DBS VOSGES

545

répandue dans nos montai^nics est le chêne à pédoncule, Quereus peduncuUUa, dont le bois très résistant se prête à tous les usages.

Ch. Gbad,

Logelbach, 10 septembre 1881.

Noorelle Série. «T unto. 85

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NOTES BIOGRAPHIQUES

BUB LES

HOMMES DE U RÉVOLUTION

STRASBOURG ST LES ENVIRONS

RIVAUD (N.).

1793. Administratour du département de la Haute-Vieime

3 septembre. Ge département le nomme dépoté à la GonTention nationale 15 janvier 1798. Dans le procès de Lomu XVI, sur la question de rappel au peuple, il répond : « Parceque le jugement du peuple doit sanctionner celai de Tabolition de la royauté, je dis : Oui 16-19 janv. U se pro- nonce pour la détention, le bannissement à la paix et le sursis.

Arrêté comme un des soixante-treize signataires des pro- testations contre les événements du 31 mai 1798 (chute des GMrondins), il fût mis en liberté après le renversement de Ro- bespierre, 37 juillet 1794. La CSonvention nationale Tayant envoyé en mission à Tarmée de Rhin et Moselle, il arriva à Strasbourg en mars 1795, avec Gavaignac. U ne s'occupa que des afhires militaires, et fut bientôt remplacé par Richon. De retour à Paris et après la session conventionnelle, U entra au Conseil des Cinq-cents. 1796. Réélu au Conseil des

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LB8 HOIOIBS Là, BftVOLUTIOK

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ÂndeiiB^ on renvoya comme commissaire du Directoire exé- cutif à Tarmée dîtalie Après le 18 bramaire, an Vin (8 novembre 1799), il se retira des affoires publiques pour rentrer dans Tobscurité de la vie privée.

RIVET (Guillaume-François).

en 1780 à Sainl-Diâer, avant 1789 il était employé d'administration civile En 179:3, il arriva à Strasisourg comme vérificateur des douanes filars 1798. De la Société des jacobins jusqu'à Tépurement, en 1795 Vers le 23 juillet 1794, administrateur du Iiirectoire du Bas-Rbin 25 iuillet B provoque prés des représentants Hentz et Goujon Tordre de la démolition de tous les clocbers dans les deux dépar- tements du Rbin 8 août, n félicite TAssemblée nationale de la fermeté qu*elle a déployée contre Robespierre et consorts ~~ 9 décembre. Au Directdre il âgne encore un état des émigréa

KOBERT.

Un prêtre catholique.

Le procès- verbal de la séance des Jacobins du 25 novem- bre 1793 porte :

La Raison remporte tous les jours nne nouvelle victoire sur lo fanatisme et les préjugés, et le temple de la liberté retcutissait encore aujourd'hui des applaudissements accordés aux abjurations faites par let ei-derant prôtoM àè leur métier. Us t'accoident tons à âin qn'ili étaient des diarlstans saUriéi, et da nombre est ce Robert.

Membre des Jacobins, il en est biffô le S5 octobre 1794.

ROBINOT.

Un jacobin venu do Bar-sur- Aube à Strasbourg, en novembre 1703, comme ineml3ro de la Propagande, à raison de 15 livres par jour. Cotte bande logeait au Collège, et tenait ses séances dans l'ancienne salle de spectacle alle- mand, rue Sainte-H«''lène 2 décembre. Il fait acte de présence en signant Tadresse des propagandistes aux habi- tants de Strasbourg et des départements du Rhin .

BBVT7S D'AI.SACB

ROBINOT (Amtoinb-Vingbmt).

en 1739 à Vagney, district de Ubremont Avant 1789, professeur à Colmar 1790. H vint & Stresboarg comme institoteur publie chez Gamier, professeur de français Juillet 1791. De la Société des amis de la consti- tution 7 février 1792. De celle des jacobins ^ 18 octo- bre 1798. Secrétaire de cette Société, il assiste à rassemblée générale des autorités constituées, du peuple et des Sociétés populaires, dans le temple de la Raison 4 novembre. Ea la même qualité, il expédie à Monet la liste des jacobins choisis pour la nouvelle municipalité et approuvée par Saint-Just et Lebas 18 novembre. Secrétaire-archiviste des sans-culottes, il signe la circulaire aux Sociétés aiBliées, les invitant à envoyer à Strasbourg des commissaires qui devront aider de leurs lumières et de leur énergie le triomphe de la République 32 novembre. H demande à Saint-Just et Lebas la suppression de la permanence des douze sections et Tépurement des CSomités de surveillance 6 décembre. En l^absonce du président et du vice-président, il occupe le fauteuil à la Société des jacobins 10 décem- bre. U expédie une dénonciation contre la fripière Anne Stasselheydorn*, et vers la môme époque, contre lîella 4 février 1794. II verse àiiSbaume, caissier tles Jacobins, 14,130 livres, et 9,547 livres provenant de Massé 7 février. 11 fait remise au District d'objets d'or et d^argent, dons patriotiques 23 mars. Il reçoit de nouveaux dons 11 avriL 11 les remet au Comité de surveillance "25 octobre. Il est encore aux Jacobins 1805. Chef de bureau à la pré- fecture du Bas-Rhin. 11 était connu sous le nom de Hobinot- Garnier. Auteur d'une notice biographique sur le général Desaix.

ROBINOT (Beunakdin).

en 1768 à Haguenau Eo septembre 1793, il se fait admettre membre de la Soâété des jacobins, avec la qualité de ohirurgieo» âgé de 24 ans 25 octobre 1794. Il y était encore.

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LB8 HOmiBS Dl LA BÊTOLUIION

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BOGHA.

7 Juillet 1793. De la Société des jacobins 34 œto- bre 1798. An Club, il est proposé et élu, pour, de con- cert avec le Comité de sarveillance de la Société, nommer Tiogt-un citoyens, qui composeront les trois corps admi- nistratiils révolutionnaires du département. A cette époque fl dénonce au Comité de sûreté générale du Baft-Rhin: 1* les dames Colin ; 3* la femille Hartmann, GrandVue, 115 ; 8* des dames, dont il ignore les noms, mais demeurant n* 1, au premier, en bce de la cour de SaintpEtienne 25 octo- bro 1794 n n^est plus membre de la Société des Jacobins.

ROEDERER (J.-Philippe).

en 1752 à Strasbourg, il était vitrier F(^vrier 1791. De la Société des amis de la constitution 7 février 1792. De celle des jacobins 5 janvier 1794. Le représentant Bar le nomme notable on remplacement de Lusigny, démissionnaire 23 avril. Maintenu notrible 2 août. Il signe l'adresse de félicilations de la municipalité à la Con- vention nationale, lors de la chute de HobespieiTc 5 sep- tembre^ notable 25 octobre. Encore aux Jacobins.

ROEDERER (Frâdérig-Jagq[DebX

à Strasbourg en 1748, il îai notaire de 1780 à 1783 En avril 1791, employé au District de ^rasbourg. Dans ce mois, reçu membre de la Société des amis de la constitution 7 février 1793. De celle des Jacobins jusqu^à répurement, eD janvier 1796.

ROEDERER (Geoffroy). Vieux Marché-aux-Vins.

1769. Employé à la municipalité de Strasbourg ^ 1790. Commissaire de police, et en cette qualité, 11 novembre, notable de la commune 1792. Greffier du bureau de paix formé à Strasbourg par le Conseil de la commune, le 10 novembre 1790 10 octobre 1703. De la Société des

jacobins» il est encore le 34 octobre 11% IW 4 IQOQ,

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BBVUB n*AL8A0B

Juge do paix du quatrième arrondissement de Strasbourg, rue Madeleine, u" 6.

HOKSSLEH.

1702. De la Société des jacobins 18 novembre 1793. Le caissier du tribunal révolutionnaire de Strasbourg lui paie 1000 livres pour le récompenser de la dénonciation du bou- langer Kolb 35 octobre 1794. Rayé du Club des jacobins.

ROMAND (Jean).

en 1715 à Orlay, il éliiit cultivateur avant 1789 1790. Comme courrier il arriv.i à Strasbourg, et se fit rece- voir le '-^^ juin 1791 à la Société des amis de la constitution 7 février 1792. Il j)asse à celle des jacobins 15 décem- bre 1793. Courrier de Strasbourg à Ville-atïranchie, le Comité de sûreté générale lui délivre son certilicat de civisme 25 octobre 1791. Encore aux Jacobins.

ROOSS (Louis). Août 1792. De la Société des jacobins 27 décembre 1793. Devant le tribunal révolutionnaire de Strasbourg il sert de témoin à Leclerc, cbapelier, et dépose contre Jean-Micbei Scbaner, pelletier, convaincu d'aristocratie, de mépris des assignats, et d'avoir refusé un loyer de maison an taux du maximum.

Le tribunal ordonna la démolition de la maison Schaner, place Marché-aux-Poissons, 76, Stra8k>ourg. Sur les décom- bres on dressa un poteau avec plaque en fer, portant le jugement pour servir de terreur aux contreHrévolutionnaires et retenir dans le devoir ceux qui voudraient avilir la mon- naie nationale et enfireindre la loi du maximum 25 octo- bre 1794. D n^est plus membre de la Société des jacobins.

ROSAT (Jean).

en 1717 à Mngnières Avant 1789, professeur à Stras- bourg — Juillet 1791 . De la Société d^s amis de la constitu- tion — 7 février 1792. De celle des jacobins 7 février 1793. Membre du Directoire du Bas-Rhin 5 et 21 octobre. Vice- président de cette administration, il ordonne Timpression

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LW wnnm os la RÉvoLimoN

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dans les deux lanf^ues des destitutions faites le 3 parGuyar- din et Milhaud, et de la création du Comité de surveillance et de sûreté générale le 8 En décembre, il fut incarcéré

12 mars 1794. Le Club demande sa mise en liberté au représentant du peuple Rougemont 11 avril. De retour à Strasbourg, il est élu archiviste des Jacobins en remplace- ment de Robinot, et comme tel il certifie l'état des dons patriotiques rerais au Comité de sûreté générale du Bas- Rhin 30 avril. Il arrête que le discours do Monet, sur la conjuration de Tétranger dans le Bas-Rhin, sera imprimé dans les deux langues 25 mal. D adresse au Comité de surveillance de la commune une liste de suspects dressée par le Comité des jacobins avec invitation de les &ire arrêter de suite; mais la liste n^étant pas signée, elle est retournée au Club pour la revêtir de cette formalité 21 juillet. Gomme commis dans Tadministrallon du département du Bas-Bbin, il est proposé pour le Comité de surrdllance de la commune, réduit à six, dont la moitié ignore le français

25 octobre. Encore membre des Jacobins.

ROSIÈRES (François).

en 17.S3 à GerbéwiUer. U arriva à Strasbourg comme professeur et se fit recevoir membre de la Société des amis de la constitution en 1791 7 février 1792. Il passe aux Jacobins En 1793, étant membre de Tadministration du Bas-Rhin, il fut nommé de la Commission révolutionnaire de Saveme, et à ce titre, Saint-Just ordonne le 3 novembre quMl ne sera point compris dans l'arrestation des membres du département 27 novembre. Il fournit un détail des objets de consommation réclamés par la Propagande 19 décembre. Il obtient son certificat de civisme 25 oc- tobre 1794. Encore membre des Jacobins.

ROUGE (P.-Françob) père.

en 1730 à Maglan (Mont-Blanc) - Avant 1789, négo- ciant à Strasbourg Février 1791 . De la Société des amis de la constitution Septembre J792. De celie des jacobin^

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BBTUB D'ALSAOI

18 janvier, 8 oclobre et 5 novembre 1793. Il est élu notable de la commune 6 décembre. Aux Jacobins il est déclaré suspect et rayé de la Société 9 décembre. Sa femme déclare au Comité de surveillance et de sûreté générale du Bas-Rhin, que chez Leorier il doit se trouver des effets précieux, volés le 10 août 1792 à Paris 30 janvier 1794. Officier municipal 8 mars. Il fait exécuter un arrêté du représenlaiit Bar du 5 jan^ter -~ 14 mars. De nouveau aux Jacobins ; il réclame, avec sa femme, en fiiTaur de son beau- frère Rivage 23 avril. Elu notable, bien quHl figure comme officier municipal 1** mai* n signe avec Monet et autres une proclamation aux Strasbourgeois contre Taristo- cratie, qui relève la tète 26 et 80 mal. n ordonne Farres* tation d^une centaine de personnes 18 juin, n approuve les mesures de sûreté générale et de salut public propoeées par Bieriyn 24 juillet, n adhère à l'appel de la commune de Strasbourg pour la confection d*un vaisseau de premier rang contre la perfide Albion 2 août, n adresse ses feUd- tations à la Convention nationale d*avotr tenu tète & Robes- pierre et autres 5 septembre. Officier municipal sous André, mais pour la dernière fois 25 octobre. Encore inscrit aux Jacobins.

ROUGEMONT Représentant du peuple.

1794. Envoyé par la Convention nationale dans le Bas- Rhin 14 mars. Il ordonne la mise en liberté des frères Edelmann, de Massé, André, Jung, Vogt et Bertrand, enfer- més à Metz et à Dyon 5 juillet De Landau, il demande à Monet du vin rouge, requis chez les riches, pour sa table, et un homme fidèle pour feire sa diambre. Cest tout ce que nous avons de son passage.

ROYER (Jean-Baptistk).

en 1730 à Loahans Avant 1789. contrôleur du domaine à Strasl)0ur^. A cette époque il devint receveur principal des douanes et, en cette qualité, 15 janvier 1700, membre fondateur de la Société de la révolution 11 lévrier.

LES H0MMK8 DE LA. REVOLXmON

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De celle des amis de la constitution 11 septembre. Secré- taire de cette société, il sif^ne l'adresse aux citoyens de Metz qui ont repoussé les olfres généreuses des habitants de Nancy 7 février 179-2. De la Société des jacobins 2i décembre 1793. Président du Comité de surveillance de celte société, il transmet au Comité de sûreté n;éiiérale du lias-Rhin la dénonciation de Massé, contre Humi)ler, Finck et Sommervuj^el '2 janvier 1791. Il ordonne Timpression dans les deux langues des interrojratoires de Schneider, Tatlin, Clavel et G" 25 octobre. Encore de la Société des jacobins.

HUÀMPS (Pierre-Charles).

1789. D cultivait ses terres dans la Gharente-Infârieare, quand il fiit élu administrateur de ce département» et en 1791 député à TAssemblée législative. La fougue de son caractère, qui n'avait pas été modérée par son éducation, Tentralna souvent, et il ne se fit remarquer dansTAssem- blée que par ses violenoea (Test lui qui dénonça le ministre Roland comme n*ayant pas Mt exécuter de suite contre son collègue Lacoste, ministre de la marine, le décret d'accusation porté peu de jours auparavant 2 septembre 1790. Réélu par ce département à la Convention natio- nale — 15-19 janvier 1793. H vota la mort de Louis XVI sans appel au peuple, sans sursis, et se plaça au sonunet de la Montagne 21 janvier. Membre du Comité de sûreté générale. Envoyé en Alsace pour y seconder les opéra- tiens de ses autres collègues, il y arriva vers la fin d*avril.

1* mai. n oblige les cultivateurs, blattiers et autres, à livrer une certaine quantité de grains sur chaque marché

Le 8 mai, il est encore à Strasbourg avec ses collègues et le 6 à Landau, oi^, aux dires de contemporains, il ne fit pas preuve le républicanisme Peu de temps après les combats de Wissembourg, il revint à Strasbourg 19 août Il informe le Comité de saiut public à Paris, qu'il s'occupe de procurer à l'armée et auit placer fortes tout ce qui leur est nécessaire en vivres ou munitions de guerre; le 18 il

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il a fait paraître une adresse à tout le peuple français et surtout aux habitants des frontières, pour lever une année révolutionnaire qui, au moment d'une bataille décisive, 9i^om» de toute part Us rangs ennemis et Vanéantisse pour jamak* Lors de la levée du premier contingent, il y eut des troubles à Barr, il ordonne aux autoritée dvilee et militaires de poursuivre les rebelles dans les mêmes régies que les Vendéens, de raser leurs baUtationSsbrOder les forêts dans lesquelles ils se réfugieraient et fusiller ceux pris armés. Toutes ces menaces produisirent peu ou point d^effet sur les populations; aussi, dans une seconde circulaire, datée du S8 août, de Wissembourg, il leur tient un langage plus modéré. A la violence avaient succédé les moyens de persuasion 6 octobre. De ladite ville, il approuve toutes les destitutions faites le 8 par Guyardin et Milbaud de la municipalité de Strasbourg et des admi- nistrations du Bas-Rhin 15 octobre. Avec huit de ses collègues il crée une armée révolutionnaire de 2000 hommes, des commissaires civils avec pouvoirs étendus et deux tribunaux à la suite de cette armée ambulante 10 novembre. Il approuve les arrestations, saisies, séques- tres et eontributtons fàitss par Tisserant et Nestlin, se montant à 1,870,000 livres. De retour à Paris, à son poste de montagnard, il appuya une motion de Marat contre le général Gustines, et fût à son tour dénoncé à la Ck)nven- tion comme ayant voulu, pendant sa mission en Alsace, livrer Landau à TennemL L'accusation ne fut point accueil- lie et la Chambre passa à Tordre du jour. Dévoué à la faction de la Montagne, il fit cependant, en une occasion importante, l'opposition la plus énergique à Robespierre et à Gouthon du Comité de salut public. Il s'agissait d'une nouvelle organisation du tribunal révolutionnaire. Il fit tous ses efforts pour faire rcgeter ce projet, et termina en disant : Que si cette loi de sang était dén-étèe, il ne. resterait phis aux députés qu'à se hrfder la rern-Ue. Elle fut admise. Lors des 27 et 28 juillet 1791, il garda une neutralité entre Robespierre et les députés qui eurent le courage de

Digi

LBB HOmiKB Lk HtYOLUTinN

666

renverser ce colosse si longtemps redouté Compromis dans le mouvement du 1" avril 1705, décrété d'accusation le 29 suivant, il se sauva avec ses complices L'amnistie générale du 20 octobre 1705 lui rendit la liberté; mais il ne reparut plus sur la scène politique et termina sa car- rière dans l'obscurité.

RUàULT (Ghables-Hbnri).

en 1754 à Evreux Avant 1750, commis dans les bureaux de la guerre à Paris 1793. n arriva à Stras- booig comme agent en chef du service des fourrages 94 novembre. Membre de la Société des jacobins 90 mai 1794. Il est à Landau en la même qualité d^agent des fourrages militaires 25 octobre. Encore inscrit aux Jaco- bins de Strasbourg.

RUBIN (JSàN-BAPTIBTE).

Avant 1789, rélieur à Strasbourg 6 lévrier 1791. Membre de la Société des amis de la constitution au Miroir

9 mars. Secrétaire de cette société, il est nommé pour accompagner les commissaires municipaux, Lachausse et Genthon, envoyés à Saveme par le Directoire du Bas- Rhin, lors de la suspension de la municipalité de cette ville 7 février 1792. Il passe aux Jacobins 1" nov. Président de la Société des amis de la liberté et de l'éga- lité à Saveme^ il est chargé d'une adresse aux jacobins de Strasbourg pour que ceux-ci sollicitent près de Tadmi- nistration départementale la cassation des ofHciers de la garde nationale de Saveme, accusés de royalisme. De là, vive rumeur au sein de ce corps; une assignation fut môme lancée contre le président Rubin, auquel on deman- dait 6000 livres de dommages-intérêts, en réparation des injures contenues dans l'adresse aux sans-culottes de Strasbourg. Quelque temps après, la garde nationale de Saverne ayant été suspendue, le procès se trouva torminé.

30 Mai 1794. La municipalité de Strasbourg charge G.ir- nier et Rouge de prendre des renseignements sur le civiâme

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BITtTB D'ALSAOB

da relieur Rubin, ce qui explique son absence sur la liste dressée aux Jacobins le S5 octobre.

RUGHET (David).

Un Suisse, à Aigle, canton de Berne Après 1789, il arriva à Strasbourg comme aide-pharmacien 22 juin 1792. Membre de la Société des jacobins, il est encore le 25 octobre 1794.

RUDLOFF (Chaules).

en 1769 à Mutzig 1792, Agé de 23 ans, il vint à Strasbourg comme militaire, et en cette qualité il est reçu le 22 juin membre des Jacobins 8 février 1793. Secré- taire du Comité de surveillance de cette société 96 octobre 1794. U Test encore.

«

RUHL (M. Philippe).

Fils d'un pasteur protestant des environs de Strasbourg, il étudia le droit. Ancien conseiller de Linange-Dabo, dont il a écrit Thistorique en 1799 En 1789, procureur fiscal au grand Sénat de Strasbourg, et en cette qualité, le 96 mai 1790, à l'élection des administrateurs du Bas-Rhin fiùte au Temple-Neuf, il est nommé Tun des trente-huit membres I7fév. 1791. Membre du Directoire provisoire du Bas Rhin 26 août. Député à TAssemblée législative pour le Bas-Rhin 28 août 1792. Il provoque de l'Assemblée un décret ordonnant le transférement du maire Dietrich à Paris 2 septembre. Député à la Convention nationale 9 et 10 décembre. De Paris, Lévrier se plaint amèrement de sa conduite à la Chambre 22 décembre. La Conven- tion nationale l'envoie en mission dans la Moselle et les deux départements du Rhin 9 janvier 1793. H arrive à Strasbourg, ce qui le dispensa de prendre part au juge- mstki de Louis XVI 18 et 21 janvier. B suspend la muni- cipalité et les administrations départementales 2 mars. De retour à Paris, il informe les frères et amis de Stras- bourg qnll fera tous ses eObrts pour démontrer et flonte-

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LES HOMMES DE Lh RÉVOLUTION

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oirles opérations des représentants du peuple, et pKNiTer combien il a été utile à la ville de Strasbourg, en la délivrant de ces cabaleurs dangereux, qui auraient pu compromettre la tranquillité publique et la sûreté de cette place importante de la République 31 mars. De Paris, Teterel écrit aux sans-culottes de Strasbourg « Hùhl nous tue ici, et Philibert Simond nous trahit à Besançon >. Le précis sur la situation de Strasbourg présenté à la Con- vention nationalo ilans le courant de ce mois, avait ébranlé les convictions di.' HQhl. Il n'avait qu'un grief à opposer à Strasbourg, celui de croire que la ville n'avait pas adhéré aux décrets du 10 août 1Î92, parce qu'après lui avoir acnoncé cette adhésion, elle ne la lui avait pas fait par- venir pour la remettre à la Convention Partant de ce fait, il adopta comme une mesure politique la suspension des anciens membres de la municipalité et du départe- ment, juslirn'e dailleurs par l'arrêté du Conseil exécutif de la Convention, et la lettre du ministre Roland ; du reste il n'avait rien à alléguer contre les membres suspendus 1" avril. De Paris, Teterel revient à la charge :

Rtihl protège aujourd'hui ceux qu'il a poursuivi, il y a huit jours, et le 3 je Tai dénoncé aux Jacobins de Paris; j'ai prouvé que c'est lui qui exposera la Frtaea da oôté du Rhin, il fiiiit le chaner de Totre iodété^ et dans le cas oft il nVa serait pas membre^ déclarer par «ae adresse qm'il en est indigne.

Ce d-devant homme d^aiftiires du petit prince de Linaoge nVdme gntee les maîtres d^arithmétiqa^i et flDalement fl ajoute» le lendemain, 4 :

n a en peur et fl aons a tendns; fl croyait qne «ont était perdn, fl veolait se sawrer.

SO avriL CTest fientabolle» qui mande anx sans^ottes :

Je dois Tons dire qn'il parait qne RflU a fidt qndqnes réflexions,

il m'a prévenu ces jours derniers, que quels qne aoieet les démarches

de la commune de Strasbourg, il tiendrait la main à ce qno la suspen- sion de la municipalité soit maintenue, qu'il soutiendrait qu'elle a été bien prononcée, et qu'il la maintiendrait de toutes ses farces.

> Tair Mièhal Biffi0a al IsaaidL

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REVCE D'ALSACE

21 avril. Son collègue Couturier Tattaque dans une lettre à Monet :

On ne le voit plni à l'Assemblée, sans doute qu'il médite encore quolques calomnios, ce qu'il a déjà ùài, en me faisant passer pour

enncini de la Ut |iul)lique.

29 avrïL BentaboUe le dépeint aux Jacobins de Paris :

Vous avez peut-être été étonnés comme moi d' mir KQhloeenper un instant les Jiiomcnts de la Cmivontion nationale de France, pour se plaindre que Tetcrel l'a c aloimiic et aci usé de s'être coulist- avec les aristocrates pour livrer Strasbourg à l'Autriche ; mais ju uu crois pas qu'il en sdit eapable.

l"mai. En écrivant à André, il continue:

Riihl, qui est d'un ent^'toment insupiiortablo, voulant se brouiller avec nos meilleurs jacobins du Strasbourg, u voulu aussi me faire par- tager la contestation. . . Au reste, à l'exception des torts qu'il Tient de se dcnner Tis-à-Tis des jacobins de Strasbourg, il paraît marcher dans

le vrai chemin, il a signé l'adresse de Marat, il reste à la Montagne, il a aussi si^rné celle que nous avons écrite au Comité de salut public pour faire déporter Dietrich, et il m'a promis d'appuyer et de soutenir la suspension de la municipalité de Strasbourg, etc.

14 mai. Le Comité de correspondance des Jacobins de Strasl)ourg annonce à celui do Paris Tavoir rayé de la Société pour s'être rendu le champion des royalistes qui infectent iSlrasbourg, ft avoir fait décréter 1<' 1"" avril que les administrateurs suspendus et chassés seraient réinté- grés, c'était décréter la contre-révolution sur les rives du Rhin; au surplus, il n"est pas jacobin et par conséquent indijjne d'être compté panai le petit nombre à qui nous devons la République et qui sauront la maintenir 23 mai. Les Comités des douze sections de Strd.sbourg lui expédient les procès-verbaux à Tappui de l'adresse à la Convention, envoyée aux délégués Lauth et Liebich h Paris, et dont ils lui joit^nent une copie, avec prière de l'appuyer quand elle sera lue à la barre 27 mai. Il leur en accuse réception et après s'être disculpé des attaques des jacobins de Strasbourg, il termine en disant :

J*ai ri bien sincdremott en Usant dans leur doléance qu'ils m'afaient

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LEa HOMMES DE LA BÉVOLUTIOM

rayé de leur liste, moi qui n'ai jamais eu l'aTantagc de me lUfe rece- voir dam leur aein, et en me Toyant traiter de calomniateur.

11 juin. De Paris les délégués des douze sections écrivent au Comité :

L'adresse déplaît à RûU, ses préTentions contre le rédacteur' loi firent aperecToir des erreurs et des crimes; il entra en foreur; des menaces de proscription, d'incarcération, des imprécations horribles contre la commune qui lui avait prodigué sa confiance, semblaient attirer sur elle un second orage, avant que le premier fût dis&ipé.

3 Juillet. On lui retient à la poste de Strasbourg ses lettres à MûUer, professeur en théologie, et il somme le directeur de lui indiquer celui qui ose violer le secret des lettrée 27 juillet. En vue de {prochaines élections à la Convention, Laveaux écrit de Paris aux jacobins que Strasbourg se déshonorerait aux yeux des Parisiens» en réélisant Rûhl 6 août Le général Charles de Hesse sollicite sa protection, c Obtenez pour moi la jusUce et les bien&its de la Gonven- tion nationale » 6 décembre. Au Club de Strasbourg il présente la lettre que les Jacobins lui ont écrite pour ren- gager comme un de leurs membres les plus férmes, à se rendra au milieu d'eux, pour continuer Tépurement de leur Sodété. On rengage à prendre place parmi ses frères, il demande préalablement à déposer une seconde lettre, qui est une nouvelle preuve de son jacobinisme et du zèle qu'ail a montré, dans toutes les circonstances ob il s'est trouvé, pour le salut de la patrie. Il entre dans la Société et le président lui donne le baiser fraternel au milieu des applaudissements 34 juillet 1794. n donne des renseignements sur les che& des légions de la garde nationale de Strasbourg Juin 1795. Lors de la réaction thermidorienne, il fut seul excepté du décret d'accusation, mais ne voulant pas de ce pardon et croyant la liberté perdue, il se donna la mort d'un coup de poignard. Thiers dans son ouvrage sur la Révolution ft^çaise donne son portrait.

' L'helléniste Jean Schweighaenser.

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8BV0B D'ALSAOB

RUMPLER (L*abbé François-Louis).

en 17:30 à Obornai. Après avoir terminé ses études, il se fit recevoir avocat au Conseil souverain d"Alsace. Peu de temps après la mort de son père, en 1755, il se voua à Tétat ecclésiastique et entra au Séminaire de Strasbourg 175G. Ordonné prêtre, il passa six mois comme vicaire h Lièpvre, puis deux mois à Plialsbourrr en qualité de pré- dicateur français, et fut nommé chanoine du chapitre de Haguenau. Son frère, étant curé de Saint-(TOorgcs à Ila^fue- nau, le délè^^ua pour administrer cette paroisse pendant un voyage qu'il fit à Home 1701. Il traite avec de Hegemorte d'un canonicat dans le chapitre de Saint-Pierre-le-joune à Strasbourg moyennant l.*O,000 livres, lùi la inètoe année, il est nommé aumônier ordinaire du roi, et passa i)rès de dix années à Versailles 7 septembre 1770. Il obtient la per- mission d'aller à Rome 14 janvier 1773. Le roi de Pologne, Stanislas- Auguste, le nomme chanoine de Varsovie. Dans ces diverses charges, il eut de graves démêlés avec ses supérieurs. S'étant entremis comme médiateur dans un procès intenté à Coblence au marquis de Chevigny, il eut bientôt sur le dos tous les créanciers de son protégé, et fut actionné devant le Conseil souverain d'Alsace et devant rofficialité du diocèse. C'est fin 1775 ou au commence- ment de 177G {juil acheta la seigneurie de Rohrbacli dans le Haut-Palatinat 26 août 1782. Frappé d'une décision qui lui interdisait Tassistaiioe aux assemblées capita- laires, il attaqua Monseigneur d'Arath, vicaire général du cardinal deRoban» devant le Consistoire de Mayence, devant le Conseil souverain d'Alsace et devant le Conseil d'Etat à Paris et à Verflaillos. Fatigué des lenteurs de la procé- dure, il s'adressa à l'opinion publique et publia deux vo- lumes intitulés : Histoire véritable de la vie errante et de la mort subite d'un chanoine gui vU encore. Il plaidait encore pour fisûre annuler las décisions officiales prononcées contre lui, quand éclata la Révolution française, qui mit fin aux procédures et à ses nombreux mémoires justiflca-

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LB8 HOMMBS DB LA. bAVOLCTIOM

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tifs. Il embrassa avec ardeur les idées nouvelles de 1789. 3 fcvrier 1790. Dans son canton il s'opposa à rélection de Dietrich comme maire de Slrasbourg 8 février et 11 novembre. Il acce|»te les fonctions de notable de la com- mune — En 1792, il prêta le sermeot civique et, dans plu- sieurs brochures devenues rares, il engage ses collègues à suivre son exemple. A cette occasion, Laurent, matéria- liste, athée et novissime converti, a fourni lUmpromptu suiirant :

Enfin, la Juif-Emnt s*ett fixé pour la via : Evéqna 11 deriandra, Ini-méma la publia; Mais halta-là, fripon ! bélitre demi-fou!

Ne viso pas si haut, ot filo tin pca pins doux, l'our telle dignité quel est, dis-nous, ton titre? Avant de voir ton front décoré d'une mitre, Caflaa d'être nsnrier; Bois un homme de bien Et tAcba aupamant de doTenir chrétien.

1793. Ifembre du bureau de paix et de oonciUation formé à Strasbourg par le Conseil de la commune, le 10 novembre 1790 Octobre. Enfermé au Séminaire sur la dénonda- ciation de Bussy-Lavenand En décembre, il annula ses dispositions de 1787 qui assuraient 72,000 livres à Obemal pour fonder un orphelinat 1" juin 1793. Il est encore enfermé au Séminaire 2d juin. Il adresse au Directoire du Bas-Rliin une plainte contre le maire Monct, sur laquelle on juge convenable de ne point délibérer 80 décembre. U écrit à Schneider :

Que le maire provisoire Monet ne croie pas en Dieu, ce sont ses affaires; il a ses raisons pour celà; qu'enfermé au Séminaire je sois en batte au nUpris de cet Esprit-fort, ce sont les miennes, je me fais gloire da aon mépris public ; mais qu'an athée savoyard ait osé, an nom des Français, exécrer dans sa rage les ministres de tons les cultes, ce sont les vdtres, citoyens t c'est à vous qu'il appartient, par droit da charge, de proTOqnar la punition du téméraire exécratour. Je vous dénonce son blasphème, avec d'autant plus de couliance dans votre zèle, que déjà le département qui, d'après la loi, devait être consulté en pareil cas, vient de déclarer, par son arrêté ci-joint, qu'an délit da cette nature, at de cette gravité sans doute, n'était point de la compé- tence d'un corps administratif. Il n'y avait, en effet, jtlus h'ni à délibérer^ de sa part, dès qu'il s'agissait d'appliquer quelque peine infamante... Noavelle Série. UT aonée. 36

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562 BEVUE d'alsace

Si la loi donne à Tugent municipal inspection et police d'une maison commune fju'il a convertie en cachot, la loi vous donne, à vous, surveil- lance et autorité, pour faire punir les crimes et les scandaieâ partout oft ils M conunetteat.

En toat cas, citoyen, j*Mpère qu'à votre refus d'agir dan» cette affiure, tous voudrez du moins la faire passef, MUIB délai, à In police correctionnelle pour qu'il y soit donné anite.

7 Juillet. Schneider loi répond:

Sana doute, citoyen, je dois, au poste que j'occupe, recaeiUir lea plûntes et dénonciations de tons les individns, qni réclament la Jostice

et l'exéention des lois, mais la dénonciation que tous arez bien touIu m'adresspf, n'est pas de nature à y donner suite. Pc qtioi s'agit-il? d'une expression véhémente dont le citoyen maire de Strasbourg? s'est servi contre la race des prêtres, à laquelle, selon lui, tous les Français ont jnré vne haine étemelle. C'est une assertion, citoyen, qui peut être entrée, nais qni ne fonde jamais une plainte en jnstiee. Yons aves Tair de la regarder comme on blasphème ; vous ne saves donc pas qn'il y a nne distance infinie entre Dieu et les hommes qui se disent ses délé- gués et les médiateurs entre lui et le peuple? vous ne savez donc pas que ce serait injurier la Divinité, que de lui supposer une prédilection pour les prêtres? vous ne savez donc pas que les lois humaines se bornait essentiellement à ikire le bonheur temporel de la fiunille sociale, et qu'elles laissent i In Divinité le soin de pnnir eevx par lesquels elle peut avoir été offensée? Au retU, je suis persuadé que le citoyen maire n'a point crtt envelopper dans l'exécration générale les bons citoyens qui, en prêchant l'obéissance à la loi, en répandant la vraie morale de l'Evangile, en combattant le fanatisme, et l'oppression hiérarchique, ont rendu àn services importants à la patrie.

Je vous renvoie donc, citoyen, vos pièces, avec invitation d'être dorénavant plus modéré et plus drcon^aect dans la manière d'énoncer vos <q»inionB sur les «utorités constitnéee de notre département.

Peu après il est mis en liberté.

!39 novembre, n est annoncé au Cîomité de surveillanoe •t de sûreté générale dn Bas-Rhin présidé par Mon^ ~ 20 mai 1794 Dans tme adresse envoyée à la Convention nationale, il rappelle qae, dès 1789, il s^est ouvertement prononcé pour le sans-culottisme, avant même que Ton sut à Strasbourg ce que c^était qu*un sans-culotle.

J*ai cessé dès Ion de fréquenter mon chapitre, il m'était arrivé parfois d'avoir voulu prêcher la nouvelle doctrine, mais oè, loin d'avoir ■n la ftîra ioûter à des docteun, osdavea épiseopanx et conisloriaiB,

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LB8 H0MMB8 Xffi Uk BtVOLUTION

563

je m'était, an contnire, rendu tellement nupec^ qn'escitée par le

doyen, ces êtres anervis me traitèrent de faux frère et n'enrent pins en moi la confiance qu'ils m'araient prodiguée plus avant.

En juillet il accepta avec joie la réaction thermidorienne et entra ouvertement dans la voie de Forthodozie et aux accusations d^ètre un prôkrejureur, en 1796, U répond, par un discours adressé aux catholiques-romains, le troisième dimanche après Pâques, dans régUse des Petits Capucins à Strasbourg*, il essaie de justifier sa conduite passée, ses acquisitions de biens nationaux et les serments qu^il a prêtée. Outre le couirent du Ifont-Salnte-Odile, il avait encore acheté le couvent et Téglise desGapucins, & Obemai. n offrit à révéché de Strasbourg llmmeuble de SainteOdile; mais le diocèse ne crut pas devoir accepter ro£Gre, à rai- son des charges spéciales dont le donateur entendait grever sa libéralité. Quant au second, il en fit donation à la ville d^Obernai, le 10 juin 1803. U renonça au séjour de Stra^ bourg pour passer ses derniers jours au Mont-Sainte-OdUe qu'il fit restaurer. La Terreur Pavait entièrement dévasté.

RUMPLER (Henry-Ignace). .

1789. Licencié en droit De 1789 à 1790, greffier du baU- liage de Dorlisheim réaidant à Strasbourg 8 février, 11 no- vembre 1790, 14 novembre 1791, 22 août 1793. Élu secré- taire greffier du Conseil général de la commune de Stras- bourg, sous Dietrich et le maire provisoire Lachausae 1793. Membre de la Société des jacobins 8 octobre et 5 novembre. Maintenu secrétaire greffier sous Monet— 2&d6- œmtee. Massé le dénonce au Comité de surveillance de la Société des jacobins 80 janvier et 23 avril 1794. Il occupe encore les mêmes fimetions sous Monet, et le 5 septembre, sous Ândré 25 oct Rayé aux Jacobins ^ 1" iévrior 1796. Secrétaire de la commune de StradMurg 1797. Commis- saire du Directoire exécutif de Tadministration municipale du canton d*Obemai.

* Ai^{iNiid1ini la synagogue des jnift.

664 UmB D'AUAHB

RUPPERT.

Novembre 1703. Il al>juro en ces termes :

liO ri-(lovant curé de Brumiit vous exjiosf qu'il n'a jamaig été prêtre dans 1 àme; qu'il Q^avait prêté le sermeut que pour terrasser le l'aua- tûme; aujoudlnii que le règne dea ténèbret est dissipé, il désaTooe arec plaisir vu état qui l'a déshonoré jvsqu'iei, ne reconni^ssant d'antre Dieu qne l'harmonie de la nature, ni d'antre cnlte qne la pnr tiqne des Tortos sociales.

SâGET (EiibnnbX OrandYue de la Grange, n* 10.

en 17B7 à Montmirey-la-Ville Avant 1789, employé dans les administrations publiques. Arrivé à Strasbourg, il fut reçu membre de la 8od6t6 des jacobins, en septembre 1793 16 déeembre 1798. Employé aaz fourrages, le Comité de aurveUlance et de aùreté générale do Bas-Rhin, le présente à Salnt-Jost et Lebas, pour administrateur du département 1*' janvier 1794. Ifembre du Directoire du Bas-Rhin, il ordonne l'établissement provisoire d^ane école gratoite de français dans chaque commune du départe- ment — S6 février. 11 signe redresse du Directoire au Ciomité de salut public de la Convention en réponse aux mensonges et aux impostures de Sdmeider 2 juillet. Dans une lettre au représentant Hentz, c'est aux prêtres qu'il s'en prend « 25 juillet. U provoque de Hentz et Gtoujon, l'ordre de démolir tous les dodiera dans les départements du Rhin 8 août, n félicite la Convention nationale de sa fermeté contre Robespierre et autres 25 octobre. Encore membre des Jacobins 9 décembre. De même du Directoire du Bss- Rhiû En janvier 1796, il disparaît de la scène politique.

Etibshb Babtb.

(Xa suite prochainement,)

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BULLETIN BIBLIOGRÂPHIOUË

1

L'Art à travers les mœurs, juir Henri Havard; illustrations par Ch. (iouTzwiLLER PaHs, chez A. Qiiantin, 7, rue Saint-Benoît, et (t. Decaux, 7, rue du Croissant, éditeurs, 18bl Grand in-8"> sur papier de Inxe» «ree phu de S60 illutrations et 40 planche* tirées hors texte. Prix : S5 finmcsy brodié, 80 finacs relié en toile à biseaux arec fera spéciaux, 85 franca relié en Teaa plein, doré, imitant les ancienne* réltnrea. D a été tiré en outre centexesqilaires numérotés, sur papier de Hollande aTee deux suites de planches hors texte, au prix de 60 francs.

En annonçant cette nouveauté pour étrennes de 1882, la Berne d Alsace est assurée de faire plaisir à sa clientèle des deux côtés de la frontière M. Ooutzwiller est avantageuse- ment connu et estimé. Il fiit Tnn des premiers et des plus Taillants collaborateurs de la Bévue à laquelle il demeure attaché de cœur, mais à laqueUe les conséquences de râni- gration Tempéchent de prendre une part aussi active qu'autre- fbis. Ceux qui n'oublient pas éprouveront certainement une grande satisfoction à raviver leurs souvenifs k la lecture de l'œuvre magistrale que nous annonçons et à la vue des superbes illustrations de l'artiste alsacioiu jxirmi lesquelles nous j)ouvons, d^s à présent, citer: un ciulre de mir(»ir et une chaire sculptés de l'époque do la renaissance, le Tarthénon dans son état actuel, un coffre de mariaue de Tépoiiue de Louis XIV, la statue de Louis XIII au château de Blois. une bibliothèque en bois sculpté du xviii" siècle et un instrument de musique du xvr. Quant au texte, M. Henri Havard, le scrupuleux historien do la faïence de JOdft e( auquel on doit

56«

RBVtTE d' ALSACE

les MerveiUes de Vairt hoUaneUm^ lui a consacré doose années de recherches et d^études suivies avec la passion qui caracté- rise l'écrivain ayant Pamour et le culte de Part

Cette nouveauté pour étrennes forme donc le plus riche présent que Ton puisse destiner k une femme du monde ou à un homme de goût Nous la recommandons spécialement & nos lecteurs.

II

Panorama du ballon 4a OoébwUlar, ptr X. Imvbld^ iogéiiieiir- topographe, membre de la section voegienne du Club «Ipin français Nancy, imprimerie de Berger-Lerranlt et C*, éditeurs, 1881 En rente à Mothowe chei tons les libraires, an prix de 4 fr. 60 c.

Une courte notice sur Torigine et la signification du nom donné à la plus hante montagne des Vosges, accompagne le panorama étahli par M. lingénieur Imfeld. Toute la contrée que rœil emhrasse depuis le sommet du hallon est reproduite, pour ainsi dire à vol d^oiseau, par l'excellent plan visuel à M. Imfeld et à la section alsacienne du Club alpin français. Une grande partie de la plaine y apparaît ainsi (|ue (pielques sommets de la Forêt-Noire vers VE>t, tandis que, vers le Nord, la chaîne des Vosges se développe jusqu'à l'horizon. Une légende exacte permet au touriste de reconnaître, de haut en bas et vke versât les principaux points, les principaux lieux et les principales localités qui attirent son attention. C*est sur ces hau^urs qu'Alsaciens et Vosgiens peuvent se ren- contrer quelquefois et se serrer la main en fixant h l'avance, à l'aide du panorama, le lieu oh ils se réuniront à jour et heure fixes. C'est donc une bonne et utile pensée qu'a eue la section alsacienne du Club alpin français, de mettre à la disposition de tous ses membres un guide d'un faible volume, mais suffi- sant pour plusieurs journées d excursions dans nos belles montagnes de « la Vosge ».

Quelques exemplaires de ce guide ont été imprimés direc- tement sur toile.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE 567

Peut-être qu'en exagérant un peu certains développements, il eût été possible de mettre plus en évidence nos principales vallées orientales.

III

La campagne des frontières du Jnra en 1816 par le géné- ral Lecourbe Souvenir «l'un jeune volontaire, par M. Challb,

président de la Société dos sciences historiques et naturelles de l'Yonne Lons-le-Saalaier, imprimerie de J. Declumet 1880 InS^ de 38 pages.

Ces souvenirs sont extraits des int^inoirt^s de la Société d'émulation du Jura. Ils se r.'i{)p<»rtent, pour ainsi dire, exclu- sivement à la défense de Belfort par le général Lecourbe, sous les ordres duquel M. Challe servait comme volontaire. Outre d'intéressants renseignements sur la campagne et sur les débuts de Tauteur de la notice, celle-ci nous en apprend plus long qu'on n'en savait jusqu'à présent sur les différents combats qui eurent lieu aux environs de fielfort Les souvenirs du volontaire sont d'une précision topographique très correcte ; on sent, en les lisant, que leTolontaire de quinze ans a pris part aux luttes héroïques de l'époque avec une intelligence rare pour son âge. Ses souvenirs sont une des belles pages que consultera avec fruit tout écrivain qui voudra un jour aborder le chapitre de l'histoire militaire de Belfort

IV

Petite revue d'Ex-libris alsaciens, par Aigtste Stœber Mulhouse, imprimerie Veuve Bader et C% 1881 In-S® de 43 pages,

avec une planche.

Plaquette renfermant les notes que M. Aug. ^tocber a successivement communiquées à VExpress de MuUiouse et ouvrant un sillon nouveau aux recherches concernant l'histoire littéraire de l'Alsact;. Il y a dans ce début, d'une impression soignée, de curieux renseignements sur des auteurs, sur dos bibliophiles et d'anciennes bibliothèques du pays.

568 REVUË D ALSACE

V

Le géographe Cari Rltter, pur pAt i. RisTsufUB» Paris 1881,

clipz Ch. Eh'lii^riive Iii-S" de •_'.{ j)agos.

C'est (laus ce ciulre restreint que M. Uisteihuber a condensé un intéressant, aper(;u sur les connaissances topoiîrapliiques au commencement de ce siècle et les travaux du géo;zraphc Cari Ritter. Cette étude, élaborée avec soin, est un extrait de la Bévue de géiygraphie. On y lira, avec un sentiment plus ou moins pénible, le jugement d'un Teuton sur le caractère, Vurbanité et la bonne foi hospitalière du Français.

VI

Gulllaume-Ptilllppe Sohimper, sa vie et ses travaux, 1808—1880, par Geabi<B8 Okab Colmar, imprimerie de YeiiTe Camille Decker, 1880 In-S» de 44 pages, avec nn portrait

Cette notice est extraite du bulletin de la Société éPhistoire naturelle de Cobnar, qui en a entendu la lecture dans sa séance du 7 juillet 1880. M. Grad a consacré au naturaliste Schimper des pages qu'on ne lira pas sans partager les regrets que la mort de ce savant a laissés en Alsace.

vn

Ciompte rendu des travaux de la Chambre de oommerce de Golmar, du l«r Janvier 1880 an 30 Juin 1881 Oohnar, imprimerie de J.-B. Jung et G*, 1881 In-S* de 94 pages. Les préoccupations de la Chambre semblent conserver le caractère platonique commandé par les circonstances elle a reçu son institution et oii elle a faire son entrée dans la vie commerciale et d'utilité publique. En fait, elle n'a, jus- qu'ici, rien obtenu de particulier, mais elle s'est associée h l'action rt h la niarclie de ses devancières en émettant des avis conformes. Elle compte onze ù douze années d'existence, ce (jui veut dire que son ori^'ini- est fran(;aise et <]u"à ce titre elle doit se tenir dans la réserve des plus modestes tard- venues. En vieillissant elle grandira peut-être et peut-être aussi aura-t-ellc la parole plus assurée pour défendre les intérêts de sa circonscription économique.

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

569

Vin

Précis anal3rtique des travaux de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen pendant l'année aoadémSqoe 1879— W Rouen, imprimerie de H. Boissel, 1880 Un toL in-8« de 479 pages. Il y a dans ce volume des travaux qui ont droit à une atten- tion particulière. Nous ne pouvons (^ue les signaler dans le cadre étroit réservé à cette annonce. Ce sont: Une esquisse délicate du caractère, de la vie et ùes écrits de Gustave Flau- bert, dont hi inémoirc avait V)csoin d'être dt^barrassf^e des banalités bruyantt's (jue la mort et h's fuiH-raillcs de l'écrivain ont vtv oicasionnt^es : ce devoir a été ri inpli avec autant de savoir (iiie(rautoritei»ar M..]. Félix, président. Une intéressante étude sur les poisons et les médicaments de la Grèce antique, par M. J. Girardin, membre correspondant de l'Institut. Un mémoire sur la transformation, par voie humide, des sulfates en carbonates, par M. A. Rivière. Un mémoire de M. £. Jubé sur les planètes. Des considérations anatomiques sur le crftne et le cerveau des criminels, par M. le docteur Foville. L*une des conclusions de ce travail constate, qu*ezaminés au point de vue de Tindice céphalique, cent un crftnos se classent en cinquante-huit brachycéphales, vingt-six dolicocépliales et dix- sept mésaticéphales. De fort intéressantes recherches histo- riques sur la part des Normands dans la découverte de la route des Indes et même de certaines côtes du Nouveau- Monde qu<d<|UL's années avant Christophe Colomb, par M. Gabriel Gravier. Quelques pactes de M. Rivière établissant que. contrairement il ToidniiMi rerne dans l'école historique, la naissance de Newton ne coïncide pas avec la mort de Galilée. Une note de M. de M.-A. Malbranche interrompt spirit uellement et agréablement le cours sérieux des matières, par l'examen ou Texposition des ressources, d'apparence scientifique, à l'usage du phannacopole industriel. Une notice sur les origines de la cour des aides de Normandie, par M. le

m

vicomte d'Estaintot, a sa place dans la classe des belles- lettres, de môme qu'une notice sur la porte Saiiite-Appoline de Rouen, par M. de Glanville, et une étude de M. Henri Frère sur les lettres à Rouen de 1827 ù 1837. Dans la même classe se range une notice de M. Ch. de Beaurepaire sur un compte de Técurie de Catherine de Médicis, en 1558, rédigée d'après des pièces déposées aux archives du département. D'antres travanx suivent ceux qua nous signalons et pour terminer nous citerons encore cinq pages de M. T. Homberg dont lintérât ne peut être pressenti par la signification vulgaire du titre quil leur a donné: la Chiquenaude, Enthou- siasmé de la découyerte de Nevton la gravitation univer- selle — Laplace soutenait qu'on n'avait pas besoin de Dieu pour expliquer la création du monde, à quoi Voltaire répon- dait: « Il a bien fallu cependant une première chiquenaude », c'est-à-dire une première force qui, lançant la terre dans l'espace, lui imprima le double mouvement qu'elle exécute chaque jour et qui n'a aucune raison de cesser puisqu'il a lieu dans le vido. Réprimant le texte de la Genèse, M. Hom- berg met en doute la tidèle traduction des Septante quant au fiai lux. Le mot hébreu avor signifie foire plutôt que lumière^ et il conclut que si l'on ne saurait apporter trop de réserve à rencontre des explications de la science sur la création par les seules forces de la nature, il faut cependant reconnaître que la sdence nous a dé|)à donné bien des démentis et qu'il fiuit s'attendre à en recevoir de nouveaux. A ce siijet nous nous permettons de signaler à l'attention de M. Homberg le travail que publie aujourd'hui cette Berne sous le titre de : La vie ftdtsre et la eeienee moàerm, par G.-Â. Him, membre correspondant de llnstitut

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ERRATA

En signalant, pages 429 à 431 du dernier trimestre dp la E^-ue d'Alsace, l'étude de M. le docteur Muston sur la géologie du Gramraont, noxu avons terminé ainsi la courte notice consiïacrée à ce travail : «Par contre il y a d'impardonnables nigligenoe$ typographique à rt^ocher à fimprimmr,»

Nou ne dttnoni pM eroiro que la reprodie eiqurimé pouraity à plu forte raiflon» s'appliqaer à rimpremion des qaelqnei lignes que noue livrione à l'imprimerie de la Sevue. Noua rectifioiu :

Page 4S9t ligne 14. An lien de: qni aient pmêk, lises: qui aient poiflé.

Page 430, ligne 11. Au lieu de: c'est sur ce sens, lisez : c'est en ce sens. Lifine 24. Au lieu de: Trapezina, lisrz : trajitzina. Ligne 25. Au lieu de: ces corbeilles, lisez: les corbeilles. Ligne 37. Au lien de : oda soit dU dans l'interUio» <Fen blesser oncmim, lisez : cela soit dit sans intention d'en blesser anenne.

Page 481, première ligne. An lien de : 00 domaine des gtoéraUtés, lises : le domaine des génfealités. Ligne S. An lien de: le domaine t^qphré, lises : le champ inexploré.

Et enfin page 432, ligne 84. An lien de : sa vie intellectuelle, lises : la ne inteUectneUe.

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TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LE TOME X DE NOUVELLE SÉRIE 1881

JANVIER - FÉVRIER - MARS

Pagc«

Ed. Ehspklokr. Marie-CaroHno Flarhsland, épouse de .Tean- Gottfrieil Herder Le prince de Holstein à Strasbourg avec son précepteur, Herder Herderà laConrde Weimar

Il fait connaissance avec Marie-Caroline Flachsland Son commerce, ses lecture», l'impression qu'il produisit sur ses auditeurs Marie-Caroline Flachsland lui en exprime sa reconnaissance Fiançailles mystiiues, 1770 Les relations qui suivirent Le mariage, 1773 Le bonheur conjugal La mort de l'cpoux, lîi(>3 La mort de l'épouse,

im\i 5-13

Hbwri Bardy. Gustave Dauphin, peintre d'histoire Sa vie et ses œuvres La famille du peintre liolfortain im]>H<iiiôe dans la conspiration du 1-'' janvior Les ftiiile> de Gustave à Dijon ofi il est surnommé le cou.'<pirateur Son entrée en 1H24 dans l'atelier du peintre Hersent Son départ pour Rome Son exposition au Salon de 1835 Ses antres travaux Sa participation à la Révolution de 184^ Sa conduite comme colonel de la garde nationale

Son arrestation à la suite de l'attentat du 13. juin Ses compositions pendant les années qui suivirent Sa mort. . 14- 42

LéoxSahler. Le livre de comptes de Samuel Méquillet Hi8tori(iuc et description de ce livre de f'aniillo Extraits spéciaux ^lémoire de ce qu'il y a eu de plus particulier dans la vie de Méquillet Sa naissance Son éducation

Ses études Son [>astorat Son inaria'.;e Ses enfants

S.t iiii>rt 43- 71

J. Ltbliw. Les églises de Belfort (Suite) II. Chapelle de

la Vierge on Notre-Damo-de-Joie, 1230-1342 Les liremiors hat>itaiits do lu ville L:i sr]nihiire |ireiiiicis sires de Belfort in ('oll<-L;i:ilf (!<• S;iint-l>i'nis, 1312-17r)2 Fon- dation de lu colléj^iale Statuts du chai)itre Nomination des chanoines Chapellenies Carillon Ecole Snn- nffrip Tiiiii Ijfiii KiitiTii'iin'nts \a iit'l' Driiiolilioii

TV. Kotrp.Damp.(le.|.f>r<-ttf FiiIliLltioll T)<it!>tion

Destraction Refuge de la Vierne 72-98

Ch. BRRDHLLé. Essais de traduction du Lundi de PeniecôU,

coiiii'ilif eu ili;ili'i te >t ra^lu'Ui tfrni^, par .T.-*!.-!). Arnold Note i>r< limitiaire. ])ar Aug. Stœber Trailiu timi en vers français, de ( h. Herdellé Acte TII, fin de la s( ène IV Les Nez Ai le 111, scène V Eloge do Strasbourg 99-108

TABLB Sn UàTIÈÊm

578

Pages

Abth. Bshoit. Lettres sur la Terreur en Alsace Lettre

de CastiDe à la Coiivoiition Décret de la Convi-ntion rhéno-

fennaniqu*) de Mayence Huptare de toute liaison avec Empire (rermaniqne Les citoyens de Colmar Tonent leur vie et Ieiir> talents au ]»oiiliiMir de la Réitiilili'jiif lîoiii.ird de Saiutes écrit de Moatbéliord à la ConveDtiuu uuu la prin- cipauté est conquise à la France De Strasbourg, Delcambes •Il citoyen Milliand apri''- l.i pri-i' ili' !;i Vant/ciiaii Lettres de Baudot, Milhaud, llérauit-de-SechcUes, licukiu et Turpiu au s^jet des émigrés» ete 109-117

Etirnnr Ba.rth. Notes biographiques sur le» hommes de la Révolution à Strasbourg et les environs (Siiifr) Massé Mattliaeiis Maurer Les Mayer Mayrun Ma;;ot

Meliliu Meniolle Meniî Mcnler - Mcrkel Merlin Mertz Metz Mctz}?er Meyer Michelot

Milhaud Monet Morcau, dit Marat 118*140

FkiDÉRic KtntTS. Bulletin bibliographique I. Matériaux fKmr une étude préhistorique, par MM. IMeii h^r et Faudel

II. Etudes statistiques sur l'industrie de l'Alsace, par Ch. Grad III. Bulletin de la Société belfortaine d'émulation

IV. Seli<,'mann Alexandre, par Rod. Reuss V. J.-G. Stoffcl, par Aug. Stœber Yl. Le Christkindel et Uana Thtpp) par Haorice EngeUiard 141-144

AVRIL MAI - JUIN

Ca. ËNOSL et Bbbinobb. La mission française chargée de l'étude d'une voie ferrée à traders le Sahara 80 o«:tobre

1880, BérinRer part de Marseille pour Alser d'Alfferà Bli- dah, Médéha, Boghari, Aïu-Oussero, Guelt-es-Stel, Djeifa, Sidi-Mathlouf, Metlili et Laghouat Description pitto-

res(|ue et statistique du pays parcouni IH novemhre 188<\ départ de Laghouat Personnel de la mission Son orga- nisation — Son arrivée an pays des Mnzaliites Guenira, nne de letirs villes La ini^-inn invitée à diiirr chez le Caïd Le menu du diner La vutidetta du ( aid sur les assassins de son frère 3U novembre, arrivée à Ouar^la L'Agha La casbah ou citadelle Les palmiers de l'oasis

Ses anciens puits Hydrologie d'Ouargla Ce qui est

écrit est écrit t Dieu est grand ! 146-184

Abtii. I?i:noit. T'n ambassudciir lorrain à Strasbourg, 1008 Elisée de Uaraucourt envoyé en Allemagne pour y recevoir l'investiture des fie& que le due de Lorraine tenait da 8aint< Empire Itinérair» : Sarrebonrg, S«T»ii«f StndNnurg,

Prague, retonr 18â-iyi

X. MossMAXN. Matériaux pour servir à l'histoire de la guerre de trente ans (Suite) Traité de Hambourg Difficultés de la ville de Colmar avec Montausier Arrestation de Mauicamp Siège de Brisacli Assistance de Culuiur au duc de Saxe-Weimar Turennc, malade à Colmar Capi- tiilation de Brisach Alliance de Colmar aTOc le duc de

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674

BkVI» D*AUUU8

Pa«M

flase-Weimar Mort du dac Sitnatioii dae tnmpes frmn-

çaisM en Alsace Belealwt» intendant de In pforinee 191-S06

J. LiBLiN. Les églises dft Bcifort (Fin) Ef^li^p paroissiale moderne La coastructioa est décidée, remplacement choisi Voies et moyens Imposition volontaire, eorrée,

crt^ation des octrois Fonmier et Goiclmt, premiers pré- posés - - Plans et devis par Marchai, ingénieur de Tlnten- dance d'Alsace Henri Schulcr, directeur des traTsnx Copillartl, sculpteur Valtrin, facteur d'orgues Achève- ment de la construction Le chapitre en prend possession

Suppression du cliapitiw Pension dee ehaooines Paroisse moderne SO&'SSd

D. llQcKBi.. Réglementation d'une forêt communale d'Aissce aux XV* et xvi« siècles Traduction en firançais et annota*

tion d'un document néogothique concernant les droits usa- gers d'une forêt indivise de la Basse-Alsace Première partie, art 1* à 88é-S48

L. RoMOR et Avo. Sraenn. > Jean-Georges Stoffel Biogra- phie d'un savant alsacien Sa famille, sa jeunesse, SCS études Ses recherches historiques, archéologic^ueii et topo- graphiques ^ Ses relations, sa eorrespondaace, ses écrits. . 949*973

Etibkwr Barth. Notes biographiques sur les hommes de la Révolution à Strasbourg et les environs (Suite) Moogeat

Moutier Moyaux Muhlberg Muller Mnlotte Naehbauer Nachtsheim Naniîl ^ Nestlin Menmaan 374-387

FBéoiRir KcRTZ. ^ Biblinjraphie I, L'Alsace française Strasbourg pendant la liévolntion, K Seiuguerlet -~ n. Les Chants du pays, parCharleaftPaalLeew— IIL Une Faille de Florian, par P. Ristelhulwr IV. Ttois lettres inédites de Bucer, par iùrichson 287-2btf

JUILLET - AOUT SEPTEMBRE

Arthur £nobl. Documents pour servir à la numismatique de l'Aisaee Dix-sept pièces décrites et représentées par la gravure Trois de Colmar Une de Moutjnie Deux de Ha^enan Une des Landgraves Une de Mulhouse Une de Strasbourg Cinq des évêques de Strasbourg Médaille de Caspar Hedion Médaille de Jean Stunn

Médaille du Grand-Dauphin Ecude Wissembourg Jetons de Strasbourg Bectifteaftion à Berftett 3894K)B

Chari.f.s Fs^ei, ot RiiriivDKFi. La mission française chargée de l'étude du chemin de fer à travers le Sahara {Huite et Fin) De Onai^la à HassI Inifel ou Abd-el-Hakem De ce

lieu à Hassi-Messeguem De ce lien à Inzolmann, à plus

de 13O0 kilomètres de Laghouat Aperçu du pays traversé L*eau Les pâturages La mortalité des chameaux

La rencontre d'une caravane La visite de quelques indi- gènes — Projet de retour par l'Atlantique en juillet ou août Relation de l'égorgcment de la nussion Bensdfne- nents Inopqihiqaes sur Béringer 909-839

TABUB DU XATIABBB

675

J.-B. Adam. Conp d*Ail sur lei aneioii établiaBMnents réli-

gieax de la ville de Metz Cathédrale Saint-Pierre-aux- Images Saiat-Sauveur Notre-Dame-de-la-Ronde Saint-Thiébant —Sainte-Bainette Saint- Amand 8aiiii> Clément Saint-Symphorien Saint-Vincent Ponfiffrny

Saint-Ëloi Notre-Dame-dea-Champs Sainie-Glossinde

Saint-Pierre Sainte-Marie Claimvz - Les Tem- pliers — Trinitaires Grands-Cannes Angnstins Dominicains Cordeliers Célestins Obsenrantins Minimes Jéraiiee Antonietet Capneina Laiariatei,

etc., etc 880-880

X. MoMMANN. Matériaux pour serrir à l'histoire de la guerre de trente ans (Suite) Mauvaise conduite des soldats à Colmar Avances faites par la ville à la garnison Nou- velle apparition des Impériaux Les réfugiés du dehors doÎTent Be Mre admettre bourgeois Son nfni Renvoyer dos députés !\ la diète de Ratisbonne MocUiel et le met-

sage de la ville à l'empereur 361-d71

I). IliioKBL. Ilèglementutiou d'une forêt communale d'Âisace aux XV* et xvi^ siècles Document A (9uitê H Fin) Àx^ ticles 25 à ()() du règlement, traduit et annoté, concernant les quatre villages du bailliage de Hatten, Uas-Rhin 375-31)2

Aco. Stœber. Notes sur la culture, le commerce et l'usage du tabac dans l'ancienne République de Mulhouse Intro- duction de la culture du tabac en Alsace par Kœoigsmaan La xésisianee que l'usage do coHe pkato nnemitra dès 1650 898-897

Etikxnk BvKTir. Notes biographiques sur les hommes de la Révolution à Strasbourg et les environs (Suite) Neumann

Neunreuther Nicole Niou NoUo Oberlin Oertel Ohlmann Olivier Ortlieb Ostertag Ott

Pabst Pageot Paillot Pardon Parent Peri- gny Petersen Petin PfeCBng, etc., etc. Prieur Pro'samlé, etc., etc. Prudhommc Quirin Radis Rauch, etc., etc. Reibel Keubell, etc., etc. Kevei Bichard Bieliaad Riess Bigolot Bitter Riva

Rivage 398-428

Fbkd. Kurtz. Rilletin bibliographique 1. ^(otices géo- logiques, par M. le doetenr IraMm n. Bnlletia do la Société pUlomatiquo Tosgienne, 1880^81 499488

OCTOBRE - 1<0Y£MBR£ - DÉCEMBRE

AbtH. Bbîïoit. Les ex-Uhrin dans les trois évi^chés Tonl

Metz Verdun Bibliophiles et collectionneurs ver- dunois Historique Bibliothèques des éréqnes -> dn chapitre des Jésuites des couvents, avec quatre ftt» êimile à'ex-libris Graveurs d'ex-libris Ex-Ubris parti- culiers — Collectionneurs Bénédictins anglais, écossais et irlandais à Dieulouard Appendice Devises verdu-

noises 488-478

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676 BSVQB D'ALBàOB

G.- A. Hniîr. La vie fioitlire et la scionco modorno jtnrtte

Réfutation scientifique du matériulisme L'énergie de * l'Univers est tme eonsUinte Essence des choses Dura* bilitr ilo l;i vi(\ son pxistonce distincte Siihstjuicos et matière La destructiuu et la réapparitioa iodétiuie:» des mondes sont acientifiqaement inadmissibles Le snrnatiirel 47d4K)6

Ch. nKnnBU.4, Pic strasliouigeoise en vers français Quelques proverbes de Elirenfried SKeher .Tai vaut mieux que si-javais Moineau sous le doijft, cigogne sur le toit Chou, viande et pou Oison et caquetage Extinction du j feu qui ne vous brûle pas Chèvre et sa garde Chiens enragés et neuf jours Ô07-519 !

X. MossHAinr. Matériaux pour senrlr à l'histoire de la jmerre

de trente ans (Suifi) Le l)aron d'Oisonville Pur la rive ' droite du ilhin Le géuéral do Haes menace l'Alsace j Diète de Ratisboane Négociations de Hambovn entre la Frani-e, TEuipire et la Su('>d(> Munster et Ouiabnick

désitîiics pour y traiter tie la paix £80-528

Ch. (trad. Si r ues et pu» sau'en des Vosges Forints et fores- tiers— T ' 1 rti'-' ili s hriclHTons an sommet du Lauchen L'abatagc des bois Les chemins de f>fhlittuge Le schlit- tage — Aperçu statistique du domaine lorcstal 529-515

Ennnn: Babth. Notes biographiques snr les hommes de la

Révolution •^ti a-lirmr'i et Ifs environs Rivaud

Rivet itobert iiubinot liocha Kœdcrer Kœsler

Romand Roos Rosat Rosières Ronge Roa>

geninnt Rnvor RuaTnps Rnault Rubin Rnchet

Hudolt' llulil - Kunipler Ilupert Saget 540-564

Fbéi>. Kuktz. Ikilletin bibliographique I. L'art :\ travers les nid iirs. jtar II. llavard et Ch. Goutzwillcr II. Panorama du Ballon de (iuel)will»>r. par M. Imfi'Id III. La dt't'ense de Dellort en isi.'i, par M. Chulie Kx-lihiis alsaciens, par Aug. Stielier V. Le géographe Cari Ritter, par P. Uis- telhnber VL Guillaume-Philippe Schimper, par Ch. Grad

VII. Chambre de commerce de Colmar VIII. Précis analytique de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen l.\. Négligences typographiques..: 5G5-57]

Tablb dks uATiàaBS 57â-576

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